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4 juillet 2025
Par Cheikh Ahmed Tidiane SALL
DAKAR-PLATEAU, UN MAIRE FANTÔME
Alors que la commune vit des heures très sombres, en étant agressée et martyrisée, avec une spoliation foncière inédite, le maire qui devrait être en première ligne est aux abonnés absents, avec un mutisme savamment orchestré et assumé
Cheikh Ahmed Tidiane SALL |
Publication 13/08/2020
Alors que la commune de Dakar –Plateau vit des heures très sombres, en étant agressée et martyrisée, avec une spoliation foncière inédite qui vise le stade Assane Diouf, le marché Sandaga, la plage Anse Bernard et celle des enfants, les écoles Amadou Assane Ndoye et Mame Yacine Diagne, le Cem Malick Sy, la prison de Rebeuss, le camp Lat Dior, les maisons, les places publiques etc ; malgré la bravoure des populations qui sont en train de s’organiser à travers différents cadres de lutte, le maire qui devrait être en première ligne est aux abonnés absents, avec un mutisme savamment orchestré et assumé.
L’attitude du maire démontre à suffisance qu’il a choisi son camp
Étant ministre de la République, il opte pour la solidarité gouvernementale, faisant profil bas devant le ministre Fofana qui est en train de torpiller les intérêts des populations de Dakar Plateau et qui passe outre la décision du président de la République qui avait décrété la restitution du stade Assane Diouf, lors du conseil municipal décentralisé à Pikine , le 20 juillet 2016 , avec une enveloppe de vingt milliards pour la reconstruction de l’édifice. Pourtant, le maire ne peut pas ignorer le projet du club omnisport de Dakar-Plateau que j’ai rédigé et que je lui ai remis depuis son accession à la tête de commune en 2009. Je rappelle en passant que je ne regrette pas d’avoir décliné son invitation à faire partie de sa liste en 2009, lors des élections locales, eu égard à sa façon de gouverner et la séparation avec ses nombreux collaborateurs. Il aurait pu s’appuyer sur le projet du club omnisport afin d’asseoir une réelle politique sportive, en lieu et place de la politisation à outrance des ASC , avec ses sbires. Le stade Assane Diouf devait servir de fer de lance, avec sa reconstruction en un complexe omnisport qui devrait propulser la commune au firmament des villes sportives. Que nenni !
Un maire aux multiples carences
Dakar –Plateau, jadis, était un creuset de l’excellence dans le domaine sportif, avec d’illustres sportifs qui ont fait les beaux jours des sélections nationales, mais depuis la démolition du stade en 2008 et l’élection du maire fantôme en 2009, il a enclenché son déclin au niveau sportif. Le maire est aujourd’hui coincé entre le marteau du gouvernement et l’enclume de son employeur, qui agit dans le secteur du Btp , rejetant aux calendes grecques, la défense et la sauvegarde des intérêts des habitants qui l’ont élu à la tête de la commune depuis 2009, ceci est synonyme de trahison et de lâcheté. Je tiens d’une source sûre, que son entreprise serait à la source du projet de l’accaparement de la plage Anse Bernard, avec les sudafricains comme bras armé.
Ainsi, quand il affirme qu’il n’était pas au courant du projet de spoliation de la plage, cela laisse perplexe... Il est le premier magistrat de la ville, et aucun projet de construction à l’intérieur de la dite commune ne saurait échapper à la tutelle ou à la co-organisation de l’arrondissement ex nilho. L’ironie de l’histoire, c’est la spoliation des plages et des espaces publics, qui mettent à nu la carence du maire quant à sa politique d’amélioration du cadre de vie. En effet , voilà presque dix années qu’il est à la tête de la commune, et n’a pas su aménager les plages , les rendre accessibles et y ériger des activités économiques génératrices de revenus au profit des habitants, ( développer l’artisanat local , implantations de guinguettes , restaurants , activités nautiques : la commune reçoit plus du million de personnes par jour , moyens de déplacements doux , vélo taxi , voitures électriques, navette électrique, bateaux taxis etc , tout cet arsenal pouvait être mis en adéquation avec l’aménagement de la corniche qui borde les plages de Dakar -Plateau, et ce serait l’opportunité de créer des centaines d’emplois verts.
Son bilan se résume à Fez, Mecque, Rome et Bibi Ndiaye
Son bilan qui sonne comme les quatre points cardinaux se résume à Fez, Mecque, Rome, Bibi Ndiaye Par ailleurs, je ne peux m’empêcher de décrier la manière dont le complexe scolaire à été érigé, il remet en cause la carte scolaire de la commune .Cette école ne peut pas accueillir tous les enfants de Dakar Plateau, et dés lors se pose un problème d’équité. Au nom de quoi certains de nos enfants devraient étudier dans un cadre vétuste et néfaste, pendant que d’autres seraient dans des classes neuves ? L’aspect sécuritaire est tout aussi prégnant, déplacer les enfants habitant dans des quartiers éloignés de Bibi Ndiaye, revêt des risques pour les gosses, avec la situation de la commune, qui en soi comporte des facteurs aggravant. J’aurai proposé la réfection et la modernisation de toutes les écoles, avec le budget affecté à l’érection de Bibi Ndiaye. Et l’histoire me donne raison, avec certaines écoles qui sont en ruine et qui mettent en danger la vie des citoyens.
Le maire et son secteur Btp
Quel est l’intérêt du maire, lui qui est du secteur du Btp , à vouloir coûte que coûte bâtir cette seule infrastructure, malgré tous les couacs inhérents avant la livraison de l’œuvre ? Je le défie de publier tous les états financiers liés à Bibi Ndiaye Le maire ignore royalement ce qu’une commune peut servir comme levier de développement socio-économique, industrielle, culturelle et sportive, à croire que les gosses qu’ils utilisent sont juste nés pour balayer les rues et pour la castagne, alors qu’il existe d’autres perspectives telles que déclinées dans la contribution.
Alors, qu’à travers le budget énorme de la commune, son attractivité qui fait que les grosses firmes pourvoyeuses de croissance sont établies dans la commune ou du moins y détiennent une succursale. à ce titre, nous n’avons jamais constaté le maire revendiquer le déploiement de la RSE au bénéfice des autochtones, ou du moins inciter les associations de la commune à faire valoir leurs droits. Sans doute , que s’il disposait d’une réelle politique associative capable d’ informer et orienter ces ASC , il en serait autrement , cela dénote encore une fois l’absence de compétences transversales qui devraient être mises en mouvement pour faire éclore tous les talents de la commune , quel gâchis... Elle est où la pépinière d’entreprises qui devrait servir de locomotive pour booster la création de petites et moyennes entreprises, en s’appuyant sur les recettes gargantuesque de la commune ? Et pourtant, il se félicite des excédents budgétaires réalisés au point d’octroyer à l’administration centrale des crédits et aveux de taille suffit amplement pour comprendre que le maire ne dispose pas de la vision idoine qui pourrait lui permettre de transformer notre commune.
