SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
4 juillet 2025
«UNE GREVE, C’EST TOUJOURS UN RAPPORT DE FORCES»
Kalidou Diallo, ancien ministre de l’Education et ex-syndicaliste, donne une analyse des bras de fer entre Etat et syndicats qui se terminent souvent par des arrestations, condamnations, réquisitions ou menaces de radiation
Les bras de fer entre Etat et syndicats se terminent souvent par des arrestations, condamnations, réquisitions ou menaces de radiation. Quelle analyse faites-vous de cette situation ?
Ce n’est pas quelque chose de nouveau. La lutte syndicale est fondée sur des textes. D’abord sur des conventions internationales et surtout les deux conventions fondamentales : la Convention 89 et la Convention 98 sur les libertés syndicales, le droit de grève et la liberté d’organisation syndicale. Au niveau du Sénégal également, le droit de syndicalisation et le droit de grève sont reconnus par la loi 61- 33 chez le fonctionnaire et le Code du travail chez les travailleurs reconnus. C’est toujours comme ça. Donc les travailleurs ont le droit de se syndiquer, ils ont droit de porter des revendications. Le préalable avant d’aller en grève, c’est de faire un préavis au moins d’un mois et puis si le préavis est épuisé, ils peuvent aller en grève. Et là encore il y a des textes qui sont très clairs. Alors quand ils vont en grève, ils n’ont pas droit au salaire parce que le salaire c’est après service fait, mais au Sénégal en général les gens vont en grève et continuent à percevoir leur salaire. C’est anormal. Quand tu vas en grève, tu ne reçois pas de salaire dans tous les pays du monde. Maintenant l’Etat parfois peut abuser, mais il y a ce qu’on appelle les réquisitions. Quand le travail de salarié, quelque chose d’indispensable comme les questions de santé, des questions parfois fondamentales qu’il y ait assez nombre de services, c’est l’autorité qui juge s’il y a un service minimum ou si ce n’est pas nécessaire. L’Etat est fondé à faire des réquisitions pour assurer le service minimum, c’est tout à fait légal. Ça se passe très souvent au niveau de l’éducation, surtout lors de la fameuse grève du Sudes de 80 et même récemment ça s’est passé au niveau de la santé avec les réquisitions.
Au niveau du ministère de la Justice, je ne sais pas s’il y a eu des réquisitions. Mais il me semble que l’Etat a essayé de contourner les greffiers en formant des agents de l’Administration pénitentiaire à l’exercice du métier de greffier pour un peu servir de «briseur de grève». C’est le langage de syndicalistes, sinon pour un peu faire fonctionner le service de l’Etat. Je pense qu’à ce niveau-là également, c’est un problème de rapport de forces. La question de rapport de forces, c’est quoi ? Quand le syndicat est sérieusement puissant et bénéficie de suffisamment de solidarité avec les autres pour faire des pressions sur l’Etat ou soit il n’a pas la force nécessaire, et c’est l’Etat qui applique les textes parce que rien n’interdit à l’Etat justement de former des gens pour un quelconque travail, je pense qu’il faut éviter la confrontation. Il faut éviter la généralisation des mouvements parce que le Sytjust (Ndlr : Syndicat des travailleurs de la justice) appartient quand même à une centrale syndicale assez forte, c’est l’Unsas (Ndlr : Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal, dirigée par Mademba Sock) qui est la deuxième centrale syndicale du Sénégal après la Cnts (Ndlr : Confédération nationale des travailleurs du Sénégal, dirigée par Mody Guiro). Il y a quand même une solidarité de toutes les centrales. Et je pense qu’il faut aller vers des discussions et il me semble même que le ministre de la Justice les a déjà reçus. Il a même déjà reçu un syndicat rival. Je pense qu’il faut toujours laisser ouvertes les portes de la négociation et des discussions. La justice doit fonctionner parce que quand même les Sénégalais ont besoin d’un certain nombre de papiers. Parfois ce sont des choses très sérieuses pour le citoyen et l’Etat a le droit d’assurer la continuité des services. C’est toujours comme ça une grève. C’est toujours bloquer un service, mais il faut éviter le recours abusif à cette grève. Je pense que ce mouvement a assez duré. Il faudrait aller vers des discussions. Je ne sais pas à quel niveau se trouve le blocage ?
Qu’est-ce qui fait qu’on en arrive à tout ça ? Est-ce la faute aux syndicalistes ou à l’Etat ?
Je ne sais pas si c’est la faute aux syndicats ou c’est la faute à l’Etat, mais ce que je sais, comme je vous l’ai dit, le droit de grève existe et le rapport de forces, toujours c’est très important. Alors, s’il y a des «jusqu’au boutisme» au niveau des syndicats, ils vont assumer leur responsabilité. L’Etat ne doit pas du point de vue réglementaire empêcher la grève d’avoir lieu, mais il doit appliquer les textes en ponctionnant sur les salaires des intéressés et en faisant également faire fonctionner la continuité du service public. C’est pourquoi il faut toujours discuter, négocier.
Au Sénégal nous sommes un pays de dialogue. Je pense qu’il faut éviter les radiations, les suspensions, exercer le droit de grève dans le respect des textes, dans le respect de la sécurité des services. L’Etat aussi doit assumer ses responsabilités. Moi, c’est une recommandation que je fais. C’est à tous les niveaux d’ailleurs des luttes syndicales. Il faut toujours que le dialogue se poursuive, que les négociations se poursuivent et à terme le syndicalisme est un droit, la liberté de grève est un droit acquis et le syndicat, sa vocation première, c’est l’amélioration des conditions de vie de ses membres. Là aussi il faut savoir les limites, il faut toujours mesurer ce qui est possible ici et maintenant et ce qui ne l’est pas. Et il faut tenir compte également de l’opinion publique.
