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1 juillet 2025
Par Pape NDIAYE
IDRISSA SECK, UNE ROUE DE SECOURS POUR ENTRER EN GARE ?
Quels que soient ses calculs politiques avec Macky, il est peu probable qu’avec ce « deal » Idy puisse redresser la situation d’ici à 2024 pour pouvoir vraiment compter sur le peu qui lui reste comme militants et sympathisants
Le gouvernement de technocrates tant espéré et attendu a finalement accouché d’un bataillon de combat politique et de propagande. Un bataillon qui ne fera pas mouche en cas de combat puisque les soldats-mercenaires qui le composent n’ont jamais été de valeureux combattants au front de l’opposition. Donc s’appuyer sur eux pour vouloir gagner une guerre, c’est peine perdue ! Car ce nouveau gouvernement ne répond guère aux attentes économiques et sociales du peuple sénégalais. En tout cas, la nomination d’Idrissa Seck à la tête du conseil économique, social et environnemental a cristallisé tous les débats et entraîné toutes sortes de spéculations, d’observations et de commentaires.
Arrivé deuxième lors de la dernière présidentielle 2019 avec 20,5 % des suffrages exprimés, il était donc concevable qu’Idrissa Seck soit le chef de l’opposition. Et puisse légitimement ambitionner de porter les habits de futur président de la république en 2024 où il abattra ses toutes dernières cartes de challenger.
Son retour aux affaires sous Macky sall ne pouvait donc qu’être que la surprise du chef même si les départs d’Aly Ngouille Ndiaye, Mouhamadou Makhtar Cissé, amadou Ba et Oumar Youm resteront d’amères pilules à avaler. Car, quoi qu’on ait pu leur reprocher, ces poids lourds constituaient l’âme du gouvernement. Seulement, nous sommes loin d’être dans les secrets du « dieu » Macky sall, et avons encore moins le pouvoir de lire dans sa mémoire discrétionnaire guidant ses nominations aux emplois civils et militaires.
En revanche, deux hypothèses politiques se dégagent de la nomination d’Idrissa Seck. Ou le président Macky Sall cherche à lui aménager un cimetière politique pour un enterrement de première classe dans le but d’anéantir toutes ses chances de devenir le cinquième président de la république. Ou alors Macky sall lui prépare le terrain comme candidat de substitution ou roue de secours « au cas où » il ne parviendrait pas à sauter le barrage du troisième mandat en 2024. même pour ce dernier cas de figure, on aurait du mal à imaginer un Macky Sall aller chercher une « roue de secours » ailleurs alors qu’il en a dans sa malle arrière c’est-à-dire au sein de son propre parti politique qu’est l’apr. Ne nous dites surtout pas que ce parti au pouvoir manque de profils ou de compétences pour succéder à son chef. Après un troisième échec successif (2007,2007 et 2019), l’ancien Premier ministre d’Abdoulaye Wade n’est pas si pas amnésique au point de commettre une autre erreur politique de trop qui lui serait fatale ! Car, les erreurs qu’il avait commises sous le magistère de me Abdoulaye Wade ont laissé des séquelles politiques ayant entravé sa marche vers la magistrature suprême.
Au-delà de son expérience militante, Idrissa Seck a une très riche carrière politique pour avoir été successivement député, maire, ministre et Premier ministre. Surtout, il exerce actuellement les fonctions de président du conseil départemental de Thiès. Il a été aussi directeur de campagne du candidat Abdoulaye Wade. Pour dire qu’Idrissa Seck est suffisamment rusé et expérimenté pour tomber dans le panneau du président Macky Sall. Quels que soient ses calculs politiques avec ce dernier, il est peu probable qu’avec ce « deal » Idrissa Seck puisse redresser la situation d’ici à 2024 pour pouvoir vraiment compter sur le peu qui lui reste comme militants et sympathisants. En effet, s’il tente un reversement de situation, cela risque d’être trop tard en sa qualité d’ancien président conseil économique, social et environnemental qui, de fait, sera forcément comptable des acquis, certes, mais aussi dégâts, des failles et des tares de ce gouvernement qui est tout sauf celui du plan de relance économique et sociale post-covid19.
Une chose est sûre : Idrissa Seck aura du pain sur la planche afin de maintenir sa vitalité politique dans une mouvance présidentielle composée de méchants et de brutes qui ne loupent jamais les…intrus. Sauf des intrus qui n’ont d’autre ambition que d’être jardiniers et autres peintres paumés de la présidence. Et dans ce cas, la messe est dite !
Par Moustapha BOYE
MACKY, UN VIRTUOSE DE LA POLITIQUE
Il a compris que malgré une réélection d’une majorité de 58, 27 et un exercice d’une équipe gouvernementale dont on dit qu’elle est la plus nulle de l’histoire du pays, il y a quand même plus 41% de sénégalais qui n’avaient pas adhéré à son projet
Macky sall reste un virtuose de la politique. Le virtuose, c’est ce talent d’un musicien exceptionnel qui réussit à transformer à chaque fois que possible, ces notes à des succès remarquables. un art conciliant le génie et la bête politique dans un espace virevoltant où aucune certitude n’est acquise dès le départ.
Réussir alors à décrocher son principal challenger Idrissa Seck n’était pas une mince affaire. C’est du virtuose politique. Seulement la nomination d’Idrissa Seck laisse beaucoup de non-dits sur un éventuel « deal » qui pourrait être un couteau à double tranchant surtout en direction d’un homme insaisissable comme Idrissa Seck. Une situation du genre « tu me tiens, je te tiens » puisque les deux hommes ont cheminé ensemble aux côtés du président Wade. Ils se connaissent très bien.
L’entrée d’Oumar Sarr ex-PDS est aussi à analyser dans ce même registre. Cependant, nous réaffirmons pour le moment que Macky Sall reste un virtuose de la politique. Plusieurs facteurs concourent et expliquent les choix réalistes et logiques sur les contours du nouveau gouvernement dit d’ouverture de Macky Sall.
Le contexte d’un Sénégal qui s’apprête à engager la bataille de l’après-covid19 à travers le Programme d’actions prioritaires (PaP) 2 estimé à 14712 milliards de frs nécessite un soutien fort que le président de la république ne saurait trouver seulement au sein de son parti politique l’APR qui n’en ait pas les moyens, ni la carrure, ni au sein aussi de la seule majorité présidentielle. il fallait réussir à tisser un large consensus qui dépasse cette sphère dont on a cité plus haut.
Macky sall a compris très vite que malgré une brillante réélection en février 2019 d’une majorité de 58, 27 et un exercice d’une équipe gouvernementale dont on dit qu’elle est la plus nulle de toute l’histoire du pays, il y a quand même plus 41% de sénégalais qui n’avaient pas adhéré à son projet. Il fallait alors avoir le choix de gouverner sans cette importante frange du pays ou avoir l’intelligence politique d’associer ces sénégalais d’une manière ou d’une autre à la gestion du pouvoir. Alors deux opportunités s’offraient à Macky sall à travers le contentieux électoral, mais aussi la pandémie de la covid19. Elles furent des occasions inespérées pour bâtir un consensus fort.
Macky sall déroule deux séquences. La première sera à travers la riposte à la covid-19 de tendre la main à toutes les forces vives de l’opposition qui n’ont pas rejeté une telle offre puisque tous les appelés ont été reçus au Palais.
La deuxième séquence a été celle du dialogue national présidé par Famara Ibrahima Sagna. Qu’à cela ne tienne. les nominations d’Idrissa Seck à la tête du conseil économique, social et environnemental et des membres de Rewmi Yankhoba Diattara comme ministre de l’économie numérique et télécommunications et Aly Saleh Diop comme ministre de l’élevage.
Les choix portés sur Oumar Sarr ex Pds et un des membres fondateurs du nouveau Parti démocratique Suqqali Sopi, Aissata tall sall le maire de Podor ne sont qu’en réalité une logique qui répond bien à une certaine cohérence de la trame politique vécue ces dernières semaines dans notre pays.
