L'ancien Premier ministre n'a pas perdu du temps pour porter la réplique à ses détracteurs. "Dans l'attente sereine de la passation de service avec le nouveau Président du CESE, je voudrais informer l'opinion nationale et internationale que j'ai eu à diriger le Conseil Économique, Social et Environnemental pendant 16 mois en stricte conformité avec les règles et standards de bonne gestion. Les documents de vérification sont en ordre et disponibles au niveau de l'institution ainsi que ma déclaration de patrimoine déposée à l'OFNAC", tient à préciser Aminata Touré dans une note reçue.
En conséquence, "Nul ne saurait à cette étape de ma vie administrative et politique ternir ma réputation et mon intégrité. Je me réserve le droit d'ester en justice contre toute tentative de diffamation ou d'intimidation", met en garde la désormais ex-présidente du CESE.
Pour rappel, dans sa livraison du jour, le quotidien Libération indexe la gestion du CESE par Mimi Touré et fait état de "bombes" que le président Macky Sall détiendrait à son sujet.
LES CONTAMINATIONS AU PLUS BAS, AVEC TROIS NOUVEAUX CAS
M. Ndiaye a annoncé un nouveau décès et la guérison de 90 patients. Il a en même temps signalé que cinq cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation des hôpitaux.
Dakar, 3 nov (APS) - Le Sénégal a enregistré ce mardi l’un de ses plus faibles bilans quotidiens depuis le début de la pandémie de Covid-19, avec seulement trois positifs recensés au cours des dernières vingt-quatre heures et un taux de positivité de 0,75%.
Les trois cas, qui ont été détectés sur 400 tests, sont tous issus de la transmission communautaire, a indiqué le directeur de la prévention, El Hadj Mamadou Ndiaye, en présentant le bilan de la pandémie. Ces cas ont été dépistés à la Cité Keur Damel (1) et Grand Mbao (1), à Dakar, ainsi qu’à Kolda (sud), a-t-il précisé.
M. Ndiaye a annoncé un nouveau décès et la guérison de 90 patients. Il a en même temps signalé que cinq cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation des hôpitaux.
Depuis le début de la pandémie de Covid-19, le bilan est de 15.640 cas positifs, dont 15.149 guéris et 326 décès. Et 164 patients sont encore sous traitement.
ALIOU CISSÉ FAIT APPEL À TROIS NOUVEAUX JOUEURS
Moustapha Name, Franck Kanouté et Arial Mendy font partie de la liste de 25 joueurs publiée mardi par le sélectionneur national, Aliou Cissé, pour la double confrontation avec la Guinée-Bissau
Dakar, 3 nov (APS) – Trois nouveaux joueurs, Moustapha Name (Paris FC, France), Franck Kanouté (Cercle Bruges, Belgique) et Arial Mendy (Servette Geneve, Suisse) font partie de la liste de 25 joueurs publiée mardi par le sélectionneur national, Aliou Cissé, pour la double confrontation avec la Guinée-Bissau, pour les éliminatoires de la CAN 2022.
Mendy, un ancien joueur de Diambars (élite sénégalaise) qui a rejoint la Suisse après avoir évolué au RC Lens et à Orléans (France), était souvent appelé pour renforcer l’équipe nationale lorsqu’il était au Sénégal.
Evoluant en défense centrale, le natif de Ziguinchor (sud) a été appelé par Cissé pour renforcer le couloir gauche, le talon d’Achille des Lions depuis les problèmes de santé de Pape Ndiaye Souaré.
Les milieux de terrain Moustapha Name et Franck Kanouté sont les deux autres joueurs auxquels le sélectionneur national a fait appel.
Name a joué longtemps dans le championnat national avant d’être transféré, depuis deux saisons, à Pau (France).
Avec l’équipe paloise, il a réussi l’accession en Ligue 2 française, lors de la saison dernière, avant d’être transféré pendant le marché estival des transferts au Paris FC. Son club est le leader actuel de la Ligue 2.
En septembre 2019, Name a remporté le WAFU Cup of Nations avec l’équipe du Sénégal. Une victoire obtenue par tirs au but, contre celle du Ghana.
Franck Kanouté est le moins connu des trois nouveaux Lions. Après avoir joué en petites catégories au Sénégal, il a évolué en Italie avant d’être transféré cette saison en Belgique.
Les autres joueurs sont tous des habitués de la sélection nationale.
Dakar devient de plus en plus un carrefour artistique. Les galeries et les musées fleurissent et participent à l’effervescence artistique. Dans quelques jours, la capitale sénégalaise accueille un nouveau lieu de rencontre.
La Galerie « Selebe Yoon » ouvre ses portes à Dakar le 27 Novembre prochain. Pour son exposition inaugurale, elle propose aux amateurs de venir découvrir le travail du peintre Alioune Diouf
Dakar devient de plus en plus un carrefour artistique. Les galeries et les musées fleurissent et participent à l’effervescence artistique. Dans quelques jours, la capitale sénégalaise accueille un nouveau lieu de rencontre.
Situé dans le centre de Dakar, Selebe Yoon, ce nouvel espace, est dédié à l’art contemporain avec une programmation internationale. «Selebe Yoon souhaite être un point de convergence entre artistes et acteurs culturels provenant de différentes géographies et contextes variés», annoncent les promoteurs dans un document de présentation.
La galerie qui ouvre ses portes le 27 novembre prochain propose une exposition inaugurale intitulée Ubeku (Ouverture) de l’artiste Alioune Diouf. «L’exposition présentera une installation monumentale en tissu à l’entrée, une série de dessins aux pigments naturels, sa série Gouney jagaal mêlant couture et peinture ainsi que des interventions insitu», informe la galerie qui précise que cette exposition fait suite à deux mois de résidence de l’artiste.
Autodidacte, Alioune Diouf est né à Dakar en 1964. «Son travail incarne le débordement : chaque figure dessinée - de l’oiseau, à l’arbre, à l’homme, - ne s’arrête jamais à sa forme, mais se déploie et s’étire au-delà de ses contours. Dans cette circulation ininterrompue du vivant, ces personnages sont liés par un seul fil à coudre, par le même souffle qui les anime», écrit la brochure à propos de l’artiste.
Sa rencontre avec Issa Samb est un tournant dans sa vie. Pendant plus de 28 ans, il est un des membres du laboratoire Agit’Art, lieu d’expérimentation artistique créé en 1974 avec Djibril Diop Mambety, Issa Samb et El Hadji Sy. «Durant ces années, Alioune Diouf travaille auprès de ces artistes, participe aux manifestations du laboratoire, transforme la cour au quotidien et développe sa pratique personnelle cadencée par ces manifestations collectives.»
