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13 septembre 2025
par Ibrahima Thioye
LES GRANDES BATAILLES DES PLATEFORMES DIGITALES (1/3)
EXCLUSIF SENEPLUS - Ces champions n’ont pas seulement adopté le business model de type plateforme multiface, ils ont aussi excellé dans l’utilisation des principes inhérents à ce modèle
Comment expliquer le succès des grands acteurs de l’écosystème digital ? Qu’est-ce qui est à la source de la suprématie de Microsoft sur le marché des ordinateurs personnels ? Comment iOS et Android se sont-ils imposés comme des OS standard pour les smartphones ? Comment Google est-il devenu le moteur de recherche par défaut dans la quasi-totalité des pays ? Pourquoi Facebook s’est-il imposé comme le réseau social grand public de référence ? Sur quoi repose le succès d’Alibaba et celui de Tencent en Chine ?
Trois facteurs déterminants sont à la base de ces succès :
un business model innovant,
une vision mobilisatrice,
une orientation client.
Les entreprises leaders du digital ont, dans la plupart des cas, mis en place le business model de type plateforme multiface. Leur vision nourrit l’innovation et stimule la mobilisation constante des ressources, via des méthodes agiles, en vue de mieux exploiter l’intelligence collective. Une forte orientation client intégrant une bonne utilisation des données et un attachement viscéral à la simplification des parcours utilisateurs est au cœur de la stratégie de ces entreprises leaders.
Après un bref rappel du concept de plateforme, cet article décrit succinctement quelques caractéristiques de cette nouvelle économie des plateformes en mettant en relief le rôle joué par les géants de l’écosystème digital. La suite, consacrée aux batailles phares qui ont jalonné ces cinq dernières décennies, sera publiée dans deux articles séparés (parties 2 et 3).
Structure monoface vs Plateforme multiface
« La plateforme doit être conçue comme un business model qui permet de connecter plusieurs membres, organisations, ressources, dans le cadre d’un écosystème interactif qui permet la création et l’échange de valeur. » (1)
Une structure monoface a une maîtrise parfaite de ses chaînes de production. Elle acquiert des intrants, les assemble dans un processus de production et délivre un produit qui est souvent inséré dans des circuits de distribution (source à assemble à deliver).
Exemples de structures monoface : une entreprise de fabrication de chaussures, une entreprise de BTP, une ferme agricole.
Une plateforme multiface (ou plateforme tout simplement) n’a pas nécessairement un contrôle direct de sa production. Elle permet des interactions créatrices de valeur entre producteurs et consommateurs. Elle attire, facilite la création/livraison de valeur et assure surtout la parfaite rencontre (pull à facilitate à match).
Exemples de plateformes multifaces : un journal (mettant en liaison des lecteurs et des annonceurs), un centre commercial (reliant clients et enseignes), une carte de crédit (facilitant la transaction entre le client, la banque et le commerçant).
La gestion efficace de ce type de plateforme consiste à « faire monter à bord » intelligemment les acteurs ciblés (producteurs et consommateurs), développer les effets de réseau favorables et optimiser la satisfaction de tous les membres de cet écosystème en éliminant les frictions.
Effet de réseau : phénomène par lequel l’utilité ou la valeur dépend du nombre d’utilisateurs. « L’effet de réseau fait référence à l’impact que le nombre d’utilisateurs a sur la valeur créée pour chaque utilisateur (2)». On distingue :
l’effet de réseau direct : qui survient quand une augmentation du nombre d’utilisateurs sur une face accroît la valeur ou l’utilité pour les membres de cette face.
Exemple : le réseau téléphonique (structure monoface)
l’effet de réseau indirect : qui survient quand une augmentation du nombre d’utilisateurs sur une face accroît la valeur ou l’utilité pour les membres de l’autre face.
Exemples : carte VISA, taxi Uber…
Dans le cas de Facebook, on note des effets de réseau directs et des effets de réseau indirects.
L’effet de réseau est positif lorsque la plateforme est bien managée. Dans le cas contraire, il devient négatif. L’effet de réseau positif est la source de l’avantage concurrentiel qu’offre une plateforme. Lorsqu’il est bien exploité, l’entreprise plateforme ne laisse aucune chance à son homologue de type monoface. Sa capacité d’innovation, sa croissance et sa capacité à délivrer de la valeur suivent une progression géométrique. C’est pourquoi on les appelle aussi des organisations exponentielles.
Une économie de plateforme poussée par des mastodontes de la côte Ouest-Américaine et des géants de la côte Est chinoise
Ces plateformes ont un impact profond dans la nouvelle entreprise du 21e siècle, dans l’économie et dans la société globalement. Ces grands champions du digital sont surtout situés aux USA (sur la côte Ouest) et en Chine (sur la côte Est). Les plateformes digitales qui émergent en Chine sont très avant-gardistes. Elles enregistrent des taux de croissance importants. L’Europe en possède un nombre restreint. Elles sont toutefois quasi-inexistantes en Amérique latine et en Afrique.
Les entreprises les plus emblématiques sont désignées sous les acronymes de GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), NATU (Netflix, AirBnB, Tesla et Uber) et BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi). Les GAFAM cumulent aujourd’hui une capitalisation boursière qui s’approche des $7000 milliards, représentant près de 25 % du stock de la S&P 500, soit plus que les PIB de la France et de l’Allemagne réunis.
On retrouve des plateformes digitales dans de nombreux secteurs : Ebay (vente aux enchères), Nest (énergie), Skillshare (éducation), Instagram, LinkedIn (communication et réseau), Lending Club (finances), Upwork (services pro), etc.
Ces champions n’ont pas seulement adopté le business model de type plateforme multiface, ils ont aussi excellé dans l’utilisation des principes inhérents à ce modèle. Ils ne se sont pas uniquement limités à l’innovation sur les produits, ils ont aussi innové sur le business model, notamment dans la proposition de valeur (valeur que le business offre aux clients) et dans le réseau de valeur (ressources, partenariats, processus). Ils ont montré, pour la plupart d’entre eux, une forte résilience face à la crise sanitaire actuelle. Certains, comme Uber et AirBnB, ont été secouées par l’effondrement des voyages, au moment où d’autres profitent de cette situation (plateformes de communication à distance : TEAMS, ZOOM, MIRO etc.)
