La période actuelle marquée par des crises préélectorales et postélectorales risque de se répercuter sur l’économie des pays de la CEDEAO. Lors d’un séminaire de partage avec la commission de finances et du contrôle budgétaire de l’Assemblée Nationale qui s’est tenu à Saly du 24 au 25 octobre, le ministre des Finances et du Budget a soutenu que la situation économique avec les partenaires du Sénégal risque de se compliquer. Toutefois, avec la bonne tenue des finances, le Sénégal pourrait atteindre un taux de 13% à l'horizon 2023.
Avec la situation géopolitique qui prévaut en Afrique de l’Ouest, il faut s’attendre à une situation compliquée dans la zone de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Hier lors d’un atelier organisé par la commission des finances et du contrôle budgétaire de l’Assemblée Nationale sous le thème : « De l’exécution de la loi des finances 2020 à la loi des finances 2021 : le Sénégal à l’épreuve de la pandémie», le ministre des Finances et du Budget a attiré l’attention sur une situation difficile qui prévaut au niveau de l’Afrique occidentale.
Durant son discours, Abdoulaye Daouda Diallo a soutenu dans un langage voilé que les problèmes liés à la crise électorale auront des impacts sur l’économie des pays de la CEDEAO. «Les choses semblent se compliquer avec nos partenaires car au Nigeria, la situation n’est pas rose ; en Côte d'Ivoire, on va vers une élection ; la situation est compliquée au Mali ; en Guinée, ils sont dans une période électorale ; la Guinée Bissau commence à sortir la tête de l'eau. En définitive, on n’a que trois pays à peu près sur les huit qui ne sont pas les plus importants : le Sénégal est la deuxième économie, le Togo et le Bénin font partie à peu près des 6ème et 7ème économies ; donc ce qui fait que nous sommes dans une période trouble », a prévu l’argentier de l’Etat.
Donc à l’en croire, la situation sociopolitique qui prévaut dans certains pays de l’Afrique qui sont aujourd’hui minés par une crise électorale telle que la Guinée Conakry et la Côte d’Ivoire, une crise sociale comme le Nigeria et la fragilité de la Guinée Bissau et une crise sécuritaire comme le Mali et le Burkina avec la présence des terroristes, fait que la situation risque d’être assez difficile pour l’Afrique de l’Ouest. L’autre raison évoquée par Abdoulaye Daouda Diallo par ailleurs maire de Boki Dialloubé dans le Fouta, c’est une situation mondiale entraînant une crise économique due à la pandémie de Covid-19 qui a porté un coup au développement des pays. «Nous pensons que nous allons nous retrouver avec une croissance importante. Et que dans tous les cas de figure, nous pensons qu'on pourra réaliser nos ambitions au Sénégal en référence de la loi organique de 2001», a tenu à rassurer le ministre pour le cas du Sénégal.
Abdoulaye Daouda Diallo a soutenu devant les députés membres de la commission des finances et du contrôle budgétaire que malgré le fait que «les choses risquent de se compliquer avec la pandémie du coronavirus, il nous faudra accélérer dans des investissements massifs et nous retrouver dans un train de vie acceptable. C’est un nouveau plan réajusté en fonction de la pandémie pour retrouver des investissements innovants et particulièrement importants pour permettre au Sénégal de retrouver le train de croissance qu’il a connu depuis l'avènement du Président Macky Sall », a-t-il rassuré.
Mieux, le ministre soutient que d’ici 2023, notre pays pourra atteindre un taux de croissance de 13%. «En termes d'impact dans le cadre du Programme d’Appui Prioritaire Ajusté et Accéléré (Pap 2A), cela permettra de réaliser un taux de croissance sur la période 2021 à 2023 de 8,7%. Avec le début de cette année de 5,2%. C'est un déficit de 5 et un taux de croissancede7,2. Et à peu près 9% en 2022 pour atteindre le pic en 2023 avec un pic de 13%», a estimé le ministre. Pour atteindre cela, l’argentier de l’Etat déclare qu’il n’y aura pas une augmentation des impôts.
Par Léopold Sédar SENGHOR
LE FONCIER, CASSE-TÊTE DES CHEFS D’ETAT AU SENEGAL
Exposé des difficultés pour les autorités de l’Etat, à mettre en œuvre une politique efficace en matière de foncier. Les écueils tiennent à l’applicabilité de la loi, mais aussi aux dérives des citoyens, des élus locaux, entre autres
Dans un discours aux accents de testament, le président Léopold Sédar Senghor, qui quittera volontairement le pouvoir moins de deux mois plus tard, parlait le 4 novembre 1980, à l’occasion de l’audience solennelle de rentrée des Cours et tribunaux, des difficultés, pour les autorités de l’Etat, à mettre en œuvre une politique efficace en matière foncière. Les écueils tenaient à l’applicabilité de la législation, mais aussi aux travers comportementaux des acteurs que sont les citoyens, les contribuables, les élus locaux, les fonctionnaires de l’Administration, les autorités judiciaires et les plus hautes autorités de l’Etat. 40 ans après, presque jour pour jour, le président Macky Sall reprenait la même complainte, le jeudi 22 octobre 2020, à l’occasion de la Journée nationale de la décentralisation. Les propos de Léopold Sédar Senghor restent encore d’une grande actualité. Est-ce à dire que le foncier reste un casse-tête presqu’insoluble pour les chefs d’Etat sénégalais ? Faudrait-il accepter cette fatalité ? Le Quotidien propose, pour ce lundi, en «Guest-chroniqueur», à la place des Lundis de Madiambal, ce texte historique du président Senghor.
(…) En prenant cette année pour thème de la rentrée judiciaire la Propriété foncière au Sénégal, on a choisi d’évoquer une question qui illustre notre volonté de concilier - je dirais même conjuguer les valeurs socio-culturelles du Peuple sénégalais avec les exigences du développement économique. Je ne referai pas l’exposé des us et coutumes, ni l’historique des réglementations qui ont précédé le régime juridique actuel, issu de la grande loi du 17 juin 1964 sur le domaine national. Cette description et cet historique ont été faits d’une manière aussi claire et complète que l’autorise un sujet aussi complexe, par l’auteur du discours d’usage, M. Mohamed Sonko. Et chacun des trois autres orateurs qui m’ont précédé a rappelé les caractéristiques essentielles de l’évolution dans ce domaine. Je voudrais seulement insister, ici et aujourd’hui, sur la signification de notre droit actuel en matière foncière, en le situant dans son contexte historique, culturel et politique.
