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11 septembre 2025
NOUS BRÛLONS LE JOUR ET GÉMISSONS LA NUIT
Le président de l’Association nationale des albinos du Sénégal prend la parole et s’élève contre les silences troublants, l’indifférence et propose des solutions pour un mieux-être de ses semblables
Leur existence est parsemée d’embûches, l’horizon incertain. Le cri du cœur de Mouhamadou Bamba Diop se fait l’écho de toute une communauté rongée par un mal congénital, l’albinisme. Le président de l’Association nationale des albinos du Sénégal prend la parole et s’élève contre les silences troublants, l’indifférence et propose des solutions pour un mieux-être de ses semblables.
Quels sont les difficultés les plus insidieuses auxquelles sont confrontées les personnes atteintes d’albinisme ?
Ce sont les problèmes liés à l’exposition au soleil car, après seulement 30 minutes, l’albinos peut avoir des brulures de 90° qui peuvent mener à une infection, un vieillissement précoce, voire un cancer. Il y a aussi les problèmes de vision résultant du déficit en mélanine qui a des conséquences sur la peau et les yeux.
Qu’en est-il de l’accès aux soins ?
L’accès aux soins constitue une grande difficulté car la plupart des albinos vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Ils sont discriminés et ne sont même pas pris en compte par les derniers recensements de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie. Pour prendre en charge une communauté, il faut l’intégrer dans sa politique publique. Les visites sont insuffisantes parce qu’il n’y a pas assez de spécialistes. Le peu qu’il y en a sont des professeurs d’université très souvent occupés. Au Sénégal, il n’y a pas un programme spécial dédié aux albinos. Nous pensons que l’État doit veiller à une meilleure intégration des albinos dans la société et leur prise en charge dans les politiques de santé, d’éducation….
Les crèmes solaires sont-elles suffisamment accessibles ?
Ces produits ne sont pas disponibles. C’est d’ailleurs ce qui nous a poussés à élaborer un projet de fabrication de nos propres produits qui seront à base de beurre de karité, comme cela se fait en Côte d’Ivoire, au Malawi, au Mali… Du coup, cela nous permettrait de régler au moins deux problèmes : la création d’emplois pour les personnes vivant avec l’albinisme et l’amoindrissement des dégâts causés par le cancer chez les albinos. Car, les crèmes solaires disponibles ne sont pas toutes de bonne qualité. L’État nous avait promis un accompagnement avec la Délégation à l’entrepreneuriat rapide (Der) que nous attendons toujours pour pouvoir mettre en place cette unité de fabrication.
Quelles sont aujourd’hui leurs chances réelles d’insertion professionnelle ?
Les chances d’insertion professionnelle des albinos sont minimes car 90% d’entre eux ne sont pas scolarisés ou abandonnent leurs études très tôt à cause principalement de la discrimination, des problèmes de vision et surtout de leur dénuement. Les parents ont souvent tendance à les pousser à la mendicité, c’est la cause première de déperdition scolaire. Cependant, on a vu certains albinos percer et faire des études supérieures. Malgré cela, ils peinent à trouver un emploi décent à cause de leur état. Ceci est la pire des formes de discrimination car c’est celle-là même qui départit l’albinos de sa dignité en l’empêchant de montrer ses compétences, en le poussant à tendre la main.
Est-ce qu’ils sont bien intégrés dans la société sénégalaise ?
L’intégration des albinos dans nos sociétés laisse à désirer. Les albinos ont commencé à se marier entre eux parce qu’ils sont conscients que leurs chances de contracter mariage avec des personnes non albinos sont minimes du fait de cette peur irraisonnée que la société éprouve à leur endroit. En général, ceux qui s’approchent des albinos ne le font que pour des raisons mystiques. Nous sommes enfermés dans un cercle vicieux et abandonnés à nous-mêmes. Nous vivons avec les difficultés de la vie, la crainte d’être sacrifiés un jour, la psychose de tomber malade du cancer, de ne jamais pouvoir devenir des médecins, des ingénieurs, des avocats, des journalistes… Nous brûlons le jour et gémissons la nuit. Nous demandons aux autorités de nous considérer davantage. Nous sommes d’une blancheur qui renferme beaucoup de zones d’ombre. Toutes les personnes sont d’égale dignité et doivent être considérées comme des personnes normales pour pouvoir jouer, chacune en ce qui la concerne, son rôle dans le développement du pays. Les albinos méritent d’avoir une vraie place dans la société.
LE SUPPLICE DES ALBINOS
Leur vie emprunte les allées sinueuses d’un mal congénital qui atteint leur corps et les blesse dans leur dignité. Les personnes frappées d’albinisme souffrent dans leur chair et subissent l’ostracisme d’une société attachée à ses mythes
Ils souffrent le martyre. Leur vie emprunte les allées sinueuses d’un mal congénital qui atteint leur corps et les blesse dans leur dignité. Les personnes frappées d’albinisme souffrent dans leur chair et subissent l’ostracisme d’une société attachée à ses mythes et à ses aversions irraisonnées. Comme si leur supplice corporel n’était pas si oppressant.
« Nos droits sont bafoués ». Cette ritournelle plaintive est fixée dans la mémoire collective. Mouhamadou Bamba Diop, président de l’Association des albinos du Sénégal, ne fait que l’entonner une fois de plus. Beaucoup de mythes, quelquefois discriminatoires, sont attachés à l’albinisme. « Les gens méconnaissent cette anomalie congénitale à tel point qu’une femme qui mettait au monde un albinos était accusée d’avoir trompé son mari avec un blanc », confie Diarray Diallo, albinos, journaliste à la Dtv. La société tarde à briser le tabou. «On considère les albinos à la fois comme des semblables très proches de nous et des êtres venus d’ailleurs. Dans le milieu africain où la réalité humaine cohabite toujours avec celle des esprits invisibles, ils ont souvent été perçus comme des êtres à part, venus de l’autre monde », analyse docteur Mahmadou Mbodj, psychiatre.
Ces croyances tenaces, qui ont traversé les âges, ont longtemps poussé certains parents à se débarrasser des nouveau-nés par peur d’être reprouvés par la société. D’autres ont tendance, à en croire El Hadj Guèye, président de Club albinos, à fuir leurs responsabilités à cause des coûts importants que nécessite la prise en charge d’un enfant atteint d’albinisme. D’après « Jeune Afrique », plusieurs dizaines de femmes albinos se font violer tous les ans au Sénégal à cause de la croyance selon laquelle coucher avec une albinos guérit du Sida.