Macky sall ne peut pas guère appeler à un dialogue national dont la commission politique présidée par le général Mamadou Niang reste la seule aboutie puisqu’ayant été la seule à avoir déposé un rapport sur la table du président de la république et que ce dernier ne puisse pas en tirer les conséquences. il est alors clair que ces nominations qui viennent parachever le processus du dialogue politique sonnent comme un signal du président de la république d’une certaine ouverture à toutes les forces vives de la nation. a l’exception du Pds dont on ne mesure plus sa représentation suite à son boycott de la présidentielle et sa non participation au dialogue politique et de Sonko qui a aussi boycotté le dialogue politique et qui s’est signalé par un rejet total du système de Macky sall.
L’acceptation d’Idrissa Seck de son poste de Président du conseil économique et social, la deuxième force politique du pays (20,50%) si on prend la présidentielle de 2019 comme référence crédibilise le choix de Macky sall. surtout qu’aux côtés de nouvelles forces politiques qui rejoignent l’appareil gouvernemental, le chef de l’état a continué à accorder sa confiance à la majorité présidentielle en maintenant dans l’attelage gouvernemental les partis politiques comme le Ps, l’AFP et le Pit. seulement cette démarche politique du président Macky Sall en associant son principal challenger à la gestion du pouvoir n’est pas une nouveauté sous nos tropiques. Abdou Diouf a eu en 1991 à expérimenter une telle démarche.
Sortant d’un Programme de redressement économique et financier (PreF) qui sera suivi des programmes d’ajustement structurel de la Banque mondiale et du Fmi, Abdou Diouf n’en pouvait plus. il décida alors de convier à la principale force de l’opposition, le Parti démocratique sénégalais à l’exercice du pouvoir.
D’avril 1991 à octobre 1992, il est ministre d’état auprès du président de la république du Sénégal Abdou Diouf dans le gouvernement d’union nationale. de 1995 à 1997, il réoccupe le poste de ministre d’état auprès du président de la république du Sénégal dans le gouvernement de Habib Thiam. des formes d’entrisme avaient permis au président Abdou Diouf de gouverner tranquillement au cours de la décade 1990-2000. Certes il perdra le pouvoir au profit de son principal opposant, mais il a quand permis à notre pays de garder une certaine stabilité qui favorisa la première alternance politique connue en Afrique. Abdou Diouf n’est pas Macky sall. mais l’on ne saurait pas ne pas trouver une certaine similitude dans la démarche d’ouverture à ses séquences différentes faites par les deux hommes. Macky Sall a eu alors l’intelligence de réussir à convaincre son principal opposant à l’exercice du pouvoir. On attendra pour savoir si Idrissa Seck en sortira gagnant en acceptant un tel challenge. Sur l’aspect des sanctions, les limogeages de Mimi Touré, de Makhtar Cissé, d’Amadou Ba, d’Aly Ngouille ndiaye et de Mahammad Dionne sonnent aussi comme une logique dans la démarche de Macky sall. ces limogés partagent le fait d’avoir été catalogués plus ou moins comme des gens qui lorgnent « le fauteuil présidentiel » ou qui sont opposés à toute idée d’un troisième mandat. la rumeur tenace a fini par perturber la séquence gouvernementale. il est clair que les rapports entre macky sall et ces derniers devenaient un peu difficile parcequ’ils s’impactaient dans l’animation globale de l’action du gouvernement. alors pour certainement clarifier la situation, leurs départs permettront autant au chef de l’état d’avoir les coudées franches, mais aussi aux limogés de prendre en charge avec courage leurs destins présidentiels si c’était le cas. en attendant une chose est sure. Macky Sall imprime personnellement la gestion de son pouvoir sans état d’âme. reste à savoir ce que demain sera fait. Cela, c’est du domaine de dieu… mais le chef de l’état démontre qu’il reste un virtuose de la politique.
par Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye
CHEIKH AHMADOU BAMBA, AU-DELÀ DE L’EXIL (2/2)
Tutoyant l’ire colonialiste, il faisait réciter, quatre fois par jour, le Coran ; tandis que ses Khassaïdes et les Zikr des Baye Fall, plus mélodieux que le silence de la nuit, purifiaient et exaltaient les âmes
Renonçant à interjeter appel auprès du gouverneur Jean-Baptiste Chaudié nouvellement nommé[i], Cheikh Ahmadou Bamba quitta le Sénégal le 21 septembre 1895 et passant par Conakry (où il apprit le nom de sa destination), Grand Bassam, Dahomey, il arriva à Libreville le mercredi 2 octobre[ii]. Il y resta environ trois mois, y échappa à deux tentatives d’assassinat (une fusillade et une embuscade), avant d’être transféré dans l’île de Mayumba.
Confronté aux moqueries, aux brimades, aux injures, des soldats de l’oppression coloniale, l’éclaboussant avec leur urine et leur alcool ; exposé à un changement de climat hostile, en regard de la forte humidité du pays (avec, par exemple, une pluviométrie annuelle de 2392.02 mm entre 1896 et 1898[iii] à Libreville), son sous-peuplement et sa faune venimeuse ; il s’arma d’endurance et se mit à produire mille[iv] écrits portant sur Dieu, Son prophète et l’islam en prenant comme témoin l’île, qu’il apostropha en ces termes :
Témoigne, ô mer de Mayumba, que je suis l’esclave du Pardonneur
Et le serviteur de l’Élu (Mouhammad)
Témoigne que je ne flatterai jamais un idolâtre
Et que je demeurerai l’ami intime de celui qui m’a entouré d’honneur[v]
Refusant de toucher les 50 francs mensuels relatifs à son statut de détenu politique, il accomplit un jeûne particulièrement difficile au Ramadan de 1315 H, rompant avec la sève des feuilles[vi]. Et c’est à cette période où les soldats de l’oppression coloniale s’amusaient à raser la petite mosquée en bois qu’il avait érigée devant sa chambre que Cheikh Ahmadou Bamba, qui avait la défense de l’agent Yéli Sèye, écrivit :
Ô Tout-Puissant qui rassembles et disperses
Ramène-moi à Darou Salam où je t'entretiendrai
(…)Accorde-moi toujours des connaissances utiles à moi-même et aux autres
(…)
Accorde-moi toujours le pouvoir de secourir tous les hommes[vii]
Sa famille (confiée à son frère Mame Thierno Ibrahim) et ses disciples restèrent environ trois ans sans avoir de ses nouvelles (l’oppression coloniale l’ayant déclaré mort[viii]) ; tandis que la première fois qu’il réentendit le wolof le remplit de nostalgie : « La dispute se déroulait tout près de moi, en wolof. Même si les deux hommes ne maîtrisaient pas la langue, le seul fait que j’entendais celle-ci après un long éloignement, me rappela immédiatement mon peuple et mon pays, si bien que je me sentis comme si j’y étais. »
Que ne fut donc sa joie ce mardi de 1898 où se présenta à sa porte son compatriote et disciple Serigne Modou Lo Dagana. Celui-ci, ayant quitté son Koki Gouye natal exactement un an plus tôt était passé, sans connaître sa destination, par Banjul, Ziguinchor, Karabane, Sédhiou, Jaxala Mandinka, (Sierra Leone), Béréby, Morovia, Grand Leone, Grand Popo, Karleone, Bolama, Cap des Palmes, Bingerville, Grand-Bassam, Abossa, Abidjan, Soussa[ix], Accra, Ouidah, Lagos, Bata, Douala, Porto-Novo, Cotonou, Setté Cama, Cap-Lopez, Loango, pour le retrouver à Mayumba[x]. L’honorable disciple avait prévenu les siens : « Ou je retrouverai Cheikh Ahmadou Bamba, ou vous ne me reverrez plus.[xi] »
Il retournera au Sénégal quelques mois plus tard, pour revenir au Gabon accompagné de Mame Cheikh Anta (le frère de Cheikh Ahmadou Bamba d’après qui a été baptisé Cheikh Anta Diop, le pharaon du savoir) et un disciple de celui-ci, Serigne Modou Ndiaye Diop. En cette fin de 1899[xii], ils retrouvèrent Cheikh Ahmadou Bamba à Lambaréné, près de l’Ogoué, chez les Galwa.