Son silence complice est une volonté mûrement réfléchie de servir les desseins des fossoyeurs du patrimoine de la commune au détriment de ses administrés. Et pire, à la misère sociale qui sévissait déjà, et la dégradation du cadre de vie avec l’absence de normes, il scelle son alliance avec son employeur, le gouvernement et les spéculateurs, pour faire de Dakar Plateau un terrain de chasse fertile afin de spolier les biens des populations. Gageons qu’à la lecture de cette contribution, le capitaine du navire de Dakar-plateau , va refaire surface , et être en première ligne dans le combat que mènent les populations, et choisir entre la solidarité gouvernementale , et la défense des intérêts de ses administrés, mais également, ceux de son employeur qui sont divergents des attentes des dakarois.
KAMALA HARRIS, LE CHOIX PRAGMATIQUE DE JOE BIDEN
René Lake lève le voile au micro de la VOA, sur les raisons ayant motivé la désignation de la sénatrice de la Californie comme colistière du candidat démocrate à la présidentielle de novembre prochain
René Lake lève le voile au micro de la VOA, sur les raisons ayant motivé la désignation de la sénatrice de la Californie comme colistière du candidat démocrate à la présidentielle de novembre prochain. L'analyste politique donne également quelques atouts de celle qui pourrait devenir la première femme noire vice-présidente des Etats-Unis.
3 CHEFS DE VILLAGE ET UN RESPONSABLE DES JEUNES ARRETES PAR LA GENDARMERIE
Parce qu’elles s’opposent à la « puissance » des autorités qui les obligent à céder, leurs terres aux Industries Chimiques du Sénégal, les populations de Tobène et environs dans la commune de Méouane (Tivaouane) ont subi la rigueur des forces de l’ordre
Cheikh CAMARA, Correspondant permanent à Thiès |
Publication 13/08/2020
Parce qu’elles s’opposent à la « puissance » des autorités qui les obligent à céder, dans la douleur, leurs terres aux Industries Chimiques du Sénégal (ICS), les populations du village de Tobène et environs, dans la commune de Méouane (département de Tivaouane), ont subi, ce mercredi 12 août, la rigueur des forces de l’ordre. Parmi les contestataires, trois chefs de village et le responsable des jeunes de la localité, Cheikh Top, ont été arrêtés par les éléments de la compagnie de gendarmerie de Tivaouane. Ces « paysans opprimés » interpellent le président Macky Sall avant que, disent-ils, « les choses n’empirent ».
Les pandores sont descendus très tôt le matin sur le terrain pour cerner le village de Tobène et contenir la révolte des populations qui refusent une « colonisation » de leur localité. Devant la détermination des autorités compétentes à les forcer à céder leurs terres aux Industries Chimiques du Sénégal, les habitants de Tobène martèlent que « tant qu’il nous restera un souffle de vie, nous allons nous battre. Quitte à ce qu’ils marchent sur nos cadavres ».
Ces populations qui indiquent s’opposer à la « délimitation préjudiciable » de six autres hectares sur leurs terres, disent s’être réveillées hier matin dans la stupeur en constatant que les forces de l’ordre avaient assiégé leurs champs. Ce pour permettre à la commission départementale d’évaluation des impenses de procéder à la délimitation des six ha en question et au travail parcellaire, ainsi qu’à l’évaluation des champs devant permettre la fixation des barèmes d’indemnisation. Mais c’était compter sans la détermination des « opprimés » qui se sont opposées catégoriquement aux dites opérations. Il y a pourtant deux semaines, environ, le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, avait convoqué une réunion de crise entre toutes les parties prenantes à Méouane. Il avait invité les dirigeants des Industries chimiques du Sénégal (ICS) à revoir le barème d’indemnisation jugé dérisoire. Mais en vain ! Les ICS, aujourd’hui, semblent plus que jamais décidées à « exproprier » ces populations aux fins d’exploiter leurs terres. Et face à la détermination de la société minière propriété d’un groupe indien, les paysans de Tobène jugent nécessaire d’interpeller, à temps, le président Macky Sall, avant, avertissent-elles, que « le pire ne se produise ».
Les populations impactées rejettent le taux d’indemnisation proposé par les ICS
L’échec des négociations entre les Industries chimiques du Sénégal (Ics) et les populations de Tobène impactées par ce projet d’extension, sur le barème d’indemnisation, a eu pour effet de raviver la tension. La Force pour le développement (Fdp) de la commune de Méouane (82 villages), en collaboration avec toutes les associations citoyennes du département Tivaouane, a dit « Non » au barème que les Industries chimiques du Sénégal (Ics) proposent pour exploiter les terres de la discorde. Les populations des villages impactés jugent dérisoire l’indemnisation de 1 million 50 mille FCFA par hectare que les Ics veulent leur donner. Elles estiment que ce n’est pas proportionnel à leurs ressources. Rappelons qu’il y a quelques jours, déjà, la tension était monté d’un cran entre populations et forces de l’ordre et avait failli dégénérer.
Selon un porte-parole de la Fdp, « il est inconcevable qu’on puisse déposséder un paysan de sa source de subsistance et de survie, des terres que sa famille exploite depuis plus d’un siècle, en contrepartie d’un barème aussi dérisoire et insignifiant par rapport au préjudice subis ». Poursuivant, il explique que «étant donné que nos arbres et nos plantes sont ravagés en grande partie par les Ics, nous réclamons une indemnisation de 20 millions de FCFA par hectare et non par dénombrement ».
Pour lever toute équivoque, notre interlocuteur précise toutefois que «nous ne refusons guère de céder les terres, mais il faut un barème d’indemnisation équitable qui sera à la hauteur des dégâts collatéraux que les Ics infligent aux populations riveraines», notamment «la pollution permanente qui affecte gravement les populations, la faune et la flore qui sont décimées etc.» En tout cas, le constat est que « la situation risque de dégénérer si l’on n’y prend garde, du fait que la tension est toujours vive parce que les 47 ha dont les Ics ont besoin sont les seules sources de revenus des populations impactées, puisque leur activité principale, c’est l’agriculture. Encore une fois, font valoir les populations, « nous gagnons plus avec nos terres que ce qu’on nous propose ».
