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4 juillet 2025
OUSMANE SONKO, LE POIL À GRATTER
Au-delà du pouvoir, le leader de Pastef essuie aujourd’hui les remontrances de l’opposition. Une situation familière pour celui qui n’est pas «gêné d’être seul» dans l’arène politique
Au-delà du pouvoir, Ousmane Sonko essuie aujourd’hui les remontrances de l’opposition. La dernière en date est celle de Bougane Guèye Dany qui a critiqué hier la «mémoire trop courte» du leader de Pastef. Une situation loin d’être une nouveauté pour Ousmane Sonko, qui n’est pas «gêné d’être seul» dans l’arène politique.
Dans son radicalisme dans le landerneau politique, Ousmane Sonko a posé un autre jalon ce week-end à Ziguinchor. Les attaques du leader de Pastef dépassent désormais le régime de Macky Sall. Opposants, journalistes, acteurs politiques toutes appartenances confondues, le député non inscrit «casse tout» comme dirait le duo Ndiolé-Pape Diouf. Après avoir tourné en dérision le Plan décennal de gestion des inondations du président Sall, traité les députés de la majorité «d’escrocs et de blanchisseurs de corruption», le candidat arrivé 3ème lors de la dernière présidentielle s’attaque à l’autre opposition, «intéressée par le titre du chef de l’opposition» qui, d’après la majorité présente au dialogue politique, devrait revenir à Idrissa Seck.
«Personne n’est mon chef dans cette opposition. D’ailleurs, ma démarche n’est pas la même que beaucoup d’opposants. Personne ne parle en mon nom. Ce chef de l’opposition sera chef de qui ? De l’opposition de Macky Sall ou de l’opposition à Macky Sall ?», s’est interrogé le leader des Patriotes lors de son face à face avec la presse la semaine dernière. La survenance des inondations, au-delà d’être un drame social pour les sinistrés, a permis à l’opposition de sortir de son hibernation depuis la période du Covid-19. Ousmane Sonko a saisi la balle au rebond pour se présenter comme le seul challenger de Macky Sall. En tirant sur l’opposition présente au dialogue, le député accrédite la thèse selon laquelle Idrissa Seck, Khalifa Sall, Mamadou Diop Decroix, Malick Gakou, Pape Diop ou le Pds sont en train de «dealer» avec le pouvoir. Et cela devrait passer par le statut du chef de l’opposition, d’après Sonko.
Réplique de Thierno Bocoum et Déthié Faye
C’en était trop pour Thierno Bocoum, qui a décidé de ranger sa timidité au placard pour en découdre avec le patron des Patriotes sur le ring médiatique. «Certains cherchent à reléguer le débat au second plan, faute de pouvoir faire partie des leaders éligibles, d’autres veulent réfréner sa mise en œuvre de peur que ce soit une corde de plus à l’arc d’un opposant politique autre qu’eux-mêmes. (…) Ceux qui disent ne pas en faire une priorité, en font la priorité de leurs prises de parole et de leurs argumentaires, laissant en rade plusieurs autres questions brûlantes de l’heure», a répliqué le président du mouvement Agir et ex-responsable de Rewmi dans un communiqué.
L’affront a été tel que les Non-alignés présents au dialogue politique n’ont pas digéré la sortie du leader de Pastef qui déclare que «ce n’est pas par des deals qu’on accède au pouvoir». Déthié Faye, l’un des représentants du pôle des Non-alignés, a déclaré dans le journal Les Echos, du vendredi dernier : «La Constitution que les Sénégalais ont votée, même si je ne l’ai pas votée, s’impose à tout le monde (…) Alors, si nous sommes républicains, cela signifie que dès l’instant que la Constitution parle du Statut de l’opposition et son chef, il faut bien élaborer une législation qui définisse qu’est-ce que l’opposition ? Quels sont ses droits ? Ses obligations ? C’est quoi le chef de file de l’opposition ? Sur quels critères on doit le choisir ? Au plan du rang protocolaire, par exemple, quel sera son rang ?» Une volée de bois vert que Ousmane Sonko ne pouvait laisser passer sans réagir. Seul contre tous, le théoricien de l’Anti-système en a rajouté une couche dans le Sud du pays, le week-end dernier. Et là, il est devenu un tout petit peu plus explicite. «Il y a des hommes politiques qui veulent jouer sur les émotions des Sénégalais. Ils veulent qu’on laisse ce régime dans ses déboires. On n’attendra pas que la situation du pays empire, on va critiquer. Ceux qui disent le contraire sont des hypocrites», a-t-il attaqué à Ziguinchor.
Avant d’ajouter : «La plupart des opposants ne s’opposent qu’à Ousmane Sonko. Ils ne se prononcent jamais sur les questions de l’heure : le problème foncier, les ressources naturelles… Ils sont des opposants de Macky Sall, qui les a financés pour qu’ils attaquent l’opposition.» Sur Rfm hier, Moussa Diaw, enseignant en Sciences politiques à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, a expliqué qu’avec l’instauration du Dialogue national, Macky Sall a réussi à casser l’opposition en plusieurs blocs. Sonko, «très offensif», selon les termes de l’analyste politique, profite de cette situation pour tenter d’engranger un maximum d’électorat. Mais un autre détracteur inattendu s’est dressé sur le chemin du député.
Bougane Guèye Dany : «Sonko a une mémoire trop courte»
Bougane Guèye Dany qui a distribué quelques vivres et du matériel à des sinistrés touchés par les inondations, a critiqué hier la «mémoire trop courte» du leader de Pastef. Selon le patron du groupe de presse D-Médias, Sonko, lors de sa tournée à Ziguinchor, a lancé à son endroit : «Un politicien de circonstance qui croit qu’avec ses milliards, il pouvait s’engager à la Présidentielle et la gagner, n’a même pas pu avoir des parrainages. (…)»
La réplique du journaliste et homme d’affaires n’a pas été tendre. «Frappé par la Corona-prétention et le paludisme de la mémoire courte, Ousmane Sonko a certainement oublié qu’il est à l’origine de la suspension du signal de Sen Tv au soir du 31 décembre 2019. Seulement, la meilleure interrogation est de se demander pourquoi et comment de tels propos envieux ? Pourquoi ne peut-il pas offrir cinq litres de carburant aux populations sinistrées (plutôt) que de verser dans le concert de la parole sans retourner sept fois sa langue. Ce qui est sûr, c’est que le chien aboie et la caravane passe. Dans le chaud désert, il risque de suer face aux actions du/des «milliardaires» qui travaillent à offrir de l’ombre à ceux qui en ont besoin», contre-attaque Bougane Guèye Dany.
Quoi qu’il en soit, Ousmane Sonko semble se complaire dans des situations où il se met à dos quasiment tous les acteurs politiques. N’avait-il pas théorisé qu’on devrait fusiller les quatre présidents qui ont dirigé le Sénégal à ce jour ?
Sonko : «On n’est pas gênés d’être seuls»
Pourtant, en pleine campagne électorale, il était allé solliciter en vain un ndigel électoral chez Wade. Une contradiction qui l’avait contraint à redéfinir son fameux «Système». Présent sur le terrain médiatique, Ousmane Sonko est présentement le seul opposant qui mette au défi Macky Sall. Et il se retrouve seul. Lors de sa conférence de presse de la semaine dernière, il a en profité pour brocarder sans les citer, les Abdoul Mbaye, Bougane Guèye Dany, qui avaient préféré Idrissa Seck en 2019 alors qu’ils avaient à peu près le même discours que lui.
«Chaque jour, des gens issus d’autres partis nous rejoignent. On n’est pas gênés d’être seuls. Nous avons théorisé un nouveau système. Tous ceux qui étaient de l’autre système ne seront pas avec nous. Lors de la Présidentielle, certains ont pensé que Pastef allait disparaître après l’échéance. Il y a des opposants qui en apparence avaient le même discours que nous, mais ont choisi d’aller vers la grande coalition (Idy2019, Ndlr). Pour eux, nous allions avoir 1%. Le Peuple a tranché et notre coalition continue de grandir.» Grandir ? Les prochaines Locales seront peut-être un baromètre.