Les épreuves subies à Lambaréné ont été telles que Cheikh Ahmadou Bamba affirme ne connaître « rien de plus pénible qu’elles en dehors de l’agonie[xiii] ». Mame Cheikh Anta rentra au Sénégal avec ses écrits d’exil, tandis qu’il y resta un peu moins de trois ans. À leur cours, il y apprit la mort de l’Almamy Samory Touré (lui aussi déporté au Gabon, à Njolé) ; y endura les sévices de son compatriote Mambaye Ahmadou Fara Biram Lo (alors commandant de cercle de Lambaréné et de la Ngougné) ; y reçut le soutien de Sidy Mabo (son autre compatriote renvoyé de l’oppression coloniale pour être devenu disciple du déporté) ainsi que celui de Samba Laobé Peinda (Buurba Jolof destitué, puis exilé pour être devenu Mouride, accusé de haute trahison grâce aux manigances de l’interprète Ma Abdou Lô[xiv], frère de Mambaye Biram Lô) ; et y accueillit Serigne Fallilou Fall, fils aîné de Mame Cheikh Ibrahima qui l’a dépêché à ses côtés.
Il est à signaler que le Gabon, à l’instar de Madagascar, la Nouvelle Calédonie, la Guyane, l’Île du Diable et Saint Joseph, était un lieu de déportation, un mouroir pour la majorité, où on retrouvait, entre 1890 et 1900, des prisonniers politiques et de droit commun issus du Bénin, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, de la Mauritanie et du Sénégal[xv].
La liesse couvrit le Sénégal lorsque le mardi 11 novembre 1902, le Ville de Maceïo arrima à Dakar avec, à son bord, Cheikh Ahmadou Bamba et Serigne Modou Lô Dagana, qui eurent tenu à payer leurs propres titres de transport. Celui qui avait prié, en apprenant qu’ils étaient à leur tour exilés, pour Serigne Lompagne Mouhammad Seck et Serigne Mouhammad Diop Aram Faty afin que Dieu « les préserve de tout ce qui provoque le doute », partagea son triomphe : « Que mon retour, dit-il, soit le bonheur de mes disciples, qu’ils soient tous préservés du feu de la résurrection. »
À peine a-t-il le temps de saluer ses disciples et d’en accueillir de nouveaux, de retrouver sa famille et de rencontrer, pour la première fois, son fils Mouhammadou al-Bachir, père de l’actuel Khalife général Serigne Mountakha le bienheureux, qu’un nouveau détachement de 150 tirailleurs et de 50 spahis, disposant un total de 20 000 cartouches, est envoyé l’arrêter à Darou Marnane, pendant que les frontières avec la Gambie sont fermées.
La nouvelle arrestation, qui a eu lieu le 14 juin 1903[xvi], a dû être une grande déception pour l’administrateur de Tivaouane, le nommé Allys qui considère Cheikh Ahmadou Bamba comme « un danger permanent[xvii] » et qui avait déjà exposé, le 1er juin 1903, sa solution à Merlin, devenu gouverneur général par intérim de l’AOF le 10 juin : « Puisque Amadou Bamba refuse de venir à Saint-Louis, il faudrait l’envoyer cueillir par l’escadron et l’expédier de nouveau au Congo. S’il y a des coups de fusils échangés, et il y’en aura, sitôt pris, le passer par les armes. Morte la bête, mort le venin[xviii]. » Dire que le 25 avril de la même année, ce même Merlin, dans une lettre confidentielle adressée à l’administrateur de Thiès, confessait : « Bien que les faits que vous me signalez me paraissent considérablement grossis, ils ne méritent pas moins d’être vérifiés à bref délai.[xix] »
Ainsi, après avoir utilisé les services du jeune Mbakhane Diop[xx], qu’elle a aliéné à l’École des Otages après avoir tué son père Lat Dior, l’oppression coloniale envoya, le 17 juin 1903[xxi], Cheikh Ahmadou Bamba à un second exil à Souet-el-Mâ, en Mauritanie. Elle le confia à Cheikh Sidya Baba, qu’elle prit à tort pour le maître de Cheikh Ahmadou Bamba. Par ailleurs, croyant que les Maures sont plus instruits que les Sénégalais et qu’ils n’accepteraient jamais d’être devancés par un Noir, l’oppression coloniale se flattait déjà d’avoir trouvé le moyen de freiner l’influence de leur prisonnier.
À la grande déception des colons, Cheikh Ahmadou Bamba reçut les honneurs des campements de Khommak, Sarsaara, Tountoumoukhzin, Jaraary, Timerkaay[xxii], par où il passa ; et des membres de toutes les couches sociales lui prêtèrent allégeance. En 1907, celui qui rentra à nouveau au Sénégal avec son propre wird Ma’khoûz (après avoir longtemps pratiqué, au moins huit ans pour chacun[xxiii], les wirds qadrite, chadhilite et tidiane) avait également dans ses valises un recueil de poésie composé par cinquante-trois Mauritaniens. Cheikh Sidya Baba, ouvrant les éloges, proclama :
Le Cheikh Ahmad est un bienfait
Que leur Maître a accordé à toutes les créatures[xxiv]
L’oppression coloniale, qui avait une nouvelle fois tenté de l’assassiner à travers un Mauritanien[xxv] du nom de Naari, connaissait mal son ennemi. Autrement, elle aurait su que l’auteur de ce propos n’était animé du moindre complexe envers quiconque : « la couleur de peau ne saurait être la cause d’idiotie d’un homme ou de sa mauvaise compréhension[xxvi]». N’eut-il pas également dit, à des disciples sénégalais venus le trouver en Mauritanie et imitant l’habillement des Maures (pour échapper aux coupeurs de route), que : « ngeen di murit-muritlu, ñu leen di rey benn-benn ci yoon bi ba kenn ci yéen du yeggsi ci man, moo ma gënal ngeen di naar-naarlu[xxvii]. » N’eut-il pas enfin recommandé à Serigne Samba Diarra Mbaye, le pionnier de ses Taalifkat, d’écrire ses poèmes en wolof ; lui-même Cheikh Ahmadou Bamba n’écrivant les éloges du prophète en arabe que parce que c’est la langue maternelle du chef de Médine ? C’est donc grâce à sa recommandation que Cheikh Samba Diarra a pu nous émerveiller avec des vers d’une telle beauté :
Bu leen ma yéem, yéem leen ko, ndax
Du man di wax, mooy ka di wax
Waxande laa wuñ tëjji wax
Bu ma tijjee may lammiñam
À Thiéyène, à 60 kilomètres de Louga, Cheikh Ahmadou Bamba est placé en résidence surveillée jusqu’à la nuit du samedi 13 janvier 1912. Cinquante personnes sont autorisées à être avec lui, tandis que ses visiteurs font l’objet de repressions physiques (bastonnades) et administratives. En obligeant les disciples, pour obtenir un laissez-passer, à présenter leur ticket d’impôt, leurs noms et le nombre d’animaux les accompagnant, la liste des cadeaux qu’ils désirent remettre à leur hôte, leur itinéraire, la durée de leur voyage, l’administrateur du cercle de Louga est, encore une fois, conscient de la nature arbitraire de ces dispositions. S’adressant au gouverneur, il écrit : « Ces mesures paraîtront peut-être excessives, mais je n’en vois pas de plus pratiquement capables d’enrayer le fort flot des visiteurs.[xxviii] »
À 59 ans, Cheikh Ahmadou Bamba rejoignit Diourbel, toujours en résidence surveillée. Tous ses grands disciples l’y retrouvèrent, faisant de cette ville la cité effervescente des sciences. Celui à qui on a voulu faire renoncer sa religion réaffirmait, plus que jamais, qu’« il n’y a de Dieu que Dieu, et que Mouhammad est son prophète. » Tutoyant l’ire colonialiste, il faisait réciter, quatre fois par jour, le Coran ; tandis que ses Khassaïdes et les Zikr des Baye Fall, plus mélodieux que le silence de la nuit, purifiaient et exaltaient les âmes.
