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1 juillet 2025
par Siré Sy
AND JËFF, LE POTENTIEL D'ALORS (4/10)
EXCLUSIF SENEPLUS - Le modus operandi de l’époque à And Jeff, était de rendre possible la double stratégie de l'encerclement et de la jonction. Encerclement, par le biais de la production et de l'autosuffisance alimentaire dans les zones rurales
Le 21 Septembre dernier, à la Maison de la Culture Douta Seck, l’ex Xarébi/And Jëff- Mouvement Révolutionnaire pour une Démocratie Nouvelle (MRDN) - la gauche communiste sénégalaise d'obédience maoiste - mouvement qui est devenu maintenant And Jëff Parti Africain pour la Démocratie et le Socialiste (And Jëff/PADS), a organisé une journée de souvenirs dédiée à ses membres disparus. Prétexte pour le feuilleton managérial ‘’La Gauche sénégalaise, une histoire explicative’’, de revenir sur le ‘’And Jëff'’ du MRDN jusqu’au PADS, sur son potentiel d’alors.
En 1973, Landing Savané va créer un mouvement politique dénommé ‘’Reenu-Rew’’ qui sera à l'origine de la création du mouvement révolutionnaire et clandestin, And-Jëf/Mouvement révolutionnaire pour la démocratie nouvelle (MRDN), créé en 1974 lors d'un congrès. En 1975 la plupart des dirigeants, y compris le premier d'entre eux, Landing Savané, sont jetés en prison puis libérés en 1976. En mars 1980, And-Jëf lance la publication du mensuel Jaay Doolé Bi (Le Prolétaire). En juillet 1981 ‘’les révolutionnaires sénégalais marxistes-léninistes armés de la pensée de Mao’’ obtiennent la reconnaissance légale en tant que parti politique, sous le nom de And-Jëf/MRDN. En 1991, And-Jëf/MRDN sera l'un des membres fondateurs d’And-Jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme (AJ/PADS), né de la fusion entre OST (Organisation socialiste des travailleurs), UDP (Union pour la démocratie populaire), Cercle de lecteurs de Suxxuba.
Volonté de rupture avec l'ancienne gauche sénégalaise
Si, les ”soviétiques sénégalais” de la LDMPT (Ligue Démocratique/Mouvement pour le Parti du Travail) et du PIT (Parti de l'Indépendance et du Travail), sont des ‘’sécessionnistes’’ (rires) qui ont pris armes et bagages pour partir du PAI (Parti Africain de l'Indépendance), par contre, ‘’les chinois sénégalais” d’And Jêff et ses révolutionnaires, n'ont jamais milité au PAI, ni d'ailleurs dans aucun parti politique sénégalais de l’époque. Tout est parti en 1970 avec la création du Mouvement des Jeunes Marxistes-Léninistes (MJML) qui se voulait être l'expression d'une rupture avec l'ancienne gauche radicale sénégalaise (PAI, LD, PIT). Malheureusement, il y eut une scission au sein du MJML dès 1972, avec la création par Landing Savané, d'une nouvelle organisation clandestine dénommée ‘’Reenu Réew mi’’ qui se fixa pour objectif de ''dépasser le révolutionnarisme petit-bourgeois et se lier aux masses fondamentales''.
Anti-hégémonique, anti-impérialiste et anti-féodal
And Jëff, à sa création en 1973 dans la plus grande des clandestinités, regroupait de jeunes étudiants sénégalais qui venaient de terminer leurs études dans les différentes universités françaises et qui s'apprêtaient à rentrer définitivement au pays pour s'engager pleinement dans la vie politique, avec des idées révolutionnaires : lutter contre la bourgeoisie nationale (féodalités religieuses, coutumières et politico-bureaucratiques) et la bourgeoisie comprador (commerçante et marchande), afin d’infléchir l’exploitation des masses populaires par les élites et libérer le peuple. Surtout la paysannerie (agriculteurs, éleveurs, pêcheurs) et les travailleurs (syndicalistes). Le modus operandi de l’époque à And Jeff, était de rendre possible la double stratégie de l'encerclement et de la jonction. Encerclement, par le biais de la production et de l'autosuffisance alimentaire dans les zones rurales et ravitailler les centres en denrées alimentaires. Jonction, en rendant possible la rencontre des masses fondamentales des villes et des campagnes et encadrée par une unité d’actions entre les mouvements syndicaux et étudiants, afin d’occuper le terrain et sonner la révolte. Pour ce faire, And Jêff va s'appuyer sur deux leviers : sa jeunesse et ses femmes.
Par la jeunesse, And Jëff mettra en place le Mouvement National Révolutionnaire (MRN) et un Mouvement des Femmes dénommé ‘’Yéwwu Yéwwi’’ (1984).
