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1 juillet 2025
LA PLAINTE CONTRE L'IMAMA KA NE RELÈVE PAS D'UNE AFFAIRE INTERCOMMUNAUTAIRE
Entretien avec Ephrem Manga, coordonnateur du collectif « Les Veilleurs », qui a porté plainte contre l’imam Galadio Ka, pour des propos jugés offensants contre les chrétiens, tenus en 2018
La Croix Afrique |
Lucie Sarr |
Publication 04/10/2020
Ephrem Manga est coordonnateur du collectif « Les Veilleurs », au Sénégal, qui a porté plainte contre l’imam Galadio Ka, pour des propos jugés offensants contre les chrétiens, tenus en 2018.
Le procès, prévu jeudi 24 septembre, a été reporté au 12 novembre.
En attendant cette audience, Ephrem Manga explique à La Croix Africa la démarche de son collectif.
La Croix Africa : Qu’est-ce que le collectif « Les Veilleurs » ?
Ephrem Manga : Nous sommes des citoyens sénégalais, appartenant à la fraction des 5 % de non-musulmans et qui estimons avoir été brocardés, assez violemment par Ousmane Galadio Ka dans sa vidéo de 2018. Issus d’horizons divers, nous avons considéré les propos de Galadio Ka, au-delà de l’insulte à notre foi, comme une insupportable attaque à la société de tolérance et de coexistence cordiale qui fait la renommée de notre pays. Aussi, chacun d’entre nous a-t-il souhaité porter plainte, à titre individuel, contre le mis en cause. Les faits visés seraient, de notre point de vue, constitutifs d’insulte commise par le biais d’un système informatique envers une personne en raison de son appartenance à un groupe qui se caractérise par la race, la couleur, l’ascendance, l’origine nationale ou ethnique ou la religion ou envers un groupe de personnes qui se distingue par une de ces caractéristiques (Article 431-43 de la Loi-n°-2016-29-du-08-novembre-2016-modifiant-la-loi-n°-65-60-du-21-juillet-1965-portant-Code-pénal).
C’est après avoir lancé une pétition – sur la plateforme change.org – qui a recueilli plus de 2000 signatures, en quelques jours, que nous avons souhaité donner une tournure judiciaire au contentieux qui nous opposait à Galadio Ka. Dès lors, de façon spontanée, tous ceux qui partageaient cette vision, celle de traduire l’auteur des propos insultants devant la Justice de notre pays, ont rédigé une plainte en bonne et due forme pour exercer un droit que la loi sénégalaise reconnaît de façon expresse à ses citoyens. Aussi avons-nous demandé aux concernés des signatures physiques sur la plainte déposée au niveau du procureur de la république.
Il a charrié toutes les peurs urbaines et alimenté bien de fantasmes. « Cercueil roulant », le « Car Rapide » est un repoussoir absolu et l’incarnation sur quatre roues de notre légendaire indiscipline
Il a charrié toutes les peurs urbaines et alimenté bien de fantasmes. « Cercueil roulant », le « Car Rapide » est un repoussoir absolu et l’incarnation sur quatre roues de notre légendaire indiscipline. Ce véhicule hors d’âge, fait de bric et de broc, a tellement fait de victimes et semé de malheur sur nos routes, qu’il est, à juste titre, un mal aimé. Aussi, pas grand monde ne versera sans doute une larme, à l’annonce, énième du genre, de son retrait programmé du circuit.
Pourtant, le « Rap’s » comme le surnomment les « Boy town », fait depuis si longtemps partie du décor qu’il va être difficile d’imaginer Dakar et sa banlieue sans ce tas de ferraille rafistolé aux couleurs bigarrées. Le « Rapide », c’est une partie de l’âme du Dakar underground. Avec ses personnages, souvent hauts en couleur et ses codes. Quand l’« apprenti» (sic), lui même aidé par le « Jondo» ( sous-apprenti qui apprend le métier et devenu par extension synonyme de benêt ) hurle «Jappal ci Mbaye !», seuls les banlieusards pure souche décrypteront qu’il conseille au passager de bien s’accrocher à la barre centrale qui traverse le toit du véhicule, au risque d’attraper le tétanos. Et quand par un sonore « Tek ci brik ! », il enjoint au chauffeur d’écraser le champignon, les passagers, croyant leur dernière heure venue, peuvent psalmodier leurs prières, comprenant qu’ils ont eu le malheur d’emprunter « Rapide Samba Laobé ».
Le gouvernement devrait quand même songer à sauver de la casse au moins une bonne centaine de « Rap’s » et les garder précieusement dans une sorte de musée. Comment en effet tourner un film ou une série crédible, ayant pour décor les rues du Dakar de ses quarante dernières années, sans incruster en arrière-plan ce « personnage » si emblématique ?
Après de mauvais et loyaux sévices infligés à des générations de Sénégalais, les convoyant dans les endroits les plus improbables à un prix modique, le Rap’s va mourir. C’est une partie de notre jeunesse qui part. En trombe...
