Un bond de 3.2 a été noté entre 2015 et 2017 sur la défécation à l’air libre (Dal) d’après les notes présentées jeudi par Thierno Ahmed Baba Ly, Secrétaire général du ministère de l’Eau et de l’assainissement (Mea).
«La défécation en plein air a connu une augmentation de 3,2 points, avec un taux qui est passé de 26,5% en 2015 à 29,7% en 2017», a indiqué M. Ly dans son allocution lors de la célébration de la Journée mondiale des toilettes. «Le taux d’accès à des installations sanitaires améliorées s’établit en zone rurale, à 42,3%», a aussi relevé le Secrétaire général, disant fonder son opinion sur le rapport de l’Enquête ménage sectorielle, menée par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie, faite en 2017. Il a, pour autant, relevé quelques avancées réalisées grâce à l’appui de partenaires de l’Etat.
«Entre 2009 et 2020, plus de 6000 villages ont abandonné la défécation à l’air libre grâce à l’approche Atpc mise en œuvre par le Service national de l’hygiène et la Direction de l’assainissement», a-t-il expliqué. «Assainissement durable et changement climatique» a été le thème retenu pour cette édition 2020. «Un thème qui cadre parfaitement avec l’Odd 6.2 qui vise l’accès universel à un assainissement géré en toute sécurité», a dit M. Ly pour qui il s’agit, à travers cette journée, de porter davantage l’information et la sensibilisation sur l’importance de disposer de toilettes décentes et appropriées.
Aussi, sur les conséquences sanitaires et environnementales de la défécation à l’air libre. La corrélation entre changement climatique et assainissement durable est plus que d’acuité, a souligné Abdourakhmane Ndione de l’Association sénégalaise de normalisation (Asn). «Nos systèmes d’assainissement sont menacés par les inondations, la sécheresse, l’élévation du niveau de la mer provoquée par le changement climatique», a fait savoir le Directeur général de l’Asn dans son allocution. «Cette situation pose l’extrême nécessité de mettre en place des normes pour garantir la durabilité des infrastructures d’assainissement», a ainsi fait prévaloir M. Ndione.
Selon lui, le contexte de pandémie qui prévaut a mis en relief la nécessité d’avoir des systèmes d’assainissement durables et de qualité pour tous. «Deux écoles sur cinq dans le monde n’étaient pas équipées d’un dispositif élémentaire pour le lavage des mains, cela avant la pandémie du Covid-19», a rappelé à ce propos le Secrétaire général du Mea citant une étude de l’Oms et l’Unicef de 2019. Selon la même source, la moitié de la population mondiale, soit 4.2 milliards de personnes, n’a pas accès à des installations sanitaires sûres.
AFROBASKET, LES 12 POUR KIGALI, AMAR SYLLA ET MOUSTAPHA DIOP RECALES
L’entraîneur de l’Equipe nationale masculine, Boniface Ndong, a finalement dévoilé la liste des 12 joueurs retenus pour le tournoi qualificatif de l’Afrobasket 2021, prévu à Kigali.
L’entraîneur de l’Equipe nationale masculine, Boniface Ndong, a finalement dévoilé la liste des 12 joueurs retenus pour le tournoi qualificatif de l’Afrobasket 2021, prévu à Kigali.
Sur la dernière liste réduite à 14 joueurs, deux ont finalement été recalés. Il s’agit de Moustapha Diop du Dakar Université Club (Duc) et Amar Sylla de Filou Oostende, en Belgique.
«C’est un secteur très dense où il fallait faire un choix et finalement, le coach a privilégié l’expérience de certains cadres à la jeunesse. Surtout concernant le jeune Amar Sylla. Cela est aussi valable pour Moustapha Diop, même s’il a un petit vécu en sélection. C’est juste qu’il n’a quasiment pas joué cette saison à cause de l’arrêt du championnat lié à la pandémie du Covid-19», confie une source proche du staff technique des Lions. Le groupe est attendu en début de semaine prochaine dans la capitale rwandaise.
En l’absence des trois joueurs de la Nba à savoir Gorgui Sy Dieng, Georges Niang et Tacko Fall, le «Boni» peut compter sur certains cadres de l’équipe dont Mouhammad Faye, Maurice Ndour ou encore Youssoupha Ndoye.
Logé dans le Groupe B, le Sénégal débute la compétition face au Kenya le 25 novembre, puis le Mozambique, le lendemain avant de terminer le 27, par l’Angola. A noter que les trois meilleures équipes de chaque groupe se qualifieront automatiquement pour l’Afrobasket 2021 qui se déroulera dans la capitale rwandaise.
SEPT SALLES OUVRIRONT EN MAI 2021
C’est à Mermoz que le groupe français Pathé a choisi d’installer son complexe cinématographique. Sur 5000 mètres carrés, 7 salles de 126 à 396 places avec projection 100% laser sont en construction pour un financement global de 8 milliards de francs Cfa
C’est à Mermoz que le groupe français Pathé a choisi d’installer son complexe cinématographique. Sur 5000 mètres carrés, 7 salles de 126 à 396 places avec projection 100% laser sont en construction pour un financement global de 8 milliards de francs Cfa.
5000 mètres carrés, 7 salles de 126 à 396 places, projection 100% laser, des écrans géants et un son Dolby surround 7.1, bienvenu dans le paradis cinématographique que le Groupe Pathé cinéma compte ouvrir à Dakar au deuxième semestre de 2021. Les travaux de cet espace entièrement dédié au 7e art sont déjà très avancés. Et la visite organisée sur le site ce jeudi pour des officiels et la presse a permis de s’en rendre compte. Pendant que des ouvriers sont occupés à l’installation des sièges dans les futures salles, d’autres s’activent à l’installation du matériel d’isolation.
