SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
10 mai 2025
LA LONGUE MARCHE VERS L'INDÉPENDANCE PHARMACEUTIQUE
Pour produire la moitié de ses médicaments d'ici 2035, le Sénégal doit surmonter trois obstacles majeurs, dont les coûts de production, la taille limitée du marché et le manque de coordination entre chercheurs, selon Serigne Omar Ndiaye
Soucieux de promouvoir de manière dynamique l’accès de ses populations à une prise en charge médicale de meilleure qualité, le Sénégal développe une politique ardue de relance de son industrie pharmaceutique. Le pays prévoit de produire, d’ici 2035, la moitié des médicaments dont-il a besoin. Des actions sont mises en œuvre pour atteindre cet objectif. Pour le professeur Serigne Omar Ndiaye du laboratoire analytique et bromatologie de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, l’État doit d’abord travailler à mettre en place des grandes unités de recherche qui mutualiseront les compétences de différentes universités. Pour atteindre la souveraineté pharmaceutique, il soutient que le Sénégal devra orienter les industries existantes vers la qualité pour faire labelliser ses produits, ce qui est un gage de confiance. Entretien.
Dans quel état est l’industrie pharmaceutique au Sénégal ?
Il y a eu le plan de relance qui a été évalué, il n’y a pas longtemps. Et je pense qu’il y a une nouvelle dynamique avec les nouvelles autorités qui parlent surtout du développement de l’industrie pharmaceutique. C’est vrai qu’au Sénégal, souvent, on est très ambitieux au départ. Les idées sont très bonnes, mais on pèche surtout dans la mise en œuvre. Il ne suffit pas d’avoir de la volonté, des ambitions et des objectifs. Il faut aussi avoir des stratégies surtout de mises en œuvre efficaces. C’est cela notre difficulté. Vous avez certes des noms d’industries qui rencontrent des difficultés, des noms d’industries qui se battent pour exister. Dans tous les pays du monde, l’industrie est accompagnée soit par les États, soit par le secteur privé, ou soit par le partenariat public-privé. Il y a des facteurs qui impactent lourdement sur la rentabilité et la compétitivité de nos industries. Ce sont les facteurs de production. C’est aussi un système réglementaire adapté, agile et approprié. Il en est de même des politiques d’incitation pour ces industries-là. Au Sénégal, il est plus facile d’importer un médicament, de le vendre. Tout simplement parce que le produit fini que vous importez, il est dispensé de TVA alors que si vous devez importer les produits de fabrication, les machines, les intrants, les réactifs, les outils de conditionnement, pour la plupart, ces produits sont taxés. Et malheureusement, ça, c’est un coût énorme. Le transport de ces produits également coûte cher. Voilà ce qui me fait dire, sans être pessimiste, quand on parle de souveraineté, que ce n’est pas demain la veille.
Qu’est-ce qui justifie ce sentiment ?
On ne peut pas juste être souverain parce que nous produisons le produit A ou B en sachant que tout ce qu’il faut pour les produire, vous l’importez. Je préfère le terme résilience. Nous ne sommes plus dans un monde cloisonné. Le Sénégal n’est pas un géant en termes de marché pharmaceutique. Nous sommes une dizaine de millions. Si on a 4 à 5 industries, à terme, même si elles parviennent à produire, ça va être très difficile de tenir le coup dans le long terme. Pour être rentable, il faut du volume. Et ce volume-là, on ne l’a pas toujours.
Que préconisez-vous ?
Aujourd’hui, pourquoi ne pas orienter les industries sur des segments de produits pour éviter qu’on se marche dessus, pour pouvoir avoir également le marché de volume. Il y a tellement de politiques d’accompagnement comme le fait de réguler de manière intelligente et efficiente les importations par rapport à la production locale, ou des politiques d’agitation. Je pense que le plus important, c’est la qualité. Il n’y a que la qualité de ce produit-là qui permettra à l’industrie locale de conquérir le marché national, mais aussi d’aller à la conquête du marché sous-régional et pourquoi pas régional. Avec la mise en place de l’Agence africaine du médicament, ily a des comités techniques sur l’évaluation des produits médicaux, dont je suis membre, des comités sur l’évaluation des bonnes pratiques de fabrication qui évaluent les dossiers soumis par les fabricants. Si votre produit est labellisé par l’Agence africaine du médicament, c’est un gage de confiance, de qualité et vous pouvez donc aller conquérir le marché. Nos industries devront également se battre pour être conformes aux critères internationaux de qualité, pas de qualité à minima, mais aux critères internationaux de standard pour pouvoir aller conquérir au-delà du marché local, le marché international. Et l’autre facteur, ce sont souvent les compétences. Ily a des besoins en médicaments, en compétences qui n’étaient pas toujours là. Ça explique toutes ces réformes opérées pour mettre en place des formations et cela avec un rôle important qu’est en train de jouer la Delivery Unit, qui est une communauté de coordination du plan de relance de nos pharmacies, logée au niveau du ministère de la Santé et de l’action sociale ainsi que la mise en place de l’Agence de réglementation pharmaceutique.
Qu’en est-il du potentiel existant de chercheurs dans les universités ?
Je dis toujours que l’université a un potentiel qu’elle ne valorise pas suffisamment. C’est toute cette masse de chercheurs aguerris qui ne demandent qu’à être appuyés, qu’à être financés pour pouvoir mener des recherches qui vont adresser les questions essentielles de la population. L’université a une mission de formation, de recherche, mais aussi de service à la communauté. Et cela passe par la prise en charge de ces questions de société, de ces questions étatiques pour pouvoir les adresser efficacement. Donc, il faudra repenser le modèle universel.
Comment y arriver ?