Avec le collectif Agit’Art, mais aussi en solo, Alioune Diouf a participé à de nombreuses expositions. Dans quelques semaines, le public pourra découvrir son travail sur les murs de la galerie Selebe Yoon
LE MFDC ARME POUR LA PAIX ET LE DEVELOPPEMENT
Il y a une volonté de capitaliser sur la situation actuelle en Casamance, en transformant la longue accalmie dans le sud du pays en une paix définitive
Ibou MANE (Correspondant) |
Publication 03/11/2020
Mongone, localité située dans la commune de Djignaky, a été pendant trois jours le cadre d’une assemblée de retrouvaille des membres du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc), ailes politique et combattante confondues. En prélude aux négociations entre le mouvement irrédentiste et l’Etat dans les prochains mois, les différents éléments du Mfdc tentent d’accorder leurs violons. Aujourd’hui, il affiche publiquement son désir d’aller à la table des négociations, plaider pour qu’elles soient inclusives afin de sceller une paix définitive dans la région.
Il y a une volonté de capitaliser sur la situation actuelle en Casamance, en transformant la longue accalmie dans le sud du pays en une paix définitive. En attendant, il faut convaincre les ailes politique et combattante du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) sur la nécessité d’aller à des négociations inclusives. L’organisation Asaninga, une sensibilité civile du Mfdc, a tenté de rapprocher les positions après avoir convoqué des assises qui ont réuni à Mongone, situé dans la commune de Djignaky et porte d’entrée de la Zone des palmiers, jadis réputée Zone de non-droit. Tout un symbole. Cette localité, située à 1,5 km d’Ebinako sur la route nationale n°5 reliant Ziguinchor à Diouloulou, polarise 13 villages sur les 25 que compte la commune de Djignaky. Une zone réputée rebelle à cause du foisonnement de sanctuaires de combattants d’Atika dont Diakaye créé par Sidy Badji et tour à tour dirigé par Kamougué Diatta, Ismaïla Magne Diémé, Lamarana Sambou, entre autres, constitue la plus grande base. A l’instar de Mongone et de tous les autres villages de la Zone des palmiers, les populations et les factions du Mfdc se sont toujours confondues dans cette contrée fortement enclavée, qui jouxte le territoire gambien et jadis interdite aux forces de sécurité et aux étrangers.
Pendant trois décennies, les villageois, abandonnés à leur triste sort, ont tenu grâce à l’appui très aléatoire des organisations humanitaires. Malgré le silence des armes ils n’ont accès à presque rien, en plus de l’enclavement. L’eau, l’électricité, l’école…, les infrastructures socio-économiques n’existent pas dans cette zone, où les résidents se sont repliés vers la Gambie voisine, malgré les efforts consentis par l’Etat ces trois dernières années avec la présence au niveau de certains villages de la Zone des palmiers, tel Mongone, de l’eau et de l’électricité, d’infrastructures scolaires et de poste de santé. «Nous vivons de plein l’enclavement avec des routes impraticables. Et il se pose dans notre village à vocation arboricole et fruitière un problème d’accès qui compromet l’évacuation de nos productions», sensibilise Ansoumana Sonko, président de la jeunesse de Mongone. Sans réseau de transport moderne, les charrettes et motos Jakarta constituent les seuls moyens de transport des populations pour assurer l’écoulement de leurs produits vers la Rn 5 et les autres contrées de la région. «Cette situation impacte beaucoup la survie de la production avec une bonne partie telle les mangues qui pourrissent, faute d’écoulement. La jeunesse est également désœuvrée, elle n’a comme principale activité que l’agriculture et la riziculture en période hivernale et s’active de temps en temps dans le maraîchage si ce n’est pas l’exode vers la Gambie voisine», renchérit Ansoumana Sambou.
«Notre seul tort c’est de vivre dans cette contrée réputée rebelle»
Ici tout est à construire, alors que les potentialités sont énormes. «Nos mangues, oranges, ditakh,… fruit de tant d’efforts consentis finissent par pourrir entre nos mains. Si les clients peinent à venir s’approvisionner sur place à Mongone du fait de l’enclavement, nous avons de notre côté beaucoup de difficultés à écouler notre production», martèle Lala Mané, présidente du réseau des femmes. Elle pèse et soupèse le coût de ce conflit. «Notre seul tort c’est de résider et de vivre dans la Zone des palmiers. Et sachez qu’on a mis au monde des enfants qui ont opté qui pour être militaires qui pour être combattants du Mfdc. Ils n’ont pas demandé notre avis par rapport à leur choix», persiste Mme Mané.
Comme elle, tous les villageois comptent sur des nouveaux investissements publics pour tirer de cette région le meilleur de ce qu’elle a à offrir. Et c’est énorme. «Ce qui importe aujourd’hui, c’est de voir tous les fils se retrouver et œuvrer pour le développement de Mongone et de la Zone des palmiers. Et ce serait donc une aubaine pour les femmes et les populations locales que les autorités étatiques se penchent sur notre sort, car nous sommes aussi des Sénégalais à part entière», renchérit Lala Mané. Quid de la prise en charge médicale ? «Nous avons une maternité construite par les populations locales qui est loin d’être fonctionnelle, faute de personnel avec l’absence d’une sage-femme voire d’une matrone. Cette maternité est aujourd’hui dépourvue de tout. La dernière matrone, étant décédée il y a 3 ans, n’a toujours pas été remplacée», se désole-t-elle. Du coup, accoucher à Mongone constitue, selon Lala Mané, une épreuve très difficile pour les femmes. Bien sûr, les accouchements deviennent à risques avec un système d’évacuation sur Djignaky ou Diouloulou très primaire. «Nous sommes obligées de recourir aux services de spécialistes des localités voisines qui font le déplacement pour la prise en charge, car les risques d’évacuation par charrettes posent problème pour celles dont la grossesse arrive à terme du fait de l’enclavement de la zone et ses routes impraticables», persiste Mme Mané.
Aujourd’hui, il y a un vent de changement qui souffle dans toute la région, qui cherche les moyens pour assurer son décollage économique. Et sans la paix, cela devient «illusoire». «A un moment donné, nous avons pensé à aller négocier. Négocier c’est bien, mais le mieux c’est de partager le concept de négociation avec l’ensemble des membres du Mfdc. Le but étant d’avoir le même niveau d’information par rapport au concept de négociation et de travailler sur les contours des négociateurs», explique Seyni Badji, chargé de Communication du groupe Asaninga, initiateur des Assises de Mongone.
Sur place, il y avait les responsables de l’aile politique et combattante du Mfdc, les populations locales et l’équipe du Groupe de réflexion pour la paix en Casamance (Grpc), dirigée par Robert Sagna. Sans censure et langue de bois, les acteurs ont décidé de mettre en place un espace de dialogue et d’échange pour une meilleure compréhension des problèmes «afin de permettre à chacun de pouvoir émettre une opinion dans le cadre de la recherche de solutions durables de sortie de crise et de futures négociations avec l’Etat». «Vouloir négocier tout en optant pour la violence, cela n’est pas une option pour le dialogue», indique le chargé de Communication de l’aile politique du Mfdc. En clair, «la négociation en lieu et place des escalades militaires : Une option pacifique, sage et responsable, enjeux et défis». «Si les gens avaient opté pour se battre, c’est peut-être une erreur. 40 ans après, cela a fait plonger la région dans une situation telle que personne ne s’y attendait», exprime Seyni Badji. Il est alors temps de conjuguer ces différends au passé. «En 1982 si l’Etat avait écouté les marcheurs, peut-être qu’on n’en serait pas dans cette situation. Mais on avait voulu à tout prix réprimer et voilà le résultat. Et 40 ans après, c’est un courage de dire que la guerre ne peut pas continuer», insiste M. Badji.
