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5 juillet 2025
«JE NE M’ATTENDAIS PAS A CETTE ALLURE DE LA COVID-19»
Invité de l’émission Grand Jury de la RFM, hier, dimanche 16 août, docteur Mamadou Ndiaye, directeur de la prévention et porte-parole du ministère de la santé et de l’action sociale, a fait part de sa surprise sur la propagation de la covid-19
Invité de l’émission Grand Jury de la RFM, hier, dimanche 16 août, docteur Mamadou Ndiaye, directeur de la prévention et porte-parole du ministère de la santé et de l’action sociale, a fait part de sa surprise sur la propagation de la covid-19
«Je prévoyais la survenue d’une épidémie quelconque. Parce que nous nous travaillons dans ce sens. Mais, je ne m’attendais pas à cette allure de la covid19, qui évolue de cette manière aussi bien dans le monde que dans notre pays», a déclaré le directeur de la prévention et porte-parole du ministère de la santé et de l’action sociale, Dr Mamadou Ndiaye. Par conséquent souligne-t-il, «je pense nous avions accordé, peutêtre, en tout objectivité, trop de crédibilité à ce que l’ensemble de la communauté scientifique pouvait penser. Cette dernière pensait qu’on pouvait peut être l’endiguer puisque c’était une urgence de santé publique de portée internationale ; l’endiguer en quelques semaines ou un ou deux mois dans une proportion gérable lorsqu’elle a apparu aux environs du 12 décembre».
Et d’ajouter «On avait sous-estimé ce virus. Or, si on avait sonné l’alerte à temps, peut être que nous aurions pu barrer la route à cette pandémie. On l’a fait face à l’Ebola, avec d’autres épidémies également qu’on a parvenu pratiquement à éteindre mais celle-là, il s’est trouvé qu’elle a beaucoup résisté et elle continue de faire son chemin même dans des pays développés qui n’ont jamais fait face à une maladie de cette envergure». Même s’il n’avoue vaincu, le directeur de la prévention déclare : «je ne pense pas qu’on puisse l’arrêter en cette année 2020.
Toutefois, on peut arriver à un point qu’elle ne puisse être une menace pour l’humanité. C’est possible et ce sera une victoire». Interrogé par ailleurs sur le nombre de décès, l’actuel porteparole du ministère de la santé indiquera que ça ne l’étonne pas. «Le nombre de décès n’est pas surprenant. Ce qui a été un peu surprenant c’est que l’évolution de la maladie a fait qu’on est resté longtemps sans avoir de décès, un décès parci, un deuxième etc. Et à partir du mois de mai, on a commencé à avoir pratiquement une cadence qui est un peu soutenue. C’est ça qui est un peu étonnant. Mais en regardant les autres pays, combien ils ont été confrontés à cette létalité, on voit que ça serait difficile qu’on puisse ne pas être exposé à cette évolution de la mortalité», soutient-il.
LA LETALITE AU SENEGAL EST ACCEPTABLE
Avant d’indiquer : «la létalité renvoie à un problème de prise en charge. On ne peut pas éviter la mort dans cette maladie. Mais à chaque fois qu’il y’a mort, on peut interroger le problème de prise en charge, on peut toujours dire qu’on pouvait faire telle ou telle chose mais en réalité, il y’a un niveau au-dessous duquel on ne peut pas, ne pas aller. Le monde est un village planétaire. En matière de réanimation les Etats-Unis, la France ou l’Italie ont un plateau médical plus élevé mais en regardant leur létalité, on comprend que c’est difficile de l’éviter. Néanmoins, il faut toujours faire de telle sorte qu’on puisse avoir moins de décès. Et nous pensons que cette létalité au niveau du Sénégal, est continue dans une moyenne acceptable ».
CORINE TCHANIA DIT SES VERITES À DIOUF SARR
Analysant la situation épidémiologique du pays, la généraliste urgentiste diplômé de l’Université Cheikh Anta Diop rompt avec le silence et remet en question la pertinence du point virologique quotidien du Msas
Médecin généraliste urgentiste, Dr Corine Tchania rompt avec le silence et juge «impertinent» les communiqués quotidiens du ministère de la santé et de l’action sociale sur la maladie de Covid 19 dans le pays. La patronne du cabinet de santé Sotéria propose, «au lieu de donner au quotidien, seulement le nombre de décès dû au covid19, il faudrait qu’on y ajoute le nombre de décès dû aux autres maladies à déclaration obligatoire (Fièvre typhoïde, rougeole, méningites, entre autres) », dans le but de «mieux sensibiliser la population à l’importance de la vaccination en général et à l’importance du lavage des mains du port du masque et de la distanciation physique».
La situation épidémiologique dans le pays est anxiogène. Les chiffres qui ressortent du bilan virologique journalier du ministère de la santé et de l’action sociale témoignent de l’ampleur de la maladie dans les régions. Les cas communautaires montent en flèche et la moyenne de létalité grimpe. «On dirait que je rêve… », a lâché le directeur de la prévention et porte-parole du ministère de la santé, avant de laisser entendre que «le Sénégal fait face à une nouvelle vague de contamination».
