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12 septembre 2025
par Nioxor Tine
MULTIPLE PHOTOS
COMMENT ENDIGUER LA DEUXIÈME VAGUE DE COVID-19 ?
Il serait pertinent de revoir les directives limitant les tests de dépistage aux seuls patients présentant des symptômes et à ceux asymptomatiques mais jugés vulnérables. L’engagement communautaire, qui ne doit plus être ponctuel et épisodique
Lors de la rencontre du 24 novembre dernier entre le gouvernement et la presse, le ministre de la Santé évoquait les excellents résultats obtenus dans la gestion de la pandémie de Covid-19, qu’il mettait sur le compte de leur stratégie de riposte. À la fin de cette même semaine, le nombre de cas positifs connaissait un rebond significatif passant de 80 à 193 cas.
Cet exemple est emblématique de la communication gouvernementale, qui se complait, beaucoup trop souvent, dans l’autoglorification. En se targuant d’être des champions attitrés de la lutte anti-covid, le gouvernement tentait de faire croire à l’opinion, que la décrue de la pandémie résultait de leurs seuls efforts.
Cette façon de faire ne facilite pas l’instauration d’une démarche participative et pédagogique, qui implique la nécessité d’appeler les populations à la vigilance, seule à même de responsabiliser les citoyens et d’adapter la communication aux risques toujours possibles de rebond ou de deuxième vague.
L’évolution de la pandémie dans notre pays a été marquée par plusieurs paradoxes. Même si le pic de 987 cas est survenu, deux semaines après la Tabaski, dans la semaine du 10 au 16 août 2020, l’augmentation attendue du nombre de cas a été moins importante que prévue. Ensuite, on a assisté à une baisse graduelle du nombre de cas positifs – également observée dans plusieurs pays africains - jusqu’à des valeurs plancher correspondant à une moyenne hebdomadaire autour de 80 cas, du 26 octobre au 22 novembre derniers.
C’est durant les trois derniers jours de novembre qu’on a observé une brusque remontée du nombre de cas, nous ramenant au niveau de la fin Août, avec plus de 400 cas hebdomadaires.
De la même manière que les experts épidémiologistes n’avaient pu décrypter cette tendance baissière, qui semblait inexorable et avait même pu résister au Grand Magal de Touba, les causes du rebond actuel demeurent encore inconnues. Certes, nos autorités ont pris la mauvaise habitude de se défausser sur les populations, trop rapidement accusées de manque de compliance des populations avec les mesures de prévention.
Il ne fait aucun doute qu’il y a eu un net relâchement de nos concitoyens, dont la plupart avaient cessé de porter des masques de protection, pratiquant de moins en moins le lavage des mains et ayant renoué avec les grands rassemblements, allant des simples cérémonies familiales aux anniversaires de formations politiques...
Cela n’en dédouane pas, pour autant nos décideurs, auxquels on peut reprocher certaines erreurs. Pour éviter l’installation, dans notre pays, d’une deuxième vague, qui serait fatale à nos économies chancelantes, il urge d’apporter des correctifs concernant le dépistage, l’engagement communautaire, le communication, la résilience du système sanitaire...
Il serait judicieux de profiter de la baisse du nombre de cas pour adopter une stratégie de dépistage permettant d’avoir une meilleure visibilité de la pandémie. Le but visé est d’identifier tous les cas positifs index et secondaires (même chez les asymptomatiques) et de les isoler en vue de ralentir la propagation du coronavirus.
Grâce aux nouveaux tests (antigéniques, salivaires, rapides), il y a de nouvelles opportunités pour corriger et renforcer la stratégie du test – track – treat. À ce propos, il serait pertinent de revoir les directives limitant les tests de dépistage aux seuls patients présentant des symptômes et à ceux asymptomatiques mais jugés vulnérables (âge supérieur à 50 ans et/ou présence de comorbidités). De même, il est plus que temps de diffuser les résultats de l’enquête de séroprévalence, qui se font toujours désirer.
Sur le plan de la gouvernance, le Parlement doit prendre son rôle d’évaluation des politiques publiques plus au sérieux, car beaucoup trop de zones d’ombre persistent sur la gestion du fonds Force Covid-19, durant la première vague. Il y a même eu des refus manifestes de reddition de comptes de la part de certains ministres proches du président de la République, qui au lieu d’être sanctionnés ont été subrepticement promus à d’autres stations gouvernementales plus juteuses.
Le système sanitaire déjà rudement éprouvé par la première vague de la pandémie se trouve dans une situation de vulnérabilité accrue. Même s’il faut se féliciter du plan d’investissement récemment élaboré par le gouvernement sénégalais, il faudrait faire droit à l’exigence, de procéder, le plus vite possible à des investissements plus importants et à et des réformes adéquates du système sanitaire.
Parmi celles ci, figure en bonne place la perennisation de l’engagement communautaire, qui ne doit plus être ponctuel et épisodique mais durable et devenir une composante incontournable de l’action sanitaire globale.
La maîtrise de la pandémie de Covid-19 ne passera pas par les seuls vaccins récemment découverts, eux-mêmes, objet de tant de controverses et de rumeurs. Une sortie heureuse à cette crise sanitaire (et des prochaines à venir) passera obligatoirement par une communication véridique résultant de rapports de confiance entre les élites et les masses populaires, reposant sur une rupture radicale avec les styles de gouvernance calamiteux et obsolètes jusque-là en vigueur.
QUE VAUT FINALEMENT LE DIALOGUE NATIONAL ?
Tout marche comme si les questions électorales étaient les seules constantes dans ce pays. Sur huit commissions créées lors de l’installation du comité de pilotage le 26 décembre 2019, une seule fonctionne normalement
L’histoire semble donner raison à ceux qui doutaient de la sincérité de l’appel au dialogue national lancé par le chef de l’Etat, n’hésitant pas, à l’époque, à le présenter comme un leurre. D’autant que sur les huit commissions existantes, une seule a fonctionné normalement jusque-là.
