Omar Gueye recoit Honorat de Yedagne ancien directeur général de Franternité Matin dans objection pour parler de la présidentielle en Cote d'Ivoire
par Nioxor Tine
REMANIEMENT, REPLÂTRAGE OU PURGE ?
Au lieu d’organiser sa formation politique et de structurer la coalition qui soutient son action politique, le président semble plutôt promouvoir la docilité et le dévouement aveugle chez ses collaborateurs
Le récent remaniement ministériel entre dans la longue série de comportements politiques irrationnels auxquels nous a habitué le régime de Benno Bokk Yakaar depuis la prétendue réélection de son président en Février 2019.
Comment, en effet, expliquer le fait qu’un candidat sortant censé être réélu avec une majorité confortable de 58%, appelle au dialogue, avant même la proclamation définitive des résultats de l’élection ? Qu’est-ce qui justifie le peu d’empressement de la Coalition présidentielle à confirmer la majorité confortable obtenue par son leader, en organisant des élections locales, le plus tôt possible ? Pourquoi cette persistance dans les errements (violations des droits de l’homme, atteintes aux libertés, floraison de scandales fonciers, impunité pour les auteurs de crimes économiques proches du pouvoir...), en lieu et place d’une rectification de l’orientation politique initiale ?
En appelant au dialogue politique, juste après sa réélection contestée, le président Sall donnait, malgré tout, l’impression de vouloir faire amende honorable et de vouloir terminer son dernier mandat en sortant par la grande porte.
Malheureusement, force est de constater que, depuis lors, son comportement politique exhale de forts relents d’intrigues pour lui permettre, sinon de postuler pour un troisième mandat, tout au moins d’assurer ses arrières en se choisissant un dauphin dévoué.
En définitive, l’appel au dialogue, loin d’être sincère, visait plutôt à décrisper une atmosphère post-électorale lourde, du fait de sa victoire usurpée grâce à des artifices plus que douteux (emprisonnements et exil de rivaux politiques, loi sur parrainage citoyen, tripatouillages du fichier électoral et même celui d’état-civil...).
Jusqu’à présent, aucune date n’a été retenue pour la tenue des Locales, avec en perspective, un chamboulement suspect du calendrier républicain cachant des desseins inavoués. Il est vrai que la majorité actuelle court le risque de réaliser des scores moins probants qu’aux présidentielles truquées, sans oublier la possibilité d’émergence de puissants leaders locaux (syndrome de Khalifa Sall), qui pourraient mettre à mal la cohésion de cette majorité unanimiste et grégaire. Il faut comprendre la philosophie de la coalition Benno, qui consiste à ne laisser aucune tête émerger, en dehors de celle du leader bien-aimé. Certains des ministres remerciés lors de ce remaniement, aux allures de purges, savent à quoi s’en tenir !
Au lieu d’organiser sa formation politique et de structurer la coalition qui soutient son action politique, le président semble plutôt promouvoir la docilité et le dévouement aveugle chez ses collaborateurs et alliés, auxquels on restreint les libertés d’agir, de parler et même de penser, sous peine d’être défenestrés.
Pendant ce temps, on lance des clins d’œil suggestifs à l’opposition modérée, avec laquelle on finit par se réconcilier, grâce à l’intermédiation de notabilités religieuses. Ainsi donc, en nommant M. Idrissa Seck, arrivé deuxième à la présidentielle de 2019, à la tête du C.E.S.E, on l’a contraint à changer ses projets.
Lui qui aspirait, il y a peu, à devenir le chef de l’opposition politique dans notre pays, va surseoir - tout au moins provisoirement – à ses ambitions présidentielles et se satisfaire de la station de président de la quatrième institution du pays.
Il s’agirait, selon lui, d’aider le pouvoir à faire face aux conséquences économiques dévastatrices de la Covid-19 et aux menaces sécuritaires, qui agitent notre sous-région.
Les mauvaises langues susurrent qu’on lui aurait plutôt fait miroiter une éventuelle station de dauphin, dans le cadre d’une majorité réaménagée, au cas où le contexte sociopolitique en pleine mutation au niveau de la sous-région ne permettrait plus la matérialisation d’une troisième candidature de l’actuel locataire du palais présidentiel.