Les têtes de pont : des révolutionnaires patriotes et démocrates sincères
C'est ainsi que depuis la France, And Jëff sera un des influenceurs des événements de Mai 68 à Dakar. C’est la génération des Landing Savané, Mamadou Diop Decroix, Eugénie Aw, Marie Angélique Savané, Eva Marie Col Seck, Fatoumata Sow, Babacar Fall 'Becker'', Alié Diène Dramé, Amadou Sow, feu Hamidou Dia, Bougouma Mbaye, Amadou Kane, Mazid Ndiaye, Amadou Bocoum, Kounta, les frères TOP, les frères Diack, Amadou Guiro, Cheikh Tidiane Gadio, Moussa Kane, Abdou Sow, feu Babacar Touré, pour n'en citer que ceux et celles-là. Du côté des jeunes révolutionnaires de l'époque, ils étaient les Hamidou Kassé, Racine Talla, Sidiki Daff, Mame Thierno Diagne, Mansour Aw, Alpha Sall et un certain…. Macky Sall. Une belle palette. Un beau potentiel, qui autorisait toutes les promesses. Le potentiel d’And Jëff était tel que les ''marxistes-léninistes sénégalais, armés de la pensée de Mao Tsé Toung’’’, avait fini d’avoir une haute mainmise et de ‘’contrôler’’ au Sénégal, sur la période 1970-2000, le mouvement paysan sénégalais avec Mazid Ndiaye ; le mouvement sportif séngalais avec Joe Diop et feu Mawade Wade. And Jëff était aussi au cœur du mouvement syndical de l'enseignement supérieur avec Babacar Diop dit Buuba au Saes (Syndicat autonome de l'enseignement supérieur) créé en 1985, après que Mamadou Ndoye ‘’Mendoza’’, membre éminent de la LD (Ligue Démocratiquel), ait refusé de quitter à la tête du Sudes (Syndicat unique des enseignants du supérieur) créé en 1975. And Jëff était aussi au cœur du mouvement étudiant avec l’Unapes (Union nationale patriotique des étudiants du Sénégal) créée en mars 1979. And Jêff était également au cœur du monde du travail avec l’UTLS-Front (Union des travailleurs libres du Sénégal).
C'est à partir de 1992, que va commencer une toute autre histoire pour et à And Jëff.
Le conseil municipal de la ville de Saint-Louis a décidé de réhabiliter, lors de sa session ordinaire de ce 26 septembre, la dénomination originellement portée par ce lieu symbolique en wolof
Ne dites plus "Place Faidherbe" mais plutôt "Baya Ndar". C'est ainsi que s'appelle désormais la mythique place de la ville de Saint-Louis dédiée à la gloire de l'ancien administrateur colonial, Louis Faidherbe. Selon nos informations, la décision de débaptisation a été entérinée ce samedi 26 septembre lors d'une session ordinaire de la municipalité. A travers cette dénomination, le conseil municipal réhabilite le nom originellement porté par cette place symbolique en langue locale.
Nous ne disposons pour l'heure d'acune information sur le sort qui sera réservé à la statue de Faidherbe, appelée par de nombreux activistes et autres acteurs de la société civile, à être déboulonnée, dans le sillage des manifestations contre les figures coloniales à travers le monde.
’’LE JOOLA’’ : DÉPÔT D’UNE GERBE DE FLEURS ET MINUTE DE SILENCE À MBAO
C’est à 12 heures précises que deux jeunes dont une fille vêtue de noir ont marché quelques mètres pour déposer une gerbe de fleurs sur l’une des 135 tombes, a constaté l’APS.
Mbao, 26 sept (APS) - La cérémonie de commémoration du 18ème anniversaire du naufrage du navire ’’Le Joola’’ a été marquée, samedi, aux cimetières de Mbao, dans la banlieue dakaroise, par le dépôt d’une gerbe de fleurs et une minute de silence.
C’est à 12 heures précises que deux jeunes dont une fille vêtue de noir ont marché quelques mètres pour déposer une gerbe de fleurs sur l’une des 135 tombes, a constaté l’APS.
Ce geste a été suivi d’une minute de silence en hommage à toutes les victimes de cet accident maritime qui a fait près de 2 000 morts, il y a 18 ans.
"Cette minute de silence est observée en même temps à Ziguinchor, aux cimetières Saint-Lazard et partout ailleurs où des victimes du naufrage ont été enterrées", a expliqué la chargée de l’organisation, Martine Diatta.
Pour cause de crise sanitaire liée au coronavirus, les cérémonies ont été restreintes contrairement aux commémorations précédentes.
Les organisateurs ont tenu aussi à faire respecter les gestes barrières comme le port de masque.
