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1 juillet 2025
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, Serigne Saliou GUEYE
LES LEÇONS D’UN REMANIEMENT MINISTERIEL
Il s'agit d'un état-major politique électoral tourné vers les élections locales et législatives en attendant de légitimer un troisème mandat. Tous les soi-disant aspirants ou prétendants à la prochaine présidentielle sont aujourd’hui passés au billot
Les 18 mois qui ont suivi la réélection de M. Macky Sall ont été marqués par l’inaction et l’immobilisme au point qu’un remaniement ministériel était devenu un impératif catégorique. En effet, pendant cette période critique, aucune initiative d’envergure allant dans le sens de la prise en charge des problèmes majeurs des populations n’a été prise par le gouvernement de Macky Sall malgré les urgences pressantes.
Le mécontentement s’est généralisé au point que, finalement, la grogne répétitive de la population abattue par la cherté de la vie insupportable a poussé le président de la République à procéder à la modification de son premier casting gouvernemental depuis sa réélection.
En prenant la décision, il y a de cela cinq jours, de limoger tous ses ministres, ses secrétaires généraux du gouvernement et de la présidence de la République, la présidente du Conseil économique et social, le chef de l’Etat Macky Sall faisait présager un grand nettoyage dans la composition du nouveau gouvernement au point que le très critique MON, dirpub de ce canard que vous avez entre les mains, l’avait supplié de faire une révolution tant attendue par les Sénégalais. Hélas, finalement, la montagne a accouché d’une souris chétive au point qu’on ne peut s’empêcher de s’exclamer avec colère et déception : « tout ça pour ça ! ».
On s’attendait à un gouvernement resserré, de serrage de ceinture, d’ajustement surtout que nous traversons une crise sanitaire qui exige un plan de résilience et de relance, malheureusement voilà que Sa Majesté nous sert une équipe gargantuesque de 37 ministres et secrétaires d’Etat. Et les hommes et femmes qui le composent sont les mêmes que dans l’équipe sortante à part huit entrées pour prendre la charge de secteurs qui, à part les télécoms, ne sont pas porteurs de croissance. La révolution attendue par MON et les Sénégalais n’est pas pour demain.
L’actuel gouvernement dans lequel des maroquins ont été octroyés au parti Rewmi et au leader des derniers dissidents en date du PDS réunis dans le Parti des Libéraux et Démocrates (PLD) And Suxxali Sopi n’est pas un gouvernement de mission porté résolument vers la résolution des difficultés des Sénégalais mais un état-major politique électoral tourné vers les élections locales et législatives en attendant de légitimer un 3e mandat. Si l’objectif de Macky Sall était d’accélérer la cadence pour réaliser le PAP2, il lui fallait agir sur les secteurs porteurs de croissance.
Tout le monde s’est rendu compte que la dissociation du ministère des Finances et du Budget et du ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération a été une mauvaise option dans la mise en cohérence de la politique économique et dans la prise de décision. Le secteur de l’Agriculture, de l’Elevage doit connaitre des réformes structurelles pour booster la croissance du pays. Pourvu que tout cela soit articulé à une bonne politique industrielle. Moussa Baldé, actuel ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural, n’a pas révolutionné notre agriculture qui peine depuis des lustres à atteindre l’autosuffisance alimentaire. Qu’est-ce que Moustapha Diop, actuel ministre du Développement industriel et des Petites et Moyennes industries, a accompli dans le secteur de l’Industrie qui doit être le moteur de notre économie et le principal pourvoyeur d’emplois ?
Le ministre qui méritait d’être limogé est Aliou Ndoye qui gère la Pêche et l’Economie maritime parce qu’éclaboussé par le trafic des licences de pêche octroyées à des Chinois qui surexploitent nos ressources halieutiques. Ces trois composantes (Agriculture, Pêche, Elevage) du secteur primaire sont fondamentales.
Accompagnées par une bonne politique industrielle, elles peuvent porter la croissance du pays. Mais les hommes qui sont à la tête de ces secteurs stratégiques ont montré leurs limites. On pourrait revenir sur l’incohérence notée dans la mise en place de certains secteurs répartis dans des ministères différents comme les Petites et Moyennes entreprises que gère Aminata Assome Diatta et les Petites et Moyennes industries placées sous la responsabilité du ministre fantôme Moustapha Diop. Dans ce nouvel attelage gouvernemental, on ne peut manquer de signaler la présence de Rewmi et son leader Idrissa qui dirige désormais la CESE.
D’ailleurs, c’est la grande surprise des changements de Macky. Idrissa Seck ravale aujourd’hui ses vomissures de 2013 quand il avait sommé en vain les ministres de Rewmi de sortir du gouvernement dans lequel le président Sall interdisait toute critique de l’action gouvernementale. Combien de fois le leader de Rewmi a-t-il déclaré urbi et urbi que, pour le reste de sa vie, un décret ne déterminera plus sa carrière politique. Seuls les conseils municipal et départemental ou l’Assemblée nationale ou le Palais de la République où les suffrages citoyen envoient des mandataires peuvent décider de sa trajectoire politique.
Rétrospectivement, on se dit que les ministres Oumar Guèye et Pape Diouf avaient eu raison de rester dans le gouvernement en 2013 quand leur ex-leader leur avait demandé de rendre le tablier. Aujourd’hui, prenant prétexte de la pandémie du coronavirus, Idrissa Seck revient dans la gestion des affaires publiques. Les difficultés causées par le coronavirus expliquent le revirement spectaculaire du Rewmiste en chef. Mais cela n’est qu’un pseudoprétexte. Il y a un « deal » politique concocté entre Idy et Macky et dont les tenants et aboutissants seront bientôt découverts. Le dialogue politique appelé caustiquement le « deal-logue politique par certains « bénéficier d’une institution. C’est la récompense de la traitrise politique. Idy déserte le terrain aride de l’opposition pour aller goûter aux voluptés du pouvoir. Au diable les centaines milliers de Sénégalais qui l’ont soutenu à la présidentielle parce qu’ils n’aiment pas l’actuel président !
Lui, Idy, il aime le Président qu’il vouait aux gémonies naguère. Mais comme il aime le dire, il ne faut jamais dire jamais en politique. La décision qu’il a prise n’émane pas des instances de direction de son parti mais de son bon vouloir. Chez lui, seule sa décision prévaut. Macky a l’opportunité de remporter la mairie de Thiès pour la première fois en s’associant avec Idy. Thiès pesant lourd sur le plan électoral et étant âprement disputée, la collusion de Macky et du leader de Rewmi pourrait renforcer le camp présidentiel.
Le chef de l’Etat, en bon politicien, est en train de dérouler son agenda politique défini au début de son magistère. Il a attiré une partie de la classe politique par des postes et des prébendes, une autre partie par le fouet judiciaire. Aujourd’hui, il pêche le gros requin de Thiès pour le neutraliser pour ce qui reste de sa carrière politique. S’allier avec le 2e à la présidentielle est un gage de victoire dans plusieurs localités aux élections territoriales et législatives. Et n’est-ce pas non plus gage de légitimation dans la quête d’un 3e mandat ? Concernant ce 3e mandat, Macky ne veut pas de pierre d’achoppement.