Aux USA, la plupart des acteurs du digital se sont installés dans la Silicon Valley, qui constitue un creuset d’innovations et d’émergences où l’on retrouve start-up, grandes entreprises, universités, cabinets de conseil, coaches et investisseurs.
Comment peut-on parler de ces géants sans évoquer la bande surnommée « Mafia PayPal » ? Après avoir vendu PayPal à Ebay en 2002, les dirigeants de cette structure ont tous réussi à mettre en place une ou plusieurs structures qui ont excellé sur leur marché. On peut en citer certains : Elon Musk (Tesla, Space X), Reid Hoffman (LinkedIn), Jawed Karim, Steve Chen, Chad Hurley (YouTube), Peter Thiel (Palantir), etc. Pour eux, les entrepreneurs de la Silicon Valley se distinguent essentiellement par un « mindset » incluant un esprit curieux, résilient et ambitieux.
En Chine, leurs champions opèrent dans le cadre d’une stratégie globale du pays. La Chine ambitionne de créer une route de la soie digitale (ou digital silk road), qui est un volet de leur grande initiative BRI (Belt and road initiative). Ceci s’insère dans le grand pari qui est de faire de la Chine un pays de plateformes. Le privé et l’État chinois travaillent en étroite collaboration en vue de jouer un rôle de premier plan dans la définition des standards et exporter l’infrastructure digitale.
La Chine accorde une haute priorité aux domaines suivants : le e-commerce, les paiements électroniques, le volet smart cities et le volet crédit social (gestion des données des citoyens en vue de mieux administrer la cité). Baidu, Alibaba, Tencent, Huawei et ZTE jouent un rôle important dans ces initiatives. Au cœur de tous ces programmes se trouve le déploiement de la 5G.
Ces géants du digital ont excellé dans l’exploitation des technologies exponentielles : TIC, intelligence artificielle, robotique, technologies 3D, cloud ou infinite computing, réseaux et senseurs, et nanotechnologie. Ils ont largement exploité les possibilités offertes par las technologies Big Data..
Les grandes batailles de ces cinq dernières décennies
Seront examinées, dans les deux prochains articles, douze (12) batailles qui ont eu lieu dans les six domaines suivants :
1. OS des ordinateurs personnels, OS des smartphones et le cloud,
2. Outils de navigation et moteurs de recherche sur le web,
3. Services de messagerie instantanée et médias sociaux,
4. Contenus de types musique, vidéo, jeu,
5. Services d’intermédiation pour le transport et l’hôtellerie,
6. E-commerce et outils de paiement.
Le dernier point a trait aux dilemmes des opérateurs télécoms.
Business model : ou (modèle d’affaires) décrit, de façon holistique, la façon dont un business crée de la valeur pour un marché et le répartit entre les diverses parties prenantes.
Proposition de valeur : valeur que le business offre aux clients.
Réseau de valeur : hommes, partenaires, processus sur lesquels le business s’appuie pour offrir cette proposition de valeur.
Big Data : données massives dont les caractéristiques, en termes de volume, de variété et de vélocité, requièrent des technologies de traitements assez spécifiques (dépassant la capacité d’une seule machine).
(2) Geoffrey G. Parker, Paul C. Sangeet, Marshall W. Van Alstyne, Platform revolution.
«MON AMBITION POUR LA PRESSE CULTURELLE…»
Fraîchement élu à la tête de L’APCS, notre confrère Elhadji Ndate Diop a bien voulu dérouler sa feuille de route. Dans cet entretien, il lève un coin du voile sur ses ambitions.
Fraîchement élu à la tête de L’APCS, notre confrère Elhadji Ndate Diop a bien voulu dérouler sa feuille de route. Dans cet entretien, il lève un coin du voile sur ses ambitions.
Pouvez- vous nous livrer les grandes lignes de votre feuille de route?
Ce sera la continuité dans l’action. La voie est déjà tracée par notre prédécesseur et son équipe. La présidente sortante, Oumy Regina, a débroussaillé le chemin. Il ne nous reste qu’à mettre en action, tout en essayant d’apporter une nouvelle contribution en termes d’orientation et d’ingéniosité pour valoriser davantage la culture. C’est uniquement dans cette voie que nous pourrons réussir notre mission. Et là, j’avoue que les défis sont énormes et urgents. Ainsi, notre feuille de route va tourner autour de la formation pour outiller les jeunes journalistes qui s’intéressent aux questions culturelles. Nous voulons aussi, avec cette nouvelle équipe que je dirige, étendre les tentacules de l’Apcs dans toutes les régions du Sénégal notamment dans les zones les plus reculées. Il s’agira pour nous de travailler afin d’amener les journalistes des régions à s’intéresser davantage à la chose culturelle. Nous allons aussi, avec la crédibilité et la notoriété dont bénéficie l’association, faire d’elle, au-delà de ses objectifs pour ses membres que sont les journalistes, un organe de conseil, d’orientation, d’accompagnement et de critique pour les acteurs culturels, la tutelle à savoir le ministère de la Culture et de la Communication et ses démembrements. Sur ce, je précise que nous ne pouvons pas aller sans ces derniers. Ils sont nos partenaires privilégiés particulièrement les artistes. En des termes simples, ils sont pour nous journalistes culturels, notre matière première. En somme, nous voulons faire de l’Association de la Presse Culturelle un outil indispensable dans toutes les politiques ou initiatives culturelles dans ce pays. On constate que l’Apcs est discrète au niveau de l’organisation d’événements… Discrète, c’est relatif. L’Apcs bouge et fait bouger les lignes en matière culturelle. Nous sommes certes des culturels, mais nous travaillons sans faire de bruit. En plus, pour organiser des évènements, il faut en avoir les moyens. Il y a un proverbe chinois qui dit : « Quand on a des moyens, on organise ». Mais on dispose de peu de moyens. Chaque année, nous marquons et célébrons à notre manière les événements culturels marquants. Nous n’avons pas besoin de publicité pour exister.
Les autres structures sont aussi très proches et souvent soutenues par la tutelle pourquoi pas votre association?