Ainsi, analysant la situation épidémiologique qui est en permanence détérioration dans le pays, Dr Corine Tchania, généraliste urgentiste diplômé de l’Université Cheikh Anta Diop rompt avec le silence et remet en question la pertinence du point virologique quotidien du Msas. « Je m’interroge beaucoup sur la pertinence du communiqué du Ministère de la santé et de l’action sociale (Msas) qu’on nous fait au quotidien: le nombre de tests, le nombre de cas positifs, le nombre de décès, les cas communautaires, cas contact. Le virus est déjà bien installé dans les maisons, les bureaux, les usines, les supermarchés.....», a lâché la blouse blanche. Et de poursuivre : «Ces chiffres sont sous-estimés c’est évident. “Tu testes, tu trouves. Tu ne testes pas tu ne trouves pas”. À mon avis, le nombre de cas graves et de décès Covid sont les chiffres les plus pertinents dans la surveillance de la gravité de la maladie. De plus, pour que le nombre de cas positifs diminue sur le territoire, il faudrait tout fermer. Et ça ne sera pas le cas, alors changeons notre stratégie ».
Pour l’urgentiste, « au lieu de donner au quotidien, seulement le nombre de décès dû au covid19, il faudrait qu’on y ajoute le nombre de décès dû aux autres maladies à déclaration obligatoire (Fièvre typhoïde, rougeole, méningites, fièvre jaune, polio, tétanos, tuberculose etc..) pour mieux sensibiliser la population à l’importance de la vaccination en général et à l’importance du lavage des mains du port du masque et de la distanciation physique».
«IL Y A 10 A 20 FOIS PLUS DE PERSONNES INFECTEES. ET PROBABLEMENT UN PEU PLUS DE DECES…»
Le Sénégal a franchi la barre des 12000 cas. À la date d’hier, dimanche 16 août, 12.162 patients ont été testés positifs au Sénégal avec 253 décès, soit un taux de létalité de 2% et nette progression. «En réalité, il y a 10 à 20 fois plus de personnes infectées. Et probablement un peu plus de décès dû à la Covid 19 (les décès à domicile ne sont pas comptabilisés, le test PCR post mortem ne se fait plus) », a fait savoir le l’urgentiste. Si, avec le faible nombre de décès comparé à celui d’Europe et d’Amérique, et le taux élevé de cas positifs, on voit que le taux de létalité de la maladie est vraiment bas au Sénégal et dans la sousrégion, Dr Tchania, à l’adresse du gouvernement de proposer, «Est-ce que l’État ne devrait pas mettre son énergie sur l’équipement des hôpitaux, le renforcement du personnel soignant dans les régions, l’amélioration des conditions de travail, l’augmentation du nombre de lits de réanimation sur le territoire sénégalais pour préparer le post Covid ? Et bien sûr, tout en maintenant la campagne de prévention sur les gestes barrières et sur la protection des personnes vulnérables et âgées». Pour le médecin, «il faudra bien que l’on rouvre les universités, les écoles, les stades de sport, les plages, les bars, entre autres». Donc poursuit-elle «on n’ira pas loin avec le seul slogan “portez vos masques, lavez les mains, protégez les personnes vulnérables “. Quand on n’a pas le bon masque, peu d’eau au robinet, et des personnes vulnérables qui nous entoure-ton fait comment ?»
«ÇA NE SERT A RIEN DE CONSTRUIRE UN TER, SI TES LITS DE REANIMATION SONT AU NOMBRE DE 100 POUR 16 MILLIONS D’HABITANTS»
Sans ambages, Dr Corine Tchania estime d’emblée que l’État doit réviser sa politique de riposte et surtout mettre l’accent sur le relèvement du plateau technique des hôpitaux, le recrutement du personnel soignant et l’amélioration des conditions de travail. À l’entendre, la patronne du Cabinet de santé Sotéria met à table le mutisme et la passivité du gouvernement dans l’arbitrage de cette riposte contre la Covid 19. « La bonne attitude aujourd’hui serait d’équiper les hôpitaux, les services d’urgences, de réanimation, de radiologie, de biologie, pédiatrie, gynéco à Dakar et en région, et mieux payer les médecins, les infirmiers, les sages-femmes», a recommandé Dr. Tchania.
Et d’ajouter «l’autre priorité serait de construire des centres médico-sociaux dédiés aux personnes du 3ème âge. Vous allez me dire que l’État n’a pas les moyens. Et je vous répondrai que tout est question de priorité. Ça ne sert à rien d’avoir le pétrole si on ne peut pas soigner les gens. Ça ne sert à rien de construire un TER, si tes lits de réanimation sont au nombre de 100 pour 16 millions d’habitants et si ton centre de traitement pour les brûlés n’existe pas. Aujourd’hui, il est indéniable que le domaine de la santé est prioritaire. Donc, trouvons les moyens et utilisons-les en toute transparence ».
Dakar, 17 août (APS) – La tenue du grand Magal de Touba dans un contexte de propagation à grande échelle du nouveau coronavirus est un des sujets de préoccupation des quotidiens reçus lundi à l’Agence de presse sénégalaise (APS).
Dans ce contexte de crise sanitaire, Tribune s’intéresse au débat sur la tenue du Magal de Touba et affiche en Une : ‘’L’ultime décision attendue de Serigne Mountakha Mbacké’’, guide suprême de la confrérie mouride.
’’Le grand Magal de Touba aura bel et bien lieu. Le comité départemental de développement (CDD) préparatoire de l’évènement s’est réuni en début de soirée, samedi, à huis clos (….). Son coordonnateur a fait savoir que le Khalife général des mourides, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké recommande à tous les pèlerins de respecter scrupuleusement les mesures prises par les autorités sanitaires, même si ce dernier est attendu pour la prise de l’ultime décision concernant cet événement religieux’’, rapporte le journal.
Pour parler de la tenue de cet évènement, Vox Populi affiche en Une : ‘’Ila Touba malgré le virus : Magal sous gestes barrières’’.
