LE CONSEIL DES NOTABLES DE LA COLLECTIVITE COUTUMIERE DE OUAKAM SE MOBILISE
Un groupe d’individus minoritaires ma intentionné, véreux, bien identifiés déjà condamnés pour des délits d’escroqueries multiples sur ce TF 5007 prennent en otage toute une communauté en complicité avec l’administration des Domaines et de la Justice
Le Conseil des Notables de la collectivité coutumière de Ouakam seul organe représentatif émanant des sept quartiers traditionnels du Village, décide de se mobiliser pour reprendre en main son Patrimoine.
Ce village plusieurs fois centenaire a su, avec résilience faire face depuis la période coloniale à plusieurs crises dans la gestion de son Patrimoine Foncier, payant ainsi un lourd sacrifice dans l’expropriation de ses terres de cultures sans impense pour les besoins de l’Aéroport International de Dakar Yoff.
Notre Village Traditionnel Lebou étant victime de sa position géographique a été agressé de toute part par de multiples lotissements administratifs dans son espace naturel d’expansion et a toujours fait l’objet d’une discrimination dans l’attribution des terrains du domaine privé de l’État comme si nous n’étions pas des citoyens de ce pays.
De nombreuses correspondances et autres plaintes adressées aux autorités de la République sont demeurées sans effet. Tentatives d'étouffement par partialité ? Allez savoir !
La collectivité coutumière de Ouakam n’a jamais bénéficié d’un mètre carré pour l’extension de son village traditionnel au grand désarroi de sa population confinée dans un espace sans assainissement ni circuit d’évacuation des eaux fluviales aspire légitimement à bénéficier d’espaces décents pour s’extirper de ce calvaire.
Dorénavant, ce nouveau bureau élu souhaiterait participer pleinement et en toute responsabilité en temps qu’autorité coutumière aux différentes concertations dans la gestion du redéploiement du patrimoine foncier suite à la délocalisation de l’aéroport dont une partie leur revient de droit conformément à la loi.
Aujourd’hui, un groupe d’individus minoritaires ma intentionné, véreux, bien identifiés déjà condamnés pour des délits d’escroqueries multiples sur ce TF 5007 prennent en otage toute une communauté en complicité avec l’administration des Domaines et de la Justice allant jusqu’à lever l’indivision d’un bien commun vieille de plus de 73 ans légué par nos parents, aux seuls fins de spoliations financières sur notre patrimoine foncier commun.
Cette impunité contagieuse a fini de faire tache d’huile au sein du village sapant ainsi la cohésion dont le village a toujours fait preuve dans la dignité et la solidarité.
Notre ‘’vivre ensemble’’ en pâtit aujourd’hui jusqu’à affaiblir le principe sacro saint de l’état de droit seul garant de l’équité la justice et la paix.
Ce village traditionnel victime de sa position géographique n’a jamais bénéficié de la puissance publique en matière d’investissements structurants pour le sortir de ta ruralité des années 30 a été exclu de tous les Grands Projets de Sénégal Émergent, plans d’assainissement, ni plans de restructuration, malgré un Président Abdou DIOUF avec Monsieur Ameth Dansoko pour une affectation de 20 hectares à l’époque sur le TF4407 pour l’extension du village.
Ce décret n’a jamais pu se concrétiser malgré un accord de financement de la GTZ pour la restructuration des villages traditionnels.
Ouakam village traditionnel Lebou symbolise mieux la Téranga Sénégalaise par sa capacité d’accueil et d’intégration des populations non autochtones allant jusqu’à leur offrir une terre et une femme participant ainsi à leur manière, participant ainsi à la consolidation de notre jeune nation .
Nous avons accueilli plusieurs cités en plus des nombreux camps militaires dans notre commune.
Camp de Gendarmerie, Camp Archinard, Camp des Mamelles, Camp Armée de l’Air Terme Sud, Camp Batrain, la liste n »est pas exhaustive…
Et Pour ne citer que ces différents lotissements :
Cité Asecna 1
Cité Asecna 2
Cité Assemblée Nationale
Cité Enseignants supérieurs
Cité Enseignants secondaires
Cité Magistrats
Cité Mbackiyou Faye
Cité Cheick Amar.
Les populations de Ouakam que nous sommes ne sont-elles pas des citoyens pour être exclu ainsi du patrimoine privé de l’Etat bien qu’étant les premiers occupants de ces terres !
C’est le lieu d’affirmer ici pour que nul ne l’ignore que le Conseil Élu des Diambours n’a jamais bénéficié des nombreux lotissements issus du patrimoine privé de l’État du Sénégal, d’un mètre carré depuis les indépendances à nos jours.
Les différents lotissements administratifs entre le Maire et l’Administration des Domaines se sont faits au détriment des natifs du village !
Ces terrains se sont toujours retrouvés entre les mains des courtiers pour le compte des initiateurs de ces projets de lotissements souvent propriété coutumière de nos populations.
Devrions-nous continuer à constater, impuissants face à cette injustice notoire qu’on veut infliger à notre jeunesse dans cette spoliation des terres de leurs ancêtres !
Voilà, Mesdames, Messieurs !
Le Conseil des Notables de la collectivité coutumière de Ouakam
Orientation des nouveaux bacheliers
Le ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation donne le feu vert aux nouveaux bacheliers pour l’inscription sur la plateforme CAMPUSEN, à la suite des conclusions de la Commission Nationale d’Orientation des Bacheliers (CNOB). Ainsi, la plateforme est accessible aux bacheliers 2020 à partir d’aujourd’hui. Seulement, la première étape leur permettra de créer un compte d’accès afin d’obtenir leur numéro d’Identification Nationale Etudiant (INE). Dans un communiqué, le ministre de l’Enseignement Supérieur indique qu’à partir de mercredi prochain, les nouveaux bacheliers, avec leur INE, pourront à nouveau accéder à la plateforme et faire leurs choix d’orientation dans les différents établissements publics (Universités, ISEP) et filières. Cette année, de nouvelles offres de BTS publics sont disponibles. Cependant, la commission d’orientation va fermer la plateforme pour faire une évaluation.