Par Feu El Hadj Cheikh Mohamed Fadel Kane
IBRAHIMA SEYDOU NDAW, UN NATIONALISTE, UN HUMANISTE
Ce témoignage historique exceptionnel écrit sur Ibrahima Seydou Ndaw après son décès le 13 août 1969 par El Hadj Cheikh Mohamed Fadel Kane, père de Cheikh Hamidou Kane, a été censuré par le seul journal d’Etat de l’époque, « Dakar-Matin »
Feu El Hadj Cheikh Mohamed Fadel Kane |
Publication 13/08/2020
Ce témoignage historique exceptionnel écrit sur Ibrahima Seydou Ndaw après son décès survenu le 13 août 1969 par le Chef de bureau de classe exceptionnelle des Services financiers en retraite à Matam, El Hadj Cheikh Mohamed Fadel Kane, père de Cheikh Hamidou Kane « Mathiara », dernier ministre des Forces armées du président Abdou Diouf, a été censuré par le seul journal d’Etat de l’époque, « Dakar-Matin », sur ordre du Président Senghor. Une censure qui s’inscrivait dans le cadre du harcèlement dont « Diaraf » était victime dans les derniers instants de sa vie. Chef du bureau régional des Affaires domaniales du Sine-Saloum de 1933 à 1935, El Hadj Cheikh Mohamed Fadel Kane ne s’est pas empêché de rendre hommage au défenseur des faibles, à l’humaniste et l’homme politique exceptionnel que fut Ibrahima Seydou Ndaw. Nous reproduisons in extenso ce document.
« Affreuse nouvelle ! Ibrahima Seydou Ndaw, président de l’Assemblée nationale du Sénégal, n’est plus. Le Sénégal entier doit être en deuil car il perd en Ibrahima Seydou Ndaw, un combattant précurseur des luttes d’indépendance, un résistant de la première heure. Le Sine-Saloum a perdu, quant à lui, son bouclier, celui qui a toujours osé, seul, sans collégialité, se dresser contre les abus qui se commettaient dans la région en pleine splendeur du colonialisme. On pourrait se demander pourquoi étant du Fouta et domicilié à Matam, je me permets d’apprécier ainsi l’action d’Ibrahima dans le Sine-Saloum. Comme ma famille habitait côte à côte avec une de ses épouses chez Ibrahima Samb à Léona, notre affinité de sentiment fit de nous d’emblée des amis. Malheureusement pour notre amitié, c’était à l’orée de l’implantation des points de traite.
Les activités de l’Agent d’Affaires qu’il était étaient le plus souvent axées sur le service du chef du bureau des affaires domaniales qu’était votre serviteur et les divergences de points de vue qui résultaient de nos rôles respectifs occasionnaient souvent entre nous des frictions à propos du règlement de ses affaires. En effet, dans chaque conflit d’interprétation, notre affinité de tempéraments inclinait chacun de nous à avoir le dernier mot. Nous nous comprîmes par la suite et revînmes à notre amitié du début. Rien ne devait plus jamais altérer celle-ci.
Au cours de mon séjour à Kaolack, de 1933 à début 1938, je n’ai cessé d’admirer cet homme qui traversa, pendant ma présence, diverses dures épreuves et à qui jamais rien, ni personne ne fit peur. Quand le gendarme européen chef de poste de Sokone ou le gendarme chef de poste de Gossas ou celui de Fatick, ou encore l’Administrateur-Chef de la Subdivision de Fatick, opprimait les pauvres Badolos du pays, c’est Ibrahima Seydou Ndaw, en l’absence de tout mandat politique et malgré les rigueurs du colonialisme de l’époque, qui se dressait et s’exposait pour la défense de ces opprimés. Il prenait courageusement sa plume et, dans un article documenté qu’il signait « Diaraf de Loul », dénonçait de façon irréfutable des faits scandaleux souvent commis contre des gens sans défense.
L’attitude du potentat du coin devenait aussitôt plus souple par la vertu de cet article. Il n’hésita même pas à attaquer le plus courageux et l’un des plus intègres administrateurs des Colonies de l’époque qu’était l’administrateur en chef Eugène Nemos, commandant du cercle du Sine Saloum. Après Mody Mbaye dont j’ai connu les articles au début de ma carrière, je n’ai vu personne dénoncer, en dehors des périodes électorales, les abus des colonialistes avec autant de vigueur et de mordant qu’Ibrahima. Voilà l’homme d’avant la Loi-Cadre. Ce qu’il fut comme homme politique au cours de l’exercice de son mandat de Conseiller territorial et Président de l’Assemblée territoriale avant et après son infirmité, pendant notre période d’autonomie interne, nul ne l’ignore au Sénégal. Il dominait tout le monde de son autorité. Qui n’a pas entendu vibrer sa forte et courageuse voix dans les réunions politiques et à l’Assemblée territoriale ? Quel député, quel sénateur, quel conseiller territorial n’a pas eu besoin de son vigoureux appui et de son assistance infaillibles ? Ne fut-il pas le sage et le courageux conseiller de notre jeune autonomie ? Qui ne connait pas l’efficience et l’efficacité de son action ? Qui ne connait pas le dynamisme et l’intense activité de cet infirme qui solutionnait sur son lit pliant toutes les questions et répondait utilement à toutes les correspondances ?
Ce fut l’un des plus grands hommes politiques que compte le Sénégal depuis plusieurs générations. Je dirai même que c’est le plus grand compte tenu des conditions physiques dans lesquelles il a joué son rôle avec une totale efficacité. C’était aussi un bienfaiteur pour tous. Nul n’a jamais fait appel en vain à son intervention quand sa cause était juste. Il ne se bornait pas seulement à se dresser contre les injustices. Il donnait aussi son argent et tout ce qu’il avait pour alléger les souffrances de ses amis ou de ses parents. Il était si généreux qu’il n’a jamais su amasser fortune malgré les moyens qui s’offraient à lui pour l’avoir.
Quant à sa dignité, elle était exemplaire. Il n’a jamais transigé en ce qui la concernait, ce qui lui valut certes des inimitiés mais la chose la plus importante pour un homme n’est-elle pas la sauvegarde de sa dignité ?
En somme si Ibrahima est devenu infirme après un accident d’auto qui eût pu lui coûter la vie, il est mort en homme complet intellectuellement et moralement. Paix à son âme ! Mon cher Ibrahima, il était de mon devoir de dire quelques traits de ton caractère et quelques épisodes de ta vie. S’il me fallait dire tout ce que je sais de ta grandeur d’âme, je ne finirais jamais. De même que tu dominais les gens de ta haute taille, tu les dominais aussi de toutes tes hautes valeurs.
Adieu !
POUR UNE HIERARCHISATION DES PRIORITES SANITAIRES
Peut-on se permettre la construction de nouvelles bâtisses dédiées à la prise en charge de maladies ou autres types d’accidents nécessitant une prise en charge sanitaire ?