Sur le plan épidémiologique, Libération livre les chiffres de la propagation de la Covid-19 avec ‘’4 231 cas actifs signalés’’. ‘’Entre le dimanche, 9 août, et le 16 août, le Sénégal a enregistré 1 159 cas positifs au coronavirus dont 679 issus de la transmission communautaire qui fait redouter le pire’’, écrit la publication.
Le Sénégal a recensé dimanche 130 nouvelles infections de coronavirus et deux décès en 24 heures, portant à 12162 cas confirmés depuis le 2 mars, date d’apparition de la maladie au pays, a appris l’APS du ministère de la Santé.
Le Sénégal compte à la date d’aujourd’hui, 12 162 personnes qui ont été testées positives au covid-19, dont 7677 guéris et 253 décès. Au total, 4231 patients sont en observation dans les différents centres de traitement du pays.
Walfadjri s’intéresse aux conséquences de la Covid-19 et signale une ‘’vague de licenciements’’ en vue dans le secteur du tourisme et de l’hôtellerie.
’’Ça pendait au nez, c’est presque acté : le Sénégal fonce vers des vagues de licenciement dans le secteur du tourisme et de l’hôtellerie. Faute de clients, les hôtels ne peuvent plus tourner et les agences de voyage ne vendent plus de billets’’, croit savoir Walf.
’’Selon de sources sûres, de nombreux réceptifs vont bientôt annoncer la douloureuse nouvelle à leurs employés. Cela va être le cas dans les autres entreprises puisque le secteur privé ne voit aucun plan de sortie de crise’’, ajoute le journal.
Les remous dans le secteur judiciaire préoccupent également les journaux dont Sud Quotidien, lequel note qu’en grève depuis plus de deux mois, ’’le Syndicat des travailleurs de la justice met l’administration à l’arrêt’’. Le syndicat a décrété 72heures de grève à partir de ce lundi, informe le journal.
Dans un entretien au quotidien Source, le Secrétaire général du SYTJUST déclare : ‘’Aujourd’hui, tous les travailleurs de la justice suivent le mouvement (…) parce qu’il est arrivé un moment où ils se sont rendu compte que le ministre de la Justice veut mettre en pièce tout ce qui a construit par le gouvernement et le SYJUST’’.
Concernant la justice toujours, Enquête parle de ‘’rébellion’’ de la magistrature à l’affectation du juge Ngor Diop et affiche en Une : ‘’Une véritable poudrière’’.
’’L’affectation de Ngor Diop comme conseiller à la Cour d’appel de Thiès risque d’être la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Après avoir annoncé, dernièrement, un recours devant la Cour suprême, l’Union des magistrats du Sénégal (UMS) compte commettre un pool d’avocats pour défendre son membre, ancien président du tribunal d’instance de Podor’’, informe la publication.
De son côté, Le Soleil retrace ’’La longue marche des baïnouks’’ et affiche en Une : ’’Sur les traces des premiers habitants de la Casamance’’.
Les pratiques mystiques au cimetière de Mbour
Les pratiques mystiques voire de charlatanisme sont le quotidien de beaucoup de Sénégalais à la recherche de fortune. Pour voir leurs vœux être exaucés, ils n’hésitent pas à profaner les tombes et autres lieux de culte. Le dernier acte de profanation en date remonte à la nuit du jeudi au vendredi. Ce soirlà, aux environs de 3 heures du matin, des individus à bord d’un véhicule 4x4 de couleur blanche ont été aperçus devant une tombe dans le cimetière de Téfess de Mbour par le gardien. Ce dernier qui suivait la scène a informé le commissaire de police. Dès le lendemain, le commissaire Lèye a dépêché la police scientifique accompagnée de la brigade d’hygiène et des sapeurs-pompiers pour exhumer ce que les visiteurs nocturnes avaient enterré. Il ne s’agissait pas d’un corps, mais d’une tête de taureau de couleur noire dans laquelle étaient enfouis des talismans avec des écritures arabes et ses pattes. Le tout était recouvert d’un voile noir. Une enquête a été ouverte pour traquer les auteurs de cet acte.
Un week-end macabre à Sandiara
Le weekend passé a été tout sauf gai dans certaines localités du département de Mbour. Pour cause, dans la commune de Sandiara deux personnes ont perdu la vie entre vendredi et samedi. La première victime est une femme qui souffrait de troubles mentaux. La dame M. Ndione, qui avait été récupérée par sa famille établie au village de Ndolor, s’est donnée la mort en se jetant nuitamment dans un puits. Après des heures de recherche, ses parents ont aperçu ses sandales devant le puits. Les sapeurs-pompiers de Mbour ont repêché le corps sans vie de la dame qui laisse deux enfants orphelins. Le second décès a eu lieu après la forte pluie enregistrée dans la nuit du jeudi au vendredi dans la Petite Côte, au village de Ballabougou, plus précisément à Mbine Niokhobay. En effet, deux enfants et leur oncle qui étaient dans la pénombre du bâtiment ont eu la peur de leur vie. D’autant qu’un pan du mur du bâtiment s’est effondré entraînant la mort sur le coup d’un enfant de 7 ans. Le corps sans vie et les 4 blessés ont été tous évacués au centre hospitalier de Grand Mbour.
Une dame tue son enfant de 7 ans à Bambey
Tristesse et consternation hier dimanche dans la commune de Bambey. En effet, une femme au foyer y a tué son enfant âgé à peine de sept ans. Selon certaines sources, l’enfant qui pleurait constamment a fini par agacer sa maman qui l’a sévèrement tabassé. Sérieusement atteint, l’enfant est décédé. La dame qui ne jouerait pas de toutes ses facultés mentales a été arrêtée. Elle sera présentée au procureur de Diourbel ce lundi.