C’est là, à Diourbel, qu’il dirigea, un mardi de 1921, la première célébration du 18 Safar, demandant à ses disciples de l’« aider à rendre grâce à Dieu ». C’est là, en 1921, qu’il déclara, apprenant le décès de Mame Mor Diarra, son aîné germain lui ayant également enseigné la métrique : « N’eût été ce qu’il me reste à parachever dans mes services au Coran, aux hadiths et aux créatures, je n’aurais pas passé une nuit de plus sur terre après ce jour. » C’est là, à Diourbel, qu’il fit écrire à ses dix-sept scribes, en trois jours, au mois de ramadan de 1924, le Coran entier. C’est là, à Diourbel, qu’il inaugura, à la Korité de la même année, sa première mosquée venue remplacer celle détruite à Mayumba. C’est là, de Diourbel, qu’il lança, en 1925, le projet de construction de la grande mosquée de Touba. Et c’est aussi là, à Diourbel, qu’il refusa la Croix de chevalier de la Légion d’honneur, ce tas de ferraille que l’oppression coloniale a jugé utile de lui décerner et qu’elle croyait capable d’effacer subitement sa propre conduite ignominieuse.
Revers que l’administrateur du cercle de Baol présenta ainsi dans un courrier[xxix] du 14 janvier 1919 adressé au gouverneur du Sénégal : « J’ai décidé Amadou Bamba à accepter également la Croix (de Chevalier de la Légion d’honneur), qu’il ne portera certainement jamais, ses principes religieux, m’a-t-il dit, s’y opposant. » Le gouverneur lui-même aura sa réponse lorsqu’il le convoqua en mars 1920, à Dakar, pour le remercier. Le « captif de Dieu[xxx] » lui dira : « Je m’étonne que vous me remerciiez, car je n’ai obéi à aucun de vos ordres et n’ai respecté aucun de vos interdits[xxxi]. »
Le mardi 19 juillet 1927, au crépuscule, Serigne Modou Moustapha, le plus âgé des fils de Cheikh Ahmadou Bamba, accompagné de quatre[xxxii] disciples, visita les appartements de son père qu’on n’avait plus vu depuis l’avant-veille. Il tomba sur son corps sans vie, posa sa main dessus, et lui fis cette élégie : « Ak a gore. Ak a am jom. Ak a mën a muñ.[xxxiii] »
Son témoignage est d’autant plus véridique qu’il est confirmé par ceux d’autres contemporains. Celui qui, selon le distingué érudit Serigne El Hadji Malick Sy, « a vécu sans commettre le moindre faux pas » ; celui que le généreux Serigne Cheikh Sadibou qualifie d’« éclat apparu au milieu de l’océan » ; celui que son brillant maître Cadi Madiakhaté Kala a désigné comme « le plus illustre des hommes » ; celui dont l’exil est considéré par le valeureux Serigne Bou Kounta comme « la marche victorieuse vers une station plus rapprochée de Dieu[xxxiv]», nous a appris la grandeur d’âme.
Malgré l’adversité et sa détention de trente-deux ans, Cheikh Ahmadou Bamba aura contribué à revivifier les sciences religieuses dans notre pays et partout où il est passé (par sa production personnelle et l’achat de bibliothèques) ; à mettre en place une confrérie instruite, organisée et autonome (faisant de l’esprit d’initiative, du travail en toutes saisons, le moyen collectif d’émancipation et d’utilité publique) ; à pérenniser notre dignité humaine (nous rappelant que nous n’appartenons à aucun homme sur terre, que nous ne sommes inférieurs à personne, que notre mérite dépend de nos vertus et non de nos privilèges sociaux, et que nous n’avons à singer autrui dans sa langue, dans son port, ou dans ses mœurs). Et plus que tout, il nous aura, à travers sa vie, démontré que rien de grand ne se construit sans la conviction.
Sa conviction en la Suprématie de Dieu et en l’élection du chef de Médine lui a valu l’amour indéfectible de ses disciples. Les plus éloquents ont essayé d’exprimer cet amour, sous toutes les formes, à travers leurs vers :
Lu buki wiri-wiri ne kuuj dem Ndaari
Man sama Ndaari mooy tagg ki soppi Ndaarib Daaru, yal a na sax
Te mooy ki fi soppi xàmbiy Ndaaru xutbu yu mat
Ñuy jiite ay Daaru, Bàmbaa tee ba réew mi nasax
Serigne Mor Kayré
Foo fekk waayam
Day gëniy baayam
Gëniy nijaayam
Céy waayi Bàmba !
Serigne Mbaye Diakhaté
Lu baax du baax ba weesu baax
Waa nde Sëriñ bee jall baax
Baax a ngi yem ci xotti baax
Baaxaale gaayi xarnu bi
Serigne Moussa Ka
Les millions d’autres disciples, dans cette formule brève, émue et pleine de reconnaissance, seul ou en chœur, à haute ou à basse voix, proclament : Jërëjëf Sëriñ Tuubaa !
Ces remerciements, avec les versets du Coran qu’il a défendus et les vers de Khassaïdes qu’il a écrits, traversent le monde entier et auréolent, depuis le 20 juillet 1927, sa sépulture, à Touba.
Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye est ancien Enfant de Troupe du Prytanée Militaire de Kadiogo (Burkina Faso). Diplômé de Sciences Po Paris et de la Faculté de Droit de Panthéon-Assas, il est l’auteur du blog Assumer l’Afrique.
[i] Dans Jazâ es-sakûr, Cheikh Ahmadou Bamba évoque lui-même ce moment où il a failli interjeter appel, avant de se rétracter et d’écrire un poème partant du verset suivant : « Je remets, quant à moi, mon sort entre les Mains de Dieu, certes, Dieu connaît parfaitement ses créatures. »
[ii] Cette information, tirée du manifeste du Ville de Pernambouc par un groupe de chercheurs, est partagée par Serigne Fallou Bousso Tamba, dans une interview « Serigne Touba et les 11 jours en mer entre Dakar et Libreville », diffusée le 4 octobre 2020 par Seneweb TV.
[iii] Dr Duvigeau, Guide médical au Congo et dans l’Afrique équatoriale, à l’usage des fonctionnaires et des colons appelés à résider dans les postes dépourvus de médecins, Augustin Challamel Éditeur, 1900.
[iv] Dans Ir wâ en Nadîm, Cheikh Ahmadou Bamba révèle avoir réalisé mille écrits entre ses séjours à Libreville et Mayumba. Fernand Dumont (dans « Cheikh Ahmadou Bamba et le Mouridisme sénégalais ») parle d’une œuvre écrite de 35 000 vers et 4000 lignes de prose ; tandis que le Professeur Amar Samb (dans « L’œuvre littéraire de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké ») a recensé 999 odes dans la salle des manuscrits de l’IFAN, signalant que son seul recueil Fulk ul-mashûn de 366 poèmes compte 11 347 vers.
[v] Cette exhortation à la mer de Mayumba se trouve dans Mbacké, Cheikh Ahmadou Bamba. Jazâ es-sakûr (Les Dons du Digne de Reconnaissance).
[vi] Les détails de ce mois de jeûne difficile sont rapportés dans le deuxième chapitre du Minanoul Bakhil Khadim fi Siratoul Cheikh al-Khadim (Les bienfaits de l’Éternel) de Serigne Mouhammadou al-Bachir.
[vii] Ce poème de Cheikh Ahmadou Bamba est extrait du quatrième chapitre d’Ir wâ en Nadîm (L’Abreuvement du Commensal dans la Douce Source du Serviteur) de Serigne Mouhammad Lamine Diop Dagana.
[viii] Serigne Mbaye Gueye Syll revient plusieurs sur la lettre de l’oppression coloniale mentant sur la mort de Cheikh Ahmadou Bamba et enjoignant Mame Thierno de quitter Touba, comme dans son documentaire Diggante Sëriñ Tuubaa ak Maam Ceerno.
[ix] Je n’ai pas pu identifier, dans le périple de Serigne Modou Lô Dagana, les deux villes en italique et ne peux garantir de l’exactitude de leurs noms.
[x] Pour retracer le périple de Serigne Modou Lô Dagana, se référer au poème en wolof Jazâ es-sakûrGéej gi de Serigne Moussa Ka, à partir du vers 537.
[xi] Les envoyés de la famille de Serigne Modou Lô Dagana, Serigne Fallou Lô, Serigne Ousmane Lô et Serigne Abo Lô, reviennent sur son au revoir dans les émissions réalisées sur Al Azhar Touba et Medias TV.