Dans cette grève-là, je ne sens pas l’opinion publique. Est-ce que la grève est populaire ? Est-ce qu’elle est acceptée par la population ? En tout cas, je ne vois pas, j’ai l’impression que la population est indifférente à ce niveau-là. Un syndicaliste doit être attentif à ça. C’est pourquoi un syndicaliste il faut qu’il informe les porteurs d’opinion, aussi bien les chefs religieux ici au Sénégal, la société civile, la population de façon générale. Je vois que les associations de droits de l’Homme se solidarisent par principe, mais l’opinion publique, sensible à des questions de grève, doit mobiliser tout ça. Comme parfois s’il y a une grève de l’éducation ou de la santé, des gens interviennent. Je ne le sens pas, je ne sens pas également les médiations. La justice, c’est un service très sérieux, très indispensable pour les citoyens. D’ailleurs, je pense qu’à un moment T, on sent là l’absence quand même du Premier ministre. S’il y avait un Premier ministre, il allait tout de suite réagir. Après le ministre, il n’y a que le président de la République. Il est tellement pris dans le Covid-19, dans tellement d’activités, c’est très compliqué.
«GREVE-CŒUR» POUR L’ETAT
Pour mettre un terme aux longues grèves tous secteurs confondus, l’Etat est souvent contraint à imposer son autorité en procédant à des réquisitions, ponctions sur les salaires, avec des menaces de radiation ou arrestations de leaders syndicaux
Pour mettre un terme aux longues grèves tous secteurs confondus, l’Etat est souvent contraint à imposer son autorité en procédant à des réquisitions, ponctions sur les salaires, avec des menaces de radiation ou arrestations de leaders syndicaux. Rien n’a presque changé entre hier et aujourd’hui.
C’est une tradition sénégalaise, décrochée à la suite de grandes luttes syndicales. Les grèves, qui font partie de l’histoire de ce pays, connaissent aussi des fins qui rappellent aux syndicalistes la superpuissance de l’Etat. Hier comme aujourd’hui, les longs mouvements d’humeur ne finissent pas autour d’une table de négociations : réquisitions des personnels en grève, ponctions sur les salaires, menaces de radiation, arrestations de leaders syndicaux. En 1998, le secrétaire général du Syndicat unique des travailleurs de l’électricité (Sutelec), Mademba Sock, et quelques camarades ont été arrêtés et emprisonnés pour «actes de sabotage et de menace à la sécurité publique». En son temps, la grève enclenchée par les syndicalistes avaient paralysé la machine économique, plongé les ménages dans l’obscurité.
Le président de la République d’alors, Abdou Diouf, avait pris entre autres mesures la réquisition des cadres, l’occupation des centrales de production par les militaires, mais aussi la suspension de la liberté de manifester. Face à la résistance des travailleurs, l’Etat avait procédé à la répression des manifestations avec des arrestations tous azimuts. En effet, Mademba Sock et Cie se battaient contre la volonté de l’Etat de privatiser la Société nationale d’électricité (Senelec), dictée par le Fonds monétaire international (Fmi).
Dans les années 1980, les enseignants du Sudes avaient aussi été réquisitionnés pour permettre aux élèves de reprendre le chemin des classes.
Dans le secteur de l’eau l’année dernière, la grève persistante des agents de la Sénégalaise des eaux (Sde) avait poussé l’Etat à afficher son autorité. Le président de la République, Macky Sall, avait réquisitionné, du 6 décembre 2019 à 20h jusqu’au 31 décembre 2019, l’ensemble du personnel de la Sénégalaise des eaux (Sde) pour assurer la continuité du service public de l’eau potable dans le périmètre affermé confié à la Sde. Cette décision faisait suite aux fortes perturbations notées dans la distribution correcte de l’eau à Dakar et sa banlieue. En fait, les multiples négociations entre le ministre de l’Eau et de l’assainissement, Serigne Mbaye Thiam, et l’Intersyndicale des travailleurs de la Sénégalaise des eaux (Sde) n’avaient rien donné. Les grévistes réclamaient 15% du capital de la nouvelle société qui gère la distribution de l’eau, Suez. Alors que le gouvernement du Sénégal ne voulait pas dépasser les 10%.
Serigne Mbaye Thiam, qui gérait cette crise, avait acquis une expérience pareille quand il était ministre de l’Education nationale. Face à la grève des enseignants, il avait appliqué la ponction sur les salaires, certains ont été réquisitionnés, une menace de radiation planait même sur la tête de nombreux enseignants. Finalement, tout le monde était rentré dans les rangs après les médiations des khalifes généraux des Tidianes et des Mourides.
Aujourd’hui, cette grève des travailleurs de la justice est un écho au mouvement d’humeur des enseignants, qui avait paralysé l’école en 2016. Depuis des mois, le secrétaire général du Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust), Me Aya Boun Malick Diop, et ses camarades, qui réclament la publication des décrets leur octroyant de nouvelles recettes pour alimenter le Fonds commun des greffes et consacrant le changement de statuts avant qu’ils ne soient abrogés, ont mis Thémis à l’arrêt. L’Etat qui tente de maintenir la continuité du service public a engagé des greffiers ad hoc à leur place.
Face à la confrontation qui perdure, l’Etat, d’après des indiscrétions, est en train même de «capaciter» des agents au Centre de formation judiciaire (Cfj) pour remplacer les greffiers grévistes. Selon d’autres indiscrétions, le gouvernement est en train d’étudier d’autres stratégies pour arrêter ce mouvement d’humeur qui dure depuis quasiment deux mois
LU BEES AVEC ABDOULAYE CISSÉ ET LAMINE NIANG
VIDEO
DE LA CRÉDIBILITÉ DE LA PAROLE À LA PERSUASION PAR L’ÉMOTION
EXCLUSIF SENEPLUS - Le discours officiel s'est progressivement étiolé depuis le début de la pandémie, pour finir par devenir inopérant. Conséquence : le virus continue sa marche folle - Comment sonner la remobilisation ?