Sonko interpelle le gouvernement sur l’ouverture des comptes bancaires…
Le député Ousmane Sonko veut être éclairé sur toutes les affaires publiques qui lui semblent nébuleuses. Le leader de Pastef a déposé encore deux questions écrites sur la table du président de l’Assemblée nationale. Il interpelle le gouvernement sur «une vaste entreprise d'escroquerie dont le seul but est de soustraire illégalement des dizaines de milliards des comptes du Trésor public». Il soupçonne des virements illégaux de fonds publics avec l’ouverture des comptes dans des banques privées dont l’objet est de «permettre de trouver des solutions financières» avec lesdites banques pour effectuer des paiements «au titre des indemnisations relatives aux expropriations foncières pour cause d’utilité publique».
…et les problèmes de l'Enseignement supérieur
Restons avec le leader de Pastef dont la seconde question écrite soumise au gouvernement porte sur les problèmes de l'Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle. Il veut des éclaircissements sur l’orientation des nouveaux bacheliers et le reliquat de 10 milliards que l’Etat doit aux établissements privés d’enseignement supérieur. Il interpelle le gouvernement sur l’exécution des onze mesures de la réforme de l’enseignement supérieur prises en 2013 et la fuite des cerveaux. Ainsi le gouvernement dispose d’un délai d’un mois pour répondre au député Ousmane Sonko.
Revoilà Assane Diouf…
Placé sous mandat de dépôt en juin pour provocation à un attroupement armé et outrage à agent entre autres, Assane Diouf n’a toujours pas été entendu dans le fond. Jusqu’à vendredi dernier en tout cas, cette audition n’était pas prévue, selon les informations de Libération online. Sa dernière demande de mise en liberté provisoire a été rejetée. Et le séjour carcéral d'Assane Diouf risque de se prolonger d'autant que des sources autorisées renseignent que son audition dans le fond est attendue en novembre.
Un famille décimé sur la route de Ourossogui
Quatre membres d’une même famille ont perdu la vie dans un accident de la route survenu hier dimanche 25 octobre sur l’axe Ranerou-Ourossogui. Les victimes, originaires du village de Soringho dans le département de Kanel, avaient quitté Dakar pour se rendre dans le département.
Condoléances de Macky Sall
La disparition en mer d’une vingtaine de jeunes tous originaires de Saint-Louis n’a laissé personne indifférent. Le Président Macky Sall n’a pas tardé à réagir sur le drame des candidats à l’émigration clandestine. Il a dit apprendre avec beaucoup d’émotion l’explosion, en haute mer, du moteur d’une pirogue qui transportait de jeunes compatriotes. Mais, le chef de l’Etat fait état d’une perte de plus d'une dizaine de jeunes. Il promet que toutes les dispositions seront prises par le Gouvernement pour aider les familles éplorées à surmonter cette dure épreuve.
L’appel de l’ex-colonel Abdourahim Kébé à la jeunesse
Le nouveau responsable de Pastef à Saint-Louis est choqué par la disparition d’une vingtaine de jeunes candidats à l’émigration clandestine. Pour le colonel à la retraite, Abdourahim Kébé, la jeunesse est sacrifiée et abandonnée par le gouvernement. Une jeunesse victime au quotidien des affres du chômage, de l’iniquité sociale, de la violence, du désespoir. Doit-on reprocher à la jeunesse de préférer la mort à la honte? Que nenni ! dit-il. Toutefois, il dira à cette jeunesse désespérée que le combat doit être mené de l’intérieur parce que le régime actuel ne fera rien pour retenir cette jeunesse vibrante, rayonnante, consciente et primesautière. Au lieu de braver l’océan, il invite les jeunes à accepter de participer activement au combat démocratique et patriotique pour venir à bout de la morosité sociale, politique et économique qu’impose le régime de Macky Sall. A l’en croire, en participant au changement de mentalité des concitoyens pour asseoir un Sénégal des valeurs, la jeunesse n’aura plus besoin d’aller réaliser ses rêves dans une autre terre d’espérance.
Colère à Thiaroye Gare contre l’Apix
Les désagréments causés par les travaux du Train Express Régional (Ter) à Thiaroye gare ont fait sortir les populations de leurs gonds. Elles menacent de descendre dans la rue si l’Apix continue de faire la sourde oreille à leurs revendications. Ces populations réclament la construction de passerelles qui est devenue une urgence sociale et une solution au problème lié au mur de clôture du camp militaire envisagé par l’Armée nationale. Leur porte-parole Libasse Diagne a tiré à boulets rouges sur le Directeur général de l’Apix Mountaga Sy qui, dit-il, n’a respecté aucun de ses engagements. A l’en croire, Thiaroye Gare sera coupé du reste du monde avec la traversée du TER et l’éventuelle construction du mur du camp militaire.
Arrestation d’un présumé dealer notoire à Pikine
O. Lette est un multirécidiviste connu des services de la police pour ses activités de trafic de drogue. Apparemment, il n’est pas près d’arrêter ce commerce illicite. Le présumé dealer a été alpagué une nouvelle fois aux abattoirs de la Sogas (Ex Seras)par les éléments du Commissaire d’arrondissement, Mame Arona Ba de Pikine. Les limiers de la Brigade de recherches l’ont pris en possession de 27 cornets et 125 grammes de chanvre indien. En outre, les flics ont saisi une paire de ciseaux par devers lui. O. Lette sera déféré aujourd’hui au parquet pour détention et trafic de chanvre indien. La drogue et la paire de ciseaux ont été mises sous-scellés.
Un fait insolite à la Cité Technopole
Insolite. En voilà un fait qui mérite d’être souligné. La cité Technopôle de Pikine-Ouest située à quelques mètres de la station d’épuration de Cambérène de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas), ne dispose pas d’un réseau d’assainissement. Une situation incompréhensible aux yeux des habitants de ce quartier. Ces derniers ont profité d’une journée d’investissement humain suivie de reboisement pour interpeller l’Etat du Sénégal. Aussi, les populations réclament-elles la densification du réseau d’éclairage public pour faciliter à la Police son travail de sécurisation de la zone.