IDY ET SONKO, UNE COURSE SANS L’AIR D’Y TOUCHER
Que peuvent perdre ou gagner le patron de Rewmi et le leader de Pastef dans leurs différentes postures politiques actuelles ? Eléments de réponse avec les éclairages de Bacary Domingo Mané, Ibrahima Bakhoum et Moussa Diaw
Idrissa Seck et Ousmane Sonko sont arrivés respectivement en deuxième (20,50 %) et troisième (15,67 %) positions lors de la dernière présidentielle de 2019. Ce qui explique certainement le positionnement très différent des deux hommes politiques sur le champ politique actuellement. En effet, le leader du Pastef, Ousmane Sonko, multiplie les sorties sur le terrain et n’épargne guère dans ses déclarations ni le pouvoir en place, ni l’opposition. Au risque, pour l’ancien inspecteur des Impôts et des Domaines, de se retrouver isolé au sein de l’opposition. Un risque qui pourrait être compensé par l’espoir d’engranger des gains notables au sein des populations et de l’opinion publique. Lesquelles désavouent les politiciens traditionnels. De l’autre côté, le silence intrigant d’Idrissa Seck s’apprécie comme une stratégie voulue et calculée par l’homme. Le patron de Rewmi a toujours affiché un total contrôle de son timing politique en structurant ses sorties et ses discours sur le champ politique. Que peuvent perdre ou gagner Idrissa Seck et Ousmane Sonko dans leurs différentes postures politiques actuelles ? Le Témoin a essayé de trouver une réponse à cette question en sollicitant les éclairages des journalistes politiques Bakary Domingo Mané et Ibrahima Bakhoum, mais aussi de l’enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, Pr Moussa Diaw. Pour le journaliste et analyste politique Bacary Domingo Mané, Ousmane Sonko est dans son rôle du leader de l’opposition qui est resté cohérent dans sa démarche politique. Pr Moussa Diaw lui estime que cette division de l’opposition ne peut que profiter à la majorité. Pour Ibrahima Bakhoum, chaque homme politique a sa propre stratégie. Et le leader de « Pastef » les Patriotes, Ousmane Sonko, serait en train de dérouler la sienne.
Il n’y a plus de consensus dans l’opposition comme ce fut lors de la campagne électorale pour la présidentielle 2019 où les leaders de l’opposition, d’une seule voix, mettaient en garde le président Sall contre toute volonté de confisquer la volonté populaire des Sénégalais lors du scrutin. Une année après, le candidat de Benno bokk Yaakaar (Bby) semble avoir réussi son plan constituant à réduire l’opposition à sa plus simple expression. Il y a eu d’abord les tiraillements autour du statut de l’opposition et de son chef. Une partie de l’opposition réclame non seulement à cor et à cris l’instauration de ce statut mais encore vote en faveur d’Idrissa Seck pour être le patron de l’opposition. Ce dont ne veut pas entendre parler « Pastef » pour qui le débat autour de ce statut n’est qu’une manœuvre de diversion — et de dispersion de l’opposition ! — entreprise par le pouvoir en place. Comme si cela ne suffisait pas, les « clashs » (comme disent les rappeurs) se multiplient entre les membres du parti Rewmi et Ousmane Sonko qui a encore une fois lors de sa tournée en Casamance descendu en flammes le régime du président Macky Sall, ce qui n’est pas une nouveauté, mais aussi… certains leaders de l’opposition !
Bacary Domingo Mané, journaliste et analyste politique : « En se démarquant des autres opposants, Ousmane Sonko s’expose en même temps… Il est cohérent dans sa démarche »
Pour le journaliste et analyste politique Bacary Domingo Mané, le leader du Pastef « les patriotes » Ousmane Sonko est dans son rôle d’opposant farouche contre le régime en place. En se démarquant des autres opposants qu’il qualifie d’ailleurs d’opposants de salon, l’ancien inspecteur des impôts et domaines s’expose en même temps. « Un homme politique est un produit. Tout le monde le sait. Un produit qui arrive sur le marché, il y a beaucoup de convoitises, beaucoup de prétendants. Lui (ndlr : Ousmane Sonko) au moins il est en train de se positionner. Vous savez la politique, c’est la prise de risques. En se démarquant des autres opposants, évidemment, il s’expose en même temps. Mais le gain qu’il gagne au niveau de la population, c’est quelqu’un qui aura évidemment tout le temps d’être remarqué. Il ne se contente pas uniquement des déclarations, c’est quelqu’un qui va à la rencontre des populations lorsque ces dernières ont des problèmes pour apporter sa partition de solidarité. C’est cela que je trouve être le gain. Le danger est à la fois pour les tenants du pouvoir mais en même temps aussi pour une certaine opposition qui sont dans le deal. En les traitant d’opposition de salon, ces gens-là aussi seront intraitables avec lui. Ousmane Sonko en ce moment les dérange. Il est vraiment cohérent dans sa démarche. Parce qu’un opposant s’oppose. Celui qui gère le pouvoir gère le pouvoir. Mais ici on voit dans ce pays souvent des sous-traitances entre une certaine opposition et les tenants du pouvoir. A la limite même, ce sont des gens qui sont financés par le pouvoir. Je pense que cela n’a pas commencé avec Wade, ni encore avec Macky. Ça tout le monde le sait : dans tout régime les manœuvres consistent disons avoir une opposition de salon pour justifier quand même un certain nombre d’actes » a expliqué le journaliste politologue Bacary Domingo Mané. Selon qui, la politique est à la fois parole et action.
Ce qui différencie les deux hommes politiques, Ousmane Sonko et Idrissa Seck !
D’après Bacary Domingo Mané entre le président du parti Pastef et le leader de « Rewmi », c’est la jeunesse qui détermine l’engagement politique au sein des populations. Toutefois, estime le journaliste, ce n’est pas encore la fin de l’épopée pour le libéral et le natif de la capitale de Rail. « Un philosophe qui avait beaucoup écrit sur la politique disait : « la politique c’est deux choses, c’est à la fois la parole et l’action ». C’est-à-dire que si vous vous contentez simplement de brèves apparitions ou bien d’apparitions un peu rares, le peuple vous oublie. Je pense qu’Ousmane Sonko a compris cela. C’est pourquoi il ne cesse de descendre régulièrement sur le terrain, de prendre la parole pour défendre les préoccupations des populations. Ce qui n’est pas le cas du président de « Rewmi » Idrissa Seck. Je pense qu’il est convaincu que c’est Dieu qui donne le pouvoir. Qu’il ne va pas disons mouiller le maillot. D’ailleurs, il n’a même pas l’habitude de mouiller le maillot. Voyez même lors de la présidentielle de 2019, s’il a commencé ses sorties, c’est à quelques encablures de la campagne. Mais bon il a eu la chance d’arriver deuxième lors de cette dernière présidentielle. Je pense que pour Idy, il n’a pas vraiment besoin de mouiller le maillot parce qu’il est convaincu que c’est Dieu qui donne le pouvoir. J’ai l’impression que c’est comme ça qu’il pense. Son silence peut se justifier par le fait que, pour lui, une fois les élections passées, c’est fini. Il fait des apparitions rares, donc une opposition comme ça, quand voit avez en place un rival plus jeune que vous, donc plus dynamique, c’est compliqué. C’est ce qui se passe pour Idy aujourd’hui. Une légitimité politique ça se cultive. Il ne s’agit pas de participer à toutes les élections pour assoir sa légitimité auprès du peuple. Pour autant, ce n’est pas la fin de Idy, ça il faut le souligner à moins qu’on soit vraiment hypocrite. Idy ne participe qu’à des élections. Après les élections s’il ne passe pas, il reste chez lui. Ce qui n’est pas le cas pour Sonko arrivé troisième à la présidentielle de 2019. Depuis lors, il est tout le temps sur le terrain. Les dossiers sales du gouvernement c’est lui qui les met souvent sur la table. Ce qui n’est pas encore le cas pour Idy. Il (Ndlr : Idy) est dans une opposition vraiment de collaboration. Il ne critique pas le régime, il le laisse tranquille même s’il prend un chemin qui n’est pas bon pour le peuple » a conclu l’analyste politique Bacary Domingo Mané.