En réalité, le récent remaniement du gouvernement ne fait que confirmer la vraie nature du régime du président Sall, similaire à ceux de la Guinée et de la Côte d’Ivoire, reposant sur une gouvernance autoritaire avec un vernis démocratique.
Pour surmonter les défis qui nous assaillent, notamment la récession économique d’après Covid-19 et les menaces sécuritaires, les seuls remaniements politiciens n’y suffiront pas.
Il faudra se résoudre à instaurer une gestion vertueuse et à s’inscrire résolument dans la perspective d’une société véritablement démocratique, où règneront la justice sociale et la paix civile, telle qu’esquissée par les Assises Nationales du Sénégal.
BRANLE-BAS DE COMBAT POUR LA PRÉSIDENTIELLE AMÉRICAINE
L'analyste politique, René Lake et Mohamed Camara de Harvard University, analysent sur VOA, l'enjeu du scrutin de ce 3 novembre, alors que les candidats ont jeté leur dernière force dans la bataille lundi
Analyse et commentaires autour des dernières heures de la campagne électorale aux Etats-Unis lundi. L'analyste politique René Lake et le professeur d'université à Harvard, Mohamed Camara, interviennent dans le journal spéciale présidentielle de VOA.
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LA FERMETE DE LA FRANCE NE SERA PAS SANS CONSEQUENCE
Aminata Dramane affiche ouvertement son désaccord de l'implication de la France dans les affaires du Mali et avertit les autorités de la transition sur les enjeux au Sahel.
La fermeté de la France dans la gestion des questions régaliennes dans l'exagone comme dans le Sahel ne sera pas sans conséquence soutient Aminata Dramane Elle affiche ouvertement son désaccord de l'implication de la France dans les affaires du Mali et avertit les autorités de la transition sur les enjeux au Sahel.
L'OPPOSANT BOBI WINE ARRETE
Le chanteur populaire Bobi Wine, principal adversaire du président Yoweri Museveni à la présidentielle de 2021 en Ouganda, a été arrêté, mardi, immédiatement après avoir enregistré sa candidature.
Le chanteur populaire Bobi Wine, principal adversaire du président Yoweri Museveni à la présidentielle de 2021 en Ouganda, a été arrêté, mardi, immédiatement après avoir enregistré sa candidature.
À peine candidat et déjà en résidence surveillée. Le populaire chanteur Bobi Wine, principal adversaire du président Yoweri Museveni à la présidentielle de 2021 en Ouganda, a été arrêté, mardi 3 novembre, et ramené chez lui sous la contrainte par la police, après avoir enregistré sa candidature, a annoncé son parti.
À sa sortie de la Commission électorale, des policiers en uniforme ont brisé les vitres de la voiture de Bobi Wine, député de 38 ans, l'en ont sorti, puis l'ont embarqué dans un véhicule qui a démarré, selon des images diffusées en direct à la télévision.
elon le secrétaire général de la Plateforme de l'unité nationale (NUP), David Lewis Rubongoya, Bobi Wine, nom d'artiste de Robert Kyagulanyi, a été ramené sous la contrainte à son domicile par les forces de sécurité qui l'empêchent désormais d'en sortir.
"L'armée et la police ont bloqué les rues qui y accèdent", a-t-il déclaré à l'AFP, elles ont également "tiré des gaz lacrymogènes pour disperser les partisans de Bobi Wine" rassemblés devant son domicile.
Une arrestation "justifiée"
Interrogé par l'AFP, le porte-parole de la police de Kampala, Patrick Onyango, a refusé de confirmer l'arrestation de Bobi Wine ou de commenter spécifiquement l'action de la police contre lui à la sortie de la Commission électorale, indiquant simplement que l'opposant se "trouvait à son domicile".
Il a toutefois accusé Bobi Wine d'avoir enfreint les directives adressées aux candidats.