Selon Moustapha Samba, directeur de Pathé Cinéma Dakar, ce projet est un investissement de 8 milliards de francs Cfa du groupe français. Dans cet univers où les dernières technologies ont été utilisées, le spectateur «sera dans les mêmes conditions techniques que la personne qui sera à New York», assure M. Samb. Déjà, le groupe table sur un retour des Sénégalais dans les salles de cinéma qui avaient pour ainsi dire, fini par disparaître du paysage. «On ne peut pas défendre un cinéma sénégalais ou africain sans avoir un écran. Et ce qui fait marcher les cinémas, ce sont les blockbusters. Avec 7 salles, je pense que toute la cinématographie sénégalaise, africaine, mondiale peut trouver sa place. C’est important pour les films d’avoir une force de diffusion», constate M. Samb. Mais, tempère le directeur des Opérations de Pathé Afrique, Fréderic Godefroid, il faut encore que ça soit des productions de qualité. «Il y aura une place spéciale pour cinéma sénégalais, africain puisqu’avec sept salles, c’est important d’avoir dans la mesure du possible toujours à l’affiche, un ou deux films sénégalais ou africains. Mais ce qu’on demande aussi, ce sont des films de qualité, bien montés, bien mixés et que techniquement, le spectateur s’y retrouve», souligne M. Godefroid.
Le nouveau complexe cinématographique est un multiplexe où les spectateurs pourront réserver directement leurs places et avoir des tickets électroniques directement dans leurs téléphones. Et souligne M. Samb, différentes formules seront proposées sur la tarification. «Ça ne coûtera pas la même chose de voir un film un samedi soir ou un mardi matin. Mais ce qui est sûr, c’est que l’objectif, les prix soient accessibles au plus grand nombre.»
HUGHES DIAZ, DIRECTEUR DE LA CINEMATOGRAPHIE : «IL FAUT DES MECANISMES INNOVANTS»
L’ouverture d’un complexe cinématographique à Mermoz par le groupe français Pathé est de bon augure pour le cinéma sénégalais. Selon le directeur de la Cinématographie, Hughes Diaz, le cinéma sénégalais fait face à un problème d’infrastructure de diffusion. «Ça reste une préoccupation des autorités», a indiqué M. Diaz au terme de la visite organisée ce jeudi sur le site du futur complexe cinématographique de Pathé à Mermoz. «Il faut mailler le pays et le Fonds de promotion de l’industrie cinématographique (Fopica) a déjà financé la réhabilitation d’une salle à Ziguinchor, le cinéma Vox. Aujourd’hui, on se bat pour avoir le patrimoine que l’Etat avait légué à des privés. Certains n’ont pas changé de destination et on est en train de les recenser et travailler avec les détenteurs de ces salles pour que l’Etat accompagne l’investissement et qu’on ait des salles aux standards internationaux». Avec les avancées technologiques, les normes techniques sont devenues primordiales et M. Diaz souligne la nécessité de disposer de salles de cinéma aux standards internationaux qui permettent de sécuriser la projection, la distribution et l’exploitation mais aussi pour maîtriser la billetterie. «Il nous faut des salles normées et il faut des mécanismes innovants pour venir en appoint à l’effort de l’Etat. Et cela passe par le prélèvement sur les tickets, mais pas en mettant une trop forte pression fiscale sur les investisseurs», indique M. Diaz.
THIERNO BOCOUM ACCUSE L’ASSEMBLEE D’AVOIR VIOLE LA SEPARATION DES POUVOIRS»
Le président de la République n’était pas destinataire du rapport de la mission d’information sur les inondations. C’est l’avis de Thierno Bocoum qui parle de violation du principe de la séparation des pouvoirs.
Le président de la République n’était pas destinataire du rapport de la mission d’information sur les inondations. C’est l’avis de Thierno Bocoum qui parle de violation du principe de la séparation des pouvoirs.
Le président de l’Assemblée nationale a remis le rapport de la mission d’information parlementaire sur la gestion des inondations au président de la République. Moustapha Niasse et les députés membre de cette Mission ont été reçus jeudi. Mais voilà une audience que Thierno Bocoum ne comprend pas. «Des députés qui travaillent pour le président de la République : fait inédit, anticonstitutionnel et grave», estime l’ancien parlementaire.
En effet, rappelle-t-il dans un communiqué, «l’Assemblée nationale n’est pas une assemblée consultative à l’image du Cese ou du Hcct», mais bien une «assemblée délibérante, représentative». Sous ce rapport, le leader du mouvement Alliance générationnelle pour les intérêts de la République (Agir) écrit : «La mission d’information sur les inondations ne peut en aucune manière produire un rapport destiné au président de la République.
En effet, une mission d’information «porte sur un objet donné et vise à apporter aux députés des réponses à des problèmes qui les préoccupent dans l’exercice de leurs activités» (article 49 alinéa 3 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale). L’article susvisé révèle clairement que cette mission est uniquement destinée aux députés.» M. Bocoum en déduit donc qu’en adressant au président de la République un rapport, «remis en mains propres au palais de la République, l’Assemblée nationale a violé le sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs, fondamental dans les démocraties représentatives».
Et l’ancien président de la Commission comptabilité et contrôle de la 12ème législature va plus loin : «L’Assemblée nationale décide d’une manière anticonstitutionnelle- c’est grave- d’être inféodée au pouvoir exécutif et d’en être le maillon le plus faible par le caractère facultatif de la prise en charge d’une série de conseils accumulés dans un rapport. La mission de représentation de la deuxième institution de notre pays est ainsi rabaissée à un niveau de conseil au service de l’exécutif.»
par Mohamed SALL SAO
INCOHÉRENCES ET COUACS DES RÉCENTS CHANGEMENTS GOUVERNEMENTAUX ET INSTITUTIONNELS
En nommant comme administrateur du Fongip une sociologue, Macky Sall a fait peu cas de l’esprit communautaire, ce qui est dommageable pour la crédibilité de nos organisations sous régionales
Non, messieurs les « politologues », l’année 2021 ne devrait pas être cruciale pour le président Macky Sall ! S’il n’est pas dans une logique de recherche d’un 3ème mandat, son souci ne devrait pas être celui « d’atteindre ses objectifs dans trois ans ou de se focaliser sur les résultats et surtout les livrables de 2021 », mais plutôt de mettre le pays sur la rampe de lancement, en le poussant vers l’atteinte des objectifs du Plan Sénégal Émergent au-delà de 2024.