La loi sur le domaine national
Dans un pays où les trois quarts des habitants vivent des produits de la terre, il était normal que l’attention et les efforts des pouvoirs publics, au lendemain de l’indépendance, fussent tournés d’abord vers le régime foncier. Or le droit de la terre, à l’aube des années 1960, était caractérisé, tout à la fois par une réalité culturelle ancienne et profonde, des pratiques socio-économiques souvent fort éloignées de l’intérêt du plus grand nombre et par des réglementations artificiellement imposées par la puissance coloniale.
La réalité culturelle était, est toujours ; comme l’a bien montré M. Sonko, que le statut de la terre, dans la conception négroafricaine, est intimement lié à notre métaphysique. La terre n’est pas un bien patrimonial, mais un bien sacré, mieux, une déesse qui ne saurait faire l’objet d’une appropriation. La terre est, partant, inaliénable. C’est en violant la loi religieuse ou plus exactement le dogme que les nobles se sont autrefois approprié la terre. Mais la terre est aussi un bien économique, source de richesse et de puissance pour ceux qui en disposent. Elle est donc l’enjeu de la lutte pour le pouvoir et la richesse, et son statut traduit l’expression des rapports de force socio-économiques. C’est ainsi qu’au moment de l’indépendance, 95% du territoire national appartenaient aux «maîtres de terre», aux «lamanes», dont les familles ne représentaient qu’environ 15% de la population. Et il n’était pas rare que lorsqu’un cultivateur avait, grâce à son travail, amélioré son champ, le maître de la terre la lui reprît pour la louer plus cher à un autre.
A ces pratiques inégalitaires, la puissance coloniale avait superposé ses réglementations, artificiellement plaquées sur une réalité socio-culturelle différente. L’échec de ces tentatives montre clairement que le législateur qui fait fi des réalités socio-culturelles se con - damne à l’impuissance. C’est dans ce contexte qu’est intervenue la législation de 1964 sur le domaine national. Cette législation se caractérise par le souci de concilier la tradition avec la modernité, la démocratie avec l’efficacité économique, le respect des droits acquis avec les impératifs de l’intérêt général. Fidèle à la tradition négroafricaine et communautaire selon laquelle on ne peut exercer sur le sol qu’un droit d’usage et non de propriété, la réforme a reconnu, à chaque famille de cultivateurs, un droit d’usage sur le sol qu’elle exploite effectivement. La loi puise ainsi, comme l’a justement souligné le Premier président Kéba Mbaye, sa légitimité dans nos traditions les plus anciennes.
L’Etat se substitue aux maîtres de terre du système coutumier. Il détient désormais plus de 95% du territoire national. Conforme à notre option pour un socialisme démocratique et décentralisé, la loi l’est également, puisqu’elle prévoit dans certaines circonstances l’affectation gratuite de la terre à ceux qui peuvent le mieux l’utiliser, et cela par l’intermédiaire de conseils ruraux élus démocratiquement, dont un tiers des membres représente l’Assemblée générale des coopérateurs. Soucieux d’efficacité économique, le nouveau système ne l’est pas moins dans la mesure où il permet la constitution d’unités de production conformes aux exigences de l’agriculture moderne. Garante de l’intérêt général, la loi permet aussi à l’Etat d’assurer l’utilisation des terres, conformément aux prévisions du Plan de développement économique et social, ainsi que d’immatriculer des terres à son nom pour la réalisation d’opérations d’utilité publique.
Enfin, respectueuse des droits acquis, la réforme l’est simultanément, puisqu’elle garantit le maintien de leur propriété aux citoyens dont les droits ont fait l’objet d’une inscription, d’une transcription, d’une immatriculation ou qui ont réalisé, sur les terres qu’ils occupent, une mise en valeur jugée efficace. Telle est l’économie de cette réforme de 1964 qui représente, vous le voyez, une synthèse originale entre des préoccupations fort diverses. A cette réglementation, il convient d’ajouter la loi du 19 avril 1972 sur les Communautés rurales, qui constitue un complément indispensable de la réforme, ainsi que le Code du domaine de l’Etat et la loi du 2 juillet 1976, relative à l’expropriation pour cause d’utilité publique. Si l’on considère l’ensemble de ces textes et ceux pris pour leur application, l’on est en présence d’un tout cohérent, qui constitue assurément l’un des fondements essentiels de notre entreprise qui vise à édifier, dans ce pays, un socialisme démocratique. Il ne saurait donc être question de remettre en cause une réforme qui a eu pour objectif de donner la terre à ceux qui la travaillent et de faire prévaloir l’intérêt général sur les intérêts particuliers.
Les leçons de l’expérience
Mais la qualité d’une réforme ne se mesure pas seulement aux intentions qui la sous-tendent. Elle s’apprécie aussi dans l’application qui en est faite : dans la manière dont elle est appliquée. Il nous faut donc analyser méthodiquement, sans complaisance, les leçons de l’expérience, corriger les erreurs s’il y en a, combler les lacunes s’il s’en trouve, supprimer les lenteurs, expliquer les résistances. C’est à ce prix que nous progresserons. Or l’analyse de l’application de la législation de 1964 et des textes subséquents fait apparaître un certain nombre d’écarts entre les prescriptions du législateur et la situation actuelle en matière foncière. Ce n’est pas ici le lieu d’analyser l’ensemble des difficultés rencontrées. Je me bornerai à en citer quelques-unes à titre d’exemple, à en tirer les enseignements, à enfin évoquer certaines corrections déjà faites ou encore nécessaires. Il y a d’abord certaines lenteurs administratives.
C’est ainsi que seize ans après l’entrée en vigueur de la loi de 1964, un nombre important de demandes de constat de mise en valeur, effectuées en vertu de l’article 3 de cette loi et du décret du 30 juillet 1964, n’ont toujours pas été examinées par les commissions compétentes. Cette situation est inadmissible. Elle montre comment une réforme, décidée au sommet de l’Etat, par les élus du suffrage universel, peut être paralysée par l’inertie de ceux-là même qui sont chargés de son application. J’ai donné pour instruction aux responsables concernés de prendre au plus vite les mesures nécessaires pour permettre enfin le règlement des dossiers en instance. Ces mesures devront être inspirées par le double souci de mettre un terme à l’incertitude des situations juridiques et de vérifier que les demandeurs remplissent bien, à la date et dans les formes prescrites, les conditions exigées par la règlementation.