Tout marche comme si les questions électorales étaient les seules constantes dans ce pays. Sur huit commissions créées lors de l’installation du Comité de Pilotage du Dialogue National le 26 décembre 2019, une seule fonctionne normalement. Or, le but ultime était de faire converger la synergie des forces vives du pays autour de consensus forts sur la voie du développement économique et social durable, pour un Sénégal prospère, uni et stable. Encore que tous les points posés sur la table des concertations politiques n’ont pas été vidés. Toujours est-il que la commission politique est largement en avance sur les autres qui ont cessé de fonctionner avec l’apparition de la Covid-19. On a l’impression que les échéances électorales comptent plus que la gestion du pétrole et du gaz tout comme la gouvernance foncière, la question de l’emploi, la protection de l’environnement, entre autres sujets. L’on se demande s’il y a une réelle volonté de relancer les travaux des autres commissions. Tout porte à croire que le chef de l’Etat, le seul apparemment à pouvoir faire bouger les lignes, préfère laisser les choses en l’état, dans l’incertitude totale.
En effet, la pandémie de Covid19 ne pourrait être invoquée pour justifier cette léthargie. «Toutes les administrations et tous les services de l’Etat essayent de vivre avec ce virus-là. Aussi, il n’y a pas de raison que la commission politique puisse continuer son travail depuis tout ce temps et que les autres commissions soient dans la léthargie la plus totale», s’est désolé Déthié Faye du pôle des non-alignés de la commission politique du dialogue national, joint par «L’As».
Poursuivant, il rappelle que des instructions avaient été données pour qu’à partir du 19 août dernier, toutes les commissions reprennent les travaux. «Nous ne savons pas exactement ce qui est à la base du blocage alors que l’opinion s’attend à ce que ces commissions abordent des questions extrêmement importantes pour le devenir du pays ; qu’elles puissent terminer leur travail et que cela ne finisse pas en queue de poisson», indique-t-il. Déthié Faye renseigne que le président de la République avait pris un décret pour proroger de trois mois le travail des commissions. Malgré cela, ajoute-t-il, les sept commissions en question n’ont pas été convoquées.
DETHIE FAYE : «IL REVIENT AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DE REDEMARRER LA MACHINE»
Face à cette situation de blocage et l’inertie du chef de l’Etat, on se demande s’il était véritablement sincère dans son appel au Dialogue national. «Je ne pourrais pas le dire. Mais si c’était ça, ce serait vraiment regrettable. Parce que les thèmes qui sont abordés par les autres commissions sont des questions extrêmement importantes pour le devenir du pays.
Par conséquent, on ne peut pas se soucier du développement du Sénégal et ne pas accorder une importance majeure aux travaux de ces commissions. C’est la raison pour laquelle, en attendant de connaître les raisons profondes du blocage, je continue à insister sur la nécessité pour le président de la République de prendre l’initiative de relancer les travaux de ces sept commissions», a indiqué Déthié Faye. Il estime, en tout état de cause, qu’il ne doit pas exister un blocage persistant parce que c’est le président de la République qui a mis en place le Comité de pilotage et pris un décret pour la composition. «S’il y a un blocage, il lui revient de prendre les mesures et les initiatives qui sont de nature à faire redémarrer la machine. Et il suffirait pour ça que les problèmes soient identifiés et qu’il y ait une solution qui va satisfaire tout le monde. Je pense que cela ne doit pas poser un problème et que le président de la République devrait régler cela avec le président du Comité de pilotage», affirme le coordonnateur du pôle des non-alignés de la commission politique du Dialogue national.
A noter qu’en plus de la commission politique, il y a les commissions sur les ressources naturelles ; sur l’économie et le social ; sur la décentralisation ; sur l’administration et la lutte contre la corruption ; sur l’environnement ; sur la sécurité ; et sur la synthèse. Cette dernière est chargée de regrouper les travaux de toutes les commissions et d’en faire une synthèse.
DEUX MBACKE-MBACKE GRUGENT LEUR TALIBE A HAUTEUR DE 54 MILLIONS
De nos jours, tous les moyens sont bons pour s’enrichir. Serigne Saliou Mbacké dit Djily Bousso et Serigne Moustapha Mbacké ne vont pas dire le contraire.
De nos jours, tous les moyens sont bons pour s’enrichir. Serigne Saliou Mbacké dit Djily Bousso et Serigne Moustapha Mbacké ne vont pas dire le contraire. Pour avoir usé des pouvoirs mystiques, ils ont reçu de la part de Moustahine Ndongo la somme de 53 millions Fcfa. La victime soutient que son marabout lui avait promis d’être riche comme Crésus. Poursuivis pour association de malfaiteurs, escroquerie et charlatanisme, les mis en cause ont écopé deux ans dont 3 mois de prison ferme. Ils devront payer 30 millions FCFA à Moustahine Ndongo, toutefois le plaignant Ousmane Samb a été débouté.