Pr Moussa Diaw de l’Ugb « Certains opposants sont peut- être jaloux du positionnement d’Ousmane Sonko »
D’après l’enseignant chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, Pr Moussa Diaw, c’est un climat malsain qui est en train de s’instaurer entre les leaders de l’opposition. « Ousmane Sonko fait l’objet de plusieurs attaques. Peut-être que cela entre dans le cadre du jeu politique, de la rivalité entre leaders. Mais cela ne contribue pas à renforcer l’unité au sein de cette opposition qui était déjà divisée par des positionnements sur des questions nationales. Aujourd’hui, on assiste à des attaques des uns contre les autres. Ce n’est pas bien pour cette opposition. Parce qu’il faut quand même avoir la capacité de transcender un certain nombre de situations. L’opposition devrait faire bloc ensemble si elle veut vraiment gagner autre chose que de se lancer dans une interaction des grisailles qui ne va profiter que la majorité. Cela dit, il faut voir quelles sont motivations des uns et des autres. C’est vrai que Sonko dérange non seulement la majorité mais également au niveau de l’opposition. Maintenant pourquoi dérange-t-il ? Parce qu’il y a des rivalités. Certains opposants sont peut-être jaloux de sa réussite. Parce que lui, il est arrivé il n’y a pas très longtemps alors que d’autres jeunes étaient là dans des partis politiques. Aujourd’hui il est bien positionné. Au niveau de l’opposition, il joue son rôle. En tant qu’acteur politique, il a une vision des choses et développe des arguments. Il critique le pouvoir et fait des propositions. Donc, c’est ça le rôle d’un vrai leader politique » explique Pr Moussa Diaw. Toujours selon l’universitaire, il ne faut pas parler d’opposition radicale mais plutôt d’opposition offensive du point de vue de l’attaque politique, mais également offensive de point de vue des propositions. Et, selon lui, le président des « Patriotes » Ousmane Sonko s’inscrit dans cette dynamique. « Il incarne le rôle d’un vrai leader et cela va lui couter des attaques. On a vu au niveau de la majorité certains tenter de faire passer une loi pour l’empêcher de se présenter. Cela ne fait que renforcer sa position dans l’espace politique sénégalais. Sa présence sur le terrain ne laisse aucune place aux autres qui, au sein de l’opposition, ont eux aussi des ambitions. Mais lui déroule avec ses stratégies. Il a la capacité de tenir un discours écouté par les autres, de voir dans le pratique gouvernementale, les actions gouvernementales là où il y a des faiblesses. Et c’est là qu’il concentre ses attaques avec bien sûr des argumentations qui sont convaincantes. Déjà il a contesté Idrissa Seck comme chef de l’opposition. Le président du « Rewmi » a choisi sa stratégie. Au début, Idrissa Seck était très attentif et très critique à l’égard du président de la République. A un moment donné, il s’est embrouillé avec des sensibilités religieuses quand il utilise les propos par rapport à La Mecque. Du coup, devant le tollé, il a décidé de s’emmurer dans le silence. Il est resté pendant longtemps sans dire un mot. Ce n’est pas comme ça qu’on parvient à être un vrai leader politique même si on a beaucoup d’expérience. Ce n’est pas non plus comme ça qu’on parviendra à gagner de la sympathie auprès des Sénégalais. Parce qu’il faut être à côté d’eux, traduire politiquement leurs problèmes et les défendre et être proche d’eux. C’est ce qui caractérise un vrai leader politique plutôt que de rester et d’intervenir de façon intermittente » a précisé Pr Moussa Diaw de l’Ugb dans sa conclusion.
Ibrahima Bakhoum : « Faire le contraire du grand silence d’Idy ne devrait pas signifier s’attaquer à toute la classe politique sénégalaise »
Selon le vétéran de la presse Ibrahima Bakhoum, Ousmane Sonko sait qu’il n’y aura pas des locales probablement en 2021. Donc ses descentes sur le terrain constituent une manière de marquer son territoire pour les échéances électorales qui se profilent à l’horizon. Il profite de là où cela fait mal pour tirer sur le pouvoir. « Tout le monde tire sur le régime par rapport aux inondations. Car, on a fini de tirer sur le régime par rapport à la gestion de la crise sanitaire liée au covid-19. Désormais, il s’agit de savoir est-ce que la branche sur laquelle s’est accroché Ousmane Sonko est la bonne branche. C’est-à-dire tirer sur tout ce qui bouge au sein du pouvoir et de l’opposition. Vraiment en le faisant, il s’isole de certains qui auraient pu faire alliance objective avec lui. Ce sont les medias même qui reprochaient à Idrissa Seck son silence. Pourquoi il ne parle pas. Lui (Ndlr : Ousmane Sonko), il veut faire le contraire. Faire le contraire du grand silence d’Idy ne devrait pas signifier s’attaquer à toute la classe politique sénégalaise » estime le journaliste et analyste politique Ibrahima Bakhoum. Etant donné que chaque homme politique a ses propres stratégies, Ibrahima Bakhoum ne voit pas la descente sur terrain d’Ousmane Sonko comme un affaiblissement des autres opposants. « En termes de visibilité, c’est déjà gagné. Ousmane Sonko a déjà battu Idriss Seck il n’y a plus rien à dire. Maintenant en le faisant, il n’est pas en train d’enterrer les autres opposants. Les autres ont leurs stratégies. Il y a des gens qui estiment aujourd’hui que Sonko en fait trop. Il y a ceux qui ont choisi de se taire et c’est une opposition pour certains. Mais la politique, c’est également la communication. Il faut parler. Il faut être vu. Cela dit, ceux qui continuent à se taire pourraient avoir un réveil difficile si demain il se passait quelque chose, les gens diraient oui Sonko l’avait signalé » a conclu Ibrahima Bakhoum.
LE CESE DELIVRE SON SATISFECIT AU PERSONNEL DE SANTE
Le Conseil Economique, Social et Environnemental (Cese) a démarré sa deuxième session ordinaire de l’année 2020 hier sur le thème de la pandémie de la Covid-19 et de ses effets sur le système de santé de notre pays.
Le Conseil Economique, Social et Environnemental (Cese) a démarré sa deuxième session ordinaire de l’année 2020 hier sur le thème de la pandémie de la Covid-19 et de ses effets sur le système de santé de notre pays. Le ministre de la Santé et de l’Action sociale a ouvert le bal par une communication sur la gestion de la pandémie au Sénégal. La séance plénière de la session s’est déroulée en visioconférence et a enregistré la participation de 108 conseillers sur les 120 que compte le Cese.
Les membres du Conseil Economique, Social et Environnemental ont, à l’unanimité, salué la bravoure, le courage et la mobilisation du personnel de santé durant toute la pandémie du Covid-19. Ils ont en particulier relevé la rapidité de la riposte qui s’est traduite par les résultats encourageants obtenus par le Sénégal dans la lutte contre le coronavirus. Les résultats obtenus sont d’autant plus valorisants selon les conseillers que notre pays occupe la deuxième place dans le classement mondial des pays qui ont le mieux géré la crise sanitaire. Ils ont toutefois engagé le ministre de la Santé et de l’Action sociale à poursuivre les efforts engagés depuis le début pour endiguer la maladie et pour la pérennisation des acquis.
Lors de sa communication, la présidente du Conseil Economique, Social et Environnemental, Mme Aminata Touré, a salué les progrès notables enregistrés par le Sénégal dans le domaine de la santé. Elle a relevé la construction de 36 hôpitaux dont 4 de grande envergure et 4 nouveaux hôpitaux en cours de construction. « Sans oublier les 102 centres de santé et la mise en œuvre historique de la couverture maladie universelle. Le budget de la santé qui s’élève actuellement à 198, 856 milliards a été multiplié ces derniers années », a-t-elle magnifié. Ces efforts, d’après Mme Aminata Touré, ont surtout permis de renforcer l’accès aux services de base et de bien-être des Sénégalais, conformément à un droit consacré par la Loi fondamentale.
ABDOULAYE DIOUF SARR «l’organisation de la Session du Cese en mode visioconférence est un acte de résilience»
De son côté, le ministre de la Santé et de l’Action sociale a salué l’apport et l’intérêt que le Conseil économique, social et environnemental apporte au débat sur les enjeux, les effets et les perspectives de la pandémie de Covid-19. Abdoulaye Diouf Sarr s’adressait aux conseillers de l’institution ce mardi 15 septembre 2020 à l’occasion de la première séance plénière de la deuxième session 2020 du Conseil Économique, Social et Environnemental entièrement consacrée aux effets du Covid 2019. « L’organisation de votre session en visioconférence dans le contexte particulier de la pandémie et des mesures barrières est en soi un acte de résilience qu’il faut saluer. Nous considérons que le Cese est une institution importante sur les réflexions majeures de notre pays », a dit le ministre de la Santé qui faisait l’état des lieux de la riposte contre la pandémie et entretenait les conseillers des perspectives sur notre système sanitaire.
Ce mercredi 16 septembre 2020, c’est le professeur Moussa Seydi, chef du Service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital de Fann et le Pr Souleymane Mboup, directeur de l’institut de recherche en Santé et épidémiologie vont entretenir les conseillers des défis de la prise en charge des personnes infectées. Ils seront complétés dans leurs interventions par Dr Arame Top Sène, directrice générale de l’Action sociale, Dr Marie Khémesse Ngom Ndiaye, directrice générale de la Santé publique, Dr Amadou Sall, administrateur principal de l’institut Pasteur de Dakar, et Dr Amadou Yéri Camara, secrétaire général du Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames). Autant dire que les conseillers du CESE ont accéléré la cadence de leurs travaux dans le cadre de la deuxième session ordinaire de l’année 2020.
LES POMPIERS CONFRONTES A UN DILEMME CORNELIEN POUR L’EVACUATION DES EAUX
Mbao refuse l’accès à son marigot, la forêt de Keur Massar est pleine
Un calvaire sans fin. Non seulement les pluies diluviennes de l’autre weekend ont inondé des centaines de maisons à Keur Massar et chassé leurs occupants mais encore les opérations d’évacuation de ces eaux butent sur un sérieux problème de réceptacle. En effet, les eaux pompées étaient déversées dans un premier temps dans la forêt de Keur Massar qui a reçu son trop -plein d’eau. Le risque, si les eaux continuent d’y être évacuées, c’est qu’elles refluent… vers les maisons inondées d’où elles sont extraites. Un retour à la case départ ! Il est question de se tourner vers le marigot de Mbao mais voilà, les riverains de ce marigot ne veulent pas entendre parler d’un déversement des eaux évacuées de Keur Massar vers cette étendue d’eau qui déborde déjà dans leurs maisons ! Un véritable dilemme cornélien pour nos braves sapeurs-pompiers.