Les corps de contrôle, qui existent maintenant, vous le savez, dans chaque ministère, devront veiller à la bonne application de mes instructions. Parmi les difficultés imputables également aux lenteurs de l’Administration, il faut citer l’absence de décrets d’application du Code du domaine de l’Etat, entré pourtant en vigueur depuis 1976. La mise en œuvre d’une politique foncière plus active par l’Etat, dans les zones urbaines notamment, a été entravée par les retards constatés dans la préparation et l’approbation des décrets d’application. Là encore, j’ai demandé que sur cette question, comme d’une manière générale, la publication des décrets nécessaires à l’application de la loi intervînt avec plus de célérité.
Une deuxième catégorie de difficultés est d’ordre technique. C’est ainsi, par exemple, que de nombreux propriétaires d’immeubles dits du «Code civil», invités à requérir leur immatriculation, n’ont pu joindre à leur dossier le plan des parcelles exigé, faite de géomètres en nombre suffisant. Sur cette question également, il convient que les services administratifs responsables imaginent les mesures propres à débloquer la situation. Plus généralement, cette seconde catégorie de difficultés, d’ordre technique, nous enseigne que l’une des qualités essentielles d’une mesure législative ou administrative, c’est son applicabilité. Je veux dire par-là que le législateur et le fonctionnaire doivent toujours se demander si la norme qu’ils édictent pourra, compte tenu des moyens humains et matériels disponibles, être appliquée.
Emettre une norme inapplicable, c’est accepter par avance que soit bafouée l’autorité de l’Etat. Or dans la phase actuelle de notre développement, rien n’est plus important que l’autorité de l’Etat, c’est-à-dire la capacité de se faire obéir, pour faire prévaloir des solutions conformes à l’intérêt général du pays. La troisième catégorie de difficultés rencontrées dans l’application de la législation foncière est plus difficile à résoudre. Il s’agit des réticences, voire des résistances, manifestées par certains citoyens bénéficiaires de l’ancien système. Ces résistances, d’ordre socio-économique et culturel, s’expliquent par le fait que la réforme, bien que conforme dans son inspiration aux valeurs culturelles de notre pays, a porté atteinte à certaines pratiques assez anciennes, à certains privilèges bien établis. Ce troisième type de difficultés appelle plusieurs réponses. Il faut en premier lieu, lorsque cela s’avère nécessaire, corriger les textes. Ainsi, les errements enregistrés de certains présidents de Conseil rural ont-ils entraîné la modification, par la loi du 3 juin 1980, de la loi du 19 avril 1972 relative aux Communautés rurales.
Désormais, la décision d’affecter ou de désaffecter une terre est prise par le Conseil rural tout entier, et non par son seul président. En outre, la délibération du Conseil rural ne devient exécutoire qu’après avoir été approuvée par l’autorité de tutelle, c’est-à-dire par le sous-préfet, représentant l’Etat. Et cette décision peut être déférée à la Cour suprême pour excès de pouvoir. C’est que trop souvent le Conseil rural, sous la pression des notables, tendait à remplacer une féodalité par une autre. Ces modifications ont donc pour objet de renforcer l’objectivité et le caractère démocratique de la procédure d’affectation des terres. Et vous avez raison, M. le Procureur général, de souligner le rôle que peut jouer la Cour suprême dans le respect de la loi, lorsqu’elle est saisie par la voie du recours pour excès de pouvoir. Il reste que ces adaptations des textes, qui tirent les leçons de l’expérience, ne suffisent pas. Elles doivent impérativement être relayées et complétées par l’information comme par l’éducation des populations.
La bonne application de la loi, de toute réforme au demeurant, implique que tous ceux qui sont concernés soient clairement informés des buts poursuivis par l’Etat. Il est donc essentiel que tous ceux qui sont, à un titre ou à un autre, chargés de faire appliquer la loi - et vous l’êtes, Mesdames et Messieurs les Représentants des professions judiciaires - fassent œuvre de pédagogie.
Le rôle de la justice
Les difficultés que j’ai recensées appellent, vous le voyez, des réponses adaptées. Les unes supposent un perfectionnement de notre appareil administratif, si important pour conforter l’autorité de l’Etat : les autres impliquent de la part du législateur comme de l’Administration un souci de réalisme pour adapter la règlementation aux moyens disponibles. Celles d’ordre socio-culturel réclament, à tous les niveaux, un effort d’information, d’éducation et, j’ajouterai, de patience, pour vaincre les réticences et les résistances, souvent dues à l’ignorance. L’œuvre entreprise avec la loi de 1964 sur le domaine national, qui n’a cessé d’être complétée depuis, est exemplaire à maints égards. Exemplaire, nous l’avons vu, par son inspiration et son contenu ; exemplaire aussi par les difficultés d’application rencontrées que nous devons surmonter en tirant de l’expérience les enseignements appropriés. Pour mener à bien cette œuvre considérable, puisqu’elle constitue à la fois une réforme foncière et une réforme agraire, l’effort de tous est nécessaire.
Effort de civisme d’abord de la part de tous les citoyens qui doivent comprendre que la nouvelle législation est conforme à l’intérêt du plus grand nombre, qui doivent aussi utiliser pleinement les prérogatives que leur donne la loi. Effort de conscience professionnelle ensuite de la part de tous les fonctionnaires et agents publics, dont la mission consiste à tout mettre en œuvre pour appliquer et faire respecter la loi. A cet égard, j’attends de l’ensemble des agents publics qu’ils se comportent en serviteurs fidèles de l’intérêt général, qu’ils sont chargés de faire prévaloir en toutes circonstances. Les autres citoyens ne sauraient tolérer que ceux-là même qui sont investis d’une mission et de prérogatives de puissance publique se servent de leurs pouvoirs à des fins étrangères à l’intérêt général. Je veillerai attentivement, et avec moi le gouvernement tout entier, à ce que toute méconnaissance de ces principes élémentaires soit sanctionnée avec la sévérité qui convient. Je voudrais enfin, pour terminer et élargir mon propos, souligner l’importance de la justice dans l’application et le respect de la loi.
Les jugements et arrêts que vous rendez, Mesdames et Messieurs les magistrats, ont à bien des égards une valeur exemplaire. Lorsque vous fixez le montant d’une indemnité d’expropriation, vous avez la délicate tâche de trouver le point d’équilibre entre la compensation d’un préjudice subi par un particulier et la charge financière à supporter par la puissance publique, c’est-à-dire par les contribuables, pour réaliser un projet d’utilité publique. Lorsque saisi par la voie du recours pour excès de pouvoir, vous annulez une décision administrative affectant ou refusant d’affecter une terre, vous ne vous bornez pas à résoudre un litige individuel. Vous éclairez l’Administration sur la façon dont elle doit interpréter et appliquer la loi. Vos décisions ont ainsi une valeur pédagogique, orientent l’action administrative future et influencent, en même temps, le comportement des citoyens. Elles doivent donc être rendues dans un langage clair et dans un délai court par des juges irréprochables.