Il faudra plus de cohérence dans l’organisation, mais également dans la recherche. Je trouve qu’il y a trop d’éclatements, trop de cloisonnements. Chacun est dans son laboratoire, dans son unité de recherche. Il faut encourager la mise en commun des intelligences à travers de grands centres de recherche, de grandes unités mixtes de recherche qui vont transcender les universités, des équipes qui peuvent mettre ensemble des Dakarois, des chercheurs de l’université de Ziguinchor, du Sine, de Bambey, de Saint-Louis. Il n’y a que ça qui pourra nous permettre de passer à l’échelle, particulièrement dans le domaine des médicaments qui nous concerne. Je dis souvent à mes collègues que si quelqu’un pense que chacun dans son laboratoire pourra arriver à un médicament, il se trompe lourdement. Ça fait 50 ans que nos anciens l’ont tenté et n’y sont pas arrivés. Donc, il va falloir qu’on mutualise nos efforts car dans le médicament, il y a plusieurs compétences qui interviennent pour pouvoir arriver à quelque chose. Il faut aussi encourager le partenariat public-privé au sein des universités. Il faut que les laboratoires universitaires collaborent davantage avec les industries pharmaceutiques pour pouvoir faire de l’innovation.
Quelle est le gage d’une industrie pharmaceutique durable ?
Pour une industrie pharmaceutique durable, l’innovation est incontournable. Ça ne se fera pas uniquement avec les génériques. C’est la chose la plus simple. Il n’y a que l’innovation qui permettra, à défaut même d’avoir du volume, d’avoir de la créativité, de pouvoir s’imposer sur le marché, puisque quelque chose de nouveau est proposé mais surtout, il vous appartient et que vous pouvez vendre partout dans le monde. Je pense que la valorisation des ressources de notre pharmacopée nous permettra de prendre un raccourci et d’offrir quelque chose à l’humanité. Quelque chose d’original, quelque chose qui permettra de booster la compétitivité et la rentabilité. Si vous regardez bien, pendant la COVID, c’est une start-up allemande qui a découvert le vaccin à l’immunisation. C’est juste un groupe de chercheurs et qui a été racheté après par un grand laboratoire qui occupe maintenant la première place dans les bourses mondiales. Ça, c’est un exemple de l’importance de l’innovation dans le développement de l’industrie pharmaceutique, dans le développement d’un pays.
La qualité des médicaments est-elle de mise au Sénégal ?
Effectivement, nous travaillons beaucoup sur la qualité des médicaments depuis bientôt une vingtaine d’années, tout ce qui est sciences connexes, mais aussi sur la qualité des aliments et l’alimentation. En 2007, on avait mené en collaboration avec le Programme de lutte contre la tuberculose, une étude sur la qualité des antituberculeux en termes de contenant, de contenu, mais aussi en termes de profil de libération. C’est important, puisque le produit peut être là, absorbé, mais ne se libère pas et donc n’est pas actif. On doit simuler ce qui se passe une fois qu’on prend le produit. Globalement, ces produits étaient de bonne qualité. Chaque année, on change de famille thérapeutique, on change de classe thérapeutique en tenant compte des informations, des retours que nous avons des utilisateurs que nous avons de la communauté. Nous avons des systèmes de surveillance de manière générale qui fonctionnent et la qualité est bien de mise dans les médicaments.
Les médicaments génériques sont-ils efficaces dans le traitement des pathologies ?
L’État a mis en place une politique d’activité aux médicaments génériques. À moins qu’on essaie des médicaments dont la qualité est surveillée. Ce n’est pas parce que c’est un générique que ce n’est pas de qualité. Ça fait partie aussi de la mauvaise information. Je pense qu’ensemble, dans un partenariat bien pensé, bien mené, nous pouvons tous participer à une mise en œuvre optimale de la politique pharmaceutique nationale. Le développement de l’industrie pharmaceutique permettra certainement d’aller vers plus de résilience afin d’éviter les nombreuses ruptures de médicaments qui peuvent également contribuer au recours aux médicaments des circuits illicites. Je pense qu’il y a plusieurs leviers sur lesquels il faudra appuyer ensemble de manière harmonisée, concertée, intelligente pour pouvoir arriver à régler ce problème. En tout cas, les solutions sont là. Les compétences sont là. Il faut juste une bonne stratégie de mise en œuvre pour atteindre les résultats escomptés.
De plus en plus, nous assistons à des retraits de lots de médicaments. Qu’est ce qui l’explique ?
Chaque pays a un système d’assurance qualité qui permet de s’assurer que le fabricant respecte les bonnes pratiques de fabrication et que le produit qu’il fabrique est de bonne qualité. Mais cela, ne nous empêche de vérifier. A cet effet, pour un produit, on va prélever dans différents endroits du pays pour voir sa conformité. Ce processus entre dans le cadre de la surveillance. Parfois, il peut arriver effectivement dans un endroit, pour le même lot, qu’on ait un défaut de qualité, mais qu’on ne l’ait pas pour le même lot ailleurs. Donc dans ces cas-là, on retire juste les produits qui sont stockés dans ces conditions car c’est un défaut de qualité qui n’est pas intrinsèquement lié au produit mais qui l’est un peu en relation avec les facteurs dépendants comme l’environnement, le stockage. Ce qui fait qu’aujourd’hui, il est inconcevable qu’on puisse voir des médicaments vendus au vu et au su de tout le monde dans la rue, vendus sous des tentes, dans des boutiques. Rien que l’environnement de conservation des produits peut détériorer sa qualité. Et quand cette qualité se détériore, bonjour les dégâts. Il n’y a rien qui ne puisse pas survenir quand on consomme ces produits.
Des gens pensent que des médicaments gratuits pour le traitement de certaines pathologies ne sont pas de qualité ?