Il suffit de se rendre au niveau de l’arrêt des bus, près de la cité pénitentiaire de la commune de Keur Massar, pour constater l’étendue des eaux pluviales qui ont pris l’aspect d’une mare verdâtre. Malgré les efforts consentis, les eaux stagnent toujours. Et pourtant, depuis le week-end des 05 et 06 septembre 2020, les sapeurs-pompiers avaient installé les gros moyens pour évacuer les eaux. Dix jours après, elles résistent toujours malgré la puissance des motopompes déployées. Pressée de voir les eaux évacuées, la population traite ces sauveteurs d’ « incapables » alors même qu’ils sont confrontés à un problème crucial. Une équation presque impossible à résoudre. « Ce que les gens ne comprennent pas, c’est que la forêt de Keur Massar est pleine. Et si nous continuons à évacuer toutes les eaux que nous pompons au niveau de cette forêt, le risque est énorme car les eaux peuvent refluer vers les maisons de la commune. Et là, ce serait la catastrophe » renseigne un sapeur-pompier sous le couvert de l’anonymat. Ce qui fait dire à notre interlocuteur que le problème de l’évacuation des eaux de Keur Massar reste encore entier. Et face à cette donne, notre source conseille à l’Etat de communiquer avec les populations de Keur Massar afin de les mettre au parfum de la situation. Histoire de les convaincre de prendre leur mal en patience. Car, renseigne notre interlocuteur, « à ce rythme et sans une pause pour permettre la baisse de niveau de l’eau, on pourrait se retrouver à la case départ avec le retour de l’eau dans les zones inondées ».
La rébellion de la population de Mbao
« Le lieu de déversement des eaux pose problème. Mais ce n’est pas à notre niveau. Le marigot de Mbao peut contenir une quantité d’eau assez conséquente. Mais là aussi, il y a un risque que les eaux débordent et envahissent les maisons environnantes. Et par conséquent, les maisons de la commune de Mbao pourraient également être inondées. Voilà la situation dans laquelle nous nous retrouvons », fait savoir notre interlocuteur. Ce qui constitue un véritable dilemme cornélien du fait que les deux seuls lieux de déversement des eaux inondées disponibles, à savoir la forêt de Keur Massar et le marigot de Mbao, pourraient, à force de recevoir des eaux, se mettre à refluer leur trop-plein vers les zones de provenance ! C’est d’ailleurs ce qui explique la rébellion de la population de Mbao envers les sapeurs-pompiers. « Nous sommes formés et très bien formés. Donc nous savons quand exactement nous devons arrêter le pompage des eaux vers le marigot de Mbao » tente d’apaiser notre interlocuteur. En attendant, on peut dire que les pauvres populations sinistrées de Keur Massar ne sont pas encore sorties de leur calvaire…
DJILOR DJIDIACK, TERRE DE TRADITIONS
Il faut d’abord entrer en terre sérère, longer un bras sinueux du delta du Saloum, traverser la forêt de Samba Dia, avant de découvrir, à 200 km au sud-est de Dakar, Djilor.
Il faut d’abord entrer en terre sérère, longer un bras sinueux du delta du Saloum, traverser la forêt de Samba Dia, avant de découvrir, à 200 km au sud-est de Dakar, Djilor. Ce village Sérère, royaume d’enfance du premier président de la République du Sénégal, est situé à 1,5 km au sud de Fimela, chef- lieu de l’arrondissement du même nom devenu aujourd’hui commune. Les villages de Ndangane et de Yayème se situent à l’ouest de Djilor, à une distance de 7 km et 2,5 km. Le village comptait au recensement de 2011, 833 habitants dont 90 ménages.
Djidiack est le nom du fondateur du village de Djilor, Dou Djilor Djidiack. Il était prince dans le royaume du Sine. Il a ainsi fondé le village de Djilor avec l’aide de deux familles Palmarinoises, il y’a 470 ans. Djidiack était un prince guerrier qui fut appelé par le roi pour combattre ses ennemis. L’histoire raconte que quand il allait en guerre, il partait seul sur son cheval, étendait les bras et chaque arbre qu’il croisait se transformait en chevalier. Revenu vainqueur de la guerre, le roi oublia les récompenses promises en cas de victoire. Il quitta le royaume, ce qui entrainant une sécheresse, les conseillers du roi lui demandèrent de le rappeler. Dès son retour, la pluie revient et c’est la raison pour laquelle l’histoire racontée par les anciens stipule que Djidiack, outre ses dons de guerrier, savait guérir et retenir la pluie. Niché dans un luxurieux bras de mer, Djilor est aussi le royaume d’enfance de l’ancien poète et premier président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor. C’est le véritable village natal du poète, même si il a été déclaré officiellement à Joal. Affecté par l’Administration, son père avait pris en mariage une fille du village du nom de Gnilane Bakhoum. C’est de ce ménage que naîtra Léopold Sédar Senghor. A l’âge de sept ans, Senghor rejoignit Joal où vivaient ses tantes et grands- parents, et sera inscrit à l’école française. Senghor faisait la navette entre ces deux localités. Djilor a été également « la source d’inspiration de Senghor, son royaume d’enfance. Toute la poésie du président-poète est imprégnée de cette culture sérère », écrivent les spécialistes.
Localité active mais laissée à elle-même
Le village de Djilor Djidjiack recèle d’énormes potentialités. Avec ses 865 habitants, la population s’adonne à l’agriculture, principalement le mil, le riz et l’arachide. La pêche et le maraîchage sont aussi des activités principales dans ce village sérère où « tout le monde est cousin » et où le commerce est peu développé. L’élevage est également très répandu dans cette localité. L’infrastructure dans ce village est assez sommaire même si récemment, on a relevé une certaine amélioration. La route nationale qui traverse le village est une initiative de feu Adrien Senghor en 1978 alors ministre de l’Equipement. Aujourd’hui, elle est bitumée. Dans cette zone, l’accès à l’eau potable est également très difficile. Les populations, laissées à elles-mêmes, sont le plus souvent confrontées à l’accès à l’eau potable et à un déficit d’assainissement. Elles se débrouillent néanmoins et parviennent à s’en sortir grâce aux puits et forages qu’elles désinfectent. Le forage de 3m cubes 600 couvre quatre villages. Les populations de Djilor Djidiack pratiquent une culture vivrière dont la majeure partie est consommée sur place. Ce qui fait qu’elles ne se sont pas confrontées aux problèmes de dettes impayées ou d’impôts impayés. La santé est aussi un objet de préoccupation avec un seul poste de santé et une matrone. Le centre de santé est à 7 km de Fimela et couvre 4 villages. Le niveau de développement est visible du fait de la participation des fils du terroir qui ne cessent de veiller au développement du village. Ainsi donc le poids de ses cadres se fait sentir par l’entremise de beaucoup de projets pour participer au développement de Djilor. Une route goudronnée, une école élémentaire ainsi que beaucoup de réceptifs ont été réalisés, participant dans le cadre de l’embellissement et du décor.
Un cimetière commun pour musulmans, animistes et catholiques
Même si l’Islam y est devenu la religion dominante, les Sérères continuent leurs pratiques animistes couplées avec la religion catholique et musulmane. Cette différence de religion n’altère en rien cependant les rapports entre populations chrétiennes et musulmanes. Cette particularité se retrouve jusque dans le cimetière où se trouvent ensevelis musulmans, catholiques et animistes.
Djilor un village mystique ancré dans sa tradition
Depuis la disparition de Djidiack Selbé, guérisseur et fondateur du village, les autochtones, notamment les patriarches, ont voulu préserver la tradition. C’est ainsi que leurs progénitures sont maintenus dans le village pour les préserver du déracinement. De génération en génération, les descendants ont entretenu cet héritage jusque dans la gestion et la conservation de l’arbre sacré. De son vivant, quand les hommes étaient inquiétés sur leur sort, il était là leur disait-il, parmi eux pour veiller sur leur devenir. « Nous considérons qu’il n’est pas mort, surtout que nous n’avons pas vu de corps depuis sa disparition. Du reste, peu de temps avant de disparaître, il nous avait recommandé de faire des prières à l’endroit où il laisserait l’empreinte de ses chaussures. C’est précisément devant l’arbre qu’ils ont trouvé l’empreinte de ses chaussures et depuis l’arbre est devenu mystique et sert de remède », raconte un vieil homme. Des petites calebasses » constituent un des attributs de son legs mystique. Mais Djilor ce n’est pas que le « royaume d’enfance » du Président-poète. C’est aussi une localité riche de sa culture préservée jalousement par le biais des cérémonies initiatiques, des festivités du mariage et des événements de lutte traditionnelle entre autres richesses. Ses habitants sont accueillants et attachés aux liens tissés par leurs ancêtres, plus forts que les différences de religion effacées par une cohésion sans faille à l’image du cimetière mixte du village.