L’Association de la Presse Culturelle du Sénégal n’a aucun problème avec son ministère de tutelle. Nous avons de bons rapports. Avec notre crédibilité et notre respectabilité, le ministère nous associe à tout ce qu’il fait et vice et versa. Le soutien, il est aussi souvent de mise de façon spontanée surtout quand on organise. Il peut être financier, matériel ou logistique par exemple. C’est juste ça et je pense que ça doit être ainsi, car l’Apcs se veut autonome. Nous sommes ouverts à tout le monde. Nous travaillons avec tous ceux qui sont épris de culture. Mais nous voulons toujours garder notre liberté de ton. La proximité est là, nous la gérons avec une certaine distance critique. La culture est souvent le parent pauvre au niveau des rédactions.
Pensez-vous pouvoir faire bouger les choses à votre niveau?
Oui ! Comme vous le constatez, malheureusement, la culture est traitée en parent pauvre dans les rédactions. Et cela est une question qui ne date pas d’aujourd’hui. Ce qui est vraiment malheureux. C’est vrai que ça va être difficile de changer les habitudes. Raison pour laquelle nous comptons, dès les prochaines semaines, effectuer des visites dans les rédactions pour une prise de contact avec les responsables. Il s’agira de leur rappeler l’importance de la culture dans les médias. Cela afin qu’ils accordent plus de places aux actualités culturelles. Occasion aussi de discuter avec les confrères autour des enjeux et opportunités culturels afin de susciter en eux l’intérêt de parler de la culture.
Comment comptez-vous rendre plus dynamique et plus attirante l’association?
D’abord, c’est veiller à ce que sa crédibilité déjà acquise ne souffre d’aucune ambiguïté. Que l’association soit présente partout où l’objectif ou l’intérêt est la valorisation et la promotion de la culture au Sénégal, en Afrique et dans le monde. Participer à l’animation et à la vulgarisation de toutes les initiatives culturelles sous-secteur par sous-secteur. Le dynamisme et l’attrait passeront aussi par notre capacité à susciter, auprès des journalistes, plus d’engouement à adhérer à l’Apcs et à traiter des questions liées à la culture. Bref, continuer à être des passionnés de la culture, des militants et des soldats.
N’êtes-vous pas effrayé par la lourdeur de la tâche et le nombre de défis?
Lors de mon élection, j’ai dit à la presse et devant les membres du nouveau bureau, que c’est une lourde responsabilité qui nous attend. Et c’était comme vous venez de le dire en référence à la lourdeur de la mission et des nombreux défis qui nous attendent. Nous ne devons pas faire moins que l’équipe sortante. Et pour réussir ce pari, il faudrait qu’on ménage tôt notre monture. Oumy Regina et son équipe ont beaucoup fait. C’est avec elle que l’Apcs a eu sa reconnaissance juridique avec son récépissé en poche. Ce, sans compter les énormes actions menées tout au long de leur mandat. Si on y pense, c’est parfois pesant et effrayant. C’est pourquoi j’appelle les uns et les autres à faire montre d’engagement et de détermination car la mission est exaltante. Elle est loin d’être facile.
Comptez- vous rencontrer le ministre de la culture et de la communication ?
Naturellement nous allons le rencontrer. Il est notre ministre de tutelle et notre partenaire numéro un. Ne pas le rencontrer serait un crime de lèse-majesté. Le président de la République est le protecteur des Arts et des Lettres et le ministère de la Culture est en quelque sorte son bras armé dans ce domaine. C’est lui qui est chargé de traduire en action sa politique culturelle. Donc, il serait inconcevable que le nouveau bureau de l’Apcs n’associe pas le ministre à ses activités pour une prise de contact officiel et lui exposer notre feuille de route.
Quelles seront vos priorités durant votre mandat?
Massifier l’association, l’ouvrir davantage et travailler pour une visibilité plus accrue. Nous préparons notre première réunion de bureau et ce sera certainement l’occasion de définir nos priorités.
MOUSSA DIAW REVISITE SON HISTOIRE
Enseignant-chercheur en science politique, spécialiste des Relations internationales, à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, le professeur Moussa Diaw revisite son histoire dans un ouvrage intitulé : « Itinéraire et Réflexions d’un enfant du Walo
Enseignant-chercheur en science politique, spécialiste des Relations internationales, à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, le professeur Moussa Diaw revisite son histoire dans un ouvrage intitulé : « Itinéraire et Réflexions d’un enfant du Walo » et publié aux Editions l’Harmattan Sénégal, 2020.
Cet ouvrage de 222 pages, composé de 18 Chapitres est préfacé par le professeur Amadou Kah de la même université. Dans ce texte, Monsieur Diaw analyste politique, connu par les médias et sollicité pour donner des interprétations et prédictions relativement aux discours et actions des « praticiens du politique », présente et partage son itinéraire riche d’expériences mais surtout de combat pour la réussite quand on vient d’un environnement familial modeste de la région du Walo.
Dans les premiers chapitres de l’ouvrage (1-13), l’auteur revient sur ce paysage du wolo, un vivier agricole et culturel dans lequel il a baigné pour se renforcer en termes de valeurs culturelles, d’éthique et comportement qui lui ont permis de faire face à l’adversité aussi bien en poursuivant ses études dans le pays qu’à l’étranger, notamment en France. La capacité de résilience s’est adossée, de manière permanente, à ce potentiel culturel et identitaire pour ne pas dire « habitus » intériorisé dans le cadre familial afin de ne pas succomber à certain comportements déviants découverts dans les sociétés où certaines libertés sont sans limites.
Ainsi, par le courage et la force de la détermination, il parvient à réussir, avec beaucoup de modestie, tous ses diplômes jusqu’au doctorat en science politique de la Faculté de droit et de science politique de l’Université de Rennes 1, en France. Le même engouement l’anime dans la recherche d’emploi en surmontant les nombreuses difficultés structurelles et conjoncturelles aboutissant à la réalisation d’une vocation universitaire offerte par l’UGB. Cela dit, les Chapitres (14-18) qui suivent laissent place au décryptage des conflits et de la conflictualité en Afrique en insistant sur les origines, la nature interétatique, leur gestion et leur complexité, au regard des logiques endogènes et transnationales dans un monde soumis aux contraintes du système international. Sur ce point, l’auteur met l’accent sur le rôle des organisations régionales, continentales impliquées dans la recherche de paix durable sur un continent confronté à de nombreuses crises variées.