On nous dit aussi « qu’à défaut d’un Premier ministre, il devra faire preuve de plus de vigilance quant au tâtonnement des uns et des autres … », mais n’est-il pas justement à la source de ces problèmes, généralisés, de tâtonnements et d’approximations, quand les fondamentaux en matière de gestion publique sont occultés ?
En effet, si l’on peut reconnaître au président Sall une certaine habileté politique et de réelles capacités à nouer des alliances et à déstabiliser l’opposition, ces atouts sont cependant contreproductifs dans la mesure où ils ne sont adossés à aucune rationalité, aussi bien en ce qui concerne l’organisation étatique et administrative, que dans le choix des femmes et des hommes sensés assurer une bonne gestion administrative et technique des structures publiques et permettre le développement du pays.
Que l’on se comprenne bien. Il ne s’agit nullement d’interroger les compétences des collaborateurs du président, des dirigeants des départements ministériels et des directeurs d’administration centrale ou d’entreprise publique, car toute personne est sensée avoir un certain niveau de connaissances et d’expérience – quel qu’il soit - dans un domaine donné. Il s’agit simplement de poser la question de l’adéquation de leurs profils aux emplois occupés, ainsi que celles, sur le plan structurel, de la politisation à outrance de l’administration et des entorses récurrentes à l’orthodoxie administrative.
Quatre exemples suffisent à illustrer les dysfonctionnements et choix malencontreux qui ont émaillé les récents changements gouvernementaux et institutionnels et qui mettent à mal la crédibilité du pouvoir, en obérant la logique inhérente à un bon management et à la recherche de l’efficacité et de l’efficience de l’action publique. Ce sont : (i) le maintien d’un Secrétariat général du gouvernement alors qu’il n’y a plus de Premier ministre ; (ii) la nomination, en qualité de Directeur de cabinet du président de la République, de quelqu’un qui n’est pas de la hiérarchie A ; (iii) la nomination comme administrateur du Fongip d’une personne n’étant, ni de la profession bancaire, ni diplômée d’études financières et n’ayant pas les connaissances pratiques requises ; (iv) la désignation d’un avocat comme Agent judiciaire de l’Etat.
1. Il est curieux de constater le maintien jusqu’à présent d’un Secrétariat général du gouvernement, alors que le poste de Premier ministre a été supprimé au lendemain de la dernière élection présidentielle par la loi constitutionnelle du 14 mai 2019. En effet, même si c’est une tautologie que de le dire, il convient de rappeler que le Secrétariat général du gouvernement (SGG) est en réalité le secrétariat général de la Primature, à l’image du Secrétariat général de la présidence pour la présidence de la République. A ce titre, il assure la coordination des services du Premier ministre et a vocation à s’appuyer sur deux principaux leviers qui sont : d’une part, l’organisation des procédures de concertation et coordination interministérielles, ainsi que le suivi des décisions gouvernementales, en un mot l’organisation du travail gouvernemental ; et, d’autre part, les tâches inhérentes au secrétariat du Conseil des ministres. Avec la suppression du poste de Premier ministre, le Secrétariat général du gouvernement doit en principe disparaître, ses attributions étant dévolues au Secrétariat général de la présidence de la République (SGPR), qui s’appuie cependant sur un « Secrétariat du Conseil des ministres », qui lui est rattaché pour prendre en charge tout ce qui concerne la préparation, l’organisation et le suivi des travaux du Conseil des ministres. Ce fut le cas sous Abdou Diouf, lorsque le poste de Premier ministre avait été supprimé et que Jean Collin assumait les fonctions de ministre d’Etat Secrétaire Général de la présidence et un de ses collaborateurs, Babacar Néné Mbaye, celles de Secrétaire du Conseil des ministres.
Ainsi, c’est le maintien du dualisme actuel SGPR/SGG en matière de coordination gouvernementale, dans le cadre d’un exécutif pourtant devenu désormais monocéphale, qui explique les flottements, conflits de compétences et frictions qui auraient marqué, semble-t-il, les relations des deux occupants de ces postes qui viennent d’être remerciés, alors que l’on pensait, sans doute, que le fait que l’un était ministre d’Etat et l’autre ministre «simple » allait permettre d’éviter d’éventuels heurts. Aujourd’hui que leurs remplaçants disposent du même rang ministériel, il faut espérer que l’histoire ne bégaiera pas et que la machine administrative ne sera pas ralentie, voire grippée, par des arbitrages récurrents en ces temps de « fast track ».
2. La nomination d’un nouveau Directeur de cabinet du président de la République a soulevé beaucoup de vagues et cela à juste titre, dès lors que cette fonction avait fait l’objet d’une description de poste définissant les critères de nomination à cet emploi et qu’au regard du profil défini, l’impétrant n’est, ni un fonctionnaire de la hiérarchie A, ni titulaire d’un diplôme classé dans cette catégorie. Et ce n’est pas faire injure à l’intéressé que de soulever cette question, car, quels que soient son mérite et ses capacités, les règles sont faites pour être appliquées dans un Etat de droit.
Il suffit de rappeler, à cet égard, le précédent qui avait eu lieu sous le magistère d’Abdoulaye Wade et qui avait conduit celui-ci à contourner l’obstacle par la novation qu’a constituée la création du poste de « Directeur de cabinet politique », qui n’avait jamais existé auparavant au Sénégal et qui n’existe pratiquement dans aucun pays … Et pourtant, le collaborateur qui avait été pressenti par le président Wade pour être son Directeur de cabinet avait une formation et une expérience administratives ! Dans ces conditions, la question est : quelle idée d’avoir « bousculé » les normes définies en faisant permuter les titulaires des deux postes - de Directeur de cabinet et de Directeur de cabinet politique - surtout qu’ils ont été gratifiés tous deux du même rang de ministre d’Etat ?!...