Aujourd’hui, les enjeux sont la paix, le dépôt des armes, le désenclavement de la Zone des palmiers, les questions de développement avec la réalisation d’infrastructures socioéconomiques de base et les contours des futures négociations. «Le nombre de morts, de matériels détruits, de personnes meurtries en Casamance fait que tous doivent comprendre que cela suffit et qu’on a besoin de s’arrêter. Et à l’heure actuelle, nous sommes en train de travailler en étroite collaboration avec les bases combattantes de Diakaye, du Nord Sindian, de Dibyeum, Djilacounda, etc., car ce qui faisait défaut au sein du Mfdc, c’est la communication», tente-t-il de rassurer. Mais il faut convaincre les récalcitrants. «Cette option est d’autant plus importante que bon nombre de responsables du Mfdc qui ont déclenché la guerre en Casamance ont déposé les armes. Et aujourd’hui c’est comme si ce sont ces jeunes dans le maquis qui sont à l’origine du conflit. C’est dire qu’il est donc opportun pour chacun de dire que ces jeunes ne sont pas responsables de cet état de fait. Et ceux qui ont créé le maquis doivent avoir le courage de dire qu’il faut que cela finisse et travaillent en ce sens», insiste Seyni Badji.
J’AI LE SENTIMENT QUE LES AUTORITES N’AIMENT PAS LES ENTREPRISES
Dans cet entretien réalisé quelques jours avant le remaniement ministériel intervenu le dimanche dernier, Louis Lamotte (Css) analyse, la situation créée par la pandémie du Covid-19, en ses aspects sociaux et économiques, surtout pour les entreprises
Dans cet entretien réalisé quelques jours avant le remaniement ministériel intervenu le dimanche dernier, ce membre de la direction de la Compagnie sucrière sénégalaise (Css) analyse, avec Le Quotidien, la situation créée par la pandémie du Covid-19, en ses aspects sociaux et économiques, surtout pour les entreprises de l’agro-industrie dont fait partie la sienne. L’état des lieux qu’il fait n’est pas très optimiste, même s’il reconnaît quelques efforts au gouvernement. Il indique des pistes qui devraient permettre, à ses yeux, la relance du secteur secondaire.
Comment se portent votre entreprise et de façon générale l’agro-industrie en cette période de Covid-19 ?
Le Covid-19 a plongé l’économie mondiale dans une crise sans précédent. Evidemment, le Sénégal n’y échappe pas, même si dans certains secteurs comme l’agro-industrie nous sommes parvenus à limiter la casse. En effet, le secteur a pu fonctionner, s’adapter aux règles de confinement et de couvre-feu, en se réorganisant à grands frais, sans jamais penser recourir à des mesures de réduction de charges comme le chômage technique ou le licenciement économique. Les performances de l’agro-industrie dans la période ont contribué à amortir la chute de la croissance. Dans ce contexte, la Css a pu protéger ses 8 000 employés pour produire 141 mille tonnes de sucre. Mais elle se débat aujourd’hui pour accéder à un marché monopolisé depuis 4 mois par un groupuscule de commerçants importateurs.
Pourtant, vous avez été un gros contributeur au fonds Force Covid-19, avec un chèque d’1 milliard…
La contribution de la Css ne se limite pas à ce chèque. Elle a également assuré au pays la disponibilité de l’alcool pour plusieurs millions de litres, au détriment de ses clients traditionnels de l’extérieur, sans compter toutes les contributions au plan local.
Le gouvernement, dès le début de la pandémie au Sénégal, a pris des mesures pour en atténuer les effets aussi bien auprès des particuliers qu’au niveau des entreprises. En avez-vous bénéficié ?
Le président de la République a globalement fait preuve de proactivité, en affichant très tôt sa volonté de prendre en charge la pandémie sur les plans sanitaire et économique. Il convient de le souligner pour s’en féliciter. Le programme de résilience a été rapidement mis en place, avec son volet financier, le Force Covid-19, au financement duquel le secteur des agro-industries a contribué de façon décisive. A la question de savoir si nous en avons profité en retour, je dirai non. Mais nous n’étions pas prioritaires face à des secteurs aussi sinistrés que le tourisme, le transport et certains services.
Pour autant, nous ne pouvons perdre de vue nombre d’errements dans la mise en œuvre des 33 mesures édictées dans le Programme d’urgence. Les modes d’attribution des marchés des denrées alimentaires et du transport n’ont pas reflété l’esprit du plan de résilience, en ce sens que les entreprises industrielles ont été quasiment mises à l’écart au profit de ces mêmes commerçants, triés sur le volet, souvent sans envergure ni projet économique. Comment comprendre que des sociétés qui se débattaient pour survivre, obligées de garder leurs salariés malgré toutes les difficultés nées de la crise, aient été oubliées ? Les huileries, les minoteries, la Css devaient être les principaux adjudicataires de ces marchés d’huile, de pâtes et de sucre, ç’aurait été plus cohérent.
Et c’est bien là le paradoxe sénégalais. Le discours est souvent clair et cohérent, mais l’opérationnalisation en dévoie parfois le sens, la portée et finalement la pertinence. Je reste dubitatif quant aux chances de survie des entreprises au Sénégal dans ce contexte mondial post-Covid-19 si le gouvernement ne change pas complètement et rapidement de paradigme.
L’Etat justement vient de mettre au point un plan de relance de l’économie nationale qui insiste fortement sur l’industrialisation. N’y croyez-vous pas ?
Nous y sommes contraints si nous voulons sauvegarder notre économie. Encore une fois, le plan est cohérent, mais est-il soutenu par une volonté politique tout aussi forte ? Quand j’entends les autorités parler de l’entreprise, j’avoue avoir le sentiment qu’elles ne l’aiment pas. Il faudra bien se départir de ce complexe. Chaque année, c’est pas moins de 200 mille jeunes sortis des écoles et universités qui investissent le marché de l’emploi. Seule une industrialisation accrue permettrait de tout résorber. La demande sociale est devenue plus pressante depuis que la crise a drastiquement réduit la manne financière issue de l’émigration. Il faudra bien en tenir compte.
Nous avons évidemment lu avec attention le compte rendu de la communication du président de la République lors du Conseil des ministres, où il insistait sur l’intensification du processus d’industrialisation dans le cadre d’une Stratégie nationale de développement industriel. Nous saluons la démarche. En tout cas, c’est ce que l’Ocde a compris en Europe, et a engagé les Etats européens à plus produire «chez eux et pour eux», et pourquoi pas exporter. Une démarche autocentrée qui restituera à l’Europe sa souveraineté sur les plans alimentaire et sanitaire notamment.
Le Maroc a fait les mêmes choix en renforçant sa politique industrielle, basée sur la valorisation de ses productions agricoles déjà autosuffisantes.