On m’a proposé 150.000 FCfa contre mes cheveux
Pendant les campagnes électorales, certaines familles cèdent à la psychose du fait des tentatives d’enlèvement d’albinos signalés régulièrement. Leurs cheveux seraient commercialisés et leurs organes (langue, tête, doigt…) très prisés. « En 2012, à Kaolack, un enfant a été kidnappé et rasé de force avant d’être libéré par ses ravisseurs qui avaient besoin de ses cheveux. Au cours du même mois, un ami du nom de Ndecky a reçu la visite d’inconnus qui voulaient s’en prendre à lui. Il est finalement venu se réfugier chez moi à Bargny, le temps que les choses se tassent», confie El Hadj Guèye.
Le sort des albinos rend compte de la prégnance du « souterrain » dans la société sénégalaise qui « pense que l’albinisme rime forcément avec la mendicité et le mystérieux », pense Astou Fall, présidente des albinos de Pikine.
Les amulettes et potions magiques préparées avec des organes d’albinos sont souvent considérées comme les plus efficaces par les hommes et femmes qui aspirent à un destin prodigieux. Cela favorise les agressions, les enlèvements et même parfois l’exhumation des cadavres d’albinos. « Pendant la campagne électorale de 2012, on nous avait signalé sept assassinats et dix tentatives d’enlèvement. Cela ne s’était jamais produit avant », s’indigne Mouhamadou Bamba Diop, président de l’Association des albinos du Sénégal. « Lors d’une campagne électorale, quelqu’un m’a offert 150.000 FCfa pour que je lui donne mes cheveux ; ce que j’ai catégoriquement refusé », révèle l’albinos Diarray Diallo. Les organisations d’albinos ont souvent sonné l’alerte, surtout en période électorale. En plus de l’ostracisme, ils vivent dans l’angoisse dont est saisie une proie face au prédateur.
«Toubab raté »
Selon les statistiques, 98 % des albinos sont confrontés à des problèmes liés à l’accès aux soins de santé et à l’éducation. «Des membres de notre association, qui ont fini leur formation et déposé dans des centaines d’entreprises, voient leurs dossiers rejetés. Ils sont ignorés. Les gens ne veulent pas recruter des albinos», se désole le président Mouhamadou Bamba Diop. Cette difficulté à s’insérer dans la sphère professionnelle les contraint souvent à la mendicité qui devient leur seul moyen de subsistance. Car, la majeure partie des albinos n’ont pas terminé leurs études pour pouvoir prétendre à un emploi digne. « À l’école, on m’appelait toubab ratée. Imaginez la détresse de cette enfant qui n’a pas ce ressort psychologiquement l’incitant à poursuivre les études », témoigne Diarray Diallo.
Une profonde solitude
«Dans nos quartiers, certains rebroussent chemin, crachent par terre ou sur leur poitrine quand ils croisent un albinos, pour se préserver de la malédiction», se désole Ibrahima Fall. Dans les transports publics, certains refusent de s’asseoir à côté des albinos. Ils ne jouissent pas non plus, au sein même de la cellule familiale, de l’affection qu’ils auraient pu espérer. «Il peut arriver qu’un frère ou une sœur manque de respect à sa frangine albinos ou refuse de manger quand c’est elle qui cuisine », confie Astou Fall, présidente des albinos de Pikine. On les pousse ainsi dans la rue pour mendier et nourrir les autres membres de la famille. « Quand je courtisais ma femme, ses amis se moquaient d’elle en lui disant chaque fois que je me pointais : « ton Européen est arrivé ». Cela l’a laissait indifférente et nous avons fini par nous marier », se souvient Babacar Mbaye, le regard perdu. « La première forme de stigmatisation, c’est le fait de les appeler albinos, c’est comme si on leur rappelait toujours ce qu’ils vivent. C’est pourquoi je préfère le terme de personne vivant avec l’albinisme», rectifie Asse Malick, président du Club albinos. « Certains se marient avec une albinos pour arriver à leur fin et disposer d’elle (ses cheveux, ses menstrues, ses ongles…) et divorcer après. C’est pourquoi beaucoup d’albinos sont célibataires », gémit Astou Fall, non sans déplorer les conditions de vie des albinos et le dédain des familles qui devaient être leurs boucliers.
Les soins médicaux, un autre calvaire
Pour se soigner, les albinos sont obligés de casser leur tirelire, de compter sur les âmes généreuses ou de laisser leur état se dégrader.
«Il est très rare de voir un albinos vivre plus de 50 ans. C’est assez révélateur », s’émeut Mouhamadou Bamba Diop, président de l’Association des albinos du Sénégal. Cette réalité témoigne, selon lui, du déficit de prise en charge au plan sanitaire. Du fait de leur nature physiologique, les albinos sont très exposés au cancer et à d’autres complications liées aux infections de la peau. Ces soins sont particulièrement coûteux, car les ordonnances peuvent aller jusqu’à 150.000 ou même 200.000 FCfa.
Pour des individus très souvent démunis, la note est très salée. Les albinos n’ont pas tous accès aux crèmes solaires protégeant leur peau contre l’insolation qui est la première cause de cancer chez eux. « Certains produits fabriqués au Sénégal coûtent 150.000 FCfa, alors que ceux qui proviennent d’Australie sont évalués à 120.000 FCfa. Cela est hors de portée pour la plupart des albinos. Parfois, quand il y a des dons, la distribution se fait de façon inadéquate. On déplace les gens de l’intérieur du pays pour les filmer et leur donner des tubes qui ne couvrent qu’un mois », regrette M. Diop.
Les soins ophtalmologiques constituent également un véritable écueil à leur épanouissement. Car, ils ont des troubles visuels accrus. Une étude de l’Institut d’hygiène sociale de Dakar a montré que les albinos atteints de cancer de la peau ont une espérance de vie de 45 ans et que 30 à 35 meurent de cette pathologie chaque année au Sénégal. «Des Ong étrangères nous aident, fort heureusement, à nous soigner gratuitement, au moment où l’État tarde à subventionner certains médicaments. Je suggère aux décideurs la création d’usine de fabrication de crèmes solaires et une exonération sur les droits de douane pour ces produits. L’enfant albinos qui naît est à moitié aveugle jusqu’à l’âge de six mois. Il a donc besoin de suivi médical, d’où la nécessité d’avoir des centres spécialisés qui leur permettront de s’épanouir», préconise M. Diop.