Tous les soi-disant aspirants ou prétendants à la prochaine présidentielle sont aujourd’hui passés au billot. Amadou Ba, Makhtar Cissé, Aly Ngouille Ndiaye, Aminata Touré ont été victimes du délit d’ambition. Qu’on ne dise pas qu’ils n’ont pas produit de résultats dans leur département ! Macky Sall disait le 2 juillet 2019, lors de de la concertation sur la mise en œuvre de la Loi sur le contenu local dans le secteur des hydrocarbures : « Je tiens à féliciter Makhtar Cissé pour l’excellent travail, en si peu de temps, depuis qu’il a été nommé à la tête de ce département ministériel (ndlr, Pétrole et Énergies). Mais aussi et surtout pour la bonne organisation de cette rencontre. Je sais qu’il apprend vite, trop vite même. Bientôt, il va égaler les techniciens et les ingénieurs. Il faudra continuer ». Aujourd’hui, c’est cet homme travailleur qui a redressé la Senelec, sorti le pays de l’obscurité et des délestages qui a été viré comme un malpropre parce qu’on lui aurait prêté une ambition présidentielle.
Pour l’humilier encore plus, Macky met dans son gouvernement son opposant local à Dagana, Oumar Sarr, qui n’hésitera pas à l’anéantir politiquement. Quoi de plus noble que de vouloir diriger son pays si l’on sait qu’on en a les compétences ?
Voilà la politique de Macky. Dans son gouvernement, les compétences n’ont pas leur place. Les calculs et intérêts politiques priment sur tout. Quitte même à recycler des politiciens que les Sénégalais ont chassés du pouvoir en 2012 afin qu’ils remplacent es membres loyaux de son propre camp politique.
LA METHODE MACKY SALL EST FAITE D’IMPROVISATION, DE CYNISME ET D’AMATEURISME
Moustapha Diakhaté ne croit pas au nouveau gouvernement formé dimanche soir
Moustapha Diakhaté ne croit pas au nouveau gouvernement de Macky Sall, formé dimanche soir. Selon l’ancien président du groupe parlementaire de la coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby), le vrai problème serait le président Macky Sall lui-même et non ses ministres. Il estime donc que ce dont le peuple a besoin, c’est un véritable bouleversement, un changement de cap et d’hommes pour en finir avec le pillage des biens de la Nation comme système de gouvernement sur fond d’affaiblissement de la démocratie et de l’Etat de Droit qui seraient, à l’en croire, les caractéristiques du système de gouvernance de Macky Sall.
« Il s’agit d’une purge politique, d’un nettoyage des récalcitrants au 3ème mandat, de deal sur le dos du peuple sénégalais, de l’APR et de Bby avec une certaine opposition et de recyclage de ces anciens pourfendeurs libéraux qui, pour conserver le pouvoir, n’avaient pas en 2011 hésité à massacrer une quinzaine de jeunes Sénégalais», a réagi l’ancien président du groupe parlementaire Moustapha Diakhaté.
D’après lui, il ne faut rien attendre de ce nouveau gouvernement de Macky Sall. En effet, soutient-il, le Sénégal et les Sénégalais iront de mal en pis avec la méthode Macky Sall faite d’improvisation, de tâtonnement, de ruse, de cynisme et d’amateurisme. « En fait, avec les meilleures matières grises au monde, les résultats resteront médiocres. Les ministres n’auront pas le courage, la marge de manœuvre pour faire part au Président Sall de leurs désaccords et de leurs analyses. «En réalité, c’est Macky Sall qui est le problème et non les ministres. Ce qui est dangereux pour le présent, et surtout l’avenir de notre pays, c’est que cet attelage qui vient d’être constitué ne fonctionnera pas en raison de l’ultra présidentialisme rétrograde qui tient le Sénégal sous son étreinte et qui nous a mis dans le pétrin depuis plusieurs décennies », a conclu l’ancien président du groupe parlementaire de la majorité présidentielle, Moustapha Diakhaté
MACKY BLINDE SON FAUTEUIL ET FAIT CAP SUR 2024
A trois ans de la présidentielle, le président de la République a rebattu les cartes et jeté des dés. Faites vos jeux, rien ne va plus !
Trois jours après la dissolution du premier gouvernement ayant suivi sa réélection par le chef de l’Etat, la liste des membres de l’équipe Macky II a été publiée dimanche. Un attelage fortement marqué par l’entrée en son sein d’une frange de l’opposition mais surtout la mise à l’écart de poids lourd des précédents gouvernements. Que cherche le président Macky Sall dans cette nouvelle alchimie qui redessine la configuration politique nationale à trois ans de la présidentielle de 2024 ? Analystes politiques et économistes se sont penchés sur le nouveau gouvernement et la donne politique qu’il créée.
A trois ans de la présidentielle, Macky Sall a rebattu les cartes et jeté des dés. Faites vos jeux, rien ne va plus ! Le nouveau gouvernement formé dimanche a été marqué, d’une part, par l’entrée de ministres appartenant à Rewmi, le parti d’Idrissa Seck — lui-même nommé président du Conseil économique, social et environnemental —, mais aussi d’Oumar Sarr, représentant une dissidence minoritaire du Pds. D’autre part, le remaniement de la Toussaint s’est caractérisé par la défenestration de poids lourds de l’équipe sortante comme Amadou Ba, exministre des Affaires étrangères, ancien grand argentier de l’Etat et responsable de premier plan du parti présidentiel dans la région de Dakar. Mouhamadou Makhtar Cissé, ministre du Pétrole et de l’Energie, après avoir tenu le portefeuille du Budget, et Aly Ngouille Ndiaye, ministre de l’Intérieur dans l’équipe sortante après avoir eu en charge l’Industrie et les Mines, éléphant de l’APR dans le département de Linguère ont également été poussés vers la sortie. Hors du gouvernement, Aminata Touré, jusque-là patronne du CESE (Conseil économique, social et environnemental) a également été remerciée. Le président Macky Sall a nommé Idrissa Seck, une des bêtes noires de « Mimi » pour la remplacer. Une orientation qui, d’après l’analyste politique Momar Diongue, relève plus d’un schéma politique que d’une option fondée sur une volonté de résoudre les enjeux socio-économiques actuels. « Au vu de la crise économique qui secoue actuellement notre pays, les gens s’attendaient à autre chose qu’à des alliances politiques. Notre pays connaît une récession économique mais est aussi confronté à une résurgence de l’émigration clandestine sans compter la problématique de l’emploi et la crise sanitaire avec la pandémie du coronavirus. Notre tissu industriel est quasiment en lambeaux tandis que les secteurs de la pêche et du tourisme sont à terre. C’est pourquoi, sur le fond, les gens ne peuvent percevoir un changement dans cette nouvelle nomenclature. Car, tout le monde s’attendait à un gouvernement à forte dose technocratique pour sortir le pays du gouffre au lieu d’une combinaison politique », explique Momar Diongue. Poursuivant, il explique que, dans le casting qui a été fait par le président Macky Sall, il y a des ministres dont l’opinion publique ne s’attendait pas du tout à leur reconduction dans le gouvernement. C’est le cas, dit-il, des ministères à problèmes comme celui de la Justice caractérisé par une gestion inflexible avec des remous au sein de la magistrature. De celui de l’environnement qui traine des casseroles avec le scandale lié à la mort des gazelles Oryx.