La Police de Diamaguène Sicap Mbao défère 8 personnes
Dans le cadre de la croisade contre la délinquance, la Police de Diamaguène Sicap Mbao a interpellé 8 individus. Ces derniers sont poursuivis pour vol avec violence et détention et usage de chanvre indien. Au terme de leur garde à vue, les présumés voleurs sont déférés par les limiers au parquet du tribunal de Pikine Guédiawaye.
Un boa de 6 mètres sème la panique à Saint-Louis
Les pêcheurs de Guet-Ndar ont découvert avant-hier un boa de six mètres de long sur les berges du fleuve. Selon des témoignages, le reptile a suivi le mouvement des eaux du fleuve Sénégal, en cette période de forte crue, due aux fortes pluies. Ce trop-plein d’eau se déverse souvent sur le grand bras du fleuve, déposant par la même occasion sur les berges des quartiers de la langue de Barbarie, des reptiles, des hippopotames et autres bêtes que les populations de Saint-Louis n’ont pas l’habitude de voir. Le boa aurait trouvé refuge dans les tas d’ordures qui jonchent le sol sur les rives du petit bras du fleuve, à hauteur du sous-quartier de Dack. Fort heureusement, le reptile n’a attaqué personne jusqu’à l’arrivée des sapeurs-pompiers qui, avec tact, l’ont capturé avant de l’acheminer en lieu sûr.
19 personnes de Tobène sous mandat de dépôt
Rebondissement dans l’affaire de la révolte des populations de Tobène contre l’extension de 6 hectares de la mine des Industries Chimiques du Sénégal (ICS) dans leurs champs. Sur les 26 personnes qui avaient été interpellées et déférées au parquet de Thiès, finalement 19 ont été placées sous mandat de dépôt. Ils ont été écroués pour incitation à la rébellion, attroupement illégal, violence sur agents dans l’exercice de leurs fonctions. Finalement donc, 7 personnes ont été libérées dont 4 chefs de village. Selon nos sources, les 19 personnes seront jugées en flagrants délits vendredi prochain au Tribunal de Grande Instance (Tgi) de Thiès. Pour l’heure, diverses organisations de la société civile et organisations paysannes se font entendre pour demander leur libération sans conditions.
177 kg de chanvre indien saisis par la Douane de Karang
Ce n’est pas seulement les fraudeurs qui sont dans le viseur de la Douane. Les trafiquants de drogue sont également traqués par les douaniers qui abattent un excellent travail dans le cadre de la lutte contre le trafic des stupéfiants. A ce propos, la brigade des Douanes de Karang a intercepté samedi dernier vers 4 heures, 177 kg de chanvre indien à hauteur du village Karantaba non loin de Karang. Les gabelous ont mis la main sur la drogue à la suite d’une course poursuite avec les trafiquants qui étaient sur une charrette. Sentant l’étau se resserrer autour d’eux, ils ont pris la fuite, abandonnant la charrette chargée de drogue dans des champs de mil. Il y avait du chanvre indien conditionné dans 7 colis pour un total de 177 Kg. D’après le Bureau des Relations Publiques et de la Communication de la Douane, en cette période d’hivernage, les trafiquants empruntent les ruptures humides, les marécages et les exploitations agricoles pour contourner les barrages douaniers et la surveillance. Mais prévient-il, c’est peine perdue ! Car, il y a la détermination des Douaniers et les stratégies de démantèlement des réseaux et couloirs de trafic international de drogue et de produits prohibés, développées par l’administration de la douane.
Le maire de Guédé ferme les loumas
Le maire de Guédé village, Mamadou Bocar Sall, fait dans la prévention. Il a pris, vendredi dernier, un arrêté portant fermeture des marchés hebdomadaires dans sa commune. Il indique, en effet, que les marchés de Guia, de Tarédji, de Guédé Village et de Mbiddi seront fermés jusqu’ à nouvel ordre. Selon l’autorité locale, cette décision fait suite à la propagation inquiétante des cas communautaires dans le département de Podor. Il poursuit que les marchés hebdomadaires constituent un vecteur très rapide de la propagation de la maladie de Covid-19. Une commission de surveillance sera mise en place pour le respect de cette décision.
Le procès de Fatou Ndoye en délibéré jusqu’à ce mardi
Comme annoncé par «L’As», l’affaire de la jeune dame Fatou Ndoye a été appelée à la barre vendredi. Accusée vol dans une boutique à Sacré Cœur, cette cadre de l’administration, soufflant de troubles psychiatriques, avait été malmenée et ligotée par ses accusateurs qui ont balancé dans les réseaux sociaux la vidéo de la scène. Ce qui avait suscité une vague d’indignation suivie de l’arrestation des bourreaux de la jeune dame. Ces derniers, attraits à la barre du tribunal des flagrants délits, risquent des peines lourdes si le tribunal suit le réquisitoire du parquet. En effet, le parquetier a requis 5 ans d’emprisonnement dont 2 ans ferme contre Moussa Diallo et Babacar Ndiaye. Quant à Ibrahima Thiaw, le procureur réclame une peine d’un an de prison. Le tribunal a mis l’affaire en délibéré jusqu’au mardi 18 août prochain. Pour rappel, les prévenus sont poursuivis pour collecte et diffusion de données à caractère personnel, attentat à la pudeur et atteinte à la dignité humaine.