Djilor, une destination touristique
Les atouts de ce cadre naturel enchanteur font du village une destination touristique appréciée. Le paysage est beau et les hommes y vivent en communion entourés de forces mystérieuses invisibles de la nature environnante. Dans ce décor féérique, on ne peut manquer d’être gagné par l’enchantement, loin du spleen. La culture est très riche et variée dans la zone. Un cadre de vie particulier ou tout le monde est cousin dans le village. Bienvenue à Djlor!
LE SECRETARIAT GENERAL DU GOUVERNEMENT ACCUSÉ DE BLOQUER L’ARRÊTÉ ANNTI-TABAC
La Ligue sénégalaise de Lutte contre le Tabagisme, le Programme national contre le Tabac et la Société Civile comptent faire débloquer le texte portant interdiction de l’importation, de la commercialisation et de l’usage de la Chicha au Sénégal
La Ligue sénégalaise de Lutte contre le Tabagisme (Listab), le Programme national contre le Tabac (Pnt) et la Société Civile comptent aller jusqu’au bout de leurs efforts pour faire débloquer le texte portant interdiction de l’importation, de la commercialisation et de l’usage de la Chicha au Sénégal. L’arrêté déjà cosigné par les ministres du Commerce et de la Santé depuis décembre 2019 serait rangé dans les tiroirs du Secrétariat général du gouvernement qui peinerait à numéroter le document. Du moins, l’accusation est portée par Djibril Wélé de ladite Ligue anti-tabac.
Juste un numéro et le tour est joué. Malheureusement, la machine refuse de donner les… bons chiffres. D’où le blocage noté dans l’arrêté portant interdiction de la commercialisation, de l’importation et de l’usage de la Chicha au Sénégal. Un arrêté qui, donc, peine à entrer en vigueur. Pourtant les deux ministres concernés à savoir celui en charge de la Santé et son collègue du Commerce ont paraphé le document depuis bientôt un an. C’est à dire depuis décembre 2019.
L’arrêté n’étant pas entré en vigueur, l’importation, la commercialisation et l’usage de la chicha se poursuivent de plus belle. La chicha, produit nocif et dangereux, continue donc de faire des ravages. avec son lot de victimes. Comme pour ajouter de la… fumée dans les poumons des activistes antitabac, 5 septembre dernier, un établissement dénommé « Bar à Chicha » a été inauguré à Thiès, à côté d’un célèbre restaurant sis à côté du lycée Malick Sy. Sauf que quelques jours après cette inauguration, l’on ne sait par quel miracle et à la surprise générale, le texte sur l’interdiction de la chicha a été vite agité sur les réseaux sociaux. La rumeur s’est vite propagée au point que l’opinion s’est vite réjouie de la mesure et les internautes se sont même empressés de partager le document avec des commentaires enthousiastes.
Hélas, ce n’était qu’une « infox ». L’arrêté qui interdit l’usage, la commercialisation et l’importation de la Chicha n’est toujours pas entré en vigueur. Interpellé sur la question, Djibril Wélé de la Ligue sénégalaise de Lutte contre le Tabagisme (Listab) rassure. « Ce ne sont que des rumeurs. L’arrêté en question n’est qu’un projet qui, certes, est cosigné par les ministres de la Santé et du Commerce, mais il n’est pas encore enregistré au niveau du Secrétariat général du Gouvernement. Il n’a encore ni numéro ni date de validation », explique notre interlocuteur. « Ce n’est donc pas dans l’ordonnancement juridique », comme l’a écrit Aïssatou Anthia Touré de la cellule de communication du ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Seule la numérotation reste donc pour que le texte soit applicable. « Pour le décret, cela fait déjà un, deux ans que c’est sorti. Pour l’arrêté, cela va faire bientôt un an qu’il est en attente de numérotation. C’est vraiment déplorable », s’indigne Djibril Wélé. « Il y a des décrets qui passent en Conseil des ministres tous les mercredis, il y a aussi des arrêtés qui sont signés et dont certains sont plus récents que celui sur la chicha. On ne comprend pas, il y a anguille sous roche », s’étonne-t-il.
Qu’est-ce qui serait réellement à l’origine du blocage de cet arrêté ?
Face à cette question, nos interlocuteurs accusent des gens tapis dans l’ombre. « Il y a des intérêts en jeu, surtout que la chicha est devenue très rentables avec des maisons à chicha, de grands établissements de commercialisation. Il y a des lobbies qui sont dans l’importation de la chicha et des cigarettes électroniques. Le Sénégal n’est pas un producteur de chicha. En revanche, notre pays est un grand importateur de ce produit nocif et dangereux. Certainement, il y a des gens qui sont derrière et qui essaient de retarder, pour ne pas dire de bloquer ce projet », a déploré ce membre de la Listab. Dans son rôle d’alerte et de veille, cette Ligue travaille aujourd’hui à ce que « les textes validés en comité technique puissent être effectifs le plus rapidement possible afin de pouvoir protéger les populations, notamment les jeunes, par rapport aux ravages causés par ce produit dangereux pour la santé ».
En tout cas, Djibril Wélé s’emporte jusqu’à accuser le Secrétariat général du Gouvernement d’être le seul responsable de cette…barrière qui empêche le texte de finir son circuit. « Parce que ce sont les gens de ce Secrétariat général qui programment les textes en Conseil des ministres, notamment les décrets. Ce sont eux qui numérotent tous les arrêtés qui passent. Ce sont donc eux également qui bloquent les choses. Il n’y a pas quelqu’un d’autre », soutient le membre de la Listab tout en soutenant que le Secrétaire général du gouvernement aurait refusé de numéroter le document pour la bonne et simple raison que « l’industrie de la chicha est un gros marché pour le Sénégal ». Malgré la puissance des lobbies de ce business de la chicha, la Ligue sénégalaise de Lutte contre le Tabagisme (Listab) va poursuivre le bras de fer contre eux.
En collaboration avec le Programme national contre le Tabac et la participation de la société civile, les activistes entendent remonter l’information jusqu’au plus haut niveau à travers des requêtes pour essayer de débloquer ces textes. Selon Djibril Wélé, ses camarades activistes n’écartent pas l’idée de rencontrer certaines autorités, voire porter l’affaire sur la place publique pour en faire un débat afin que ces textes soient remis dans le circuit, au plus vite. « Notre rôle c’est de rétablir la vérité. Parce que la santé de la population doit primer sur tout. On demande au Secrétaire général du gouvernement d’accélérer les choses. On lui demande aussi et surtout de dénoncer ceux qui sont derrière ce blocage », déclare le camarade d’Amadou Gaye qui soutient mordicus que ce sont des lobbies qui empêchent l’arrêté portant interdiction de l’importation et de l’usage de la chicha d’entrer en vigueur.
Par Mohamed DIA
QUAND MACKY SALL RESSUSCITE LA FRANÇAFRIQUE POUR UN EVENTUEL TROISIEME MANDAT
Élu le 28 mars 2012, le nouveau président sénégalais Macky Sall s’est finalement refusé à exiger le paiement d’un loyer par la France, décidant que la France pourrait bénéficier du site de Rufisque à titre gracieux, et a signé le traité le 18 avril 2012
« Élu le 28 mars 2012, le nouveau président sénégalais Macky Sall s’est finalement refusé à exiger le paiement d’un loyer par la France, décidant que la France pourrait bénéficier du site de Rufisque à titre gracieux, et a signé le traité le 18 avril 2012 à l’occasion de sa visite en France ». République Française. France-Afrique, une expression qu’aurait inventée l’ancien président de la Côte d’Ivoire, Houphouët-Boigny, pour décrire la complexité des relations économiques, militaires, politiques et les liens sociaux qui unissaient la France à ses anciennes colonies. Ces liens, construits au cours des décennies de domination coloniale ont quand même persisté après l’indépendance et a fourni un environnement bénéfique pour les deux parties, nous, Africains, profitant de la protection française, du soutien militaire et sécuritaire sans oublier l’aide étrangère et eux les Français, profitant de nos matières premières et de la mainmise dans notre politique économique.