Mor Gaye remplace Lamine Diouf au CESE
Le responsable de l’Alliance pour la République (Apr) de Touba, Mor Gaye, remplace Lamine Diouf au Conseil Economique Social et Environnemental. Il a été promu par le Président Macky Sall à la suite de la nomination de Lamine Diouf au poste de Consul général à Milan.
L’Apr se réjouit de la JND L’Alliance
Pour la République (Apr) se félicite de la tenue de la première édition de la Journée Nationale de la Décentralisation (JND) sur le thème de la décentralisation et de l’équité territoriale. Dans un communiqué, le porte-parole du parti, Seydou Guèye, renseigne que d’importants points ont été consignés en vue de l’efficience des interventions des différents acteurs et de l’optimisation du Plan Sénégal Émergent. Il s’agit, entre autres, de la consolidation et de l’élargissement du transfert des compétences et des ressources, de la promotion de la gestion axée sur les résultats et de la fonction publique locale, du financement innovant de la décentralisation et du renforcement du statut de l’élu local, de l’accélération de la mise en œuvre de la seconde phase de l’acte III de la décentralisation, de la mutualisation des moyens et de l’intercommunalité. Le parti présidentiel se réjouit de l’élargissement du Programme d’Appui aux communes et aux agglomérations du Sénégal (PACASEN) au monde rural avec une enveloppe conséquente de 352 milliards FCFA sur 5 ans.
Cellou Dallein Diallo appelle ses militants à défendre sa victoire
La tension post-électorale en République de Guinée est en train de prendre une tournure inquiétante. Malgré la réquisition de l’armée à Conakry, le leader UDFG, Cellou Dallein Diallo se radicalise. Il a posté hier une vidéo pour appeler ses militants et sympathisants à se mobiliser davantage pour défendre et protéger leur victoire. Le leader de l’opposition pense qu’il n’y a pas d’alternative à la poursuite du combat. Pour Cellou Dallein Diallo, cette élection réitère leur victoire haut les mains. Pas de recul ! lance-t-il. La tension monte ainsi d’un cran avec son lot de morts.
Des commissaires de la CENI démontrent la fraude
Le vice-président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) Bano Sowet des commissaires rajoutent une couche sur les suspicions d’une fraude électorale du régime d’Alpha Condé. Dans une déclaration signée par Bano Sow et des commissaires à la Commission Electorale Nationale Indépendante, dont les identités sont tenues secrètes, ils démontrent avec des preuve «la fraude massive et les irrégularités» qui ont caractérisé la centralisation et la comptabilisation des résultats du scrutin du 18 octobre.
Une mission conjointe de l’ONU, de l’UA et de la CEDEAO à Conakry
La crise post-électorale guinéenne qui a fait déjà des dizaines de morts commence à mobiliser la communauté internationale. Selon nos sources de Guinews, une mission conjointe composée de la CEDEAO, de l'UA et de l'ONU séjourne à Conakry depuis hier, en vue de désamorcer la crise née de la présidentielle du 18 octobre. Des sources au niveau du système des Nations-Unies à Conakry confirment la présence de la mission conjointe à Conakry. Dans cette optique, les représentants du la CEDEAO, de l’UA et des nations unies devraient rencontrer sans délai les représentants du pouvoir et de l’opposition pour une issue heureuse
Boycott des produits français, appels à manifester en Libye, attaques d’Erdogan, condamnations du Premier ministre pakistanais : le torchon brûle entre la France et le Proche-Orient après les propos du président français sur les caricatures de Mahomet
Boycott des produits français, appels à manifester en Libye, attaques d’Erdogan, condamnations du Premier ministre pakistanais : le torchon brûle entre la France et le Proche-Orient après les propos d’Emmanuel Macron sur les caricatures de Mahomet. Ce dimanche, Erdogan a réitéré ses propos, malgré le rappel de l’ambassadeur français en Turquie et les condamnations du chef de la diplomatie européenne.
« Nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins, même si d’autres reculent », avait déclaré le président français lors de l’hommage national à Samuel Paty mercredi 21 octobre.
« Il est regrettable qu’il ait choisi d’encourager l’islamophobie »
« Le président Macron aurait pu jouer l’apaisement et refuser l’espace aux extrémistes plutôt que de créer une polarisation et une marginalisation supplémentaires qui conduisent inévitablement à la radicalisation », a écrit Imran Khan sur Twitter.
« Il est regrettable qu’il ait choisi d’encourager l’islamophobie en s’attaquant à l’Islam plutôt qu’aux terroristes qui pratiquent la violence, qu’il s’agisse de musulmans, de tenants de la suprématie blanche ou d’idéologues nazis », a poursuivi le Premier ministre pakistanais.
Appels à manifester en Libye
Les propos d’Emmanuel Macron ont créé une vague d’émoi dans des pays du Proche-Orient. Des appels à manifester se sont multipliés ce dimanche en Libye. Le mouvement a surtout pris de l’ampleur sur les réseaux sociaux avec des internautes appelant à manifester dimanche après-midi sur la grande Place des Martyrs, dans le centre-ville de Tripoli. Côté médias, la chaîne de télévision religieuse « al-Tanasuh », porte-voix du mufti Sadek al-Ghariani, a relayé cet appel sur le bandeau d’information en bas de l’écran.
Ce chef religieux controversé, qui dirige Dar al-Ifta – plus haute autorité religieuse du pays —, avait déjà réagi aux propos du président français début octobre sur le « séparatisme islamique » en affirmant que « si un dirigeant musulman tenait envers l’Occident les mêmes propos et déclarations racistes et hostiles que ceux de Macron envers l’islam, il lui aurait été reproché d’être extrémiste, raciste et terroriste ! »
« Diaboliser l’islam et les musulmans n’aide pas la paix sociale en France »
Des petits groupes ont déjà protesté samedi dans plusieurs villes libyennes, brandissant des pancartes reprenant le hashtag « Tout sauf le prophète »,« le prophète est une ligne rouge » ainsi que des portraits du président français barrés d’une croix rouge.