Lamine Niang et Abdoulaye Cisse |
Publication 12/08/2020
Dans ce nouveau numéro de Lu Bees, Lamine Niang s’interroge depuis Montréal à propos de la crédibilité de la parole gouvernementale sénégalaise. Depuis le début de la pandémie , les autorités publiques cherchent à convaincre les citoyens du respect des règles sanitaires, mais les actions qu’elles posent semblent ramer à contre courant du discours véhiculé, ce qui décrédibilise la valeur du message.
Abdoulaye Cissé est marqué par l’appel de détresse de madame le maire de Banjul, dépassée par la tragédie des décès liés au COVID-19 dans son pays. Le journaliste met en parallèle la situation au plan national et se demande si l’on est encore capable de susciter autant d’émotion au Sénégal afin de conjurer le mauvais sort.
Après le constat, Lamine Niang et Abdoulaye Cissé nous donnent successivement l’exemple du Maroc et du Rwanda, deux des quatre pays africains exceptionnellement autorisés à entrer dans l’espace Schengen et qui se distinguent positivement dans leur bonne gestion de la pandémie.
Lu Bees est talk audiovisuel hebdomadaire de SenePlus réalisé et monté par Boubacar Badji.
SI LES MESURES BARRIERES NE SONT PAS RESPECTEES, LES MORTS ET CAS GRAVES VONT SE MULTIPLIER
Le directeur de l’hôpital régional Heinrich Lübke de Diourbel, Dr el Hadj Amadou Dieng, trouve que la recrudescence des cas positifs et des morts liés à la Covid-19 est la résultante du relâchement des sénégalais face à la pandémie
Le directeur de l’hôpital régional Heinrich Lübke de Diourbel, Dr el Hadj Amadou Dieng, trouve que la recrudescence des cas positifs et des morts liés à la Covid-19 est la résultante du relâchement des sénégalais face à la pandémie. C’est pourquoi il préconise le respect strict des mesures barrières qui, d’après lui, constituent l’unique alternative.
«On a constaté la recrudescence des cas de Covid-19. Au Sénégal, nous avons tous remarqué que la population ne respecte plus les mesures barrières. Et actuellement, notre seule solution, le seul vaccin, la seule alternative que nous avons contre cette pandémie, ce sont les mesures barrières. » Ces propos sont tenus par le directeur de l’hôpital régional Heinrich Lübke de Diourbel. Mais Dr El Hadj Amadou Dieng demande aux Sénégalais qui ont démissionné face à la pandémie de faire preuve de plus de discipline pour pouvoir stopper la spirale de décès. «Maintenant, il faudrait qu’on revienne à une certaine discipline au niveau de la communauté pour que tout ce qui est distanciation sociale, lavage des mains, et surtout le port du masque, puissent être respectés par la population. Et aujourd’hui, on note une nette démission de la population par rapport à ces mesures barrières. Et si ces mesures barrières ne sont pas respectées, la propagation de la pandémie s’accélère et les cas graves vont se multiplier.
Et c’est justement aujourd’hui le constat noté par rapport à la propagation de la Covid-19». Néanmoins, le spécialiste se veut optimiste quant au possible recul de la pandémie dans le Baol où selon lui, la situation est en train d’être maîtrisée. «Pour Diourbel, on note une certaine maîtrise globale de la situation. Et ce, même si nous avons des cas graves de temps à autre. En tout cas pour le département de Diourbel, les cas qui sont reçus au niveau de l’hôpital régional Heinrich Lübke sont conditionnés. D’abord ils sont isolés, mis sous oxygène, parce qu’aujourd’hui l’oxygène est disponible à l’hôpital Lübke, et puisque le centre de traitement des patients de la Covid-19 est à Touba, les patients sont parfois transportés sur ambulance médicalisée vers l’hôpital Fawzeyni. C’est comme ça que nous les gérons. C’est vrai qu’on a parfois des décès, mais il faut aussi noter que nous avons des succès avec des cas graves qui sortent de réanimation et qui sont guéris et rentrent à la maison», a-t-il expliqué.
LE CARREFOUR DES DELINQUANTS
Jadis réputée pour son calme, la Cité Ainoumady-extension est devenue un terreau fertile de la délinquance à cause d’une gare routière de fortune
Jadis réputée pour son calme, la Cité Ainoumady-extension est devenue un terreau fertile de la délinquance à cause d’une gare routière de fortune. Agressions incessantes, trafic de chanvre indien, alcool, les populations de ce quartier de Keur Massar apprennent à vivre avec ce «virus» de l’insécurité, la peur au ventre.
La maladie de la Covid-19 qui sévit dans le pays n’épargne pas les populations de Keur Massar et surtout celles de la Cité Aïnoumady où sont situés le grand marché de la commune, des centres commerciaux et un marché noir de téléphones portables. Ce qui fait ainsi de cette cité, jadis enviée pour son calme et la sécurité qu’elle procurait, une poudrière sanitaire.
Outre la psychose de la propagation de la Covid-19, les populations sont confrontées aux nombreuses nuisances provoquées par la gare routière de fortune de l’arrêt de la Cité Aïnoumady-extension. En effet cette gare qui devait, à la base, être provisoire (le temps pour les autorités de trouver une planque pour les minicars), est devenue depuis deux ans le repaire des délinquants à Keur Massar. Ce, au grand dam des populations de la Cité-extension et du quartier de Médina Kell. Ces dernières regardent tous les jours, sans pouvoir rien y faire, de jeunes délinquants envahir les portes de leurs maisons, ivres morts, guettant la moindre occasion pour chiper les portefeuilles, les sacs et portables des passants. Le tout dans un décor où la fumée du yamba «enivre» les occupants des maisons environnantes. Une situation qui vient s’ajouter aux nombreuses provocations, insultes et intimidations. Qui plus est, il y a le vacarme des minicars qui tympanisent les riverains. En outre, à partir de 19h, la gare devient un véritable marché où les vendeurs de chanvre indien rivalisent d’ardeur et de subterfuges pour écouler leurs produits. «Quelqu’un m’a dit qu’il y a même une bataille que se livrent les vendeurs pour gagner ce marché de chanvre indien», confesse un jeune.