Tout a commencé le jour où Moustahine Ndongo a prêté à Ousmane Samb la somme de 6 millions Fcfa. Lorsqu’il a voulu récupérer son argent, Ousmane Samb l’a mis en rapport avec Serigne Moustapha Mbacké. Ce qui sera le début de tous ses problèmes. Ce dernier lui a prédit son avenir avant de le recommander auprès de Serigne Saliou Mbacké dit Djily Bousso qui lui fixe un rendez-vous à Mermoz. Dès l’arrivée de Moustahine Ndongo, le Mbacké-Mbacké lui a montré une valise pleine d’argent, tout en promettant de le rendre riche comme Crésus. Pour cela, le sieur Ndongo devait faire des offrandes. Sans se douter de rien, il s’est exécuté en lui remettant 7 moutons, 14 bœufs, la somme de 22 millions Fcfa, 80 grammes d’or, etc…
De fil en aiguille, M. Ndongo a remis à son marabout la rondelette somme de 54 millions Fcfa. Se rendant trop tard qu’il a été roulé dans la farine, il a déposé une plainte contre ses bourreaux. Serigne Saliou Mbacké, Serigne Moustapha Mbacké et Abass Niang sont aussitôt arrêtés. Comparaissant hier à la barre du Tribunal de Grande Instance de Dakar pour association de malfaiteurs, escroquerie et charlatanisme, les prévenus ont totalement nié les faits. Premier à être entendu, Serigne Saliou Mbacké affirme qu’il a accompli sa part du marché. Agé de 43 ans, il déclare : «Moustahine Ndongo m’a appelé pour parler de ses difficultés financières. Il m’a demandé à l’aider pour qu’il sorte de cette mauvaise passe. Il m’a fait savoir qu’il risquait d’être arrêté par la police si je ne lui venais pas en aide. Après consultation mystique, je lui ai demandé en guise d’offrande 8 bœufs, 80 grammes d’or, 4 porcs et 14 chameaux. Il devait me payer 6 millions Fcfa. Cependant, il ne m’a jamais remis 54 millions Fcfa».
Son acolyte Serigne Moustapha Mbacké, qui a fêté ses 31 ans, prétend qu’il a mis le plaignant en rapport avec Serigne Saliou Mbacké pour qu’il lui fasse des prières. A la suite, il jure qu’il n’a jamais reçu de l’argent en mains propres de la part de Moustahine Ndongo. Mais, il a appris que la somme de 2,5 millions Fcfa a été remise à Serigne Saliou Mbacké. N’ayant servi que d’intermédiaire dans cette affaire, il soutient néanmoins qu’il a fait un travail mystique pour le compte d’Ousmane Samb. Abass Niang, lui, a indiqué qu’il se trouvait chez Serigne Saliou Mbacké pour des prières. «J’ai été trouvé sur place par les enquêteurs alors que je m’apprêtais à partir» , s’est-il défendu.
LA VICTIME : J’AI ACHETE PARFUMS, ENCENS, BOUGIES, MOUTONS, PORCS, CHAMEAUX, BŒUFS ET OR A DES MILLIONS»
Devant le prétoire, le plaignant a soutenu qu’il ne savait pas ce qui l’a poussé à agir de la sorte. «Je détiens les preuves de mes envois via Wave. Mes marabouts m’ont fait comprendre qu’ils étaient en mesure de m’aider à avoir une fortune colossale. Serigne Saliou Mbacké a prétendu avoir sacrifié des bœufs, moutons, porcs, chameaux et bœufs pour que je devienne riche. Je lui ai remis de l’or. Il m’a fait acheter un parfum qui coûte 6 millions Fcfa ainsi que de l’encens et des bougies», dit le sieur Ndongo. Pour conforter ses dires, l’autre partie civile, Ousmane Samb, déclare dans le procès-verbal : «Alors que je traversais des difficultés, j’ai été approché par Serigne Moustapha Mbacké qui a promis de m’aider mystiquement. Il m’a demandé d’acheter de l’encens qui coûte 3 millions Fcfa. Par la suite, j’ai acheté un autre parfum à 6 millions Fcfa. Comme je n’avais plus d’argent, je me suis rapproché de Moustahine Ndongo pour qu’il me prête de l’argent, car je n’en avais plus. Sachant que je n’avais plus rien, les malfrats se sont donc tournés vers mon ami. Je ne pouvais pas résister à leurs ordres.»
LES MBACKE-MBACKE CONDAMNES A 2 ANS DONT 3 MOIS DE PRISON FERME
Le conseil de Moustahine Ndongo a réclamé la somme de 70 millions Fcfa. Le parquetier estime que dans ce dossier, on a affaire à une bande d’escrocs. «Pour ce genre d’opération, il y a une équipe. Les vendeurs de bougies et de parfums sont aussi membres du deal. Le plaignant a fait preuve de cupidité. Pour qu’on lui paye une dette de 6 millions Fcfa, on lui a soutiré 60 millions Fcfa. Il s’exécutait aveuglément. Les faits sont têtus», i a déclaré le représentant du ministère public. Il s’en est rapporté à la sagesse du Tribunal pour Abass Niang et a requis deux ans de prison ferme contre les autres prévenus. La défense a plaidé la relaxe. A la faveur du verdict prononcé par le tribunal, Abass Niang a été relaxé et les Mbacké-Mbacké condamnés à 2 ans dont 3 mois de prison ferme pour escroquerie et charlatanisme. Ils devront payer 30 millions à Moustahine Ndongo. Par contre, Ousmane Samb a été débouté.
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CHEIKH HAMIDOU KANE, GRANDE FIGURE LITTÉRAIRE ET POLITIQUE
L'écrivain est raconté par le cinéaste Moe Sow et l'écrivaine Mariama Samba Baldé, à travers un film-documentaire et un livre-entretien
L'écrivain est raconté par le cinéaste Moe Sow et l'écrivaine Mariama Samba Baldé, à travers un film-documentaire et un livre-entretien.
QUATRE MEMBRES DE «NOO LANK» DEVANT LA BARRE CE MERCREDI
Accusés de vouloir saboter le cortège du Président Macky Sall qui se rendait aux funérailles de Pape Bouba Diop, ils seront jugés pour participation à une manifestation interdite et outrage à agents.
Le procès des membres du collectif «Noo Lank» arrêtés vendredi dernier est prévu demain mercredi. Accusés de vouloir saboter le cortège du Président Macky Sall qui se rendait aux funérailles de Pape Bouba Diop, ils seront jugés pour participation à une manifestation interdite et outrage à agents.