Ammari Zayed, membre du Conseil présidentiel chapeautant le Gouvernement d’union basé à Tripoli et ministre par intérim de l’Education nationale, a fustigé les propos d’Emmanuel Macron, dénonçant « le mépris que ces déclarations constituent à l’encontre du plus grand symbole pour tous les musulmans ».
« Nous condamnons fermement les déclarations du président français et l’insulte intentionnelle envers l’islam et son saint prophète », a-t-il écrit samedi sur Facebook.
« En tant que musulmans, il est de notre devoir de respecter tous les prophètes alors nous exigeons de même de la part de toutes les autres religions », a indiqué à l’AFP Fatima Mahmoud, une habitante de Tripoli ayant l’intention d’aller manifester dans l’après-midi.
L’absence maternelle n’esseula pas l’orphelin de treize ans qui avait déjà récité l’intégralité du Coran sous la guidée de son grand-père Tafsir Mbacké Ndoumbé, avant d’être confié à son oncle
Le destin ne lui a pas laissé le choix : il devait être un grand homme.
Né de l’union des Mbacké et des Bousso, deux grandes familles originaires du Fouta et réputées pour leur érudition dans l’enseignement du Coran et des sciences religieuses, le deuxième enfant de Mame Marième Bousso et de Mame Mor Anta Saly a vu le jour vers 1853 à Mbacké Baol[i], village créé cinquante-sept ans plus tôt par son arrière-grand-père, Mame Maarame.
Déjà, au moment de rejoindre le domicile conjugal, sa mère, surnommée Diarratoullah (ou la voisine de Dieu), se soumettant à la Volonté divine, signalait : « N’était le Décret faisant de Mouhammad (PSL) le sceau de la prophétie, je mettrais au monde un prophète[ii]. »
À défaut d’enfanter ce prophète, elle l’aura éduqué comme tel, le berçant avec les exploits des grandes figures religieuses qui devinrent aussitôt les modèles de Cheikh Ahmadou Bamba. N’a-t-il pas commencé, dès le bas-âge, à priver son corps de sommeil et à l’habituer aux génuflexions nocturnes ?
L’assassinat de son oncle paternel Abdou Khadir par des Thiédos et l’enlèvement de sa petite sœur, Sokhna Faty Mbacké, par des chasseurs d’esclaves, dans la période de 1863/64[iii] ; puis le décès, à trente-trois ans, de sa mère, affectèrent Cheikh Ahmadou Bamba. Mame Marième Bousso repose à Porokhane, près du Nioro du Rip où l’Almamy Maba Diakhou Ba, dans sa guerre sainte entamée en 1861 sur recommandation d’El Hadj Omar Tall, avait fait venir autour de lui de nombreuses familles religieuses du Baol et du Djolof.
L’absence maternelle n’esseula pas l’orphelin de treize ans qui avait déjà récité l’intégralité du Coran sous la guidée de son grand-père Tafsir Mbacké Ndoumbé, avant d’être confié à son oncle Mouhammad Bousso et de revenir entre les mains de son père[iv].
Maba tué en 1867 à la bataille de Somb, Lat Dior qui était venu chercher renfort au Nioro décida de rentrer au Cayor. Rétabli sur le trône en 1871, il fit venir auprès de lui, un an après, Mame Mor Anta Saly à qui il demanda d’être son Cadi (jurisconsulte). « L’Imam des savants[v] » ira s’installer à Patar, près de Keur Ahmadou Yala, la capitale de Lat Dior, tandis que Cheikh Ahmadou Bamba resta au Saloum avec son oncle Mouhammad Bousso. Il y fut confié à un autre oncle, Serigne Samba Toucouleur Ka, qui l’initia aux différentes disciplines de la théologie islamique[vi].
Venu rejoindre son père à Patar, l’étudiant se voit confier des missions de plus en plus importantes au sein du Daara paternel où il poursuit sa formation, tout en allant s’abreuver à d’autres éminentes sources de science. L’intime de son père, le Cadi Madiakhaté Kala, maître de la belle poésie, lui transmit son art. Mouhammad Ibn Mouhammad al-Karim, mieux connu sous le nom de Muhammad el-Yadâlî sous nos cieux, lui enseigna, quant à lui, la rhétorique à Ndiagne, à cinq kilomètres, où il se rendait à pied.
Ne se contentant pas de maîtriser les enseignements reçus, Cheikh Ahmadou Bamba entreprit de les rendre plus accessibles aux autres apprenants. Ainsi versifia-t-il Kubra, le grand traité de théologie d’al-Sanûsî ; Bidaya al-Hidaya de l’Imam al-Gazâlî (devenu Mulayyin es-Sudûr, puis Munawwir al-Sudûr) ; le traité de rituel d’al-Akhdari (devenu Al-Djawhar al-Nafîs). Il composa, en outre, Djahbatou Sighar. Et Mame Mor Anta Saly fut le premier à utiliser les travaux de son fils pour former ses autres étudiants.
Après le transfert de la capitale de Lat Dior à Souguère, Mame Mor Anta Saly fonda à côté, en 1880/81[vii], le village de Mbacké Kadior. Il y rendit l’âme deux ans plus tard, à 61 ans, et fut enterré à Dékheulé. Son décès marqua un tournant dans la trajectoire de Cheikh Ahmadou Bamba qui déclina l’offre, que lui a faite Serigne Taïba Mouhammad Ndoumbé Maar Syll[viii], d’aller prendre les fonctions étatiques de son père auprès de Lat Dior.
L’affirmation de sa volonté de dédier sa vie exclusivement à Dieu et à Son prophète Mouhammad, sans proximité avec les hommes politiques, fut prise pour de la folie. Incompris, Cheikh Ahmadou Bamba se confia dans ces vers adressés au Cadi Madiakhaté Kala :
Penche vers les portes des sultans, m’ont-ils dit
Afin d’obtenir des dons qui te suffiraient pour toujours
Dieu me suffit, ai-je répondu, et je me contente de lui
Rien ne me satisfait hormis la science et la religion
(…)
Ô toi qui me blâmes, ne va pas loin, cesse de me blâmer !