3. Quant à la nomination de l’administrateur du Fongip, elle s’apparenterait plus à une récompense, « pour loyauté et pour services rendus dans la mobilisation des jeunes du parti et la défense de l’action du président »... Seulement, le Fongip n’est pas un service administratif comme un autre. Sa gestion obéit à des règles financières et comptables précises et son fonctionnement est similaire à celui d’un établissement financier ou d’un « investisseur institutionnel » (société d’assurances, organisme de pension ou caisse de retraite, …), voire d’une banque.
C’est dans cet esprit que les institutions monétaires sous régionales et nationales avaient énoncé le principe de confier l’administration de ce genre de fonds à une personne du sérail ou un initié, principe qui a le mérite de poser des exigences a minima sur le profil des personnes devant gérer de tels organismes.
En nommant comme administrateur du Fongip une sociologue n’ayant jamais travaillé dans un établissement bancaire ou financier, le président de la République a donc fait peu cas de l’esprit communautaire, ce qui est dommageable pour la crédibilité de nos chefs d’Etat et de nos organisations sous régionales.
4. Enfin, la désignation d’un avocat comme Agent judiciaire de l’Etat participe apparemment de la même motivation que pour l’administrateur du Fongip, à savoir celle de récompenser des militants perçus comme méritants. S’agissant spécifiquement du maire de Wourossogui, on l’a aussi placé là, sans doute, pour lui donner une plus grande visibilité, notamment dans la perspective des prochaines joutes électorales, locales et législatives...
Quoi qu’il en soit, si un avocat est sensé partager, certes, les mêmes connaissances en droit judiciaire qu’un magistrat, force est de rappeler qu’il s’agit là d’un emploi administratif ayant toujours été occupé par des magistrats et qu’il ne manque pas dans ce pays de bons magistrats à qui l’on aurait pu attribuer ce poste en guise de promotion. Sans parler de l’incompatibilité manifeste, juridique ou pas, entre les fonctions de maire, d’avocat et d’agent judiciaire de l’Etat !
En définitive, les aberrations sont nombreuses au niveau des récentes nominations et restructurations. Les décisions prises dans ces domaines ont, de surcroît, des incidences néfastes sur les charges budgétaires de l’Etat, en particulier sur les dépenses de personnel et de fonctionnement, en raison d’une surenchère sur les niveaux d’emplois, en termes de rang, de rémunération, d’avantages et de privilèges.
Pour finir, c’est le lieu de s’interroger sur le rôle du BOM, tel qu’il a été recréé il y a quelques années, en se posant la question de savoir s’il est aujourd’hui suffisamment outillé pour - ou disposé à - impulser la dynamique et les méthodes que requièrent la formulation des politiques publiques, la rationalisation de l’organisation administrative et la mise en place de services publics efficaces, efficients, transparents et dédiés à la satisfaction des usagers. Si cette structure logée à la présidence et ayant vocation à promouvoir la gestion du changement et à conduire la réforme de l’administration publique n’a plus les moyens d’accomplir ses missions, à la fois dans la proactivité et la réactivité, sa pérennisation devrait être questionnée, ou, pour le moins, son rôle et sa place redéfinis.
Mohamed Sall Sao est expert des Nations Unies, ancien conseiller au B.O.M.
600 HOMMES ET 112 VÉHICULES MOBILISÉS POUR UNE MANŒUVRE NATIONALE
La gendarmerie participe depuis jeudi dernier, aux côtés des autres forces de défense et de sécurité, à la manœuvre nationale dénommée ‘’Falémé’’ dans la zone Est, qui va prendre fin le 26 novembre prochain.
Tambacounda, 21 nov (APS) - La légion de gendarmerie Est (Tambacounda-Kédougou) a mobilisé 600 hommes et 112 véhicules pour évaluer le niveau d’entrainement des unités et l’adaptation des équipements sur le terrain, a déclaré samedi, le Lieutenant-colonel Davy Koguilla Mané, commandant de cette légion de gendarmerie.
La gendarmerie participe depuis jeudi dernier, aux côtés des autres forces de défense et de sécurité, à la manœuvre nationale dénommée ‘’Falémé’’ dans la zone Est, qui va prendre fin le 26 novembre prochain.
‘’Nous avons mobilisé pour cette manœuvre 600 hommes, 112 véhicules, 12 motos et deux avions de la section aérienne de la gendarmerie. Cette manœuvre, nous avons investi des ressources humaines et matérielles pour la mener à bien’’, a dit le Lieutenant-colonel Mané lors d’un point de presse.
Selon lui, cette partie Est du pays préoccupe le haut commandement au premier rang.
‘’L’objectif final est d’évaluer le niveau d’entrainement de nos hommes et l’adaptation de nos équipements sur le terrain et dans le milieu. Et, travailler la coordination et l’interopérabilité de la gendarmerie avec les autres forces de sécurité’’, a-t-il expliqué.
Cette manœuvre nationale ‘’Falémé’’ va se dérouler en deux phases dont la première prendra fin à minuit. La seconde phase se tiendra du 24 au 26 novembre.
Pendant la première phase, il s’agit de faire face pour les unités de la Légion Est aux groupes terroristes qui ont pris une partie de l’enclave de Kéniaba (Bakel), a expliqué le lieutenant-colonel Mané.
Il s’agit pour nous, a-t-il poursuivi, de rétablir l’ordre dans cette enclave. ‘’Nous avons engagé l’escadron de surveillance et d’intervention de Bakel et le groupe d’action GARSI de Kidira aux cotés d’unités de la Légion de gendarmerie’’, a ajouté le commandant de la légion de gendarmerie Est.
Pour la seconde phase, la gendarmerie va procéder à des appels aux renforts étant donné que les unités de la Légion étaient un peu dépassées par les attaques terroristes.