Au Sénégal, on parle maintenant de pré-élimination pour le paludisme. Si on en parle, cela veut dire quand même, qu’il y a une réussite dans le programme de lutte contre cette maladie. Et pour lutter contre le paludisme, effectivement, il y a l’aspect préventif avec les mesures de prévention, l’utilisation des moustiquaires imprégnées, la pulvérisation inter domiciliaires d’insecticides, la destruction des sites de larves. A côté, il y a les moyens également curatifs, thérapeutiques comme l’utilisation de médicaments. On a pu suivre la qualité de ces produits de la chloroquine jusqu’aux combinaisons à base d’anti-mécanismes actuellement utilisées. Ces produits se sont révélés de qualité. Il n’y a pas très longtemps, on a partagé, au sein de l’ARP, des résultats d’un programme de surveillance pour marquer la qualité des antipaludiques. On avait trouvé 100% de conformité. Et il y a trois ans, on avait fait le même travail, on était à 92% de conformité. Donc, avec ces trois années de surveillance, nous pouvons attester qu’il y a un changement dans la qualité de ces antipaludiques et on le voit à travers les résultats de pré-élimination du paludisme. Parce que maintenant, l’ensemble des stratégies mises en œuvre ont porté leurs fruits. Maintenant, ce qu’il faut savoir, c’est qu’il n’y a pas de gratuité. Vous pouvez ne pas payer, mais sachez que quelqu’un a payé pour vous.
En parlant de quelqu’un, faites-vous référence à l’État ?
La gratuité est une politique de l’État qui décide que, pour des médicaments dont les traitements coûtent cher, il va s’investir dans la santé de la population. C’est une action qui participe au droit à la santé. Donc, l’État, par des mécanismes appropriés, va rendre le produit disponible. Et comme je l’ai dit, ce sont des produits qui sont achetés dans un système sécurisé de pré-qualification, que ce soit les antipaludiques, les antituberculeux, les antirétroviraux entre autres. Ce sont des produits qui sont achetés dans un système de garantie. Quoique la source soit assez sécurisée, au niveau national, le ministère de la Santé, à travers l’Agence de réglementation pharmaceutique, à travers sa décision du contrôle de la qualité, met en œuvre une politique de surveillance et de suivi de la qualité et de sa conscience dans le temps et dans l’espace. Ce qui nous permet, à la détection du moindre défaut de qualité, ce produit-là ne reste pas une journée de plus où on l’a trouvé. On ne dira pas qu’il n’y a jamais de médicaments de mauvaise qualité et ce n’est pas parce que vous avez votre permis de conduire que vous ne ferez jamais d’accident. Vous savez conduire, vous avez votre permis, mais parfois il peut arriver quand même que vous fassiez des chocs et c’est la même chose avec les médicaments.
Nous sommes à l’ère de l’infodémie surtout concernant l’efficacité des vaccins. Quelle conduite adoptée ?
La désinformation se propage plus vite même que la bonne information. D’où l’intérêt pour les autorités de régulation de mettre en place des systèmes de communication appropriés en partenariat avec les professionnels des médias, de la communication pour nous aider à juguler, à lutter contre le fléau de la désinformation, des médicaments de la rue. C’est une interpellation que je lance. Je pense que dans le service public que la presse fait, elle doit refuser de diffuser toute publicité mensongère avec les faux médecins, et faux pharmaciens, qui promeuvent des médicaments qu’on voit dans les médias. Je pense qu’on peut lutter efficacement à ce niveau-là. Les recherches que nous avons menées sur l’utilisation des médicaments de la rue montrent que parfois les populations ont recours à ces produits tout simplement parce qu’elles n’ont pas la bonne information. On leur fait croire que ces produits coûtent moins cher. Ce qui n’est pas vrai. On a mené des enquêtes, des travaux de recherche ont été réalisés sur ce fléau. Pour les besoins de la recherche, nous avons acheté ces produits proposés sur le marché illicite. Et on a remarqué que parfois, ils coûtaient même plus chers que ceux vendus en officine, parce que, vendu au détail, le produit impacte négativement sur la qualité. Il est conseillé de se rapprocher du pharmacien qui a des médicaments à moindre coût, de qualité et efficaces, que sont les génériques.
LE PERCHOIR TOUJOURS INACCESSIBLE AUX FEMMES
Derrière les chiffres impressionnants de la parité à l'Assemblée nationale sénégalaise se cache une réalité têtue. Si les femmes représentent plus de 40% des députés, aucune n'a encore présidé l'institution
Instituée par la loi n°60-44 du 20 août 1960, l’Assemblée nationale du Sénégal a évolué au fil du temps, tant en nombre de membres qu’en termes de parité. Cependant, jusqu’à ce jour, aucune femme n’a accédé au perchoir, bien qu’Aminata Touré, directrice de campagne de la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar, ait manqué de peu, lors de la dernière législature, de devenir la deuxième personnalité de l’État sénégalais.
De 1960 à nos jours, l’effectif de la représentation parlementaire a doublé. En 1960, l’Assemblée comptait 80 députés ; ce nombre est passé à 100 en 1978, puis à 120 en 1983 et à 140 en 1998. En 2001, les députés furent ramenés à 120, avant d’atteindre 150 en 2007, puis 165 depuis 2017. Avec l’arrivée d’Abdoulaye Wade à la présidence, la parité a été adoptée en mai 2010, faisant progresser la proportion des élues à l’Assemblée nationale de 22 % en 2007 à 43,3 % aux législatives de 2012. Cette loi sur la parité impose une « parité absolue hommes-femmes dans toutes les institutions électives » et des « listes de candidatures constituées de façon alternée par des personnes des deux sexes », sous peine d’irrecevabilité. Moustapha Niasse, élu président de l’Assemblée nationale pour la 13e législature, a ainsi présidé un hémicycle composé de 69 députées sur un total de 165 sièges, soit 41,82 % de femmes, ce qui dépasse largement la moyenne mondiale (24,1 %) ainsi que celle de l’Afrique subsaharienne (23,8 %). Cette vitalité démocratique a été confirmée par l’Union interparlementaire (UIP), qui a classé le Sénégal au douzième rang mondial et à la troisième place en Afrique pour la représentativité féminine, derrière l’Afrique du Sud et le Rwanda, leader mondial avec 62 % de femmes à l’hémicycle.