Sur les 10 catégories d’albinos, les 8 sont présentes au Sénégal. Cela contredit ceux qui en ont fait une malédiction. Cette anomalie congénitale est scientifiquement expliquée et se transmet par les gênes. Elle peut ainsi sauter 4 à 5 générations dans une famille. Quand deux sujets porteurs des gênes de l’albinisme se rencontrent, il y a de fortes chances qu’ils mettent au monde un enfant albinos.
Une fragilité corporelle généralisée
« L’albinisme demeure un mystère pour moi depuis tout le temps que je l’étudie ». Cette confidence du guérisseur traditionnel Saliou Sène rend compte des légendes qui accompagnent les narrations sur l’albinisme. Astou Diouf Kébé, dermatologue à l’Institut d’hygiène sociale de Dakar ex-Polyclinique, n’accrédite point ces fables. « L’albinisme est une hypo-pigmentation de la peau, des cheveux et des yeux. Les signes cliniques peuvent être cutanés, ophtalmologiques, Orl, neurologiques… L’albinisme Oac de type 1A est de loin le plus sévère. La peau et les cheveux sont blancs à la naissance et l’iris est gris, clair ou bleu, complètement translucide, avec une acuité visuelle associée à une hypoplasie fovéale complète. L’Oac 1 de type B est d’un phénotype plus modéré, tant sur le plan de la dépigmentation que de l’ophtalmologie. Il y a aussi l’Oac 3 qui se manifeste par une peau cuivrée, bronzée, avec les cheveux roux ou bruns. Leur état nécessite une prévention accrue du fait de leurs prédispositions génétiques, des dépistages annuels, une photo protection cutanée dès le jeune âge, des vêtements couvrant le corps et de ne pas s’exposer au soleil », assure-t-elle.
Vieillissement prématuré
D’après le dermatologue Cheikh Mbacke Kassé, les albinos présentent une fragilité à tous les organes car ceux-ci sont reliés aux vaisseaux sanguins et les enzymes cellulaires sont souvent inopérants. La mélanine est la substance qui joue le rôle de protecteur contre les rayons ultraviolets du soleil. « En l’absence de ce pigment, la peau et les yeux sont plus sensibles au soleil. L’épiderme est plus vulnérable surtout en cas de brûlure, avec un vieillissement prématuré, la présence de kératoses (kératodermie, excroissance de la couche superficielle de la peau), de plaies et le cancer de la peau », renseigne-t-il.
Les risques de l’« endogamie »
Selon le Docteur Mor Nguer, ophtalmologue à Hoggy, l’albinisme est une anomalie due à des facteurs génétiques, responsables de tous ces troubles que l’on note chez les sujets, la motilité, les problèmes de peau, les malformations, les troubles visuels accrus… Les bébés albinos viennent au monde presqu’aveugles, ils retrouvent une vision relative au fur et à mesure. La seule solution de correction se trouve être les équipements visuels, les filtres à ultraviolets… « Nous leur donnons des conseils génétiques, c’est-à-dire de ne pas se marier entre eux ou d’arrêter la procréation une fois qu’ils mettent au monde deux ou trois enfants albinos. Les albinos doivent se faire dépister très tôt pour nous permettre de leur assurer une prise en charge plus correcte et à temps. Cela passera, à coup sûr, par de bonnes campagnes de sensibilisation, par les associations, pour éveiller leurs membres.
AU BURKINA FASO, LES BUREAUX DE VOTE OUVRENT SOUS LA MENACE DJIHADISTE
Le Burkina Faso a ouvert dimanche ses bureaux de vote pour élire son président et ses députés dans un contexte politique et sécuritaire tendu avec le risque d'attaques jihadistes.
Le Burkina Faso a ouvert dimanche ses bureaux de vote pour élire son président et ses députés dans un contexte politique et sécuritaire tendu avec le risque d'attaques jihadistes.
Le Burkina Faso a commencé dimanche 22 novembre à voter pour élire son président et ses députés dans un contexte politique et sécuritaire tendu, avec le risque d'attaques jihadistes. Politiquement, cette présidentielle paraît toutefois la plus ouverte de l'histoire du pays. Les opposants ont annoncé qu'ils s'uniraient derrière celui arrivé en tête pour le deuxième tour, un cas de figure qui n'est encore jamais arrivé dans le pays.
Quelque 6,5 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour ce double scrutin, mais près d'un cinquième du pays ne pourra pas voter, faute d'une présence suffisante de l'État dans certaines zones du nord et de l'est, en proie à des attaques jihadistes et à des violences intercommunautaires quasi quotidiennes.
LES PREMIERS RÉSULTATS DES ANALYSES ‘’NE RÉVÈLENT PAS DE POLLUTION CHIMIQUE’’
Les premiers résultats des analyses de la maladie dermatologique notée chez des pêcheurs rentrés de haute mer ‘’ne révèlent pas de pollution chimique et autres des zones concernées’’, a assuré samedi soir, le ministre de pêches et de l’économie maritime,
Diamniadio, 21 nov (APS) – Les premiers résultats des analyses de la maladie dermatologique notée chez des pêcheurs rentrés de haute mer ‘’ne révèlent pas de pollution chimique et autres des zones concernées’’, a assuré samedi soir, le ministre de pêches et de l’économie maritime, Alioune Ndoye.
‘’Notez que pour l’instant les premiers résultats nous sont remontés et il ne s’agit pas de pollution chimique et autres. Les recherches s’orientent vers les filets utilisés. En tout cas, la recherche s’oriente vers ça, mais tous les prélèvements aujourd’hui faits ne révèlent pas de pollution chimique et autres des zones concernées’’, a-t-il indiqué.
M. Ndoye s’exprimait à la clôture de la célébration dans l’espace de la sphère ministérielle de Diamniadio de la Journée mondiale de la pêche artisanale qui a réuni des représentants de toutes les régions de ce secteur ainsi que des officiels et des partenaires techniques et financiers.