Pour la réussite de cette manœuvre, la gendarmerie va assurer ses missions traditionnelles notamment administratives et de recherche de renseignements sur le terrain par les patrouilles, pour collecter des informations auprès des autres forces de défense et de sécurité.
par Abdoulaye Sène
INTERNET, LA DÉMOCRATIE ET L'AFRIQUE
La démocratie est loin d’être acquise en Afrique. Et Internet est devenu un élément de désordre, susceptible de stimuler des sentiments fielleux
L’élection présidentielle américaine a montré qu’Internet peut jouer un rôle négatif pour la démocratie. On a assisté, sur la Toile, à une flambée des théories conspirationnistes et au raidissement de la vérité factuelle. Cette vague de complotisme qui a surgi des écrans, a été stratégiquement provoquée. Elle a été entretenue par la Maison-Blanche elle-même, et par son locataire. Aujourd’hui, en tout lieu de la planète, des femmes et des hommes souscrivent à des théories folles, qui discréditent l’information, la vérité, et obstruent la démocratie constitutionnelle. Internet, qui devait poser une assise démocratique dans les sociétés modernes, pourrait être le fossoyeur de celle-ci. Partout où l’on tourne le regard, il y a une crise de la vérité, ainsi qu’une défiance vis-à-vis des élites. Même la science, qui a fait de prodigieux bonds en avant, est rejetée. En Afrique, cela pourrait causer la dissolution des libertés et saper les fondements de l’Etat de droit. L’on assisterait alors à un développement du totalitarisme sur le continent.
Fake news, intox, faits alternatifs, réinformation, IA (intelligence artificielle) malveillante. La terminologie en dit long sur ces nouveaux mots, qui désignent l’ère de post-vérité. Ce qui compte, dorénavant, c’est d’avoir raison, ou de tromper, même si on prêche le faux. La propagande existe depuis longtemps. Les élites politiques savent s’en servir pour modifier la perception du public. Mais, avec Internet et surtout les nouveaux médias, les fausses nouvelles deviennent une arme redoutable, à la main des puissants, pour stimuler l’adhésion des citoyens. Ainsi, en quatre ans de gouvernance, Donald Trump aurait menti plus de 20.000 fois selon un décompte tenu par le New-York Times. Sa page Twitter lui servant de caisse de résonance. Le chef de la première puissance mondiale ne se gêne pas. Il lui arrive de proférer 60 mensonges par jour, à destination d’un public qui le croit, et le suit dans tous ses délires, sans sourciller. Il a fini de construire une réalité alternative que des millions de citoyens américains, mais aussi du monde, adoubent. Il faut dire que le boulevard est ouvert, car Trump cumule 88 millions d’abonnés sur Twitter et 34 millions sur Facebook.
Colère vaine. La viralité sur Internet aidant, les fausses informations sont difficiles à stopper. Les algorithmes permettent une diffusion exponentielle des contenus erronés. Par ailleurs, la nature binaire d’Internet favorise le déploiement de l’agressivité. Comme le rappelle la philosophe et psychanalyste française Cynthia Fleury. Dans son livre, Ci-gît l’amer, elle explique les ressorts de la haine sur Internet, et ses conséquences. L’époque est dominée par une épidémie de ressentiment, note-t-elle. Si la colère est partout, c’est aussi par le truchement de la technoculture qui favorise sa distribution. Internet est un canal idéal d’endoctrinement. La rancune, le harcèlement, la malveillance parcourent les réseaux connectés, tels des essaims. Ils sont mortifères, dans le sens où ils activent une radicalité sans discernement. Ainsi qu’une pensée non-dialectique. Ils réduisent la complexité de la vie et du réel à une peur archaïque. Qui cherche à accuser, qui fouille dans toutes les poubelles, à la recherche d’un bouc-émissaire. Ainsi, les réseaux sociaux sont débordés par une armée de trolls, de plus en plus intolérants, diffusant sans cesse des fausses informations. C’est le temps des victimes, de l’expression spontanée des pulsions destructrices. Tout le monde invective tout le monde. Et des millions de personnes supportent des leaders autoritaires et fondamentalement immoraux.
Une étude du MIT démontre que les fausses informations sont 70 % plus virales que les vraies. Face à cette avalanche de haine et de contre-vérités sur les réseaux sociaux, se pose la question délicate de la modération. La liberté d’expression est difficilement conciliable avec la censure. Mais Twitter et Facebook ne peuvent plus ignorer l’étendue des dégâts. Facebook a récemment changé de doctrine, concernant les faits alternatifs. Mark Zuckerberg qui s’était retranché derrière le « free speech » a revu sa copie. Désormais, Facebook retire les contenus antisémites. Le réseau social a aussi banni des groupes de conspirationnistes antivaccins. De même que des pages proches de Steve Bannon – ancien conseiller de Trump -, des groupes liés aux QAnon, ainsi que des pages de suprémacistes blancs. Par exemple, le groupe dénommé « Arrêtez ce vol », qui comptait 320.000 membres, a été supprimé par l’entreprise de Menlo Park. Ses administrateurs reprenaient les informations infondées distillées par Donald Trump, après les résultats des élections américaines. Twitter est allé beaucoup plus loin, en censurant des propos du président américain. Mais il y a encore tant à faire pour vérifier les faits sur les réseaux sociaux. Aux Etats-Unis, l’équipe de communication de Donald Trump, sous la férule de Brad Parscale, avait un plan précis pour les élections. Comme en 2016, elle voulait miser sur les vérités alternatives. Elle a réussi en partie, puisque 70,4 millions de citoyens américains ont voté pour le candidat républicain.
Le succès de cette stratégie va influencer au-delà de l’Amérique. Nous ne sommes qu’aux prémices d’une institutionnalisation de la propagande mensongère. En Afrique, le conspirationnisme et la désinformation trouvent un terrain propice. D’une part, l’inhabilité numérique, ou illectronisme, y est pesante. D’autre part, le continent est le gîte d’une jeunesse sous-éduquée, et travaillée par de multiples frustrations. En outre, le déficit de l’employabilité est immense. En Afrique subsaharienne, 60 % des jeunes âgés entre 15 et 17 ans ne sont pas scolarisés. Une bombe à retardement. La jeunesse est à la merci des démagogues. Des nouveaux révolutionnaires des Internets. Qui, pour trouver audience, vendent des affabulations. L’armée des déclassés, en Afrique, est une cible facile pour les manipulateurs. Déjà, en 2019, des comptes appartenant au groupe Israélien, Archimedes group, avaient été fermés par Facebook. L’entreprise d’influence électorale diffusait sur des pages de fausses informations, à destination des internautes tunisiens, sénégalais et congolais. Cette année, Facebook a aussi supprimé des centaines de comptes créés par le groupe tunisien, Ureputation. Cette société partageait des fake news au public tunisien et ouest-africain.