Assane Soumaré, nouveau Pca la BRM
Une exclusivité de Confidentiel Afrique. Le Conseil d’Administration de la BRM (Banque régionale des Marchés) vient d’acter la nomination de Assane SOUMARÉ comme nouveau Président du Conseil d’administration de l’institution. Le Directeur général de la Caisse de Sécurité Sociale du Sénégal (CSS) remplace désormais à ce poste stratégique le défunt Mansour KAMA, qui l’occupait jusqu’à sa disparition le 02 août dernier. Selon nos informations, la décision est intervenue vendredi en fin de journée, à l’issue du Conseil d’administration de la banque.
Un sénégalais s’écroule en plein match en Allemagne
Drame dans la communauté sénégalaise qui vit à Berlin, en Allemagne. Un sénégalais d’une quarantaine d’années, A. Ng, s’est écroulé, ce samedi, en plein match, victime d’un malaise. Il a rendu l’âme avant même l’arrivée des sapeurs-pompiers. D’après léral, il participait régulièrement à ces rencontres de football
Le Sytjust décrète une grève de 72h
La lutte entamée depuis un mois par le Syndicat des Travailleurs de la Justice (Sytjust) ne faiblit pas. Me Boun Aya Malick Diop et ses camarades ont décrété à un nouveau un mot d’ordre de grève de 72h renouvelable. Ainsi, les tribunaux seront encore paralysés jusqu’au mercredi prochain.
Plus de 80 cantines de friperie réduites en cendre au marché Kaolack
Un incendie d’une rare violence s’est produit dans la nuit du samedi au dimanche au marché de Kaolack, occasionnant des dégâts matériels importants. Les sapeurs pompiers ont tenté pendant quatre tours d’horloge de circonscrire le feu dans ce marché dont la construction ne répond pas aux normes. En plus, il n’y avait pas de bouches d’incendie. Par conséquent, les soldats du feu étaient obligés d’aller se ravitailler en eau à Lindiane à une dizaine de kilomètres. En raison de la furie des flammes, les compagnies de Gossas, Fatick, Nioro du Rip et Kaffrine ont été appelées en renfort. Ainsi, six véhicules d’intervention étaient sur place pour éteindre les flammes. Selon les sapeurs pompiers, c’est le marché de friperie qui a payé le plus lourd tribut. Plus de 80 cantines de friperie sont parties en fumée ainsi qu’une partie du marché aux poissons. Deux accidents à Tattaguine et Keur Martin Un violent choc entre un bus et un camion malien a eu lieu vendredi dernier à Tattaguine. Le bilan est de 18 blessés dont 8 grièvement. Les deux véhicules sont entrés en collision. Alertés, les sapeurs-pompiers ont évacué les blessés à l’hôpital de Fatick après une réquisition de la gendarmerie qui a ouvert l’enquête. Un autre accident s’est produit le lendemain, samedi à hauteur de Keur Martin. Un camion a heurté un conducteur de moto jakarta. Le chauffeur a profité d’un moment d’inattention des secouristes pour prendre la poudre d’escampette.
Un ado de 19 ans tombe avec 30 cornets de Yamba
Un jeune homme âgé de 19 ans et originaire de Khombole a été arrêté vendredi dernier par les éléments du commissariat central de police de Diourbel avec 30 cornets de chanvre indien. L’individu qui répond au nom de Modou Mbaye Sène a été interpelé au marché central Ndoumbé Diop. Après enquête, il s’est avéré que le mis en cause est un délinquant multi récidiviste qui a déjà été en prison, après avoir été pris avec 15 cornets de l’herbe qui tue.
ET SI NOUS AFRICAINS, BALAYIONS DEVANT NOTRE PORTE ?
Sommes-nous obligés, 60 ans après les indépendances, d'avoir un pont Faidherbe à Saint-Louis, une avenue De-Lattre-de-Tassigny à Abidjan ? N'est-il pas anachronique que la capitale du Congo s'appelle encore aujourd'hui Brazzaville ?
Le Point Afrique |
Tierno Monénembo |
Publication 17/08/2020
La mort de George Floyd a mis à nu l'une des parties les plus honteuses de l'histoire moderne : la traite des Noirs et ses innombrables corollaires. L'esclavage, la colonisation, le racisme, les ghettos, les putschs, la détérioration des termes de l'échange, tout cela s'additionne. Et si l'apartheid a disparu, si un Noir a été locataire de la Maison-Blanche pendant deux mandats, certains, sur cette terre, peuvent être étouffés rien que pour la couleur de leur peau. La négrophobie a précédé le coronavirus. Elle est aussi bien plus virulente et bien plus répandue. En somme, un mal ordinaire que l'on supporte comme un mauvais temps ou un bruit. Le battage médiatique fait autour du meurtre commis à Minneapolis y changera-t-il quelque chose ? Rien n'est moins sûr.
Africains, balayons devant notre porte !
Il reste qu'il pose des questions inédites dans la tête des Africains et des afro-descendants. Entre autres, celle-ci : peut-on parler de décolonisation alors que les figures qui symbolisent cette sinistre aventure ont toujours pignon sur rue ? Ne faut-il pas, pour ouvrir une nouvelle page de l'Histoire, gommer Rhodes et Gallieni, Nachtigal et Stanley des rues et des places ?
Oui, certainement, la mémoire universelle a besoin d'un petit toilettage pour favoriser le vivre-ensemble qui s'annonce. Mais, avant de demander le déboulonnage de telle ou telle statue de Paris ou de Londres, nous, Africains, devons balayer devant notre propre porte. Après tout, les Français ont le droit d'honorer Colbert ; les Allemands, Peters ; les Belges, Léopold II ; les Portugais, Alphonse V, etc. C'est leur histoire, c'est leur gloire ! Ils ont le droit d'en jouir.