‘’Donc, ce n’est pas la première piste qui est avérée. Rassurez les populations que les ressources halieutiques ne sont en rien concernées et contaminées. Elles peuvent consommer du poisson’’, a-t-il expliqué.
‘’Tous les débarquements font l’objet de prélèvement au Sénégal et d’analyse. C’est pourquoi, nous avons des Laboratoires des services pêche dans les quais et les lieux de débarquements. S’il y avait un risque, je pense que ça aurait remonté au niveau des décideurs’’, a-t-il ajouté.
Le ministre Ndoye s’est félicité de la bonne organisation de la cérémonie de la célébration de la Journée mondiale de la pêche artisanale.
‘’Nous avons, avec l’ensemble des organisations de la pêche artisanale échanger par rapport aux difficultés, aux défis et aux perspectives qui se posent au secteur qui est un secteur important. Nous avons noté l’ensemble des observations de ces acteurs qui sont des professionnels de leur métier’’, a souligné Alioune Ndoye.
Il a assuré que ses services travaillent à apporter autant que possible les réponses adéquates par rapport aux attentes de ces acteurs.
‘’La plupart de ces attentes se trouvent inscrites dans des programmes en exécution du gouvernement. Il s’agit de la sécurité, de la surveillance de nos ressources halieutiques, de la préservation et de la durabilité de ces ressources, et de leurs outils de travail’’, a-t-il fait savoir.
Il a rappelé que la pêche artisanale représente aujourd’hui entre 80 et 85% des débarquements au Sénégal.
DES TRAVAILLEURS DE LA CSS POUR L’ARRÊT DES DIPA ET L’IMPORTATION DU SUCRE
Selon le secrétaire général de la section CNTS de la CSS, Amary Diouf, ‘’aujourd’hui plus de 150.000 tonnes de sucre importées inondent le marché, ce qui fait perdre à la CCS son chiffre d’affaires et menace les emplois pour les 8500 travailleurs
Richard-Toll (Saint-Louis), 21 nov (APS) - Les travailleurs de la compagnie sucrière sénégalaise (CSS) affiliés à la CNTS, la centrale la plus représentative, appuyés par d’autres organisations syndicales, ont procédé samedi une marche de protestation à travers les artères de la ville de Richard-Toll, ‘’pour l’arrêt des DIPA et l’importation du sucre’’, a constaté l’APS.
Selon le secrétaire général de la section CNTS de la CSS, Amary Diouf, ‘’aujourd’hui plus de 150.000 tonnes de sucre importées inondent le marché, ce qui fait perdre à la CCS son chiffre d’affaires et menace les emplois pour les 8500 travailleurs et les 150.000 familles du Walo’’.
Il a salué la forte mobilisation des populations du département de Dagana, de Richard-Toll et de l’ensemble du Walo, pour soutenir le combat des travailleurs de l’entreprise, la CCS, installée dans les terres du Walo depuis 50 ans et ‘’devenue un patrimoine du Sénégal’’.
De son côté le directeur des ressources humaines de la CSS, Louis Lamotte, s’est réjoui des directives données par le président Macky Sall afin que l’importation du sucre soit régulée, pour protéger les milliers d’emplois de la compagnie sucrière.
‘’L’usine dispose aujourd’hui d’un stock invendu de 30.000 tonnes à cause de l’inondation du marché sénégalais par le sucre importé de manière illégale’’, déplore-t-il.
Les travailleurs fortement mobilisés ont scandé des slogans pour dénoncer ce qu’ils appellent ‘’la mort programmée de la CSS’’. Sur leurs pancartes, on peut lire : ‘’stop à l’importation du sucre’’, ‘’nos emplois menacés, mon emploi ma vie’’, ‘’CCS, la marmite de Richard-Toll’’, etc.
Au terme de leur marche, les syndicalistes annoncent d’autres formes de lutte, pour freiner ce qu’ils qualifient ‘’les pilleurs de l’économie’’.
GUILLAUME SORO DÉSORMAIS INDÉSIRABLE SUR LE SOL FRANÇAIS
« Il n’a pas à créer le désordre et sa présence n’est pas souhaitée, sur notre territoire, tant qu’il se comportera de cette manière », a dit le président français en référence à l’appel à l’insurrection en Côte d’Ivoire lancé le 4 novembre par l’opposant
Où se trouve actuellement Guillaume Soro ? La question se pose après la petite phrase lâchée hier par Emmanuel Macron dans « Jeune Afrique » : « Je crois qu’il n’est plus en France », a dit à son propos le président français. L’entourage de l’ancien Premier ministre ivoirien n’a pas voulu en dire plus. Ce qui est sûr, c’est que la France ne veut plus de lui sur son territoire.
Guillaume Soro est désormais indésirable sur le sol français. Emmanuel Macron l’a clairement notifié hier dans l’interview qu’il a accordé à nos confrères de Jeune Afrique : « Il n’a pas à créer le désordre et sa présence n’est pas souhaitée, sur notre territoire, tant qu’il se comportera de cette manière », a dit le président français en référence à l’appel à l’insurrection en Côte d’Ivoire lancé le 4 novembre 2020 depuis la France par l’ancien Premier ministre ivoirien.
LES AVANTAGES DÛS À AMINATA TOURÉ EN QUALITÉ DE PRÉSIDENTE HONORAIRE DU CESE
L'ancien patronne du CESE a désormais droit à une indemnité de 4 millions 500 mille FCFA net/mois, un véhicule de fonction avec laissez-passer permanent, un chauffeur particulier, une dotation mensuelle de carburant de 500 litres, entre autres
Aminata Touré a quitté officiellement la tête du Conseil économique, social et environnemental (Cese) avec l’installation, jeudi, d’Idrissa Seck. Une nouvelle page s’ouvre pour l’ancienne Première ministre du Sénégal de septembre 2013 à juillet 2014. Mais son futur devra toujours se conjuguer avec cette institution qu’elle a dirigée pendant 15 mois. Puisque le Sénégal compte bien traiter son statut d’ancienne Président du Cese comme il le fait avec ses prédécesseurs.
Le chef de l’Etat Macky Sall avait institué un honorariat dans un décret signé, le 17 avril dernier. Ainsi Aminata Touré va désormais bénéficier, d’un certain nombre d’avantages, en vertu de l’article 3 dudit décret qui cite : « une indemnité de représentation de 4 millions 500 mille FCFA net/mois, un véhicule de fonction avec laissez-passer permanent, un chauffeur particulier, une dotation mensuelle de carburant de 500 litres, et un agent de sécurité rapproché ».