La crédibilité de la justice est à ce prix. Je ne doute pas, Monsieur le Premier président, que sous votre haute et ferme autorité, le corps judiciaire sache se montrer à la hauteur de sa tâche et faire preuve de la rigueur et de la fermeté nécessaires. Cette fermeté, je tiens à la dire, ne doit pas être réservée aux seuls auteurs de violence. Elle doit également s’exercer à l’égard de tous ceux qui violent la loi, notamment des auteurs d’infractions économiques et de ceux dont le comportement révèle, en même temps que le mépris de la morale publique, celui de leurs concitoyens. Notre pays traverse, vous le savez, comme tous les pays non pétroliers, mais surtout les pays sahéliens, une conjoncture économique et financière difficile. Cette conjoncture impose aux citoyens un certain nombre d’efforts et de sacrifices, dont je mesure le poids. Dans de telles circonstances, le comportement de certains citoyens qui affichent un train de vie luxueux, quelque fois sans rapport avec les revenus de leur travail, étalent leurs gaspillages, se livrent à certains trafics, s’adonnent à l’ivrognerie ou à la drogue, est particulièrement intolérable. Je souhaite, M. le Procureur général, que le Parquet fasse preuve, à l’égard de ces types de comportement, de la plus grande sévérité. Je tiens, pour finir, à répondre à M. le bâtonnier de l’Ordre des avocats qui m’a fait part, tout à l’heure, des préoccupations de ses collègues. Celles-ci concernent notamment l’amélioration de la formation et de la protection sociale des avocats.
Soyez sûr, Monsieur le bâtonnier, que le ministère de la Justice examinera, avec la plus grande attention, les propositions que vous voudrez bien lui faire à cet égard. Vous avez rappelé d’autre part votre attachement à l’indépendance du Barreau. Monsieur le bâtonnier, je crois avoir prouvé, dans les faits et à plus d’une reprise, ma volonté de construire dans ce pays un Etat respectueux des principes fondamentaux du droit, au premier rang desquels figure le respect des droits de la défense. Si l’on compare la situation du Sénégal, de ce point de vue, avec celle des autres Etats de ce continent, il me semble que les avocats sénégalais n’ont guère lieu de se plaindre. Si des modifications d’ordre législatif vous paraissent toutefois de nature à garantir davantage l’indépendance et le bon fonctionnement du Barreau, vous pourriez, là encore, soumettre des propositions au ministère de la Justice. Vous m’en avez déjà soumises que j’ai transmises au Premier ministre.
En tout état de cause, Monsieur le Bâtonnier, l’indépendance dans ce domaine comme dans tant d’autres se conquiert et se mérite chaque jour : c’est en faisant preuve, jour après jour, de leur volonté de défendre avec honnêteté, talent et générosité, les causes, parfois humbles, de citoyens souvent modestes, que les avocats sénégalais feront honneur à leur profession et accroîtront encore l’indépendance et le respect qui leur sont dus. Et c’est ainsi qu’aux côtés de l’ensemble des professions judiciaires, ils nous aideront à faire de notre Sénégal, davantage encore, un pays de droit, avec un Etat qui exerce son autorité dans le cadre des lois et règlements. Ce sera ma conclusion, que je ferai brève. Ce n’est pas un hasard si, depuis l’indépendance, nous avons fait du Sénégal un pays de Droit. Ce faisant, nous restons dans l’esprit de nos ancêtres politiques du 15 avril 1789.
Avec cette différence que nous n’avons plus à présenter nos «très humbles doléances» à un autre Peuple, fut-il authentiquement révolutionnaire. Notre dignité, parce que notre devoir, à nous Etat, c’est-à-dire représentants légitimes du Peuple sénégalais, est d’écouter attentivement les aspirations de notre Peuple vers plus de droits et de libertés certes, mais d’abord vers plus d’égalité et de justice. Ce que nous avons essayé de réaliser depuis plus de 20 ans, en faisant périodiquement notre examen de conscience pour corriger les erreurs, opérer les redressements et rattraper les retards. Je déclare ouverte l’Année judiciaire 1980-1981.
«IL Y A ENCORE BEAUCOUP DE TRAVAIL A FAIRE »
Vingt ans après l’adoption de la résolution 13/25 de l’Onu concernant le droit des femmes, la paix et la sécurité, le Sénégal est encore à la traine selon Dr Adjaratou Wakha Aïdara Ndiaye, Directrice exécutive de Partners West Africa Sénégal
Vingt ans après l’adoption de la résolution 13/25 de l’Onu concernant le droit des femmes, la paix et la sécurité, le Sénégal est encore à la traine avec de grands défis à relever. Tel est le diagnostic sans complaisance fait par Dr Adjaratou Wakha Aïdara Ndiaye, Directrice exécutive de Partners West Africa Sénégal, à l’émission Objection de la radio Sud Fm d’hier, dimanche 25 octobre qui estime par ailleurs qu’il y a beaucoup à faire.
Ce samedi 31 octobre prochain sera commémoré la vingtième année de la résolution 13/25 de l’Onu, adoptée à l’unanimité le 31 octobre 2000 par le Conseil de sécurité des Nations unies dans sa 4213 séance, qui concerne le droit des femmes, la paix et la sécurité. Occasion saisie parle Docteur Adjaratou Wakha Aïdara Ndiaye, Directrice exécutive de Partners West Africa Sénégal, pour faire l’état des lieux en Afrique, mais plus précisément au Sénégal. Invitée à l’émission Objection de la radio privée Sud Fm hier, dimanche 25 octobre, Mme Ndiaye reconnait que des avancées ont été notées certes, mais il reste beaucoup à faire.
Prenant l’exemple des forces de défense et de sécurité, elle a rappelé que la Police des Nations unies avait appelé à un effort mondial, pour qu’ily ait au moins 50% des femmes au niveau des contingents qui sont déployés pour les missions de maintien de paix. Hélas, s’est-elle désolée, «à ce jour, au niveau mondial, on n’a même pas encore atteint le taux de 20%». Sur les raisons de ce retard, elle avancera la thèse du «manque d’engagement» des Etats africains. A son avis, «il se pose un problème sur les taux de recrutement, par exemple, surtout au niveau des pays africains. On a très peu de femmes au sein des forces de défense et de sécurité».