Les quatre membres du collectif «Noo Lank» arrêtés vendredi dernier, alors qu’ils étaient partis déposer une lettre d’information à la préfecture de Dakar pour la tenue d’un sit-in contre les accords de pêche entre le Sénégal et l’Union européenne (UE), seront jugés demain mercredi. Fallou Diagne, Thierno Mouhamed Sall, Malick Biaye et Pape Abdoulaye Touré, déférés au parquet, feront face au juge du Tribunal de Grande Instance de Dakar pour participation à une manifestation interdite et outrage à agent, selon Me Cheikh Koureysi Ba.
Réagissant sur sa page Facebook, l’avocat a apporté des précisions. «Après les avoir interpellés le vendredi 04 décembre au matin (…) et détenus arbitrairement plus de 24 heures, les policiers ont attendu le samedi après-midi pour enfin songer à les interroger.
Répondant à Fallou qui m’avait dit que le phone était en mode haut-parleur, je lui ai conseillé de dire à ses camarades de ne même pas répondre aux questions d’usage portant sur leur identité et autres. Face à de telles méthodes, il fallait juste se démarquer et garder le silence jusqu’au bout. Ceux qui écoutaient au bout du fil étaient en conséquence invités à prendre leurs responsabilités jusqu’au bout, parce qu’ils ne leur laissaient guère de choix pour en faire de même. En tout état de cause, je ne me présenterai pas en tant que leur conseil pour couvrir les tares rédhibitoires d’une procédure par l’apposition de mon nom sur un procès-verbal irrégulier», a écrit la robe noire.
Selon Me Ba, les enquêteurs ont sorti avant-hier de leur «manche» un plan loufoque faisant état du sabotage par ces membres de «Noo Lank» du cortège de Macky Sall en partance pour les funérailles du Lion de la Teranga Pape Bouba Diop. «En agitant le torchon rouge du déferrement, ils ont alors exigé, dans le but manifeste de sauver la face, que les prévenus répondent au moins aux questions. Face à la détermination des jeunes activistes de Noo Lank, la police nationale a, de toute évidence, choisi cette stratégie du pire qui s’apparente à un odieux chantage qui ne fait que la discréditer davantage», dénonce la robe noire.
Se prononçant sur la question, le collectif «Noo Lank» s’est fendu du communiqué pour dire que ces arrestations symbolisent la peur qui a fini de gagner le pouvoir, suite à l’annonce de son sit-in devant le siège de l’UE. «Comme d’habitude, il a fallu que les patrons européens du pouvoir soient en ligne de mire pour déclencher l’affolement général des services de police qui n’ont pas hésité à interpeller les camarades devant la préfecture, alors qu’ils venaient se conformer à l’obligation d’informer le préfet avant la manifestation. Devant cette forfaiture grave qu’il ne peut justifier, le pouvoir chercherait maintenant à leur coller des motifs, alors qu’ils n’ont commis aucun fait répréhensible.
Les responsables du commissariat de Plateau ont informé les avocats des membres de Noo Lank qu’ils visent maintenant des accusations de sabotage du cortège présidentiel, une accusation ridicule, puisque Noo Lank n’a jamais retenu cette décision et que les camarades concernés n’ont jamais intenté de telles actions», soutiennent Guy Marius Sagna et Cie. Ils estiment que cette version servie par les forces de l’ordre vise à masquer leur interpellation abusive ou à les prendre en otages pour intimider, déstabiliser et empêcher son sit-in devant l’UE. « La détermination des pêcheurs qui se sont fait entendre commencerait à leur faire prendre conscience du désaveu général que ces derniers ont envers la posture de l’Etat et de l’Union Européenne qui prétendent les avoir associés à la négociation des accords. Ce qui est faux.
Le collectif Noo Lank dénonce ces méthodes honteuses, dépassées et indignes d’un Etat de droit. Mais, elles ne sauraient étouffer l’engagement de l’Union nationale des pêcheurs artisanaux du Sénégal (UNAPAS) et de Noo Lank à œuvrer ensemble pour combattre ces accords injustes qui consacrent le pillage scandaleux de nos ressources halieutiques avec la caution du président de la République Macky Sall, incapable de faire face à la réalité de sa décision catastrophique qui pousse les jeunes à l’émigration clandestine, menace la survie de la pêche artisanale et notre sécurité alimentaire », précisent-ils. Le mouvement Y en a marre a également réagi pour apporter son soutien au collectif «Noo Lank».
Aliou Sané et Cie dénoncent une agression faite à des militants citoyens et visant à restreindre l’espace civique. Ils demandent ainsi leur libération immédiate et sans condition.
AVIS DIVERGENTS AU SEIN DE LA SOCIÉTÉ CIVILE À PROPOS DE L'ÉVENTUALITÉ D'UNE LOI D'AMNISTIE
Forum Civil qui a tiré la sonnette d’alerte sur les menaces d’une telle loi sur la reddition des comptes. Forum du justiciable et la Raddho estiment qu'une telle loi ne serait que réparation d’une injustice pour Karim Wade et Khalifa Sall
L’idée d’une éventuelle loi d’amnistie des crimes financiers pilotée par le chef de l’Etat, Macky Sall, pour «éponger» les cas Karim Wade et Khalifa Sall, jugés et condamnés successivement pour enrichissement illicite et escroquerie sur les deniers publics, est de plus en plus agitée. La supposée loi d’amnistie en gestation est cependant appréciée parmi les membres de la société civile. Contrairement ainsi au Forum Civil qui a tiré la sonnette d’alerte sur les menaces d’une telle loi sur la reddition des comptes, et autre Guy Marius Sagna de Frapp/Sénégal qui milite plus pour une modification du Code électoral qui prive les acteurs de leurs droits civils et politiques, du côté du Forum du justiciable, tout comme de la Rencontre africaine des droits de l’homme (Raddho), une telle loi ne serait que réparation d’une injustice pour Karim Wade et Khalifa Sall.