Ce n’est pas tout. En tant que présidente honoraire du Cese, elle pourra être invité aux cérémonies officielles de la République auxquelles elle prendra rang et place, selon les prescriptions protocolaires. Ce décret concerne, donc, Aminata Touré, Aminata Tall et Famara Ibrahima Sagna puisque ce sont les seuls encore en vie sur les dix (10) personnalités du pays qui se sont succédé à la tête du Conseil économique, social et environnemental (Cese).
DES COMMERÇANTS ARRETES POUR FAUX MONNAYAGE ET CONVOYAGE DE MIGRANTS
Un vaste réseau spécialisé dans le trafic international de fausses devises a été démantelé par la Brigade de gendarmerie de la Foire
Un vaste réseau spécialisé dans le trafic international de fausses devises a été démantelé par la Brigade de gendarmerie de la Foire. La singularité de cette bande est qu’elle est pilotée par des commerçants sénégalais établis entre le Maroc et le Sénégal. L’enquête de révéler qu’en plus de ce trafic, la bande s’active aussi dans le convoyage de migrants.
Un vaste réseau de faussaires qui a étendu ses tentacules jusqu’au Maroc, a été démantelé, alors que certains de ses maillons établis à Dakar s’apprêtaient à écouler un important stock de faux billets de banque en Dollars américains et en Dirhams marocains, récemment réceptionné dans la capitale sénégalaise. L’enquête déroulée par les gendarmes de la Brigade de la Foire a permis de savoir que les présumés acteurs de ce trafic sont des commerçants sénégalais établis au Maroc et au Sénégal. Maître dans l’art de flairer les bons coups, les acteurs présumés de ce business délictuel sont également présents dans le convoyage de candidats à l’émigration clandestine.
La saisie du colis suspect
Pour venir à bout des maillons de ce trafic, les hommes du Commandant Sangaré de la Brigade de gendarmerie de la Foire ont peaufiné une stratégie pour infiltrer la bande. Une stratégie qui a permis de délimiter le champ d’action de cette association de malfaiteurs entre les quartiers de Yoff, Nord-Foire, Médina et des Parcelles Assainies. Le 9 novembre dernier, aux environs de 9 heures du matin, les hommes en bleu captaient un renseignement faisant état d’une livraison imminente d’un colis de faux Dollars américains et de Dirhams marocains, à Yoff, non loin du cimetière musulman. Ayant relevé le portrait rebot du faussaire qui devait livrer ledit colis, les gendarmes envoient un élément d’infiltration au charbon, avec pour mission d’intercepter discrètement la cible. L’attente a été longue, puisque le faussaire en question ne montre le bout du nez qu’aux environs de 19 heures, à bord d’une moto. Il est, comme prévu, subtilement intercepté par l’agent «lièvre» qui essaie de faire diversion en lui posant quelques questions vagues. Le temps que le faussaire, méfiant, ne se décide à prendre congé de son vis-à-vis, les éléments du dispositif lancent l’assaut. Kh. Gaye est cerné, puis maîtrisé. Il est soumis à une minutieuse fouille qui a conduit à la découverte d’une enveloppe suspecte, ouverte en sa présence. Coup de théâtre ! Plusieurs coupures de banque de diverses devises sont découvertes. Il s’agit, après décompte, de 5 000 Dollars américains en coupures de 100, et de 2 400 Dirhams marocains. Ces billets de banque se sont révélés être des faux. Conduit à la brigade, Kh. Gaye tente de mener en bateau les enquêteurs, avant de passer à table, indiquant avoir été mandaté par les deux principaux présumés cerveaux de ce réseau, les commerçants sénégalais S. Mbaye établi au Maroc et un certain M. Cheikh, établi à la Médina. Il révèle qu’il avait pour mission de remettre les fausses devises à un autre maillon du réseau, M. Bâ. A l’en croire, c’est ce dernier qui avait la charge d’écouler ce restant de stock dans le marché noir.
La pirogue de migrants
Poursuivant leurs investigations, les gendarmes vont mettre le grappin sur M. Bâ, cueilli à son domicile aux Parcelles Assainies, à hauteur du rond-point «Case-bi». Au cours de l’enquête, les pandores qui ont exploité les téléphones des mis en cause, vont tomber sur des messages audios, via WhatsApp, compromettants. Dans ces extraits, les membres de réseau échangent sur un problème survenu dans une de leur pirogue partie en mer avec des candidats à l’émigration clandestine. Dans ledit extrait envoyé au procureur de la République près du tribunal de grande instance de Dakar, l’un d’eux révèle à M. Bâ que des passagers se trouvant dans la pirogue en question ont contracté le Coronavirus. Au terme de leur garde à vue, tout ce beau monde a été déféré au parquet pour association de malfaiteurs, détention et mise en circulation de faux billets de banque.
INCURSION DANS LA GALERE FAMILIALE DE CEUX QUI ONT TOUT DONNE AU TRAVAIL
Au Sénégal, certains donnent tout à leur travail. Souvent au détriment de leur vie conjugale, familiale ou leurs relations amicales.
Elle a tout donné à son travail. Parfois au péril de sa vie sociale et familiale. Depuis qu’elle est entrée dans la vie active, Aminata Touré dite Mimi, ancienne présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese), ne s’est jamais arrêtée. «Quand on vous confie une responsabilité, il faut se montrer à la hauteur en délivrant des résultats. C’est ainsi qu’on obtient des responsabilités plus grandes et un meilleur salaire pour avoir de meilleures conditions de vie», démarre Mimi Touré. Un désir de mieux-être qui justifie le rythme effréné de l’ancien Premier ministre.
Tout commence en 1988. Cette année-là, Mimi (26 ans) démarre une carrière professionnelle au sein de la compagnie des transports publics de Dakar, la Sotrac. Sept années plus tard, elle intègre le Fonds des nations unies pour la population (Fnuap). Puis tout s’enchaîne. Avec l’avènement du Président Macky Sall à la Magistrature suprême, elle est cooptée comme ministre de la Justice de 2012 à 2013, ensuite Première ministre de 2013 à 2014, puis envoyée spéciale du Président Macky Sall. Avant d’être nommée présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese) de mai 2019 à octobre 2020.