France-Afrique
Nos systèmes et méthodes gouvernementaux, ont été copiés sur les structures françaises, et beaucoup le sont encore. Le français est souvent la langue officielle dans plusieurs pays africains. Ces facteurs garantissent la continuité de l’influence française après l’indépendance dans de nombreuses de nos sociétés africaines. Nos dirigeants amassent souvent des fortunes puis les transforment en propriétés immobilières et autres holdings en France et ailleurs en Europe et dans le monde. Pendant ce temps, la France bénéficie de dirigeants qui leur donnent carte blanche sur nos ressources naturelles, aux marchés d’exportation et d’une liberté d’action tacitement accordée. Il faut noter que le faux départ a eu lieu durant les époques coloniales ; nos dirigeants étaient culturellement très imprégnés des traditions françaises, et certains occupant même des postes en France, comme par exemple Houphouët-Boigny qui servait dans le gouvernement français et l’ascension du président sénégalais Senghor au sommet de la société française jusqu’à son élection à l’Académie française. Le modèle France-Afrique a bien fonctionné pendant des décennies, sous la tutelle du légendaire et controversé Jacques Foccart, conseiller Afrique de Gaulle, Pompidou, et, brièvement, François Mitterrand et son fils Jean-Christophe et Jacques Chirac. Pendant de nombreuses années, le conseiller Afrique à la présidence n’a pas rendu compte au conseiller diplomatique du président, mais directement au président, bénéficiant ainsi d’un statut égal ou peut-être même supérieur à celui du conseiller diplomatique.
Rien n’est éternel
À la fin du 20e siècle, on assiste à un paysage mondial en mutation et le modèle France-Afrique commence à avoir du mal à s’adapter. Les Africains avaient commencé à beaucoup voyager et ils ont vu d’autres parties du monde et ont commencé à démystifier la France. Il y a aussi l’aspect de la globalisation qui a exposé nos sociétés aux films, modes, sports, musique et littérature non français et l’Amérique du Nord a bénéficié d’un avantage dans ce domaine. Conséquemment, les Africains francophones ont commencé à perdre leur tendance à considérer la France comme leur modèle. Bref, France-Afrique a commencé à être victime de plusieurs effets de la mondialisation. Pour la France, le coût du maintien de France-Afrique a commencé à devenir moins proportionné à ses rendements, à la fois politique et économique. Ayant changé de stratégie sur sa présence militaire en Afrique, cela a augmenté le coût de maintenir sa présence militaire dans le monde. Entre cela et une population vieillissante, la France commence à sentir le poids économique et le privilège français est menacé en Afrique. Sur le plan politique, les problèmes en Afrique deviennent plus complexes et plus coûteux à gérer pour la France. Autrefois considérée comme joyau de la couronne de France-Afrique, elle avait commencé à sombrer dans le chaos après la mort de l’un des plus grands défenseurs et bénéficiaires de France-Afrique, Houphouët-Boigny. à titre d’exemple, l’opération Licorne a coûté à la France environ 250 millions d’euros par an, sans donner de résultats satisfaisants. France-Afrique a accordé des privilèges à la France, mais portait aussi un fardeau d’attentes devenu plus difficile à assumer. Tout le monde a reconnu la primauté de la France dans certaines parties de l’Afrique, mais cela a créé des espérances que lorsque des problèmes surgissent, les Français s’en chargeront. La France a longtemps été capable et désireuse de relever ces défis quand tout le monde a accepté cette réalité, mais ce n’est plus le cas. France-Afrique a parfois été une arme à double tranchant, certains, y compris des Africains, voulant que la France intervient avec force lorsque des problèmes surgissent, mais avec d’autres, heureux d’accuser la France d’agir unilatéralement ou en tant que néocolonialiste quand elle le fait. Cependant, le gouvernement de Jacques Chirac était conscient que le modèle FranceAfrique stagnait et il a tenté néanmoins, à préserver la façade du modèle. Le modèle commençait à mourir avec le président Nicolas Sarkozy qui a voulu changer les choses. Il voulait normaliser les relations entre la France et ses anciennes colonies et voulaient que les Africains se prennent en charge sans l’aide de la France. Sur papier, Sarkozy avait éliminé la position de Monsieur Afrique et a nommé Jean-David Levitte comme conseiller diplomatique et Bruno Joubert comme adjoint de ce dernier. La position de Monsieur Afrique n’existe plus officiellement et les conseillers ne rendent plus compte directement au président, mais plutôt au conseiller diplomatique.
Quand Macky Sall ressuscite la Françafrique
« Élu le 28 mars 2012, le nouveau président sénégalais Macky Sall s’est finalement refusé à exiger le paiement d’un loyer par la France, décidant que la France pourrait bénéficier du site de Rufisque à titre gracieux, et a signé le traité le 18 avril 2012 à l’occasion de sa visite en France ». République Française. Vu que les pays africains ont demandé et ont lutté pour leur indépendance avant d’avoir eu une politique commune de défense, il était facile pour les anciennes puissances coloniales d’exploiter cette lacune. Elles en ont profité pour signer des accords de défense militaire. Pour demeurer une puissance occidentale, la France s’est assurée de maintenir les rapports avec ses anciennes colonies. François Mitterrand disait : « Sans l’Afrique, il n’y aura pas d’histoire de France au 21e siècle ». La France a garanti l’aide, l’assistance et les accords de défense en cas de troubles intérieurs, elle a même utilisé ces accords pour établir des bases militaires dans plusieurs pays africains. Presque toutes les anciennes colonies sont liées à la France par un accord de défense. Par ce biais, on note le comportement paternaliste pour renforcer son influence sur les anciennes colonies et leur faire croire qu’ils ont besoin de la France. Sous Macky Sall, les entreprises françaises font de bonnes affaires, et même de très bonnes affaires, en Afrique de l’Ouest et au Sénégal plus particulièrement : Eiffage est le concessionnaire de la première autoroute à péage du pays qui relie le centre de la capitale Dakar au nouvel aéroport international Blaise Diagne et la seconde ville du pays Thiès ; Bolloré est le concessionnaire du port de Dakar ; Alstom s’est occupée du Train Express Régional qui reliera Dakar, sa banlieue et l’aéroport international Blaise Diagne ; Auchan a commencé à déployer un réseau de grandes surfaces qui pénètrent les principaux quartiers chics et populaires de Dakar ; Suez a raflé le contrat d’affermage relatif à la gestion de l’hydraulique urbaine et périurbaine, Total a reçu en mai 2017 la licence de prospection et d’exploitation des blocs de pétrole et de gaz les plus prometteurs du pays. à l’ère où nous sommes, on ne devait plus parler de France-Afrique, mais plutôt de partenariat gagnant -gagnant. Pourquoi nos dirigeants n’assurent pas notre propre défense afin de pouvoir enfin oser dire non quand il faut dire non. Quand un pays assure votre défense, et qu’elle paie les violons, elle va choisir la musique. Il faut oser couper le cordon ombilical et grandir, mais pour le faire, il faut respecter les étapes à suivre afin de devenir une nation souveraine.
Mohamed DIA
consultant bancaire Dakar Sénégal
REBELLION AU SUTSAS
Les sections de FANN, ENDSS, ENTSS et Albert Royer désavouent Mballo Dia Thiam
Le secrétaire général du Syndicat Unique des Travailleurs de la Santé et de l’Action Sociale (Sutsas) Mballo dia Thiam fait face à une rébellion. pour cause, les sections de l’organisation syndicale de Fann, Albert Royer, ENDSS et ENTSS ont sorti hier un communiqué pour se désolidariser totalement de ses positions et réaffirmer leur ancrage dans la convention des professionnels de la Santé (cpS) pour exiger l’application intégrale du système LMd (Licence-Master-doctorat) dans les écoles de formation en sciences de la santé et action sociale et leur rattachement à l’enseignement.
La guerre est déclarée entre Mballo Dia Thiam et les sections Sutsas de FANN, ENDSS, ENTSS et Albert ROYER.
Dans un communiqué rendu public hier, ces derniers désolidarisent totalement des positions du secrétaire général du Sutsas et réaffirment leur ancrage dans la Convention des Professionnels de la Santé (CPS) en exigeant l’application intégrale du système LMD (Licence-Master-Doctorat) dans les écoles de formation en sciences de la santé et action sociale et leur rattachement à l’enseignement supérieur conformément aux directives de la Cedeao. «Le sieur Mballo Dia Thiam, retraité syndicaliste, devrait avoir l’honnêteté et la loyauté de soutenir ses camarades qui ne demandent que l’alignement du Sénégal aux normes communautaires. Nous rappelons au sieur Thiam que l’Etat du Sénégal, après une implication au plus haut sommet de ses experts (Universitaires, Enseignants des écoles de formation paramédicales) dans la rédaction des curricula de formation harmonisés dans l’espace CEDEAO, a signé l’ensemble des directives obligeant tous les pays membres à harmoniser la formation dans les sciences de la santé et de l’action sociale avec le relèvement des niveaux de recrutement au baccalauréat de toutes les sections de premier cycle et le basculement à l’enseignement supérieur à l’image de tous les autres pays de la sous-région», renseigne le document.