Le perchoir : un bastion encore sous domination masculine
Bien que le Sénégal soit perçu comme un modèle démocratique et républicain en Afrique et dans le monde, force est de constater que le poste de présidente de l’Assemblée nationale demeure inatteignable pourles femmes. Parmi les différentes personnalités qui ont eu à diriger le perchoir au Sénégal, la gente féminine est l’abonnée la plus absente. Lors des élections législatives de 2022, Aminata Touré, ancienne tête de liste de la coalition Benno Bokk Yakaar, fut écartée de la présidence de l’Assemblée nationale, à la dernière minute et pour des raisons politiques, par le président de la République Macky Sall, au profit Amadou Mame Diop. Ce choix stratégique du régime sortant a privé le Sénégal d’un progrès considérable dans sa trajectoire politique et démocratique. Avec cette 15ème législature à l’horizon et la configuration des têtes de liste des coalitions et partis politiques, rien ne semble présager l’accession d’une femme à la présidence de l’Assemblée nationale. Dès lors, il est légitime de se demander quand ce verrou cédera-t-il.
Les rues de Tambacounda sont sous haute surveillance ce mercredi pour le procès de Bougane Guèye Dany. Le leader de Gueum Sa Bopp comparaît pour avoir défié l'autorité des gendarmes lors d'un déplacement à Bakel
Le leader du mouvement Gueum Sa Bopp, Bougane Guèye Dany, par ailleurs membre de la coalition « Samm SaKaddu » va être fixé sur son sort ce jour, mercredi 30 octobre. Placé sous mandat de dépôt pour « refus d’obtempérer, rébellion et outrage à agent dans l’exercice de ses fonctions », il est jugé en flagrant délit au Palais de Justice de Tambacounda. Un tribunal mis sous haute surveillance des Forces de l’ordre depuis hier, mardi, veille du procès.
Jour de vérité pour le leader du mouvement Gueum Sa Bopp, Bougane Guèye Dany, par ailleurs membre de la coalition « Samm Sa Kaddu ». Déféré, lundi 21 octobre, » devant le procureur de la République près le tribunal de Tambacounda, dans le cadre de la procédure initiée contre lui par la Brigade de la Gendarmerie nationale de Bakel pour « refus d’obtempérer et rébellion », Bougane Guèye avait été placé sous mandat de dépôt et envoyé en prison. Il va être jugé en flagrant délit sous trois chefs d’inculpation, à savoir «refus d’obtempérer, rébellion et outrage à agent dans l’exercice de ses fonctions ». Le procès prévu ce jour, mercredi 30 octobre, sauf renvoi, va édifier le leader du mouvement Gueum Sa Bopp sur le prolongement ou non de son séjour à la Maison d’arrêt et de correction de Tambacounda.
nvesti à la onzième position sur la liste nationale de la coalition « Samm Sa Kaddu », le patron du groupe D-média a été arrêté par les Gendarmes, le samedi 19 octobre, à quelques kilomètres de l’entrée de Bakel alors qu’il était en partance avec ses camarades de la coalition « Samm Sa Kaddu » à la rencontre des populations de cette localité affectées par la crue du fleuve Sénégal. Dans un communiqué rendu public, la Division de la communication et relations publiques avait expliqué que « la Brigade de Gendarmerie territoriale de Bakel a procédé à l’interpellation de Bougane Guèye Dany, pour refus d’obtempérer ». Et d’apporter des précisions sur les circonstances de cette arrestation : « Ce samedi 19 octobre 2024, vers 13 heures 40 minutes, la Brigade de Gendarmerie territoriale de Bakel a procédé à l’interpellation de Monsieur Bougane Guèye Dany, pour refus d’obtempérer. L’intéressé, en provenance de Semmé, se rendait à Bakel. Arrivé au niveau du poste de Gendarmerie de Bondji, son cortège composé de 13 véhicules a été arrêté par les gendarmes. Ils lui ont notifié qu’il devait marquer un arrêt momentané, pour des raisons de sécurité, afin de laisser passer le convoi de son Excellence Monsieur le Président de la République. Ensuite, il pourrait continuer sa route après le départ de l’autorité », renseigne ce document de la Gendarmerie nationale avant de faire remarquer que « Bougane Guèye Dany a catégoriquement refusé de se conformer aux instructions des Gendarmes. Il a décidé de passer le barrage en force, en invitant le reste du cortège à le suivre ».
S’exprimant devant les journalistes après le face-à-face de son client avec le maitre des poursuites, Me ElHadj Diouf avait annoncé que le Procureur de la République a corsé le dossier en visant le délit d’outrage à agent dans l’exercice de ses fonctions. Poursuivant sa déclaration, il avait annoncé que son dossier serait présenté au juge des flagrants délits lors de l’audience.
du 30 octobre prochain. Reste maintenant à savoir si la justice sera assez clémente pour donner droit à l’apaisement, comme le souhaitent beaucoup d’organisations de la société civile, et permettre au patron du mouvement Gueum Sa Bopp de participer à la campagne électorale pour les législatives anticipées. Aux dernières nouvelles, la ville de Tamba était barricadée par la gendarmerie et les artères qui mènent au tribunal quadrillées par la police pour filtrer les déplacements des populations. Le commissariat central, renforcé parle Groupement mobile d'intervention (GMI), filtrait les va-et-vient aux alentours du palais de Justice. De son côté, la gendarmerie veillait au grain au niveau de son secteur de compétence.