LE PROCÈS DE L'IMAM GALADIO KA REPORTÉ
Le religieux accusé d’avoir tenu, lors d’une conférence publique à l’île de Gorée, des « propos offensants » contre la communauté chrétienne, sera à la barre 12 novembre prochain
La Croix Afrique |
Lucie Sarr |
Publication 04/10/2020
Au Sénégal, le procès, prévu jeudi 24 septembre, de l’imam Galadio Ka, accusé par un collectif de chrétiens d’avoir tenu, lors d’une conférence publique à l’île de Gorée, des « propos offensants » contre la communauté chrétienne, a été reporté au 12 novembre.
Une affaire symptomatique de tensions et polémiques à connotation religieuse qui deviennent récurrentes et sont amplifiées par les réseaux sociaux dans ce pays pourtant réputé pour la cohabitation pacifique entre les différentes confessions religieuses.
« On dit qu’il y a 95 % de musulmans au Sénégal. C’est donc 5 % de cette population qui a réussi à légaliser l’alcool, l’adultère, l’homosexualité, la luxure, la danse », tels sont les propos tenus en 2018, par Galadio Ka, un imam sénégalais au cours d’une conférence, à l’île de Gorée et qui avaient révolté nombre de chrétiens sénégalais. La vidéo avait largement circulé sur les réseaux sociaux et suscité l’indignation de cette communauté religieuse numériquement minoritaire (90 à 95 % de musulmans).
Après la polémique suscitée par cette vidéo, un « Collectif des veilleurs chrétiens » sénégalais avait collecté 2000 signatures grâce aux réseaux sociaux et décidé de porter plainte. Le procès, initialement prévu jeudi 24 septembre, a été reporté au 12 novembre.
Dans ce pays réputé pour son expérience en matière de dialogue interreligieux et de cohabitation pacifique entre l’islam et le christianisme, les tensions à tendance religieuse deviennent fréquentes et sont amplifiées par les réseaux sociaux.
Affaire ISJA
L’interdiction du port du voile à l’Institut Sainte Jeanne-d’arc, une école tenue par les religieuses catholiques de la Congrégation Saint Joseph de Cluny en septembre 2019, avait provoqué une polémique sans précédent, poussant le khalife général de tidianes, une puissante confrérie soufie, Serigne Mbaye Sy Mansour, à prononcer une virulente diatribe, estimant que cette école « n’a aucun respect, aucune considération pour le Sénégal » et ajoutant : « S’ils se mettent sous le couvert d’une religion, qu’ils sachent qu’ils sont minoritaires et que le réveil de la masse pourrait faire très mal ».
Cette édition ne comportera pas de cérémonie officielle. L'évolution épidémiologique sera scrutée avec attention au lendemain de l'événement tant l'agglutinement auquel donne lieu le pèlerinage semble propice à la propagation du virus
La photo du guide spirituel des mourides, masqué, sur le site du "Magal", en dit long: à l'heure du Covid-19 cette édition du pèlerinage de la confrérie musulmane, qui draine chaque année des millions de fidèles au Sénégal, ne ressemblera à aucune autre.
De tout le pays et au-delà, les disciples convergent depuis des jours vers Touba (centre), ville sainte du mouridisme et deuxième agglomération sénégalaise avec plus d'1,5 million d'habitants, pour le grand rassemblement de la confrérie prévu mardi.
Jamais depuis l'apparition du coronavirus, le Sénégal n'a connu de manifestation d'une telle ampleur.
En mars, quand la pandémie avait atteint le pays, l'ensemble des confréries soufies avaient annulé leurs rassemblements, s'alignant sur les décisions fermes des autorités civiles. Les célébrations collectives ont été réduites au minimum pendant des semaines.
Depuis, face aux dégâts économiques et sociaux, le gouvernement a levé le couvre-feu et l'état d'urgence. Il s'enorgueillit aussi prudemment de l'efficacité de sa riposte sanitaire. Le pays compte officiellement plus de 15.000 cas, dont 311 morts.
Début septembre, le khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, a levé les incertitudes quant à la tenue du Magal (célébration, en langue nationale wolof): malgré la persistance de l'épidémie, il aurait bien lieu, dans le strict respect des mesures barrière, dont le port obligatoire du masque.
- "Bouclier" contre le virus -
Il a appelé à la générosité publique pour pouvoir distribuer cinq millions de masques aux pèlerins, a indiqué son porte-parole, Serigne Bassirou Abdou Khadre Mbacké.
Les mourides, d'obédience soufie (sunnite), forment l'une des quatre principales confréries qui continuent à jouer un rôle prépondérant dans la vie quotidienne des Sénégalais, musulmans pour plus de 90% d'entre eux. Les chefs en sont des figures éminemment respectées, écoutées des politiques.
L'autre grande confrérie, les tidianes, n'a pas encore arrêté sa position sur l'organisation de son propre rassemblement majeur, le "Gamou", fin octobre à Tivaouane, à environ 90 km à l'est de Dakar.
L'évolution épidémiologique sera scrutée avec attention au lendemain du Magal tant l'agglutinement auquel donne lieu le pèlerinage semble propice à la propagation du virus.
"On peut être rassuré parce que Serigne Touba va s'ériger en bouclier entre la maladie et nous", a affirmé le porte-parole, cité par les médias. Il faisait référence au fondateur du mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927), dit Serigne Touba.