"La police a mis en garde tous les candidats à la présidentielle contre toute infraction aux directives arrêtées par la commission électorale et la police, mais Bobi Wine avait appelé ses partisans à défiler, contrevenant aux mesures de lutte contre le Covid-19", a expliqué le porte-parole à l'AFP, "toute mesure prise par la police à cet égard était justifiée".
Yoweri Museveni, 76 ans, au pouvoir depuis 1986, briguera début 2021 un sixième mandat.
NUL NE PEUT TERNIR MA REPUTATION
L'ancien Premier ministre Aminata Touré n'a pas perdu du temps pour porter la réplique à ses détracteurs.
L'ancien Premier ministre n'a pas perdu du temps pour porter la réplique à ses détracteurs. "Dans l'attente sereine de la passation de service avec le nouveau Président du CESE, je voudrais informer l'opinion nationale et internationale que j'ai eu à diriger le Conseil Économique, Social et Environnemental pendant 16 mois en stricte conformité avec les règles et standards de bonne gestion. Les documents de vérification sont en ordre et disponibles au niveau de l'institution ainsi que ma déclaration de patrimoine déposée à l'OFNAC", tient à préciser Aminata Touré dans une note reçue.
En conséquence, "Nul ne saurait à cette étape de ma vie administrative et politique ternir ma réputation et mon intégrité. Je me réserve le droit d'ester en justice contre toute tentative de diffamation ou d'intimidation", met en garde la désormais ex-présidente du CESE.
Pour rappel, dans sa livraison du jour, le quotidien Libération indexe la gestion du CESE par Mimi Touré et fait état de "bombes" que le président Macky Sall détiendrait à son sujet.
LES CONTAMINATIONS AU PLUS BAS, AVEC TROIS NOUVEAUX CAS
M. Ndiaye a annoncé un nouveau décès et la guérison de 90 patients. Il a en même temps signalé que cinq cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation des hôpitaux.
Dakar, 3 nov (APS) - Le Sénégal a enregistré ce mardi l’un de ses plus faibles bilans quotidiens depuis le début de la pandémie de Covid-19, avec seulement trois positifs recensés au cours des dernières vingt-quatre heures et un taux de positivité de 0,75%.
Les trois cas, qui ont été détectés sur 400 tests, sont tous issus de la transmission communautaire, a indiqué le directeur de la prévention, El Hadj Mamadou Ndiaye, en présentant le bilan de la pandémie. Ces cas ont été dépistés à la Cité Keur Damel (1) et Grand Mbao (1), à Dakar, ainsi qu’à Kolda (sud), a-t-il précisé.
M. Ndiaye a annoncé un nouveau décès et la guérison de 90 patients. Il a en même temps signalé que cinq cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation des hôpitaux.
Depuis le début de la pandémie de Covid-19, le bilan est de 15.640 cas positifs, dont 15.149 guéris et 326 décès. Et 164 patients sont encore sous traitement.
ALIOU CISSÉ FAIT APPEL À TROIS NOUVEAUX JOUEURS
Moustapha Name, Franck Kanouté et Arial Mendy font partie de la liste de 25 joueurs publiée mardi par le sélectionneur national, Aliou Cissé, pour la double confrontation avec la Guinée-Bissau
Dakar, 3 nov (APS) – Trois nouveaux joueurs, Moustapha Name (Paris FC, France), Franck Kanouté (Cercle Bruges, Belgique) et Arial Mendy (Servette Geneve, Suisse) font partie de la liste de 25 joueurs publiée mardi par le sélectionneur national, Aliou Cissé, pour la double confrontation avec la Guinée-Bissau, pour les éliminatoires de la CAN 2022.
Mendy, un ancien joueur de Diambars (élite sénégalaise) qui a rejoint la Suisse après avoir évolué au RC Lens et à Orléans (France), était souvent appelé pour renforcer l’équipe nationale lorsqu’il était au Sénégal.
Evoluant en défense centrale, le natif de Ziguinchor (sud) a été appelé par Cissé pour renforcer le couloir gauche, le talon d’Achille des Lions depuis les problèmes de santé de Pape Ndiaye Souaré.
Les milieux de terrain Moustapha Name et Franck Kanouté sont les deux autres joueurs auxquels le sélectionneur national a fait appel.