L’IMPUISSANCE DU MAIRE MOUSTAPHA MBENGUE
Et il ne se passe presque pas un jour sans que quelqu’un ne soit agressé. Sous le regard médusé des habitants atteints de fatalisme et qui n’ont que leurs yeux pour pleurer. En effet, interpellé, le maire de Keur Massar Moustapha Mbengue a fait étalage de toute son impuissance et de son incapacité à trouver des solutions à ce problème.
l’édile de la localité, Keur Massar n’a plus d’espace et il n’a pas pour le moment de solutions pour loger ces minicars. À l’en croire, la seule alternative est de déclasser une partie de la forêt classée de Mbao pour y ériger une grande gare routière qui pourra accueillir tous les transporteurs. En attendant, les habitants de cette localité «consomment» les délits de ces jeunes. Les descentes sporadiques de la gendarmerie ne sont manifestement qu’un coup d’épée dans l’eau puisque ces délinquants continuent quotidiennement de commettre leurs forfaits. « Nous avons écrit des correspondances au maire, au commandant de la gendarmerie de Keur Massar, au commissaire de Jaxaay, au préfet pour leur expliquer la situation qui prévaut actuellement dans cette gare », soutient le coordonnateur du conseil de quartier de la Cité Extension Babacar Sow, visiblement dépité par la situation. Le ton empreint de colère, il ajoute : «Ce que nous subissons actuellement est très difficile.
Et ce qui me révolte le plus, ce sont les jeux de cartes faits au vu et au su de tout le monde devant nos portes, avec son lot d’incidents er de conséquences pour le quartier.» M. Sow signale aussi l’indifférence des autorités contactées qui n’ont eu aucune réaction pour déloger les occupants de la gare routière. Aucune des correspondances envoyées n’a obtenu de réponse. «Nous sommes laissés à nous-mêmes et souvent le quartier frôle le pire, parce que les jeunes du quartier, mécontents de cette situation, ne pensent qu’à en découdre avec ces délinquants», regrette le jeune coordonnateur du quartier qui souligne que ce sont les sages du quartier qui les dissuadent de cette intention.
Par ailleurs, il rappelle aussi que le maire a fui toutes ses responsabilités face à cette situation. «Il nous a dit clairement qu’il n’avait pas de solution à ce fléau, parce que tous les quartiers de Keur Massar vivent la même situation et que nous n’avons qu’à prendre notre mal en patience», se désole Babacar Sow. En tout cas, les autorités sont averties, car cette gare est une bombe qui peut à tout moment exploser.
LA CES RECLAME UNE DETTE DE 47 MILLIARDS A LA SENELEC
Depuis le démarrage des activités en octobre 2018, la Centrale électrique de Bargny fournit de l’électricité à moindre coût à la Senelec (Ndlr : 56 Fcfa le Kw) conformément à son objectif de combler le gap énergétique dont souffre le Sénégal.
La Senelec refuse de payer ses factures. C’est du moins ce qu’ont soutenu les actionnaires de la Compagnie d’électricité du Sénégal (Ces), en marge d’une visite guidée effectuée hier dans les installations de la centrale à charbon de Bargny, l’une des plus grandes centrales en Afrique de l’ouest. A en croire l’administratrice générale de la Ces, Hiba Sabbagh et ses collaborateurs, la Senelec leur doit une ardoise qui s’élève à 47 milliards Fcfa. C’est pourquoi la Ces a invité l’état du Sénégal à actionner la société nationale d’électricité pour qu’elle respecte ses engagements envers elle. Ce, conformément au mécanisme de garantie qu’il a émis à leur profit.
Depuis le démarrage des activités en octobre 2018, la Centrale électrique de Bargny fournit de l’électricité à moindre coût à la Senelec (Ndlr : 56 Fcfa le Kw) conformément à son objectif de combler le gap énergétique dont souffre le Sénégal. De cette date à juillet 2019, elle a fourni 400 mille MW valorisés à 40 milliards de Fcfa à la Société Nationale d’électricité qui les a distribués à ses consommateurs. Toutefois, d’après la CES, de cette date à aujourd’hui, ils n’ont reçu aucun centime de la Senelec. «Entre octobre 2018 et juillet 2019, 17 milliards de facturation sont en instance et encore non payés. Comme le contrat prévoit que dès que la centrale est disponible, le compteur de facturation démarre, cela veut dire que de novembre 2019 à fin juillet 2020, la CES a envoyé à la centrale environ 30 milliards de facturations en plus de ces 17 milliards. Ce qui fait un total, à la date d’aujourd’hui, de 47 milliards », a révélé le responsable pour les finances et administrateur adjoint à la CES Malick Seck.
Par ailleurs, dit-il, entre juillet et novembre, il y avait eu des interventions d’entretien auprès de la centrale. Et à partir du 27 novembre 2019, la centrale est redevenue disponible après quelques mois d’interruption afin d’effectuer des travaux de maintenance corrective. Depuis cette date, renseigne-t-il, ils ont fait appel à la Senelec pour pouvoir reprendre. Mais, indique-t-il, jusqu’à présent il n’y a pas eu de compromis par rapport à ce redémarrage.