[xii] Dièye, Cheikh Abdoulaye. L’exil au Gabon, période coloniale 1895-1902 : Sur les traces de Cheikh Ahmadou Bamba, éditions Ndigel : fin 1899 est ici donnée comme le moment où Serigne Cheikh Anta et Serigne Modou Ndiaye ont entrepris leur voyage, sans précision sur la date de leur arrivée.
[xiii] Ce témoignage sur les difficultés à Lambaréné se trouve dans Mbacké, Cheikh Ahmadou Bamba. Jazâ es-sakûr(Les Dons du Digne de Reconnaissance).
[xiv] « Fara Biram Lô (Ma Abdou Lô) (…) a réussi à faire déporter Samba Laobé Peinda pour des motifs qui ont été par la suite reconnus inexacts (…) », Lettre confidentielle du gouverneur du Sénégal au commandant du cercle de Dagana, Archives du Sénégal, Recueil Chrono. Confidentiel. 1913, Lettre n° 302 du 27 novembre dans Ba, Ahmadou Bamba face aux autorités coloniales (1889-1927), 81.
[xv] Dièye, Cheikh Abdoulaye. L’exil au Gabon, période coloniale 1895-1902 : Sur les traces de Cheikh Ahmadou Bamba, éditions Ndigel : une liste détaillée des déportés se trouvent dans cet ouvrage.
[xvi] V. Allys, lettre du 14 juin 1903 suivie d’une décharge au gouverneur du Sénégal (Archives du Sénégal, dossier Bamba, juin 1903, pièce n°46, dans Ba, Ahmadou Bamba face aux autorités coloniales (1889-1927), 115 et 116). Cheikh Ahmadou Bamba a rencontré ses ravisseurs à Diourbel le 14 juin, après avoir quitté son domicile à Darou Marnane la veille, un samedi, en début d’après-midi (ainsi que l’ont rapporté Serigne Mouhammadou Lamine Diop Dagana et Serigne Moussa Ka).
[xvii] V. Allys, lettre confidentielle du 28 mai 1903 du commandant de cercle de Tivaoune au gouverneur de l’AOF, Archives du Sénégal, dossier Bamba, mai 1903, pièce n°11, dans Ba, Ahmadou Bamba face aux autorités coloniales (1889-1927), 101-102.
[xviii] V. Allys, lettre du 1er juin 1903 du commandant de cercle de Tivaoune au gouverneur de l’AOF, Archives du Sénégal, dossier Bamba, juin 1903, pièce n°1, dans Ba, Ahmadou Bamba face aux autorités coloniales (1889-1927), 103.
[xix] M. Merlin, lettre confidentielle du 25 avril 1903 à l’administrateur de Thiès, Archives du Sénégal, dossier Bamba, avril 1903, pièce n°12, dans Ba, Ahmadou Bamba face aux autorités coloniales (1889-1927), 96.
[xx] L’oppression coloniale a utilisé Mbakhane pour faire accuser Cheikh Ahmadou Bamba de ne pas respecter son autorité illégitime, et surtout pour l’accuser de cacher des armes dans son domicile.
[xxi] « Note sur l’affaire Amadou Bamba », Archives du Sénégal, dossier Bamba, juin 1903, pièce n°40, dans Ba, Ahmadou Bamba face aux autorités coloniales (1889-1927), 118.
[xxii] Les noms des différents campements sont mentionnés dans L’exil au Gabon, période coloniale 1895-1902 : Sur les traces de Cheikh Ahmadou Bamba de Cheikh Abdoulaye Dièye, aux éditions Ndigel.
[xxiii] Serigne Bassirou et Serigne Mouhammadou Lamine Diop Dagana ont tous les deux évoqué la pratique des wirds, et le premier a précisé la durée des pratiques dans l’introduction de son ouvrage.
[xxiv] Poème de Cheikh Sidya Baba cité dans le dixième chapitre d’Ir wâ en Nadîm de Serigne Mouhammad Lamine Diop Dagana.
[xxv] Les détails de cet odieux incident se trouvent dans le sixième chapitre d’Ir wâ en Nadîm de Serigne Mouhammad Lamine Diop Dagana.
[xxvi] Vers 49, Masalikul Jinaan (Les Itinéraires du Paradis).
[xxvii] Cheikh Ahmadou Bamba a adressé ces propos à Serigne Modou Lô Dagana et à ses condisciples. Ils sont rapportés par Serigne Fallou Lô, envoyé de sa famille, sur le plateau d’Al Azhar Touba.
[xxviii] Lettre du 3 octobre 1907 de l’administrateur du cercle de Louga au gouverneur du Sénégal, Archives Nationales du Sénégal, dossier Bamba, octobre 1907, pièce n°18, dans Ba, Ahmadou Bamba face aux autorités coloniales (1889-1927), 131.
[xxix] Lettre du 14 janvier 1919 du commandant du cercle de Baol au gouverneur du Sénégal, Archives Nationales du Sénégal, 13G/12 – 1, dans Ba, Ahmadou Bamba face aux autorités coloniales (1889-1927), 159.
[xxx] C’est ainsi que Cheikh Ahmadou Bamba se qualifie dans sa lettre adressée au résident de Diourbel dans une lettre de 1903 : « un captif de Dieu se suffit de son maître… Après ceci, il faut savoir qu’il est captif de Dieu, ne reconnaît d’autre Maître que Lui et ne rend hommage qu’à Lui Seul... »
[xxxi] La rencontre entre Cheikh Ahmadou Bamba, Serigne Modou Moustapha, Serigne Mame Cheikh Anta, Serigne Balla Thioro, Serigne Massamba et le gouverneur à Dakar est relatée par Serigne Mbaye Gueye Syll dans le documentaire Sur les traces du Cheikh en exil : L’étape historique du Gabon réalisé par la RTS1. Pour plus d’informations sur cette rencontre, recourir aux travaux de Serigne Modou Khayri Diakhaté.
[xxxii] Serigne Mouhammadou Lamine Diop Dagana, Serigne Makhtar Sylla, Serigne Abdoulaye Diop Léona, Serigne Cheikh Khary Dieng (et Serigne Fat Tacko Diop qui avait les clefs) étaient avec Serigne Modou Moustapha au moment de la découverte du corps sans vie de Cheikh Ahmadou Bamba.
[xxxiii] Cette élégie de Serigne Modou Moustapha est relayée par Serigne Ahmadou Ndiaye Nguirane (sur le plateau spécial Waajal Màggal 20 Muharram) et Serigne Gana Messéré (au QG 2020 de la TFM).
[xxxiv] Ces témoignages, avec bien d’autres, se trouvent dans les deux biographies : Ir wâ en Nadîm et Minanoul Bakhil Khadim fi Siratoul Cheikh al-Khadim.
CE GOUVERNEMENT EST MARQUÉ PAR UNE OUVERTURE POLITIQUE
Selon le porte-parole de la présidence, Seydou Guèye, ce nouveau changement de gouvernement marque une ouverture politique dans la dynamique du consensus issu du dialogue politique national.
Le président Macky Sall a procédé hier à la formation du nouveau gouvernement passant ainsi de 32 ministres et 3 secrétaires d’état, à 33 ministres et 4 Secrétaires d’état. En effet, selon le porte-parole de la Présidence, Seydou Guèye, ce nouveau changement de Gouvernement marque une ouverture politique dans la dynamique du consensus issu du dialogue politique national.
Le président de Macky Sall a procédé hier à son premier remaniement depuis sa réélection en février 2019. La nouvelle équipe mise en place est marquée, entre autres, par l’arrivée de certains membres de l’opposition et une augmentation de la taille du Gouvernement.
Ainsi, à en croire, le porte-parole de la Présidence, Seydou Gueye, le président Macky Sall opte à travers ce changement pour un gouvernement d’ouverture politique. « Le gouvernement ainsi mis en place est marqué par l’ouverture politique dans la dynamique des consensus issus du dialogue national élargi et inclusif» a précisé le porte-parole de la Présidence. Outre cette ouverture , indique Seydou Gueye, cette nouvelle équipe gouvernementale porte également la marque d’un rajeunissement significatif de l’équipe « afin de valoriser de façon optimale le capital humain de la jeunesse du Sénégal », dont, rappelle-t-il, l’insertion socio-professionnelle et l’emploi restent les propriétés fondamentales.