Aminata Touré se livre corps et âme et consacre presque toute sa vie au travail. Soit dans le but de faire de bons résultats au profit de la nation, soit pour prouver à son chef ou aux autres sa capacité et le mérite de sa position ou pour subvenir économiquement aux besoins de sa famille. Quoiqu’il en soit, Mme Touré se donne au travail sans compter le temps, ni les «privations» auxquelles elle contraint sa famille. «Je ne vivais que par et pour le travail. Les seuls moments où j’avais du temps pour ma famille, c’était durant les week-ends, les vacances scolaires et durant les fêtes religieuses.» Fonctionnaire internationale et femme d’Etat sénégalaise, Mimi Touré fait partie de ces Sénégalais qui bossent comme des fous et qui font passer leur vie professionnelle avant tout. Famille comme vie sociale. Elevée dans le culte du travail, elle a toujours cru que seul le travail paie, donne de l’indépendance et de la dignité. «Au-delà de moi, je pense qu’on ne peut transformer les choses que par le travail», formule-t-elle.
«J’ai beaucoup donné au travail»
Au Sénégal, certaines personnes donnent tout au travail et finissent par perdre le sens des priorités sociales et familiales. S’investir à 100% au travail peut être une bonne chose, mais si ça déborde, cela devient inquiétant. Sur cette question, chacun a ses raisons. Si certains se dévouent pour le besoin de prouver à leur responsable ou aux autres qu'ils sont capables et qu'ils méritent leur position, d’autres cherchent une position supérieure ou ont l'envie d'attirer l'attention et la reconnaissance sur leur travail, ou encore subvenir aux besoins de leur famille.
Pour Mimi Touré, c’est tout à la fois. Si dans des pays comme la France, des personnes privilégient leur carrière professionnelle jusqu’à passer à côté de leur vie familiale ou de se brûler les ailes. Mme Touré souligne que ce sacrifice ne met en péril ni sa santé, ni son équilibre personnel, encore moins sa vie conjugale, familiale ou amicale. «Il faut un équilibre à tout. J’ai beaucoup donné au travail, mais j’ai aussi consacré du temps à ma famille pour m’assurer que mes enfants aient aussi la chance de faire des études et ensuite compter sur leur propre travail», confie Mimi Touré.
A force de beaucoup travailler, Aminata Touré reconnaît qu’elle a moins de loisirs en famille. «Je passe moins de temps avec ma famille, mais j’ai toujours privilégié la qualité des moments passés avec elle, plutôt que la quantité. J’ai aussi eu la chance d’avoir été aidée par mon époux à qui je dois une partie de ma réussite professionnelle», ajoute-t-elle.
«Le travail m’a pris mon temps et mes amitiés»
Ibrahima Ndiaye n’a pas eu la même chance. Pour cette personnalité de l’Etat, le travail lui a toujours créé des problèmes dans son couple. «Quand mon patron m’a fait venir à Dakar, j’ai laissé ma famille dans ma région d’origine. Au début, je partais tous les week-ends les voir, mais à un moment donné, je ne pouvais plus le faire parce que mon patron était devenu très actif les week-ends. Je travaillais du lundi au dimanche et ma famille ne pouvait pas comprendre cela», raconte-t-il.
Face à cette situation, il lui fallait faire un choix. C’était le boulot ou la famille. Ibrahima a opté pour la seconde et fait déménager sa famille à Dakar. Néanmoins, les problèmes ont continué à persister avec sa douce moitié. «J’étais plus proche de mes enfants, mais pour mon couple, c’était une autre paire de manche. J’avais toujours des problèmes avec mon épouse à cause du boulot. Pour éviter les disputes et les crises de jalousie, je m’étais arrangé pour l’appeler tous les jours à partir de 22H. Mais maintenant qu’on vit ensemble à Dakar, je rentre tous les jours à 20H pour voir mes enfants et prendre le dîner avec eux. Cela m’a permis d’arranger un tant soit peu les choses», argue M. Ndiaye.
Communicant de profession, cet homme a aussi vu ses relations amicales voler en éclats à cause de son boulot. «J’ai perdu des gens avec qui je ne pouvais pas passer une journée sans parler ou nous voir. Maintenant, je n’ai plus leur temps. Le travail m’a pris tout mon temps et m’a bouffé mes amis. Certains pensent que c’est parce que j’avais une évolution sociale que j’avais pris mes distances, mais tel n’était pas le cas. Il ne me reste que ma famille. C’est un peu compliqué», regrette-t-il. Heureusement, il dit avoir pu épargner sa famille avec qui il passe son peu de temps libre. Pour ce faire, l’homme s’est aménagé un emploi du temps. «Le problème, c’est quand j’avais laissé ma famille dans ma ville natale. Il m’arrivait de passer toute une journée sans pour autant appeler ma femme. C’est plutôt elle qui m’appelait pour me rappeler leur existence. Mes enfants étaient très distants. Ils ne me voyaient qu’une fois dans le mois et me regardaient comme un étranger. Je n’ai pas vu mon plus jeune enfant grandir», se désole-t-il avant de reconnaître, pour une fois, l’utilité des réseaux sociaux. «Sans ces applications virtuelles, je pense que beaucoup de familles allaient voler en éclats. Elles ne comblent pas le vide, mais au moins elles compensent l’absence.»
«Ma fille me supplie toujours de rester encore quelques jours avec elle»
Comme Ibrahima, Mamadou a aussi payé le prix fort à cause de son dévouement au travail. Cadre dans le secteur de l’Agriculture, l’homme ne se fixe pas de limite pour être utile à la communauté. Cet engagement est pour lui une forme de militantisme au service des causes nobles, une manière d'investir l'énergie positive qui couve en lui pour espérer une récompense méritée. «Peu importe l'avis du boss, le plus important est la conduite dictée par la conscience professionnelle. Certes, la rémunération est importante, mais le sentiment du devoir accompli et de contribuer à l'avancement de la société l'est tout aussi», souffle M. Dieng. Cependant, son dévouement pour le job lui cause parfois des difficultés. «Nous sommes parfois fatigués, malades ou incompris. Parfois, notre univers familial en subit des remous. Mais nous arrivons, à force de caractère, de communication, d'efforts et surtout de compréhension, à rester au-dessus de ces turpitudes», regrette-t-il.