Mballo Dia Thiam : « Ces deux centres sont des priorités dans la perspective de l’après Covid-19 »
Entre un gap énorme en infrastructures, des problèmes de mise à niveau de nos équipements obsolètes et un déficit en ressources humaines et en qualité, sans oublier les problèmes de motivation du personnel de santé, de grands défis post-Covid-19 se posent à notre pays où le système sanitaire est plus que jamais fragilisé par l’actuelle pandémie. D’où le bruit autour du projet de création de deux unités pour la greffe de moelle et pour la procréation médicalement assistée (Pma) au niveau de l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye. Une polémique lancée rendu public par le président du conseil d’administration dudit établissement de santé dans une lettre de démission adressée au chef de l’Etat. Sautant sur l’occasion, des médecins demandent d’abord la hiérarchisation des priorités de santé.
Peut-on se permettre la construction de nouvelles bâtisses dédiées à la prise en charge de maladies ou autres types d’accidents nécessitant une prise en charge sanitaire ? Des médecins interrogés par « Le Témoin quotidien » souhaiteraient que les investissements de l’Etat suivent la hiérarchie des priorités sanitaires. Surtout dans un contexte de pandémie qui a davantage fragilisé notre système de santé. Titulaire d’un diplôme universitaire en Procréation médicalement assistée (Pma), Dr Mamadou Demba Ndour, du service de gynécologie de l’hôpital de Matam, estime que le Sénégal, en termes de priorités, peu bel et bien se permettre la construction d’un centre pour faciliter la procréation chez les femmes en difficulté d’enfanter, et d’un centre de greffe de moelle. Pour cause, plaidant pour sa propre chapelle, le gynécologue convoque la souffrance de cette catégorie de femmes qui, d’après lui, ont le droit d’être assistées, et à moindre coût, vu la place qu’occupe la procréation dans les sociétés négro africaines. « Nos sœurs sont, à tort, victimes de toutes sortes de harcèlements et de réprimandes physiques et psychosociaux. Elles subissent des attaques dans le cercle familial le plus restreint, mais aussi dans l’environnement sociétal », explique l’administrateur hospitalier.
A l’en croire ces centres, ainsi que d’autres permettant, entre autres, la transplantation rénale, la prise en charge des grands brûlés, la chirurgie réparatrice, la prise en charge intégrée et exhaustive des cancers, et bien d’autres centres de recherche dans des domaines variés, auraient dû exister depuis belle lurette. On devrait même, selon lui, discuter actuellement de leur démultiplication. Il fonde son raisonnement sur le nombre important d’évacuations sanitaires vers l’Europe ou le Maghreb qui coûterait beaucoup plus cher que le coût de ces unités de prise en charge. D’après Dr Demba Ndour, ce projet de création de deux nouvelles unités de procréation médicalement assistée et de greffe de moelle à l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye n’est qu’une question d’équité. « Un berger de Loughéré Thioly qui souffre de maladie rénale, une femme de Mlomp Kassa présentant une infertilité primaire ou un autre sénégalais de Thilmakha souffrant d’une hémopathie sévère, ont-ils les entrées nécessaires pour bénéficier d’une prise en charge par l’Etat de leurs soins à Paris ou à Berlin ? », s’est-il interrogé tout en indiquant qu’au Sénégal, on a une offre de soins à deux vitesses. Certains, « pour un simple check up », dit-il, peuvent se permettre d’aller à l’h-Hôpital américain de Paris avec une prise en charge, au moment où d’autres qui meurent suite à une brûlure à mosaïque supérieure sont laissés à eux-mêmes. Dr Ndour semble sûr de n’être pas emporté par une tumeur cancéreuse, en revanche, dit-il, « si j’essaie de faire ombre à mon ami traumatologue, je peux bien me retrouver avec une fracture étagée du rachis ».
« Oui ! Mais avec une hiérarchisation des priorités »
Sauf que investir sur un centre de Pma et sur une unité de transplantation médullaire pendant que des services comme la réanimation, les laboratoires, l’imagerie etc. sont dans un état lamentable ne relève pas d’un très grand sens de l’opportunité. Pour ne pas dire des priorités. C’est le point de vue de l’anesthésiste-réanimateur Dr Mamadou Mansour Diouf qui pose le problème de la hiérarchie des priorités en santé. Il demande de ne plus jamais mettre la charrue avant les bœufs. A titre d’exemple, ce praticien de la santé à Bordeaux considère que « pour greffer de la moelle à un patient qui a une leucémie, on lui fait un conditionnement avec chimiothérapie plus une radiothérapie (une irradiation corporelle totale) qui va entrainer des aplasies prolongées. Et si le patient fait un choc septique dans ces conditions, tu le mets dans un service de réanimation qui n’a rien pour gérer un patient en aplasie. Le bon sens voudrait qu’on règle d’abord ce type de problème avant de se lancer tête baissée » dans la construction d’un centre pour greffe de moelle. Selon notre interlocuteur établi à Bordeaux, cette dernière opération ne peut pas s’envisager sans une réanimation configurée pour une chambre stérile, un flux d’air…, ou sans un centre de transfusion où les produits sanguins labiles sont disponibles, sans une pharmacie qui pourrait assurer la disponibilité correcte des produits de chimiothérapie, ou des anti-infectieux...
L’urgentiste Dr Boubacar Signaté de « Sos médecins » abonde dans le même sens que Dr Mamadou Mansour Diouf. Ce même s’il admet que « les insuffisants rénaux doivent bénéficier de la meilleure des prises en charge, jusqu’à la greffe rénale. Et l’Etat doit construire toute structure nécessaire pour cela. Les femmes en état de procréer ou non, qui n’en sont biologiquement pas capables, doivent disposer d’une unité de procréation médicalement assistée. Ceci n’est pas discutable ». « Le service de réanimation de l’hôpital Dalal Jamm n’est toujours pas opérationnel, de même que le service de gynécologie qui n’est toujours pas fonctionnel. Aujourd’hui, c’est bien de construire une filière de soins optimale, bien articulée, avec une chaine dont tous les maillons sont solides et bien fixés. Malheureusement, à l’hôpital Dalal Jamm, la chaine n’a pas encore le nombre de maillons nécessaires. Cet établissement public de santé, qui a ouvert ses portes aux malades et autres accompagnants depuis cinq ans, fonctionne encore comme un centre de santé ! Les structures essentielles de son plateau technique telles que l’imagerie médicale, les laboratoires, les blocs opératoires, les services d’urgence, la réanimation… » ne sont toujours pas fonctionnelles », voilà ce qu’a écrit le Pca démissionnaire de l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye, le Pr Papa Touré, qui s’indigne du fait que le chef de l’Etat, destinataire de sa lettre, ait voulu construire « deux bâtiments destinés à abriter un centre de greffe de moelle et une unité de procréation médicalement assistée à hauteur de deux milliards de francs CFA. Une décision qui ne devrait même pas être agitée vu l’urgence à Dalal Jamm dans ce contexte de pandémie de Covid-19, et surtout à nos impératifs de santé publique ». Dr Diouf, et qui ne mâche jamais ses mots quand il parle du système de santé national, trouve que le plateau technique basique obsolète de nos hôpitaux constitue aujourd’hui la priorité. Et non pas un centre de greffe de moelle ou de Pma.