La démocratie hystérique. Qui étaient les commanditaires de ces intox ? Les fausses informations pouvaient servir la rhétorique d’hommes au pouvoir. Comme d’opposants. Il ne faut pas oublier que Donald Trump s’est fait une place dans le landerneau politique, en récusant la nationalité américaine de Barack Obama. Trump est le plus emblématique des dirigeants colporteurs de désinformations, qui se sont hissés à la tête de leur pays. D’autres leaders ont, aussi, utilisé les faits alternatifs pour convaincre les foules, et arriver à leurs fins. Jair Bolsonaro s’est construit une réputation en s’en prenant aux forces progressistes du Brésil. Il a pu mobiliser autour de lui. En polarisant le débat public, avec une rhétorique haineuse, pour hystériser les foules. Élu chef de l’Etat, il continue de répandre des allégations infondées. Il a, par exemple, nié cette année l’existence de feux en Amazonie, alors que d’immenses incendies consumaient la forêt tropicale. Mais dans ces pays, les institutions sont fortes. Elles ne donnent pas l’opportunité aux dirigeants politiques de détruire les projets républicains et démocratiques. Ils peuvent se servir d’Internet pour diffuser leurs propagandes mensongères. Pour polariser le débat et gagner des élections. Néanmoins, leurs penchants totalitaires sont freinés par des garde-fous.
En Afrique, par contre, les institutions sont très faibles. La marche des pays dépend entièrement de la volonté d’un seul homme : le chef de l’Etat, gardien de la Constitution et de toutes les volontés. L’exécutif écrase tous les autres pouvoirs. Les prérogatives du président de la République sont épaisses. Il porte presque les habits d’un autocrate. Tous les autres pare-feux sont neutralisés. Les juges et les législateurs sont subordonnés à ses caprices. En Afrique, la démocratie se résume, le plus souvent, à l’élection du président de la République. Elle est ainsi complètement dévitalisée. Quand le champ politique est en ruines, le citoyen est désemparé. Il ne lui reste plus que les protestations sur les réseaux sociaux ou l’activisme passif, sans vraie conscience politique. Cela participe à l’exsudation du potentiel militant et transformationnel de la jeunesse.
Tout cela invite à mettre l’accent, encore qu’il est temps, sur quatre priorités. L’éducation à la technologie, dès le primaire, pour préparer les jeunes africains à un monde marqué par l’imbrication des rapports entre l’homme et la machine. Le développement, dans les esprits, de la quête de science, qui prend en compte l’objectivité, l’esprit critique, la distance. L’inscription de l’idéal démocratique comme valeur sociale intangible. Le rétablissement de la confiance entre les élites et les masses africaines, ce qui passe par l’amélioration de l’offre politique. La réhumanisation du discours, en portant une rhétorique publique tolérante et respectueuse des différences. Et, pour finir, rappeler aux grands groupes numériques leurs responsabilités en Afrique – fiscalité, modération des contenus, respect des lois -, ce qui doit être le rôle des organisations régionales. Quel Internet voulons-nous en Afrique ? Comment mettre cet outil formidable au service des peuples, de l’innovation et du progrès social ?
Ces questions doivent faire l’objet de délibération par les citoyens. Ainsi pourra-t-on éviter une conjonction d’impasses, possiblement désastreuse. Déjà, deux dangers font leur apparition sur le continent. Ils peuvent mettre à mal, très vite, les équilibres sociaux, déjà fragiles. Le premier est la xénophobie et les divisions religieuses et confessionnelles. Qui trouvent un lit favorable sur les médias sociaux. Des aventuriers pourraient les promouvoir et les systématiser, dans la perspective d’asseoir des mouvements identitaires. Internet sera un canal idéal de distribution et d’endoctrinement. Le second sera l’alibi de la sécurité, pour contrôler les citoyens et imposer le totalitarisme. Certaines autorités travaillent déjà à doter leurs pays de moyens pour pirater les données des citoyens. Ces projets pourraient aboutir au même résultat que le modèle chinois de contrôle social. La démocratie est loin d’être acquise en Afrique. Et Internet est devenu un élément de désordre, susceptible de stimuler des sentiments fielleux. De créer le chaos. Un outil gigantesque à la disposition de l’intolérance, de la bigoterie, et du totalitarisme.
LES CHANGEMENTS NE DEVRAIENT PAS ÊTRE DES CAUSES DE RUPTURE
Le président Macky Sall ne souhaite une rupture avec les responsables de son parti qu’il a limogés. En tout cas, s’il a salué «la présence des ministres non reconduits» lors du Sen d’hier, le cas Mimi Touré reste une préoccupation
Le Président Macky Sall ne souhaite une rupture avec les responsables de son parti qu’il a limogés. En tout cas, s’il a salué «la présence des ministres non reconduits» lors du Sen d’hier, le cas Mimi Touré reste une préoccupation.
C’est le premier Secrétariat exécutif national (Sen) de l’Apr post-remaniement du 1er novembre dernier. Et les ministres qui ont perdu leur fauteuil y ont pris part. C’est une information parce que certains avaient été considérés comme des mécontents, frustrés et même éventuellement sur le départ. «Le Président a salué la présence des responsables du Parti qui n’ont pas été reconduits dans le gouvernement, en rappelant que la réorganisation et l’ouverture constituent un tournant important, qui a entraîné des changements inhérents au fonctionnement de l’Etat qui, pour douloureux qu’ils puissent être, ne devraient nullement constituer des causes de rupture dans le compagnonnage politique», lit-on dans le communiqué. Mais à qui s’adresse Macky Sall ?