MOMAR DIONGUE : « Idy a fait le deuil de son destin présidentiel »
Analysant l’entrée spectaculaire de l’opposant Idrissa Seck dans le nouveau gouvernement, Momar Diongue y voit les signes avant-coureurs d’un déclin politique du leader de Rewmi. A l’en croire, d’ailleurs, Idy aurait fait le deuil de son destin présidentiel. « Il a bénéficié d’une grande coalition lors de la dernière présidentielle. D’ailleurs, si le ressort de confiance n’était pas cassé entre lui et le peuple sénégalais, il aurait remporté largement cette élection. Donc, on peut dire que, quelque part, c’est sa personne qui pose problème. C’est pourquoi, il a fait le deuil de son destin présidentiel en optant pour l’entrée dans le gouvernement de Macky » explique M. Diongue Selon lui, Rewmi, le parti de Idrissa Seck, ne serait plus que l’ombre de lui-même au regard de la scène politique actuelle. Et sans le concours de circonstances qui a fait qu’énormément de ténors de l’opposition se sont rangés derrière lui en février 2019, estime Momar Diongue, Idrissa Seck ne pourrait obtenir 20 % de l’électorat. Prenant le contrepied de l’ancien collaborateur du défunt hebdomadaire « Nouvel Horizon », Ibrahima Bakhoum, journaliste et observateur de la scène politique, pense que le patron de Rewmi est loin d’avoir enterré ses ambitions présidentielles. A l’en croire, le nouveau président du Conseil économique, social et environnemental fait dans la realpolitik. « Idrissa Seck n’a pas pu obtenir ce qu’il voulait et il se dit qu’il peut attendre 2024. Il a besoin d’aller récupérer quelques forces derrière et garder encore une certaine représentabilité et audience. On savait qu’il allait venir par cette porte ou une autre. On l’attendait quelque part suivant son mutisme politique. Cependant, ce qui surprend, c’est qu’il soit du côté du Conseil économique, social et environnemental », note le vétéran de la presse sans manquer de rappeler les conséquences d’un changement de veste politique. En effet, explique-t-il, les hommes politiques sont le plus souvent sanctionnés par le retour de bâton en fonction de leurs propres déclarations. « Idrissa Seck disait qu’il ne prendrait jamais une fonction nominative, on le voit aujourd’hui à la tête du Cese. C’est ça également le réalisme, on ne peut reprocher à un homme politique de vouloir jouer le réalisme, de travailler en fonction de sa lecture de la situation. Comme on dit, à situation concrète, réponse concrète. Et la situation concrète pour le Rewmi est le fait qu’en réalité, les hommes qui étaient avec Idy ont commencé à l’abandonner », développe le membre fondateur du Groupe Sud quotidien et aussi ancien journaliste de l’Agence de Presse sénégalaise (APS).
IBRAHIMA BAKHOUM : «La posture présidentiable, le dénominateur commun des leaders éjectés »
Que ce soit Aminata Touré, Amadou Ba, Mouhamadou Makhtar Cissé ou Aly Ngouye Ndiaye, tous ont été perçus à un moment donné comme des leaders ayant des ambitions présidentielles, rappelle souligne l’analyste politique Ibrahima Bakhoum. Et selon lui, à y voir de près, on se rend compte nettement que la posture présidentiable est effectivement le dénominateur commun de tous les poids lourds éjectés du gouvernement. « Or, tout le monde sait qu’à travers leurs fonctions, ces deniers jouissaient de moyens en termes de visibilité, de mobilisation et de finances. Et il est fort probable que cela soit l’un des motifs de leur mise à l’écart. Autrement dit, pour ne pas qu’ils volent très haut, leurs ailes ont été coupées avec cette nouvelle configuration du gouvernement » soutient M. Bakhoum. Momar Diongue, lui, reste convaincu que le président Macky Sall s’est résolument inscrit dans une dynamique de troisième mandat. « Il ne l’a d’ailleurs pas commencé avec la formation de ce nouveau gouvernement. Par le passé, tous ses proches qui se sont prononcés en sa défaveur sur ce sujet ont tous été sanctionnés. En revanche, tous les gens de son camp qui soutiennent le contraire, à savoir la faisabilité de ce troisième mandat, ont été ménagés. Et aujourd’hui, tous les leaders de son parti à qui on a prêté des ambitions présidentielles ou dont les Sénégalais pensent qu’ils ont l’étoffe pour diriger ce pays, ont été débarqués par le président Macky Sall. Donc il n’y a plus claire indication que celle-là » soutient l’analyste politique. Momar Diongue justifie son argument par le profilage politique des opposants ayant rejoint le gouvernement. Il explique : « Pour y arriver, Macky Sall a fait appel à Oumar Sarr qui a soutenu urbi orbi la troisième candidature de Wade en 2012. Donc, en toute évidence, celui-ci serait très mal placé pour élever la voix contre une éventuelle candidature du président Macky Sall. L’autre, c’est Idrissa Seck qui se considère maintenant n’avoir rien à perdre sur le terrain politique. Donc il faut dire que les dés sont déjà jetés en perspective de 2024 » se dit convaincu l’ancien de « Nouvel Horizon ».
L’avenir de l’opposition
Pour Momar Diongue, sur le terrain politique, l’entrée d’Idrissa Seck dans le gouvernement va constituer un grand boulevard ouvert à l’opposant Ousmane Sonko arrivé troisième à la présidentielle passée. Cela dit, notre confrère estime qu’on sait parfaitement qui incarne l’opposition dans ce pays et qui ne l’incarne pas. Et selon toute évidence, dit-il, celui qui se pose actuellement en alternative contre la gouvernance de Macky Sall n’est personne d’autre que le leader du Pastef. Mais d’après Ibrahim Bakhoum, bien que le président ait réussi à réussi à faire en sorte que le deuxième à la présidentielle n’est plus le chef de l’opposition, il n’en reste pas moins que le leader de Pastef a encore du chemin à faire. « Qu’on le veuille ou non, Ousmane Sonko est incontestablement présent dans l’espace public et dans les réseaux sociaux. Seulement voilà, cela ne suffit pas pour être leader de l’opposition même si, il faut le reconnaitre, c’est un grand boulevard qui est dégagé maintenant pour lui avec cette entrée d’Idrissa Seck dans les institutions. La question du leadership de Sonko sur la scène politique nationale reste suspendue aux joutes électorales à venir » estime le vétéran Ibrahima Bakhoum.