Car mon abandon des futilités de cette vie ne m’attriste point
Si mon seul défaut est ma renonciation aux biens des rois
C’est là un précieux défaut qui ne me déshonore point[ix].
La contestation par Cheikh Ahmadou Bamba de la jurisprudence rendue à l’issue de la bataille de Samba Sadio en 1875, où les hommes de Lat Dior et les Français ont tué Ahmadou Cheikhou Ba (accusé de s’être proclamé prophète) et réduit les partisans de celui-ci en esclaves, n’aura pas aidé à le rapprocher des princes du Cayor. Il finit par quitter Mbacké Kadior et s’installer dans son Mbacké Baol natal en 1884, après que la plupart des étudiants de son père l’ont quitté lorsqu’il leur a annoncé ne plus se limiter à une instruction livresque ; le prophète l’ayant chargé d’assurer également leur formation spirituelle[x].
Cheikh Ahmadou Bamba et le groupe de disciples l’ayant suivi à Mbacké Baol y restèrent quatre ans, au cours desquels il leur apprit les textes religieux et la maîtrise de leur âme. À ses Mourides (les Aspirants), il rappelle les obstacles sur la voie de Dieu identifiés par ses prédécesseurs soufis et les éloigne de la procrastination, considérant que « le travail fait partie de la religion » :
Il existe six obstacles
Que doit franchir celui qui cherche à atteindre Dieu
Ce sont : manger à l’excès, boire à l’excès
L’excès de fréquentation, le bavardage, l’excès de sommeil
Et se distraire de la mention du Nom de notre Seigneur pacifique
Référez-vous à Jawâhir al-Macâni
Un ouvrage de notre vénérable Cheikh Ahmad al-Tijâni
(…)
Le vrai adepte mystique est celui
Qui fait un bon usage de son temps
Celui qui ne reporte aucun travail
Car le report entrave souvent l’accomplissement des devoirs
Référez-vous à Jounnatoul Mourîd
Un ouvrage de notre Cheikh, le Calife bien-guidé (Sîdi Moukhtâr al-Kountî)[xi]
Ses disciples, qui vécurent des exactions de toutes sortes à travers le pays (agressions, violences verbales « Xana jeeg, disait-on alors, lu mu bon bon mën a jur ab Murit », expulsions, spoliation…), virent leur nombre s’accroître significativement lorsqu’il quitta Mbacké Baol pour fonder Darou Salam en novembre 1886. Il aura auparavant effectué un long voyage à travers le pays, l’ayant conduit jusqu’en Mauritanie ; et écrit Masâlik al-Jinân (Les Itinéraires du Paradis), une versification du Khatimat al-Tasawuf de Muhammad ibn al-Mutkhtar al-Yaddâli, ainsi que Mawâhib al-Quddûs (Les Grâces de l’Éternel), une versification de Umm al-Barâhîn d’al-Sanûsî.
Cheikh Ahmadou Bamba ne resta qu’un an à Darou Salam, rejoignant Touba, sa terre sainte qu’il n’avait cessé de chercher. Ce village qui naquit en 1887 refusa vite du monde : esclaves, paysans, gens de castes et de l’aristocratie, princes déchus par la nouvelle tyrannie coloniale, religieux en quête de précellence, se regroupèrent autour de celui qui constitua un repère stable dans un Sénégal, une Afrique, en plein bouleversement.
C’est là que l’oppression coloniale, orientée vers la conquête territoriale entamée en 1855 par Faidherbe et reprise sous l’impulsion des républicains de Jules Ferry à partir de 1880, écrivit le premier rapport connu à son propos[xii]. Le nommé Tautain du bureau des Affaires politiques de Saint-Louis somme, le 19 mars 1889, l’administrateur du Cayor de vérifier si Cheikh Ahmadou Bamba est installé à Touba qui serait « une position légèrement suspecte, car elle serait fort bien choisie pour grouper peu à peu un certain nombre d’adhérents et se livrer, sans trop attirer l’attention, à la prédication. » Ordre est également donné à l’administrateur du Cayor « d’exercer sur l’individu une surveillance constante, quoique prudente, pour ne pas le poser en martyre de sa foi… »
Cette paranoïa de l’oppression coloniale n’a rien de surprenant, puisque celle-ci est consciente de l’injustice qu’elle symbolise (travail forcé, travail obligatoire, indigénat, imposition à partir de cinq ans et sur les morts, enrôlement forcé, racismes[xiii]…) et de la résistance qu’elle suscite. Pour avoir déjà tué ou aidé à tuer Ahmadou Cheikhou, Damel Samba Laobé Khourédia Mbodj Fall (en 1886), Lat Dior (en 1886), Mamadou Lamine Dramé (en 1887), Abdoul Bocar Kane (en 1891), Damel Samba Yaya Fall (en 1891), en plus de nos 20 000 compatriotes assassinés sous le seul commandement de Faidherbe[xiv] ; pour avoir fait disparaître El Hadji Omar Tall (en 1864) et fait s’exiler Alboury Ndiaye le fédérateur (en 1890) ; espionner un marabout n’était qu’une banalité : de même que l’exiler.
Après avoir été le chercher au Djolof (où le besoin d’un meilleur environnement pédagogique l’a conduit avec ses disciples à Mbacké Baary à partir d’avril 1895), l’oppression coloniale, qui a dépêché environ 130 cavaliers[xv] commandés par l’administrateur principal Leclerc, arrêta Cheikh Ahmadou Bamba le samedi 10 août 1895 (18 Safar 1313 H[xvi]). Elle le garda prisonnier à Saint-Louis durant un mois et dix jours, avant de le faire comparaître, le 5 septembre 1895, devant un Conseil privé constitué de dix colons imposteurs, dont six intérimaires.