Tenant compte du contexte actuel de la Covid19, et de ses impacts, le porte-parole de la Présidence renseigne également que ce gouvernement de la République va imprimer sur le terrain et au quotidien sous l’impulsion et la supervision du chef de l’État, «une dynamique constructive d’innovations, de transformations, de réalisations et de changements nécessaires à l’accélération de l’émergence du Sénégal dans la paix, la sécurité, la stabilité, la prospérité et l’équité sociale et territoriale ». Voilà pourquoi, souligne- t- il, « soucieux du respect de ses engagements devant les Sénégalaises et les Sénégalais, le président Macky Sall a confié au gouvernement une mission spéciale d’intérêt général à deux dimensions complémentaires dont la première est de propulser la relance de l’économie nationale et la seconde d’ est d’assurer une protection plus soutenue de toutes les forces vives de la nation ».
A cet effet, ajoute le porte-parole de la Présidence, il convient de signaler que ce travail gouvernemental collégial et solidaire sera articulé aux principes directeurs dont l’anticipation, le pragmatisme, la cohérence, la résilience et la performance. « C’est donc un gouvernement engagé, un gouvernement d’ouverture et d’unité. Un gouvernement de combats et de résultats, mobilisé 24 heures sur 24, sept jours sur sept, qui entre en fonction au service de la nation », laisse entendre Seydou Gueye. Il informe par ailleurs que le chef de l’État a notamment décidé de créer un ministère spécifique en charge de l’Artisanat et de la Transformation du secteur informel en vue, selon lui, de renforcer le rôle pilier de nos compatriotes et acteurs concernés dans le développement national.
MACKY SALL CONSERVE LES PLUS CONTESTÉS
Force est de constater que certains ministres à l’image de Malick Sall, Mansour Faye, Assome Diatta, Abdou Karim Sall ou encore Alioune Ndoye étaient loin de faire l’unanimité
Mille et une questions sont ressorties du nouveau Gouvernement de Macky Sall. Mais force est de constater que certains ministres à l’image de Me Malick Sall, Mansour Faye, Assome Diatta, Abdou Karim Sall ou encore Alioune Ndoye étaient loin de faire l’unanimité. Un vent de contestation soufflait ces derniers mois de manière assourdissante au sein des départements dont ils étaient les titulaires.
Il y a eu beaucoup de surprises dans le nouveau gouvernement avec l’entrée surtout des membres du parti Rewmi d’Idrissa Seck .Ce dernier héritant contre toute attente du CESE. Il en est de même pour le limogeage de plusieurs ministres emblématiques tels que Aly Ngouille Ndiaye, Amadou Ba , Matar Cissé ou encore Omar Youm.
La montagne a donc accouché d’une souris surtout en ce qui concerne le maintien de certains ministres qui ont fait couler beaucoup d’encre et de salive ces derniers mois dans leurs secteurs respectifs. Malgré sa frimousse d’ange, Me Malick Sall a fait face à beaucoup de tension sous son magistère au ministère de la Justice qui a été remué. D’abord par le syndicat des travailleurs de la justice, mais aussi et surtout par les juges.
La magistrature a été au centre des polémiques notamment après l’affectation du président du tribunal de Podor Ngor Diop qui a mis un chef religieux derrière les barreaux et avoir refusé de suivre l’injonction de sa hiérarchie de le libérer. Une décision qui a provoqué l’ire de l’UMS qui a instruit des avocats pour le défendre et a demandé que le juge soit rétabli dans ses droits. «A la suite de l’usage abusif de la procédure de consultation à domicile à la laquelle on a assisté par le passé, les engagements de l’ancien Garde des Sceaux, Ismaïla Madior Fall, et la pratique du Conseil supérieur de la magistrature nous avaient fait penser que le respect de la lettre et de l’esprit de cette procédure était devenu un acquis. Nous sommes désolés de constater que, sur ce point, un recul est en train de se dessiner, au grand dam des magistrats», s’insurgeait l’UMS déposant dans la foulée un recours pour excès de pouvoir devant la Cour suprême.
Me Sall est également cité aussi comme l’instigateur de la convocation du Juge Souleymane Teliko par l’Inspection générale de l’administration de la justice(IGAJ). A l’annonce du remaniement, beaucoup d’observateurs ont soutenu qu’il ne sera pas reconduit à cause de cette avalanche de ‘’charges ‘’ qui pèse sur lui .Mais visiblement Me Malick Sall a toujours la confiance du chef de l’Etat, parce que malgré toutes ces polémiques, il conserve son poste. Un autre ministre que les Sénégalais pensaient être sur une chaise éjectable c’est le ministre Mansour Faye.
Le beau-frère du président Macky Sall a été voué aux gémonies après sa gestion catastrophique de la distribution des vivres dans le cadre de l’aide apportée aux impactés de la Covid19. Acculé par une partie de l’opposition et la société civile, il a affirmé il y a quelques jours que si l’OFNAC le convoque, il n’allait pas répondre. Certes, il quitte le ministère du Développement communautaire, mais Mansour Faye reste dans le gouvernement, héritant le portefeuille des Transports. Autre surprise, c’est le maintien du ministre Abdou Karim Sall comme ministre de l’Environnement.
L’ancien directeur de l’ARTP qui a subi une avalanche de critiques dans l’affaire des gazelles ORYX reste dans le cœur du Président Sall. Idem pour Assome Diatta assommée par les commissaires aux enquêtes économiques pour sa gestion du ministère du Commerce. Quid du socialiste Alioune Ndoye dont la tête a été mise aux enchères par Green peace et le Gaipes ? Il a été reconduit au ministère de la Pêche pour poursuivre la mission qu’il a entamée avec le soutien affiché par Collectif des acteurs de la pêche et son président Aliou Thiam.
A cela, il faut ajouter le maintien de ministres dont la compétence est en doute à l’image de Dame Diop et Samba Ndobène Kâ. Mais avec l’instauration du délit d’ambition dans le «code Macky», il ne faut plus présager de rien…
MA DIGNITÉ M’INTERDIT DE RENTRER DANS UN GOUVERNEMENT QUE J’AI COMBATTU
Si beaucoup d’opposants ne cracheront pas sur une proposition d’entrer dans le gouvernement élargi, ce n’est pas le cas pour Babacar Diop, leader des Forces démocratiques du Sénégal
Si beaucoup d’opposants ne cracheront pas sur une proposition d’entrer dans le gouvernement élargi, ce n’est pas le cas pour Dr Babacar Diop, leader des Forces démocratiques du Sénégal(FDS/LES Guélewars) et Dr Abdourahmane Diouf. Le premier nommé a décliné l’invite d’Idrissa Seck de l’accompagner dans le gouvernement. Dr Babacar Diop qui est très déçu de la décision d’Idrissa Seck de rejoindre la mouvance présidentielle va remettre en cause son alliance avec le parti Rewmi
La politique est un jeu d’intérêts, disait l’autre ! Cela le président Macky Sall semble bien le confirmer avec la nomination de ses redoutables adversaires à des postes stratégiques, les plaçant «hors d’état de nuire».
Mais le président des Forces démocratiques du Sénégal(FDS/LESGuélewars) a refusé de tomber dans le piège du président Macky Sall tendu aux opposants. Il a décliné la proposition d’Idrissa Seck d’entrer dans le gouvernement. «Il m’en a parlé et voulait que je l’accompagne dans le gouvernement. Je lui ai clairement signifié que ma dignité m’interdit de rentrer dans un gouvernement que j’ai combattu, et que je reste dans l’opposition. Il m’a donné comme raison les difficultés que traverse le pays. Je pense que c’est trop léger.
La France, les États-Unis et bien d’autres pays sont dans des difficultés, mais le jeu démocratique suit son cours, c’est-à-dire que le pouvoir gouverne et l’opposition s’oppose», a servi comme réponse l’enseignant au département de Philosophie à l’ancien maire de Thiès qui lui a demandé de l’accompagner dans le nouveau gouvernement. D’où sa colère contre son candidat à la présidentielle, Idrissa Seck.
