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30 juin 2025
LE SERPENT DE MER DE LA DÉCLARATION DE PATRIMOINE
En exigeant à ses collaborateurs de déclarer leur patrimoine, après un an de violation flagrante des normes, dans un contexte où le remaniement sourd, Macky Sall a a avoué qu’il y a des ministres hors-la-loi dans son gouvernement
Avril 2019-juillet 2020. Voilà maintenant 15 longs mois que l’Ofnac (Office national de lutte contre la fraude et la corruption) court derrière certains gros bonnets de la République, pour qu’ils fassent leur déclaration de patrimoine. En vain ! Pourtant, la loi n°2014-17 du 2 avril 2014 portant sur la question est très claire. Trois mois après leur nomination, les assujettis avaient l’obligation de faire parvenir la liste de leurs biens à l’organe de lutte contre la corruption. L’article 1er de ce texte dispose : ‘’Les personnes mentionnées à l'article 2 de la présente loi doivent, dans les trois mois qui suivent leur nomination, formuler une déclaration certifiée sur l'honneur, exacte et sincère de leur situation patrimoniale concernant notamment leurs biens propres ainsi que, éventuellement, ceux de la communauté ou les biens réputés indivis, en application de l'article 380 du Code de la famille. Ces biens sont estimés à la date du fait générateur de la déclaration, comme en matière de droit de mutation à titre gratuit.’’
Normalement, les membres du gouvernement actuel devaient donc s’y soustraire au plus tard en juillet 2019. Mais, à cette date, près de 50 % des assujettis narguaient encore la présidente de ladite institution. Parmi eux, de hautes personnalités de l’Etat et de l’attelage gouvernemental. D’habitude très discrète, trop même, de l’avis de nombreux observateurs de la société civile, la présidente Seynabou Ndiaye Diakhaté avait même été contrainte de se lâcher, devant un parterre d’ordonnateurs et de comptables. C’était le 16 juillet 2019, lors d’un atelier d’échange avec ces derniers. Elle révélait : ‘’A ce jour, on a reçu 680 déclarations, soit un peu plus de 50 % par rapport au nombre d’assujettis.’’
Depuis lors, c’est mystère et boule de gomme. Jusqu’à ce que le président fasse sa déclaration-aveu. En sommant ses ministres, avant-hier, de faire leur déclaration dans un délai de 45 jours, Macky Sall ne semble avoir réussi qu’une chose : porter à la connaissance du grand public que certains de ses ministres continuent de violer allègrement la législation. Qui sont-ils ? Les jours à venir seront certes édifiants.
En attendant, cet ancien membre de l’Ofnac assure que rien n’est nouveau sous le soleil. De 2014 à 2016, pas plus de la moitié des assujettis ne se conformaient pas à la législation en vigueur. Et malgré les multiples invitations de l’ancienne équipe, le chef de l’Etat n’a jamais daigné bouger le plus petit doigt pour inciter ses collaborateurs à respecter la loi. ‘’C’est lui-même qui protégeait certains récalcitrants. Il lui arrivait de se fâcher et de dire : Wày bàyil jàmbur, wày, bàyil jàmbur… (Laissez-le tranquille)’’, confie notre interlocuteur. Malgré sa ténacité, l’ancienne présidente, Mme Nafy Ngom Keita, n’a rien pu faire, jusqu’à son départ forcé de l’institution, avant même son terme.
Il n’empêche, la dernière sortie du président de la République reste pour le moins très troublante, aux yeux de certains observateurs. ‘’C’est étonnant’’, lance le président de Legs (Leadership, éthique, gouvernance et stratégie) Africa, Elimane Haby Kane. Qui ajoute : ‘’Le président sait très bien que c’est une obligation pour ses ministres. La loi leur impose de déclarer leur patrimoine dans un délai bien déterminé. A la limite, c’est un aveu du laxisme au sommet de l’Etat. Pourquoi leur donner 45 jours, alors qu’ils sont déjà en faute depuis des mois ? Ce n’est pas du tout compréhensible. C’est une grosse légèreté, à mon avis. On attend du chef de l’Etat qu’il soit beaucoup plus ferme avec ses collaborateurs qui violent la loi. D’autant plus que l’alerte a été lancée depuis longtemps par la présidente de l’Ofnac.’’