Mballo Dia Thiam : « Le projet de Macky Sall à Dalal Jamm est une priorité à l’approche Post-Covid-19 »
Pour sa part, le président de l’Alliance And Gueusseum, Mballo Dia Thiam estime que la Pma est une technologie dont le Sénégal ne doit pas se priver. Au contraire, pense-t-il, c’est « une priorité à l’approche après Covid-19 ». Déjà, dit-il, on a investi près de 40 milliards pour la construction de Dalal Jamm où les gens sont dans l’hôpital de jour. Qui ne fonctionne donc pas la nuit. Et faisant allusion au contexte de pandémie, M. Thiam se désole de la question des respirateurs et des masques qui pose encore problème dans la prise en charge correcte de la maladie. « Nos hôpitaux ne sont pas financés au prorata de leurs charges. Qu’il s’agisse de la qualité des ressources humaines ou des équipements qui tombent en obsolescence… On a des gaps dans presque toutes les structures sanitaires du pays. La science s’est développée. Et si on veut être au diapason, on doit acheter des matériels adaptés. Il faut investir pour mettre à niveau les plateaux techniques, équiper les hôpitaux, acheter des équipements dernière génération adaptés, et surtout motiver le personnel de santé », a listé le secrétaire général du Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas) qui invite les autorités sanitaires à travailler en direction de la prévention des maladies chroniques et surtout mortelles…
Par Amadou Ibra NIANG
SIX GRAPHIQUES POUR DIAGNOSTIQUER L’AGRICULTURE CEREALIERE SENEGALAISE
L’exploitation et l’analyse des données statistiques officielles, permet d’avoir une idée sur la performance de la politique agricole dans ce domaine, de tirer des leçons et d’identifier des pistes de réajustement, pour un essor réel du secteur
L’agriculture sénégalaise est dominée par les cultures céréalières dont les plus importantes sont : le mil, le sorgho, le riz et le maïs. L’exploitation et l’analyse des données statistiques officielles, permet d’avoir une idée sur la performance de la politique agricole dans ce domaine, de tirer des leçons et d’identifier des pistes de réajustement, pour un essor réel du secteur. 1-Une production du riz qui augmente substantiellement et celle des céréales locales (mil et sorgho) qui stagne et même diminue Le graphique numéro 1 ci-après, met en évidence, l’évolution de la production de maïs, de mil, de riz et de sorgho, de 2010 à 2019 au Sénégal. Il révèle que le mil est la céréale la plus produite au Sénégal. Toutefois, cette production n’a pas augmenté en dix (10) ans. Il y a eu même un décrochage significatif de 2012 à 2018, avec une réduction très importante de 50% en 2015 par rapport à 2010. Graphique 1 : Evolution de la production céréalière de 2010 à 2019 (tonnes par an).
Concernant le riz (pluvial et irrigué), sa production a été multipliée par 2,3 en dix (10) ans, tandis que celle du maïs a augmenté de 48%. Quant au sorgho, il est observé une stagnation de sa production sur la même période, avec une diminution de cette dernière entre 2012 et 2015. Ces données mettent en lumière le choix délibéré du gouvernement de mettre l’accent sur le riz et dans une moindre mesure le maïs, au détriment des céréales locales (mil et sorgho). L’abandon de ces céréales locales s’est opéré à partir de 2012 en faveur de la culture du riz. Il faut remarquer une chute généralisée de la production de toutes les quatre céréales en 2012, mettant ainsi en exergue les effets des changements de politique. 2-Des superficies emblavées en riz qui augmente significativement contrairement à celles des céréales locales qui sont stables et ont même tendance à diminuer La croissance de la production de riz est imputable à une augmentation des superficies emblavées. Les superficies emblavées en riz (pluvial et irrigué) ont plus que doublé entre 2010 et 2019. Elles dépassent celles du maïs (avec une augmentation de 18%) et du sorgho mais de loin inférieures à celles du mil (Graphique 2). Graphique 2 : Evolution des superficies emblavées (hectares par an).
Sur la même période, la superficie cultivée en mil a diminué de 13%. Cette diminution est de 47% entre 2010 et 2015. Le mil en effet, demeure la céréale la plus cultivée au Sénégal. S’agissant du sorgho, la superficie cultivée est restée stable entre 2010 et 2019, hormis une diminution brutale en 2014 de l’ordre de 55%. En fait, les années 2012, 2013, 2014 et 2015 constituent un véritable tournant dans l’abandon des cultures céréalières locales au profit du maïs et du riz. 3-Des rendements très faibles et stagnants, à l’exception de ceux du riz qui diminuent Les rendements pendant ces dix dernières années sont restés incompréhensiblement très faibles pour toutes les quatre cultures, alors que les connaissances et technologies générées par la recherche actuellement disponible, permettent de doubler au moins les rendements de ces cultures. En dix ans les rendements en riz n’ont augmenté que de 2% (Graphique 3). Graphique 3 : Evolution des rendements pendant ces dix dernières années (Kg/ha).
Les gains obtenus en 2013 (29%) ont rapidement été perdus, à partir de 2014. Les niveaux de rendements en mil et sorgho sont restés très faibles, moins d’une tonne par ha (1t/ha) et, n’ont presque pas bougé pendant 10 ans. Ce qui démontre à suffisance l’abandon de ces deux cultures. Toutefois, le maïs a échappé à ce déclin généralisé des rendements avec des gains de production de 24 % entre 2010 et 2019. Il faut dire que les rendements de cette culture restent encore très modestes (moins de deux tonnes par ha) malgré les augmentations constatées. Les écarts entre les rendements potentiels de la recherche et ceux obtenus au niveau des producteurs sont excessivement élevés. Cela met clairement en lumière, l’inefficacité des politiques actuelles de transfert de technologie. Au regard des trois premiers graphiques, il apparait clairement que le Sénégal a, à partir de 2012/2013, choisi de favoriser la culture du riz au détriment de celui du mil et du sorgho. Cette option de privilégier la culture du riz a malheureusement mis l’accent sur une stratégie d’augmentation des superficies emblavées, destructrice de la biodiversité et des ressources pastorales, au détriment d’une agriculture hautement productive consommatrice de peu d’espace.