Avant de rappeler à la Senelec son unique client que la centrale électrique est entièrement exploitable et en mesure de produire de l’électricité de manière efficace et à moindre coût. En outre, fait-il savoir, le contrat prévoit la mise en place d’un comité d’exploitation chargé de régler tout ce qui est problème technique ou d’interprétation du contrat. A noter, selon les termes de Malick Seck, que la Compagnie d’Electricité du Sénégal est liée à la Senelec pour un contrat de 25 ans. « Depuis le début, nous avons noté des défaillances par rapport à l’interprétation du contrat. Quand je dis défaillance, c’est par rapport à l’interprétation du contrat. Et c’est même la source des problèmes », déplore-t-il. Quant à l’interprétation même d’une unité de base, explique-til, une centrale comme celle-là, c’est une seule unité qui fait 125 MW. D’ailleurs, ajoute-t-il dans ses explications, au terme du contrat, la CES ne peut vendre qu’à la Senelec. Dans le même esprit, l’administrateur adjoint signale une autre défaillance.
A ce propos, dit-il, avant même le démarrage du projet en octobre 2018, la Senelec devait mettre à la disposition de la centrale une lettre de crédit. Cette ligne de crédit, note Malick Seck, était censé couvrir toute défaillance de paiement de la Senelec. «Comme la centrale a démarré en octobre 2018, la ligne de crédit devait être mise en place en novembre 2018, c’est-à-dire un mois après comme prévu dans le contrat. A la date d’aujourd’hui, cette ligne n’a jamais été mise place », fustige-t-il. Ce qui explique, dit-il, le fait qu’ils n’ont pas la possibilité d’aller à la banque et de tirer sur cette ligne de crédit pour couvrir les défaillances d’éventuels paiements de la part de la Senelec. Par ailleurs, assure-t-il, cette ligne de crédit devait avoir environ 6,5 milliards. Par conséquent, regrette-t-il, c’est ce qui fait que la Senelec peut se permettre de ne pas honorer ses engagements. Car la CES n’a pas d’autres moyens pour lui faire payer sa dette conformément au terme du contrat.
UNE CRISE FINANCIÈRE SANS PRÉCÉDENT
Par conséquent, cette situation risque de plonger la Compagnie d’Electricité du Sénégalais composée de capitaux d’étrangers et de nationaux dans la tourmente. «Nous sommes confrontés à un sérieux problème de fonctionnement. Parce que la centrale a démarré en octobre 2018 et, à nos jours, n’a encore reçu aucun paiement de la Senelec à part des remboursements des consommations de charbon qui sont prévus dans le contrat », fait-il savoir. Mieux, il est à noter également que la facturation est la seule source de la Compagnie d’Electricité du Sénégal. Actuellement, renseigne Malick Seck, ce sont uniquement les actionnaires qui sont en train de mettre la main à la poche pour assurer la continuité de l’exploitation et le salaire des 150 travailleurs qui sont sur place.
GUY MARIUS SAGNA TIRE SUR LE MINISTRE ABDOULAYE DIOP
Le coordonnateur du mouvement Frapp France Dégage accuse le ministre de la Culture Abdoulaye Diop de faire dans le népotisme, en laissant en rade des animateurs culturels diplômés.
C’est à croire qu’il ne se fatigue jamais. Guy Marius qui a passé la journée d’avant-hier (lundi 10 août) dans les locaux du Commissariat Central tire à nouveau sur le régime. Cette fois-ci, le coordonnateur du mouvement Frapp France Dégage accuse le ministre de la Culture Abdoulaye Diop de faire dans le népotisme, en laissant en rade des animateurs culturels diplômés.
«Mettre en quarantaine la culture du népotisme». Tel est l’intitulé du communiqué publié par l’activiste Guy Marius Sagna qui critique la gestion du ministre de la Culture et de la Communication Abdoulaye Diop. Le leader de Frapp France Dégage qui a maille à partir avec la justice à cause de son militantisme se désole du fait qu’il y ait 29 animateurs culturels diplômés d'État (après 03 ans de formation) qui chôment depuis des années. «Au même moment, le ministre de la Culture a donné 19 contrats à des jeunes non diplômés de sa clientèle politique. Autrement dit, si le ministre de la Culture Abdoulaye Diop avait donné ces 19 contrats aux diplômés de l'Ecole nationale des arts, il n'y aurait que 10 animateurs culturels chômeurs», souligne Guy Marius Sagna qui a passé la journée de lundi dernier dans les locaux du Commissariat Central.
Toujours aussi sévère avec le régime, il ajoute : « Monsieur le ministre Abdoulaye Diop, ces 19 contrats donnés à votre clientèle politique sont payés de votre poche ou de la poche du peuple sénégalais ?» Citant des noms, l’activiste révèle qu’il y a au moins 11 retraités au ministère de la Culture. Autrement dit, il indique que si le ministre Abdoulaye Diop avait laissé nos chers séniors partir à la retraite, aucun des 29 diplômés d'État de l'Ecole nationale des arts ne serait au chômage aujourd’hui.
Ainsi, il recommande au ministre Abdoulaye Diop de mettre un terme à la culture du népotisme dans son ministère. Se prononçant brièvement sur son arrestation du lundi, il affirme : «C'est à 18h hier que le Commissariat central m'a dit : nous vous laissons retourner chez vous, car nous n'avons aucune infraction contre vous.»
LES POISSONNIERES DE KEUR MASSAR ONT PLUS PEUR DE L’AMENDE FINANCIERE QUE DU VIRUS
Les nouvelles mesures prises par les autorités, notamment le port obligatoire, bien que contraignantes pour les vendeuses de poisson sont pourtant respectées par ces dernières.
Les nouvelles mesures prises par les autorités, notamment le port obligatoire, bien que contraignantes pour les vendeuses de poisson sont pourtant respectées par ces dernières. De fait, c’est surtout la sanction financière frappant les récalcitrants qui les pousse à se conformer aux interdictions édictées par ces autorités.