De nouveaux fronts contre Macky
Sur un autre plan, Momar Diongue soutient que la reconfiguration induite par la formation de ce nouveau gouvernement va paradoxalement ouvrir d’autres fronts contre le président Macky Sall. «Le président Macky Sall vient à présent de créer d’autres axes d’adversité avec lui. Parce que jusquelà, il n’avait en face de lui qu’Ousmane Sonko qui menait une opposition radicale. Maintenant il vient, en cooptant Oumar Sarr et Cie, de déclarer la guerre au Parti démocratique sénégalais (PDS). Car les dirigeants de ce parti ne vont certainement pas digérer le fait que des dissidents sorti de leurs flancs soient mis dans un gouvernement et dotés des moyens de l’Etat ». Autre front qui risque de s’ouvrir contre l’actuel président de la République : celui constitué des ténors de l’APR que Sall vient de mettre sur la touche. « Il s’agit des leaders Aminata Touré, Makhtar Cissé (Ndlr, en raison de son statut d’Ige, ce dernier n’est en réalité pas militant du parti présidentiel), Amadou Ba et Aly Ngouye Ndiaye. Et d’ailleurs, le président est tellement conscient de la situation et du danger que cela représente, qu’il essaie même de limiter les dégâts. Au niveau de Dagana où trône Mouhamadou Makhtar Cissé, il a fait appel à Oumar Sarr pour le contrer. Il a fait de même avec Aly Ngouye à Linguère en nommant Aly Saleh Diop de Rewmi pour museler l’ancien ministre de l’Intérieur en cas d’une éventuelle rébellion politique de ce dernier » explique l’analyste politique.
LES QUOTIDIENS CONTINUENT D’ANALYSER LA RECOMPOSITION DU GOUVERNEMENT
Dakar, 3 nov (APS) – Les quotidiens continuent d’analyser le réaménagement du gouvernement survenu dimanche, Sud Quotidien faisant remarquer que cette recomposition et la nomination du nouveau président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) ont été dominées par la ‘’promotion d’anciens libéraux au détriment [des] principaux lieutenants’’ du chef de l’Etat.
‘’Le président Sall diversifie les possibilités de combinaison en vue de l’échéance électorale cruciale de 2024’’, affirme l’analyste politique Maurice Soudieck Dione, interrogé par Sud Quotidien. Ce journal évoque la nomination de l’opposant Idrissa Seck à la présidence du CESE et la nouvelle alliance constituée par Macky Sall avec des militants du PDS, le parti de l’ex-président de la République, Abdoulaye Wade.
Le Témoin Quotidien partage le point de vue de l’analyste politique en affirmant que ‘’Macky Sall blinde son fauteuil’’ en attendant 2024.
L’As estime que le président de la République, en recomposant le gouvernement, a procédé à une reconstitution du PDS ‘’sans Wade’’. ‘’Plus les jours passent, plus Macky Sall récupère ses anciens camarades du PDS (…) Les derniers ralliements d’Oumar Sarr et d’Idrissa seck ne sont que la suite logique d’un long processus’’, souligne-t-il.
Comme son ‘’ex-mentor’’, Abdoulaye Wade, Macky Sall ‘’fait le vide autour de lui et s’entoure de nouveaux collaborateurs’’, constate EnQuête.
Parlant de ‘’vide’’, il fait allusion au limogeage de proches de Macky Sall, dont Aminata Touré, l’ex-présidente du CESE, Amadou Ba, sorti du gouvernement et remplacé aux Affaires étrangères par Aïssata Tall Sall, Aly Ngouille Ndiaye, l’ex-ministre de l’Intérieur, et Mahammed Boun Abdallah Dionne, l’ex-secrétaire général de la présidence de la République.
L’Observateur tente de percer le mystère qui entoure le limogeage de ce dernier, ‘’le symbole de la fidélité à Macky Sall et de la loyauté envers le chef de l’Etat’’. ‘’Il n’y a aucune brouille entre le chef de l’Etat et son ami Mahammed Boun Abdallah Dionne’’, assure, dans un entretien avec L’Observateur, un proche de l’ancien Premier ministre et ex-patron du secrétariat général de la présidence de la République.
‘’Chassés par la grande porte, ils savent qu’ils peuvent revenir par la fenêtre. Le président Sall, maître dans l’art de recycler de vieilles chaussettes, trouvera facilement un point de chute pour Aly Ngouille Ndiaye et consorts’’, soutient Kritik’.
Tribune assure que Macky Sall n’a pas bouclé son casting. ‘’On attend (…) des bouleversements dans plusieurs directions de sociétés nationales, sans oublier que des présidents de conseil d’administration vont [être remerciés]’’, ajoute Tribune.
WalfQuotidien constate qu’‘’un client de la CREI [a été] blanchi en conseil des ministres’’. Il évoque de la sorte la nomination d’Oumar Sarr à la tête du ministère des Mines, l’intéressé faisant partie des personnalités épinglées par la Cour de répression de l’enrichissement illicite, dès l’accession de Macky Sall à la présidence de la République en 2012.
‘’Oumar Sarr et l’ancien procureur spécial Antoine Félix Diome au même banquet’’, écrit le journal.
‘’Le nouveau gouvernement est marqué par une entrée très remarquée des protagonistes de la CREI’’, ajoute-t-il, soulignant que le nouveau ministre des Mines faisait partie de ‘’25 dignitaires libéraux (…) accusés d’enrichissement illicite et interdits de sortie du territoire national’’.
On apprend de plusieurs journaux dont Vox Populi que la nomination de M. Diome à la tête du ministère de l’Intérieur est décriée par certains militants de l’opposition. ‘’Il a été dans tous les sales coups (…) Nous réclamons sa démission’’, jure Moussa Taye, un proche de l’ex-maire de Dakar, Khalifa Sall, cité par le même journal.
‘’Brillant magistrat, procureur de choc, mouride sadikh (fervent disciple du mouridisme), Antoine Félix Diome aura la lourde charge de rassurer l’opposition’’, écrit Le Témoin Quotidien. Le Quotidien ne serait pas surpris que Macky Sall fasse d’Idrissa Seck son ‘’dauphin’’.
‘’Le leader de Rewmi (Idrissa Seck) serait-il la carte [à jouer] de Macky Sall ? Rien n’est plus impossible. En tout cas, ce gros poisson pourrait être un dauphin’’, commente le journal.
‘’Des questions affleurent’’ après la recomposition du gouvernement et la nomination d’Idrissa Seck à la présidence du CESE, affirme Le Soleil. ‘’Idrissa Seck va-t-il siéger à la conférence des présidents de Benno Bokk Yaakaar ? Un nouveau pôle constitutif de la nouvelle majorité verra-t-il le jour ? Avec une nouvelle dénomination ?’’ questionne Le Soleil.
ET SI DIONNE REMPLAÇAIT NIASSE ?