Pis, Dr Babacar Diop réitère la volonté des FDS/Les Guélewars « de continuer à combattre la gouvernance scandaleuse et vicieuse du président Macky Sall». D’autant que le candidat malheureux à la présidentielle de 2019, lui a servi des motifs « légers» qui n’ont pas réussi à le convaincre. Il se dit déçu par Idrissa Seck, avec qui, il va s’en doute se séparer dans les jours à venir. Les Forces démocratiques du Sénégal(FDS/Les Guélewars) vont se réunir dans les prochains jours pour statuer sur leur alliance avec le président du parti Rewmi, Idrissa Seck.
Par ailleurs, il faut rappeler que Dr Babacar Diop n’est pas seul à décliner l’offre du président Macky Sall. L’ancien porte-parole de Rewmi, Dr Abdoulaye Diouf a également refusé d’entrer dans le gouvernement du président Macky Sall, a-t-on appris de sources dignes de foi.
KHALIFA SALL ENTAME SA CAMPAGNE POUR LES LOCALES
Transfuge de la coalition Taxaawu Dakar, Moussa Sy doit batailler ferme s’il veut rempiler à la tête de la mairie
Le Président du Conseil d’Administration du Port Autonome de Dakar doit surveiller ses arrières. Transfuge de la coalition Taxaawu Dakar avec Khalifa Sall, Moussa Sy doit batailler ferme s’il veut rempiler à la tête de la mairie. Les Khalifistes comptent sur Go Faye pour reprendre la mairie des Parcelles aux prochaines locales. L’ancien maire de Dakar était en porte-à-porte aux Parcelles ce week-end.
En direction des locales 2012, Khalifa Sall harnache son cheval. Ses supporters sont en train de dérouler dans la plus grande discrétion des tractions un peu partout pour mettre en place une grande coalition. Hier, au cours d’une forte manifestation politique tenue aux unités 8 des Parcelles assainies, la coalition taxaawu Dakar a dévoilé toute son ambition de travailler avec le leader du mouvement Renaissance pour l’Action Citoyenne «RE’ACTION», Papa Kory Faye alias GO Faye, pour bouter leur ex camarade au sein de la coalition Taxaawu Dakar hors de la mairie des Parcelles Assainies.
Se félicitant d’avoir un nouvel allié dans cette localité, l’ancien maire de Dakar qui était en porte-à-porte dans les Parcelles depuis le matin a échangé quelques mots avec le public. «Je suis très content de cette initiative. Je dois vous dire que personne ne peut arrêter cette vague déferlante parce que nous sommes engagés et nous avons des ambitions fortes pour notre pays et notre peuple. Et cela mérite tous les sacrifices», a-t-il déclaré du haut de la tribune en présence de la plupart des ténors de sa coalition dont Barthélémy Dias, Madiop Diop, Idrissa Diallo et quelques anciens membres exclus du Parti socialiste. Prenant la parole pour accueillir leur nouvelle recrue, le Maire de Mermoz Sacrée Cœur n’a pas manqué d’égratigner Moussa Sy mais sans le citer nommément.
A l’en croire, si l’actuel maire est élu à ce poste c’est grâce à Khalifa Sall. Et, ajoute-t-il, il en est de même pour bon nombre d’hommes politiques dans les 19 communes de Dakar. Pour Barthélémy Dias, il s’agit pour eux de laver l’affront de la trahison de l’actuel PCA du Port Autonome de Dakar. «Nous avons été poignardés à 3 heures du matin aux Parcelles Assainies. Parce qu’on nous a volé aux Parcelles notre poste de député pendant les dernières élections locales. Jusqu’à 23 heures, c’est la liste de Khalifa Sall qui avait obtenu la victoire. Donc, tous les sièges de députés étaient en notre possession. Malheureusement, il y avait une personne parmi nous à laquelle nous avions beaucoup de confiance qui nous a trahi» a-t-il soutenu. Ce sera un combat difficile certes, reconnait-il, mais à partir de maintenant, ils vont travailler ensemble pour obtenir une éclatante victoire au niveau des Parcelles Assainies lors des locales à venir. Il a, en outre, appelé les membres du Mouvement Renaissance pour l’Action Citoyenne de travailler impérativement dans l’unité. Car, pour lui les débats de personnes ne devront pas prendre le dessus sur les intérêts supérieurs des Parcelles Assainies.
Après avoir battu campagne lors de la dernière présidentielle pour Ousmane Sonko, Go Faye compte avec ses nouveaux alliés apporter le changement aux Parcelles Assainies. Ennemi juré de Moussa Sy, le jeune financier et économiste de 38 ans a rejointla coalition Taxaawu Dakar pour, dit-il, l’envoyer à la retraite politique. «J’ai rejoint la coalition Taxaawu Dakar parce qu’en âme et conscience je sais qu’ils sont victime d’une haute trahison. Car, si Moussa SY est devenu maire des Parcelles Assainies c’est grâce à Barthélémy Dias et Khalifa Sall», a-t-il soutenu ajoutant qu’il faut envoyer les traitres à la guillotine. «J’invite tous les jeunes à aller s’inscrire sur les listes électorales pour ensemble gagner la mairie des Parcelles. Je suis convaincu que cette fois-ci nous allons le faire parce que les jeunes sont avec moi. Car la personne ne peut arrêter cette vague déferlante» a-t-il conclut.
LA NATION PLEURE UN HOMME DE FOI ET UN INTELLECTUEL DE HAUT RANG
Depuis l’annonce du décès d'Iba Der Thiam, les témoignages sur l’homme sont restés unanimes. La classe politique, les familles religieuses et les intellectuels ont tous été frappés par la triste nouvelle
Le Professeur d’université, homme politique et syndicaliste, Iba Der Thiam est décédé le 31 octobre 2020 à l’hôpital Principal de Dakar, à l’âge de 83 ans. Plusieurs personnalités politiques, religieuses et coutumières, présentes lors de la cérémonie de levée du corps, ont regretté la perte d’un monument historique, d’un homme intègre et d’un symbole vivant de l’Afrique postcoloniale.
C’est un monde triste qui est venu dire au revoir à un historien émérite à la Grande mosquée de Liberté IV. Le professeur Iba Der Thiam est décrit par plusieurs personnes comme un intellectuel de haut rang et une espèce en voie de disparition. Depuis l’annonce de son décès, les témoignages sur l’homme sont restés unanimes. La classe politique, les familles religieuses et les intellectuels ont tous été frappés par la triste nouvelle.
A travers un post publié sur Twitter, le Chef de l’Etat a pleuré la perte d’un «Historien de notoriété mondiale, Professeur émérite et humaniste radical». Selon Macky Sall qui a présenté ses condoléances à la famille du défunt, Iba Der Thiam est une figure capitale du Sénégal contemporain. «Patriote lucide, il a dirigé avec passion la rédaction en cours de l’histoire générale du Sénégal», a-t-il témoigné.
L’Imam Omar Diallo de la Grande mosquée de liberté IV décrit le défunt comme un musulman pratiquant et d’une piété irréfutable. Avant de conclure que « c’est l’humanité toute entière qui a perdu». Le marabout-politicien Serigne Mansour Sy Djamil, ami du Professeur d’université avec qui il a partagé beaucoup de choses, parle d’une très grande perte pour toute l’élite intellectuelle du Sénégal. «Il y a l’élite prédatrice qui a dévoyé l’intérêt du Sénégal depuis très longtemps mais il n’a jamais fait partie de cette élite. Il a très vite compris que ce dont nous avions besoin, c’est le développement du capital humain et il a consacré tout son temps à cela», a-t-il déclaré.
Pour sa part, Ousmane Ngom, est revenu sur le passage de l’homme politique, Iba Der Thiam, à l’Assemblée nationale. «Il a renoncé à sa solde de député. Car, en ce moment, il avait dit qu’il est un enseignant à l’Université et est rémunéré pour cela. C’est pour cela, il a dit qu’il ne pouvait pas recevoir deux soldes émanant de l’Etat», a expliqué l’ancien Ministre sous Wade. C’est à la suite de l’intervention du président de l’Assemblée nationale d’alors qu’il a récupéré ses soldes pour l’affecter à des œuvres caritatives, fait-il savoir. Pour Ousmane Ngom, cette œuvre témoigne du degré de son intégrité et de sa foi. « Au-delà d’être un intellectuel émérite de haut rang mondialement reconnu, je retiens de Iba Der Thiam sa foi, son intégrité et de sa probité», soutient l’ancien Ministre de l’Intérieur.