La répétition étant pédagogique, le message du ministre de l’Intérieur de ce vendredi semble être bien compris par la population. Dans les différentes rues de la capitale, nos compatriotes ont, dans leur majorité, commencé à respecter le port du masque qui est devenu obligatoire. Au marché jumbo de Keur Massar, les poissonnières, jusqu’ici réticentes au port du masque, ont fait l’effort de mettre cet accessoire sur leur visage. Peu préoccupées par les impératifs de santé publique, ces braves dames ont plutôt le souci d’éviter de se voir délester de quelques billets de banque pour payer l’amende financière à laquelle sont exposés les contrevenants au port du masque. Yvonne Sagna, rencontrée au marché jumbo, étale ses convictions.
Habillée de vêtements traditionnels sur laquelle elle a mis un tablier rouge, notre interlocutrice indique qu’ « au niveau de ce marché, nous autres poissonnières portons les masques jusque pour éviter d’avoir à payer l’amende financière. Nous nous préoccupons moins du virus que de l’amende financière qui peut grever nos recettes ». « Le peu que nous gagnons si nous devons en être délestées de 3000 frs à 20.000 frs, ce serait carrément nous ruiner » ajoute-t-elle en souriant et en affichant une insouciance énorme. Une telle déclaration est partagée par l’ensemble des poissonnières du marché qui semblent adhérer à la posture de Yvonne Sagna.
Dans ce lieu d’approvisionnement en denrées alimentaires et autres types de produits, excepté le port du masque, aucune mesure préventive n’est respectée par les différents acteurs du marché. En outre, dans ce lieu de forte concentration humaine, personne ne semble se soucier de la distanciation physique. Il serait à la limite difficile de respecter certaines mesures, dès lors qu’il n’existe aucun contrôle pour gérer le nombre très important de personnes qui viennent se ravitailler dans ce gros marché. L’étroitesse des allées ne facilite d’ailleurs guère le respect des gestes barrières. L’ambiance est bon enfant, les discutions vont bon train, les étals sont pris d’assaut. Le port du masque est respecté mais, pour ces commerçantes, leur souci majeur n’est plus le covid-19 et ses multiples conséquences très néfastes, mais plutôt l’amende financière qui leur sera infligée si elles ne respectent pas les interdictions du ministre de l’Intérieur.
Cette perception n’est pas propre aux poissonnières du marché jumbo, elle est aussi partagée par les commerçants du Grand marché de Keur Massar, situé derrière le fameux rond-point devenu l’identité de la commune ou bien le point de repère des étrangers qui débarquent pour la première fois dans la commune. Une marée humaine campe le décor de ce marché. Ici, le port du masque est visible sur tous les visages. Une dame assise sur une chaise, Ndèye Fatou Dieng, assise sur une chaise, parapluie au-dessus de la tête pour se protéger contre la canicule qui dicte sa loi, avoue plus craindre l’aspect pécuniaire que la pandémie. « Nous portons malgré nous le masque qui nous étouffe. Certes, le virus est dangereux et le marché peut être un lieu de transmission. Nous en sommes conscientes et d’ailleurs nous contraignons nos collègues récalcitrantes à porter le masque. Parce que si nous ne le faisons pas, on risque non seulement de se voir infliger des amendes qui vont diminuer nos maigres chiffres d’affaires, mais aussi les clientes peuvent nous fuir pour aller vers d’autres marchés » explique Mme Dieng.
Le discours du ministre de l’intérieur laisse les citoyens sur leur faim
Beaucoup de citoyens restent sur leur faim car, pour eux, rien de nouveau sous le soleil à propos des mesures barrières. Interpellé sur le discours du ministre de l’Intérieur, M. Benoit Diédhiou, résident de la commune Sicap Mbao, manifeste sa déception. « Avant d’exiger le port du masque, l’Etat devrait au préalable en distribuer à la population. De ce fait, il serait plus confortable à partir du moment où les gens en disposeraient en qualité et en quantité », dit-il. Selon notre interlocuteur, s’il s’agit de sanctionner, les autorités sont très promptes alors qu’elles ont déserté le champ du combat en laissant le peuple seul face à son destin. Beaucoup de jeunes rencontrés dans la banlieue manifestent leur désaccord, soutenant que l’Etat ne fait rien pour le peuple dans la mesure où les 10.000 000 de masques tant chantés par les autorités ne sont pas encore distribués et cela fait plus de 5 mois que la population attend. Selon ces jeunes, ils sont si paumés qu’ils ne peuvent se payer un bout de pain, alors leur imposer le port du masque… Ils interpellent donc l’Autorité à doter le peuple en masques et abondamment.
LES KAMA, UNE SAGA FAMILIALE AU SERVICE DU SENEGAL
Cette grande famille sérère dont l’histoire prend les contours de Mbodiène d’où sont originaires les parents des Kama (Amath et Fatou Diouf) a marqué la vie politique du pays des indépendances à nos jours
La mort de Mansour Kama ce dimanche 02 août constitue l’épilogue de la saga d’une famille qui à travers le défunt et ses deux autres frères disparus avant lui, le juge Laïty et l’administrateur civil Pierre Babacar, a été au service de l’Etat et du peuple notamment le secteur privé local.
Autant le premier nommé a été l’artisan de la défense du patronat national et fervent acteur du patriotisme économique, autant ses deux ainés se sont brillamment illustrés à travers la justice sénégalaise et internationale, mais aussi dans la Haute administration du pays. Si la jeune génération connaît plus ou moins le président Mansour Kama, elle peinerait à évoquer les deux autres illustres fils qui ont marqué le Sénégal par leur engagement, leur courage et leur contribution dans sa construction. Le Témoin évoque la saga fabuleuse des Kama.