Beaucoup pensent qu’avec son départ de l’exécutif, l’ancien Premier ministre devrait retourner à l’Assemblée pour remplacer Moustapha Niasse en vertu de la loi qui donne droit aux anciens ministres de retrouver leurs sièges après la fin de leurs missions
Avec le nouveau remaniement ministériel, le président Macky Sall se sépare de ses cadres les plus emblématiques dont l’ancien Premier ministre Mouhamed Boun Abdallah Dionne. Même pour beaucoup, leur départ est lié à une crise de confiance, mais il ne devrait pas être le cas pour Boun Abdallah Dionne, surnommé dans un passé récent le Baaye Fall de Macky pour sa loyauté maintes fois éprouvées. C’est donc légitime que beaucoup pensent qu’avec son départ de l’exécutif, l’ancien Premier ministre devrait retourner à l’Assemblée pour remplacer Moustapha Niasse en vertu de la loi qui donne droit aux anciens ministres de retrouver leurs sièges après la fin de leurs missions gouvernementales.
Le remaniement ministériel avec son lot de surprises continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Le Président Macky Sall a surpris son monde avec l’entrée dans le gouvernement des membres du Rewmi du président Idrissa Seck, ce dernier remplaçant au demeurant Mme Aminata Touré au CESE. Mais le nouveau gouvernement a le mérite de confirmer ce qui se disait dans les chaumières et annoncé depuis longtemps par les observateurs : les ambitions présidentielles des ministres Amadou Ba, Aly Ngouille Ndiaye, Aminata Touré voire Omar Youm.
Pour le moment, c’est la seule explication plausible qui peut sous-tendre le limogeage de ces ‘’4 mousquetaires‘’ de la mouvance présidentielle. Volonté du chef de leur laisser une marge de manœuvre pour peaufiner leurs plans pour 2024, en supposant qu’il renonce à briguer un troisième mandat ? Rupture de confiance avec de fortes têtes qui étaient devenues gênantes ? Dans tous les cas, la même analyse ne peut être faite concernant l’ancien premier ministre Mouhamad Boun Abdallah Dionne. Mais force est de constater que la mise à l’écart est fortement commentée en privé Pour certains, Dionne n’est plus dans les bonnes grâces de Macky Sall tout comme Maxime Ndiaye. Mais pour d’autres, le départ de Mouhamad Boun Abdallah Dionne peut être un autre coup de génie que prépare le Président Macky Sall.
Pour les tenants de cette thèse en effet, homme de confiance, fidèle parmi les plus fidèles, Dionne devrait atterrir à l’Assemblée puisqu’il avait dirigé la liste victorieux de Benno aux dernières législatives. Pour cela, on agite une démission pour raison de santé de Niasse. Le cas échéant, Dionne retrouve son siège et se fait élire par la majorité mécanique de Benno briefée par le chef de l’Etat. Surnommé le ‘’Baye Fall’’ de Macky Sall, pour plusieurs observateurs, en effet, s’il y a quelqu’un dont la loyauté ne souffre d’aucun doute auprès du chef de l’Etat, c’est lui. Il est prêt à prendre une balle pour son patron. Ainsi donc, qu’est-ce qui expliquerait qu’il ne soit pas reconduit à son poste de Secrétaire général de la Présidence ? Plutôt qu’un ostracisme politique ou une sanction, cette non-reconduction semble être une mise en sourdine d’une ascension politique, en attendant des lendemains plus reluisants.
Ayant dirigé la coalition Benno Bokk Yaakaar lors des dernières Législatives, Mouhamad Boun Abdallah Dionne était annoncé à l’époque à la présidence de l’Assemblée. D’après certains observateurs avertis, des tractations allant dans ce sens avaient eu lieu mais en vain. Le président Moustapha Niasse avait dit niet. Ne voulant pas casser la dynamique de la coalition Benno Bokk Yaakaar, le président de la République avait, selon certains analystes, renoncé à cette velléité de mettre son homme de confiance à la tête de l’Assemblée nationale. Le président Moustapha Niasse serait fatigué et pense à renoncer à son poste. Le cas échéant, l’ex-premier ministre serait promu à ce poste pour le récompenser de sa fidélité indéfectible envers le Président Macky Sall. D’autant que, d’après la loi, il peut reprendre son poste de député à l’Assemblée Nationale. Et même si le président Moustapha Niasse décide de finir son mandat, 2022 est tout proche et c’est une autre raison de le décharger de ses responsabilités ministérielles et lui donner tous les moyens pour revigorer les militants en vue d’une élection législative qui sera âprement disputée dans deux ans. Par ailleurs, et si c’était lui le dauphin caché de Macky Sall ?
En effet, l’histoire politique sénégalaise de ces dernières années a montré que les plus ambitieux ne sont pas toujours ceux qui arrivent à la consécration. Le tout nouveau président du Conseil Economique Social et Environnemental Idrissa Seck en est l’illustration parfaite. Son intelligence, son charisme et son expérience politique auprès du président Abdoulaye Wade avaient fait de lui le dauphin incontesté de ce dernier.
Toutefois, son trop-plein d’ambition n’avait pas milité à sa faveur et avait causé sa perte. Et dans ce brouhaha et cette confusion politique, Macky Sall était sorti de nulle part pour coiffer au poteau tout le monde. Souvent, les observateurs ne le citent pas parmi les potentiels remplaçants du Président Macky Sall mais Boun Abdallah Dionne a visiblement la confiance de son chef. On ne peut en dire manifestement autant pour les autres.
LA POLICE FRACTURE LES COTES DE L’AGENT COMMERCIAL DE TRANSVERSAL ET LE TRAINE EN JUSTICE
M. M. Ndiaye, agent commercial de la société Transversal, est traîné en justice pour rébellion et outrage à agents dans l’exercice de leurs fonctions.
Ignorant qu’il avait affaire à des limiers en civil, l’agent commercial de Transversal, Mamadou M Ndiaye, leur a posé des questions. Pour cela, il a été traîné en justice pour rébellion et outrage à agents dans l’exercice de leurs fonctions, devant le prétoire des flagrants délits de Dakar.
Mamadou Moustapha Ndiaye, agent commercial de la société Transversal, est traîné en justice pour rébellion et outrage à agents dans l’exercice de leurs fonctions. De petite taille, habillé en jean kaki de couleur jaune, il a d’emblée réfuté les accusations portées à son encontre. Selon le prévenu, il est victime dans cette affaire. Il parle même d’abus de pouvoir.
Dans sa narration des faits, il était ce jour-là en compagnie de son chauffeur pour faire une livraison. A sa descente, à Grand Yoff, le chauffeur s’est garé. De retour, il a constaté que le conducteur n’avait pas quitté les lieux pour déposer le reste des commandes. C’est ainsi qu’il s’est approché de plus près pour s’enquérir de la situation. « Arrivé à bord, j’ai vu quelqu’un en train de fouiller mon sac à trois reprises. Je lui ai demandé la raison qui explique son acte et qui l’a poussé à ouvrir mon sac. C’est ainsi que l’un d’eux m’a fait savoir que c’était la police. Mais l’autre lui a dit de me gifler si je n’arrêtais pas de poser des questions. Je lui ai demandé pour quelle raison il devait me frapper. Je n’ai pas terminé ma phrase car il m’a asséné des coups en me facturant des côtes», relate-t-il. C’est sur ces entrefaites que Mamadou M Ndiaye a été conduit au commissariat de Grand-Yoff.