Des proches et amis des victimes sont venus se recueillir et prier. Bon nombre d’entre eux ne savent même pas si leurs proches ont été enterrés sur le site de Mbao.
"Je ne sais pas où mon fils a été enterré, je ne sais même pas s’il est sorti de l’eau. Mais je viens ici chaque année pour me recueillir et prier pour lui", a dit Maimouna Kanté.
Pour Justine Sagna qui a perdu sa mère dans cet accident maritime, "le plus dur est de perdre une maman sans savoir où elle a été enterrée".
Le bateau Le Joola qui assurait la liaison maritime Ziguinchor-Dakar a fait naufrage le 26 septembre 2002 au large des côtes gambiennes faisant 1863 morts et 64 rescapés, selon un bilan officiel.
VIDEO
MIGRATION, L'ABSENCE D'UN FRÈRE
Chaque année, un Sénégalais sur 1 000 quitte le pays pour des raisons économiques. Comme Tom, qui a pris une pirogue pour l’Europe. Sa sœur se souvient
Le Monde Afrique |
Célia Cuordifede |
Publication 26/09/2020
Adji pensait son frère perdu, disparu. Pendant cinq jours, l’attente. Puis la vérité : Tom a quitté le pays et pris la mer dans une embarcation de fortune, direction l’Espagne, en espérant trouver une vie meilleure. Un soulagement, vite éclipsé par d’autres angoisses… Est-il encore en vie ? Dans ce deuxième épisode de « Rester », la jeune femme raconte le vide qu’elle a ressenti et l’angoisse de ne pas savoir.
LE TUMULTUEUX VOYAGE DES CHAUFFEURS
Après les fortes pluies des dernières semaines, c’est la galère chez les chauffeurs, avec les nombreuses artères de la capitale sous les eaux. À cela, s’ajoutent les multiples crevasses à éviter au risque de tomber en panne
Après les fortes pluies des dernières semaines, c’est la galère chez les chauffeurs, avec les nombreuses artères de la capitale sous les eaux. À cela, s’ajoutent les multiples crevasses à éviter au risque de tomber en panne. Pour mettre fin à ce calvaire, l’Ageroute Dakar, a selon son Directeur Babacar Senghor, entamé les travaux d’entretien avec un budget de près de 5 milliards de FCfa.
Le soleil intolérant de ces derniers jours n’a pu sécher les eaux pluviales qui envahissent certaines artères de Dakar. À la zone de captage, la situation est aggravée par les rejets de quatre égouts. Les eaux noires et puantes convergent au terrain de football, qui constitue l’un des plus bas points du quartier. Ces eaux usées et pluviales ont colonisé une bonne partie du goudron, transformant en moments de galère les journées des chauffeurs de particuliers ou de transports en commun. Visage suant, mains agrippées sur le volant, Abdourahmane Seck est contraint à un temps d’arrêt à hauteur de la pharmacie. À l’aise sur le fauteuil de sa voiture basse, il n’a pas trop le choix. Les stratégies pour contourner les flaques d’eau se bousculent dans sa tête. Après des secondes de réflexion, ils jalonnent entre les crevasses. Tantôt il lève le pied, tantôt il accélère au risque d’occuper tous les mètres du trottoir. Il passe avec succès l’obstacle de la dizaine de nids de poule. L’autre exercice pour lui, est la traversée de l’étendue d’eau, d’une centaine de mètres.
Mais Abdourahmane n’ose pas s’engager. Il choisit l’option du contournement, derrière le terrain de football, entre les maisons et espaces de commerce. Un parcours du combattant qu’il vit matin et soir depuis quinze jours, dans plusieurs artères de Dakar et sa banlieue. «C’est dur d’être chauffeur à Dakar. Plusieurs routes sont inondées. Je préfère braver les crevasses plutôt que de traverser les eaux. C’est une grande menace pour nos roues», dit l’homme au corps svelte, passant la serviette sur le visage, en attendant une dame qui vient de lui faire un signe de la main. Voyant arriver deux autres véhicules bas, Abdourahmane passe le code : «C’est risqué les gars. Je vous conseille de contourner ces eaux à travers les ruelles». Ses consignes sont suivies par un de ses camarades taximen et deux véhicules particuliers. Pendant ce temps, 4×4 et bus «Tata» foncent dans la plus grande insouciance rejetant de fines gouttes aux pieds des mécaniciens et petits vendeurs qui ne cessent de râler. «Hé, tu es fou ou quoi? Tu oses accélérer pendant que tout le monde lève le pied », crie l’un d’eux à un chauffeur de Tata. Témoin de cette ambiance tendue, un conducteur qui vient de garer un Peugeot 308 devant un atelier de couture, rigole, avant de glisser quelques commentaires. «Pour avoir quitté Colobane, j’avoue que ce n’est pas facile de conduire dans la ville actuellement, nous souffrons tous», lâche Alassane Kama, tout sourire, frappant le portail de sa voiture.