A la tête de la délégation gouvernementale, Mahammad Boun Abdallah Dionne par ailleurs neveu du défunt, rappelle que Iba Der Thiam est un homme de foi, un vrai musulman qui avait une ambition saine. «Il était un endurant, un homme d’espoir pour l’Afrique. C’est l’homme de la civilisation africaine. Iba Der Thiam est un homme de foi. Il est aussi endurant», a déclaré l’ancien Premier ministre en présence de son épouse, ses enfants, ses neveux, ses parents proches et amis qui ont fait le déplacement pour lui rendre un dernier hommage. Le Professeur d’université et Historien émérite, Iba Der Thiam a été inhumé hier au cimetière musulman de Yoff.
par Abdourahmane Sarr
PERSPECTIVE 2024, MACKY SALL CHEF DE L’OPPOSITION
Le Dialogue a produit, par la « pensée de groupe », une continuité dans la vision socialisante de notre développement. Le système échouera donc à nouveau, échec que le pétrole et le gaz masqueront, et nos enfants continueront de prendre la mer
Le président Macky Sall vient de baisser les rideaux du théâtre qui se jouait devant nous depuis la veille de la présidentielle de 2019 avec un gouvernement encore pléthorique. De nos analyses, il était ressorti que le peuple sénégalais avait fini de consacrer Macky Sall comme héritier d’Abdoulaye Wade et leader de la classe politique sénégalaise socialisante (La Démocratie Sénégalaise Debout). Les urnes avaient effectivement révélé aux législatives de 2017 que les frustrés du pouvoir qui avaient quitté le pouvoir après avoir élu le président de la République en 2012 devaient rester à ses côtés et qu’Abdoulaye Wade incarnait l’opposition mais pas au profit de son fils. Idrissa Seck ne s’y était pas trompé et avait calibré son programme présidentiel pour asseoir les bases d’une participation à la gestion du pouvoir afin de légitimement prétendre assurer sa continuité sans remettre en cause la vision (Idrissa Seck : candidat sans vision nouvelle). La bipolarisation du champ politique sénégalais était alors consacrée (Macky la continuité, Sonko la rupture).
De notre point de vue, le président Macky Sall sachant qu’il ne peut prétendre à un troisième mandat, prépare son statut de chef de l’opposition en perspective de 2024 sans contestation de son leadership dans son parti et sa coalition. Pour ce faire, il lui suffira de gagner les locales et les législatives prochaines pour contrôler son appareil politique et l’Assemblée nationale pendant une transition qu’il espérera de 5 ans après 2024 s’il ne peut être candidat. L’alternative sera de changer le régime politique pour qu’il soit parlementaire et poursuivre la mise en œuvre du PSE. La sortie du gouvernement de son état-major politique pourrait le justifier.
Nous disions que Macky Sall n’était effectivement plus la cible, mais que c’était lui qui tenait le pouvoir jusqu’en 2024 et pouvait aider à le transmettre par la réussite ou l’échec de la politique qu’il mettra en œuvre (Macky Sall : Socialiste, Libéral ou Souverainiste). Nous disions aussi que le dialogue politique était une nécessité dans un pays où les populations et même beaucoup dans la classe politique ne savent pas faire la distinction entre les visions alternatives qui sont proposées. Dans ce contexte, le dialogue politique post-électoral était utile pour dégager une synthèse parmi ceux qui sont supposés savoir et clarifier l’opposition (Du Dialogue : Clarifier le Consensus et l’Opposition).
Le Dialogue a produit ce que nous pensions, c’est-à-dire, par la « pensée de groupe », une continuité dans la vision socialisante de notre développement (Plan d’Ajustement et de Développement, pas de Relance) ; (Décentralisation : Equité Territoriale ou Autonomisation). Le PS et le PDS historiques reconstitués, c’est-à-dire le système, sont ensemble au pouvoir. Cette vision met l’Etat central au cœur du processus de développement sans en avoir les instruments macroéconomiques. Cet Etat est aidé en cela par un lobby privé national et international au détriment de la majorité qui se contentera de la redistribution des fruits de la croissance. Nous le répétons, c’est ce que nous avons appelé le libéralisme internationalisé socialisant qui ne réussira pas dans notre contexte. Le système échouera donc à nouveau, échec que le pétrole et le gaz masqueront, et nos enfants continueront de prendre la mer.
L’alternative à cette vision, nous l’avons dit, est de faire en sorte que les Sénégalais puissent prendre leur propre destin en main là où ils vivent : Un Sénégal de tous, un Sénégal par tous. Cette alternative véritablement libérale et patriotique est l’alternance idéologique, doctrinale, et de leadership transformationnel dont le Sénégal a besoin et qu’il n’arrive pas à réaliser. Elle ne peut se faire sans une réforme monétaire et la décentralisation véritable du pays en plusieurs pôles de décision, la vraie démocratie. La répétition est pédagogique. Nous nous engageons à œuvrer pour son avènement (Relance Post Covid Comment ?).
Librement.
Dr. Abdourahmane Sarr est président CEFDEL
Moom Sa Bopp Mënël Sa Bopp
33 MINISTRES AU FRONT
Ce nouveau gouvernement est supposé s’occuper des priorités qui assaillent les populations, les précédentes sous le régime de Macky n’ayant réellement fait tache d’huile en termes de réponses aux questions relatives à l’immigration, à l’emploi des jeunes
Attendu depuis plus de 96 heures, c’est enfin hier dimanche soir que la liste du «gouvernement de combat» a été dévoilée. Le ministre des Finances et du Budget Abdoulaye Daouda Diallo, et celui de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott, ont été reconduits à leurs postes respectifs. Toutefois, le ministre du Pétrole et des Energies, Mouhamadou Makhtar Cissé a été remercié. Et Idrissa Seck, président de Rewmi est bombardé président du Conseil économique, social et environnemental.
D’un gouvernement «fast tract» de 32 ministres et 3 secrétaires d’Etat nommé au lendemain de la présidentielle de février 2019 sans un premier ministre, on en arrive à un gouvernement de 33 ministres et 4 secrétaires d’Etat concocté à la suite de l’annonce du Plan de relance de l’économie post Covid-19 dénommé PAP 2A estimé à 14 712 milliards le 29 septembre dernier.
Le président Macky Sall vient de former un nouveau gouvernement devant mettre en œuvre le Plan d’action prioritaire ajusté et accéléré (PAP 2A). Ce nouveau gouvernement est supposer s’occuper des priorités et problèmes qui assaillent les populations, les précédentes sous le régime de Macky Sall n’ayant réellement fait tache d’huile en termes de réponses aux nombreuses questions relatives à l’immigration, à l’emploi des jeunes, à la fourniture correcte de l’eau et de l’électricité, à la résorption des inondations récurrentes, à la gabegie et tant d’autres scandales financiers.
Et ce, depuis le «Yonu Yokutte», avec le slogan de «gouvernance sobre et vertueuse», jusqu’au Plan d’action prioritaire (Pap 2a), en passant par le Plans Sénégal émergent (Pse 1 et 2). En réalité, les gouvernements successifs n’ont réellement pas pu régler ces questions vitales devant conduire à l’émergence du Sénégal, d’ici 2035. Ce nouveau gouvernement dit «de combat» qui, en réalité, est plus un jeu de chaise musicale que changement attendu pour relancer l’économie, consacre le statu quo autour de la gestion de l’économie et des finances. Ainsi donc, le ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, et celui de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott, ont été reconduits respectivement à leurs postes.
Toutefois, des grands changements ont été notés au ministère du Pétrole et des Energies, avec le départ de Mouhamadou Makhtar Cissé, ainsi que le poste de président du Conseil économique, social et environnemental qui est revenu au président du parti Rewmi, en l’occurrence Idrissa Seck. Dans la même dynamique, Oumar Sarr, ancien maire Dagana est nommé au département des Mines et de la Géologie. Au ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Amadou Ba, poids lourd du parti APR, a cédé le portefeuille à Aïssata Tall Sall, jusqu’ici Envoyée spéciale du président de la République. Au total, ce sont 7 ministres qui viennent de faire leur entrée dans ce nouveau gouvernement.