LA COURSE AU RECTORAT DE L’UCAD EST LANCÉE
Le ministère de l'Enseignement supérieur vient de lancer l'appel à candidatures pour le poste, avec une date limite fixée au 29 novembre. Les candidats devront être professeurs titulaires des Universités et inscrits sur la liste d'aptitude du CAMES
L’appel à candidatures pour le poste de recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) est lancé. L’annonce est du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.
« En application des décrets n°2021-846 du 24 juin 2021 relatif aux modalités de nomination du Recteur dans les universités publiques et n°2021- 1500 du 16 novembre 2021 fixant les règles d'organisation et de fonctionnement de l'Université Cheikh Anta DIOP de Dakar, il est lancé un appel à candidatures en vue de la nomination du Recteur de l'UCAD », informe un communiqué dont nous avons reçu copie hier, mardi 29 octobre.
Selon le document, la date limite de dépôts des dossiers de candidatures est fixée au vendredi 29 novembre 2024 à 17 heures. « Le candidat au poste de Recteur doit être de nationalité sénégalaise; un professeur titulaire des Universités, inscrit sur la liste d'aptitude aux fonctions de professeur titulaire du CAMES; doté de capacités managériales et avoir une expérience de gestion et d'administration d'établissements de formation », précise le communiqué.
Pour rappel, Aminata Niang Diène, professeur titulaire et vice-recteur de l’UCAD, a été nommée Recteur par intérim le 10 septembre dernier, en Conseil des ministres. Cette décision fait suite aux revendications du Syndicat unitaire et démocratique de enseignants du Sénégal / Enseignement supérieur et recherche (SUDES/ESR), qui avait dénoncé la prolongation jugée « illégale » du mandat de l’ancien Recteur Pr Ahmadou Aly Mbaye, depuis le 22 juillet 2024. Le SUDES/ESR ne cessait d’appeler à la nomination d’un nouveau Recteur conformément aux textes en vigueur.
LES LEVIERS CLÉS DU DÉVELOPPEMENT AGROALIMENTAIRE
«Cultiver l’avenir : innovation et durabilité pour une industrie agroalimentaire prospère », c’est le thème du 14ème Salon international des industries et techniques agro-alimentaire (Siagro), qui se tient du 29 au 31octobre au Cices
Le Salon international des industries et techniques agroalimentaires (Siagro) a officiellement démarré hier, mardi 2 octobre au Cices et ce, jusqu’au 31 octobre. Avec comme thème : « Cultiver l’avenir : innovation et durabilité pour une industrie agroalimentaire prospère », cet événement réunit plus d’une centaine d’entreprises venant de 7 pays différents.
«Cultiver l’avenir : innovation et durabilité pour une industrie agroalimentaire prospère », c’est le thème du 14ème Salon international des industries et techniques agro-alimentaire (Siagro), qui se tient du 29 au 31octobre au Cices. Cet événement rassemble les professionnels de l’industrie agroalimentaire et des agro-industries des régions de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, ainsi que les investisseurs, les acheteurs et les prestataires de services.
Cette année, le Siagro a vu la participation de 7 pays et une centaine d’entreprises. « Le Siagro est un événement qui regroupe tout l’écosystème de l’industrie agroalimentaire. Le thème qui nous réunit cette année, « Cultiver l’avenir : innovation et durabilité pour une industrie agroalimentaire prospère», s’inscrit en droite ligne avec notre nouveau référentiel Sénégal vision 2050 qui place l’agriculture au cœur de ses priorités », a relevé le secrétaire général du ministère de l’Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage, Makhtar Lakh, qui présidait la cérémonie officielle d’ouverture du Siagro hier, mardi 29 octobre. Il s’est dit d’avis que l’innovation doit être l’élément central pour transformer nos produits agricoles.
« Le Sénégal dépense beaucoup de ressources dans l’importation des produits alimentaires. Donc, beaucoup d’emplois sont exportés vers ces pays. Si nous voulons inverser la tendance, il va falloir que nous développions l’agriculture et aussi la dimension transformation », indique-t-il.
De son côté, Caterina Bertolini, ambassadrice de l’Italie au Sénégal, trouve que l’innovation et la durabilité sont la clé pour garantir un avenir prospère et solide notamment dans le secteur agroalimentaire. « L’Italie peut contribuer à générer efficacement plus de valeur ajoutée au Sénégal dans les domaines de l’agriculture grâce à son expertise, son savoir-faire et ses technologies. Pour atteindre véritablement la souveraineté alimentaire, nous avons besoin d’une industrie agroalimentaire prospère », a-t-elle soutenu. Et pour y arrimer, elle a souligné la nécessité de disposer d’infrastructures solides, de pratiques agricoles innovantes et durables ainsi que d’une formation moderne pour les agriculteurs.
MULTIPLE PHOTOS
LES UNES DE LA PRESSE DE CE MERCREDI 30 OCTOBRE 2024
Sud Quotidien, Libération, Le Soleil, EnQuête, Walf Quotidien, Yoor-Yoor Bi, Vox Populi, Le Quotidien, L'Observateur
Arrêtez les déplacements inutiles, réorganisez votre équipe et assurez-vous que ceux qui vous entourent partagent votre vision d'un Sénégal uni et prospère. Vos concitoyens veulent des solutions, non des discours
Monsieur le président, le Sénégal est dans une situation préoccupante, et le peuple attend des actions concrètes.
Vous avez été élu avec espoir, mais aujourd'hui, les Sénégalais se sentent trahis et méprisés par une gouvernance qui semble s'éloigner de ses engagements. Ils sont mécontents et le font savoir.
Monsieur le président, en tant que chef de cette grande nation, vous avez le devoir de répondre à leurs attentes et de restaurer la confiance perdue.