Le Sénégal peut développer son potentiel industriel en s’appuyant sur son agriculture. Déjà le gros du potentiel industriel existant est constitué d’industries de transformation des produits agricoles. Ce sont des minoteries, des huileries, une sucrerie et diverses industries de transformation, dont les laiteries, les conserveries et autres.
Mais cet existant, ou tout au moins pour ce qui en reste, souffre déjà d’un environnement des affaires qui n’a cessé de se dégrader. J’aimerais donner quelques illustrations : Le Sénégal est le pays de l’Uemoa où les facteurs de production sont les plus chères, que ce soit le coût du kw/h, le prix du gasoil, le mètre carré de terrain ou même le coût du salaire. C’est déjà un handicap de départ en termes de compétitivité sous-régionale. L’investissement n’est pas protégé contre les formes de concurrence déloyale. Des groupes de pression organisés, qui ne payent ni salaires ni taxes, parviennent souvent à bénéficier d’autorisations d’importation (Dipa) ou de titre d’exo qui visent à concurrencer déloyalement des industries implantées. Ce phénomène, noté qu’au Sénégal, commence à compromettre la survie de plusieurs entreprises en même temps qu’il annihile les efforts d’autosuffisance alimentaire. Le cas du riz en est une parfaite illustration. Voilà autant de signaux négatifs envoyés aux investisseurs potentiels. Il y également une fiscalité instable : même si le taux d’imposition reste globalement dans la fourchette des pratiques dans l’Uemoa, la pression fiscale dérivée des contrôles et autres redressements est si forte qu’au final le poids de la fiscalité est mal réparti et pèse quasi-intégralement sur le secteur formel. Il m’a semblé avoir lu dernièrement une communication sur le sujet, prêtée au secrétariat d’Etat américain.
Mais le Sénégal a malgré tout plein d’atouts pour sa ré-industrialisation. L’agriculture en sera inéluctablement la locomotive.
Pour développer l’agriculture et subséquemment l’agro-industrie, il faudra des terres. Et tout indique que le foncier constitue aujourd’hui un enjeu politique de premier ordre…
«La question foncière est éminemment politique», m’avait rétorqué un ministre de la République quand il s’était agi de chercher 3 000 ha pour parachever l’autosuffisance en sucre du Sénégal. Il n’avait pas tort, car depuis lors (il y a 10 ans) la solution n’est pas trouvée. Cette anecdote suffit à résumer la problématique de l’accès au foncier.
Mais il faudra bien lui trouver une solution un jour, si nous voulons avancer. Les conclusions de la Commission sur la réforme foncière semblent définitivement rangées dans les tiroirs. Et depuis lors, nous semblons plongés dans une sorte d’impasse juridique qui ne profite qu’à quelques «dignitaires». J’ai suivi le débat récent sur la question, notamment avec les maires. Notre conviction demeure que les dernières réformes, notamment l’Acte 2 et l’Acte 3 de la décentralisation, ont dépossédé l’Etat de ce pouvoir régalien d’administration du foncier, pour les besoins prioritaires du développement économique du Sénégal. Il faudra en revenir aux zones pionnières pour développer une agriculture inclusive, où l’exploitation familiale cohabitera avec celle dite industrielle, toutes œuvrant pour l’autosuffisance alimentaire du Sénégal et l’exportation.
Le Sénégal a besoin de s’ouvrir à l’agro-industrie comme l’ont fait le Maroc, la Tunisie ou la Côte d’Ivoire. C’est notre chance de développement. Nous devons la saisir avec lucidité. J’évoquais tantôt la capacité de ce secteur à résister à la crise Covid-19, parce qu’il est endogène par essence et fortement créateur de valeur ajoutée.
Savez-vous que ce secteur qui exploite moins de 9% des superficies emblavées a généré des milliers d’emplois formels qui en font le premier employeur après l’Etat ?
Ce secteur a soutenu à bout de bras l’économie et demeure le seul en croissance pendant la crise. Les agro-industriels ont réalisé, au 3e trimestre 2020, des exportations nettes de fruits et légumes de l’ordre de 107 mille tonnes, contre 56 mille en année pleine en 2012. Mieux, ce potentiel peut être doublé ou triplé en 5 ans, si l’Etat parvenait à résoudre le problème du foncier.
Par Louis CAMARA
RENDRE HOMMAGE AU HEROS-PRINCE-RESISTANT DU WALO
Je rêve de voir un jour trôner sur la place Moom sa réew sur le socle même où reposait celle du général colonialiste Faidherbe, la statue majestueuse de Sidya Ndatté Yalla Diop, héros de la résistance anticolonialiste qui à la déportation préféra la mort
Parmi les figures emblématiques de la résistance anticolonialiste dans notre pays, il en est une qui demeure particulièrement attachante et sans doute plus émouvante qu’aucune autre. Le personnage dont il s’agit n’est autre que le prince Sidya Diop, fils de la reine du Walo Ndatté Yalla Diop et du Béthio (gouverneur de province) Sakoura Diop, plus connu sous le nom de Sidya Léon Diop ou encore Sidya Ndatté Yalla Diop.
Ces diverses dénominations sont symptomatiques du parcours fulgurant, mais exceptionnel de ce résistant mort à la fleur de l’âge dans des circonstances tragiques. Jusqu’à l’âge de dix ans, il n’est encore que Sidya Diop, prince du Walo et héritier présomptif du trône par sa mère, la reine Ndatté Yalla. Mais l’Histoire va en décider autrement et sa destinée royale se verra chahutée par les événements, notamment la mort de sa mère en 1860 et la nomination de son cousin Fara penda madior khor Diaw au titre de Brak du Walo, avec la bénédiction complice des colonisateurs français. Quant au jeune Sidya Diop, il est récupéré par le général Faidherbe en personne qui l’inscrit à l’école des otages fils de chefs afin qu’il y reçoive une éducation française. Il semblerait que le conquérant de la colonie du Sénégal se soit pris d’une réelle affection pour l’enfant dont il appréciait l’intelligence et la vivacité d’esprit exceptionnels.
Faidherbe le fit d’ailleurs baptiser dans la religion chrétienne et lui donna son propre nom de Léon, l’ouvrant de la sorte à une nouvelle vie. En réalité l’objectif de Faidherbe était de faire du jeune prince noir un parfait acculturé ou, plus trivialement dit, « un nègre de service » corps et âme dévoué à la France. En 1861, Sidya Léon fut envoyé par son tuteur au Lycée impérial d’Alger pour y poursuivre ses études et y parfaire cette éducation qui ferait de lui le prototype achevé du colonisé au service de la France et de sa prétendue mission civilisatrice. Mais l’ambiance du Lycée impérial et le climat d’Alger ne lui conviennent pas et il sombre dans une irrémédiable nostalgie.