La banlieue n’est guère épargnée par ces désagréments. Sous une matinée ensoleillée, Guinaw Rails-nord est plongée dans une effervescence. Charretiers et chauffeurs se disputent la chaussée à coups de klaxon. Contrairement à la zone de captage, cette partie de la banlieue ne souffre plus des inondations. Les eaux ont été évacuées grâce au système d’évacuation. Toutefois, les stigmates sont toujours visibles. Il s’agit des nombreuses crevasses à surmonter pour les chauffeurs. L’un d’eux, mains tachées d’huile de moteur, aide sa cliente à charger dans la malle deux seaux de légumes. Les pluies sont synonymes de galère, selon lui. «Une partie du goudron est en train d’être réfectionnée. Nous souffrons énormément avec les nids de poule. Il nous faut 30 mn pour le petit trajet entre la Poste et le marché Thiaroye», déplore Ousmane Faye. Une frustration partagée par ses deux camarades Ousseynou et Aliou Mbaye.
Une croix sur certaines destinations.
Les dégâts des fortes pluies n’ont pas épargné la Route nationale n°1. En cette matinée de mercredi, la circulation est fluide sur la voie Dakar-Rufisque. Cependant, les chauffeurs qui roulaient à vive allure sont obligés de lever le pied à hauteur de Petit Mbao. C’est la stratégie adoptée pour ne pas bondir sur les flaques d’eau ou les crevasses qui rétrécissent la chaussée. Devant cette situation, le chauffeur d’un des bus de la ligne 69 a choisi de longer le trottoir. C’est pour éviter les dysfonctionnements pneumatiques selon Gora, un pneumaticien établi non loin de l’arrêt bus. «On peut dire que la situation s’est améliorée. Il y a une semaine, cette route était impraticable. Avec les crevasses, les chauffeurs sont obligés d’emprunter les ruelles pour contourner les obstacles et sauver leurs pneus», témoigne-t-il, gonflant une chambre à air. Depuis le début de l’hivernage, le taximan Alassane Niang a mis une croix sur certaines artères de Dakar. Quitte à repousser d’intéressantes offres. Adossé à la portière de son véhicule en attendant le service de son pneumaticien, l’homme de forte corpulence dévoile ses «sens interdits». «J’évite autant que possible des quartiers comme Diamaguene, Sicap Mbao, Thiaroye, Pikine et même Yeumbeul. C’est un vrai parcours du combattant. Je préfère rentrer les mains vides plutôt que de traîner une panne de moteur », explique-t-il. L’hivernage n’est pas propice à toutes les destinations, selon un des chauffeurs du garage de taxi-clandos de Petit Mbao. Avec les inondations endommageant plusieurs artères de la banlieue, Ousmane Guèye a décidé d’éviter les zones à risque. «Je prends toutes mes dispositions. Je viens de refuser une course pour Keur Massar. Je n’ai même pas cherché à marchander », confie-t-il.
Ce choix des chauffeurs porte préjudice aux clients. Habitant à quelques mètres du stade de Mbao, Aïssatou Ndiaye en a fait les frais il y a quelques jours. Voulant quitter Colobane pour son quartier, la dame en robe wax, sac noir en main, a du attendre près de quatre tours d’horloge. «Un chauffeur m’a dit sèchement qu’il ne pouvait pas se rendre dans cette zone», regrette-t-elle, le visage pâle. « Même les bus de la société Dakar Dem Dikk avaient suspendu leurs lignes de la banlieue», ajoute-t-elle. S’il faut faire le grand tour pour éviter les eaux, Mamadou Niang n’hésitera pas. Délégué médical, il rentre à Keur Mbaye Fall tous les soirs. Avec les inondations, il dit prioriser l’autoroute à péage. «Je suis un chauffeur débutant, je ne prends pas de gros risques. Je n’ai pas encore les capacités pour négocier les crevasses et les eaux stagnantes», dit-il, debout dans une station de pompage à la zone de captage.
Des pannes récurrentes.