La plupart sont liées à des pratiques politiques et des dérives autoritaires des dirigeants, motivés par une gestion patrimoniales des ressources publiques et une mal gouvernance traduisant la défense d’intérêts particuliers fondés sur la conservation du pouvoir. Cela accentue les rivalités et les stratégies machiavéliques dans l’espace politique africain de manière générale.
La mondialisation au menu
L’auteur évoque aussi la mondialisation et ses effets sur les pays à faibles ressources et peu préparés à instaurer des processus d’intégration économique et monétaire afin de participer à cette dynamique mondiale, à sa régulation même si elle demeure aujourd’hui problématique, eu égard à l’impact de la pandémie du coronavirus. Les relations sino-africaines son scrutées sous le prisme de leurs particularités et de ce nouveau partenariat ouvrant des perspectives à l’insertion de l’Afrique dans les nouvelles relations internationales. Enfin, le politiste traite des crises universitaires qui ont perturbé considérablement « l’université d’excellence » dans une optique de rationalisation de la gouvernance universitaire et de la pacification des campus sociaux.
Sauf miracle, le président Macky Sall ne sera pas à Conakry, ce mardi, pour assister à la cérémonie d’investiture de son homologue Alpha Condé. Officiellement invité, Macky Sall a diplomatiquement décliné et se fera représenter par une forte délégation.
Sur fond de bilan macabre, le président Alpha Condé prêtera serment, ce mardi, et sera installé dans ses fonctions de président de la République de Guinée pour un troisième mandat juridiquement, moralement et politiquement contesté. Plusieurs chefs d’Etat africains et de gouvernements sont invités à prendre part à cette cérémonie d’investiture. Sans doute, le président Macky Sall sera l’absent le plus présent de la cérémonie. Officiellement invité, le président Macky Sall a accusé réception avant de décliner l’offre de manière diplomatique.
La prestation de serment du vieux camarade de lutte Alpha Condé coïncide avec le retour d’Abidjan du président Macky Sall qui s’était rendu sur les bords de la lagune Ebrié pour assister à la cérémonie d’investiture du président ivoirien Alassane Ouattara récemment réélu, lui aussi, dans des conditions troubles et ensanglantées. Cet octogénaire aussi a brigué et obtenu sans gloire un troisième mandat puisque les principales forces de l’opposition avaient boycotté le scrutin tandis que sa « justice » avait lancé un mandat d’arrêt contre Guillaume Soro, coupable d’avoir voulu se présenter à cette présidentielle ubuesque.
Pour en revenir à la Guinée, le président Macky Sall se fera représenter à Conakry par une forte délégation. Il faut dire que les relations personnelles entre les présidents Macky Sall et Alpha Condé ne sont plus au « beau fixe » contrairement aux deux peuples dont le brassage historique n’est plus à démontrer ! Il est vrai que le président Alpha Condé a eu à faire plusieurs déclarations où il a éructé sa haine et son état d’humeur particulier à l’endroit de son homologue et voisin Macky Sall.
Pire, l’alors président sortant Alpha Condé avait publiquement soupçonné Macky Sall de soutenir son ennemi juré, l’éternel opposant Cellou Dalein Diallo lors de cette dernière présidentielle 2020. Face aux velléités subversives de Conakry, le président Macky Sall connu pour sa sérénité, son calme et son souci du bon voisinage, a toujours laissé passer l’orage. Mieux, le président Sall n’a jamais cessé d’œuvrer pour sauvegarder les relations sur l’axe Dakar-Conakry. Mais quand il s’agit d’une « guerre » diplomatique, le président Macky Sall se donne toujours les voies et moyens de la gagner ! D’où l’acte salutaire qu’il aura, sans doute, posé de ne pas se rendre ce mardi à Conakry…
Après avoir honoré de sa présence un autre adepte du troisième mandat à tout prix, y compris celui du sang de ses compatriotes, nous voulons parler d’Alassane Dramane Ouattara !
par Birane Diop
A FATOUMATA DIAWARA
Continue à faire entendre la voix des sans grades, des inconnus, des oubliés, des femmes victimes de violences. Mais surtout, continue d’être la porte-parole d’un continent en constante mutation à l’ère de la mondialisation
Née en Côte d’ivoire de parents maliens, Fatoumata Diawara est une femme plurielle qui a les pieds bien ancrés sur le sol africain. Compositrice, comédienne, chanteuse, Fatoumata Diawara est l’une des voix les plus importantes de l’Afrique contemporaine. Une mission difficile. Mais l’enfant de Bamako l’endosse avec beaucoup d’agilité. Elle sait qu’elle fut lichée aux berges du Djoliba. Le grand fleuve Niger. Je ne peux pas parler de l’artiste aux multiples facettes qui se nourrit de rencontres et des métissages de cultures, car ouverte aux étreintes du monde. Sans être touchée par sa voix mélodieuse qui charrie calme, tendresse, beauté et humanisme. J’ai connu tardivement Fatoumata. C’était un soir d’Août 2018. Je circulais dans les rues de YouTube. Comme deux amoureux qui se rencontrent grâce à l’appel du cœur. Je suis tombé sur l’album FENFO. Un hasard ! Non. C’était écrit. J’ai nettoyé mes oreilles avec « Djonya, Nterini, Fenfo, Takamba, Mama, Kokoro, etc. ». Le morceau « Djonya » est d’une puissance rare. C’est une chanson militante qui affirme les droits de la femme, lutte contre l’excision et les mariages forcés, évoque l’eldorado qui fait rêver plein de jeunes maliens in fine africains. Ce soir estival, j’ai découvert un album sans frontières. Une musique vibrante et chaleureuse.
Dans Nterini, Fatoumata chante celles qui attendent. Ces femmes qui vivent avec beaucoup de dignité le départ de leurs mecs. Ces gens sont partis pour chercher vie et devenir ailleurs, le tout en espérant de construire des lendemains meilleurs pour leurs proches.