Avant de poursuivre : «Je me sens souvent mal, lorsque je vois mon épouse triste à cause de mes départs répétés de la maison pour l'intérieur du pays ou quand ma fille me supplie de rester encore quelques jours avec elle. Cette pression du travail ne fait pas forcément bon ménage avec l’univers familial sans séquelle.»
Malgré tout, il ne cesse de se donner corps et âme pour avoir le sentiment du devoir accompli. «Lorsqu’un producteur, après une campagne agricole réussie, me rend compte de sa satisfaction, c'est comme si j’avais gagné un pari», se réjouit-il. Son emploi du temps trop serré, ce responsable de la formation et professionnalisation d’une agence publique agricole n’a que les week-ends, les fériés, les fêtes religieuses et les congés pour passer du temps avec sa famille.
A l’occasion, dit-il, chaque moment est mis à profit sans bouleverser les habitudes quotidiennes. «Les moments libres sont mis à profit, surtout au retour des longues missions à l'intérieur du pays, je reviens pour faire le papa-poule. S'agissant des amis, il nous suffit de coordonner pour maintenir le lien», sourit-il.
Oumy Régina Sambou est du même avis. Si la journaliste n’a pas encore réussi à fonder une famille à cause de son emploi du temps overbooké, elle se gausse d’avoir une «vie bien remplie». Pas dans la conception sénégalaise du terme, mais cela suffit à faire son bonheur. Regina Sambou : «Je suis totalement épanouie dans mon travail. C’est à travers le travail que j’arrive à maîtriser mes pulsions, que j’acquiers mon indépendance et que j’arrive à produire des richesses à même de subvenir à mes besoins.»
La journaliste de profession, par ailleurs présidente de l’Association de la presse culturelle du Sénégal (Apcs), bloggeuse et critique de cinéma à Africiné, précise que quand elle travaille, l'autre ne compte que dans ce qu'il peut lui apporter dans l'accomplissement du travail. «L'exigence du travail bien fait, on l'a envers soi-même avant qui que ce soit. Je n’ai aucun regret pour ça. Je vis ma vie de rêve», assume Régina. Mais elle trouve important de prendre parfois une pause, de prendre des vacances, voyager, se faire plaisir, rendre visite à la famille. Au risque de ne plus avoir de vie sociale. «Aussi incroyable que cela puisse paraître, je prends des vacances. Seulement, mes vacances ressemblent pour certains à mon travail de chaque jour au point que tous pensent que je n'ai pas de vie sociale. Mon entourage et mes amis me comprennent tellement que parfois ils improvisent des voyages ou des sorties sans téléphone ou ordinateur», révèle Régina. Ce dévouement pour son travail n'a, toutefois, aucune répercussion sur ma famille. «Mes devoirs familiaux, je les assume. Il m'est arrivé plusieurs fois de devoir garder des enfants, veiller sur le papa hospitalisé et en même temps devoir animer des panels», confie Mme Sambou. Parole d’une shootée au travail.
* Les noms ont été changés
STATUT DU CHEF DE L’OPPOSITION, MACKY FACE A L’OPTION SONKO
Idrissa Seck, aujourd’hui hors course pour ce poste, laisse la voie libre à Ousmane Sonko. Question : Macky Sall fera-t-il le choix ?
Les révélations de Idrissa Seck concernant ses discussions avec le président de la République au sujet du chef de l’opposition ont obscurci le flou qui entourait déjà cette question longuement débattue au sein du Dialogue politique. Nommé à la présidence du CESE, Idrissa Seck, aujourd’hui hors course pour ce poste, laisse la voie libre à Ousmane Sonko. Question : Macky Sall fera-t-il le choix ?
C’est une question qui plane sur l’espace politique depuis plusieurs mois. Le statut de l’opposition et de son chef cristallise les attentions et attise la tension entre les acteurs politiques. Alors qu’il semblait le mieux placé pour être désigné chef de l’opposition, Idrissa Seck a avoué avoir renoncé à ce statut que le chef de l’Etat lui avait gracieusement proposé, avant de lui demander de venir travailler à ses côtés. «Macky et moi discutions autour du titre du Chef de l'opposition. Au début, il était programmé que je reste dans l'opposition et que je fasse office de chef de l'opposition. Mais, il m'a proposé, au regard de la pandémie du Covid-19 qui a secoué le monde et de tout ce qui se passe dans notre continent, de mettre en veilleuse ce débat autour de ce titre de chef de l'opposition et d'aller dans le sens de travailler ensemble, de joindre nos forces pour développer le Sénégal», a-t-il déclaré lors d’une cérémonie de présentation de condoléances. Une révélation qui vient rajouter une couche à la polémique déjà vive sur ce statut tant convoité. Celui qui va incarner institutionnellement le leader de l’opposition aura en effet pas mal d’avantages, notamment l’accès facile au chef de l’Etat, des moyens, (dotations financières, véhicule…), en plus d’une certaine reconnaissance.
Pas de consensus au dialogue
Inscrite sur la liste des points à discuter au sein de la commission politique du dialogue national, la question du statut de l’opposition et de son chef reste encore un point d’achoppement. Jusque-là, un consensus n’a pas encore été trouvé, les acteurs du dialogue peinent à s’accorder sur les modalités de désignation du chef de l’opposition. Les critères de ‘’l’opposant en chef’’ divisent toujours les membres de la commission politique. Pour certains, comme le camp de la majorité présidentielle, le chef de l’opposition doit être celui qui est arrivé deuxième à l’élection présidentielle. Pour d’autres, comme le Pastef d’Ousmane Sonko, ce doit être le chef du parti d’opposition ayant le plus de sièges à l’Assemblée.
Dans le premier cas, Idrissa Seck, arrivé deuxième à la dernière présidentielle, avec 20,50% des suffrages, devrait être l’homme de la situation, et dans l’autre cas de figure, Abdoulaye Wade serait désigné chef de l’opposition. Mais pour cela, il faudrait que la loi soit rétroactive. «Dans les normes, on doit élaborer une loi qui indique le statut et les modalités de désignation du chef de l’opposition, explique Déthié Faye, coordonnateur du pôle des Non alignés dans la commission politique du dialogue. Et une fois que la loi est adoptée, ne pouvant être rétroactive, ce serait le second à la présidentielle de 2024 ou le second plus grand nombre de députés à l’Assemblée nationale à partir de 2022 après les législatives.»