Pour étayer son propos, Dr Adjaratou Wakha Aïdara Ndiaye a révélé qu’au Sénégal, ce n’est qu’en 2006 que la gendarmerie a commencé à recruter des femmes en son sein, et qu’au niveau des forces armées qui étaient pionnières, mais au niveau de l’école militaire de santé, «c’est récemment qu’on a commencé à avoir des femmes au sein des forces armées proprement dit». Même si, sur ce niveau de recrutement, elle reconnait qu’il y a certes des avancées, elle fait noter toutefois que «le problème qui se pose, il ne suffit pas de les recruter seulement, mais il faut qu’elles puissent avancer dans le grade, les responsabiliser. C’est là où le bât blesse».
Autre défi évoqué par la Directrice exécutive de Partners West Africa Sénégal, et pas des moindres, l’inexistence de stratégie sectorielle genre. A titre d’exemple, elle explique qu’au niveau des forces armées et la gendarmerie, avec un partenaire et le ministère de la Femme, de la famille et de la protection de l’enfant, ils ont pu mettre en place une stratégie sectorielle genre. «Mais aujourd’hui, au niveau de la police sénégalaise, elle n’a pas de stratégie sectorielle genre», se désole-t-elle. Poursuivant son diagnostic sur l’état d’avancement de la résolution13/25 de l’Onu concernant le droit des femmes, la paix et la sécurité au Sénégal, Mme Ndiaye trouve que les plans d’action nationaux sont importants, parce qu’il nous permet d’avoir une visibilité, mieux structurer ce qu’on a fait, mesurer l’impact. Mais, a-t-elle fait remarquer, «aujourd’hui, le Sénégal fait partie des Etats qui n’ont pas encore finalisé leur plan d’action».
BOULAYE DIA EN FEU AVEC UN TRIPLE, HABIB DIALLO, KHOUMA ET PAPISS CISSE ENCHAINENT
Boulaye Dia a brillé ce week-end par une remarquable prestation en championnat de Ligue 1 française.
Boulaye Dia a sorti, ce week-end, le grand jeu avec un triplé marqué contre Montpellier (4-0) en match comptant pour la 8e journée de Ligue 1. Avec son 6e but, le nouvel attaquant des Lions termine au bout de cette journée co-meilleur buteur de L1 avec son compatriote Ibrahima Niane et le Parisien Mbappé. Il est devenu aussi le premier joueur de Reims à inscrire 3 buts lors d’un même match de Ligue 1 depuis 1978. Habib Diallo, l’autre attaquant des Lions a de son côté fini de prendre ses marques avec son nouveau club de Strasbourg avec un deuxième but d’affilée en championnat. Tout comme Babacar Khouma et Papis Demba Cissé qui ont également été décisifs.
Boulaye Dia a brillé ce week-end par une remarquable prestation en championnat de Ligue 1 française. Nouvellement appelé en sélection du Sénégal, lors de la dernière trêve internationale, l’attaquant rémois a sorti le grand jeu en s’offrant un triplé hier, dimanche 25 octobre, contre Montpellier (4-0) en match comptant pour la 8e journée. Après avoir lancé son équipe en provoquant et ensuite en transformant un penalty obtenu dès la 8e min, Boulaye Dia réussira quatre minutes plus tard à aggraver la marque sur un superbe service dans le dos. Parfaitement dosé, le ballon permet à l’international sénégalais de contrôler et de signer son doublé. S’il se voit refuser un but à la 23e minute, l’attaquant sénégalais attendra le retour des vestiaires pour claquer le triplé sur un autre penalty obtenu à la 55e minute.
Avec ce retentissant hat trick et son 6e but, Boulaye Dia est actuellement co-meilleur buteur de L1 avec son compatriote Ibrahima Niane du FC Metz, actuellement blessé et le Parisien Kylian Mbappé. Il devient du coup le 1er joueur de Reims à inscrire 3 buts lors d’un même match de Ligue 1 depuis 1978. Diallo, Papiss et Khouma buteurs Son coéquipier chez les Lions, Habib Diallo a de son côté affiché sa forme et ses talents de buteur avec son nouveau club de Strasbourg.
Après avoir réussi à ouvrir son compteur face à Lyon, l’ancien buteur de Metz a enchainé lors du déplacement en Brest (3-0). Suite à un débordement de son coéquipier sur le flanc gauche et un centre dans la surface de réparation de Brest, Habib Diallo fait parler son bon placement en coupant le ballon et d’une tête plongeante, pour tromper le portier des Bretons à la 27e minute.
Arrivé cette saison en Super Lig de Turquie, Babacar Khouma d’Alanyaspor a également entamé sa saison avec le bon bout. L’ancien pensionnaire de la Série A italienne a enchaîné ce dimanche pour le compte de la 6e journée, par un deuxième but de la saison contre Karagümrük de Pape Alioune Ndiaye et Alassane Ndao. Mais il permet aussi à son équipe de renforcer sa position de leader. Son compatriote Papiss Demba Cissé n’a pas également été en reste dans cette 6e journée de la Super Lig. L’attaquant des Lions de Fenerbahçe s’est illustré par un but et une passe décisive face à Trabzonspor (3-1).
UNE PRESTATION XXL DU PORTIER SENEGALAIS MENDY
En Premier League, Edouard Mendy a conforté les Blues de Chelsea par ses qualités de grand gardien. Le portier des Lions a sorti une prestation xxl pour sauver son équipe. Avec ses parades, il a grandement contribué à arracher un point sur la pelouse de Manchester United (0-0).
ISMAÏLA MADIOR FALL, PREMIERE VICTIME DU DEBAT SUR LE TROISIEME MANDAT
Le constitutionnaliste avait une position très tranchée sur cette question. D’ailleurs, il avait laissé entendre que tous ceux qui parlent d’un 3e mandat de Macky Sall, n’ont pas bien lu la Constitution
La question du 3ème mandat reprend du poil de la bête dans les débats au Sénégal, surtout avec les démêlés politiques relatifs à la problématique en question en Côte d’ivoire et en Guinée. Moussa Tine, invité du Grand Jury d’hier, dimanche 25 octobre 2020, estime pour sa part qu’au Sénégal, «le Professeur Ismaïla Madior Fall, constitutionnaliste, est la première victime de Macky Sall sur le débat de son éventuel troisième mandat». Qui plus est, le leader de l’Alliance Démocratique Pencoo a invalidé toute candidature de Macky Sall à un troisième mandat avant de poser la sienne…pour la mairie de Thiès
Moussa Tine, le président de l’Alliance Démocratique Pencoo est formel sur la question des membres de la galaxie présidentielle et de l’APR « sanctionnés » pour s’être prononcés négativement sur le troisième mandat du président Macky Sall. «Ismaïla Madior Fall, constitutionnaliste est la première victime de Macky Sall sur le débat de son éventuel troisième mandat. Le constitutionnaliste avait une position très tranchée sur cette question. D’ailleurs, il avait laissé entendre que tous ceux qui parlent d’un 3e mandat de Macky Sall, n’ont pas bien lu la Constitution», a en effet soutenu le patron de Pencoo sur les ondes de la Rfm.