En effet, chaque note de FENFO est une larme de joie, une fragmentation de lumière où l’âme rejoint la beauté, au-delà des rives du grand fleuve. Cette soirée que Fatoumata m’a accueillie dans ses bras câlins, j’ai eu la certitude que le Mali est une terre d’accueil, d’hospitalité, de culture, de partage et de paix.
Depuis, en écoutant Fatoumata Diawara, je me laisse emporter par un courant de légèreté sans aucun effort. Il y’a comme un repos de l’âme dont les souffles me parviennent de la Grande mosquée de Mopti et de la bibliothèque de Tombouctou. Sa voix puissante me prend aux tripes. Fatoumata me transporte à mille lieues de ma piètre condition humaine.
En fait, la musique de Fatoumata est une ode à la vie, à l’espoir d’un avenir meilleur. Chaque mot qu’elle sort agît sur mon corps flegme. Faut le dire, Fatoumata est une déesse, une grâce. J’ai aimé le Mali avant de connaître l’artiste car nous avons une histoire commune. Nous partageons la même devise : Un Peuple, Un But, Une Foi. Nous sommes allés à l’indépendance le même jour. Le Mali est le frère jumeau du Sénégal. C’est magistralement magnifique !
Mais c’est Fatoumata qui m’a fait aimer d’un amour pur et sincère, le Mali. Ce pays, ce peuple, ses femmes et ses hommes, sa riche culture, son humanité débordante.
Fatoumata continue d’éclairer la masse des incultes. Car vous êtes une pépite lumineuse dans un monde obscur. Continue à faire entendre la voix des sans grades, des inconnus, des oubliés, des femmes victimes de violences. Mais surtout, continue d’être la porte-parole d’un continent en constante mutation à l’ère de la mondialisation. Que les ancêtres veillent sur vous.
Merci Fatoumata !
SOIXANTE-DIX NOUVEAUX CAS DE COVID-19, 80 PATIENTS GUÉRIS
Les nouveaux cas proviennent de 938 tests virologiques, avec un taux de positivité de 7,46%, a indiqué El Hadj Mamadou Ndiaye.
Dakar, 15 déc (APS) - Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a recensé 70 nouvelles contaminations de Covid-19, indique son bulletin quotidien publié mardi, selon lequel 80 patients ont été contrôlés négatifs et déclarés guéris au cours des dernières vingt-quatre heures.
Le bulletin publié par le directeur de la prévention ne fait état d’aucun décès parmi les patients.
Les nouveaux cas proviennent de 938 tests virologiques, avec un taux de positivité de 7,46%, a indiqué El Hadj Mamadou Ndiaye.
Dans le détail, 20 contacts suivis et 50 infections causées par la transmission communautaire ont été recensés, et 20 cas graves de Covid-19 sont pris en charge dans les services de réanimation des hôpitaux.
Depuis le 2 mars, 17.216 cas de Coronavirus ont été diagnostiqués au Sénégal, dont 16.243 guéris.
La pandémie de Covid-19 a fait 350 morts dans le pays, où 622 patients sont aujourd’hui sous traitement.
« LA COOPERATION ENTRE ETATS DOIT ETRE RENFORCEE AU NIVEAU DES TROIS CANDIDATURES»
Matar Ba indique que le rôle de l’Etat est fondamental dans la campagne qui sera menée pour cette élection à la Caf
Matar Ba travaille pour une candidature ouest-africaine à la prochaine élection du président de la Caf du 12 mars prochain. Invité sur le plateau de la TFM « Sport à la Une », le ministre des Sports révèle avoir déjà eu un entretien avec son homologue mauritanien en vue d’accompagner le meilleur candidat à la tête de l’instance africaine.
«L’intelligence voudrait que nous qui sommes en Afrique de l’Ouest qu’on l’ait. Que ce soit la Côte d’Ivoire ou la Mauritanie, ce sont des pays frères avec qui nous avons d’excellentes relations. Ce n’est pas une candidature à la Caf qui va nous diviser.
L’essentiel est d’accompagner le meilleur candidat et cela c’est un processus. On attend la validation des candidatures et on verra ensuite le reste. La coopération entre Etats doit être renforcée au niveau des trois candidatures et aller vers l’essentiel », a-t-il déclaré. Le président de la Fédération sénégalaise de football Augustin Senghor ne ferme d’ailleurs pas la porte à cette éventualité et s’est déjà dit ouvert à une candidature unique de l’Afrique de l’Ouest, pour les Elections à la CAF.
Dans cette zone, il est actuellement en concurrence avec le Mauritanien Ahmed Yahya, et l’Ivoirien Jacques Anouma. Matar Ba indique que le rôle de l’Etat est fondamental dans la campagne qui sera menée pour cette élection. «Le candidat Me Augustin Senghor est devant et travaille avec l’Etat. Les fédérations sportives sont autonomes. La campagne ne se mène pas au niveau des chefs d’Etat. Ce n’est pas la première fois que l’on participe à une élection. L’Etat est en train de faire ce qu’il doit faire. Le président de notre fédération est candidat. L’Etat est d’accord et le soutient.
Le président de la République l’a reçu et la diplomatie est actionnée. Maintenant le reste c’est au niveau du président de la fédération sénégalaise de football et de son staff de faire le tour des présidents de Fédérations africaines. Les moyens ne peuvent pas manquer à un président de fédération candidat. Il y a aussi l’Etat qui permet de se déplacer. Nous avons les moyens de notre ambition », indique-t-il, avant d’ajouter : « Maintenant le reste est une question de stratégie. La mobilisation des ministres des Sports, des personnalités sénégalaises qui peuvent influencer positivement et accompagner la candidature, ils le feront. Mais ce lui qui va coacher tout cela, c’est le président Augustin Senghor. Tout doit être coordonné. C’est une équipe sénégalaise qui va travailler en toute intelligence pour accompagner ».
387 JOURNALISTES ENCORE EN DETENTION EN 2020
L’année 2020 n’a pas été de tout repos pour les professionnels des médias, dans l’exercice de leur métier, à travers le monde
L’année 2020 n’a pas été de tout repos pour les professionnels des médias, dans l’exercice de leur métier, à travers le monde. Selon le Rapport 2020 de Reporters sans frontières (RSF), publié hier, lundi 14 décembre, un nombre élevé de journalistes est encore en détention en cette fin 2020 : ils sont 387 en prison, 54 retenus en otage et 4 portés disparus au cours de l’année.