Le document ne précise pas qui étaient là-bas, mais Amadou Ba, Aly Ngouille Ndiaye, Oumar Youm, Boun Abdallah Dionne ne seront pas du gouvernement dit de «recentrage du dispositif de pilotage de l’action publique», de la «consolidation de la Coalition Benno bokk yaakaar», de «l’ouverture aux autres forces de l’opposition et le rajeunissement des membres de l’équipe». En revanche, s’il y a une personne dont la présence à ce Sen surprendrait ce serait Aminata Touré.
Et apparemment, en précisant «la présence des ministres non reconduits» et en zappant l’ex-présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese), l’on imagine que le prédécesseur de Idrissa Seck n’a pas été à ce rendez-vous des hauts responsables du parti présidentiel. Surtout après avoir littéralement «oublié» le nom du Président Sall dans ses remerciements. Les membres du Sen, indique-t-on, «expriment à l’unanimité, leur soutien total au Président Macky Sall, qui vient d’ouvrir une séquence historique nouvelle dans le cours politique, économique et social de notre pays, marqué par une dynamique toujours en cours, d’un Dialogue national élargi et inclusif».
LA SECTION DE RECHERCHES OUVRE UNE ENQUETE
La Section de recherches de la Gendarmerie nationale a ouvert une enquête sur l’affaire de l’importation frauduleuse de fortes quantités de sucre, qui inonde le marché national et menace gravement le tissu industriel.
La Section de recherches de la Gendarmerie nationale a ouvert une enquête sur l’affaire de l’importation frauduleuse de fortes quantités de sucre, qui inonde le marché national et menace gravement le tissu industriel.
L’importation frauduleuse de fortes quantités de sucre qui inonde le marché national connaît de nouveaux développements. Cette fois-ci, ce sont les autorités judiciaires qui se sont saisies du dossier. Puisque, d’après des sources que le journal Le Quotidien a jointes, il nous revient que la Section de recherches de la Gendarmerie a ouvert une enquête pour faire toute la lumière sur cette affaire qui met en péril le tissu industriel. Auparavant, il a été découvert que le gap réel que les importations devaient compléter, en réalité, est de 40 mille tonnes, dont 20 900 par la Compagnie sucrière sénégalaise (Css).
Et le reste, c’est-à-dire les 19 mille 100 tonnes, reparti entre les commerçants. Mais des commerçants, qui seraient de connivence avec des fonctionnaires véreux, ont trouvé des subterfuges pour obtenir frauduleusement des Déclarations d’importation de produits alimentaires (Dipa) et ont porté le Gap à 63 mille tonnes de sucre. In fine, c’est plus de 100 mille tonnes de sucre qui ont été délivrées. Tous ces éléments, d’après les informateurs du journal Le Quotidien, ont entraîné le limogeage à l’ex-Secrétaire général du ministère du Commerce et des petites et moyennes entreprises (Pme), Makhtar Lakh, au directeur du Commerce intérieur, Ousmane Mbaye, ainsi que le chef des services Dipa, Issa Wade. L’enquête en cours, menée par la Section de recherches de la Gendarmerie nationale, devrait permettre ainsi d’éclairer la lanterne de l’opinion.
Depuis quelques jours, les organisations syndicales et les cadres de la Css ruent dans les brancards pour dénoncer les «nombreuses Dipa frauduleuses qui circulent et ont permis aux commerçants d’inonder le marché de sucre, empêchant ainsi la Css, qui produit chaque jour 1 000 tonnes de sucre, qui viennent s’ajouter aux 30 mille tonnes stockées, de vendre». Ces syndicalistes ont demandé lors d’une rencontre avec la presse, que «ces faussaires soient identifiés et sanctionnés, car la boîte (la Css) ne parvient plus à vendre son sucre depuis juillet ; ce qui a provoqué une situation financière catastrophique, dans la mesure où la compagnie a recouru à des prêts bancaires pour payer les salaires d’octobre et reste devoir de l’argent à ses fournisseurs qui risquent de ne pas recevoir leur dû, car les banques ne peuvent pas accepter de cumuler des crédits pour la Css».
Le président de la République, Macky Sall, a été même, à cette occasion, invité à se saisir de cette question. Et cet appel n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Car, ce mercredi, le chef de l’Etat a demandé, lors de la dernière réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, au ministre du Commerce et des Pme, Assome Aminata Diatta, de veiller à une régulation rigoureuse de ce marché pour éviter de fragiliser le tissu industriel dans ce secteur.
A MBAO, LE POISSON SE RAREFIE FAUTE DE PECHEURS
Seuls huit pêcheurs sont visibles sur le quai de pêche. Ils attendent leurs collègues partis à la recherche du poisson depuis 6h du matin.
Depuis quelques mois, nombreux sont ceux qui ont embarqué à bord des pirogues pour rallier les Îles Canaries. Les jeunes de Mbao, particulièrement les pêcheurs artisanaux, ont, eux aussi, tenté l’aventure, laissant derrière une communauté dans un trouble profond.
En cette fin d’après-midi, la plage de Mbao s’est vidée de son beau monde. Seuls huit pêcheurs sont visibles sur le quai de pêche. Ils attendent leurs collègues partis à la recherche du poisson depuis 6h du matin. L’ambiance est morose. Ici, chacun est plongé dans ses réflexions, oubliant même le thé qui crame sur le fourneau. D’habitude, les pêcheurs sont connus pour leur joie de vivre. Mais, en cette période de canicule, leurs visages qui dégageaient une certaine gaieté sont affligés par les difficultés auxquelles ils font face.
En plus du manque de poisson qui les inquiète au plus haut point, leurs enfants se sont lancés dans une aventure incertaine (l’émigration clandestine), à la recherche d’un avenir plus radieux. Même s’il ne donne pas raison à ces jeunes, Mbaye Sarr Pouye, le président de l’Union locale des pêcheurs de Mbao, refuse de les critiquer. « Nous n’allons pas juger ces jeunes qui partent, car eux seuls savent ce qui les motives. S’ils avaient l’opportunité de gagner honnêtement leur vie ici en tant que pêcheurs et subvenir à leurs besoins, ils n’auraient pas eu besoin de prendre de tels risques », indique-t-il, soulignant que « même si on les sensibilise », ils n’écouteraient personne parce qu’ « ils sont désespérés ».