Name a joué longtemps dans le championnat national avant d’être transféré, depuis deux saisons, à Pau (France).
Avec l’équipe paloise, il a réussi l’accession en Ligue 2 française, lors de la saison dernière, avant d’être transféré pendant le marché estival des transferts au Paris FC. Son club est le leader actuel de la Ligue 2.
En septembre 2019, Name a remporté le WAFU Cup of Nations avec l’équipe du Sénégal. Une victoire obtenue par tirs au but, contre celle du Ghana.
Franck Kanouté est le moins connu des trois nouveaux Lions. Après avoir joué en petites catégories au Sénégal, il a évolué en Italie avant d’être transféré cette saison en Belgique.
Les autres joueurs sont tous des habitués de la sélection nationale.
Dakar devient de plus en plus un carrefour artistique. Les galeries et les musées fleurissent et participent à l’effervescence artistique. Dans quelques jours, la capitale sénégalaise accueille un nouveau lieu de rencontre.
La Galerie « Selebe Yoon » ouvre ses portes à Dakar le 27 Novembre prochain. Pour son exposition inaugurale, elle propose aux amateurs de venir découvrir le travail du peintre Alioune Diouf
Dakar devient de plus en plus un carrefour artistique. Les galeries et les musées fleurissent et participent à l’effervescence artistique. Dans quelques jours, la capitale sénégalaise accueille un nouveau lieu de rencontre.
Situé dans le centre de Dakar, Selebe Yoon, ce nouvel espace, est dédié à l’art contemporain avec une programmation internationale. «Selebe Yoon souhaite être un point de convergence entre artistes et acteurs culturels provenant de différentes géographies et contextes variés», annoncent les promoteurs dans un document de présentation.
La galerie qui ouvre ses portes le 27 novembre prochain propose une exposition inaugurale intitulée Ubeku (Ouverture) de l’artiste Alioune Diouf. «L’exposition présentera une installation monumentale en tissu à l’entrée, une série de dessins aux pigments naturels, sa série Gouney jagaal mêlant couture et peinture ainsi que des interventions insitu», informe la galerie qui précise que cette exposition fait suite à deux mois de résidence de l’artiste.
Autodidacte, Alioune Diouf est né à Dakar en 1964. «Son travail incarne le débordement : chaque figure dessinée - de l’oiseau, à l’arbre, à l’homme, - ne s’arrête jamais à sa forme, mais se déploie et s’étire au-delà de ses contours. Dans cette circulation ininterrompue du vivant, ces personnages sont liés par un seul fil à coudre, par le même souffle qui les anime», écrit la brochure à propos de l’artiste.
Sa rencontre avec Issa Samb est un tournant dans sa vie. Pendant plus de 28 ans, il est un des membres du laboratoire Agit’Art, lieu d’expérimentation artistique créé en 1974 avec Djibril Diop Mambety, Issa Samb et El Hadji Sy. «Durant ces années, Alioune Diouf travaille auprès de ces artistes, participe aux manifestations du laboratoire, transforme la cour au quotidien et développe sa pratique personnelle cadencée par ces manifestations collectives.»
Avec le collectif Agit’Art, mais aussi en solo, Alioune Diouf a participé à de nombreuses expositions. Dans quelques semaines, le public pourra découvrir son travail sur les murs de la galerie Selebe Yoon
LE MFDC ARME POUR LA PAIX ET LE DEVELOPPEMENT
Il y a une volonté de capitaliser sur la situation actuelle en Casamance, en transformant la longue accalmie dans le sud du pays en une paix définitive
Ibou MANE (Correspondant) |
Publication 03/11/2020
Mongone, localité située dans la commune de Djignaky, a été pendant trois jours le cadre d’une assemblée de retrouvaille des membres du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc), ailes politique et combattante confondues. En prélude aux négociations entre le mouvement irrédentiste et l’Etat dans les prochains mois, les différents éléments du Mfdc tentent d’accorder leurs violons. Aujourd’hui, il affiche publiquement son désir d’aller à la table des négociations, plaider pour qu’elles soient inclusives afin de sceller une paix définitive dans la région.