Devenu presque dépressif, le jeune prince est alors rapatrié dans son Walo natal deux ans plus tard en 1863. N’ayant pas renoncé à son projet initial : celui d’en faire « un français à la peau noire », Faidherbe l’inscrit cette fois à l’école des frères de Saint-Louis où Sidya Léon va brillamment poursuivre ses études. à 17 ans à peine, le jeune prince est nommé chef de canton et mène en même temps une carrière militaire dans l’armée coloniale où il acquiert le grade de lieutenant. C’est le temps où Sidya Léon est un parfait « assimilé » s’habillant à la française : vareuse et casque colonial et maniant avec dextérité la langue de Molière. Il n’a pas encore réalisé qu’il n’est qu’un homme de paille, un agent de la colonisation et un vecteur de valeurs étrangères à sa propre culture. La prise de conscience arrivera de manière étrange et spectaculaire au cours d’une cérémonie organisée à Mbilor en l’honneur des nobles de la cour royale du Walo. Après avoir chanté les louanges de ses pairs et récité leur généalogie, le griot de la cour, Madiartel Dégueune Mbaye, refuse d’en faire autant pour Sidya Léon Diop car, déclare t-il, ce dernier « est un suppôt des colons français qui a trahi son peuple ». C’est le déclic.
La fin de l’aventure ambigüe du jeune prince
Les dures et blessantes paroles du griot ébranlent le jeune prince et comme une onde de choc se propagent dans son âme meurtrie par cette foudroyante révélation. Alors s’achève l’ « aventure ambigüe » d’un jeune prince acculturé pour faire place à l’héroïque et brève épopée d’un combattant de la liberté. Sur le champ, il décide de se débarrasser de ses oripeaux d’hommelige pour se revêtir les habits flamboyants d’homme libre en renouant avec sa culture ancestrale. Il se fait tresser les cheveux à la manière des nobles et des guerriers de son peuple; il jette ses habits européens pour revêtir le costume traditionnel cousu d’amulettes et de gris-gris protecteurs; il jure de ne plus prononcer un seul mot dans la langue des envahisseurs et va prendre un grand bain rituel dans la rivière de la Taouey; pour en finir, il abjure la religion du Christ au profit de celle de ses ancêtres et rejette le nom de Léon pour celui de sa mère la reine du Walo, devenant ainsi et pour toujours, Sidya Ndatté Yalla Diop. Le collaborateur soumis est mort pour donner naissance au résistant intrépide qui va désormais combattre et souvent battre à plate couture l’envahisseur colonialiste.
Prenant la tête d’une coalition de chefs décidés à barrer la route aux colonialistes et à protéger leur peuple contre la brutalité des troupes françaises, il remporte une série de victoires éclatantes. Mais hélas, en dépit de sa bravoure et de son courage héroïque, Sidya Ndatté Yalla Diop finira par tomber dans un traquenard traitreusement organisé par l’un de ses pairs et ancien allié à Bangoye. Livré au gouverneur français Valère, Sidya Ndatté Yalla Diop sera jugé à Saint-Louis par un tribunal arbitraire colonial le 17 janvier 1877. Il est alors condamné à la déportation en pleine forêt gabonaise, au bagne de l’île de Nengué-Nengué où il mettra fin à ses jours le 26 juin 1877 à l’âge de trente ans. Tels furent, brièvement relatés, la vie et les combats du prince, héros et résistant Sidya Ndatté Yalla Diop qui préféra la mort à l’exil forcé et à la captivité. Telle une étoile filante dans le ciel de l’Histoire africaine, sa vie restera un exemple de courage, de dignité et de refus face à l’oppression.
L’évocation du bref mais lumineux et combien significatif parcours de ce résistant qui reste encore peu connu, m’offre l’opportunité de prendre part, quoique de manière tardive, aux débats parfois houleux qui ont opposé les « partisans » du général colonialiste Faidherbe d’une part et ses détracteurs de l’autre. N’ayant pas l’intention de jeter de l’huile sur le feu, ni de réveiller de vieilles « querelles », je ne me situerai donc ni dans l’un ni dans l’autre des deux camps. à mon humble avis il est aujourd’hui inutile de se crêper le chignon à cause de Faidherbe et de sa statue. Le premier s’est depuis longtemps liquéfié dans les catacombes de l’Histoire et la seconde n’est plus qu’un vilain bonhomme de bronze bouffé par le vert-de-gris et qui ne paie pas de mine !
La statue de Faidherbe sur la place du même nom n’a aujourd’hui plus aucune raison ni légitimité d’y rester
Alors… Il est vrai que l’Histoire, c’est comme le « livre des morts », la reddition des comptes universelle et que chacun devra un jour assumer les actes qu’il a posés au cours de son existence. Mais bon, l’Histoire est aussi une question très sérieuse et délicate qui relève de la science au sens plénier du terme et non de considérations subjectives ou idéologiques. Même si elle n’est pas une science rigoureusement « exacte », l’Histoire n’est hélas que trop souvent teintée de passion quand elle n’est pas l’objet de surenchère ou de démagogie crypto-personnelle aux antipodes de l’objectivité. Fort heureusement elle n’est pas que l’affaire des savants ou des initiés et le simple bon sens suffit parfois à se faire une opinion raisonnable voire objective de certains faits ou événements qui ont eu lieu dans le passé. C’est dans ce sens que je voudrais dire haut et fort que la statue de Faidherbe (qui en soi ne me dérange pas ou plus) sur la place du même nom, n’a aujourd’hui plus aucune raison ni légitimité d’y rester.
D’autres l’ont dit avant moi avec force arguments et démonstrations irréfutables. Oui, il faut l’affirmer sans ambages, la statue de Faidherbe ne doit plus retourner à l’endroit où elle se trouvait depuis presque un siècle. Elle doit être, non pas jetée à la mer comme le préconisent certains, mais tout simplement conservée dans un musée (il y en existe à Ndar) comme une marque (d’autres diront peutêtre un stigmate) de l’Histoire contemporaine de notre pays. Mais ôter de notre horizon cette statue dont la présence indispose le grand nombre ne saurait certes suffire à combler la radicale soif de changement d’une jeunesse en quête de repères et de modèles. Il faut aussi penser à lui substituer un symbole plus fort, plus significatif que la colonisation ; il faut extirper de nos mémoires et de la mémoire collective les vestiges de cette violence symbolique qui les encombre et qui ont trop longtemps façonné nos imaginaires d’une manière qui nous était défavorable. Cela ne nous oblige ni à la rancœur, ni à la récrimination, ni à l’esprit de revanche mais plutôt nous invite à l’introspection, à l’équilibre, à la mesure dans la fermeté de prises de position mûrement réfléchies.
C’est fort de tout cela et de bien d’autres choses encore que je voudrais en mon nom propre et au nom de tous ceux et celles qui en appellent de tous leurs vœux à une vraie décolonisation mentale, lancer un appel aux autorités et aux populations de la commune de Saint-Louis pour rebaptiser le nom de la place Faidherbe en celui de « place Moom sa réew » (en lieu et place de « Baya Ndar » qui n’est pas vraiment porteur de sens) et remplacer la statue du général Faidherbe par celle du prince Sidya Ndatté Yalla Diop. Ces deux propositions me paraissent pertinentes dans la mesure où la première fait référence au cri de ralliement du Parti Africain de l’Indépendance (PAI) né à Saint-Louis et qui s’illustra de fort belle manière dans la lutte anticolonialiste et pour l’indépendance du Sénégal.