Pourquoi maintenant ?
Pourquoi maintenant ? Telle est la question qui taraude bien des esprits. En tout cas, en une semaine, l’espace politique, surtout le camp présidentiel, a été particulièrement agité. Entre la fronde initiée par le tonitruant député Moustapha Cissé Lo, qui menace de faire des déballages, la publication subite des rapports de l’Inspection générale d’Etat bloqués par le chef de l’Etat pendant 4 ans, les ambitions supposées ou réelles de certains compagnons de guerre… Le moins que l’on puisse dire est que la case du président brûle de partout. Rarement d’ailleurs, estiment certains, le chef de l’Etat n’a semblé aussi affaibli. Y a-t-il une volonté de reprendre la main ou de lâcher quelques collaborateurs ? Les questions vont bon train.
Selon certaines indiscrétions, le chef de l’Etat voudrait peut-être avoir une idée de l’arsenal de guerre sur lequel sont assis certains des membres du gouvernement.
En tout cas, ils sont nombreux les observateurs qui s’interrogent sur la volonté réelle de Macky Sall de promouvoir la transparence avec cette affaire de déclaration de patrimoine. Déjà, depuis des années, dorment sur la table du procureur de la République 25 dossiers du même Ofnac. Rien n’est fait pour élucider la lanterne des Sénégalais sur ces dossiers. Interpellé, le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Dakar disait : ‘’Tous les rapports de l’Ofnac sont en train d’être étudiés par la section financière de mon parquet. Prochainement, une conférence de presse sera organisée à cet effet. Je vous réunirai. Je sais qu’il y a beaucoup de bruit autour de cette question. Je vous en parlerai.’’ C’était en 2017, au cœur de l’affaire Khalifa Ababacar Sall. Depuis lors, pas grand-chose n’a été fait.
En sus de ces dossiers, il y a eu les rapports de la Cour des comptes et tant d’autres scandales qui ont défrayé la chronique. D’après Elimane Haby Kane, la situation actuelle n’aurait jamais dû exister dans un Etat normal. Et pour changer la donne, il préconise : ‘’Je pense qu’on doit même revoir la loi pour plus d’efficacité. La déclaration de patrimoine doit être faite avant même que le ministre ne prenne fonction. Au même titre que l’enquête de moralité, la déclaration de patrimoine doit faire partie de ces éléments qui valident le dossier d’un ministre. Comme ça, on n’aura plus à courir derrière un ministre pour lui demander de déclarer son patrimoine.’’
Par ailleurs, cette déclaration du chef de l’Etat remet au goût du jour le Code de transparence dans la gestion des finances publiques, adopté en 2012. Des pans entiers de cette législation semblent rangés aux oubliettes, renforçant les doutes sur la volonté réelle des pouvoirs publics. Il en est ainsi de la loi sur l’accès à l’information qui n’a toujours pas été votée. Aussi, se demandent certains observateurs, Macky Sall a-t-il lui-même fait sa déclaration de patrimoine devant le Conseil constitutionnel ? Pourtant, en ce qui le concerne, la loi est très claire. Il ressort de l’article 37 alinéa 3 de la charte fondamentale que : ‘’Le président de la République nouvellement élu fait une déclaration écrite de patrimoine déposée au Conseil constitutionnel qui la rend publique.’’ La publicité n’ayant pas été faite, on peut aisément supposer qu’il n’a rien déclaré, même si un document qu’on présente comme la liste de son patrimoine circule, ces temps-ci, sur les réseaux sociaux.
par Cheikh Kassé
À PROPOS DES ÉCHANGES ENTRE HAMIDOU ANNE ET PAAP SEEN
EXCLUSIF SENEPLUS - Les volontés individuelles de leadership ne suffisent plus. Il faut que de réels processus populaires portent l'alternative. Comment faire en sorte de ne pas être le seul sachant penser, décider pour les autres ?