L’atelier mécanique de Pape Ndiaye, sis à Guinaw Rails-nord, est bien garni en cette matinée de mercredi. Deux cars rapides, deux cars «Ndiaga Ndiaye» et cinq véhicules particuliers attendent d’être diagnostiqués par les différents groupes. À l’aise dans un fauteuil posé au milieu d’une tente, Mamadou Sagna observe les manœuvres des mécaniciens. Depuis près de quinze jours, son expert automobile ne cesse de lui signaler des pannes. Tantôt c’est le moteur, tantôt le cardent ou la boîte à vitesse. Ces anomalies sont liées, selon lui, au mauvais état des routes, conséquences des inondations. «En quinze jours, j’ai dépensé 55.000 FCfa en réparations. Sans compter la batterie à changer», informe le chauffeur de taxi clando au garage de Thiaroye. Son camarade chauffeur de car, Assane Mbaye, embouche la même trompette. Yeux rivés sur le travail des mécaniciens démontant les roues de son véhicule, le bonhomme se plaint des récurrentes pannes. «Je fais la navette entre Colobane et Thiaroye. Avec les inondations et les crevasses, je change de pneus presque chaque semaine. Les petites pièces de rechange, n’en parlons même pas. Je peux facilement dépenser près de 15 000 FCfa dans ce contexte économique compliqué », dit-il. Son interlocuteur et propriétaire du garage, Pape Ndiaye lui ne se plaint pas trop. Le malheur de ses clients fait son bonheur. Avec des routes désastreuses, ses visites doublent. Des billets de plus rangés dans son portefeuille chaque soir.
LE COMBAT PERDU DE BARGNY CONTRE LES DÉCHETS
Tels des Sisyphe punis des Dieux, des bénévoles de la ville, ont beau enlever les ordures, elles reviennent inlassablement joncher les plages, repoussées par les vagues ou déposées par les habitants, faute de système adéquat de collecte
Tels des Sisyphe punis des Dieux, des bénévoles de Bargny, ancien village de pêcheurs du Sénégal, ont beau enlever les ordures, elles reviennent inlassablement joncher les plages, repoussées par les vagues ou déposées par les habitants, faute de système adéquat de collecte.
"Tant que la plage ne sera pas propre, nous ne lâcherons pas", confie à l'AFP Médoune Ndoye, à la tête d'une association locale de protection de l'environnement.
"Nous avons l'impression que nos investissements sont vains", mais "nous sommes plus que jamais déterminés", ajoute Médoune Ndoye, 29 ans, qui se présente comme un activiste et un musicien.
Il y a quelques semaines, il a organisé une collecte sur internet qui a permis de réunir 250.000 francs CFA (375 euros) pour acheter "des râteaux, des gants, des brouettes, des sacs et des pelles".
Avec les volontaires de son association, il a passé trois jours à déblayer la grande plage de cette ville qui compte quelque 60.000 habitants, à une trentaine de kilomètres de Dakar.
Sur son téléphone, le jeune homme montre le résultat: une plage de sable débarrassée des sacs en plastique, des bouteilles d'eau, des restes de filets de pêche et des carcasses de poissons qui la défiguraient.
Mais plusieurs jours plus tard, "tout est à nouveau sale", soupire-t-il en parcourant du regard des ordures à perte de vue.
- Canal aux eaux verdâtres -
Pour lui, les chalutiers et les pirogues des pêcheurs artisanaux, en rejetant à la mer leurs déchets, et les habitants eux-mêmes, en venant vider leurs poubelles à même la plage, sont responsables de ce retour incessant de la pollution.
"Il y a une quinzaine d'années, nous allions à la plage nous prélasser. Nous ne pouvons plus le faire maintenant à cause des saletés", déplore Thiaboye Samb, une mère de famille.
Bargny, coincée entre l'océan et l'autoroute, conserve ses petites maisons de pêcheurs de la communauté Lébou.
Mais la commune jouxte aussi la ville nouvelle de Diamniadio et est bordée d'industries, notamment dans le secteur du ciment. Un grand port minéralier est en cours de construction.
Malgré ces développements et projets pharaoniques, l'ancien village n'a pas vu ses infrastructures se moderniser. Comme dans de nombreuses localités du Sénégal, une gestion efficace des déchets y fait défaut.
La mairie a bien fait creuser un canal pour évacuer les eaux de pluie. Mais une eau verdâtre y stagne généralement, mêlée à des détritus, et les déchets qui envahissent ses rives attirent chèvres, moutons et poules.
Pour Pape Ndoye, père de famille au chômage d'une cinquantaine d'années, l'absence de bacs à ordures dans les rues explique en partie la saleté. En outre, les camions de collecte des immondices ne peuvent accéder aux ruelles des quartiers populaires.
- "Reconquérir la mer" -
"Des populations viennent de quartiers éloignés pour déposer leurs ordures sur la plage", ajoute-t-il. Comme pour lui donner raison, une jeune fille déverse une bassine au contenu incertain dans une décharge sauvage face à la mer.
Un responsable de la municipalité, Mandoye Ndoye, assure que les autorités locales ont pris des mesures ces dernières années.