Moussa Tine ajoutera d’ailleurs que « c’est suite à cette sortie que le professeur Ismaïla Madior Fall n’a pas été reconduit dans le gouvernement. C’est-à-dire limogé de son poste de ministre de la Justice, Garde des Sceaux ».
Toujours sur la question du troisième mandat, Moussa Tine a tenu à faire savoir sans ambages que le président Macky Sall ne pourra pas être candidat pour la présidentielle de 2024. Evoquant la rétroactivité de la loi, il dira ainsi : «En Droit, lorsque la signification d’un texte n’est pas très claire, on s’emploie à aller voir la volonté du législateur au moment de la rédaction du texte. Il faut voir ce que les rédacteurs du texte ont voulu dire à travers les dispositions du texte.
En d’autres termes, on fait l’exégèse d’un texte. C’est une technique d’interprétation juridique. Ici, dans le discours du président Macky Sall qui a été l’inspirateur de la Constitution, celui du rédacteur qui a conduit les travaux (ministre de la Justice) et celui du secrétaire général du gouvernement disent clairement que dans la disposition « Nul ne peut execer plus de deux mandats consécutifs, on entend une disposition permanente qui rétroagissait et qui concernait le président Macky Sall».
Concernant les Locales qui se profilent, Moussa Tine a annoncé sa candidature à la mairie de Thiès et sa décision d’affronter l’actuel titulaire au poste, Talla Sylla. « J’entends participer à l’élection à Thiès. Si je n’avais pas participé aux élections précédentes, c’est parce que je n’ai pas voulu gêner mes amis qui y étaient. Maintenant, c’est le moment d’aller à Thiès. C’est à dire tout ce qu’on a pu glaner comme expérience en termes de gestion. Je pense qu’il est temps que j’apporte ma pierre à l’édifice », a-t-il dit.
A ce niveau, Moussa Tine a d’ailleurs tenu à préciser son ambition de faire de Thiès, une ville verte. « Elle est déjà verte par ses nombreux arbres et le boisement qu’il y a sur place. Je pense qu’il y a aujourd’hui la possibilité de renforcer Thiès en tant que ville verte, mais aussi de mener des politiques ». Question alliance, Moussa Tine a dit qu’il entend « mener des discussions avec Idrissa Seck pour voir dans quelle mesure ils peuvent ensemble créer une synergie au service des Thiessois».
L’EUROPE ATTIRE TOUTES LES COUCHES, Y COMPRIS LES FEMMES
La complexité dans le profil des candidats à la migration irrégulière est liée au fait que, dans la société, la réussite qui passe par l’école n’est pas souvent l’exemple mis en avant
Le profil des candidats à la migration irrégulière est diffus. Au début des années 2000, les originaires des zones côtières constituaient la majeure partie des migrants par voie maritime, fait remarquer Badara Ndiaye. Actuellement, des familles entières prennent le risque à faire le voyage. Il y a aussi des travailleurs du secteur informel, des étudiants inscrits dans les universités et même des élèves, indique Badara Ndiaye. La moyenne d’âge est, dit-il, de 25 à 36 ans.
De l’Avis d’Aly Tandian, cette complexité dans le profil des candidats à la migration irrégulière est liée au fait que, dans la société, la réussite qui passe par l’école n’est pas souvent l’exemple mis en avant. Cela laisse penser que l’école ne constitue pas l’élément fondamental pour justifier la réussite, mais c’est plutôt la chance. Et de préciser qu’on a vu se développer des stratégies individuelles et d’autres activités qui sont loin de celles qui sont produites à l’école. Aussi, il y a pression sociale qui demeure dans nos sociétés. Cela laisse penser, conclut-il, que les familles ont une responsabilité lourde sur la construction des routes de voyages irréguliers. A signaler que cette diversité a toujours existé.
L’étude sur le profil national de la migration en 2018 a fait ressortir que le phénomène migratoire concerne particulièrement les jeunes des quartiers péri-urbains populaires et du milieu rural. Les ressortissants des zones traditionnelles de pêche artisanale sont aussi de plus en plus impliqués. Le secteur informel semble constituer un grand «réservoir» de potentiels candidats à l’émigration internationale. C’est dire qu’au Sénégal, le phénomène de l’émigration internationale s’est fortement généralisé et touche toutes les couches de la population active, en particulier les jeunes, en milieu rural comme en milieu urbain. Mieux, une tendance commence à s’établir, c’est une féminisation qui n’est pas encore très forte sur les terrains à la frontière à Rosso et à Mbour, mais qui se dessine petit à petit, relève Badara Ndiaye.
Dakar, Mbour et St-Louis en sursis ; Mauritanie, lieu de traite des migrants !
A côté des candidats sénégalais, il y a des jeunes venus de la sous-région qui atterrissent dans les zones côtières. La crainte, selon Badara Ndiaye, c’est que «si finalement l’action des trafiquants réussit, il y aura une force d’attraction vers Dakar, St-Louis, Mbour et même Ziguinchor. En 2018 déjà, le profil national de l’Enquête sur la migration révélait qu’avec la complexité grandissante de la migration, le Sénégal apparaît comme un pays à la fois de départ, de transit et de destination.
Pendant que les côtes sénégalaises commencent à être prises d’assaut, la Mauritanie est devenue un point de coordination du trafic. «Depuis un mois, les trafiquants attirent les jeunes en Mauritanie. Au lieu de les amener par la route pour rejoindre le Maroc, les trafiquants organisent de faux voyages. Ils gardent les migrants pendant quelques jours, les jettent sur les côtes, auprès des gardes mauritaniens qui les rapatrient», signale Badara Ndiaye. «Nous avons décompté environ près de 200 personnes. Le coût varie entre 150 000 F CFA (et plus). On a l’information qu’il y a de petites pirogues qui les récupèrent et les amènent en haute mer. Du côté de Nouak
Politique migratoire du Sénégal : un fourre-tout inefficace
Pour Badara Ndiaye, le président de Diadem, il n’y a pas une bonne information sur la migration irrégulière. «L’accent a été mis sur la sensibilisation, alors qu’il devrait être mis sur l’information. Il y a quelques choses qui ne marchent. La politique migratoire nécessite une révision totale. Le Sénégal n’a pas besoin d’une politique globale de migration, mais une politique de migration de travail». L’absence de formation des jeunes en est aussi pour quelque chose. «S’il y a une qualification de la ressource, elle est vendable. Ce qui n’est pas le cas pour le Sénégal», déplore-t-il, en préconisant, par ailleurs, «un cadre du service public de l’emploi qui fédère plusieurs entités de l’Etat pour donner à la jeunesse une lecture des potentialités qui existent dans le monde et les exigences en matière de travail dans les pays occidentaux». Pour Badara Ndiaye, les motifs du départ en Europe dépassent l’aspect économique. «Il faut donner la parole aux jeunes. Au lieu que les gens se mettent dans les bureaux et conçoivent les réponses, il faut donner la parole aux jeunes qui ont besoin d’électricité, de connexion qu’ils ne peuvent pas avoir chez eux. Il y a l’accès à la citoyenneté mondiale. Il y a des motifs non économiques».