Il y a une volonté de capitaliser sur la situation actuelle en Casamance, en transformant la longue accalmie dans le sud du pays en une paix définitive. En attendant, il faut convaincre les ailes politique et combattante du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) sur la nécessité d’aller à des négociations inclusives. L’organisation Asaninga, une sensibilité civile du Mfdc, a tenté de rapprocher les positions après avoir convoqué des assises qui ont réuni à Mongone, situé dans la commune de Djignaky et porte d’entrée de la Zone des palmiers, jadis réputée Zone de non-droit. Tout un symbole. Cette localité, située à 1,5 km d’Ebinako sur la route nationale n°5 reliant Ziguinchor à Diouloulou, polarise 13 villages sur les 25 que compte la commune de Djignaky. Une zone réputée rebelle à cause du foisonnement de sanctuaires de combattants d’Atika dont Diakaye créé par Sidy Badji et tour à tour dirigé par Kamougué Diatta, Ismaïla Magne Diémé, Lamarana Sambou, entre autres, constitue la plus grande base. A l’instar de Mongone et de tous les autres villages de la Zone des palmiers, les populations et les factions du Mfdc se sont toujours confondues dans cette contrée fortement enclavée, qui jouxte le territoire gambien et jadis interdite aux forces de sécurité et aux étrangers.
Pendant trois décennies, les villageois, abandonnés à leur triste sort, ont tenu grâce à l’appui très aléatoire des organisations humanitaires. Malgré le silence des armes ils n’ont accès à presque rien, en plus de l’enclavement. L’eau, l’électricité, l’école…, les infrastructures socio-économiques n’existent pas dans cette zone, où les résidents se sont repliés vers la Gambie voisine, malgré les efforts consentis par l’Etat ces trois dernières années avec la présence au niveau de certains villages de la Zone des palmiers, tel Mongone, de l’eau et de l’électricité, d’infrastructures scolaires et de poste de santé. «Nous vivons de plein l’enclavement avec des routes impraticables. Et il se pose dans notre village à vocation arboricole et fruitière un problème d’accès qui compromet l’évacuation de nos productions», sensibilise Ansoumana Sonko, président de la jeunesse de Mongone. Sans réseau de transport moderne, les charrettes et motos Jakarta constituent les seuls moyens de transport des populations pour assurer l’écoulement de leurs produits vers la Rn 5 et les autres contrées de la région. «Cette situation impacte beaucoup la survie de la production avec une bonne partie telle les mangues qui pourrissent, faute d’écoulement. La jeunesse est également désœuvrée, elle n’a comme principale activité que l’agriculture et la riziculture en période hivernale et s’active de temps en temps dans le maraîchage si ce n’est pas l’exode vers la Gambie voisine», renchérit Ansoumana Sambou.
«Notre seul tort c’est de vivre dans cette contrée réputée rebelle»
Ici tout est à construire, alors que les potentialités sont énormes. «Nos mangues, oranges, ditakh,… fruit de tant d’efforts consentis finissent par pourrir entre nos mains. Si les clients peinent à venir s’approvisionner sur place à Mongone du fait de l’enclavement, nous avons de notre côté beaucoup de difficultés à écouler notre production», martèle Lala Mané, présidente du réseau des femmes. Elle pèse et soupèse le coût de ce conflit. «Notre seul tort c’est de résider et de vivre dans la Zone des palmiers. Et sachez qu’on a mis au monde des enfants qui ont opté qui pour être militaires qui pour être combattants du Mfdc. Ils n’ont pas demandé notre avis par rapport à leur choix», persiste Mme Mané.