4-Un objectif d’autosuffisance en riz au-delà de notre portée Considérant les résultats de l’analyse de l’évolution de la production nationale de la culture riz durant les 18 dernières années, et les niveaux de consommation moyenne du riz per capita de 70 kg, 95 kg et 100 kg par an, on peut dire que l’autosuffisance en riz est un objectif inatteignable, si les conditions actuelles de production et de consommation ne changent pas (Graphique 4). En parfaite corrélation avec l’accroissement démographique, la consommation de riz va continuer à augmenter au fil des années. Cela est d’autant plus vrai que le potentiel de production du riz lié aux facteurs rendements et superficies emblavées, n’est pas illimité alors que la population va continuer à croitre. Le gap crée est trop important et impossible à combler par le seul biais d’une augmentation de la production du riz. Graphique 4 : Evolution de la production du riz blanc par rapport aux besoins estimés des populations (tonnes /an).
5-Des importations de riz qui ne diminuent pas Selon les données de Trade Statistics Branch, United Nations Statistics Division,(https://comtrade.un.org/data/), la consommation effective du riz au Sénégal (production plus importation moins exportation), est fortement dépendante des importations( Graphique 5). Malgré les efforts importants consentis pour booster la production locale de riz, les augmentations de production ne sont pas suffisamment importantes, pour combler les demandes croissantes, imputables à l’essor démographique. Le Sénégal est donc obligé d’importer chaque année plus du double de sa production soit près de huit cent mille tonnes (800 000 t), pour satisfaire les besoins en riz de sa population. Cette stratégie n’est pas du tout soutenable du point de vue : üÉconomique (sortie continue et de plus en plus importante de devises) ; üEnvironnemental (destruction massive de la biodiversité et des parcours pour augmenter la production du riz) ; üPolitique (souveraineté alimentaire). Graphique 5: Evolution de la consommation nationale en riz (tonnes/ha).
6-Une politique d’autosuffisance céréalière à revoir Sur la base d’une consommation annuelle de céréales de 185 kg par personne, nous pouvons estimer à trois (3) millions de tonnes les besoins en céréales en 2019 dont deux virgule quatre (2,4) millions de tonnes de production locale, pendant la même année, d’où un gap de l’ordre de six cent mille (600 000) tonnes, qui est équivalent à celui de 2010 (Graphique 6). Ce gap s’est fortement creusé entre 2013 et 2017, pendant le décrochage des céréales locales. Cela justifie donc les importations significatives de riz pendant toutes ces dernières années. Pour éliminer ces gaps et même créer des excédents par rapport aux besoins, il faut une refondation de la politique céréalière actuelle du pays, tant du point de vue stratégique, outils institutionnels qu’approche globale. Tout d’abord, il faut mettre l’accent sur une agriculture durable hautement productive mais consommatrice de peu d’espace et complètement différente de la politique rizicole actuelle, qui favorise l’extension des superficies au détriment de l’augmentation des rendements. Cela passe par au moins le doublement des rendements obtenus actuellement y compris ceux des céréales locales (qui sont excessivement faibles). On peut dire sans se tromper qu’avec une stratégie de transfert de technologie efficace mettant directement en relation les chercheurs et les paysans, dans une dynamique de coproduction de solutions, on peut facilement doubler la production céréalière avec les superficies présentement emblavées. Graphique 6:Evolution de la production et des besoins de céréales.
Ensuite il faut remettre nos céréales locales au centre de la politique agricole. Il apparait clairement qu’à partir de 2012/2013 le Sénégal a choisi de favoriser la culture du riz au détriment du mil et du sorgho dans le cadre d’une politique d’autosuffisance en riz. Malheureusement cette politique n’a non seulement pas atteint les objectifs escomptés, mais elle a eu des conséquences perverses : üUne marginalisation plus grande de nos céréales locales ; üUne accélération de la destruction de la biodiversité et des ressources pastorales pour laisser la place à la culture du riz. Le focus sur l’augmentation des rendements de ces céréales devient donc une priorité pour promouvoir une agriculture durable. Cette promotion doit s’accompagner d’une politique de valorisation des technologies agroalimentaires et de renforcement des chaines de valeur des céréales locales. Cela nécessite une intégration de la recherche agroalimentaire dans la recherche agricole, comme proposée dans l’article que nous avons publié dans sen360, consultable à partir du lienhttps://news.sen360.sn/actualite/recherche-agricole-etagroalimentaire-po... partielle-1448445.html) La transformation de l’agriculture sénégalaise à l’ère de la COVID 19 passe nécessairement par sa digitalisation mettant à la disposition de chaque paysan pris individuellement toutes les connaissances, les informations, outils et solutions dont il a besoin pour renforcer sa technicité, son pouvoir décisionnel et libérer sa créativité et sa liberté d’action. Cette digitalisation de l’agriculture sénégalaise devrait simplifier et rendre plus performant le cadre pour ne pas dire le carcan institutionnel (fonds, agences, sociétés, départements ministériels, Directions, associations/organisations paysannes, etc.) dans lequel les paysans évoluent et essayent d’opérer leur propre mue en se transformant en agro-entrepreneurs et en transformant leurs exploitations agricoles familiales en agro-entreprises. Une implication plus forte d’un secteur privé dynamique permettrait de catalyser ce processus de transformation. L’intervention de l’état devrait être allégée et se limiter à certaines niches stratégiques dont : üLa commercialisation des produits agricoles pour garantir des prix rémunérateurs aux producteurs, üLa mise en place d’un système de contrôle et de suivi des intrants pour s’assurer de leur bonne qualité et üLa connexion entre les exploitations agricoles et les agro-industries pour renforcer le développement des chaines de valeur locales et faire émerger des agro-entreprises.