Mais nous, sommes-nous obligés, 60 ans après les indépendances, d'avoir un pont Faidherbe à Saint-Louis, une rue Blanchot à Dakar, une avenue De-Lattre-de-Tassigny à Abidjan ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Être à l’heure ne signifie pas être honnête, intègre, ou respectueux. Sur le plan social, l’absence de contrainte horaire provoque une cascade de conséquences. - NOTES DE TERRAIN
Jeudi 13 août 2020. Je n’avais pas imaginé que la journée se passerait ainsi. Mes prévisions se sont révélées fausses. C’est comme ça, il faut jongler avec les imprévus, et faire avec. À la base, je devais commencer l’écriture d’un article, le matin, et le terminer d’ici ce soir. J’avais pris contact avec deux sources. Je les connais bien. Le premier a été très réactif et on a fait l’entretien, très rapidement au téléphone. Le second, qui devait éclairer le cœur de mon article, m’a joué un mauvais tour. J’ai essayé de le joindre, en début de semaine, en vain. Il m’a rappelé pour m’informer qu’il n’avait plus mon numéro de téléphone. Je note, et lui propose un entretien rapide. Après lui avoir, encore, exposé les points à éclaircir. Il me donne rendez-vous, entre 14 et 15 heures. Je me pointe à 14 heures. Il n’arrivera qu’à « 18 heures moins ». Non seulement, il est arrivé en retard mais l’interview ne s’est pas fait. Il m’a suggéré de lui envoyer les questions, et a promis de répondre tard dans la soirée. Il n’en fera rien.
Tout le programme que j’avais planifié a été chamboulé. C'est dérangeant, et cela peut frustrer. Je suis ponctuel. On m’a éduqué ainsi. À vrai dire, pour moi, arriver en retard, c’est comme trahir sa parole. J’essaie d’être toujours à l’heure, à chaque fois que j’ai rendez-vous. Comme je prends les transports en commun, je prévois toujours un temps d’avance. Car il n’y a rien de plus aléatoire que les transports, ici. Du coup, je suis presque toujours en avance sur le timing. Même si j’assiste très rarement à des rendez-vous où la ponctualité est respectée. La fidélité à l’heure n’est pas une valeur contraignante au Sénégal. Cela dit, je ne suis pas un défenseur zélé de la ponctualité. Pour deux raisons. La première est liée à la culture. J’en suis arrivé à cette conclusion : la notion du temps, dans notre espace culturel est relative.
Il n’y a pas de dogme de la ponctualité, ici. Être à l’heure ne signifie pas être honnête, intègre, ou respectueux. Sur le plan social, l’absence de contrainte horaire provoque une cascade de conséquences. Il faut se résoudre à des imprévisibilités, dans l’agenda du travail. L’activité professionnelle, économique, politique et sociale, n’est jamais régulière et lisible. Toute la mécanique, des jours, des semaines, des mois, des années, est dysfonctionnelle. Désordonnée. Cela se voit dans le calendrier scolaire, dans la prévision des entreprises, dans l’agenda politique, dans tous les secteurs. Comment, dans ces conditions, mesurer le travail et respecter un calendrier ? La ponctualité a bien des avantages. Elle permet de tenir un agenda sincère. Bien exploiter le temps, favorise aussi la maîtrise des ouvrages. Dans n’importe quelle activité humaine, il y a un besoin de savoir les délais. Ne serait-ce que pour maîtriser les coûts et les dates de livraison. La ponctualité aide, aussi, dans la précision des cycles, dans la prospective.
Seulement, le modèle du temps que l'on veut imposer est caduc, culturellement. Il n’est pas rare d’entendre des critiques sur l'habitude bien sénégalaise d'être en retard. Très peu de gens sont ponctuels. Que cela soit dans l’administration, dans les entreprises, dans nos relations interpersonnelles. Il faut interroger cette propension au retard. L’assimiler, mécaniquement, à un manque de sérieux et de rigueur, c’est refuser d’y voir clair. C’est une manière de dire qu’il faut ressembler à d’autres peuples. Qui fonctionnent autrement. Qui ont d’autres structures sociales, et un tempérament différent. Qui ont d’autres cycles saisonniers, et un autre climat. Pourquoi devons-nous commencer le travail à 8 heures ou à 9 heures ? Pourquoi faut-il travailler le vendredi, jour de prière et de recueillement pour beaucoup de personnes ? L’échelle du temps est différente entre le Slovène et le Sénégalais ? Ce qui est très logique. En effet, l’idée fondamentale du temps est de répondre à des considérations sociales et pratiques. Par ailleurs, selon la physique, le temps est propre à chaque observateur. On peut extrapoler ce principe et l’amener à la dimension des peuples et des civilisations.
La civilisation de la compétition
La seconde raison, est relative à la marchandisation du temps des femmes et des hommes. Le capitalisme prétend que ceux qui arrivent à bien gérer leur temps sont ceux qui sont plus productifs. C’est un stratagème pour faire des femmes et des hommes des objets obéissants. Le capitalisme cherche, ainsi, à s’accaparer de tout le flux de la vie. Les hommes et les femmes doivent toujours répondre aux nombreuses excitations. Ils sont appelés à travailler toujours plus, sans repos. Ils n'ont pas « droit à la paresse ». Ils doivent optimiser le temps, et le vendre servilement. Leur horloge biologique doit s’adapter à la concurrence. Ce sont des machines. Ce schéma-là aliène l’humanité. Et soumet les corps et les esprits aux lois du marché. Le philosophe français, Bernard Stiegler, y observe une destruction du surmoi et de la civilité.