Comme celle des Kennedy aux Etats-Unis, en moins flamboyante, l’on peut bien parler au Sénégal d’une saga des Kama. Cette grande famille sérère dont l’histoire prend les contours de Mbodiène d’où sont originaires les parents des Kama (Amath et Fatou Diouf) a marqué la vie politique de notre pays des indépendances à nos jours. Rarement, une famille n’a été aussi présente que celle des Kama aux plus hautes sphères de l’Etat (Leïty Kama et Pierre Babacar) et au sein du privé national. Le premier, l’aîné de la famille, le juge Laity Kama, né en 1939 à Dakar et décédé le 6 mai 2001 à Nairobi (Kenya) fut le premier président du tribunal pénal international pour le Rwanda (tPIr), une fonction qu'il occupa de 1995 à 1999, pour deux mandats successifs.
Laity Kama entre dans la magistrature au Sénégal en 1969. Il a exercé comme procureur adjoint près la cour d'appel et la cour d'assises de Dakar pendant quinze ans. En 1992, il est nommé premier procureur-adjoint à la cour suprême du Sénégal.
En parallèle, Laïty Kama enseigne pendant vingt ans à l'École nationale d'administration et de magistrature (ENAM) de Dakar, un établissement qu'il a contribué à fonder1. En mai 1995, il est nommé juge auprès du tribunal pénal international pour le Rwanda (tPIr) et occupe ce poste jusqu'en juin 1999. Il est aussi élu premier président du tPIr, un poste auquel l'avocate sud-africaine navanethem Pillay lui succède en 1999. Il meurt le 6 mai 2001. À sa mort, le drapeau des nations unies est mis en berne devant le tribunal pénal international pour le Rwanda (tPIr). Tom Kennedy, le responsable du service de presse et des relations publiques du tPIr, qualifie la disparition du juge Kama de « triste perte ». En octobre 2001, l'une des trois salles d'audience du tribunal pénal international pour le Rwanda est dédiée au juge Kama…
Pierre Babacar Kama, le grand capitaine d’industrie
Si l’ainé s’est illustré dans la magistrature, Pierre Babacar Kama dénommé « le Grand » est plus connu par le Sénégal des années d’indépendance et jusqu’à la première alternance. Administrateur civil, il a été un grand bâtisseur pour avoir réussi à mettre sur pied la première industrie du Sénégal, les Industries chimiques du Sénégal (Ics). Le mercredi 12 février 2003, alors que dans tous les foyers du Sénégal, la tabaski, la fête du mouton était célébrée, une triste nouvelle est tombée. Elle prenait au début les contours d’une mauvaise blague qui suintait des cœurs après «la balma akh » et surtout au moment où tout le monde s’affairait autour des fourneaux pour de franches dégustations du mouton. « Pierre Babacar Kama est mort » apprenait-on. Le grand bâtisseur s’est effondré à Paris des suites d’une longue maladie. « Pierre Babacar Kama était de la race des grands serviteurs de l’Etat.
Tout l’avait préparé à cela » dira le président Abdou Diouf dans la préface du livre « Pierre Babacar Kama, un homme de valeur. Témoignages » par Mme Ndèye Seynabou Tall Wade. « Il est des générations qui marquent leur époque, au-delà des frontières, par-delà les clivages humains. celle dont fait partie Pierre Babacar Kama a épousé la dimension des apôtres de la construction nationale dès l’aube des soleils de nos indépendances écarlates » écrivait feu Babacar Touré, fondateur du Groupe sud communication et très proche ami du fondateur des Ics dans le même document. Babacar Touré, récemment disparu et que notre pays pleure encore, avait ajouté que « cette génération-là ne s’est pas contentée des leurres d’une soporifique contemplation. Elle ne s’est pas non laissé éblouir par l’éclat des mimétismes déstructurant des modes de pensée et des modèles de consommation légués par la métropole.
Cette génération-là, formée à bonne école, nourrie aux valeurs de la république et de l’Etat, a fourni à l’Administration des cohortes de cadres de haut niveau à l’âme de bâtisseur et à l’esprit de pionnier.
Autour de Babacar Bâ, alors ministre des Finances de Léopold Sédar Senghor, une garde rapprochée de conseillers techniques nationaux parmi lesquels, Bécaye Sène, Momar talla Cissé, Pierre Babacar Kama. Tous trois se distinguent par une formation commune de commissaires aux enquêtes économiques, après une licence de sciences économiques. Sortis de la prestigieuse école des enquêtes économiques du quai Branly à Paris, jumelle de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) ». Bécaye Sène réalisa la Banque de l’Habitat du Sénégal, Momar talla Cissé sera la directeur de cabinet de Babacar Ba et, plus tard, ministre du tourisme. Le dernier du trio, Pierre Babacar Kama, réalisera les Ics, un projet utopique de 75 milliards de frs. une somme colossale à l’époque. « Certes, la conjoncture, le marasme économique, les faibles performances d’une économie sous ajustement structurel ne pouvaient guère favoriser l’avènement d’un tel projet.
Si Abdou Diouf l’a pensé, Pierre a eu à le réaliser. Pierre Babacar Kama, grâce à un style de management, réussit à doubler rapidement la production d’acide phosphorique du Sénégal en 1990. D’ailleurs, en un moment, face à un environnement en récession de la fin des années 80, l’Etat voulait changer la direction de l’entreprise pour l’arrivée de l’expertise étrangère, Pierre Babacar Kama réussit à convaincre son ami Abdou Diouf de sa capacité à redresser la situation. Il parvient au mariage avec la société sénégalaise des phosphates de Taïba pourvoyeuse de la matière première utilisée par les Ics, le 26 septembre 1996, une manière d’assurer la survie de la filière phosphatée par l’intégration des diverses composantes. C’est d’ailleurs sous son règne que verront le jour la société sénégalaise des engrais et des produits chimiques (SENCHIM) et SENCHIM AG, ainsi que la filiale ferroviaire (La Sefics), la sous-traitance et l’essaimage favorisant la création d’entreprises moyennes autour du géant. Le 12 novembre 1998, il a réussi à mobiliser auprès des partenaires financiers un pactole de 180 milliards de francs pour le doublement de la capacité des Ics.