Le Magal marque l'anniversaire, dans le calendrier musulman, du départ en exil au Gabon de Cheikh Ahmadou Bamba, sur décision des autorités coloniales françaises.
- Sens de la discipline -
Cette édition ne comportera exceptionnellement pas de cérémonie officielle et les conférences se dérouleront sur internet. Pour entrer dans la grande mosquée de Touba, les fidèles devront attendre dans une file unique et porter le masque.
Les autorités ont exprimé leur confiance dans l'autorité morale du khalife et le sens de la discipline des mourides.
"Si vos recommandations sont suivies à la lettre, nous pouvons espérer un Magal sans risque", a déclaré le président Macky Sall au khalife lors d'une visite lundi à Touba.
Le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, en déplacement dans la ville sainte jeudi, s'est dit "rassuré" par le dispositif, précisant que 5.000 agents de son ministère seraient déployés à Touba.
D'autres départements gouvernementaux ont adopté des mesures plus volontaristes.
La ministre de la Microfinance Zahra Iyane Thiam avait pris une circulaire imposant aux fonctionnaires de ses services qui bénéficieraient d'une "autorisation d'absence" de deux jours pour le Magal, d'observer une quatorzaine sur leurs congés, avant de reprendre le travail.
Le ministère a finalement annoncé, "au regard de l'émotion suscitée et de l'interprétation qui en a découlé", surseoir à l'application de la circulaire, selon un communiqué.
26 NOUVELLES CONTAMINATIONS, AUCUN DÉCÈS DEPUIS 48H
Selon le ministère de la santé et de l’Action sociale, 26 tests virologiques réalisés au cours des dernières 24 heures se sont révélés positifs sur un total de 1131 tests, soit un taux de positivité de 2,3%.
Dakar, 4 oct (APS) - Les autorités sanitaires sénégalaises font état dimanche de 26 nouvelles contaminations enregistrées au Sénégal qui n’a déploré aucun décès lié à cette maladie au cours des dernières 48 heures, le nombre de malades sous traitement passant sous la barre des 2000 avec 1976 patients actuellement pris en charge.
Selon le ministère de la santé et de l’Action sociale, 26 tests virologiques réalisés au cours des dernières 24 heures se sont révélés positifs sur un total de 1131 tests, soit un taux de positivité de 2,3%.
Les nouvelles contaminations comprennent 8 cas contacts suivis par les services sanitaires, un cas importé à l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD) de Diass et 17 cas dits communautaires, a détaillé le directeur de la Prévention, le docteur El Hadj Mamadou Ndiaye.
Il a indiqué, au cours de son point quotidien sur la maladie à coronavirus, que les contaminations communautaires ont été enregistrées à Bignona (2), Keur Gorgui (2), Tivaouane (2), Cité-Fadia (1), Guédiawaye (1), Joal (1), Kaolack (1), Mbao (1).
El Hadj Mamadou Ndiaye a aussi cité Ngor (1), Pout (1), Saint-Louis (1), Sandaga (1), Thiès (1) et Niary Tally (1), avant de signaler que 54 patients sous traitement ont été déclarés guéris.
Le Sénégal comptabilise désormais 15094 cas officiellement déclarés, dont 12805 guéris, 312 décès et 1976 malades sous traitement.
L’AGRICULTURE, ’’REMPART CONTRE LES IMPACTS NÉGATIFS DU COVID-19’’
Le professeur Baldé intervenait samedi soir lors d’une conférence virtuelle organisée par l’association "Jenku Fouladu" dont il est membre fondateur et qui regroupe des ressortissants de la région de Kolda
Dakar, 4 oct (APS) - Le secteur agricole doit être "un rempart" contre les impacts négatifs de la COVID-19, estime le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural, le professeur Moussa Baldé.
"Il faut dire que l’agriculture, comme l’avait dit le président de la République, doit être un rempart durant cette crise de Covid19. C’est pour cela que cette année, des moyens exceptionnels ont été octroyés au ministère de l’Agriculture et de l’équipement rural", a-t-il déclaré.
Le professeur Baldé intervenait samedi soir lors d’une conférence virtuelle organisée par l’association "Jenku Fouladu" dont il est membre fondateur et qui regroupe des ressortissants de la région de Kolda établis vivant dans d’autres contrées du Sénégal, en Afrique et dans la diaspora.
"Actuellement, nous vivons dans un cadre exceptionnel. Nous vivons tous la pandémie de Covid-19 qui a démarré en fin décembre (en Chine) pour se répandre dans le monde entier. Cette maladie, partie pour être une épidémie, est devenue finalement une pandémie mondiale avec des conséquences économiques insoupçonnées", a souligné le ministre de l’Agriculture, également président du Conseil département de Kolda depuis 2014.
Le professeur Baldé, enseignant à la Faculté des sciences et techniques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, a dit espérer cette année "une production agricole exceptionnelle" partout dans le pays, en raison notamment d’un bon hivernage.
"Dieu nous a gratifiés d’un très bon hivernage et je pense qu’un peu partout, on s’attend au Sénégal à une production exceptionnelle", a-t-il dit.
Il est longuement revenu sur son parcours de "fils de paysan", jusqu’à son arrivée au poste de ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural le 7 avril 2019, un secteur qu’il dit bien connaître compte tenu de ses origines familiales.