Alors que l’année 2020 tire à sa fin, l’ONG Reporters sans frontières (RSF) dénombre un nombre élevé de journalistes en détention. Dans son Rapport publié hier, lundi 14 décembre, RSF déplore 387 détenus, 54 retenus en otage et 4 portés disparus au cours de l’année. Un bilan qui avoisine celui de 2019 où ils étaient 389 journalistes emprisonnés et dépasse celui de 2015 avec 328 journalistes écroués.
RSF qui précise que ce décompte inclut les journalistes professionnels et non professionnels dont des femmes journalistes, souligne que leur nombre est en augmentation de 35%, rapporte Emedia. «L’année 2020 a permis la libération de détenues emblématiques, comme la célèbre journaliste et militante des droits humains iranienne, Narges Mohammadi, mais a aussi vu 17 autres femmes journalistes jetées derrière les barreaux, dont 4 au Bélarus, qui connaît une répression sans précédent depuis l’élection présidentielle controversée du 9 août 2020, 4 en Iran et 2 en Chine, où la répression s’est renforcée avec la crise sanitaire, ainsi que 3 en Egypte, 2 au Cambodge et 1 au Vietnam et 1 au Guatemala», note la source.
Covid-19 et multiplication par trois du nombre d’arrestations de journalistes, en Afrique subsaharienne, en trois mois
Et comme si cela ne suffisait pas, la pandémie de Covid-19 a eu un impact sur le nombre de journalistes incarcérés au cours de l’année. Alors que les appels se sont multipliés pour demander la libération d’urgence des prisonniers d’opinion, dont les journalistes, afin qu’ils ne soient pas exposés au coronavirus en prison, la crise sanitaire a, au contraire suscité, un nombre d’incarcérations supplémentaires : 14 journalistes, arrêtés dans le cadre de leur couverture de la Covid-19, sont toujours en prison à ce jour.
Et, par régions, le Rapport de RSF souligne que l’Afrique connaît trois fois plus d’arrestations en trois mois. Bref, il y a eu une multiplication par trois du nombre d’arrestations de journalistes, en Afrique subsaharienne, entre le 15 mars et le 15 mai 2020, par rapport à la même période l’année précédente. Ce qui fait en tout, que 40 arrestations en lien avec la couverture de l’épidémie ont été recensées entre début mars et fin novembre. Au Zimbabwe, le journaliste d’investigation Hopewell Chin’ono a passé près d’un mois et demi derrière les barreaux après avoir contribué à révéler des détournements de fonds publics en lien avec l’achat de matériel destiné à lutter contre le coronavirus. Parmi les détenus, RSF liste son correspondant en Algérie, Khaled Drareni, qui collabore également avec TV5 Monde.
Chine, Égypte, Arabie Saoudite, Vietnam et Syrie, le quinte des plus grandes prisons pour journalistes
Dans le reste du monde, l’ONG internationale de défense des droits des professionnels des médias révèle 61% des journalistes détenus à travers le monde, soit plus de la moitié, le sont dans seulement cinq pays. Ainsi, pour la deuxième année consécutive, la Chine, l’Egypte, l’Arabie Saoudite, le Vietnam et la Syrie forment le quinté des plus grandes prisons pour les journalistes au monde. De son côté aussi, la Chine a très largement censuré les critiques de sa gestion de la crise sanitaire sur les réseaux sociaux du pays. Conséquence, au moins 7 journalistes, lanceurs d’alerte ou commentateurs politiques influents, arrêtés pour leur travail sur la pandémie de Covid-19, sont toujours détenus. Parmi eux, Cai Wei et Chen Mei, deux journalistes non professionnels. La répression du régime de Pékin ne s’arrête pas qu’aux seuls journalistes nationaux. Une journaliste australienne d’origine chinoise, Cheng Lei, travaillant pour un média chinois, est détenue au secret, sans motif officiel depuis le 14 août 2020. L’éditeur de livres d’enquêtes journalistiques Gui Minhai, un citoyen suédois basé à Hong Kong, enlevé en Thaïlande en 2015, a pour sa part été condamné à 10 ans de prison en février 2020 pour «fourniture illégale de renseignements à des pays étrangers».
AMADOU HOTT RENVOYÉ À SES DONNÉES
La dernière sortie du ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération réfutant le caractère extraverti de l’économie sénégalaise est fortement contestée par les économistes Meissa Babou et Demba Moussa Dembélé
La dernière sortie du ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération réfutant le caractère extraverti de l’économie Sénégalaise est fortement contestée par les économistes Meissa Babou, enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) et Demba Moussa Dembélé, président de l'Africaine de recherche et coopération pour l'appui au développement endogène (Arcade). Ils estiment que les choix sont extravertis tout comme les politiques économiques.
Le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott, face aux députés le 28 novembre dernier en session budgétaire, soutenait de manière formelle que «Notre économie n’est pas extravertie comme on le décrit». Certes, poursuivait-il devant la représentation parlementaire, «nous obtenons des financements bilatéraux à travers Exim Bank qui exigent que 40% soient exécutés par leurs entreprises», en l’occurrence les entreprises étrangères. Sous ce rapport, le ministre ajoutait : «Nous n’avons pas le choix, si nous voulons leurs investissements. Et c’est ce qui se passe souvent, soit on laisse pour ne pas avoir Ila Touba, pas d’autoroute Mbour-Kaolack, pas de route des Niayes… Mais, nous leur exigeons que nos entreprises locales participent en tant que co-contractant et quelquefois en qualité de sous-traitant à la hauteur des entreprises étrangères. C’est ça, la réalité», argumentait le ministre. Et le 7 décembre dernier dans les mêmes travers, il assurait également que «l’économie sénégalaise n’est nullement contrôlée par un secteur privé étranger», arguant que 74% des entreprises ayant un chiffre d’affaires de plus de 1 milliard de francs CFA sont détenues par les opérateurs économiques locaux».
Se voulant encore plus convaincant, Amadou Hott relevait : «Les entreprises étrangères représentent 26% du secteur privé sénégalais et paient plus de 400 milliards de francs CFA à l’Etat du Sénégal par an, en guise d’impôts et des taxes. Et ce montant n’inclut pas les salaires et les cotisations sociales dont bénéficient les employés des entreprises étrangères».