Monsieur le président, il est également impératif d’évaluer le rôle de votre Premier ministre. Bien que votre mentor, proche de vous et de vos idéaux, il ne vous a pas élu (vous avez été élu par Dieu et par le peuple sénégalais), il est perçu par de nombreux citoyens comme une figure qui divise plutôt qu’elle
n’unit. Son comportement et son ton, parfois arrogants, nourrissent la frustration du peuple sénégalais.
Monsieur le président, il est temps de vous demander si cette personne, qui occupe le poste le plus influent après vous, est vraiment en train de servir la nation, ou si elle contribue (par ses actions, ses révélations, ses accusations voilées de complicité de complaisance, protecteur de l’impunité) à creuser
davantage le fossé entre les gouvernants et le peuple. Soyez courageux !!!
Monsieur le président, des scandales répétés comme ceux liés à l'ASER et au PRODAC, et le sentiment d’impunité, fragilisent encore plus la confiance des Sénégalais envers leur gouvernement. Comment pouvez-vous leur demander de patienter face aux souffrances et aux difficultés quotidiennes alors qu'ils
voient, au sommet de l'État, des pratiques et des attitudes qui contredisent les principes de transparence et d'intégrité ? Monsieur le président, le peuple attend de vous que vous mettiez fin à ces dérives, et
que vous instauriez une justice indépendante qui n'hésite pas à traiter de manière exemplaire même les plus hauts responsables, y compris votre premier ministre s’il le faut.
Monsieur le président, cette situation exige un leadership fort, décisif et impartial. Le Sénégal attend de vous non seulement des paroles, mais des actes concrets. Arrêtez les déplacements inutiles, réorganisez
votre équipe et assurez-vous que ceux qui vous entourent partagent votre vision d'un Sénégal uni et prospère. Vos concitoyens veulent des solutions, non des discours. Ils aspirent à une nation où la loi est respectée et appliquée sans exception, où même les figures de pouvoir, que ce soit du parti au pouvoir
ou de l'opposition, soient jugées équitablement pour leurs actes.
Monsieur le président, soyez le leader qui impose la discipline et la justice. Les Sénégalais ne peuvent pas attendre cinq ans pour voir des changements. Prenez des mesures fortes et démontrez que votre mandat ne se résumera pas à des paroles, mais qu'il portera réellement les valeurs de notre devise : Un peuple, Un but, Une foi.
par Ousseynou Nar Gueye
BIRIMA MANGARA PROMEUT LA FIN DES DÉBATS PARLEMENTAIRES HYSTÉRISÉS ET UNE PRESSE DÉBARRASSÉE DES LOIS LIBERTICIDES
Le programme de Kiraay ak Natangué conjugue ambition numérique et protection sociale, avec notamment une taxation des géants du web au profit des médias locaux. Une vision qui se veut pragmatique et moderne
Comme cela se sait, les têtes des listes candidates à la députation pour le scrutin du dimanche 17 novembre 2024 ont un temps d’antenne dévolu à la RTS de trois minutes chaque jour. Aussi, le chef de file de notre Coalition Pôle Alternatif 3eme Voie Kiraay ak Natangué, le président Birima Mangara, s’est plié avec fermeté, sérieux, force de conviction et grande force d’empathie à cet exercice qui sera une tradition pour les trois prochaines semaines.
Dans sa déclaration télévisée, tout de blanc d’un boubou trois pièces vêtu, le président Mangara, lundi 28 octobre 2024, a plaidé fortement pour un rôle rénové du député avec un exercice de son mandat dans le respect strict des règles démocratiques par le député, et il s’est engagé, en cas de son élection et des députés de sa liste à l’Assemblée nationale, à ne plus laisser prospérer le jeu politicard des échanges hystérisés au sein de l'Hémicycle de la Place Soweto, où on a vu des invectives pétries d’injures et même des agressions physiques entre députés lors de la quatorzième législature sortante.
Le président Mangara s’engage aussi, comme il l’a dit hier, pour des réseaux sociaux libres mais dont l’utilisation responsable est promue. La tête de liste de Kiraay ak Natangué a fermement promis qu’il mettra fin, aussi, par les proposition de lois idoines, à toutes les lois liberticides de notre droit positif concernant la presse.
Allons un peu au-delà des trois minutes de temps d’antenne RTS.
Notre Coalition Kyraay ak Natangué promeut, dans son programme, la captation, dans une démarche régionale sous l’égide de la CEDEAO, de l’UEMOA et de l’UA, d’une taxe numérique sur les GAFAM ou assimilés – Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft et leurs filiales - à travers de solides conversations politiques et diplomatico–économiques qui seront engagées avec l’OMC, l’OCDE, l’UE, le Trésor américain, notamment, avec création de chefs de file par organisation d’intégration économique africaine. Aussi, dans le cas de notre présence forte à la Place Soweto, nous ferons une proposition de loi sur l’économie numérique et sur un code de conduite : pour surveiller les blockchain projects et obliger les géants du numérique, comme Google, Facebook et consorts, à compenser les médias traditionnels sénégalais et autres diffuseurs y compris numériques, de façon juste et équitable quand ils reprennent leur contenu en ligne, proportionnellement aux revenus que leur contenu original génère comme revenus aux GAFAM, ainsi que pour les articles commerciaux, comme des streamings de musique qui sont téléchargés et distribués sur leurs plateformes. Seront aussi visés les revenus publicitaires de la part des entreprises numériques. Aussi, les petites publications des médias sénégalais figureront-elles dans le champ d’application de ladite future proposition de loi.