"Depuis 2015, la mairie a initié un programme de collecte avec des camions. En plus de la sensibilisation, nous allons mettre des containers à disposition avec trois points de collecte", promet-il, en désignant des ouvriers justement occupés à construire ces abris à poubelles.
La mairie veut aussi lancer la "reconquête du bord de mer", en relogeant une centaine de ménages dont les maisons sont menacées par l'érosion côtière et en réaffectant les surfaces ainsi libérées à des activités de loisir, selon ce responsable.
Les rapports entre les bénévoles et les autorités locales ne sont toutefois pas au beau fixe.
"Elles ne répondent pas à nos courriers, ne viennent pas à nos manifestations, nous prenant pour des opposants", explique Médoune Ndoye, pour qui les services de la commune "doivent collaborer avec la société civile".
"Nous ne nous engageons que pour des actions transparentes", rétorque un responsable municipal, sans plus de commentaire.
LES GUÉRISONS SE MULTIPLIENT, PLUS QUE 2500 PATIENTS SOUS TRAITEMENT
Après une petite accalmie notée jeudi, 2 décès ont été enregistrés, hier, vendredi. Le bulletin épidémiologique de ce samedi, 26 septembre 2020 a révélé 30 nouveaux cas de coronavirus sur 1041 tests effectués.
Comme depuis bientôt un mois, le nombre de cas guéris dépasse largement le nombre de nouvelles infections. Ce samedi, il y a 118 patients qui ont été contrôlés négatifs et déclarés guéris. Toutefois, 18 cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation. Après une petite accalmie notée jeudi, 2 décès ont été enregistrés, hier, vendredi. Le bulletin épidémiologique de ce samedi, 26 septembre 2020 a révélé 30 nouveaux cas de coronavirus sur 1041 tests effectués. D’après le Directeur de la Prévention, Docteur Elhadj Mamadou Ndiaye, 9 de ces nouvelles contaminations sont des cas suivis par les services du ministère de la Santé, 3 sont des cas importés et enregistré au niveau de l’AIBD et les 18 sont des cas communautaires. Ces derniers se répartissent comme suit : Mariste (2), Dakar Plateau (1), Dieupeul (1), Kaolack (1), Kebemer (1°, Keut Ndiaye Lo (1), Khombole (1), Nord Foire (1), Ouest Foire (1), Pikine (1) Point E (1), Rufisque (1), Sokone (1), Tamba (1), Yoff (1), Thiès (1), Zone de Captage (1). À ce jour 14 869 cas positifs ont été déclarés au Sénégal, 12 028 patients sont guéris, 306 malades sont décédés et 2 534 sont présentement sous traitement dans les différentes structures sanitaires.
SIDIKI KABA À ZIGUINCHOR POUR LES COMMÉMORATIONS DU NAUFRAGE DU JOOLA
Les autorités ont procédé au dépôt d’une gerbe de fleurs avant d’assister à une séance de prières et de recueillements au cimetière de Kantène
Ziguinchor, 26 sept (APS) – Le ministre des Forces armées, Me Sidiki Kaba, est à Ziguinchor (Sud) à la tête de la délégation officielle du gouvernement pour les besoins de la commémoration du 18eme anniversaire du naufrage du bateau Le Joola, a constaté l’APS.
Acommpagné du ministre du Commerce et des PME Aminata Assome Diatta et de son collègue de la Culture et de la Communication Abdoulaye Diop, M. Kaba a été acueilli à 9 heures à l’aéroport de Ziguinchor par les autorités administratives et locales.
La délégation s’est dirigée ensuite au cimetière de Kantène à la sortie de Ziguinchor sur la route de Mpack (Guinée Bissau) où reposent plusieurs victimes du naufrage survenu le 26 septembre au large de la Gambie, faisant prés de 2000 morts.
Les autorités ont procédé au dépôt d’une gerbe de fleurs avant d’assister à une séance de prières et de recueillements dirigée par l’Imam Ratib de Ziguinchor, Ismaila Haidara, et l’Evêque de Ziguinchor Paul Abel Mbamba.
Le cortège s’est ensuite ébranlé vers le port de Ziguinchor, site symbolique, pour avoir été le lieu d’embarquement du navire, où une foule importante attendait la délgation officielle.
Une gerbe de fleurs a été déposée sur les rives du fleuve Casamance.
La cérémonie de commémoration est marquée par plusieurs allocutions dont celles du maire Abdoulaye Baldé, de la présidente de l’Association des orphelins et orphelines du Joola, du président de l’Association nationale des familles des vctimes Boubacar Ba.
La série de discours est clôturée par celui du ministre des Forces Armées Sidiki Kaba.