"Je peux dire que j’ai eu de la chance. C’est que je suis fils de paysan. Jusqu’à l’âge de 20 ans, un de mes boulots, c’était d’aller aux champs. J’ai l’agriculture dans le sang. C’est un milieu que je connais vraiment", a insisté le professeur Baldé, ex-directeur général de la société de développement agricole et industriel du Sénégal (SODAGRI), avant son entrée dans le gouvernement.
Dakar, 4 oct (APS) - Le secteur agricole doit être "un rempart" contre les impacts négatifs de la COVID-19, estime le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural, le professeur Moussa Baldé.
"Il faut dire que l’agriculture, comme l’avait dit le président de la République, doit être un rempart durant cette crise de Covid19. C’est pour cela que cette année, des moyens exceptionnels ont été octroyés au ministère de l’Agriculture et de l’équipement rural", a-t-il déclaré.
Le professeur Baldé intervenait samedi soir lors d’une conférence virtuelle organisée par l’association "Jenku Fouladu" dont il est membre fondateur et qui regroupe des ressortissants de la région de Kolda établis vivant dans d’autres contrées du Sénégal, en Afrique et dans la diaspora.
"Actuellement, nous vivons dans un cadre exceptionnel. Nous vivons tous la pandémie de Covid-19 qui a démarré en fin décembre (en Chine) pour se répandre dans le monde entier. Cette maladie, partie pour être une épidémie, est devenue finalement une pandémie mondiale avec des conséquences économiques insoupçonnées", a souligné le ministre de l’Agriculture, également président du Conseil département de Kolda depuis 2014.
Le professeur Baldé, enseignant à la Faculté des sciences et techniques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, a dit espérer cette année "une production agricole exceptionnelle" partout dans le pays, en raison notamment d’un bon hivernage.
"Dieu nous a gratifiés d’un très bon hivernage et je pense qu’un peu partout, on s’attend au Sénégal à une production exceptionnelle", a-t-il dit.
Il est longuement revenu sur son parcours de "fils de paysan", jusqu’à son arrivée au poste de ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural le 7 avril 2019, un secteur qu’il dit bien connaître compte tenu de ses origines familiales.
"Je peux dire que j’ai eu de la chance. C’est que je suis fils de paysan. Jusqu’à l’âge de 20 ans, un de mes boulots, c’était d’aller aux champs. J’ai l’agriculture dans le sang. C’est un milieu que je connais vraiment", a insisté le professeur Baldé, ex-directeur général de la société de développement agricole et industriel du Sénégal (SODAGRI), avant son entrée dans le gouvernement.
LA PANDEMIE DU COVID-19 L'AUTRE DEFI
''La pandémie est venue «s’ajouter aux défis de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (Lbc/ft), en provoquant de graves perturbations dans des secteurs vitaux de nos économies,'', a indiqué Dr. Buno Nduka.
Le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (Giaba) resteconfronté à plusieursdéfis auxquels vient s’ajouter la pandémie du Covid-19, a indiqué mardi, Dr. Buno Nduka, directeur de l’Evaluation et de la conformité du Giaba, à l’ouverture de la formation régionale virtuelle organisée du 29 au 30 septembre 2020 à l’intention des journalistes d’investigation sur les crimes économiques et financiers en Afrique de l’Ouest.
En cette période de Covid-19, les Etats membres du Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (Giaba) devraient encore être plus vigilants. La pandémie est venue «s’ajouter aux défis de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (Lbc/ft), en provoquant de graves perturbations dans des secteurs vitaux de nos économies, en l’occurrence le système financier», a indiqué Dr. Buno Nduka. Le directeur de l’Evaluation et de la conformité du Giaba intervenait, au nom du Directeur général du Giaba, à l’ouverture de la formation régionale virtuelle organisée du 29 au 30 septembre 2020 à l’intention des journalistes d’investigation sur les crimes économiques et financiers en Afrique de l’Ouest. Il a expliqué que «les criminels exploitent les vulnérabilités émergentes pour poursuivre leurs activités illicites. De façon particulière, les criminels et terroristes exploitent la pandémie du Covid-19 et le ralentissementéconomique y associé pour se lancer dans de nouvelles activités à forte intensité de cash dans les pays en développement afin de blanchir le produit du crime et de financer leurs opérations.
Par conséquent, les risques émergents de Bc/fT façonneront l’environnement mondial de conformité et, sans nul doute, ajouteront aux défis actuels de mise en œuvre de la Lbc/ft dans la région». Ainsi, estime l’expert en économie, «les médias et la Société civile doivent s’adapter rapidement et se tenir au fait de ces développements, et, à travers leurs différents canaux, faire ressortir ces nouvelles activités alternatives de Bc/ft clandestines afin de permettre aux Etats membres de concevoir des mesures correctives appropriées».
A l’instar de plusieurs organisations, le Giaba n’est pas à l’abri de l’impact du Covid-19. Mais,précise Dr Nduka, «en tant qu’institution, le Giaba a adopté des stratégies pour atténuer l’impact de la pandémie sur ses programmes, afin de garantir que les Etats membres mettent effectivement en œuvre leurs obligations en matière de Lbc/ft. Cela comprend entre autres, l’engagement proactif avec les Etats membres sur l’élaboration de stratégies novatrices de miseen œuvre de la Lbc/ft».