Les insurgés poursuivent leurs diatribes en rappelant par ailleurs «au sieur Thiam que le ministre de la Santé et de l’Action Sociale par lettre n° 5676 du 16 Mai 2018 en annexe avait déjà, en application des normes de la Cedea, donné des directives au Directeur de l’Endss pour l’application du système LMD. Le sieur Thiam ignore le régime des écoles de formation publique pour l’accés à l’Autorité Nationale d’Assurance Qualité pour l’Enseignement Supérieur (Anaqsup). »
En effet, affirment-ils, «l’Endss est une école de septième catégorie, donc sous le régime de l’autorisation de délivrer des diplômes qui ne sont pas de l’enseignement supérieur. La modification du décret de l’Endss avec statut d’établissement de l’enseignement supérieur s’impose pour être habilité à la délivrance de Licence-Master-Doctorat. Par conséquent, on ne peut pas faire du supérieur étant dans le ministère de la santé car ce dernier n’a pas la vocation de formation de Licence- Master-Doctorat. Nous demandons au sieur Thiam de nous montrer un exemple de pays dans le monde où ces formations de LMD sont sous la tutelle d’un Ministère de la santé.» «En la matière, le législateur sénégalais a organisé la formation de LMD à travers la loi n°2011-05 portant LMD et les décrets n°2012-1114, n°2012-1115 et n°2012-1116.
Seul le ministère de l’Enseignement Supérieur est autorisé à délivrer des diplômes de LMD. Nous réclamons donc avec force le retrait du projet de décret circularisé par le ministère de la Santé changeant complétement la dénomination des diplômes. Nous ne voulons pas de diplômes d’administration de soins, nous voulons des diplômes de Master pour le second cycle, de licence pour le premier cycle et de doctorat pour le troisième cycle conformément aux directives communautaires. Un diplôme d’administration de soins n’existe nulle part dans le monde encore moins dans la sous-région. Nous voulons une mobilité de nos apprenants et un plan de carrière pour nos professionnels qui ne peuvent se faire sans une application du système LMD et un rattachement à l’enseignement supérieur», précise le communiqué.
POLEMIQUE AUTOUR DE LA DENOMINATION DES DIPLOMES
Dans la formation au niveau du système de santé, le Sénégal accuse un retard par rapport aux autres pays de la communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest (Cedeao)
Dans la formation au niveau du système de santé, le Sénégal accuse un retard par rapport aux autres pays de la communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest (Cedeao). Selon certains acteurs interrogés, le Sénégal n’est pas aux normes dans ce domaine, en ce sens que là où les autres pays parlent de Licence, Master, doctorat (LMd), le Sénégal stagne avec des appellations dépassées. D’où la polémique qui s’est installée autour de la dénomination des diplômes décernés dans le pays.
Des réformes structurelles doivent se faire dans le système de formation en santé. Et la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest(Cedeao), à travers l’Organisation Ouest Africaine de la Santé (Oas), a travaillé sur le plan paramédical, pour harmoniser les curricula de formation et la dénomination des diplômes. Il a été demandé à tous les Etats d’appliquer désormais le système Licence Master Doctorat (LMD). Mais aujourd’hui, soulignent, certains acteurs interrogés, tous les pays l’ont appliqué sauf le Sénégal qui traîne encore les pieds. «Cela veut dire que notre système n’est plus aux normes, car les autres parlent unanimement de Licence, Master, Doctorat.
Par conséquent, les acteurs demandent l’application de cette directive que le Sénégal a pourtant ratifiée», affirme Méissa Diouf, porte-parole du collectif des enseignants des écoles publiques de formation en santé. Pour lui, le refus de cette application est lié à des raisons pécuniaires parce que la division formation du ministère tient à l’organisation des examens qui génère beaucoup d’argent, car chaque étudiant du privé verse 20.000 Fcfa, dans parler du budget dédié. A cause du business autour de la formation, les autorités du ministère ne veulent pas être aux normes. Or depuis 2009, tous les systèmes de formations devaient être alignés au LMD, et être rattachés à l’enseignement supérieur. Pour Cheikh Seck, kinésithérapeute à l’hôpital Idrissa Pouye de Grand-Yoff et secrétaire général du Syndicat Démocratique des Travailleurs de la Santé et du Secteur Social (Sdtsss), la non-mise en œuvre du système LMD est une aberration. D’autant que le monde est universel et le plan de carrière est l’élément le plus fondamental pour un praticien.
«LA FRANCE N’EST PAS UNE REFERENCE EN MATIERE MEDICALE»
Aujourd’hui, poursuit Cheikh Seck, «on a l’impression que la nécessité d’une application du système LMD est une revendication alors qu’il n’en est rien, dans la mesure où elle est appliquée dans tous les pays du monde. Au Sénégal, les gens ont tendance à penser que dans le secteur de la santé, il n’y a qu’un seul corps, celui des médecins. Pourtant le médecin, qui est un clinicien ne peut pas faire le travail lui seul. S’il établit un diagnostic sur la base des signes et des symptômes, pour suspecter telle maladie, il faut nécessairement des examens para cliniques pour confirmer le diagnostic et ce n’est pas le médecin qui les fait. Si c’est au niveau du laboratoire par exemple, c’est le biologiste qui les fait et les exemples se comptent à la pelle. Après avoir fait le diagnostic également, le médecin établit son bulletin de soin. Mais ce n’est pas lui qui injecte les malades, qui prend les prélèvements pour les analyses. Ce travail est dévolu à l’infirmier. Donc il s’agit d’une équipe et chacun a son plan de carrière. Et contrairement à ce que pensent certains, l’infirmier n’est pas le subalterne du médecin, ils sont des collaborateurs. Nous avons été colonisés par la France, qui n’est pas une référence en matière médicale et c’est le drame que nous subissons jusqu’à présent».
Avant 2009, dit-il, décision a été prise d’harmoniser les curricula de formation dans l’espace de la Cedeao, pour avoir les mêmes programmes de formation. Il a été demandé à tous les pays de la Cedeao et de l’Uemoa de former à partir de la licence et du master. Et que ceux qui n’ont pas d’écoles en doctorat essaient de les ouvrir ou de signer des conventions avec d’autres pays. «C’est ce qui se passe aujourd’hui dans tous les pays sauf au Sénégal, car notre système est parasité par des étrangers», dit-il avant de révéler : «Il y a 5 ans, parmi ceux qui géraient à la Direction des ressources humaines qui pilote la division de la formation, il n’y avait qu’un seul infirmier. Tout le reste était des instituteurs, d’anciens instituteurs, d’anciens psychologues, etc. et non des agents de santé. C’est impossible de gérer les carrières de personnes alors qu’on n’est même pas de ce corps. Plus grave encore, ils ont bénéficié de la complicité de certains syndicalistes, qui ne sont intéressés que par l’argent».
De l’avis de Cheikh Seck, le Sénégal n’a rien à envier aux autres pays en ce qui concerne le contenu de la formation. «Ce qui reste, c’est que les gens matérialisent par des actes. Quand les collègues du Niger veulent déposer leurs dossiers dans certains pays, on leur demande leurs diplômes, licence ou master et en même temps l’option, c’est clair et net. Mais si c’est le Sénégal, on met par exemple diplôme, administrateur des services, or ce diplôme est inconnu des Canadiens. Même si les programmes sont identiques, l’appellation du diplôme pose problème»
MEISSA DIOUF, PORTE-PAROLE COLLECTIF DES ENSEIGNANTS EN SANTE «Les syndicalistes retraités sont disqualifiés pour gouverner le système de santé»
Porte-parole du collectif des enseignants des écoles publiques de formation en santé et par ailleurs coordonnateur de la convention des professionnels de la santé, qui regroupe les enseignants du public comme du privé, les syndicats, l’amicale des étudiants, la société civile, Meissa Diouf a tiré à boulets rouges sur les syndicats. A l’en croire, «des syndicalistes retraités ne peuvent plus gouverner le système de santé, ils sont disqualifiés pour donner quelque orientation que ce soit. Un syndicaliste retraité doit aller se reposer. Malheureusement, certains syndicats sont dirigés par des retraités. Certains d’entre eux émargent chaque mois, au niveau du ministère de la Santé dont ceux qui se disent majoritaires». En ce concerne le système LMD, il indique que l’Etat du Sénégal a déjà pris les lois et décrets nécessaires pour son application. «Mais aujourd’hui, le problème se situe au niveau du ministère de la Santé, qui refuse de procéder à l’application des textes dans ce domaine. Il ne faut pas qu’il y ait une confusion. On ne parle pas de corps d’accueil, mais de dénomination des diplômes.
Dans le supérieur, il y a trois grades, en l’occurrence la licence, le master, le doctorat et il n’y a nulle part administrateur de soins. Ce que nous voulons, c’est l’application de ces trois grades dans le système de la formation en santé, à l’instar des autres pays de la Cedeao. Nous voulons une mobilité de nos apprenants, ce qui est impossible si le système LMD n’est pas appliqué. Tous les pays ont appliqué les directives de la Cedeao, sauf le Sénégal. Le ministère de la Santé doit savoir que sa vocation n’est pas de former, mais de s’occuper de la formation continue de ses agents. Le problème ne se situe pas dans la création de corps au niveau de la fonction publique, mais dans la dénomination des diplômes», clame Meissa Diouf. Ce dernier a par ailleurs demandé le retrait du projet de décret qui a complètement changé l’intitulé des diplômes avant de regretter qu’un projet de décret parle de modification du fonctionnement et de l’organisation de l’ENDSS alors que ni la direction, encore moins les enseignants ne sont au courant.