Babacar Ba du Forum du justiciable : «On s’en réjouirait s’il existe une proposition de loi d’amnistie à l’égard de Khalifa Sall et Karim Wade»
« Le Forum du justiciable s’en réjouirait s’il existe un projet ou une proposition de loi d’amnistie à l’égard de Khalifa Ababacar Sall et Karim Wade. Ça serait même une excellente chose pour le Forum du justiciable. Car, tout au début des procès qui ont abouti à la condamnation de ces deux personnalités, le Forum du justiciable avait une position claire et tranchée par rapport à la procédure, au déroulement de ces procès. Je rappelle que pour ce qui concerne Karim Wade, le Forum du justiciable à l’instar de la plupart des organisations de défense des droits de l’- homme avait tout au début de son procès exprimé ses réserves par rapport à la réactualisation de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) parce qu’au niveau de cette cour, il n’y a pas ce qu’on appelle un recours effectif. Autrement dit, vous n’avez pas la possibilité de faire un recours en cas de condamnation auprès de la Cour d’appel pour permettre au juge d’appel de revenir dans le fond de l’affaire.
Donc si, on nous dit qu’il y a un projet de loi visant à l’amnistier sur la table du président de l’Assemblée nationale, nous ne pouvons que nous en réjouir parce que Karim Wade n’avait pas bénéficié de toutes les conditions qui pouvaient lui garantir un procès équitable. Même le Groupe de travail des Nations unies avait relevé cela en convoquant le Pac des droits civils et politiques en son article 17 qui dit clairement «quand une personne est jugée et qu’elle n’est pas satisfaite de la décision du tribunal, elle a la possibilité de saisir un juge d’appel pour que son affaire soit rejugée». Tout cela fait partie des paradigmes d’un procès équitable. Maintenant, pour ce qui concerne, Khalifa Ababacar Sall, il y a eu des manquements dans la procédure relevée par l’arrêt de la Cour de justice de la Cedeao qui avait fait débat à l’époque. Il y a donc eu des problèmes autours des procès qui ont abouti à la condamnation de ces deux personnalités, ne serait-ce que sur la procédure. Donc, si on nous dit aujourd’hui qu’il y a un projet ou une proposition de Loi sur la table du président de l’Assemblée nationale dans le sens de les amnistier, on s’en réjouit et on applaudit parce que cela va leur permettre de recouvrir leurs droits civils et politiques».
Guy Marius Sagna de Frapp-France Dégage : «Non à toute idée de loi d’amnistie, oui à une modification du Code électoral»
Nous sommes opposés à toute idée de loi d’amnistie qui épongerait des crimes économiques au Sénégal. Un pays où nous avons un gap de 4000 sages-femmes, où nous avons 1 policier pour 5000 habitants au lieu d’un policier pour 1000 habitants, un enseignant du supérieur pour 40 étudiants au lieu d’un enseignant pour 25 étudiants, un hôpital pour 450.000 habitants au lieu d’un hôpital pour 150.000 habitants, où nous avons un gap de 600 magistrats, où nous avons 54% de taux d’analphabétisme... ne peut faire passer par pertes et profits les crimes économiques d’une bourgeoisie bureautique collabo et parasitaire. Sortir le Sénégal de la pauvreté et du sous-développement, c’est aussi mettre de l’éthique sur l’étiquette politique. Or pardonner les crimes économiques est un très mauvais signal, exemple et message à donner à la population, particulièrement aux jeunes… Cependant, si c’est pour les cas Karim et Khalifa que l’on parle de loi d’amnistie, je propose autre chose qu’une loi d’amnistie qui servira en réalité au président de la République à protéger les voleurs dont son camp estrempli. Je propose la modification de la loi électorale qui exclut Khalifa Sall et Karim Wade de la liste des électeurs et donc qui les empêche d’être éligibles. Nous avons constaté que le Code électoral exclut des candidats et cela n’est pas démocratique. Nous devons laisser à la justice de décider si un homme ou une femme peut être électeur ou éligible. Je suggère la modification du texte électoral. Pourquoi ? Parce que la Crei viole les droits de la défense. Mêmes les Assises prévoient l’appel, contrairement à la Crei. Voilà la juridiction qui a condamné Karim Wade et qui viole les droits humains les plus élémentaires. Parce que les décisions de condamnation de Karim Wade et Khalifa Sall ne les privent pas de leurs droits civils et politiques. Cela pose un problème donc que le Code électoral, c’est à dire la loi la plus politique qui existe, les exclut de la liste des électeurs. Karim et Khalifa sont des cas car ils ont été victimes de poursuites sélectives. D’autres Sénégalais proches et militants du président de la République Macky Sall ont été épinglés pour des faits similaires ou plus graves mêmes. Mais ils n’ont pas été inquiétés car le président a posé son coude sur leur dossier dans le cadre d’un deux poids deux mesures inacceptables et scandaleux en république. Et tant qu’il y aura des poursuites sélectives, ces poursuites ne seront pas légitimes. Or, la justice est rendue au nom du peuple sénégalais. Voilà pourquoi je défends l’idée d’une modification du Code électoral plutôt que celle d’une loi d’amnistie dont les bénéficiaires apparents seront Karim Wade et Khalifa Sall alors que les bénéficiaires réels seront les légions de “tojeman” de la République proches du président de la République. Et les perdants seront le peuple sénégalais dont les intérêts seront sacrifiés sur l’autel d’un deal politicien nommé loi d’amnistie».