Selon toujours le mis en cause, après avoir été entendu par l’enquêteur Gomis, il a fait savoir au commissaire qu’il ne comptait pas s’en arrêter là car son honneur a été bafoué. «On m’a fait du tort car je n’ai rien fait de mal à part les interroger. Je compte déposer une plainte car j’ai des côtes fracturées. Pour confirmer mes dires, on est parti à l’hôpital. L’homme de l’art a confirmé mes propos à la sortie des résultats radiographiques », a-t-il expliqué avec clarté.
Cette affaire n’a pas été jugée à cause des dénégations des hommes de tenue sur le procès-verbal. De ce fait, elle a été renvoyée au 9 novembre prochain pour la comparution des limiers avant d’accorder la liberté provisoire au prévenu.
BIRAHIME SECK ENTENDU PAR L’OFNAC
L’Office National de lutte contre la Fraude et la Corruption (Ofnac) s’est saisi du dossier des licences de pêche, a annoncé hier Birahime Seck, Coordonnateur du Forum civil, sur son compte Twitter.
L’Office National de lutte contre la Fraude et la Corruption (Ofnac) s’est saisi du dossier des licences de pêche, a annoncé hier Birahime Seck, Coordonnateur du Forum civil, sur son compte Twitter. Il a fait cette annonce à l’issue de sa convocation par les services de Seynabou Ndiaye Diakhaté, présidente de l’Ofnac
Le coordonnateur du forum civil a été entendu hier par l’Office National de lutte contre la Fraude et la Corruption (Ofnac), dans le cadre du dossier relatif aux licences de pêche notamment au sujet du rapport accablant de Greenpeace contre l’Etat du Sénégal. « Nous avons répondu à une convocation de l’Ofnac pour les besoins de l’enquête sur les licences de pêche et les suspicions de fraude dans le secteur», a informé Birahime Seck sur son compte Twitter. Le coordonnateur du Forum civil encourage à cet effet les services de Seynabou Ndiaye Diakhaté à poursuivre les investigations pour tirer l’affaire au clair afin de situer les principaux responsables.
D’ailleurs, Birahime Seck et ses camarades avaient formulé plusieurs recommandations au gouvernement et au GAIPES pour améliorer la gestion des pêches. Parmi ces recommandations formulées à l’endroit du ministère des Pêches, rappelle-t-on, figure la publication de la liste des licences attribuées entre 2018- 2019 et en 2020, renouvelées ou régularisées afin, disent-ils, de connaître les bénéficiaires effectifs et les catégories de pêcheries concernées.
Pour rappel, le rapport de Greenpeace Afrique intitulé «Mal de mer : pendant que l’Afrique de l’Ouest est confinée par la COVID-19, ses eaux restent ouvertes au pillage» , avait révélé que quatre licences ont bien été attribuées le 17 avril, dont une à un navire chinois qui fait partie de la liste de 52 bateaux étrangers.
A cet effet, l’ONG internationale environnementale Greenpeace avait émis alors des doutes sur la transparence et la légalité du processus d’attribution des licences qui, selon elle, permettent aux navires étrangers de piller les ressources halieutiques sénégalaises au détriment des pêcheurs artisanaux dont les licences sont gelées depuis 2012. Des accusations qu’avait rejetées le ministère des Pêches et de l’Economie maritime du Sénégal, dans un communiqué de presse publié le 12 octobre 2020.
Selon le document du ministère, les allégations contenues dans ledit rapport sont totalement infondées et d’autant plus surprenantes qu’à plusieurs reprises, «le ministère des Pêches et de l’Economie maritime a toujours apporté des éclairages, des précisions et des démentis, à chaque fois que cela s’imposait, à l’endroit des acteurs, de l’opinion publique nationale et internationale», avaient précisé les services du ministère des Pêches et de l’Economie maritime du Sénégal.
MACKY DÉPOUILLE LA COUR DE WADE
Le président n’a pas perdu de temps pour dérouler sa machine de phagocytation de l’appareil de son mentor en politique. Les derniers ralliements d’Oumar Sarr et d’Idrissa Seck ne sont que la suite d’un processus enclenché depuis son arrivée au pouvoir
Plus les jours passent, plus Macky récupère ses anciens camarades du Parti Démocratique Sénégalais. Elu en 2012, l’actuel locataire du Palais n’a pas perdu beaucoup de temps pour dérouler sa machine de « phagocytation » de l’appareil de son mentor en politique. D’ailleurs les derniers ralliements d’Oumar Sarr et d’Idrissa Seck ne sont que la suite logique d’un long processus enclenché depuis son accession à la magistrature suprême.
Que cherche Macky Sall ? Est-il en train dorénavant de labourer les champs de son « maître spirituel » Abdoulaye Wade qui veut maintenir les libéraux au pouvoir pendant au moins un demi-siècle ?
En tout cas, l’exercice auquel s’est livré le président de la République lors du dernier remaniement semble préciser davantage cette vision du Pape du Sopi. Dans une autre mesure, Macky Sall s’est imposé en véritable héritier du trône libéral. En plus du renforcement des libéraux dans l’appareil gouvernemental, le président de la République a récupéré ses anciens amis du Parti Démocratique Sénégalais avec qui il a partagé beaucoup de moments de gloire.
D’ailleurs, la rupture n’a jamais été aussi tranchée qu’on le prétend. La preuve, Oumar Sarr a révélé qu’il n’avait jamais coupé radicalement ses relations avec Macky Sall. C’est ce dernier même qui l’a confirmé après son exclusion avec Babacar Gaye, Me El hadj Amadou Sall du PDS. En recrutant cet ancien baron du Parti Démocratique Sénégalais, Macky Sall a, en effet, réussi à ramener à ses côtés ses anciens autres frères de parti dont Babacar Gaye, Me Amadou Sall, Abdoul Aziz Diop, Alinard Ndiaye, Ahmet Fall Braya, entre autres frondeurs de la formation libérale qui ont porté récemment sur les fonts baptismaux, en septembre dernier, le Parti des libéraux et démocrates / And Suqali.
Macky Sall a, en outre, pris tout le monde de court en nommant Idrissa Seck à la tête du Conseil Economique Social et Environnemental(CESE) alors qu’on attendait un cadre de l’APR en la personne de Mouhamad Boun Abdallah Dionne. Après avoir joint leurs forces lors de la présidentielle de 2012 pour empêcher le président Wade de rempiler pour un troisième mandat à la tête du pays, Idrissa Seck n’avait pas pu cheminer plus loin avec Macky Sall au sein de la mouvance présidentielle, Benno Bokk Yaakaar.
D’ailleurs, la lune de miel entre les deux premiers ministres de Wade n’avait duré à peine qu’un an. S’en est suivie une opposition farouche et des sorties fracassantes du leader du Rewmi envers le régime en place. Mais depuis quelque temps, Idrissa Seck avait perdu la voix et s’était complètement effacé du paysage politique.