Comme elle, tous les villageois comptent sur des nouveaux investissements publics pour tirer de cette région le meilleur de ce qu’elle a à offrir. Et c’est énorme. «Ce qui importe aujourd’hui, c’est de voir tous les fils se retrouver et œuvrer pour le développement de Mongone et de la Zone des palmiers. Et ce serait donc une aubaine pour les femmes et les populations locales que les autorités étatiques se penchent sur notre sort, car nous sommes aussi des Sénégalais à part entière», renchérit Lala Mané. Quid de la prise en charge médicale ? «Nous avons une maternité construite par les populations locales qui est loin d’être fonctionnelle, faute de personnel avec l’absence d’une sage-femme voire d’une matrone. Cette maternité est aujourd’hui dépourvue de tout. La dernière matrone, étant décédée il y a 3 ans, n’a toujours pas été remplacée», se désole-t-elle. Du coup, accoucher à Mongone constitue, selon Lala Mané, une épreuve très difficile pour les femmes. Bien sûr, les accouchements deviennent à risques avec un système d’évacuation sur Djignaky ou Diouloulou très primaire. «Nous sommes obligées de recourir aux services de spécialistes des localités voisines qui font le déplacement pour la prise en charge, car les risques d’évacuation par charrettes posent problème pour celles dont la grossesse arrive à terme du fait de l’enclavement de la zone et ses routes impraticables», persiste Mme Mané.
Aujourd’hui, il y a un vent de changement qui souffle dans toute la région, qui cherche les moyens pour assurer son décollage économique. Et sans la paix, cela devient «illusoire». «A un moment donné, nous avons pensé à aller négocier. Négocier c’est bien, mais le mieux c’est de partager le concept de négociation avec l’ensemble des membres du Mfdc. Le but étant d’avoir le même niveau d’information par rapport au concept de négociation et de travailler sur les contours des négociateurs», explique Seyni Badji, chargé de Communication du groupe Asaninga, initiateur des Assises de Mongone.
Sur place, il y avait les responsables de l’aile politique et combattante du Mfdc, les populations locales et l’équipe du Groupe de réflexion pour la paix en Casamance (Grpc), dirigée par Robert Sagna. Sans censure et langue de bois, les acteurs ont décidé de mettre en place un espace de dialogue et d’échange pour une meilleure compréhension des problèmes «afin de permettre à chacun de pouvoir émettre une opinion dans le cadre de la recherche de solutions durables de sortie de crise et de futures négociations avec l’Etat». «Vouloir négocier tout en optant pour la violence, cela n’est pas une option pour le dialogue», indique le chargé de Communication de l’aile politique du Mfdc. En clair, «la négociation en lieu et place des escalades militaires : Une option pacifique, sage et responsable, enjeux et défis». «Si les gens avaient opté pour se battre, c’est peut-être une erreur. 40 ans après, cela a fait plonger la région dans une situation telle que personne ne s’y attendait», exprime Seyni Badji. Il est alors temps de conjuguer ces différends au passé. «En 1982 si l’Etat avait écouté les marcheurs, peut-être qu’on n’en serait pas dans cette situation. Mais on avait voulu à tout prix réprimer et voilà le résultat. Et 40 ans après, c’est un courage de dire que la guerre ne peut pas continuer», insiste M. Badji.
Aujourd’hui, les enjeux sont la paix, le dépôt des armes, le désenclavement de la Zone des palmiers, les questions de développement avec la réalisation d’infrastructures socioéconomiques de base et les contours des futures négociations. «Le nombre de morts, de matériels détruits, de personnes meurtries en Casamance fait que tous doivent comprendre que cela suffit et qu’on a besoin de s’arrêter. Et à l’heure actuelle, nous sommes en train de travailler en étroite collaboration avec les bases combattantes de Diakaye, du Nord Sindian, de Dibyeum, Djilacounda, etc., car ce qui faisait défaut au sein du Mfdc, c’est la communication», tente-t-il de rassurer. Mais il faut convaincre les récalcitrants. «Cette option est d’autant plus importante que bon nombre de responsables du Mfdc qui ont déclenché la guerre en Casamance ont déposé les armes. Et aujourd’hui c’est comme si ce sont ces jeunes dans le maquis qui sont à l’origine du conflit. C’est dire qu’il est donc opportun pour chacun de dire que ces jeunes ne sont pas responsables de cet état de fait. Et ceux qui ont créé le maquis doivent avoir le courage de dire qu’il faut que cela finisse et travaillent en ce sens», insiste Seyni Badji.