À l’unanimité, ce Conseil qui a visé à la lettre le rapport du directeur des Affaires politiques Merlin, mentant même sur les informations les plus élémentaires (en présentant, par exemple, Mame Cheikh Anta comme l’oncle de Serigne Touba), décida « d’enlever Ahmadou Bamba, non seulement à la région où son action se faisait le plus immédiatement sentir, mais au Sénégal même, et de l’interner au moins pour quelques années, dans un pays éloigné, tel que le Gabon, où ses prédications fanatiques n’auront aucun effet. »
Et ce, alors qu’il est affirmé dans ce même rapport à charge : « Il ressort clairement que si l’on n’a pu relever contre Ahmadou Bamba aucun fait de prédication de guerre sainte bien évident, son attitude, ses agissements et surtout ceux de ses principaux élèves, sont en tous points suspects. »
Ainsi, sur la base de la simple suspicion de faits ne lui étant pas directement imputés et sur celle d’une décision n’ayant présenté aucun de ses moyens de défense, l’oppression coloniale conduisit, à bord d’un wagon réservé aux chevaux, Cheikh Ahmadou Bamba à Dakar, le jeudi 19 septembre. Elle le tortura à l’actuel Camp Dial Diop durant la nuit. Les Lébous du Pénc de Cëddéem, et Sokhna Anna Diakhère Faye la grande dame, lui apportèrent leur soutien, sans parvenir à empêcher son embarquement à bord du Ville de Pernambouc.
À bord du paquebot, le Clément m’a appris
Que je suis le serviteur du chef de Médine
Le paquebot, plein de voyageurs,
Passa la journée du vendredi et la nuit du samedi en rade
À bord de ce paquebot bien plein
Je reçus mon adepte (Mame Cheikh Ibra Fall) alors qu’il était bien attristé
Lui fis mes adieux et regagnai ma place, le cœur bien éprouvé[xvii]
A suivre...
Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye est ancien Enfant de Troupe du Prytanée Militaire de Kadiogo (Burkina Faso). Diplômé de Sciences Po Paris et de la Faculté de Droit de Panthéon-Assas, il est l’auteur du blog Assumer l’Afrique.
[i] La famille de Mame Mor Anta Saly a quitté Mbacké Baol pour fonder Khourou Mbacké environ trois mois après la naissance de Cheikh Ahmadou Bamba. Certains, comme Cheikh Anta Mbacké Babou, défendent que ce dernier est né à Khourou Mbacké même (voir Babou, Cheikh Anta Mbacké. « Généalogie, éducation, et baraka dans la famille Mbàkke : Une exploration de quelques sources de l’autorité spirituelle d’Amadu Bamba » Afrique & histoire, vol. vol. 7, no. 1, 2009, pp. 199-234.
[ii] Cette anecdote est relayée par Serigne Abdoulaye Diop Bichri dans l’émission Sen Show de Sen TV, « Mame Diarra Bousso, une reference pour l’humanité ».
[iii] Voir Babou, Cheikh Anta Mbacké. Fighting the Greater Jihad: Amadu Bamba and the Founding of the Muridiyya of Senegal, 1853-1913, Athens, Ohio University Press, coll. « New African Histories Series », 2007, 294 p. / Babou, Cheikh Anta Mbacké. « Généalogie, éducation, et baraka dans la famille Mbàkke : Une exploration de quelques sources de l’autorité spirituelle d’Amadu Bamba » Afrique & histoire, vol. vol. 7, no. 1, 2009, pp. 199-234.
[iv] Cette version sur le curriculum de Cheikh Ahmadou Bamba est donnée par Serigne Bassirou. Elle diffère de celle donnée par Serigne Mouhammadou Lamine Diop Dagana qui informe que Cheikh Ahmadou Bamba a été initié au Coran par son oncle Mouhammad Bousso et a ensuite été confié à son grand-père Tafsir Mbacké Ndoumbé, avant de revenir entre les mains de son père. Selon cette dernière version, il n’avait pas encore mémorisé tout le Coran au moment du décès de son grand-père Tafsir Mbacké.
[v] C’est ainsi que Cheikh Ahmadou Bamba a désigné son père dans un poème qu’il lui a dédié.
[vi] Voir le chapitre premier, Ir wâ en Nadîm (L’Abreuvement du Commensal dans la Douce Source du Serviteur) de Serigne Mouhammad Lamine Diop Dagana.
[vii] Serigne Bassirou affirme que Mame Mor Anta Saly est décédé le mardi 20 du mois de Muharram de l’an 1299 H, tandis que Serigne Mouhammadou Lamine Diop Dagana dit qu’il s’agit du mois de Muharram de l’an 1300 H.
[viii] Serigne Mouhammadou Lamine Diop Dagana, rapportant cette scène, désigne nommément Serigne Mouhammad Taïba Syll comme l’auteur de la proposition. (Cf chapitre premier d’Ir wâ en Nadîm de Serigne Mouhammad Lamine Diop Dagana).
[ix] Cet échange poétique entre Serigne Touba et Cadi Madiakhaté Kala est rapporté par Serigne Mouhammadou al-Bachir dans la partie des témoignages contenus dans Minanoul Bakhil Khadim fi Siratoul Cheikh al-Khadim (Les bienfaits de l’Éternel).
[x] L’ordre reçu du prophète Mouhammad est contenu dans le deuxième chapitre d’Ir wâ en Nadîm ainsi que dans ces vers de Cheikh Ahmadou Bamba : Un des gestes prodigieux (de Mouhammad) consiste dans la rassurance / De son serviteur en lui donnant un ordre / L'ordre d'instruire ses adhérants / Ainsi que tous ses contemporains qui acceptaient son enseignement…
[xi] Ces passages poétiques de Cheikh Ahmadou Bamba, enseignements adressés aux disciples mystiques, sont extraits du deuxième chapitre d’Ir wâ en Nadîm (L’Abreuvement du Commensal dans la Douce Source du Serviteur) de Serigne Mouhammad Lamine Diop Dagana.
[xii] Tautain, lettre du 19 mars 1889 à l’administrateur du Cayor, Archives Nationales du Sénégal, 3B/54, fol., 46, dans Ba, Ahmadou Bamba face aux autorités coloniales (1889-1927), 25.