Migration irrégulière, plus un problème demal gouvernance qu’une question sécuritaire
Pour Aly Tandian, «nos Etats, malheureusement, ont peu compris l’enjeu. Et, pour preuve, ce qui les intéresse, c’est d’engager un combat ou une gestion sécuritaire. Alors que le Frontex et bien d’autres agences mis en place qui ont voulu combattre l’immigration irrégulière par la gestion sécuritaire, ont montré leurs limites». Il explique dans ce sens que «ce n’est pas une question de gestion, mais de gouvernance qu’il faut engager. Et pour comprendre la question de la gouvernance de la migration, c’est tout un ensemble d’éléments qu’il faut prendre en compte», préconise-t-il. Pour lui, dans nos sociétés, on devrait plutôt pencher vers la formation, l’éducation et la communication. «On utilise des concepts pour comprendre l’immigration irrégulière et ceux-ci ne sont pas appropriés». Pour preuve, dit-il, pendant longtemps, «Tukki takhul tekki» (qui peut signifier «voyager ne permet pas forcément de réussir») a été prôné. A son avis, c’est un concept vide qui n’a pas su répondre aux attentes.
Après, il y a eu «Tekki fii» («réussir (en restant) ici»). «Je ne sais pas pour quelle raison on veut créer des concepts qui ne font qu’infantiliser les sociétés africaines» et tendent à faire que les gens restent ici ; alors que l’ère de la mondialisation est celle de la mobilité. «La migration devrait être pensée autrement et vue comme une opportunité et non comme un problème», analyse-t-il. Aly Tandian estime qu’il faudrait revoir cette gestion sécuritaire et s’engager dans une gouvernance des migrations, en prenant en compte tous les éléments qui font le quotidien des candidats à la migration. Pour lui, les sociétés africaines, et celle sénégalaise en particulier, devraient plutôt voir comment engager les populations vers la circulation migratoire. L’Afrique doit avoir une conception de la migration différente de celle européenne. «La migration ne doit pas être lue avec des lunettes occidentales», termine Aly Tandian.
POUR UN MIEUX-ÊTRE À TOUT PRIX !
Si certains pensent à une recrudescence du phénomène de l'émigration clandestine, des analystes de la question parlent d’une médiatisation qui remet sur la table un voyage qui n’a jamais connu de répit, malgré la Covid-19
L’émigration clandestine par la mer a repris ces dernières semaines. Des arrestations dans les lieux de départ, comme à Saint-Louis, à Mbour et à Dakar, sont fréquemment notées. Des jeunes Sénégalais sont aussi arrêtés en Mauritanie, d’autres sont parvenus à rejoindre l’Espagne ou rencontrent des difficultés en mer. Les moins chanceux ont tout simplement péri. Si certains pensent à une recrudescence du phénomène, des analystes de la question parlent d’une médiatisation qui remet sur la table un voyage qui n’a jamais connu de répit, malgré la Covid-19.
L’émigration irrégulière, un voyage vers l’Europe, engagée par des jeunes au péril de leurs vies, est de plus en plus fréquente ces derniers mois. Des vagues d’arrestations de jeunes déjà embarqués dans des pirogues ou pris sur le point de départ, sont enregistrées régulièrement. Des morts et des arrivés en Espagne, on en décompte aussi. De Saint-Louis, Mbour à Dakar, ils sont des centaines voire des milliers à braver l’océan pour se rendre en Europe. Ce retour de l’immigration illégale ou clandestine localement plus connue sous l’appellation de «Barsa walla barsakh» («débarquer à Barcelone ou périr») ou nouvellement «Dem Rekk» («Partir, à tout prix») comme nous dit, Badara Ndiaye de l’association Diadem, (une organisation qui travaille sur la migration), est une voie que beaucoup de jeunes rechignent encore à abandonner, malgré les nombreux risques. Selon le professeur Aly Tandian, directeur du Laboratoire des études et recherches sur le genre, l’environnement, la religion et les migrations (GERM) de l’Université Gaston Berger de St- Louis, il n’y a pas eu de recrudescence. «Les voyages ont toujours continué. Pour preuve, après Barsa ou Barsakh, on a vu des candidats à la migration, prendre le chemin du désert. Seulement, on pourrait dire que la recrudescence, c’est au niveau de la médiatisation. A un moment, la priorité pour les médias, c’était de parler d’autres choses que les migrations irrégulières», souligne-t-il.
Braver l’océan pour une Europe confrontée à une expansion de la pandémie de la Covid-19 n’est pas une option suicidaire. «Il faudrait comprendre la logique des candidats à la migration. Ce n’est pas la Covid-19 qui pose problème parce que quand ils font une hiérarchisation des difficultés auxquelles ils sont confrontés quotidiennement, la Covid est un souci parmi tant d’autres. Elle n’est pas une priorité. La priorité est plutôt, indique Aly Tandian, la survie dont pensent les candidats, ne peut être réalisée que par le voyage», analyse-t-il. Badara Ndiaye explique les vagues de départ, par la mer, par le fait que dans l’espace de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), il y a eu un accroissement des contrôles internes sur les routes à cause de la Covid-19. De ce fait, les flux migratoires qui pouvaient prendre départ par la voie routière, jusqu’à Niamey ou Agadez ou d’autres voies en destination de l’Italie, n’étaient plus possibles parce qu’étant fermées.