Pour ce qui est de la seconde, tout ce qui a été dit plus haut en justifie amplement le choix, sans oublier le fait que Saint-Louis ou Ndar fait partie intégrante du Walo. Le prince Sidya Ndatté Yalla Diop est donc quelque part un authentique Doomu Ndar (s’y ajoute qu’il a fait ses premières humanités dans la « vieille cité »). Je rêve de voir un jour trôner sur la place Moom sa réew sur le socle même où reposait celle du général colonialiste Louis-Léon césar Faidherbe, la statue majestueuse du prince Sidya Ndatté Yalla Diop, héros de la résistance anticolonialiste qui à la déportation préféra la mort. Puissent les dieux de l’Art inspirer le sculpteur de génie qui viendra un jour donner forme à ce rêve et immortaliser la figure de celui qui fut, dans la noblesse de son combat, tout à la fois un homme de refus, de courage et de dignité.
Louis Camara est écrivain, Grand prix du président de la république pour les Lettres
L’ŒIL ET LES OREILLES DE MACKY PLACE WASHINGTON !
Antoine Félix Abdoulaye Diome ! Son nom reste intimement lié aux affaires Karim Wade et Khalifa Sall.
Le nouveau ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, apolitique, a été, en tant que maître des poursuites, le bourreau de Karim Wade et Khalifa Sall. Il fera face à l’opposition cette fois-ci en dehors des salles de tribunaux pour organiser des élections et assurer la sécurité du pays. Mais aussi superviser la préparation des milliers de gamous, magals et autres « jang » qui foisonnent dans notre si particulier pays !
Antoine Félix Abdoulaye Diome ! Son nom reste intimement lié aux affaires Karim Wade et Khalifa Sall. En 2015, au procès de l’ex-ministre « du Ciel et de la terre », condamné un certain lundi 23 mars 2015 à six ans de prison ferme et 138 milliards de francs CFA d’amende pour enrichissement illicite, le Sénégal découvre un jeune procureur tenace. L’allure impeccable. La mise bien soignée dans des costumes sur mesure. Tout pour plaire à la première dame qu’il croise sur son chemin par le biais d’un homme d’affaires nommé Abdoulaye Sylla devenu richissime patron d’Ecotra. Le jeune proc a des airs d’ado. L’allure d’un jeune premier. Mais rassurez-vous, il n’était pas venu pour jouer une scène. Il avait une mission. « Tuer ! ».
Et l’avait réussie avec brio lors du procès de l’ancien ministre tout-puissant ministre d’Etat Karim Wade. Toujours avec ce sourire qui ne laisse échapper aucun sentiment, comme celui des tueurs de polars, M. Diome n’a raté aucun détail qui pouvait davantage « mouiller » le fils de Wade. Ses questions, incisives et mortelles, c’était pour mieux enfoncer le célèbre accusé. Mais, il faisait face à une forte tête qui a résisté. Quand il prenait la parole, on sentait chez l’ancien substitut du procureur, un redoutable enquêteur. Le plus petit détail était une brèche où il pouvait s’engouffrer. Son rôle, il l’assurait avec rigueur et sérieux comme si on lui avait remis une feuille de route. En réalité, dans ce jugement du fils de l’ancien président de la République, il y avait un procès dans le procès. Tandis que les avocats faisaient des effets de manches et brassaient du vent, plaidant surtout pour les médias, Antoine Félix Diome et Karim Wade s’affrontaient à fleurets mouchetés. Il se dit qu’ils étaient les deux seuls acteurs de ce procès à avoir étudié sérieusement les quelque 6000 pages du dossier qu’ils connaissaient presque par cœur à force de l’avoir lu et relu. Cela, quand la plupart des avocats n’avaient fait qu’en survoler une partie ! Contesté pour n’avoir pas le grade requis pour occuper les fonctions de procureur de la Crei, Antoine Félix Diome avait néanmoins été promu plus tard agent judiciaire de l’Etat. Un poste prestigieux, une récompense à la mesure des services rendus lorsqu’il officiait à la Crei. Un poste, surtout, juteux puisque c’est son titulaire qui exécute tous les engagements financiers de l’Etat découlant de décisions judiciaires ou d’accords, de transactions etc. De procureur, donc maître des poursuites, Antoine se retrouve avocat teigneux attaché à défendre bec et ongles, contre vents et marées, les intérêts financiers de l’Etat. Mais aussi politiques de son chef ! Avec comme mission de « liquider » des adversaires politiques du chef de l’Etat Macky Sall. Dans le procès de l’affaire de la caisse d’avance de la ville de Dakar, il se distingue encore par ses positions tranchées. Les accusés doivent rendre gorge. Et disons- le, il n’a pas fait de cadeaux à l’ancien maire de Dakar. Inflexible, il n’a cessé d’acculer Khalifa Sall et ses co-prévenus.
Sa mission de défendre les intérêts de l’Etat, il en fait un sacerdoce. Durant tout ce retentissant procès que certains ont vite fait de ranger dans le registre des procès staliniens, le nouveau ministre de l’Intérieur, s’appuyant sur le Droit, s’était évertué à « prouver » l’implication de l’ex-maire de Dakar dans l’affaire de la caisse d’avance. Affichant un sourire sarcastique, il n’avait pas son pareil pour désarçonner ses vis-à-vis ! L’argumentaire et la rhétorique d’ « Antoine » séduisent même ceux qui se présentent comme ses ennemis. Il a l’art de la parole et la distille avec parcimonie. Avec panache, il fait étalage de sa bonne maitrise de la science juridique. Normal, ce brillant procureur n’a-t-il pas été formé à la meilleure école du parquet qui soit, celle de Lamine Coulibaly, le défunt procureur de la République de Dakar ? Un maître ès-poursuites judiciaires !
Un brillant magistrat respecté par ses pairs pour sa maitrise de la science juridique
Magistrat surdoué, Antoine Félix Diome a effectué un parcours sans faute. Il a accédé aux échelons sans brûler les étapes dans le milieu judiciaire. Il fut substitut du procureur au tribunal d’instance de Diourbel. Diourbel qui lui a permis de se rapprocher géographiquement mais aussi spirituellement de Touba dont il est un talibé les plus fervents. Un mouride « sadikh » disciple de feu Serigne Saliou Mbacké, Khalife général, d’abord, puis de Serigne Bara, lui aussi khalife général, tous deux le considérant comme leur fils biologique. Plus tard, Antoine est promu avocat général près de la Cour d’appel de Dakar après avoir été délégué du procureur de la République du Tribunal d’instance de Guédiawaye. Né à Khombole, grandi à Grand-Dakar musulman — comme son nom ne l’indique pas ! — et fervent talibé mouride, M. Diome a obtenu son Bfem au lycée Malick Sy de Thiès avant de réussir son baccalauréat au lycée Blaise Diagne de Dakar. Un établissement que quelques centaines de mètres seulement séparent de la Faculté de Droit de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Après sa Maitrise (actuel Master II), il est reçu à la prestigieuse Ecole nationale de l’administration et de magistrature (Enam). Il en sort jeune magistrat brillant et craint pour ses plaidoiries. Dans l’affaire Karim Wade, il assurait le second rôle auprès de l’ancien procureur Alioune Ndao au niveau de la Crei mais avait incontestablement volé la vedette à son patron d’alors, Alioune Ndao.