L’homme y est, tout le temps, affairé. Il investit toute sa libido dans l’accumulation primitive. Son temps de vie, éphémère, est dédié à la recherche frénétique de l’argent. Ce qui le stimule, c’est l’appât du gain et non l’élévation de sa conscience. Il n’a d’estime que pour ses ambitions, et pour la fortune. Il n’envisage, dans ses actes et dans sa réflexion, qu’à avoir plus. Qu’à spéculer. Le voilà soumis à un réflexe pavlovien. Il est un consommateur compulsif. Ses pulsions prennent le dessus. Inexorablement, il détruit son énergie vitale. Le temps du capitalisme réduit les hommes et les femmes, et en fait des objets. Qui doivent s’insérer dans le mouvement de la production, comme simple marchandise. Ainsi, la singularité et le désir politique n’ont plus de sens. Quel homme peut vivre ainsi, s’il a un ressort spirituel ?
Evidemment, je ne me fais aucune illusion. L’horloge du monde est celle du capitalisme. Et l’Afrique y est entrée de plain-pied. Pour tout dire, le capitalisme est l’horizon du continent. Ce sera le cas dans plusieurs décennies encore. Tout le monde y a pris goût. Cette compréhension est nécessaire, si nous voulons nous y soustraire. Nous n’avons pas les moyens, actuellement, de sortir du système capitaliste. Ce qui est possible, c’est de le rendre moins violent. Le socialisme ne peut être construit dans nos pays exsangues, structurellement inégalitaire. Où la majorité de la population est analphabète et largement démunie. Sauf à l’imposer par la violence de l’Etat. La première contradiction à résoudre, en Afrique, c’est celle de la pauvreté.
Des phases décisives vers le socialisme ont été manquées sur le continent. L’indépendance réelle, la maîtrise de nos économies, la formation d’élites intègres et déterminées, la démocratie politique, l’éducation de masse, le panafricanisme. L’urgence est de réajuster et d’inventer des alternatives. Comment garantir l’autosuffisance et l’égalité, très rapidement ? Comment enrôler les populations dans le savoir, la dignité et la liberté ? Comment sortir de l’économie, extravertie ? Il faudrait, nécessairement, un temps de transition positive. Durant lequel des réformes courageuses doivent être appliquées. Sur la politique de la jeunesse. Sur la mutualisation des connaissances et des ressources. Sur l’élargissement de la démocratie. Pour permettre aux citoyens de détenir les outils pour construire leur propre destinée.
L’Afrique accepte le temps du capitalisme, parce qu’elle sait qu’elle n’a pas le choix. Mais elle a des ressorts pour limiter les dégâts. Elle a une force morale incroyable, malgré la fureur de l’Histoire. Elle refuse le lâcher-prise. Et ne se laisse pas embarquer, corps et âme, dans le processus de désintégration culturelle, mené par le capitalisme. C’est une grande victoire. Car, ce à quoi on échappe, c’est le contrôle de notre horloge cérébrale. Précisément, on peut observer, dans l’absence de ponctualité, une forme de résistance à l’ordre capitaliste. Les Africains, qui ont fait face à toutes les barbaries, y voient clair. Malgré tout. Ils affirment leur désir de vivre sans pression. Ils refusent l’injonction du faiire et du produire toujours plus. C’est une disposition culturelle positive. On doit le considérer comme un réflexe d’humanité.
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LE TRIBALISME ET LE BUSINESS ÉLECTORAL, TARES CONGÉNITALES DES INDÉPEDANCES AFRICAINES
Le contient avait poussé des cris d’orfraie pour dénoncer Chirac, qui laissait entendre que l'Afrique n’était pas prête pour la démocratie à l’occidentale. 30 ans de démocratie tendent à prouver qu’il n’était pas loin de la vérité
Le Monde Afrique |
Sylvain Félix Semilinko |
Publication 16/08/2020
Qu’avons-nous fait de nos 60 premières années d’indépendance ? Alors qu’en Afrique de l’Ouest se profilent une série d’élections présidentielles, ces périodes porteuses de violences, d’arrestations, de musellement des médias, voire de meurtres et de massacres, sont propices à nous poser cette question.
Une grande partie du continent avait poussé des cris d’orfraie pour dénoncer le défunt président français, Jacques Chirac, grand connaisseur de la politique en Afrique, qui laissait entendre que celle-ci n’était pas encore prête pour la démocratie à l’occidentale. Paternalisme et condescendance, hurlait-on alors. Et pourtant, trente ans de pratiques démocratiques sur le continent tendent à prouver qu’il n’était pas loin de la vérité.
Les tares congénitales des démocraties africaines sont multiples. Partout où elle s’est ancrée, la démocratie a pour socle l’Etat de droit, fondé sur une Constitution qui, pour être pérenne, doit être intemporelle, impersonnelle et non taillée sur mesure. Difficile en Afrique de compter sur des textes consacrant ces principes – sauf de rares cas en Afrique australe –, d’où les perpétuels changements constitutionnels contextualisés selon les intérêts du moment.
Ensuite, la plupart des Constitutions d’Afrique sont des copiés-collés de celles des pays développés, avec parfois – quand la fainéantise intellectuelle ne l’emporte pas – une toute petite couche de vernis local. Or il est évident que les paramètres socio-culturels, anthropologiques et politico-économiques ne sont ni semblables ni comparables. Comment faire comprendre une Constitution ou des lois électorales à une population en majorité analphabète ? Sans compter qu’organiser des élections à cycles réguliers, deux ou trois années consécutives, sur un budget de l’Etat plutôt dérisoire est une gageure.