Mieux, ajoute-t-il, la Covid-19 a fait naître une situation particulière parce que la concentration nationale et régionale à la lutte contre la pandémie a fait que les trafiquants n’avaient plus la possibilité d’utiliser la voie terrestre vers la Libye, la transsaharienne Dakar-Bamako-Ouagadougou-Niamey ou alors Conakry-Mamou et Bamako, se sont rués à la mer. De même, la faiblesse des ressources halieutiques, la réouverture progressive des frontières terrestres, le contrôle plus renforcé en terre qu’en mer ont fait que beaucoup de jeunes ont pu passer par les eaux. La crise libyenne et la traite de migrants qui a lieu dans ce pays justifient ce recours à l’océan Atlantique. «Il y avait aussi la voie terrestre via le Sahara, puis le Niger et jusqu’en Libye qui était une voie hyper privilégiée. A cause du conflit, les migrants ont de plus en plus de difficultés à passer de ce côté pour rejoindre l’Italie», explique-t-il.
1277 migrants ont atteint les côtes espagnoles
Du fait de la faiblesse du marché du travail au niveau continental, les flux migratoires ont tendance à aller vers des destinations où il en existe de manière organisée. Pour Badara Ndiaye, ceux qui embarquent dans l’aventure de cette immigration irrégulière ne sont pas dans une logique suicidaire ; il y a des calculs de trouver du travail en Europe. Le fait que des pays européens aient engagé un processus de régularisation de sans-papiers à cause d’un besoin de main d’œuvre, n’est pas encore établi par des enquêtes, mais peut justifier, selon lui, les mouvements irréguliers pour rejoindre les côtes européennes. D’ailleurs, 1277 migrants, dont des Sénégalais, ont rejoint les côtes espagnoles, en deux semaines. Moïse Sarr, Secrétaire d’État chargé des Sénégalais de l’extérieur a donné l’estimation sur la Rfm il y a quelques jours. «Ce que je puis dire de manière claire, c’est qu’il y a 1277 migrants qui sont arrivés sur les côtes espagnoles, mais toute nationalité confondue. C’est extrêmement important de faire cette précision. Oui, il y a eu des Sénégalais. Il faut faire attention parce qu’il y a beaucoup de migrants qui, souvent quand ils échouent dans des côtes, se disent des Sénégalais alors qu’ils ne sont pas forcément des Sénégalais», a-t-il déclaré.
14 NOUVEAUX CAS ET 1 DECES
Le ministère de la santé et de l’action sociale a annoncé ce lundi 26 octobre 2020 que le Sénégal a enregistré 14 nouveaux cas de contamination à la Covid-19 dont 7issus de la transmission communautaire et 5 cas importés.
Le ministère de la santé et de l’action sociale a annoncé ce lundi 26 octobre 2020 que le Sénégal a enregistré 14 nouveaux cas de contamination à la Covid-19 dont 7issus de la transmission communautaire et 5 cas importés. Le ministère a également précisé que 62 patients sont déclarés guéris. Un (1) décès supplémentaire a été enregistré.
«Sur 576 tests réalisés, 14 sont revenus positifs. Il s’agit de 2 cas contacts suivis par les services du ministère de la santé, 7 cas issus de la transmission communautaire et 5 cas importés. Par ailleurs, 62 patients sont testés négatifs et déclarés guéris. 6 cas graves sont également pris en charge dans les services de réanimation de l’hôpital de Fann et de l’hôpital principal de Dakar. 1 décès lié à la covid-19 a été enregistré ce dimanche 26 octobre. L’état de santé des patients hospitalisés dans les hôpitaux évolue positivement", a déclaré le directeur de la prévention du ministère de la santé, El Hadji Mamadou Ndiaye.
Le porte-parole du ministère de la santé a également souligné qu'à ce jour, le Sénégal a enregistré 15 565 cas positifs à la covid-19 dont 14 316 guéris, 322 morts, 1 évacué et 926 personnes sont encore sous traitement
LU BEES AVEC LAMINE NIANG ET CHARLES FAYE
VIDEO
RÊVES BRISÉS ET ESPOIRS DÉÇUS EN GUINÉE
EXCLUSIF SENEPLUS - Situation aussi dramatique que le lot de morts, le pays se retrouve figé par l'immobilisme et la volonté d'un seul homme de passer en force. La CEDEAO est en train de rater son rendez-vous sur le terrain de la démocratie
Seneplus |
Lamine Niang et Charles Faye |
Publication 26/10/2020
Lamine Niang évoque cette semaine, l’actualité guinéenne marquée par des troubles post-électoraux et en fait une lecture sociologique. Le chroniqueur se demande si le rêve brisé d’un peuple n’est pas aussi préjudiciable que les pertes en vies humaines enregistrées lors des manifestations.
Charles Faye estime que la Cedeao a joué la carte de la complicité en Guinée en avalisant le troisième mandat du président sortant, Alpha Condé. Il prône l'urgence de revenir à la CEDEAO des peuples telle que prévue par les pères fondateurs de l'organisation communautaire.
Lu Bees est un talk hebdomaire de SenePlus, réalisé et monté par Boubacar Badji.
SONKO REVELE UN SCANDALE A 92 MILLIARDS
Le leader du parti Pastef accuse le Gouvernement du Sénégal d’avoir mis en place une vaste entreprise d’escroquerie dont le seul but est de soustraire illégalement des dizaines de milliards des comptes du Trésor public.
Le leader du parti Pastef, Ousmane Sonko accuse le Gouvernement du Sénégal d’avoir mis en place une vaste entreprise d’escroquerie dont le seul but est de soustraire illégalement des dizaines de milliards des comptes du Trésor public. Il parle d’un scandale portant sur près de 93 milliards.
A travers des séries de questions écrites déposées sur la table du gouvernement, Ousmane Sonko fait état de cas supposés d’escroquerie sur deniers publics et virements de fonds illégaux à la Banque islamique du Sénégal (BIS).
Selon lui, le gouvernement du Sénégal a ouvert auprès des banques privées des comptes fortement alimentés par des fonds publics dont l’objet est de trouver des solutions financières, avec lesdites banques, pour effectuer des paiements au titre des indemnisations relatives aux expropriations foncières pour cause d’utilité publique.
Il fait état de plus d’une vingtaine d’opérations d’indemnisations au profit de tiers privés, réalisés par le biais de ces mécanismes pour un montant de 92 milliards 299 millions 127 mille FCFA.
Le leader de patriotes qui dit avoir mené des investigations est convaincu que, ces indemnisations ne reposent sur aucune justification légale, mais sur un vaste système d'escroquerie.
Il a également souligné que deux comptes sont ainsi ouverts à la Banque islamique du Sénégal (BIS), l’un d’eux intitulé "Programme de défense des intérêts économiques et sécuritaires du Sénégal" et l’autre "Expropriation de l’État»., accuse Ousmane Sonko.