Sadikh Niasse, secrétaire général de la Raddho : «Nous saluons cette idée car cela peut aider à corriger une violation»
«En principe, les défenseurs des droits humains s’opposent à l’amnistie des crimes économiques. Mais rapporté aux cas de Karim Wade et de Khalifa Sall, nous saluons cette idée car cela peut aider à corriger une violation si l’on considère notre position initiale sur les deux dossiers où les motivations semblaient politiques et les procédures viciées pour ce qui est de l’affaire Khalifa Sall ou peu respectueuses des droits humains, notamment du droit à un procès équitable pour ce qui est de la Crei. Permettre à ces deux personne de retrouver leurs droits civils et politiques et participer aux élections est une forme de réparation d’un préjudice subi».
SEULES 26% DES ENTREPRISES SONT CONTRÔLÉES PAR LE PRIVÉ INTERNATIONAL AU SÉNÉGAL
Le ministre de l’Economie, du plan et de la coopération, Amadou Hott, ne veut plus entendre les gens dire que l'économie nationale est extravertie
Le ministre de l’Economie, du plan et de la coopération, Amadou Hott, ne veut plus entendre les gens dire que notre économie est extravertie. Selon lui, ce débat est inutile car les chiffres dont dispose l’Ansd indiquent le contraire. Il soutient que seuls 26% des grandes entreprises sont contrôlés par le privé national. Amadou Hott s’exprimait hier, lundi 7 décembre, lors du vote du budget de son département.
En 2018, sur toutes les grandes entreprises suivies par l’Ansd c’est-à-dire les entreprises dont le chiffre d’affaires est supérieur à 1 milliard Fcfa, seuls les 26% sont contrôlés parle privé international. Ces précisions sont du Ministre de l’Economie, du plan et de la coopération Amadou Hott. Il répondait à certains députés qui fustigeaient la mainmise des entreprises étrangères sur l’économie nationale hier, lundi 7 décembre, lors du vote du budget de son ministère.
Mieux, poursuit-il, 74% de ces entreprises sont contrôlées par le privé national, soit directement à travers des hommes d’affaires ou bien à travers la bourse. « Certaines de ces entreprises dont la Sonatel, Total et Boa sont cotées en bourse et des Sénégalais sont actionnaires de ces entreprises. Elles ont généré plus de 1368 milliards de valeurs ajoutées. Sur ces 1268 milliards, 525 milliards ont été utilisés pour payer des salaires et des cotisations sociales pour des travailleurs de ce pays », a-t-il révélé.
En même temps, informe-t-il, ces entreprises ont payé 218 milliards d’impôts sur les facteurs de productions. « En 2018, si on prend toutes les entreprises étrangères, le total de dividende payé c’est 209 milliards. En supposant que sur ces 209 milliards, 100 milliards à peu près sont reçus par les actionnaires de ces 26% qui contrôlent 59% de la valeur ajoutée, cela signifie que sur une valeur ajoutée de 1368 milliards, il y a que 100 milliards qui sont sortis du pays en dividendes. Ce n’est même pas 10% », lance–t-il au député Mamadou Diop Decroix qui a affirmé que 70 à 90% de valeur ajoutée repartent à l’étranger.
400 milliards fca seront mis à la disposition des entreprises
Pour accompagner le secteur privé, le Ministre de l’Economie, du plan et de la coopération Amadou Hott indique qu’il sera mis en place deux mécanismes de financement. Un mécanisme de financement de 300 milliards Fcfa pour les Pme et les grandes entreprises avec l’État qui donne des garanties aux banques, sous forme de dépôts avec des financements des partenaires. Pour e secteur informel et les Tpe , il informe qu’il est prévu une ligne de financement de 100 milliards Fcfa, obtenue par effet de levier à travers le Fongip et la Der pour lesquels l’État contribue autour de 50 milliards Fcfa, qui sera proposée à ces différents acteurs économiques avec de la formation, de l’assistance technique et de la formalisation graduelle.
S’agissant de la Zlecaf, le ministre annonce qu’elle sera opérationnelle à partir de janvier 2021. En effet, selon lui, le retard se justifie par la pandémie de la Covid-19 et le fait qu’on est à la première phase relative à la libéralisation des marchandises et des services. Le budget du ministère de l’Economie, du plan et de la coopération s’élève à 92327581584 FCFA en autorisation d’engagement. Les crédits de paiement sont fixés à 31882581584 F Cfa.
LES ASSISTANTES SOCIALES «IMPUISSANTES»
«L’avortement n’est pas toujours la solution pour les personnes victimes de viol et d’inceste» a fait savoir Nafissatou Ndial Diouf, assistante sociale basée à Diourbel
Elles sont très nombreuses, les jeunes filles victimes de viol ou d’inceste, cependant peu d’entre elles arrivent à faire connaitre leur souffrance au grand jour. Au niveau des structures de santé, la quasi-totalité des cas de viol et d’incestes, leur arrivent de par la loi pour une prise en charge d’abord sanitaire pour documenter le dossier et enfin psychologique par l’intermédiaire de l’assistance sociale.
«L’avortement n’est pas toujours la solution pour les personnes victimes de viol et d’inceste» a fait savoir Nafissatou Ndial Diouf, assistante sociale basée à Diourbel. Selon elle, dans les départements gynécologiques, beaucoup de dossiers concernant ces personnes y sont traités et ce sont des cas qui leur viennent de la police ou de la gendarmerie. « Il est très rare de voir une personne venir se faire consulter pour viol, inceste ou un des parents venir avec sa progéniture. La quasi-totalité des cas traités nous viennent de par la loi» a-t-elle fait comprendre. Et de poursuivre : « les patientes sont reçues tardivement, de ce fait on note une discordance entre les données physiques et l’interrogatoire. Il s’y ajoute le problème de plateau technique pour la confirmation ou non de l’abus sexuel».