A ce propos, souligne le directeur de l’Evaluation et de la conformité, la Société civile et les médias demeurent leurs «alliés stratégiques et redoutables dans la mise en œuvre de mesures efficaces contre le Bc/ft. Le Giaba continuera à mobiliser ce secteur et continuera également à fournir l’appui indispensable pour s’assurer que les médias soient à la hauteur de leur plein potentiel dans la Lbc/ft». Raison pour laquelle, le Giaba a voulu, à travers cette formation virtuelle de deux jours, «renforcer les capacités des professionnels des médias dans le reportage des crimes transnationaux organisés, particulièrement le Bc/ft, et de fournir un cadre permettant aux participants de partager leurs expériences et de favoriser la coopération et la collaboration pour une mise en œuvre efficace des mesures de Lbc/ft».
LE CENTRE INTÉGRÉ DE VALORISATION DES DÉCHETS DE TOUBA LIVRÉ "D’ICI 2021"
Selon Abdou Karim Fofana, avec ce centre, Touba disposera, avec Tivaouane, Kaolack et Thiès, "des premières infrastructures de modernisation de la gestion des déchets, de traitement de déchets au Sénégal".
Touba, 3 oct (APS) - Le chantier du Centre intégré de valorisation des déchets (CIVD) de Touba est à un taux d’exécution de 80% et sera livré "d’ici 2021" pour la modernisation de la gestion des déchets dans la cité religieuse, a indiqué samedi le ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, Abdou Karim Fofana.
"Le CIVD de Touba est très avancé, le niveau de réalisation dépasse les 80% et d’ici 2021, nous allons le livrer", a-t-il annoncé à l’occasion d’une visite des points de regroupement normalisés (PRN) installés dans la cité de Bamba par l’Unité de coordination de la gestion des déchets solides (UCG), en prélude au Magal prévu mardi.
Selon Abdou Karim Fofana, avec ce centre, Touba disposera, avec Tivaouane, Kaolack et Thiès, "des premières infrastructures de modernisation de la gestion des déchets, de traitement de déchets au Sénégal".
Les Centres intégrés de valorisation des déchets sont la préfiguration du nouveau mode de gestion des déchets, a ajouté le ministre.
"Nous voulons de moins en moins avoir des dépôts sauvages, des zones de dépotage comme Mbeubeuss et autres. Nous voulons aller vers des zones de traitement industrielle de déchets", a-t-il dit.
Pour les besoins du Magal, le ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique a installé des PRN, points de regroupement normalisés considérés comme la grande innovation de l’année dans la gestion des déchets durant le Magal.
"Aujourd’hui, Touba reçoit ses premiers 5 PRN dans le cadre de la politique zéro déchet. Même avant le Magal, Touba dispose d’un dispositif de collecte de déchets avec l’UCG, donc il est à améliorer. Il faut faire des efforts pour couvrir tous les quartiers de Touba", a-t-il souligné.
Aussi le ministère a-t-il décidé de mettre en place un dispositif "assez avancé" en la matière avec l’installation de 50 bacs dans la mosquée, 50 autres qui sont installés tout au long du boulevard 28. Cinq autres PRN ont été mis au niveau des zones où il y a des dépôts sauvages", a signalé Abdou Karim Fofana.
Les PRN vont servir à "la pré-collecte" des ordures dans des "sites à forte production de déchets et dans les quartiers".
"Ils permettent de collecter les déchets des ménages provenant de l’apport volontaire et aussi d’éviter leur dispersion par les animaux en divagation, tout en préservant l’environnement (absence de pollution et de contamination du sol)", explique un communiqué du ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique.
par Siré Sy
AND JËF, LA DÉCEPTION DANS LA GAUCHE RÉVOLUTIONNAIRE SÉNÉGALAISE (6/10)
EXCLUSIF SENEPLUS - Ci gis-gisu waa PAI, waa PIT ak waa LD/MPT, la tactique était celle-là contre le PS ‘’wër ko ndomb, jàpp ci ndigg li, yëkkati ko ba ci kaw, dóor ko ci suuf. Ci gis-gisu xaley Ànd Jëf ya woon, bëre bi dafay yéex, danga koy dóor direkt
Le 21 Septembre dernier, à la Maison de la Culture Douta Seck, l’ex Xarébi/ Ànd Jëf- Mouvement Révolutionnaire pour une Démocratie Nouvelle (MRDN) - la Gauche communiste sénégalaise d'obédience maoiste - mouvement qui est devenu maintenant Ànd Jëf Parti Africain pour la Démocratie et le Socialiste (Ànd Jëf/PADS), a organisé une Journée de Souvenirs dédiée à ses membres disparus. Prétexte pour le Feuilleton Managérial ‘’La Gauche sénégalaise, une histoire explicative’’, de revenir dans ce dernier jet sur le ‘’Ànd Jëf'’ du MRDN jusqu’au PADS, qui fut à la fois le potentiel et la promesse et qui est devenu la (grande) déception dans la Gauche révolutionnaire sénégalaise.