Face à ce recul du candidat arrivé deuxième lors de la présidentielle de 2019 avec 20,50% des suffrages, bon nombre d’observateurs et même quelques-uns de ses soutiens commençait à agiter la thèse d’un deal entre lui et le président de l’APR. Ainsi, alors que le débat sur la question du statut de chef de l’opposition soulevée dans le cadre du dialogue politique fait rage, Idrissa Seck a embarqué dans le navire « libéralisé » et élargi et laissant ainsi un long boulevard à Ousmane Sonko. Il faut rappeler que le Chef de l’Etat avait auparavant accueilli le ralliement d’autres libéraux, ceux qui étaient ses véritables serviteurs et qui exécutaient ses ordres sans rechigner. Fidèles parmi les fidèles, on pouvait compter Pape Samba Mboup et Farba Senghor. Profitant de la brouille entre ces derniers et Karim Wade exilé à Doha, Macky Sall les a très vite récupérés pour les mettre hors d’état de nuire. Ainsi, il avait à ses côtés des opposants en moins. Même Sada Ndiaye qui a été à l’origine de son «départ» de l’Assemblée n’a pas été épargné. Il roule maintenant pour lui après lui avoir assuré les quelques poches non conquises dans le Fouta.
PAPE DIOP, LA PROCHAINE CIBLE
Après avoir juré la main sur le cœur de ne jamais transhumer, l’ancien Premier Ministre Souleymane Ndéné avait au préalable même voulu ranger sa conviction dans son tiroir et même ravaler ses propos avant d’opérer un revirement à 360 degrés et rejoindre son ancien ami au PDS. Une transhumance qui lui a valu d’être bombardé à la présidence du Conseil d’Administration de la Compagnie Air Sénégal Sa en 2018. Il avait même créé un mouvement avec quelques autres libéraux exclus du PDS pour soutenir la candidature de Macky Sall en 2019.
Un autre cacique du PDS et non des moindres, Modou Diagne Fada, avait lui aussi en direction de la dernière élection présidentielle rejoint le « Macky » en juillet 2018 avant d’être placé à la tête de la Sonacos par son ancien frère de parti, Macky Sall qu’il venait de retrouver. Il convient de signaler que des figures de proue du régime de Wade qui étaient prêts à tout pour défendre le Pape du Sopi ont également aussi fait le choix de rejoindre leur ex frère plutôt que de continuer à se courber devant le seul maître à bord du navire de la formation. Il en est de même pour l’ancien ministre de l’Intérieur sous Wade, Ousmane Ngom qui, après la levée de son interdiction de sortie du territoire, avait déposé ses baluchons chez Macky Sall. Un autre ponte du PDS, Abdoulaye Baldé, lui aussi a rejoint la mouvance à la veille de présidentielle de 2019. Il a longtemps opposé un non radical au Chef de l’Etat. Mais son dossier souvent réactivé à la CREI l’a poussé certainement à revoir sa position.
A ceux-là, il faut ajouter d’autres responsables libéraux de tous ordres qui ont cheminé pendant douze ans avec Wade : Abdou Khafor Touré, Mamadou Lamine Keïta, Fabouly Gaye, Becaye Diop, Victor Sadio Diouf. La liste est loin d’être exhaustive. En tout cas, il ne reste pratiquement rien du PDS originel si ce n’est Wade, son fils et son neveu Doudou Wade. Seul l’ancien maire de Dakar, Pape Diop, résiste pour le moment. Mais jusqu’à quand ?
IL FAUT S’ATTENDRE A DES REMOUS AU SEIN DE L’APR
Le professeur Moussa Diaw analyse les impacts de l’alliance Idy-Macky dans la configuration politique au Sénégal
Dans cet entretien, le professeur Moussa Diaw analyse pour «L’AS» les impacts de l’alliance Idy-Macky dans la configuration politique au Sénégal. L’enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis estime que cette situation est aujourd’hui profitable à Ousmane Sonko et d’un autre côté qu’il faudrait s’attendre à des remous au sein de l’APR du fait du limogeage de certains caciques de la formation marron-beige.
«L’AS» : Quelle sera l’impact de la nouvelle alliance Idy-Macky dans le jeu politique sénégalais?
Moussa DIAW : Forcément il y aura une reconfiguration du jeu politique. Idrissa Seck a été toujours considéré comme un membre de l’opposition jusqu’à son ralliement. Maintenant qu’il fait alliance avec la majorité et qu’il a quelques proches promus ministres dans le nouveau gouvernement, cela va changer la donne au niveau de l’opposition. Aussi, il va y avoir des changements à l’intérieur même de la majorité présidentielle. Certains membres de la majorité ont quitté le gouvernement, des membres qui comptaient et qui étaient très proches de Macky Sall. Ils ont été écartés et il est certain que ceux-là ne resteront pas passifs parce que ce sont des leaders, des cadres de l’Alliance pour la République (APR) qui ont des compétences politiques, qui ont des expériences. Cela m’étonnerait que ces responsables-là gardent le silence. Donc, il faut s’attendre à des remous à l’intérieur même de la majorité notamment au sein de l’APR. Et aussi dans l’espace politique, au niveau de l’opposition, bien entendu, les rapports de force vont changer. Est-ce que l’arrimage d’Idrissa Seck à l’opposition va susciter des réactions ? L’opposition va chercher à s’organiser davantage parce qu’elle était dispersée. Elle devrait se structurer et former un bloc pour faire face à cette nouvelle majorité. (..) Il est triste cependant de constater qu’on privilégie les calculs politiques, des perspectives électorales et de repositionnement au détriment de l’intérêt général des populations, au moment où les jeunes quittent massivement le pays et clandestinement pour chercher l’Eldorado en Europe. Tout simplement parce que leur avenir est incertain dans leur propre pays. Et c’est dommage.(…)
Avec cette nouvelle configuration, peut-on dire qu’Idrissa Seck balise la voie à Oumane Sonko et Khalifa Sall ?
Normalement c’est Ousmane Sonko qui devrait en bénéficier le plus. Il est dynamique. Il adopte une opposition offensive et pose des questions au gouvernement. Il cible les failles de la gouvernance politique de Macky Sall en mettant l’accent sur leurs faiblesses. Donc aujourd’hui, il est apparait incontournable dans l’opposition. A mon avis, si l’opposition doit s’organiser ce sera autour de Sonko.
Et Khalifa Sall dans tout ça ?
Khalifa Sall a encore des démêlées judicaires qui ne sont pas réglées. C’est peut-être une amnistie qui pourrait le sauver. Mais l’amnistie ne pourrait venir que de la majorité à l’Assemblée nationale. Pour l’instant, ce n’est pas le cas. Il a encore cette épée de Damoclès qui pèse sur lui. Et il n’a pas encore une large possibilité de mener ses activités de façon sereine. Il y a toujours ce handicap judiciaire qui pèse toujours sur lui. Donc, il faut attendre que cela s’élargisse et qu’il y ait des mesures à son endroit pour lui permettre de jouer pleinement son rôle politique dans l’espace politique sénégalais.