Il s’agit, par ailleurs, de prendre, en renforcement de ce dispositif, un
autre texte appelé, comme au Canada ou en Australie, Loi sur la radio-telediffusion, pour soumettre les géants du web à contribuer financièrement à la création et à la découverte de contenu culturel sénégalais. L’assiette en sera déterminée par l’évaluation de la valeur du contenu et la compensation appropriée. Nous prônons et porterons, inch'Allah, une proposition de loi pour une taxation de la création de contenus sur les réseaux sociaux (assiette : paiements des GAFAM, avec comme en Australie, une disposition d’exclusion, si le seuil perçu individuellement est inférieur au SMIG annuel). Ainsi, les créateurs et les utilisateurs des médias sociaux seraient exemptés de la loi, jusqu’à ce seuil. Dans le cadre de nos propositions de loi pour une protection renforcée de l’enfant contre les avatars du numérique (toile et réseaux sociaux), nous travaillerons à la mise en place de KËR XALEYI, des garderies sociales municipales, ce qui nécessitera une modification du Code général des collectivités territoriales. Cela va dans le sens d’une protection renforcée de l’enfant (Code de l’enfant), en particulier, de la fille et mesures d’encouragement à son maintien à l’école) ; ceci nous amènera à la restauration des Centres d’Assistance sociale départementaux, que seront les KËR JIGEN YI.
Toujours dans le cadre de notre «Programme Kiraay Ak Natangué de Contrat Social et de Pacte Parlementaire avec le Peuple Sénégalais pour un Choc d’Industrialisation multi-territorialisé et inclusif », il s’agit pour le groupe parlementaire que nous appelons de nos vœux à ce que les Sénégalaises et les Sénégalais nous donnent, de conduire les réformes pour que notre pays le Sénégal se réinvente sans naïveté, c’est-à-dire puisse se mettre totalement dans son aire et son ère, se lancer plus résolument et de manière plus stratégique dans ses quêtes et conquêtes, et tout en restant intransigeants sur ses exigences, devenir agiles dans nos démarches collectives.
En vérité, il nous faut réparer, remodeler et réformer, faire face à toutes nos responsabilités, prenant en main les missions vitales pour le Sénégal, avoir comme sacerdoce, abriter ; autrement dit le Kiraay, couvrir chaudement, mettre à l’abri les populations. C’est cette vision qui conduit au réel progrès. Celle-ci s’associe sur deux socles qui font fortes valeurs de symbole : faire revenir la confiance, au sein des populations et faire ce qui est bon pour le Sénégal.
Qui, cependant, pour apporter le progrès ? Qui pour transformer le changement en réalisations concrètes perçues sensiblement dans la vie quotidienne, dans les poches et dans le panier de marché des Sénégalaises et des Sénégalais ? Nous, Kiraay ak Natangué y sommes résolus, dans la situation actuelle dans laquelle le nouveau régime « n’a pas fini de commencer à travailler ».
Résolument, il faut compter sur la jeunesse et les femmes qui ont l’abnégation, la grande capacité et le pouvoir hors du commun d’apporter le changement.
Pour un pays moderne mis sur orbite avec une forte ambition, porteur de renaissance démocratique, fondateur d’une économie apte à générer des emplois agricoles et industriels massifs, créateur de richesses et soucieux du bien-être des populations.
« Seuls ceux qui sont assez peu sages pour penser qu’ils peuvent changer le monde y parviennent ».
« VOTÈL LÉNN LISTE BIRIMA MANGARA, COALITION PÔLE ALTERNATIF 3ÈME VOIE KIRAAY AK NAATANGUÉ ! »
Rejoignez-nous massivement et soyons majoritairement des BMW (Birima Mangara Wolëré), de fabrication solide et avec un très bon moteur pour faire avancer le pays.
Ousseynou Nar Gueyeest Coordonnateur de la Task Force Communication, Coalition Pôle Alternatif 3eme Voie Kiraay ak Natangué.
COMPRENDRE L’AFFAIRE DES 1 000 MILLIARDS F CFA
Sonko affirme avoir découvert plus de mille milliards sur un compte, sans plus de précisions sur l'identité du titulaire ou de la banque. Ses adversaires crient à l'affabulation, tandis que ses collaborateurs restent muets face aux demandes de précisions
La question est sur toutes les lèvres. Comment peut-on avoir plus de mille milliards dans un compte ? Si juridiquement rien ne s'y oppose, il faut constater que jusque-là Ousmane Sonko n'a produit aucune preuve de ses allégations. EnQuête a essayé de joindre ses collaborateurs pour de plus amples informations, mais ils ont refusé de répondre à nos questions.
La campagne, c’est aussi des attaques personnelles, des accusations souvent sans preuve, les unes plus graves que les autres. En meeting à Thiès le dimanche 27 octobre 2024, la tête de liste de Pastef et non moins Premier ministre du Sénégal a encore lâché des bombes qui en ont ému plus d’un parmi ses militants et au-delà. Devant une foule surexcitée, il peste : ‘’Il y a des gens qui ont tellement volé. Ils ont également tout dilapidé. Je vais vous donner juste quelques exemples. Savez-vous qu’ils ont vendu la prison de Rebeuss, soit plus d’un hectare, à 8 milliards F CFA ? Cela aurait pu coûter au minimum 40 milliards. C’est grâce à nous que la vente a été annulée. Ils ont également vendu la prison de Cap Manuel’’. Ousmane Sonko ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Il enfonce le clou avec cette accusation qui a le plus attiré l’attention de l’opinion. Selon lui, il a été trouvé dans un compte plus d’un milliard. ‘’… L’argent du contribuable, on ne badine pas avec ; les gens vont restituer ce qu’ils ont volé. Ce que je vous dis n’est rien par rapport à ce qui s’est passé. Il y a des gens chez qui, dans un seul compte, on a retrouvé plus de mille milliards. Pensez-vous que c’est normal dans un pays comme le nôtre ? Ce n’est pas de la méchanceté quand on parle de reddition des comptes, mais on ne peut laisser cela passer’’.