Dans les structures de santé, la prise en charge de ces personnes reste globale. En plus des soins, l’aspect psychologique, l’appui financier et même la sécurité de la personne sont souvent confiés à l’assistante sociale. « Une fois à l’hôpital, ces personnes commencent à extérioriser le refus de voir naitre cet enfant. Elles sont le plus souvent sous l’emprise d’un avortement ou d’un suicide et c’est là que nous, assistantes sociales, nous intervenons afin d’aider la personne à accepter ce qui lui arrive» a déclaré Mme Diouf. Et de poursuivre : « c’est une tâche difficile de convaincre la personne à accepter ce qui lui arrive à première vue, mais au fur et à mesure qu’on l’assiste avec l’accompagnement des parents qui est très important, la victime finit par accepter et garder l’enfant. Dans certains cas où l’agresseur est un membre de la famille et que l’on a un cas d’inceste, on est souvent dans l’incapacité d’aider la victime car on est confronté par le refus des parents de voir leurs enfants aller et venir pour des séances de thérapie».
Au sein de la communauté, les Badjenou Gox (Marraine de quartier), sont le plus habituellement informées de cas d’abus sexuel. Cependant, elles sont dépourvues de moyens afin de traquer les bourreaux. «Nous sommes dans le quartier, des gens viennent nous voir pour nous signaler des cas d’abus sexuel comme le viol et l’inceste. Mais dans la majorité des cas, nous n’avons pas les moyens pour les vérifier. Et c’est quand une grossesse surgit que le problème est étalé au grand jour et l’auteur poursuivi après une plainte d’un des proches» a fait savoir Badjene Fatoumata Diop du quartier des Hlm. Et de poursuivre : « les parents sont souvent complices de ces actes de viol. Ils refusent de dénoncer les abus dans le seul but de préserver leur soi-disant honneur et c’est la victime qui en souffre. Cette dernière est obligée ou forcée de vivre avec ce mal toute sa vie. D’autres passent par cette phase pour dire non à toute relation conjugale et par ricochet refuser le mariage».
Des victimes se prononcent
Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé effectué au Sénégal en 2013 sur la question de la prise en charge des personnes victimes de viol et d’inceste, la plupart des victimes disent ne pas être soutenues par leurs parents et leur entourage. A cet effet, le rapport fait noter un soutien notable, selon les victimes, des «Badjenou Gox » et autres leaders de la communauté comme les chefs de quartiers. L’Association des femmes juristes est citée comme étant un soutien majeur dans le processus juridique. Du coté psychologique, il existe une insuffisance des dispositifs de soutien aux victimes. Les moyens et la ressource humaine étant très limités ou presque inexistants, ces dernières estiment qu’elles ne sont pas prises en charge et la plupart se disent meurtries et déclarent qu’elles n’oublieront jamais cette violence subie.
Selon un des médecins qui s’est prononcé dans le rapport de l’Oms 2013 : «il n’existe même pas de psychologue dans nos hôpitaux, la majeure partie reste à Dakar alors qu’il est difficile de faire déplacer ces victimes ; parfois elles n’ont même pas les moyens financiers pour honorer le déplacement en vue d’une assistance psychologique qui reste cruciale dans leur prise en charge et souvent négligée». Ainsi, par rapport aux agressions sexuelles, la perception de cette violence sexuelle est dépendante des conséquences de cette dernière, telle que la grossesse qui en résulte. Une grossesse perçue comme étant un élément de l’agression qui est là pour le leur rappeler.
LES SYNDICALISTES TIRENT LA SONNETTE D’ALARME
Près d’un mois après la rentrée scolaire du 12 novembre dernier dans un contexte de pandémie de Covid-19, les syndicats d’enseignants sont d’avis que le protocole sanitaire est loin d’être respecté
Jeudi 12 novembre marquait la rentrée scolaire pour 4 millions d’élèves et 97 000 enseignants après des mois de fermeture des écoles en raison de la Covid-19. Une reprise sous tension avec la mise en place d’un nouveau protocole sanitaire par le ministère de l’Éducation nationale à cause de l’épidémie qui sévit toujours dans notre pays. Cependant, les syndicalistes constatent que les directives sont loin d’être appliquées dans les écoles pour éviter la propagation de la maladie depuis la reprise des cours. Face à ce non-respect du protocole sanitaire ainsi que la menace de seconde vague de Covid-19 qui plane sur notre pays, l’inquiétude demeure chez les syndicalistes qui tirent la sonnette.
Près d’un mois après la rentrée scolaire du 12 novembre dernier dans un contexte de pandémie de Covid-19, les syndicats d’enseignants sont d’avis que le protocole sanitaire est loin d’être respecté. Pourtant, il était décidé que la reprise des cours devait s’effectuer sur la base du respect de plusieurs mesures définies par le ministère de l’Education Nationale afin d’éviter la propagation de l’épidémie dans les écoles. «J’ai demandé à tous mes responsables au niveau des différents établissements de faire le point sur le respect du protocole sanitaire depuis le début de la rentrée. Les retours d’informations que nous avons montrent que le protocole sanitaire n’est pas respecté parce que, dans l’écrasante majorité des établissements, ils disent que les masques ne sont pas suffisants», a fait savoir le secrétaire général national du Cusems/Authentique (Cadre unitaire des syndicats de l’enseignement moyen-secondaire), Dame Mbodj. Le secrétaire général du Saems (Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire) embouche la même trompette. Selon Saourou Sène, « le protocole sanitaire n’est respecté nulle part et même les autorités au niveau des établissements ne s’en émeuvent pas».