Démocratie ethnique
Les Constitutions africaines sont issues pour la plupart des mouvements politiques des années 1990, sur les ruines et les échecs des partis uniques. Ces derniers, héritiers de la décolonisation, n’ont pu construire des Etats modernes, mais des Etats semi-féodaux et patrimoniaux. L’Etat, c’était le chef, agissant tel un suzerain disposant à sa guise des ressources publiques et ayant droit de vie et de mort sur ses sujets. C’était aussi l’ère des coups d’Etat, commandités ou internes, pour qui veut prendre sa part du maigre gâteau national. Le chef, une fois le coup réussi, pouvait s’octroyer tous les pouvoirs, se faire nommer maréchal (Mobutu dans l’ex-Zaïre) ou changer la forme de l’Etat, qui devenait son empire (Bokassa en Centrafrique).
INDÉPENDANCES AFRICAINES, UN COCASSE HARMATTAN ININTERROMPU
Je subis un viol incestueux et systémique de ma mémoire collective. Car, le colon m’a donné l’indépendance (Ciel ! Ce mot sonne comme une claque ! Mon orgueil bantou en fait des ulcères !). Je demeure insincèrement emmurée, sous tutelle
Cette année, dix-sept pays africains fêtent le soixantième anniversaire de leur indépendance, dont quatorze anciennes colonies françaises. Nous avons choisi de donner la parole à de jeunes auteurs de la diaspora et du continent, afin qu’ils nous en parlent soit à travers leur expérience, soit à partir d’œuvres africaines qui les ont marqués. Née en 1982, à Douala, au Cameroun, Danielle Eyango est juriste de formation, aujourd'hui en charge du dialogue social au sein d'une grande entreprise camerounaise. Elle est la présidente de la Fondation Kotto Bass - qu'elle a créée en 2015, en hommage à son oncle maternel, feu l'artiste Kotto Bass - qui accompagne notamment les enfants à mobilité réduite. En mars dernier, la Société des Poètes et Artistes du Cameroun lui a décerné le 3e prix Africa Poésie. Intitulé Kotto Bass, comme un oiseau en plein, son premier roman est paru en 2012, aux éditions Protocole. Elle évoque pour nous "l'indépendance de la honte". Une série proposée par Christian Eboulé.
L’indépendance de la honte ! Je n’étais pas dépendante avant… Debout sous le soleil, je portais déjà en mon sein une vieille tradition égyptienne d’organisation spirituelle, étatique, lettrée et économique, comme l'a raconté feu Iwiyé Kala Lobè dans son livre Douala Manga Bell. Héros de la résistance douala, paru en 1977, aux éditions ABC. J’avais ma propre monnaie et je pouvais compter jusqu’au million, « ndun éwo » disait-on en ma langue duala, bien avant que le premier bateau pâle n’accoste à mon port.
J’avais une organisation économique établie et florissante, à travers les commerces sur mes multiples comptoirs au bord du fleuve Wouri. J’ai toujours connu Dieu que j’appelle Nyambé, à savoir l’Etre Suprême. D’ailleurs, contrairement à ce que l’on dit de moi, j’ai toujours été monothéiste. J’appelais déjà l’esprit « Mudi ».
J’avais le Ngondo, sorte de sénat politico-religieux qui assistait mon Roi dans ses prises de décisions, tout en étant le gardien de la Tradition. Oui, ma Tradition était ma religion. Ma Tradition était ma Constitution. Chez le peuple bamoun, j’avais même déjà inventé une écriture, un alphabet. J’écrivais les mémoires et les hauts faits des grands souverains bamoun. J’écrivais l’histoire de ma nation. Oui, j’écrivais la mémoire de mon peuple.
J’étais entière et non à compléter. J’étais une adulte émancipée et non en voie de maturité. J’étais accomplie, digne, libre et debout : « Na ta ndé muna wonja ! » di-t-on en duala. Toutefois, dans toute la splendeur de ma civilisation, aucun mot en ma langue ne désigne indépendance ; car j’ignore anthropologiquement ce que c’est.
Clochardisés, traités de maquisards, les nationalistes de ma terre sont effacés de l’Histoire et du système éducatif depuis 60 années : aucune statue, même pas une statuette. Aucune stèle. Rien. Près de la pagode de Rudolph Duala Manga Bell [le palais construit au début du 20e S., à Douala, par son père, Auguste Manga Ndumbe, NDLR], mon Roi Martyr, se dresse incongrument le monument d’un certain De Gaulle…
Mes martyrs sont ensevelis dans l’abysse de l’oubli. Je subis un viol incestueux et systémique de ma mémoire collective. Car, le colon m’a donné l’indépendance (Ciel ! Ce mot sonne comme une claque ! Mon orgueil bantou en fait des ulcères !). Je demeure insincèrement emmurée, sous tutelle. Les indépendances ? Un cocasse harmattan ininterrompu, et une sodomie cérébrale de mes richesses plurielles.
Ma liberté renaît dans le bouillonnement des jeunes, dans leur orgueilleux fourmillement intellectuel et socio-politique, qui glorifie nos Pères. Elle arrive. Je peux humer sa nidation dans l’air du Temps. Comme grand-mère prophétisait les couleurs des saisons dans l’odeur de la poussière. C’était sa Tradition. C’était son Identité. C’était sa Liberté. Elle savait.