Les accusations sont aussi graves que l’affaire de la falsification des comptes publics. Sauf que cette fois, le leader de Pastef n’a daigné donner aucune autre précision. On ne connait ni la personne derrière ces faits d’une rare gravité ni la banque où les fonds sont logés, encore moins le pays. Il faudra juste se contenter des dires du Premier ministre.
D’ailleurs, ses adversaires n’ont pas tardé à réagir à la suite de cette prise de parole. Proche d’Amadou Ba et responsable au niveau de la coalition Jàmm ak Njarin, Madiambal Diagne a posté sur son compte Twitter : ‘’Encore du Sonko ! Il ne dira jamais le nom de la personne ni la banque, encore moins quelle enquête aurait débusqué ce magot. Chaque fois qu’il ouvre la bouche, c’est pour affabuler.’’
Selon le candidat à la députation, l’actuel PM de Diomaye n’a même pas le sens de la mesure. Il y va lui aussi de ses affirmations sans source ni preuve. ‘’Il (Ousmane Sonko) ignore qu’aucune banque au Sénégal n’a ce niveau de dépôt. Les activités des banques sont strictement surveillées, devrait-on lui rappeler. S’opposer par le mensonge et gouverner par le mensonge. C’est sa devise’’, a-t-il accusé, avant de fulminer : ‘’Même les comptes du Trésor public ne disposent pas de tels montants en disponibilités.’’
Le directeur de campagne et le responsable de la Com refusent de répondre à nos questions
‘’EnQuête’ a, en tout cas, essayé d’en savoir plus par rapport à ce débat qui pue des milliards et qui a été posé par la deuxième personnalité de l’État. Pour ce faire, nous avons appelé aussi bien le directeur de campagne et directeur général de la Caisse des dépôts et consignations Fadilou Keita que le responsable de la communication et non moins ministre chargé de l’Hydraulique Cheikh Tidiane Dièye. Aucun des deux n’a voulu apporter plus de précisions aux affirmations de Sonko.
Pour sa part, le responsable de la communication a cependant promis de nous revenir ultérieurement.
En attendant, ses adversaires, eux, ne s’arrêtent de demander des preuves au Premier ministre. Responsable à Taxawu Sénégal (coalition Sàmm sa Kàddu), Ngouda Sall relève le fait que le PM n’est jamais précis quand il est dans la manipulation. ‘’Benn kilifeu, benn ci ay contam, benn bank’’, lâche-t-il avant de le défier : ‘’Je te défie de nous donner le nom du leader, le numéro de son compte bancaire, le nom de la banque et le montant se trouvant sur son compte.’’ L’opposant n’a pas manqué de souligner que ‘’la plus grande banque a 1 500 milliards’’ (sic). À l’appui de son argumentaire, il partage sur sa page Facebook une capture d’un tableau établi par Sika finance – site spécialisé dans l’information financière et économique focalisé sur les bourses ouest-africaines - intitulé ‘’Les 10 plus grandes banques du Sénégal en 2023’’. Il résulte de ce classement cité en référence que la CBAO, filiale du groupe Attijariwafa Bank, a effectivement détrôné la Société Générale et s’est imposée comme le premier établissement bancaire du pays en termes de total bilan, avec 1 503 milliards F CFA, note le site citant les données de la Commission bancaire de l’Union monétaire ouest-africaine, qui est l’organe chargé d’assurer la solidité du système bancaire dans la zone UMOA, à travers notamment le contrôle des établissements assujettis.
Seulement, il est bon de le souligner, Ousmane Sonko n’a jamais dit que ces 1 000 milliards sont logés dans un compte ouvert dans une banque établie au Sénégal. Seul lui donc pourrait permettre pour le moment d’édifier la lanterne des Sénégalais sur cette question. Est-ce une accusation gratuite tenue juste dans un contexte de campagne électorale pour engranger des voix ? Est-ce un autre scandale dont il a juste voulu donner un avant-goût en attendant d’y revenir plus amplement ?
Dans tous les cas, la tournure prise par ses accusations l’oblige à s’expliquer un peu plus pour ne pas passer comme simple délateur.
Mille milliards. Le montant est colossal et a suscité beaucoup de questionnements. Certains se demandant s’il est même possible qu’un seul compte puisse contenir autant d’argent ? Selon des banquiers contactés par ‘’EnQuête’’, en principe, aucun texte ne l’interdit. ‘’Il n’y a pas une réglementation qui interdit qu’un compte puisse recevoir un montant déterminé. Tu peux mettre mille milliards dans ton compte comme tu peux le mettre dans plusieurs comptes’’, indique un de nos interlocuteurs.
Cela dit, à partir d’un certain montant, la banque a l’obligation de faire certaines diligences. ‘’Ce que la loi prévoit, notamment les règles relatives à la lutte contre le blanchiment de capitaux, c’est qu’en cas de soupçon, la banque a l’obligation de vérifier l’origine des fonds. Aussi, il y a une documentation à produire quand les montants déposés atteignent certains niveaux’’, a expliqué le spécialiste, qui précise : ‘’Si, après vérification, la banque a des soupçons, elle fait une déclaration de soupçons adressée à la Centif (Cellule nationale de traitement des informations financières).’’
Aux termes de l’instruction N O10-09-2017, le seuil pour la déclaration des transactions en espèces auprès de la Centif est de 15 millions F CFA. Ce qui signifie que si une transaction atteint ce montant, l’assujetti – la banque en fait partie - doit obligatoirement faire la déclaration devant l’organisme de lutte contre le blanchiment d’argent. ‘’Si la banque ne le fait pas et que demain il apparait que cet argent a une provenance illicite, la banque est en faute et peut faire l’objet de sanction’’, explique ce spécialiste du droit bancaire qui précise que ce texte ne prend en charge que les transactions en espèces. Pour les virements, il faudrait plutôt suivre les diligences prévues aux articles 20 et suivants de la nouvelle loi relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.