Argumentaire non valide
Cette sortie du ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération ne reçoit toutefois pas la caution de certains économistes qui battent en brèche l’argumentaire du ministre qui, pour eux, ne tient pas la roue. Déconstruisant le discours du ministre Hott, l’économiste Meissa Babou, enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, souligne entre autres remarques, pour lever toute équivoque, l’amalgame consistant à ne pas faire la différence entre des sociétés nationales et des sociétés de capitaux étrangers mais de droit sénégalais et de l’autre côté le code des investissements sénégalais largement favorable aux investisseurs étrangers, leur permettant de capter les grands marchés de l’Etat si ce ne sont des offres spontanées qui profitent au privé national», fait-t-il distinguer. A ses yeux, si l’on fait la revue des grands investissements de l’Etat depuis 2012, on peut apercevoir un fort impact économique des marchés du Bâtiment et travaux publics de l’Etat (Btp), captés par le privé étranger.
Pour s’en convaincre, il liste entre autres grands marchés «les visas biométriques avec l’homme d’affaires et politique ivoirien Adama Bictogo qui, suite à la résiliation à l’amiable du contrat qui les liait depuis février 2013, a chopé environ 14 milliards de francs CFA, l’Université Amadou-Mahtar MBow de Diamniadio avec le même homme d’affaires qui a empoché plus de 30 milliards pour rien du tout, l’arène nationale de Pikine construite dans le cadre de la coopération Chine Afrique, le Centre de conférence international Abdou Diouf à Diamniadio avec les Turcs, le garage de pompiers avec les Marocains à coût de milliards, l’autoroute Ila Touba avec les Chinois, Dakar aréna, le Train express régional (Ter), les ponts de l’émergence, le Bus rapid transit à Dakar (Brt)». Vus sous cet angle, «les choix sont extravertis», constate pour s’en désoler l’économiste. Sous l’angle du tissu économique sénégalais, le schéma est identique.
A ce propos, ajoutera-t-il : «Si l’on regarde le tissu économique sénégalais, on se rend compte que les Industries chimiques du Sénégalais (Ics) sont indiennes, le ciment est partagé entre les Français et le Nigérian Aliko Dangote, la téléphonie (Orange, Free) entre les mains des Français, et Expresso (Soudanais), les banques étrangères et la gestion de l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd) qui nous échappent».
Relativement à l’obtention des crédits aux entreprises nationales, il note un difficile accès aux crédits de ces banques mais également de la part de l’Etat banque, contrairement aux sociétés étrangères qui sont soutenues par leur Etat. Tout cela «montre à suffisance que les Sénégalais sont en rade par rapport à leur propre économie», déplore-t-il. Aujourd’hui, poursuit-il «le commerce est partagé entre les Chinois qui inondent le marché en produits de tout genre et les Français avec l’agroalimentaire dans les grandes surfaces». Bref, dira-til: «Nous sommes des seconds couteaux». Par conséquent, «le ministre doit comprendre qu’il s’agit aussi de l’occupation de notre espace économique», estime-t-il.
Les sociétés nationales jouent un rôle très faible dans l’économie
Dans le même ordre d’idées, l’économiste Demba Moussa Dembélé et non moins président de l'Africaine de recherche et coopération pour l'appui au développement endogène (Arcade) relèvera d’abord ce que l’on peut retenir d’une économie extravertie pour dérouler son raisonnement : «C'est une économie dont l'essentiel de sa production locale est exportée pour pouvoir importer des produits manufacturiers afin de satisfaire les besoins… ». Il cite entre autres les activités économiques à forte présence étrangère et d’un impact économique considérable, largement occupées par le privé étranger, à l’image du secteur «des Btp, de la téléphonie, des ressources minières, extractives et halieutiques, de l’eau, le Port autonome de Dakar…». Donc, ajoute-t-il: «Dépendance par rapport au marché extérieur du point de vue des exportations de nos produits, dépendance de notre marché du point de vue du financement notamment avec le recours aux eurobonds (euroobligation), dépendance dans les assurances, les transports, l’énergie…».
Bref, «tous ces contrats ficelés avec les entreprises étrangères bénéficient de grandes largesses du pouvoir en place, notamment les Investissements directs étrangers (Ide) et qui ne rapportent pas grand-chose à l’Etat», déplore-t-il. A cette désarticulation de l’économie notoire, il s’ajoute que «L’utilisation du franc CFA pour les pays comme le Sénégal renforce le caractère extraverti de notre économie», souligne-t-il. Parce que «notre politique monétaire est dictée par l’extérieur. Elle est calquée sur la politique de la Banque centrale européenne à cause du taux de change fixe et des garanties de la France. Ensuite, notre politique économique est dictée par les institutions de Bretton Woods (Banque Mondiale, Fonds monétaire international (Fmi)». Donc, conclut-il, «nos choix de politique économique sont orientés. D’où le caractère extraverti de notre économie».
MACKY VEUT CONTOURNER LE SUFFRAGE DES ELECTEURS
La sortie d’Oumar Gueye sur la disparition des 5 villes du pays pour laisser la place aux «départements et communes» remet au goût du jour le débat sur l’obstination du président à exercer par tous les moyens son contrôle sur certaines collectivités
La disparition des 5 villes du pays pour laisser la place aux « départements et communes comme le stipule l’article 1 du Code général des collectivités locales » annoncée par le ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des territoires pourrait être la fin d’une longue visée du régime en place à l’endroit de certaines grandes villes à l’image de Dakar. En effet, après plusieurs tentatives soldées par des échecs, le pouvoir en place ne cache plus son intention de modifier les règles dans le choix des dirigeants de villes afin de pouvoir ainsi exercer son contrôle sur la capitale sans passer par la voie électorale.
La sortie du ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des territoires sur la disparition des 5 villes du pays pour laisser la place aux « départements et communes comme le stipule l’article 1 du Code général des collectivités locales » remet au goût du jour le débat sur l’obstination du chef de l’Etat actuel, Macky Sall, à exercer par tous les moyens légitimes ou illégitimes son contrôle sur certaines grandes collectivités territoriales. Entamée depuis 2012, au lendemain de son accession au pouvoir, cette bataille du président Sall pour le contrôle des grandes villes qui semble dans sa dernière phase avec cette option de suppression pure et simple de la carte de la gouvernance locale des villes pourtant prévues par l’article 167 de la Loi n° 2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des Collectivités locales, s’est déroulée sur plusieurs étapes.