L’avenir politique d’Idrissa Seck, est-il hypothéqué ?
On ne peut pas dire ça. Idrissa Seck est fin politiquement. Il a des expériences et généralement il fait des calculs politiques. Il peut se tromper. Maintenant, la question est de savoir si cette alliance va être durable. C’est ça la grande question. Est-ce qu’il pourra avoir une marge de manœuvre pour adopter sa stratégie. Parce que ce qui est visé actuellement, c’est la présidentielle de 2024. Compte tenu de la situation, la question du troisième mandat est tournée. Il n’est plus question de parler de troisième mandat. Et donc les logiques politiques voudraient que les rapports de force changent au niveau de la majorité. Et Idrissa Seck veut se positionner pour remplacer Macky Sall si jamais il quitte le pouvoir en 2024. Et c’est ça son calcul politique. On verra plus tard comment cela va se passer. A mon avis, Idy est gagnant sur ce coup. Mais comme on est dans une alliance machiavélique, de fins stratèges politiques, on verra qui va gagner et qui va perdre dans ces rapports de force.
Et Macky Sall, qu’est-ce qu’il va gagner concrètement ?
La plupart des chefs d’Etat africains ne veulent pas quitter le pouvoir par peur de poursuites à la fin de leur règne. Surtout qu’une fois aux affaires, il traine de nombreux actes de mauvaise gouvernance. Et justement, Macky a besoin de gage, de quelqu’un qui va protéger ses arrières une fois qu’il quitte le pouvoir. Et apparemment, Idrissa Seck rentre dans cette logique-là. Il devrait normalement y avoir des négociations permettant Idrissa Seck de s’engager et de pouvoir le remplacer Macky Sall avec comme contrepartie d’assurer les arrières de ce dernier quand il ne sera plus aux affaires. A mon avis, leurs négociations ont tourné autour de cela.
MACKY VEUT FAIRE OPA SUR LES COLLECTIVITES TERRITORIALES
Idrissa Seck a intégré la mouvance présidentielle, y trouvant les maires Oumar Sarr, Aïssata Tall Sall et Abdoulaye Baldé, qui avaient tous gagné dans leurs communes contre la coalition au pouvoir.
Nommé président du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), Idrissa Seck a intégré la mouvance présidentielle, y trouvant les maires Oumar Sarr, Aïssata Tall Sall et Abdoulaye Baldé, qui avaient tous gagné dans leurs communes contre la coalition au pouvoir. L’enrôlement de ces gros poissons dans le « Macky » permet symboliquement au chef de l’Etat de récupérer des villes que lui et ses alliés avaient perdues lors des dernières Locales. D’ailleurs, si ces responsables politiques conservent leur popularité, le leader de l’Alliance pour la République (APR) a toutes les chances de faire main basse sur les collectivités territoriales du Sénégal, lors des prochaines joutes électorales prévues en mars 2021.
Par sa capacité à se mouvoir dans le landerneau politique ivoirien tel un caméléon dans la forêt, et son génie à rouler dans la farine tous ses adversaires ainsi que ses alliés pour accéder à la tête de la Côte d’Ivoire et réussir à prolonger son mandat de cinq ans sans passer par les urnes, Laurent Gbagbo était nommé le « boulanger ». Même si comparaison n’est pas raison, ce surnom pourrait être très bien attribué au Président Macky Sall après le coup de maître politique qu’il a réalisé ces derniers jours, en enrôlant simultanément le leader du parti Rewmi et deuxième lors de la dernière élection présidentielle, Idrissa Seck, et l’ancien secrétaire général adjoint du Parti Démocratique Sénégalais (PDS), Oumar Sarr, qui était pratiquement sur tous les fronts lors du procès de Karim Wade devant la Cour de Répression de l’Enrichissement illicite (CREI), pour réclamer sa libération.
Cette pêche aux gros poissons enclenchée depuis la veille de la dernière élection présidentielle en 2019, avec l’arrivée d’Abdoulaye Baldé, d’Aïssata Tall Sall et de Moussa Sy dans les rangs du pouvoir, se dessine actuellement comme une revanche du chef de l’Etat après la perte des grandes villes telles que Thiès, Dakar, Ziguinchor, Podor et Dagana par ses alliés lors des élections locales en 2014.Ainsi, symboliquement, au regard de la situation actuelle, Macky et ses partisans trônent, sauf pour le cas de Dakar, sur ces grandes villes. Par conséquent, la mouvance présidentielle devrait, si les maires qui dirigent ces communes gardent toujours leur popularité, basculer dans le camp du pouvoir lors des prochaines Locales prévues le 28 mars 2021. Pour le cas de Thiès, les choses semblent déjà être beaucoup faciles. Fief d’Idrissa Seck, la commune est dirigée actuellement par Talla Sylla qui est lui aussi dans la mouvance présidentielle.
Avec l’apport de la coalition Benno Bokk Yaakaar, la coalition présidentielle pourrait faire une razzia dans la capitale du Rail. A Zinguichor également, Macky a des chances de voir la commune basculer en sa faveur. D’ailleurs son poulain, le maire de la ville Abdoulaye Baldé, a déjà ouvert les hostilités. « Ma candidature n’est pas à l’ordre du jour parce que tout va se dessiner après au sein de la grande coalition présidentielle. Nous sommes en train de bâtir un parti fort pour les échéances futures. Nous sommes dans une marche victorieuse. Nous ne voyons pas quelqu’un qui pourra nous gagner ici. Les gens vont venir, ils vont parler et vont partir. Les élections vont venir et les Ziguinchorois savent où se trouve la vérité. Ensemble dans notre coalition, je suis sûr que nous allons gagner l’ensemble des communes de la région de Ziguinchor et ailleurs en Casamance. Ce sera un raz-de-marée.», a-t-il déclaré récemment. En ce qui concerne la commune de Podor, Aïssata Tall Sall devrait rempiler sans problème devant ses anciens adversaires Racine Sy et Me Moussa Diop. Le même scénario va sans doute se réaliser à Dagana. Oumar Sarr va désormais être en roue libre après le limogeage de son principal adversaire Mamadou Makhtar Cissé, qui n’était entré en politique que par procuration.
D’ailleurs, il est handicapé par son statut d’Inspecteur général d’Etat (IGE) qui l’empêche de faire de la politique, selon beaucoup de spécialistes. Donc, à moins qu’il démissionne de l’IGE, Omar Sarr n’a pas de challenger sérieux pour lui arracher sa fonction de maire de Dagana qu’il occupe depuis 1996. Si toutes ces hypothèses se réalisent, le président Macky Sall aura toutes les cartes en main, sur le plan de la popularité, pour briguer et obtenir un troisième mandat. En tout état de cause, vu la configuration actuelle de la sphère politique, le chef de l’Etat a symboliquement la mainmise sur presque toutes les grandes villes du Sénégal.