« Il lui sera aussi difficile de gagner la confiance des acteurs politiques qui le soupçonnent déjà d’être un premier flic pion d’un président qu’il a «servi» à la Crei et à l’agence judiciaire de l’État pour «freiner» des opposants », selon Mame Gor Ngom
L’homme est décrit comme imperturbable. En atteste son comportement lors du procès de Khalifa Sall où, malgré les chahuts, cris et autres provocations pour le faire sortir de ses gonds, il était resté stoïque. Zen. Discipliné, il ne prend la parole que lorsqu’il en reçoit le « ndigueul ». Pardon, lorsque le président du tribunal ou de la cour la lui donne ! A la tête du ministère de l’Intérieur, M. Diome ne sera pas crédible aux yeux de l’opposition, du moins d’après l’analyste politique Mame Gor Ngom. « En choisissant Antoine Félix Diome au ministère de l’Intérieur, le président a voulu trouver un remplaçant à Aly Ngouille Ndiaye, un des ténors de l’APR défenestré sans raison officielle même si certains parlent de «délits d’ambition». M. Ndiaye a été à la hauteur de sa station de premier flic du pays. Il a le plus souvent agi avec sérénité et a entretenu surtout de bonnes relations avec toutes les familles religieuses. Ce qui n’est pas rien. Responsable de premier plan du parti présidentiel, il a été aussi critiqué par une opposition qui réclamait un homme moins coloré. M. Diome, qui n’est d’aucune formation politique, pourrait être l’homme attendu pour notamment organiser les élections à venir, sans pour autant être soupçonné de parti- pris. Mais le hic est que ce magistrat traîne une réputation «d’obligé» de Macky pour le compte de qui il aurait joué un grand rôle pour emprisonner Karim Wade dans le cadre l’enquête sur les supposés biens mal acquis avec la Crei.
Sa posture pour «hâter» la descente aux enfers de Khalifa Sall, est souvent soulignée. Une telle perception brouille complètement son «statut» d’homme neutre et de magistrat aux compétences avérées reconnues par ses pairs », explique le journaliste d’Afrika Check M. Ngom. Il estime donc que la balle est dans le camp du nouveau ministre de l’Intérieur tenu de rassurer l’opposition qu’il peut être un homme au-dessus de tout soupçon de manipulation électorale ! « Maintenant, il sera difficile de contester une telle personnalité nommée à la tête du ministère de l’Intérieur. Il lui sera aussi difficile de gagner la confiance des acteurs politiques qui le soupçonnent déjà d’être un premier flic pion d’un président qu’il a «servi» à la Crei et à l’Agence judiciaire de l’État pour «freiner» des opposants. Il devrait pouvoir utiliser ses talents à bon escient pour effacer une telle perception. Surtout aux yeux d’une opinion qui observe ses premiers actes dans un contexte politique très chargé. Un vaste programme !», indique M. Ngom. Akassa, cheikh Antoine ! serait-on tenté d’acquiescer…
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, Serigne Saliou GUEYE
LES LEÇONS D’UN REMANIEMENT MINISTERIEL
Il s'agit d'un état-major politique électoral tourné vers les élections locales et législatives en attendant de légitimer un troisème mandat. Tous les soi-disant aspirants ou prétendants à la prochaine présidentielle sont aujourd’hui passés au billot
Les 18 mois qui ont suivi la réélection de M. Macky Sall ont été marqués par l’inaction et l’immobilisme au point qu’un remaniement ministériel était devenu un impératif catégorique. En effet, pendant cette période critique, aucune initiative d’envergure allant dans le sens de la prise en charge des problèmes majeurs des populations n’a été prise par le gouvernement de Macky Sall malgré les urgences pressantes.
Le mécontentement s’est généralisé au point que, finalement, la grogne répétitive de la population abattue par la cherté de la vie insupportable a poussé le président de la République à procéder à la modification de son premier casting gouvernemental depuis sa réélection.
En prenant la décision, il y a de cela cinq jours, de limoger tous ses ministres, ses secrétaires généraux du gouvernement et de la présidence de la République, la présidente du Conseil économique et social, le chef de l’Etat Macky Sall faisait présager un grand nettoyage dans la composition du nouveau gouvernement au point que le très critique MON, dirpub de ce canard que vous avez entre les mains, l’avait supplié de faire une révolution tant attendue par les Sénégalais. Hélas, finalement, la montagne a accouché d’une souris chétive au point qu’on ne peut s’empêcher de s’exclamer avec colère et déception : « tout ça pour ça ! ».
On s’attendait à un gouvernement resserré, de serrage de ceinture, d’ajustement surtout que nous traversons une crise sanitaire qui exige un plan de résilience et de relance, malheureusement voilà que Sa Majesté nous sert une équipe gargantuesque de 37 ministres et secrétaires d’Etat. Et les hommes et femmes qui le composent sont les mêmes que dans l’équipe sortante à part huit entrées pour prendre la charge de secteurs qui, à part les télécoms, ne sont pas porteurs de croissance. La révolution attendue par MON et les Sénégalais n’est pas pour demain.
L’actuel gouvernement dans lequel des maroquins ont été octroyés au parti Rewmi et au leader des derniers dissidents en date du PDS réunis dans le Parti des Libéraux et Démocrates (PLD) And Suxxali Sopi n’est pas un gouvernement de mission porté résolument vers la résolution des difficultés des Sénégalais mais un état-major politique électoral tourné vers les élections locales et législatives en attendant de légitimer un 3e mandat. Si l’objectif de Macky Sall était d’accélérer la cadence pour réaliser le PAP2, il lui fallait agir sur les secteurs porteurs de croissance.
Tout le monde s’est rendu compte que la dissociation du ministère des Finances et du Budget et du ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération a été une mauvaise option dans la mise en cohérence de la politique économique et dans la prise de décision. Le secteur de l’Agriculture, de l’Elevage doit connaitre des réformes structurelles pour booster la croissance du pays. Pourvu que tout cela soit articulé à une bonne politique industrielle. Moussa Baldé, actuel ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural, n’a pas révolutionné notre agriculture qui peine depuis des lustres à atteindre l’autosuffisance alimentaire. Qu’est-ce que Moustapha Diop, actuel ministre du Développement industriel et des Petites et Moyennes industries, a accompli dans le secteur de l’Industrie qui doit être le moteur de notre économie et le principal pourvoyeur d’emplois ?
Le ministre qui méritait d’être limogé est Aliou Ndoye qui gère la Pêche et l’Economie maritime parce qu’éclaboussé par le trafic des licences de pêche octroyées à des Chinois qui surexploitent nos ressources halieutiques. Ces trois composantes (Agriculture, Pêche, Elevage) du secteur primaire sont fondamentales.