Dépouillement des compétences des villes par l’acte 3 de la décentration
Arrivé au pouvoir en 2012, l’actuel chef de l’Etat nonobstant son engagement pour une rupture dans la gouvernance des affaires publiques affirmée à plusieurs reprises, n’a pas pu résister à la tentation de contrôler politiquement les grandes agglomérations du pays. Ainsi, en 2013, alors que les élections locales devant permettre le renouvellement des mandats des élus locaux (présidents de conseils régionaux, maires et présidents de communautés rurales) étaient prévues en 2014, il a initié la réforme de l’Acte 3 de la décentralisation dont la loi a été adoptée en procédure d’urgence à l’Assemblée nationale. Cependant, il faut dire qu’au-delà de la suppression de la région et l’érection du département en collectivité territoriale ainsi que la communalisation intégrale, cette réforme s’est traduite sur le terrain par le dépouillement des compétences des villes au profit des nouvelles communes de pleins exercices. Une situation qui a causé beaucoup de difficultés aux nouveaux maires des anciennes communes d’arrondissement et ex-communautés rurales qui ont vu leurs domaines de compétences élargies avec de nouvelles charges sans que cela ne soit accompagné par des moyens financiers. Du côté des villes comme Dakar d’un budget estimé environ à 70 milliards FCFA, la difficulté se situe plutôt au niveau de l’absence de domaines où injecter cette manne financière. Il a fallu donc passer par une mutualisation pour permettre à la ville d’être à nouveau en contact avec la population.
L’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar
La procédure judiciaire relative à la gestion de la caisse d’avance de la ville de Dakar et qui a abouti à la condamnation puis la destitution de Khalifa Ababacar Sall de ses mandats de député-maire de Dakar s’inscrit également dans le cadre de cette bataille pour le contrôle des grandes villes initiée par l’actuel de l’exécutif sénégalais. En effet, visiblement très préoccupé par le risque d’être le premier président de la République qui, durant son magistère, n’a pas gagné la capitale dont l’électorat est acquis à la cause de Khalifa Ababacar Sall, lequel a infligé une défaite mémorable au camp présidentiel lors des locales de 2014, le président Sall, après cet échec au plan politique, va tout simplement déplacer sa bataille sur le plan juridique. Accusé de détournement de deniers publics et d’association de malfaiteurs portant sur un montant de 1,8 milliard de francs CFA, Khalifa Sall avec six de ses collaborateurs ont été placés sous mandat de dépôt et envoyés à la prison de Rebeuss. Toutefois, il faut dire que derrière cette procédure initiée officiellement sur la base d’un rapport de l’Inspection général d’Etat (Ige), se cache une bataille autour d’un conflit d’agenda politique entre d’une part, Khalifa Ababacar Sall et ses partisans socialistes qui prônent la fin du compagnonnage avec le président Sall et une candidature socialiste à la présidentielle de 2019, et d’autre part, l’ancien Secrétaire général du Parti socialiste feu Ousmane Tanor Dieng proche du président Sall.
La bataille autour du statut de la ville de Dakar et son maire
La bataille autour du contrôle de certaines grandes agglomérations initiée par le régime en place ne s’est pas seulement arrêtée à l’adoption de la Loi sur l’Acte 3 de la décentralisation ou encore la procédure judiciaire visant la gestion de la caisse d’avance de la ville de Dakar par Khalifa Sall. Entre 2013 et 2020, le régime en place a tenté plusieurs manœuvres pour asseoir son contrôle dans les grandes villes sans passer par le suffrage universel. Il en est ainsi entre autres des propositions de doter ces villes de statut spécial ou encore de nommer le maire de la ville de Dakar par décret présidentiel. La dernière tentative remonte au mois de février 2020 dernier dans le cadre des travaux de la Commission cellulaire du dialogue politique sous l’égide du général à la retraite, Mamadou Niang. En effet, les représentants du pôle de la majorité avaient demandé l’inscription de la question de statut spécial de la ville de Dakar au menu des discussions. Une proposition que les autres acteurs du dialogue politique (pôles de l’opposition et des Non-alignés de même que la société civile) avait catégoriquement rejetée.
Auparavant, c’est Aminata Mbengue Ndiaye, présidente du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT) et Secrétaire général du Parti socialiste qui était montée au créneau pour faire ce plaidoyer. Présidant la cérémonie d’ouverture de la session ordinaire de l’année 2020 du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) placée sous le thème : « L’équité territoriale » le vendredi 7 février 2020 dernier, Aminata Mbengue Ndiaye a demandé un «statut particulier» pour Dakar. Pour justifier sa proposition, l’ancienne mairesse de Louga indiquait avoir constaté que le statut de la ville de Dakar n’a pas évolué alors que «des villes-capitales politiques et économiques comme Yaoundé, Yamoussoukro, Douala, Lagos disposent d’un statut particulier à la hauteur de leur taille et à la dimension de leurs ambitions». Cette sortie qui intervenait quelques jours seulement après la proposition de nomination par décret présidentiel du maire de Dakar de l’ancien bras de droit de Karim Wade, Dr Cheikh Diallo, avait suscité un tollé à tel point que le porte-parole adjoint du parti au pouvoir, l’Alliance pour la République (Apr), fût obligé de monter au créneau pour préciser que cette proposition « n’émane pas du pouvoir » et que « Cela n’engage que Aminata Mbengue Ndiaye ».
En effet, invité à l’émission Grand jury de la Radio futur média (Rfm) du dimanche 10 novembre 2019 dernier, Dr Cheikh Diallo avait laissé entendre que « le maire de la Ville de Dakar ne doit pas être élu, mais nommé par décret présidentiel. Il faut une gestion municipale sous tutelle de l’État en osmose avec le gouvernement au profit des Dakarois. Ce, pour éviter les conflits d’intérêt ». Une proposition qui avait suscité des réactions hostiles au-delà de la sphère politique.