M. Pouye invite ainsi les autorités à se réunir autour d’une table pour mieux situer le problème. « Nous, acteurs de la pêche, devons discuter sérieusement de ce problème. Il faut que les autorités sortent de leurs zones de confort pour connaitre les réalités du terrain et stopper ce phénomène. Les pêcheurs ne doivent pas être négligés vu qu’ils contribuent au développement du pays », ajoute-t-il.
Des propos que partage Thierno Kane, coordonnateur du Conseil local de la pêche artisanale (Clpa). « Quand il y a problème, les concernés doivent se réunir autour d’une table pour trouver une solution. Mais, depuis que ce phénomène a commencé, nous n’avons personne à qui parler. Les jeunes n’ont plus l’espoir de réussir au Sénégal. Leur départ a un impact sur notre vécu, car il n’y a plus personne pour aller à la pêche », regrette-t-il.
Thierno plaide pour le réaménagement et une meilleure gestion du marigot de Mbao qui, à son avis, peut offrir beaucoup d’opportunités d’emplois. « Si on l’exploite normalement, il pourra offrir des emplois aux jeunes qui ne songeront plus à partir en pirogue parce qu’ils souhaitent juste réussir », confie-t-il.
Mour Ndoye est pêcheur depuis ses 14 ans. Il vient de débarquer à bord d’une pirogue avec 30 autres collègues. Mais, il n’a entre les mains que deux seaux de poissons. À en juger leurs mines renfrognées, la pêche ne s’est pas passée comme ils l’espéraient, et le sieur Ndoye le confirme. « Nous sommes partis à 6 heures du matin et sommes rentrés à 16 heures avec seulement deux seaux de poissons. En partant, nous avons dépensé 150 000 FCfa en carburant, une somme que nous n’avons pas pu récupérer quand nous avons vendu le poisson. Après la vente, on n’a eu que 1000 FCfa chacun », se désole ce père de famille qui explique qu’il n’a toujours pas inscrit ses enfants à l’école faute de moyens.
Selon M. Ndoye, ce sont ces genres de choses qui incitent les jeunes à quitter le Sénégal. Mais, lui n’a pas l’intention de partir, même s’il fait face à des difficultés. Il ajoute qu’il y a tout de même des personnes qui vivent dans des conditions vraiment désolantes et comprend qu’ « ils veuillent tenter leur chance ailleurs ».
N., un autre pêcheur, confie qu’il n’avait pas pu réunir la somme exigée (400 000 FCfa) pour partir avec ses amis pêcheurs en Europe. Cependant, il affirme que si l’occasion se présente à nouveau, il n’hésitera pas. « Je suis carreleur et pêcheur à mes heures perdues. Il n’y a plus de chantier, donc je remets mon gilet. Nous ne pouvons plus rester à la maison et voir nos épouses et enfants mourir de faim sans pouvoir faire quelque chose. Avant, même si on n’avait pas d’argent, en rentrant de la pêche, on emmenait du poisson que les femmes préparaient et donnaient à la famille. Maintenant ce n’est plus possible, car il n’y a plus rien dans la mer », se désole-t-il.
L’activité des femmes transformatrices affectée
Une autre pirogue débarque cette fois devant le site de transformation de produits halieutiques. Une vingtaine de femmes accourent vers le navire, paniers en main, dans l’espoir de trouver du poisson à sécher ou à fumer. Malheureusement, certaines d’entre elles vont rentrer bredouille. Cette après-midi, seules cinq caisses de poissons sont disponibles et réservées au plus offrant.
Khardiata Diop exerce le métier depuis 1962. Elle révèle n’avoir jamais vécu une situation aussi « désastreuse » depuis près d’un demi-siècle. « Depuis le départ des jeunes, les jours passent et se ressemblent. Il n’y a presque plus de pêcheurs à Mbao et cela a un impact sur notre travail », explique-t-elle.
Mme Diop pense que les jeunes doivent être appuyés si l’on veut qu’ils restent au Sénégal. « Je suis âgée et ne devrais même pas me trouver ici, mais mes enfants sont au chômage. Ils ne peuvent pas prendre en charge les dépenses de la maison. Je suis obligée de venir travailler, sinon on n’aura rien à manger. Il faut qu’on aide les jeunes à avoir un travail décent », souligne-t-elle.
Abdou Tine, charretier de son état, transporte le poisson pour les femmes moyennant 150 FCfa la caisse. Aujourd’hui, il n’a fait qu’un voyage. « Avant, on pouvait faire quatre voyages au quotidien, mais depuis que les pêcheurs sont partis, on peut rester une journée sans travailler. Avec un seul voyage depuis ce matin, je suis obligé de tenter ma chance dans les chantiers », avance-t-il.
Le poisson frais devient un luxe dans certaines familles
Aïta Ndiaye est une femme au foyer. Elle fait ses courses au jour le jour. Depuis quelques temps, elle a du mal à se procurer du poisson frais à un prix abordable. Revenant du marché, calebasse sur la tête, elle se désole que certaines familles ne puissent plus consommer normalement du poisson. « Il n’y a plus de poisson dans le marché pour les familles démunies. Le prix auquel on le vend est exorbitant. Donc, je préfère cuisiner un plat qui ne nécessite pas sa présence, car je n’ai pas les moyens de m’en procurer », regrette-t-elle.
Marième Ndoye, vendeuse de poisson, impute cette cherté à la rareté du poisson. « Si les pêcheurs nous vendent le poisson à des prix exorbitants, nous ne pouvons pas le bazarder en le vendant moins cher. Ce n’est pas de notre faute parce que nous avons plus à perdre du fait que nous avons emprunté de l’argent pour acheter le poisson en quantité », se défend-elle. Une situation qui n’arrange personne.