Le bateau Le Joola qui assurait la liaison maritime Ziguinchor-Dakar a fait naufrage le 26 septembre 2002 au large des côtes gambiennes faisant 1863 morts et 64 rescapés, selon un bilan officiel.
AUCUNE CERTITUDE SUR LES LIGNES D’HORIZON DE LA COVID
A quand la fin de la Covid-19 dans le pays ? Cette question taraude l’esprit de beaucoup de Sénégalais. Et les études réalisées en la matière ne rassurent aucunement sur la fin de l’épidémie
Le bureau de prospective économique (Bpe) a publié une analyse prospective de la Covid-19 sept mois (le 20 septembre) après l’apparition du premier cas le 2 mars 2020. Le Directeur général de la structure logée au secrétariat général du gouvernement, Moubarak Lo et Cie ont ainsi fait l’état des lieux de la maladie au Sénégal avant d’étudier ses évolutions globales et sa sévérité. Le rapport ne rassure pas cependant sur la fin de l’épidémie dans le pays non sans donner les différents scénarii possibles concernant sa progression.
A quand la fin de la Covid-19 dans le pays ? Cette question taraude l’esprit de beaucoup de Sénégalais. Et les études réalisées en la matière ne rassurent aucunement sur la fin de l’épidémie. L’analyse prospective de la maladie effectuée par le bureau de prospective économique (BPE) est assez édifiante.
Selon Moubarack Lo et Cie, en termes de perspectives, les dynamiques de changements en cours ne permettent pas de définir avec certitude les lignes d’horizon de la maladie de Covid-19 au Sénégal. Ainsi, disent-ils, trois types de pics potentiels doivent être considérés pour la Covid-19. «Un premier pic est déjà apparu et découle de la politique de ‘’confinement partiel’’ décidée par les Autorités du Sénégal en fin mars. Un deuxième autre Pic est à scruter et correspondrait à la poursuite de la politique actuelle de tests effectués dans un environnement de levée substantielle des restrictions.
Un troisième Pic devrait être considéré si la stratégie de tests évolue », prévention dans le document produit par Moubarack Lo et Cie. Qui estiment dans la foulée que devant cette situation plus qu’incertaine, un travail prospectif d’expertise a été mené pour comprendre les transformations en cours et anticiper les futurs possibles sous forme de scénarii argumentés et chiffrés, sur un horizon de 4 mois. Il aboutit, précisent-ils, à la construction de trois scénarios obtenus par la combinaison d’hypothèses prospectives cohérentes entre elles à partir des dynamiques de changements déclinées en tendances lourdes, en incertitudes majeures et en signaux faibles. «Un chiffrage de chaque scenario est proposé grâce à une approche du BPE qui consiste à estimer d’une part le nombre de contacts prévus pour la semaine et d’autre part le nombre de cas communautaires prévus pour la même semaine », lit-on dans le document du BPE.
Cela étant, il est envisagé dans le scenario 1 que la Covid-19 soit rapidement vaincue au Sénégal. «Pendant une période prolongée, le pays ne compte plus de nouveaux cas, exceptés les cas importés qui sont détectés dès leur arrivée ou pendant leur période de confinement obligatoire et pris en charge. Avec ce scénario, on n’aura plus de nouveaux cas contacts à la fin de la première quinzaine du mois d’avril 2021 et le cumul des cas infectés sera de 38 349 à la fin du mois de novembre », indique le rapport du BPE.
Dans le scénario 2, les experts considèrent que la Covid19 s’estompe lentement. «Le rythme des infections journalières sur tous les segments (communautaire, contact, importé) est stable pendant une période prolongée. Avec le scénario jaune, les nouveaux cas infectés vont passer de 19 703 à la fin du mois de septembre à 28 935 à la fin du mois d’octobre et 39 048 cas à la fin du mois de novembre. Donc avec ce scénario, on aura un cumul de 39 048 cas infectés à la fin du mois de novembre », relève le document. Enfin, dans le scénario 3, la Covid-19 s’installe durablement sans vaccin. Et le rythme des infections journalières sur tous les segments (communautaire, contact, importé) ne cesse d’augmenter pour atteindre 42 155 en fin novembre, laissent entrevoir les experts.
DU 14 SEPTEMBRE AU 20 SEPTEMBRE 2020 : MOINS DE 18 CAS COMMUNAUTAIRES PAR JOUR
Il faut dire par ailleurs que l’analyse des évolutions globales de la covid-19 au Sénégal permet de tirer plusieurs enseignements. Et dans le document, il est souligné que les cas de Covid-19 ont augmenté continuellement, au Sénégal, au cours des sept derniers mois, avec des rythmes d’évolution variables. Cependant, relativise-t-on, le mois de septembre est principalement marqué par une forte baisse de la sévérité de la covid-19 due au ratio élevé du nombre de guéris sur le nombre d’infectés par jour. Il est précisé aussi dans le rapport que les régions de Dakar, de Diourbel et de Thiès concentrent 86,33% des cas confirmés de Covid-19 au Sénégal.