A y regarder de plus près, Ànd Jëf/PADS, qui fut le potentiel et la promesse de la Gauche, est devenu la grande déception dans la Gauche révolutionnaire sénégalaise. D'abord, dans la mouvance de Gauche (marxiste-léniniste) de manière générale. Ensuite, au sein de lui-même, And Jëf/PADS, de manière significative et illustrative.
D'abord, dans la mouvance de la Gauche marxiste-léniniste, de manière générale. Sur le terrain politique et contestataire du temps de la clandestinité tout comme sur le terrain de la légalité et du jeu démocratique, il y a une antériorité historique des partis PAI (1957), PIT (1981), LD/MPT (1981) sur Ànd Jëf (1992) qui déjà à partir de 1973, était dans la clandestinité quand le PAI, le PIT et la LD/MPT furent dans la clandestinité dès 1960…
Toutefois, que ce soit le PAI, le PIT, la LD/MPT et Ànd Jëf- la Gauche révolutionnaire, la Gauche marxiste-léniniste-, les objectifs étaient les mêmes et se croisaient au rond-point de l'anti-impérialisme, au carrefour du nationalisme et au terminus des forces démocratiques, patriotiques et révolutionnaires. Pour une société nouvelle, par l'éveil des consciences des masses rurales, paysannes, urbaines et des couches populaires.
Au PAI, au PIT et à la LD/MPT, le ‘’moteur de l’histoire’’ de leur lutte a été, fondamentalement, pour l’indépendance et contre le néo-colonialisme et l'oppression des masses pauvres (rurales et urbaines) et des classes populaires (les ouvriers). A Ànd Jëf, le ‘’moteur de l’histoire’’ de leur lutte a été, fondamentalement, contre l'hégémonie occidentale dans ‘’la zone des tempêtes’’, le Tiers-Monde (avec la guerre au Vietnam, Mouvement des Blacks Panthers, Sékou Touré, Julius Nyéréré, Thomas Sankara....) et contre le néocolonialisme et l'oppression des masses pauvres (rurales et urbaines) et des classes populaires (les ouvriers). Mais également, la lutte contre les féodalités religieuses et coutumières, contre la bourgeoisie politico-administrative et contre la bourgeoisie compradore.
Dans la Gauche marxiste-léniniste, les tactiques, les méthodes et les styles de lutte et d’actions, différent d'un camp à l'autre. Pour le PAI, le PIT et la LD/MPT, fondamentalement, à force de dialogue et de pression jusqu’à épuisement des facultés réciproques de conviction-surtout sur le code électoral et sur le Jeu politique-, il était possible d’arracher du Parti socialiste (un parti de Droite même si son nom sonne à Gauche), des conquêtes démocratiques. Pour Ànd Jëf, fondamentalement, et dans leur regard de fond, leurs camarades du PAI, du PIT et de la LD/MPT, sont des ‘’petits-bourgeois révolutionnaires’’, très modérés et très tempérés aux yeux des (jeunes) révolutionnaires d’And Jëf qui pour eux, le régime socialiste, néocolonial, anti-démocratique et de Droite, ne mérite que la subversion et le chaos pour lui arracher des libertés fondamentales. Pour les ‘’Grands’’ du PAI, du PIT et de la LD/MPT, les ‘’jeunes’’ d’Ànd Jëf, font fausse route et dansent plus vite que la musique, en ce sens que ce que la lutte pacifique et démocratique, dans la persévérance et si nécessaire en faisant des compromis au besoin, ne vous donnera pas, ce n'est pas la révolution violente et le chaos qui vous le donnera. Pour les ‘’Grands’’ du PAI, du PIT et de la LD/MPT, la tactique était celle-là contre le PS: que la Gauche devrait épouser une ligne de conduite de la fermeté sur les principes et de la souplesse sur l'accessoire, en encourageant les compromis dynamiques et en évitant les compromissions coupables. ''Maanaam ci gàttal daal, ci gis-gisu waa PAI, waa PIT ak waa LD/MPT, waa PS danga koy wër ndomb, jàpp ci ndigg li, yëkkati ko ba ci kaw, dóor ko ci suuf. Ci gis-gisu xaley Ànd Jëf ya woon, bu bëre bi yéex, danga koy dóor direkt, song ko, gal-gal ko, daan ko".
D’ailleurs, cette double incompréhension, de part et d’autre, sera l’un des facteurs bloquants pour une unité d’actions de la Gauche, pourtant tant souhaitée et tant démarchée par de bonnes volontés. Au point que le défunt camarade Sémou Pathé Gueye du PIT, parlait de ‘’terrorisme idéologique d’Ànd Jëf’’, sur les ondes de la radion Sud Fm….
Et comme la Gauche révolutionnaire est à l'image de cette partie du monde qui est le Proche-Orient, c’est-à-dire une ''terre de miracles'', c'est à la veille des années 2000, que Ànd Jëf, va changer complètement de cap, en renonçant à la subversion et au chaos et en optant pour le jeu électoral démocratique, convaincu que le PS pourrait être battu par et dans les urnes. And Jëf va appeler à un front unique de l'opposition contre le PS. Ce que finiront par accepter la LD/MPT (Ablaye Bathily), le PIT (Feu Amath Dansokho) et rejeter par la CDP Garab gui (Iba Der Thiam), l’URD (feu Djibo Ka), l’AFP (Moustapha Niass), le RTAS (Mademba Sock), le FSD/BJ (Ablaye Dièye), le PRS (Serigne Ousseynou Fall).