Démontrant encore le non-respect du protocole sanitaire dans les établissements, les syndicalistes parlent des effectifs pléthoriques dans les classes. Ce qui rend impossible le respect de la distanciation physique. Sur cet aspect, ils avaient dénoncé des manquements sur le protocole sanitaire quelques jours avant la rentrée scolaire. « Un autre aspect qui montre également que le protocole sanitaire n’est pas respecté, c’est que les classes sont bondées d’élèves. Nous avons constaté qu’avec les mesures prises par le ministère de l’Education Nationale avec le passage automatique pour les élèves en classe intermédiaire. C’est-à-dire de faire passer les élèves avec des moyennes de 4 sur 10 au niveau de l’élémentaire et de 8 sur 20 dans le moyen secondaire, nous avons presque la quasi-totalité des élèves qui étaient dans les maisons. Nous vivons la promiscuité dans les classes et cela empêche la distanciation physique. Les élèves ont assis par 3 dans les établissements et même 4 dans certains réceptifs», a souligné Dame Mbodj. A l’en croire, les enseignants du Lycée de Yeumbeul sont même en grève pour exiger que les classes soient éclatées à cause des « effectifs qui dépassent cent élèves par classe alors que la taille moyenne d’une classe, c’est 45 au Sénégal».
«C’est la catastrophe qui risque de se passer»
En ces temps où l’épidémie est en train de grimper en flèche au Sénégal, faisant craindre une seconde vague du virus, Saourou Sène tire la sonnette d’alarme. « Les classes sont bondées de monde. Il s’y ajoute maintenant cette situation de pandémie où vous pouvez retrouver 3 ou 4 élèves sur une table-banc. C’est la catastrophe qui risque de se passer», a lancé le secrétaire général du Saems. Et d’ajouter, « tout le monde voit aujourd’hui cette nouvelle vague de contamination qui risque de ne pas épargner l’école. Je crois que le moyen le plus rapide de faire la propagation du virus, c’est qu’il entre à l’école. C’est pourquoi je crois que ce qui avait été retenu à charge, les autorités sont tenus de le respecter». Saourou Sène en appelle à la conjugaison des efforts entre le gouvernement du Sénégal et les collectivités locales. Car selon lui, «l’école mérite d’être mise dans une parabole de sécurité totale». « C’est une alerte que nous pouvons faire pour que nos autorités prennent les devants et qu’on mette à la disposition des écoles tout le dispositif sanitaire», dit-il.
«Avec la flambée des cas selon le ministère de la Santé, la logique voudrait qu’on ferme les écoles»
En effet, Dame Mbodj dit ne pas comprendre la démarche du gouvernement dans la riposte contre la Covid-19. «Ils disent que les cas sont en train de flamber parce qu’ils sont à un taux de positivité qui dépasse maintenant 5% ou 6% parfois alors qu’on avait fermé les établissements avec un taux de positivité de moins d’1%. Nous pensons qu’il y a un problème sérieux. Comment peuvent-ils dire que les élèves, même s’ils sont pour l’essentiel des cas asymptomatiques, doivent continuer à fréquenter les établissements dans les conditions que je viens de donner ?», s’interroge le secrétaire général national du Cusems/Authentique.
Suffisant pour lui de dire « qu’avec la flambée des cas selon le ministère de la Santé, la logique voudrait qu’on ferme les écoles». Pour lui, «personne ne peut comprendre que les cas flambent dans le pays et qu’on dise qu’il n’y a aucun cas dans les établissements comme si les écoles étaient des maillons isolés de la société alors que les élèves viennent des familles». «Ça nous rend dubitatifs», martèle Dame Mbodj.
LE PROCÈS DE TROIS PÈRES AYANT AIDÉ LEURS ENFANTS À ÉMIGRER DIVISE LE SÉNÉGAL
Pour le sociologue Aly Tandian, mettre en cause les familles ne conduira pas à enrayer le phénomène : « Faut-il s’engager dans cette logique d’épicier ? Ce n’est pas faire un procès aux parents qui va sensibiliser les populations
Trois pères de famille sont poursuivis au Sénégal pour avoir fait embarquer leurs enfants sur des pirogues à destination de l’Europe. L’un de ces jeunes, mineur, est décédé en mer fin octobre : il s’appelait Doudou et rêvait de devenir footballeur. Le jugement est attendu ce mardi à Mbour, à une centaine de kilomètres au sud de Dakar. Le procureur a requis 2 ans de prison.
Des pères de famille sur le banc des accusés. Ils sont jugés pour « mise en danger de la vie d’autrui » et « complicité de trafic de migrants ». Depuis quelques mois, les départs reprennent de plus belle, depuis les plages de Mbour, Dakar ou encore Saint-Louis. Des dizaines de candidats au voyage entassés sur des pirogues surchargées qui tentent de rejoindre l’Espagne en dépit de conditions météo difficiles dans l’Atlantique en cette période de l’année. Des embarcations qui prennent l’eau. Des moteurs en surchauffe. Les pêcheurs ramènent des corps. Les récits dramatiques se succèdent dans les journaux.
Pour le procureur, ceux qui ont laissé partir leurs enfants dans ces conditions ont fait preuve de grave négligence en organisant leur voyage. Le jeune Doudou Faye a trouvé la mort en mer. Son père avait payé un passeur 250 000 FCFA (un peu moins de 400 euros). Il n'a pas parlé de ce projet à la mère de l'adolescent. Une affaire qui a suscité émotion et indignation au Sénégal, et à l’étranger.
Naufrages
Des jeunes, mineurs, qui embarquent à destination de l’Europe avec des rêves plein la tête, Moustapha Diouf en a connu beaucoup. Président de l’AJRAP, l’association des jeunes rapatriés de Thiaroye sur Mer près de Dakar, il a lui-même fait la traversée en pirogue en 2006, vers les îles Canaries. « Depuis une quinzaine d’années maintenant, il y a des parents qui poussent leurs enfants à partir » explique-t-il.