BABACAR GUEYE, CHARGE DES REVENDICATIONS DES DIRECTEURS D’ECOLES PRIVEES EN SANTE «on ne peut pas dire que le système LMD n’est pas appliqué au Sénégal»
Babacar Guèye, chargé des revendications du Syndicats des Directeurs d’Etablissements Privés en santé temporise. «On ne peut pas dire que le système LMD n’est pas appliqué au Sénégal. Depuis la directive de l’Uemoa en 2007, demandant à tous les Etats d’appliquer le système LMD dans la communauté, le Sénégal a signé tous les textes règlementaires permettant d’être dans ce système. En ce qui concerne spécifiquement la santé, il s’agit d’une recommandation de l’Organisation Ouest Africaine de la Santé (OAS), à la suite d’un travail qui a été mené dans tous les pays. Mais on a constaté qu’il n’y avait pas les mêmes contenus de formation partout et les diplômes n’avaient pas les mêmes dénominations», dit le sieur Guèye. A l’en croire, le secrétariat international des infirmiers et infirmières de l’espace francophone organisation avait mené une étude en 2010 pour constater qu’il n’y avait pas le même diplôme d’un pays à l’autre et un travail a été fait dans ce sens pour harmoniser. Maintenant, les ministres de la Santé de l’espace se sont réunis pour adopter le système LMD et injonction a été faite à tous les pays de l’appliquer à partir de 2010, après une réunion tenue à Freetown.
Selon Babacar Guèye, le Sénégal a eu des retards dans ce sens puisqu’il a commencé à l’appliquer en 2014. Mais le Ministère de la Santé a même donné aux établissements le curricula de la formation et la troisième promotion va bientôt sortir. Mais pour lui, le problème des techniciens supérieur en santé s’est posé avec les syndicats du secteur, qui veulent que ce corps soit créé dans la fonction publique et traduit dans la formation, ce qui pose problème. «Qui dit LMD, dit trois grades en l’occurrence la licence, le master, le doctorat et dès l’instant qu’on est dans ce système, tous les diplômes doivent s’obtenir à partir de ces 3 grades», affirme Babacar Guèye.
AUDITION DES MINISTRES IMPLIQUES DANS LA GESTION DES INONDATIONS
Moustapha Niasse et cie rejettent la proposition de Serigne cheikh Mbacké et maintiennent la mission d’information
Le bureau de l’Assemblée nationale a rejeté la proposition du président du groupe parlementaire Liberté et démocratie qui, à la place d’une mission d’information, plaidait pour l’audition des ministres impliqués dans la gestion des inondations. Moustapha niasse et cie qui privilégient l’article 49 du règlement intérieur de l’Institution promettent de produire un rapport sur les inondations au plus tard le 31 octobre 2020.
Les lettres adressées à Moustapha Niasse et Aymérou Gningue par le président du groupe parlementaire «Liberté et Démocratie» n’y feront rien. La majorité ne compte aucunement auditionner les ministres impliqués dans la gestion des inondations en tenant une session extraordinaire. Elle est intraitable dans sa volonté d’organiser une mission d’information.
Dans une déclaration parvenue hier à «L’AS», le Bureau de l'Assemblée nationale a informé de la mise en place d'une Mission d'information composée de représentants de la majorité, de l'Opposition et des Non-inscrits. D’après la note, la mission d'information, qui comprendra une quinzaine de députés, pourra recourir à l'expertise nationale. «Elle aura un Président, un Vice-président et un Rapporteur », apprend-on.
Selon toujours le communiqué du bureau de l’Assemblée nationale, dès sa mise en place, la mission commencera ses travaux, dans le cadre du délai de six semaines qui lui est imparti. «Ses missions sur le terrain cibleront Dakar et toutes les zones géographiques du pays impactées par les inondations. Suivra ensuite le Rapport qui sera déposé, au plus tard le 31 octobre 2020, auprès du chef de l'Etat, avec les conclusions et les recommandations appropriées. Bien entendu, les députés en auront déjà pris connaissance», lit-on dans le communiqué. Pour la majorité parlementaire, l'Assemblée nationale entend ainsi, dans la lettre et l'esprit du 1er alinéa de l'article 49 de son Règlement intérieur, mener à bien ses missions liées au contrôle de l'action gouvernementale.
SERIGNE CHEIKH MBACKE : «MANSOUR FAYE A UNE GRANDE PART DE RESPONSABILITE DANS LA GESTION DES PROJETS D’ASSAINISSEMENT»
Joint au téléphone, le président du groupe parlementaire Liberté et Démocratie a estimé qu’il fallait normalement convoquer une session extraordinaire et auditionner les ministres impliqués. «On ne les auditionne pas parce qu’ils sont responsables ou accusés d’être à l’origine de la situation. L’Etat est une continuité. On demande à Serigne Mbaye Thiam de venir s’expliquer, même si on sait que Mansour Faye a une grande part de responsabilité dans la gestion des projets d’assainissement, parce qu’ayant longuement dirigé ce département.
Serigne Mbaye Thiam a trouvé les programmes et projets déjà ficelés et exécutés en grande partie, mais il a la responsabilité de venir devant la représentation nationale pour éclairer la lanterne des Sénégalais», a soutenu Serigne Cheikh Mbacké. Il indique qu’il est tout à fait normal qu’on s’interroge, de 2012 à aujourd’hui, sur les réalisations en termes d’assainissement parce que 767 milliards F CFA (Ndlr : plan décennal de lutte contre les inondations), c’est une grande somme et c’est sérieux. Il faut clarifier les choses pour dire combien a été dépensé ; par quelle procédure pour que les Sénégalais puissent être édifiés, a-t-il affirmé. «Et une mission d’information est trop petite pour cela. Une fois sur le terrain, qui va leur donner les informations dont ils ont besoin ? » demande-t-il. Ce qui est mieux et souhaitable, dit-il, c’est de convoquer les ministres en compagnie de leurs conseillers et autres techniciens afin que les députés puissent les auditionner devant la représentation nationale. Surtout que, ajoute-t-il, une fois sur le terrain, par exemple, les sapeurs-pompiers ne pourront parler que du nombre de motopompes qu’ils ont réceptionnées au niveau de leur site. «Ils ne pourront jamais vous dire quel est le nombre de matériels commandés globalement par l’Etat ; qui sont les attributaires des marchés ; encore moins si l’exécution des marchés est convenable ou pas. Et vous avez remarqué qu’avec la baisse des inondations ces dernières années, on n’avait plus revu les matériels achetés pour faire face aux conséquences dévastatrices des pluies diluviennes. Il se peut même que les gens aient loué des pompes en faisant semblant de les avoir achetées », a-t-il déclaré.
OUMAR SARR AVAIT ETE AUDITIONNE APRES LES INONDATIONS DE 2010
Ce qui est désolant aussi, selon le Président du groupe parlementaire de l’opposition, c’est que le rejet de la proposition consistant à auditionner les ministres impliqués n’a pas été motivé. Pourtant, Serigne Cheikh Mbacké rappelle qu’en 2010, lorsqu’il y avait de pareilles inondations dans le pays, le Président de l’Assemblée nationale avait convoqué une session extraordinaire. «On avait convoqué Oumar Sarr qui venait de perdre son papa. Et il a tout laissé pour venir répondre aux questions des députés en compagnie d’autres ministres concernés à l’époque», s’est-il remémoré.
SERIGNE CHEIKH MBACKE, PRESIDENT DU GROUPE PARLEMENTAIRE LIBERTE ET DEMOCRATIE : Nous allons recueillir les signatures de 51% des députés pour convoquer une session extraordinaire et auditionner les ministres impliqués»
«Comme ils ont rejeté ma proposition, je vais rendre compte au Président Abdoulaye Wade et à nos alliés de l’opposition parlementaire, Pape Diop, Mamadou Lamine Diallo et Mamadou Diop Decroix. On discutera de la démarche à adopter et on verra si éventuellement on participera ou non à la mission d’information. Ce qui est sûr, c’est que notre combat ne va pas s’arrêter de sitôt d’autant qu’il y a d’autres voies pour parvenir à nos fins. Nous avons la possibilité de recueillir les signatures de 51% des députés. Et si on arrive à l’obtenir, on pourrait convoquer une session extraordinaire. Cela nécessite des discussions et des concertations. Ce ne sera pas facile, mais je discuterai avec les députés de la majorité pour essayer de les convaincre et avoir leurs signatures. Comme cela, je mettrai sur pied une session extraordinaire pour pouvoir auditionner les ministres impliqués dans la gestion des inondations.»