QUATRE MEMBRES DE «NOO LANK» DEVANT LA BARRE CE MERCREDI
Accusés de vouloir saboter le cortège du Président Macky Sall qui se rendait aux funérailles de Pape Bouba Diop, ils seront jugés pour participation à une manifestation interdite et outrage à agents.

Le procès des membres du collectif «Noo Lank» arrêtés vendredi dernier est prévu demain mercredi. Accusés de vouloir saboter le cortège du Président Macky Sall qui se rendait aux funérailles de Pape Bouba Diop, ils seront jugés pour participation à une manifestation interdite et outrage à agents.
Les quatre membres du collectif «Noo Lank» arrêtés vendredi dernier, alors qu’ils étaient partis déposer une lettre d’information à la préfecture de Dakar pour la tenue d’un sit-in contre les accords de pêche entre le Sénégal et l’Union européenne (UE), seront jugés demain mercredi. Fallou Diagne, Thierno Mouhamed Sall, Malick Biaye et Pape Abdoulaye Touré, déférés au parquet, feront face au juge du Tribunal de Grande Instance de Dakar pour participation à une manifestation interdite et outrage à agent, selon Me Cheikh Koureysi Ba.
Réagissant sur sa page Facebook, l’avocat a apporté des précisions. «Après les avoir interpellés le vendredi 04 décembre au matin (…) et détenus arbitrairement plus de 24 heures, les policiers ont attendu le samedi après-midi pour enfin songer à les interroger.
Répondant à Fallou qui m’avait dit que le phone était en mode haut-parleur, je lui ai conseillé de dire à ses camarades de ne même pas répondre aux questions d’usage portant sur leur identité et autres. Face à de telles méthodes, il fallait juste se démarquer et garder le silence jusqu’au bout. Ceux qui écoutaient au bout du fil étaient en conséquence invités à prendre leurs responsabilités jusqu’au bout, parce qu’ils ne leur laissaient guère de choix pour en faire de même. En tout état de cause, je ne me présenterai pas en tant que leur conseil pour couvrir les tares rédhibitoires d’une procédure par l’apposition de mon nom sur un procès-verbal irrégulier», a écrit la robe noire.
Selon Me Ba, les enquêteurs ont sorti avant-hier de leur «manche» un plan loufoque faisant état du sabotage par ces membres de «Noo Lank» du cortège de Macky Sall en partance pour les funérailles du Lion de la Teranga Pape Bouba Diop. «En agitant le torchon rouge du déferrement, ils ont alors exigé, dans le but manifeste de sauver la face, que les prévenus répondent au moins aux questions. Face à la détermination des jeunes activistes de Noo Lank, la police nationale a, de toute évidence, choisi cette stratégie du pire qui s’apparente à un odieux chantage qui ne fait que la discréditer davantage», dénonce la robe noire.
Se prononçant sur la question, le collectif «Noo Lank» s’est fendu du communiqué pour dire que ces arrestations symbolisent la peur qui a fini de gagner le pouvoir, suite à l’annonce de son sit-in devant le siège de l’UE. «Comme d’habitude, il a fallu que les patrons européens du pouvoir soient en ligne de mire pour déclencher l’affolement général des services de police qui n’ont pas hésité à interpeller les camarades devant la préfecture, alors qu’ils venaient se conformer à l’obligation d’informer le préfet avant la manifestation. Devant cette forfaiture grave qu’il ne peut justifier, le pouvoir chercherait maintenant à leur coller des motifs, alors qu’ils n’ont commis aucun fait répréhensible.
Les responsables du commissariat de Plateau ont informé les avocats des membres de Noo Lank qu’ils visent maintenant des accusations de sabotage du cortège présidentiel, une accusation ridicule, puisque Noo Lank n’a jamais retenu cette décision et que les camarades concernés n’ont jamais intenté de telles actions», soutiennent Guy Marius Sagna et Cie. Ils estiment que cette version servie par les forces de l’ordre vise à masquer leur interpellation abusive ou à les prendre en otages pour intimider, déstabiliser et empêcher son sit-in devant l’UE. « La détermination des pêcheurs qui se sont fait entendre commencerait à leur faire prendre conscience du désaveu général que ces derniers ont envers la posture de l’Etat et de l’Union Européenne qui prétendent les avoir associés à la négociation des accords. Ce qui est faux.
Le collectif Noo Lank dénonce ces méthodes honteuses, dépassées et indignes d’un Etat de droit. Mais, elles ne sauraient étouffer l’engagement de l’Union nationale des pêcheurs artisanaux du Sénégal (UNAPAS) et de Noo Lank à œuvrer ensemble pour combattre ces accords injustes qui consacrent le pillage scandaleux de nos ressources halieutiques avec la caution du président de la République Macky Sall, incapable de faire face à la réalité de sa décision catastrophique qui pousse les jeunes à l’émigration clandestine, menace la survie de la pêche artisanale et notre sécurité alimentaire », précisent-ils. Le mouvement Y en a marre a également réagi pour apporter son soutien au collectif «Noo Lank».
Aliou Sané et Cie dénoncent une agression faite à des militants citoyens et visant à restreindre l’espace civique. Ils demandent ainsi leur libération immédiate et sans condition.