Et que l’évolution des cas communautaires depuis le début de la pandémie jusqu’au 20 septembre 2020 a connu trois phases : «La première phase correspond à une évolution lente mais progressive sur la période du 02 mars au 06 août 2020 avec en moyenne 11 cas par jour. La deuxième phase qui correspond à une très forte évolution des cas communautaires est observée entre la période du 07 août au 15 août 2020 avec en moyenne 83 cas par jour. Après cette période vient enfin la troisième phase qui correspond à une baisse du nombre de cas communautaires jusqu’à obtenir une moyenne de 32 cas par jour et moins de 18 cas par jour sur la semaine du 14 septembre au 20 septembre 2020.»Toujours d’après l’analyse du BPE, depuis avril, le taux de guérison a connu successivement une baisse suivie d’une période de stabilité puis d’une hausse récemment.
Les experts soutiennent également que le degré de sévérité de la Covid-19 a évolué, au Sénégal, en dents de scie entre avril et août mais devient quasiment stable depuis le début du mois de septembre 2020. Le score du Sénégal dans l’indice de sévérité conçu par le BPE est ainsi passé de 0,90 le 14 avril à 0,65 le 10 mai et à 0,92 le 20 septembre, soit une évolution moyenne de 0,89 point en 5 mois. Aussi, le nombre de tests réalisés a fortement augmenté entre avril et septembre, sans pour autant générer une augmentation sensible du taux de positivité. Et à en croire en définitive Moubarack Lo et Cie, les taux de décès et les flux de nouveaux décès (relativement aux nouveaux cas) sont très faibles sur toute la période d’avril à septembre.
ALIOUNE NDOYE AU SECOURS DES POPULATIONS
Les populations peuvent pousser un ouf de soulagement. Le ministre des Pêches et de l’Economie maritime, a réussi à trouver une solution à la pénurie de poissons qui sévit dans le pays depuis quelque temps
Le ministre des pêches et de l’économie maritime, Alioune Ndoye, a finalement trouvé une solution par rapport à la pénurie de poisson. Les armateurs ont décidé de faire débarquer la moitié de leurs prises au Sénégal, à partir d’aujourd’hui.
Les populations peuvent pousser un ouf de soulagement. Le ministre des Pêches et de l’Economie maritime, Alioune Ndoye, a réussi à trouver une solution à la pénurie de poisson qui sévit dans le pays depuis quelque temps.
Préoccupé par la situation qui devenait de plus en plus inquiétante, le ministre avait pris son courage à deux mains pour rencontrer ce jeudi des mareyeurs, des responsables de marchés et des armateurs de la pêche dont les bateaux étaient plus portés vers l’exportation.
L’objectif de la rencontre était de voir comment trouver les voies et moyens de régler le problème de la rareté du poisson sur le marché local dans ce contexte de pandémie à coronavirus. Une pénurie qui s’explique par le fait que les petits bateaux ne peuvent pas accéder aux eaux profondes durant l’hivernage.
Ainsi, il avait demandé aux participants de trouver des solutions pour privilégier le marché local, car certaines espèces prisées ne peuvent se trouver que dans des zones de plus en plus éloignées où seules certaines catégories d’armateurs peuvent accéder. « Nous avons échangé avec des armateurs, des mareyeurs et des responsables de marchés pour voir ensemble comment agir en vue d’amoindrir la rareté du poisson comme nous l’avons senti au niveau des marchés locaux. Nous avons échangé avec eux pour voir quelles sont les contraintes qui pouvaient rendre cette option difficile », avait expliqué le maire de Dakar- Plateau.
A l’issue de la réunion, certains armateurs avaient exposé des contraintes liées à leur statut qui leur fait obligation d’exporter au moins 80% de leurs captures, selon ministre. Sur ce, Alioune Ndoye avait répondu : « Nous allons regarder avec nos collègues des Finances, s’il y a une possibilité de tenir compte de la particularité de cette période de pandémie ou justement, d’abord, il y a des difficultés pour exporter mais aussi, il y a un besoin local qu’il faudrait en tout cas satisfaire».
Mais les choses ont fini par rentrer dans l’ordre. Les armateurs sénégalais à leur tête le président Aliou Thiam décident de débarquer au minimum 50 % de leurs captures à Dakar pour approvisionner le marché national, à partir d’aujourd’hui. Une belle prouesse pour le ministre Alioune Ndoye fortement soutenu par la quasi-totalité des acteurs de la pêche.