[xiii] Voir Professeur Gueye, Mbaye. « Cheikh Ahmadou Bamba : Contexte historique et géopolitique », dans Ba, Ahmadou Bamba face aux autorités coloniales (1889-1927), 205.
[xiv] Ce chiffre des victimes de Faidherbe au Sénégal est arrêté par le Professeur Iba Der Thiam.
[xv] Dans son rapport du 15 août 1895, Leclerc dit qu’il était « entouré des gardes, de 5 ou 6 cavaliers qui lui servaient de coursiers » et qu’il a été rejoint par « une soixantaine de cavaliers du Walo », suivis par « une autre troupe aussi forte. »
[xvi] Il est à noter que dans Jazâ es-sakûr, son carnet de bord, Cheikh Ahmadou Bamba dit être sorti de sa maison le 4 Safar 1313H. Certains exégètes, comme Serigne Mouhammadou Lamine Diop Dagana, considèrent que cette date correspond à celle à laquelle il avait l’intention de partir : ce qu’il n’avait pu faire, n’ayant pas reçu l’autorisation de son Seigneur.
[xvii] Ce poème sur l’au revoir avec ses disciples est repris dans Ir wâ en Nadîm (L’Abreuvement du Commensal dans la Douce Source du Serviteur) de Serigne Mouhammad Lamine Diop Dagana.
WILLIAM PONTY, L'ÉCOLE DES PREMIERS CADRES AFRICAINS
L’établissement colonial de référence de 1937 à 1965, soit pendant vingt-huit ans a, pendant toute la période coloniale française, formé presque tous les cadres de l’Afrique francophone
L’établissement colonial de référence de 1937 à 1965, soit pendant vingt-huit ans a, pendant toute la période coloniale française, formé presque tous les cadres de l’Afrique francophone.
Selon les travaux de l’historien sénégalais Souleymane Séga Ndiaye, c’est en 1903 que le gouverneur général de l’Afrique occidentale française (AOF), Ernest Roume, en poste à Saint-Louis, signe l’arrêté n° 806 du 24 novembre 1903 portant création et fixation de l’organisation homogène de l’enseignement en AOF.
Cet arrêté signait l’acte de naissance de l’école normale d’instituteurs de Saint-Louis (à 270 kilomètres de Dakar). Elle fonctionne d’abord en tant que section de l’école des fils de chef et des interprètes. Elle sera déplacée sur l’île de Gorée, au large de Dakar, en 1913 et rebaptisée “école normale William-Ponty”, en l’honneur du gouverneur général de l’AOF en 1907 et de 1908 à 1915, Amédée William Merlaud-Ponty.
L’établissement est déplacé, en 1937, à une quarantaine de kilomètres de la ville de Dakar, dans la commune rurale de Sébikotane. Aujourd’hui, ce site qui a accueilli l’école pendant plus d’une vingtaine d’années est presque à l’abandon. Le village de Sébi-Ponty, créé par le personnel africain de l’école durant son transfert, s’agrandit sur l’espace de l’ancienne école. Certains anciens “pontins”, comme ils aiment se faire appeler, y vivent encore avec leurs familles.
En soixante-deux ans d’existence, en grande partie sous l’ère coloniale, William-Ponty a eu à former en majorité des instituteurs, mais aussi des médecins et des cadres qui ont servi dans les écoles, les hôpitaux et occupé les fonctions les plus prestigieuses de l’administration de l’Afrique de l’Ouest.
Mieux, les pontins ont été les premiers Africains qui ont eu à prendre en main l’administration des différents pays d’Afrique de l’Ouest après les indépendances. Beaucoup sont même devenus président de la République ou ministre dans leur pays. Il s’agit, entre autres, de Félix Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire, Modibo Keïta au Mali, Hubert Maga au Dahomey (Bénin), Hamani Diori au Niger, Mamadou Dia et Abdoulaye Wade au Sénégal.
Selon les archives de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan), les cadres formés de cette école seraient plus de 2000.
Les élèves devaient, à partir de 1933, rédiger et soutenir des mémoires de fin d’études sur un sujet de leur choix : 791 travaux de recherche appelés “cahiers de Ponty” ont été produits et sont conservés actuellement à l’IIfan. Les cahiers de Ponty abordaient les questions économiques, sociales et culturelles de l’époque.
LA CHRONIQUE HEBDO DE PAAP SEEN
LES BARRICADES
EXCLUSIF SENEPLUS - Tant que les forces progressistes ne seront pas à l’avant-garde du processus de changement, nos pays ne passeront pas à l’étape supérieure. Celle de la démocratie véritable. Du gouvernement de la raison - NOTES DE TERRAIN
« Qui ne progresse pas chaque jour, recule chaque jour. » Cette maxime est de Confucius. Je ne l’ai su que tout récemment, au détour d’une lecture. Pourtant, mon ami P.O (lire piyo) aime, depuis toujours, le rappeler. C’est ainsi que la formule s’est définitivement accrochée dans mon esprit. Elle a émergé de ma conscience, cette semaine. Je l’ai eu en tête, en regardant la situation insurrectionnelle qui prévaut, en ce moment, dans beaucoup de pays d'Afrique de l’Ouest. En voyant les images sur les réseaux sociaux, il m’est apparu, de manière flagrante, que nous n'avançons plus en Afrique occidentale. Nos pays régressent. De manière si vertigineuse, qu’il faut commencer à s’inquiéter. Non pas pour tirer les cloches de la peur ou entonner les cantiques du secours. Mais pour saisir toute la gravité de cette mauvaise période. On pourrait, aussi, y voir « un cycle hégémonique », qui fait son effet depuis longtemps déjà. Et qui n’est pas prêt de finir, au vu du tourbillon de crises qui se déchaînent.