Accompagnées par une bonne politique industrielle, elles peuvent porter la croissance du pays. Mais les hommes qui sont à la tête de ces secteurs stratégiques ont montré leurs limites. On pourrait revenir sur l’incohérence notée dans la mise en place de certains secteurs répartis dans des ministères différents comme les Petites et Moyennes entreprises que gère Aminata Assome Diatta et les Petites et Moyennes industries placées sous la responsabilité du ministre fantôme Moustapha Diop. Dans ce nouvel attelage gouvernemental, on ne peut manquer de signaler la présence de Rewmi et son leader Idrissa qui dirige désormais la CESE.
D’ailleurs, c’est la grande surprise des changements de Macky. Idrissa Seck ravale aujourd’hui ses vomissures de 2013 quand il avait sommé en vain les ministres de Rewmi de sortir du gouvernement dans lequel le président Sall interdisait toute critique de l’action gouvernementale. Combien de fois le leader de Rewmi a-t-il déclaré urbi et urbi que, pour le reste de sa vie, un décret ne déterminera plus sa carrière politique. Seuls les conseils municipal et départemental ou l’Assemblée nationale ou le Palais de la République où les suffrages citoyen envoient des mandataires peuvent décider de sa trajectoire politique.
Rétrospectivement, on se dit que les ministres Oumar Guèye et Pape Diouf avaient eu raison de rester dans le gouvernement en 2013 quand leur ex-leader leur avait demandé de rendre le tablier. Aujourd’hui, prenant prétexte de la pandémie du coronavirus, Idrissa Seck revient dans la gestion des affaires publiques. Les difficultés causées par le coronavirus expliquent le revirement spectaculaire du Rewmiste en chef. Mais cela n’est qu’un pseudoprétexte. Il y a un « deal » politique concocté entre Idy et Macky et dont les tenants et aboutissants seront bientôt découverts. Le dialogue politique appelé caustiquement le « deal-logue politique par certains « bénéficier d’une institution. C’est la récompense de la traitrise politique. Idy déserte le terrain aride de l’opposition pour aller goûter aux voluptés du pouvoir. Au diable les centaines milliers de Sénégalais qui l’ont soutenu à la présidentielle parce qu’ils n’aiment pas l’actuel président !
Lui, Idy, il aime le Président qu’il vouait aux gémonies naguère. Mais comme il aime le dire, il ne faut jamais dire jamais en politique. La décision qu’il a prise n’émane pas des instances de direction de son parti mais de son bon vouloir. Chez lui, seule sa décision prévaut. Macky a l’opportunité de remporter la mairie de Thiès pour la première fois en s’associant avec Idy. Thiès pesant lourd sur le plan électoral et étant âprement disputée, la collusion de Macky et du leader de Rewmi pourrait renforcer le camp présidentiel.
Le chef de l’Etat, en bon politicien, est en train de dérouler son agenda politique défini au début de son magistère. Il a attiré une partie de la classe politique par des postes et des prébendes, une autre partie par le fouet judiciaire. Aujourd’hui, il pêche le gros requin de Thiès pour le neutraliser pour ce qui reste de sa carrière politique. S’allier avec le 2e à la présidentielle est un gage de victoire dans plusieurs localités aux élections territoriales et législatives. Et n’est-ce pas non plus gage de légitimation dans la quête d’un 3e mandat ? Concernant ce 3e mandat, Macky ne veut pas de pierre d’achoppement.
Tous les soi-disant aspirants ou prétendants à la prochaine présidentielle sont aujourd’hui passés au billot. Amadou Ba, Makhtar Cissé, Aly Ngouille Ndiaye, Aminata Touré ont été victimes du délit d’ambition. Qu’on ne dise pas qu’ils n’ont pas produit de résultats dans leur département ! Macky Sall disait le 2 juillet 2019, lors de de la concertation sur la mise en œuvre de la Loi sur le contenu local dans le secteur des hydrocarbures : « Je tiens à féliciter Makhtar Cissé pour l’excellent travail, en si peu de temps, depuis qu’il a été nommé à la tête de ce département ministériel (ndlr, Pétrole et Énergies). Mais aussi et surtout pour la bonne organisation de cette rencontre. Je sais qu’il apprend vite, trop vite même. Bientôt, il va égaler les techniciens et les ingénieurs. Il faudra continuer ». Aujourd’hui, c’est cet homme travailleur qui a redressé la Senelec, sorti le pays de l’obscurité et des délestages qui a été viré comme un malpropre parce qu’on lui aurait prêté une ambition présidentielle.
Pour l’humilier encore plus, Macky met dans son gouvernement son opposant local à Dagana, Oumar Sarr, qui n’hésitera pas à l’anéantir politiquement. Quoi de plus noble que de vouloir diriger son pays si l’on sait qu’on en a les compétences ?
Voilà la politique de Macky. Dans son gouvernement, les compétences n’ont pas leur place. Les calculs et intérêts politiques priment sur tout. Quitte même à recycler des politiciens que les Sénégalais ont chassés du pouvoir en 2012 afin qu’ils remplacent es membres loyaux de son propre camp politique.
LA METHODE MACKY SALL EST FAITE D’IMPROVISATION, DE CYNISME ET D’AMATEURISME
Moustapha Diakhaté ne croit pas au nouveau gouvernement formé dimanche soir
Moustapha Diakhaté ne croit pas au nouveau gouvernement de Macky Sall, formé dimanche soir. Selon l’ancien président du groupe parlementaire de la coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby), le vrai problème serait le président Macky Sall lui-même et non ses ministres. Il estime donc que ce dont le peuple a besoin, c’est un véritable bouleversement, un changement de cap et d’hommes pour en finir avec le pillage des biens de la Nation comme système de gouvernement sur fond d’affaiblissement de la démocratie et de l’Etat de Droit qui seraient, à l’en croire, les caractéristiques du système de gouvernance de Macky Sall.
« Il s’agit d’une purge politique, d’un nettoyage des récalcitrants au 3ème mandat, de deal sur le dos du peuple sénégalais, de l’APR et de Bby avec une certaine opposition et de recyclage de ces anciens pourfendeurs libéraux qui, pour conserver le pouvoir, n’avaient pas en 2011 hésité à massacrer une quinzaine de jeunes Sénégalais», a réagi l’ancien président du groupe parlementaire Moustapha Diakhaté.
D’après lui, il ne faut rien attendre de ce nouveau gouvernement de Macky Sall. En effet, soutient-il, le Sénégal et les Sénégalais iront de mal en pis avec la méthode Macky Sall faite d’improvisation, de tâtonnement, de ruse, de cynisme et d’amateurisme. « En fait, avec les meilleures matières grises au monde, les résultats resteront médiocres. Les ministres n’auront pas le courage, la marge de manœuvre pour faire part au Président Sall de leurs désaccords et de leurs analyses. «En réalité, c’est Macky Sall qui est le problème et non les ministres. Ce qui est dangereux pour le présent, et surtout l’avenir de notre pays, c’est que cet attelage qui vient d’être constitué ne fonctionnera pas en raison de l’ultra présidentialisme rétrograde qui tient le Sénégal sous son étreinte et qui nous a mis dans le pétrin depuis plusieurs décennies », a conclu l’ancien président du groupe parlementaire de la majorité présidentielle, Moustapha Diakhaté