Pierre Babacar Kama, à son départ des Ics en 2001, avait laissé une société qui réalisait un chiffre d’affaires tournant autour de 200 milliards de francs avec une production passée à 600.000 tonnes » écrivait votre serviteur, auteur de ces lignes, dans les colonnes du « Matin » du 13 février 2003. Kama a laissé en postérité les hôtels Laguna Beach et Sarène Beach. Le journaliste Mamadou oumar ndiaye, dans le « témoin » du 16 février 2003, dira que Pierre Babacar Kama était un seigneur. ce dernier et son défunt frère Mansour n’ont jamais voulu exécuter une condamnation de 46 millions de frs contre le témoin dans une affaire de diffamation.
Le témoin soutenait alors le transporteur Mapathé NDIOUCK dans une affaire qui opposait ce dernier à Pierre Babacar Kama. « Un jour, il m’a appelé au téléphone portable pour me demander de passer à son bureau à l’immeuble Fahd. A mon arrivée et devant ma gêne, il m’a demandé d’oublier ce qui s’était passé, estimant que c’était un malentendu et qui lui, avait tourné la page. Il voulait qu’on échange des vues sur la situation du pays. Deux ou trois fois de suite, nous nous sommes revus, toujours pour parler des problèmes du pays. Jamais l’ombre d’un reproche dans sa voix, ou son regard. C’était un seigneur » écrivait Mamadou Oumar ndiaye, actuel directeur de publication du « témoin » quotidien.
Mansour Kama, un patriote économiste
Le florilège d’hommages rendus par tous les segments du pays à Mansour Kama, décédé ce dimanche 03 août, témoigne, si besoin en est, que la vie de l’homme sur terre n’a pas été inutile. Bien au contraire ! Les témoignages sont unanimes sur l’engagement de l’homme dans la mise en place et la défense d’un patronat local pour faire face à l’accaparement du tissu économique par le patronat étranger. C’était tout le sens du combat mené depuis plus de 30 ans par Mansour Kama à la tête de la confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES) dont il fut un des fondateurs avec feu Maktar Sow. Il avait d’ailleurs succédé à ce dernier — qui fut le fondateur de la société industrielle des produits laitiers — à la tête de la CNES. Dans le sillage du Plan d’ajustement structurel des années 90 qui avait débouché sur le fameux Plan Sakho-Loum, des plans marqués par des mesures drastiques et contraignantes des Institutions de Bretton Woods et dans un contexte marqué par des monopoles étouffants comme sur le riz avec la caisse de Péréquation, le sucre avec la compagnie sucrière sénégalaise, le système économique du pays était gangréné par des verrous administratifs ou politiques. Des verrous dominés par des affairistes et des clans permettant la mise en place de situations de rentes au profit de privilégiés. Mansour Kama avait compris la nécessité.
TSA RECLAME DE MEILLEURES CONDITIONS DE TRAVAIL
En colère depuis lundi, les employés de Téranga Sûreté aéroportuaire (Tsa) à l’aéroport international Blaise Diagne de Diass sont en mouvement d’humeur.
En colère depuis lundi, les employés de Téranga Sûreté aéroportuaire (Tsa) à l’aéroport international Blaise Diagne de Diass sont en mouvement d’humeur. Hier, ils étaient en brassards rouges pour réclamer de meilleures conditions de travail.
Les agents de Téranga sûreté aéroportuaire (Tsa), une société intervenant sur la plateforme de l’aéroport international Blaise Diagne de Diass ont manifesté leur mécontentement hier par un port de brassards rouges pour réclamer de meilleures conditions de travail et de rémunération. L’un des délégués confie qu’une bonne entreprise doit se soucier de son personnel. «Une entreprise qui ne se soucie pas de son personnel, qui continue de promouvoir la médiocrité ne favorise pas un bon climat de travail. Nous faisons de la sûreté mais malheureusement nous avons des contrats de commerçants. C’est-à-dire, nous sommes dans la convention du commerce. Nous avons à la tête du top management au niveau des opérations des gens qui ne connaissent pas le métier. Nous sommes dans une entreprise où il faut avoir un parent pour avoir des responsabilités », a regretté le délégué qui préfère taire son nom. A l’en croire, le coordinateur principal leur impose son fils au niveau des opérations de prestation de la compagnie Air Sénégal « parce que son père est au niveau des opérations Pif (Poste des inspections de filtrage)».
Poursuivant, notre interlocuteur soutient que le salaire des employés de Téranga sûreté aéroportuaire est misérable et peuvent rendre les agents vulnérables à la corruption, ce qui, sans doute, pourrait être un danger pour la sûreté aéroportuaire. « Nous faisons 12 heures de service et peinons à avoir de quoi manger. Les représentants du personnel ne sont pas consultés pour des questions qui nécessitent le point de vue des délégués », se plaint encore notre source. Les travailleurs se plaignent aussi d’être menacés par la direction, surtout ceux d’entre eux qui ont adhéré à un syndicat. « Nous avons décidé de porter des brassards rouges juste pour lancer un signal. Nous voulons dire aux dirigeants de la société que s’ils ne font rien, nous allons passer à la vitesse supérieure, nous n’écartons pas d’arrêter le service et dans ce cas, ce sont des milliards de francs que l’Etat va perdre », avertit notre délégué du personnel.