Sur internet, toute la semaine, deux hashtag ont été massivement utilisés. Qui montrent la situation catastrophique de nos pays. #EndSars revient sur les manifestations au Nigeria, contre les violences policières, la mal gouvernance et l’injustice qui gangrènent le pays. En réponse, les autorités ont envoyé les escadrons de la mort. Plusieurs personnes ont succombé à la répression. Dix-huit, au moins. #GuineeVote, quant à lui, affiche la mobilisation de la jeunesse guinéenne, qui veut mettre fin au règne d'Alpha Condé. Là-bas aussi, la jeunesse s’est sentie lésée. Elle s’est soulevée un peu partout dans le pays. Comme au Nigeria, les forces de l’ordre ont fait parler les armes. Pour taire les mécontentements.
Le feu couve, partout, en Afrique de l’Ouest. La jeunesse trinque. Ça ne change pas. Les coupables ? Les élites dirigeantes. Un vieux cynique s’est emparé des destinées de la Guinée Conakry. Il a fait ressortir les vieilles rancunes, qui sommeillaient chez ses compatriotes. Qui seront difficiles à éteindre. En Côte d’Ivoire, un autre vétéran a fait ce qu’il reprochait à son prédécesseur : garder le pouvoir, quoi qu’il en coûte. D’anciens fossoyeurs songent à le lui reprendre. Le Mali est en faillite. Les élites cupides et les fous de Dieu ont précipité le pays dans les abysses. Les nouvelles autorités n’ont pas les moyens techniques et les capacités militaires pour reprendre les parties du pays démembrées. Au Nigeria, où les moins de 25 ans représentent 60 % de la population, un grabataire a envoyé son armée mater des protestataires pacifiques. Au Togo, la dynastie perpétue son règne interminable. À côté, le peuple béninois doit endurer les caprices d’un autocrate, qui s’emploie méthodiquement à bannir le jeu démocratique. Et au Sénégal, la démocratie a reculé de vingt ans.
On pourrait continuer la tirade, et l’on verrait que partout où nous regardons, dans la sous-région, les menaces sont omniprésentes. Les pays sont dans un état de délabrement politique et social. Les signes de faiblesses ne permettent plus d’avoir la conscience tranquille. Les dirigeants deviennent autoritaires. S’arrogent des droits de plus en plus exorbitants. Ce césarisme triomphant va jouer, comme d’habitude, sur quatre leviers pour sa conservation : l’arsenal répressif, les divisions identitaires, la censure de la sphère intellectuelle et l’alliance avec des forces extérieures. Un univers réactionnaire, pour dire simple. Par ailleurs, l’effondrement de l’éducation et l’affaiblissement de la culture ne présagent rien de bon. Sinon, la montée de l’obscurantisme, de l’ethnicisme, des conflits confessionnels.
Ajoutons à ces problèmes, qui affectent notre environnement direct, les tendances qui se dessinent sur la planète. Qui annoncent de grands bouleversements. La fulgurance du dérèglement climatique. La prolifération des armes de destruction massive. Le risque d’extinction biologique. La fragmentation du monde, de plus en plus marquée, entre les civilisations. Les dirigeants belliqueux, à la tête des puissances. La haine et la violence, exacerbées par la culture numérique et les réseaux sociaux. L’émergence des protofascistes. L’accroissement des inégalités au niveau planétaire. Toutes ces tendances négatives se fortifient. Pire, la pandémie du coronavirus a fait régresser l’humanité sur tous les plans : sanitaire, économique, technologique, politique, individuel. Le monde vit des mutations profondes et gigantesques.
Le moteur de l’émancipation
Personne ne pourra nous sauver. Car les autres doivent, eux aussi, résorber des contradictions très complexes. Il est facile de tomber dans le pessimisme en regardant tous ces mouvements chaotiques. Pour les peuples d'Afrique, les marges d’action sont très faibles. L'expression démocratique est confisquée. Les manifestations sont durement réprimées. Tout ce qu’il reste à faire, parfois, c’est de gesticuler sur les réseaux sociaux. Ce qui ne change, évidemment, pas grand chose. Pourtant, il ne faut pas rendre les armes. La jeunesse africaine ne doit pas arrêter de se défendre. Ce n’est qu’en luttant qu’elle pourra conquérir les citadelles de la liberté et de la dignité. Cela veut dire qu'en dépit des répressions féroces et des brimades, un seul salut existe : les barricades.
Alors voilà, il n’y a ni optimisme flatteur, ni désespoir qui vaillent. Les dynamiques de l’histoire ne sont pas linéaires. Nous pouvons être lucides sur nos problèmes. Tout en refusant de tomber dans le défaitisme. Qui est une fuite ou un aveu d’impuissance. Tout peut changer, avec l'action de l’Homme. C’est pourquoi, et malgré tous les supplices et les chagrins, la jeunesse africaine doit continuer à lutter. Elle doit comprendre qu’une alternance politique reste une petite avancée démocratique. Rien de plus. Pour que triomphe, un jour, la liberté, la justice, l'expansion économique, et les valeurs démocratiques, la jeunesse doit s’allier avec les éléments progressistes. Sans l’apport fécondant de ces derniers, il y aura toujours une prépondérance de la violence, des divisions communautaires, du repli sur soi et du césarisme. Quels que soient les hommes et les femmes, ou les régimes en place.
L’Afrique changera durablement, le jour où les forces progressistes exerceront une vraie influence sur la société. Et pourront desserrer l’étau, provoquer des tensions créatrices. Apporter les stimulants pour de vrais bonds en avant. Politiques, sociaux, économiques, technologiques et humains. Tant que les forces progressistes ne seront pas à l’avant-garde du processus de changement, nos pays ne passeront pas à l’étape supérieure. Celle de la démocratie véritable. Du gouvernement de la raison. De la diffusion du savoir et de la culture. De la vraie émancipation et de la prospérité. Sans eux, les appareils autoritaires et les réactionnaires vont continuer à se partager le pouvoir. En attendant, la jeunesse africaine n’a pas d’autres choix. Elle doit ériger des barricades. C’est la seule espérance qui lui reste.
Retrouvez sur SenePlus, "Notes de terrain", la chronique de notre éditorialiste Paap Seen tous les dimanches.