Ànd Jëf, entre erreur stratégique et faute politique
Au premier gouvernement de majorité présidentielle élargie, en 1991, le président Abdou Diouf, en bon ‘’Administrateur’’ et fin stratège, avait exigé dans le cadre de cette ouverture démocratique, que le PDS, le PIT et la LD/MPT (And Jëf avait décliné l’offre et refusé d'entrer dans le gouvernement socialiste), auraient chacun deux postes ministériels dont l'un est impérativement dévolu au Secrétaire général de chaque parti entrant et occupé par lui-même. Ce qui fut fait.
Avec l'alternance en 2000, quand il s'est agi de former le gouvernement, le président Ablaye Wade, n'en avait pas fait, ni mention ni priorité, de cette exigence du président Abdou Diouf en 1991 pour former son gouvernement d'ouverture. Et c'est là que Landing Savané et And Jëf vont commettre leur première erreur stratégique et faute politique. Et, en Politique, toute erreur et toute faute, se payent cash…..
Ainsi, Landing Savané, Secrétaire général d’Ànd Jëf (c’était aussi valable pour le PIT et la LD/MPT), n'aurait dû jamais accepter, himself, d'entrer dans le premier gouvernement du président Me Wade, mais de promouvoir ses cadres et de faire un repli stratégique, en regagnant son mirador du haut de sa sentinelle, pour faire le guet. Surtout le président Ablaye Wade avec qui ils (PIT, LD, And Jëf) ont désormais affaire, est un és-qualité, Maître en Politique. Première erreur stratégique et faute politique pour la Gauche sénégalaise et ses leaders.
La deuxième erreur stratégique et faute politique du PIT, de la LD et d’Ànd Jëf et de leurs leaders respectifs, c'est de ne pas avoir été solidaires avec Moustapha Niass alors Premier ministre, quand ce dernier fut chassé arbitrairement de la primature par le président Wade qui déjà en 2000, pensait à la prochaine élection présidentielle en 2007. C'était donc faire de cécité politique que de ne pas voir venir qu'après Moustapha Niass, ce sera au tour d’Abdoulaye Bathily (LD), d’Amath Dansokho (PIT) et de Landing Savané (AJ), de passer à l’échafaud de Me Wade. A moins que l'on commence à s'embourgeoiser et à se familiariser avec les douceurs du palais, avec un président Wade, si généreux et qui dégaine plus vite que son ombre.
Dans l’intervalle, le président Wade s'était rendu compte que l'expérience de l’Etat (gestion, organisation et méthodes), c’était Moustapha Niass, quand les idées et les stratégies, c'était les Landing, Bathily et Dansokho. Et voulant exister et occuper tout l'espace, tout son espace de Président de la République et Chef de l'Etat, ses alliés (Niasse, Landing, Bathily, Dansokho), sont devenus trop encombrants pour lui et pour un certain Idrissa Seck qui veut lui aussi briller au soleil. Et ce qui devait arriver arriva, avec la défenestration, un à un, de ses anciens alliés, sans qui, le président Wade ne serait jamais arrivé au pouvoir politique d'Etat.
Ànd Jëf et le ‘’copinautarisme’’
‘’Copinautarisme’’ est un néologisme formé entre ‘’copinage’’ et ‘’communautarisme’’. Beaucoup de révolutionnaires à And Jëf, pensent que leur parti ne profite qu'à un conglomérat de dix à quinze personnes, qui se partagent toujours les ‘’Cër’’ (la partie la plus dodue de la viande) et distribuent aux autres, les ‘’car’’ (les os et les côtelettes du mouton). Qui a parlé des 30 millions de FCFA que le président Wade a révélé avoir remis mensuellement pendant et sur sept ans (ce qui devrait faire un total 2 milliards 520 millions de FCFA), à Landing Savané et à Aj/Pads ? Sans rentrer dans des détails croustillants, ''ce qu'on peut retenir en définitive de cette participation de Aj/Pads à l'exercice du pouvoir, c'est qu'elle a révélé nombre de comportements malsains, de déviations opportunistes et de reniements qui ont enfoncé Aj/Pads dans une profonde crise d'identité et de perspectives qui l'a conduit à l'implosion que l'on sait''. Comme l’analyse si bien le camarade Bougouma Mbaye.
Beaucoup de révolutionnaires reprochent à Ànd Jëf/Pads, le manque de clairvoyance politique de sa direction maoïste, qui n'a pas aussi promu ses cadres, durant les sept années d'affilée que le parti a siégé au gouvernement. Tout le contraire de la LD/MPT (surtout au niveau du ministère de l'Environnement) et du PIT (au ministère de l'Habitat). Et surtout, après tant d'années passées au Ministère de l'Industrie et l'Artisanat, le camarade Landing Savané n'a laissé aucune trace en termes d'initiatives et d'actions d'envergure.