Un avis corroboré par Cheikh Sarr, représentant de la majorité. «Nous avions proposé pour le statut de l’opposition, que l’on mette en place une commission constituée d’experts qui vont mettre le contenu, parce que la constitution parle de ça, mais il n’y a pas de contenu, et en ce qui concerne le chef de l’opposition, la position était que le deuxième arrivé à la présidentielle soit considéré comme tel, parce que nous avons un régime présidentiel. Mais on n’avait pas précisé si c’était le deuxième à la présidentielle de 2019 ou celui de la présidentielle de 2024.» Mais pour Dethié Faye, le débat a été biaisé.
«Définir d’abord le statut de l’opposition»
«Dans tous les cas, nous avions dit que ce que nous devions faire d’abord, c’est nous entendre sur le statut de l’opposition, informe le représentant des Non alignés, ensuite mettre en place une commission pour discuter des modalités de désignation du chef, en sachant que dans tous les cas, la désignation ne peut pas être immédiate, parce qu’une loi ne peut pas être rétroactive. Et nous avons attiré l’attention des membres de la commission pour leur dire que ceux qui se sont lancés dans une opération de désignation de prétendu chef de l’opposition ont gâché le débat qui est devenu un débat crypto-personnel. Ceux qui disaient que c’est Idrissa Seck ou Abdoulaye Wade, ont biaisé le débat. Pour le moment, on ne peut désigner de chef de l’opposition.» Selon lui, c’est la raison pour laquelle la commission politique a pris le soin de recommander que l’autorité mette en place une commission, composée d’experts et de représentants des partis politiques, pour proposer un projet de loi ou des textes sur la question, ce qui permettrait au gouvernement de faire adopter par l’Assemblée une loi régissant le statut de l’opposition et les modalités de désignation de son chef.
Représentant du pôle de l’opposition, Saliou Sarr va dans le même sens que Déthié Faye. «On ne peut pas définir le statut du chef de l’opposition sans définir le statut de l’opposition auparavant, nous avons dit qu’il fallait définir le contenu du statut de l’opposition, mais il n’y a pas eu de consensus jusqu’à présent», confie-t-il. De plus, précise-t-il, dans tous les pays où on détermine le statut du chef de l’opposition, on le fait avant d’aller aux élections, ce qui permet à ceux qui voudraient nouer des alliances de le faire en toute connaissance de cause. «L’opposition a donc dit que même si on devait définir le contenu, ce ne serait applicable qu’à partir de l’élection de 2024. Donc pour le moment, on ne peut pas encore parler de statut de chef de l’opposition», indique Saliou Sarr.
Face à l’absence de consensus de la Commission politique, la balle était dans le camp du chef de l’Etat qui devait prendre une décision. Seulement, à en croire Cheikh Sarr, le Président Sall ne peut pas trancher pour le moment. «Il ne peut pas trancher, tant qu’on aura pas fini l’audit du fichier électoral et l’évaluation du processus, fait savoir le représentant du pôle de la majorité. Il attend que les conclusions définitives des travaux soient déposées, ce qui n’est pas encore fait, nous n’avons déposé que des rapports partiels pour le moment.»
«Le statut revient de droit à Sonko»
Quid de l’entrisme d’Idrissa Seck qui le disqualifie d’office ? Cheikh Sarr relativise. «La question n’est pas liée à une personne, c’est une question de principe, nous disons que c’est le deuxième arrivé à la l’élection présidentielle. C’est une loi qu’il faut faire et une loi est toujours impersonnelle.» Mais suivant le constitutionnaliste et enseignant chercheur en Droit public, Ngouda Mboup, une chose est de poser le statut constitutionnel de l’opposition, une autre est d’en maîtriser les critères à mettre en avant pour la désignation de son chef. «Le statut de l’opposition est attaché à un chef de l’opposition intuitu-personae, c’est-à-dire en une personne dotée d’une légitimité populaire. C’est un statut dévolu et rattaché à une personne tel qu’il ressort de l’article 58 de la Constitution. Aujourd’hui, l’article 58 de la Constitution définit les entités composant l’opposition politique par une simple distinction du parti ou groupe de partis politiques constituant ou soutenant la politique du gouvernement. Pour prétendre porter le manteau du chef de l’opposition, il faut impérativement rester dans le giron des entités composant l’opposition politique.»
Le Pr Mboup signale que la suppression du poste de Premier ministre et l’adoption d’un régime présidentiel convergent toutes pour la désignation du second choix des Sénégalais à l’élection présidentielle comme chef de l’opposition. «L’élection présidentielle devient sans aucun doute le critère pertinent pour désigner le chef de l’opposition, même si les élections législatives restent un baromètre important à cet effet. Idrissa Seck ayant quitté l’opposition pour rejoindre le camp présidentiel, ce statut revient de droit au leader de Pastef Ousmane Sonko, arrivé en 3e position à l’élection présidentielle de 2019.»
Seulement, le Pr Moussa Diaw, enseignant chercheur en Science politique à l’Ugb, doute que le Président Macky Sall porte son choix sur le leader du Pastef. «Si on suit la logique du deuxième arrivé à l’élection présidentielle, c’est Ousmane Sonko qui doit être désigné puisque Idrissa Seck a rejoint la majorité, mais au regard de la situation actuelle, cela m’étonnerait que Macky Sall désigne quelqu’un comme Sonko comme chef de l’opposition, d’ailleurs c’est paradoxal que ce soit lui qui doive désigner celui qui doit être le chef de l’opposition», relève-t-il.
Selon Moussa Diaw, si le chef de l’Etat doit choisir, il va désigner quelqu’un avec qui il peut échanger. «Mais à mon avis, la question risque d’être renvoyée aux calendes grecques, vu la configuration actuelle. Et compte tenu des propos d’Idy, je pense que Macky va différer le choix du chef de l’opposition. Cela montre qu’il y a une dimension politique et des négociations en dessous, et je serais étonné que le président choisisse quelqu’un avec qui le courant ne passe pas.» Qu’il choisisse un leader et non un… dealer politique.