IL EST CRUCIAL DE REUSSIR LE VIRAGE POST-COVID-19 EN METTANT EN AVANT NOS PME
Le professeur Souleymane Astou Diagne a présenté dans les locaux du groupe de presse Sept Afrique, son ouvrage intitulé «Sénégal, les défis économiques post-covid-19»
Le professeur Souleymane Astou Diagne a présenté ce matin dans les locaux du groupe de presse Sept Afrique, son ouvrage intitulé «Sénégal, les défis économiques post-covid-19». Le maître de conférences à l’université Alioune Diop de Bambey dans la région de Diourbel, soutient dans son œuvre de trois chapitres avec 246 pages au profit de l’économie sénégalaise que pour renouer avec la croissance, il faut prendre en compte, dans le programme de relance, la place de choix que doit occuper le secteur informel. De son avis, réussir ce qu’il appelle « virage post-covid-19 », doit amener les autorités à « insister sur les bases d’une économie locale, mettant en avant nos Pme et la création d’emplois locaux»
Après le Plan de résilience économique et sociale (Pres), quel plan de relance pour l’économie sénégalaise s’est interrogé, ce matin, le professeur Souleymane Astou Diagne qui présentait son nouvel livre consacré aux défis économiques postcovid-19. Pour le docteur en sciences économiques, le déconfinement a induit une nouvelle approche de la transformation économique entamée sur la période antécovid-19. Il indique, en ce sens, que « pour renouer avec la croissance, nous avons montré la place de choix que doit occuper le secteur informel».
Pour cet ancien directeur académique du groupe Supdeco Dakar , ledit secteur nécessite l’accompagnement de l’Etat en raison de son poids économique important et du nombre d’emplois qu’il polarise « 9 emplois sur 10 ». Mieux, il avance que par le biais d’une stratégie opérationnelle et intégrée, l’Etat du Sénégal devrait impliquer tous les acteurs pour aboutir à une formalisation du secteur. «Cela prendra peut-être des décennies au regard des biais culturels et socio-économiques qui subsistent, mais la formalisation impactera positivement sur les différents secteurs de l’économie, améliorera la qualité des biens et des services produits et dopera la valeur ajoutée du capital et du travail», argue le maître de conférences.
METTRE EN AVANT LES PME ET LA CREATION D’EMPLOIS LOCAUX
Dans le même ordre d’idées, M. Diagne indique que le tourisme, l’artisanat et l’agriculture pourront permettre une nouvelle croissance économique axée sur nos potentialités et avantages comparatifs. «Il est crucial de réussir ce virage post-covid19 en insistant sur les bases d’une économie locale, mettant en avant nos Petites et moyennes entreprises (Pme) et la création d’emplois locaux», insiste le professeur dans la foulée. Pour lui, asseoir une souveraineté économique est une option majeure dans la période post-covid-19. Car, explique-til, la mondialisation de l’économie a accru les inégalités sociales et accentué la vulnérabilité économique des ménages par le biais des politiques néolibérales. Ainsi, l’en croire, la réponse structurelle à ce contexte va se mesurer par la formulation de politiques économiques autocentrées, c’est-à-dire, axées sur les priorités et besoins de l’économie nationale. L’enjeu de cette transition économique, selon lui, va se situer sur la capacité de l’économie sénégalaise à créer des emplois durables tout en limitant les importations par effets de substitution. Et de marteler : «il faudrait», à cet effet, «une bonne maîtrise des technologies pour embrayer sur des politiques d’industrialisation prometteuses, une meilleure participation du secteur privé national et un environnement commercial créatif de valeurs ajoutées».
REVOIR NOTRE VISION DE L’INTEGRATION ET DE LA COOPERATION ECONOMIQUE INTERNATIONALE
Pour Souleymane Astou Diagne, la souveraineté économique devrait pousser l’Etat du Sénégal à «revoir notre vision de l’intégration et de la coopération économique internationale. En effet, il s’agira, d’après lui, de redéfinir les traits de démarcation nouveaux, limitant l’action des organisations internationales de sorte qu’elles ne puissent pas galvauder la nature de nos politiques nationales. A vrai dire, M. Diagne est d’avis que l’Afrique et le Sénégal devraient réduire la contrainte extérieure, appelée conditionnalité, pour assurer les impératifs d’un renouveau économique. Par exemple, soutient-il, la politique de promotion des Partenariats public-privé (Ppp), pourrait connaître des changements essentiels de sorte que les intérêts nationaux soient préservés dans le temps et dans l’espace. Il relève dans le même sillage que les insuffisances notées, liées au manque de formation du capital humain et de l’instabilité des contrats, devraient trouver des solutions durables dans des approches politiques, administratives, techniques et financières remodelées. Tous ces défis relevés, conclut M. Diagne, ouvrent des perspectives inédites pour l’économie du Sénégal, dont la transformation numérique, l’exploitation des ressources pétrolières et gazières en 2023, la prise en compte des groupes vulnérables dans la répartition de la croissance (justice et équité sociales), la transparence dans la conduite des affaires publiques entre autres.
LES TRAVAILLEURS DE LE DANTEC MENACENT D’ALLER EN GREVE POUR DES PRIMES NON PAYEES
Restés des mois sans percevoir le moindre centime de leurs primes de motivation, les travailleurs du Centre de Traitement des Epidémies (CTE) de l’hôpital comptent paralyser le système au sein de leur structure
Restés des mois sans percevoir le moindre centime de leurs primes de motivation, les travailleurs du Centre de Traitement des Epidémies (CTE) de l’hôpital Aristide Le Dantec comptent paralyser le système au sein de leur structure. Ils ont fixé un ultimatum de 48 heures aux autorités sanitaires afin que celles-ci règlent leur situation. Sans quoi, ils partiront en grève.
«Depuis l’ouverture du CTE, les primes de motivations mensuelles de 150 000 Fcfa octroyées à tout le personnel, sans distinction, par le ministère de la Santé sur demande du président de la République, n’ont été payées que pour un seul mois, alors que trois mois se sont écoulés.» C’est ainsi que les travailleurs du CTE de l’hôpital Aristide Le Dantec se sont indignés pour dénoncer le traitement qui leur est réservé et qui, selon eux, est injuste et disproportionné comparé aux sacrifices qu’ils consentent. Réclamant deux mois de primes non payées, ils exigent le respect de l’équité par rapport aux autres CTE, et des engagements pris, qui doivent motiver le paiement effectif des primes de tout le personnel sans discrimination.
Ainsi ont-ils fixé à l’Etat un ultimatum de 48 heures pour régler leur situation. Sans quoi, ils sont résolus à croiser les bras. Ces médecins, infirmiers, biologistes, hygiénistes, brancardiers et techniciens de surface, engagés dans la lutte contre la Covid-19, ne comprennent pas qu’ils soient autant marginalisés alors qu’ils sont des acteurs de premier plan dans la riposte contre la Covid19.
Dans la note parvenue à «L’As», ils rappellent qu’ils ont été sollicités et engagés par le ministère de la Santé et de l’Action sociale via le directeur de l’hôpital Aristide Le Dantec de Dakar, sur la base d’un contrat moral depuis l’ouverture du CTE, le 27 avril 2020. Ils se désolent du fait qu’aucun personnel du CTE ne détienne à ce jour un contrat avec le ministère depuis son ouverture. Il s’agit notamment des Docteurs en spécialisation (DES), des Infirmiers diplômés d’Etat, contrairement à ce qui est constaté au niveau des autres CTE de la région. Il faut relever par ailleurs que de tels traitements envers les acteurs de la santé sont fréquents.