Quand on jette un coup d'oeil sur le rétroviseur, en voyant au nom de ce combat révolutionnaire pour une société nouvelle, au nom de Ànd Jëf, les morts d'hommes, les élans brisés, les vies détruites, les carrières compromises, les avenirs fauchés, les ménages volés en éclats, les familles disloquées, c'est avec peine que le mouvement révolutionnaire sénégalais voit Ànd Jëf aujourd'hui dévoyé du fait du reniement de certains de ses principaux dirigeants, perdre son âme et, avec elle, la mystique et l'espoir qu'il symbolisait dans la conscience collective de notre peuple et celle des progressistes africains.
Merci au Département Traduction des Éditions Papyrus Afrique, pour la transcription du wolof.
par Amadou Sadjo Barry
À LA CLINIQUE DE L'INDÉPENDANCE, UNE NATION GUINÉENNE AVORTÉE
Quand on voit ce que le legs de Sékou Touré a engendré, on peut s'interroger sur le sens de la commémoration du retentissant « Non ! » du 28 septembre 1958
Le Point Afrique |
Amadou Sadjo Barry |
Publication 03/10/2020
Le « Non » du 28 septembre 1958 a été un échec moral et politique, repérable à l'incapacité des leaders à préparer l'avènement d'une société émancipée de l'État colonial. En Guinée, la lutte anticoloniale, loin de s'être concrétisée dans la fondation d'une nation, a consacré le triomphe de l'esprit autoritaire sur l'esprit démocratique. Il est vrai que le Parti démocratique de Guinée (PDG) n'a pas manqué de magnifier l'idéal national, y voyant le lieu de convergence de toutes les aspirations politiques et sociales. Mais cette promotion de la nation, taillée conformément aux volontés du président Sékou Touré, a eu pour effet d'enraciner dans les pratiques politiques des relations de domination et d'exploitation.
Le refus de la singularité, la volonté de l'enrôlement idéologique
En fait, la construction nationale telle que l'envisageait le socialisme révolutionnaire de Sékou Touré a été contre l'homme dans ce qu'il a de différent et dans ce qu'il est en tant qu'être de dignité. L'idéal de la révolution refusait l'expression de la singularité humaine ; elle ne reconnaissait d'humain que ce qu'elle pouvait désigner conformément aux désirs des détenteurs du pouvoir. Ainsi, tous ces autres hommes qui opposaient un refus à l'enrôlement idéologique se voyaient retirer brutalement le droit de vivre. Cette sélection politique des hommes et ce pouvoir absolu sur la vie des autres, pouvaient-ils réellement bâtir une nation ? Comment plaider pour une convergence des aspirations, pour l'avènement de sympathies communes, alors même que toutes les manières d'être et de penser sont déterminées par la logique politique du parti-État ? Il était par nature impossible que la pensée politique de Sékou Touré accouche d'une nation. Il revient désormais à ceux qui continuent de glorifier le premier président comme un fondateur de nation d'apporter la preuve du contraire.
Un lourd héritage de Sékou Touré
S'il est une autre preuve pouvant montrer l'inexistence d'une nation guinéenne, c'est l'affirmation d'Alpha Condé, l'actuel président, lequel dit : « J'ai hérité d'un pays sans État ». Dans un entretien accordé à Jeune Afrique, il va plus loin : « Il n'y avait pas d'État en Guinée. La façon dont le pays était géré, c'était pire que le Zaïre de Mobutu… ». Il est vrai que la nation n'est pas réductible à l'existence d'un État, mais celui-ci représente une forme essentielle que prend l'organisation d'une société. En réduisant la Guinée à sa pure dimension physique de pays, les propos d'Alpha Condé témoignent en réalité de l'absence d'une société guinéenne politiquement constituée, c'est-à-dire fondée sur un contrat moral et politique qui organise la vie collective des Guinéens. Ce désordre comme trait caractéristique du pays est un héritage que nous devons avant tout à la pensée politique de Sékou Touré.
L'ordre imposé par un régime totalitaire porte en germe un chaos politique
Mais de tous les présidents guinéens, Sékou Touré est le seul qui a voulu ordonner le pays à la lumière d'une pensée politique. C'est le seul qui s'est doté d'une vision systématique du politique et qui a soumis aux exigences de cette vision toutes les dimensions de la vie humaine. Le régime totalitaire qui en a découlé imposait à la fois un ordre social et un impératif d'adhésion totale. C'est d'ailleurs pourquoi, il n'est pas rare de voir des nostalgiques de cet ancien régime regretter l'époque de Sékou Touré, malgré les pratiques tyranniques érigées en mode de gouvernance. Il ne faudrait pas donc croire que la Guinée sous Sékou Touré était désordonnée. Sauf que la particularité de l'ordre totalitaire est qu'elle repose sur l'autorité incontestée du président, liant ainsi la stabilité du pays à la longévité du chef ou à sa capacité de maintenir un contrôle exclusif du pouvoir. L'ordre qu'imposait la figure de Sékou Touré était par nature même fragile et voué à disparaître avec la mort de ce dernier. En ce sens, l'ordre que maintient un système totalitaire porte nécessairement en germe un chaos politique, humain et social auquel seront confrontés les héritiers.