En effet, au mois de mai 2020, les hygiénistes de la clinique du Golf sise à Cambérène avaient menacé d’aller en grève pour des questions de paiement de primes. Une vingtaine d’agents se désolaient que le ministère de la Santé ne se préoccupait point de leur sort. Ils avaient ainsi menacé de croiser les bras et de laisser les patients de Covid-19 à eux-mêmes. Même s’ils en ont été finalement dissuadés, force est de constater que ces derniers ont couru pendant un long moment derrière leurs émoluments.
UNE PROPORTION TOUJOURS ÉLEVÉE DES CAS ISSUS DE LA TRANSMISSION COMMUNAUTAIRE
Au total, sur 1.730 tests réalisés, 153 nouveaux cas confirmés de coronavirus ont été enregistrés, dont 47 contacts suivis, selon le dernier bilan quotidien de la pandémie.
Dakar, 13 août (APS) - Le nombre de contaminations à la COVID-19 relevant de la transmission communautaire demeure élevé, avec 106 nouveaux cas enregistrés au cours des dernières 24 heures, a-t-on appris jeudi du ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Au total, sur 1.730 tests réalisés, 153 nouveaux cas confirmés de coronavirus ont été enregistrés, dont 47 contacts suivis, selon le dernier bilan quotidien de la pandémie.
Ainsi, comme depuis quelques jours, les cas dont on ignore la source de la transmission continuent d’occuper la plus grande proportion des nouvelles contaminations.
Le plus grand nombre de nouveaux cas communautaires a été relevé à Ziguinchor (11), Bignona (7), Mbour (7) Almadies (6), Saint-Louis (6), Kédougou (5), Kolda (4), Thiès (4), Dakar-Plateau (3) Dieuppeul (2), HLM Grand-Yoff (2), Keur Massar (2), Liberté (2), Richard-Toll (2), Tivavouane (2).
Les autres cas ont été dépistés à Benn Tally (1), Bopp (1), Bounkiling (1), Centenaire (1), Cité Fayçal (1), Diouloulou (1), Fann Hock (1), Grand-Yoff (1), Guédiawaye (1), Mékhé (1), Mermoz (1), Ouest Foire (1), Oussouye (1), Patte d’Oies (1) Popenguine (1), Rufisque (1), Sacré-Cœur (1), Sicap Baobab (1), Sokone (1), Thiadiaye (1), Touba (1), Yoff (1) et Vélingara (1).
Par ailleurs, 51 personnes se trouvent dans les centres de réanimation.
Quarante-neuf patients, testés négatifs, ont été déclarés guéris, tandis que deux décès ont été enregistrés ce mercredi.
Le Sénégal totalise 11.740 cas positifs, dont 7.572 guéris, 244 décédés et 3.923 sous traitement.
L’UMS EXIGE L’ANNULATION D'UN DECRET POLÉMIQUE
L’affectation du magistrat Ngor Diop, président du Tribunal d’instance de Podor, à la Cour d’appel de Thiès en qualité de conseiller, a provoqué l’ire de l’Union des Magistrats du Sénégal (Ums).
L’affectation du magistrat Ngor Diop, président du Tribunal d’instance de Podor, à la Cour d’appel de Thiès en qualité de conseiller, a provoqué l’ire de l’Union des Magistrats du Sénégal (Ums). Jugeant illégale la procédure qui sous-tend l’affectation de Ngor Diop, le président Souleymane Téliko et ses camarades exigent son annulation.
L’affectation du président du tribunal de Podor Ngor Diop, après avoir placé sous mandat de dépôt un dignitaire religieux de la localité, risque de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Surtout que c’est intervenu dans un contexte où l’indépendance des juges est souvent remise en question. D’ailleurs, l’Ums n’a pas tardé à monter au créneau pour demander l’annulation du décret relatif à cette affectation. «L’Ums, en accord avec l’intéressé, a pris la décision ferme de saisir la juridiction compétente pour solliciter l’annulation pure et simple de ce décret illégal», informent Souleymane Téliko et Cie dans un communiqué.
Se faisant l’avocat du juge déchu, l’Ums rappelle que «le magistrat Ngor Diop, président du Tribunal d’instance de Podor, a été affecté à la Cour d’appel de Thiès en qualité de conseiller par la procédure de consultation à domicile prévue par l’article 6 de la loi n° 2017-11 portant organisations et fonctionnement du Conseil Supérieur de la Magistrature. Cette procédure, qui ne se prête à aucune possibilité d’échanges entre les membres du conseil, ne devrait être utilisée qu’à titre exceptionnel».
Pour le syndicat des magistrats, la lettre et l’esprit de l’article 6 précité ne l’autorisent que pour des cas d’urgence avérée et relativement à des fonctions qui ne sont pas des postes de responsabilité.
Par conséquent, souligne l’Ums, «l’affectation de M. Ngor Diop n’aurait jamais dû intervenir par cette voie». S’appuyant sur l’article 6 du statut des magistrats, l’Ums indique que le juge Diop, n’ayant pas été consulté, ne pouvait être affecté qu’à la condition que les nécessités de service aient été dûment spécifiées, ce qui, en l’espèce, n’a pas été le cas. Et de se désoler : «Comment prétendre justifier par des nécessités de service l’affectation de ce magistrat à la Cour d’appel de Thiès alors qu’il est remplacé par un membre de cette même Cour ?»
Evoquant les faits relatés dans la presse et selon lesquels quelques semaines avant le déclenchement de cette procédure de consultation à domicile, le président Ngor Diop avait mis sous mandat de dépôt un dignitaire religieux poursuivi pour des faits répétés et reconnus de dévastation de récoltes, menaces et voies de fait, Souleymane Téliko et ses camarades estiment que la proposition d’affectation, intervenue juste après, est une mesure de représailles prise contre un magistrat qui a entendu agir conformément à son serment, en toute indépendance. «L’affectation de M. Ngor Diop, qui n’a même pas comptabilisé deux ans à son poste de président de juridiction pour avoir été nommé en novembre 2018, constitue l’illustration parfaite de la précarité tant décriée du statut du magistrat dans notre pays», s’insurge l’Ums qui trouve qu’un recul est en train de se dessiner, au grand dam des magistrats. Dès lors, elle condamne fermement ce procédé qui, à ses yeux, constitue une atteinte grave à l’indépendance de la justice et à la dignité du magistrat.