J’ai suivi avec beaucoup d’intérêt vos échanges par SenePlus. Paap Seen a raison de dire que ce débat serait plus d’ordre privé. Certes. Mais le fait de le rendre ouvert a permis à beaucoup de lecteurs de vous relire plusieurs fois et de se rendre compte que le devenir alternatif de nos pays et du monde continuent d’intéresser. Franchement, en vous lisant dire que vous en aviez discuté plusieurs fois à domicile, je me suis permis de vous dire que ce débat nous (des amis et moi) l’avons mené, réunis à plusieurs reprises autour des mêmes problématiques : Qu’est-ce qui s’est passé après tous nos engagements ? Que faire ? Et comment faire ?
Mais un mot sur ce NOUS. Des amis et moi dans des discussions informelles. Nous réfléchissons parfois aussi autour d’un thé ou d’un mafé. Notre particularité est que nous, comme vous probablement, avons eu des trajets communs ou individuels adossés à l’héritage de la gauche historique qui, pendant des décennies, s’est engagée pour une réelle alternative révolutionnaire pour le Sénégal, l’Afrique et le monde. La liste de Paap à propos de tous ces hommes et femmes, nos oubliés de l’histoire, nous est intime mais, comme toute liste, elle est incomplète de tous ces anonymes, des milliers à s’être donnés pour ce processus d’émancipation. Mes pensées vont à ces jeunes, ces autres nous-mêmes d’alors qui s’étaient professionnalisés politiquement et qui malgré la débâcle de la gauche restent debout, héroïques et dignes ! J’ai bien des visages d’eux encore cherchant des voies d’émancipation. Ce legs-là, dans ses réussites et ses échecs, ne nous somme pas de céder mais, nous habite par des questions presque que vous posez.
Nous avons, sans épuiser la question, pensé que des choses n’ont pas marché tout le long des engagements. Il y a eu échec au sens politique du terme. Nous avons été plus ou moins d’accord que les catégories de parti, révolution, Etat et autres par lesquels nous nous référions sont à questionner. Car pourquoi les tentatives de construction du socialisme ont échoué de par le monde ? Pourtant, il n’y a nulle désillusion, nul pessimisme quant à ce grand soir qui adviendra parce qu’il n’y a nulle autre solution que de le réaliser.
Alors nous réfléchissons depuis longtemps autour des questions : que faire maintenant ?
Et je veux partager avec vous ces quelques points sur lesquels j’ai beaucoup discuté avec des amis :
Nous avions eu à fétichiser les révolutions, l’idéologie marxiste, les croyances importées et nous sommes passés à côté de leur atypisme, de leur singularité même si elles ont développé des invariants. Nous sommes passés à côté de nos réels avec leurs cosmogonies et leurs imaginaires, leur génie et leur tortueux cheminement pour une vie d’égalité. Nous ne pouvons plus fétichiser, nous voulons être au cœur d’une pensée dynamique ancrée sur nos réels ouverts aux expériences autres dans ce qu’elles ont de partageables par tous.
Vous avez évoqué l’héritage de la Gauche. Elle est riche de ses trajets multiples non seulement ceux du PAI et du RND mais de ceux de beaucoup d’autres organisations ou partis - UDS-RDA, PRA et autres - et d’individualités de la Gauche historique. Et là, Pape a raison de poser la question de ce qu’il faut retenir de cet héritage. Qu’est-ce que nous en faisons dès lors ? En faire un bilan, non comme dans un procès, mais dans le sens d’une analyse, d’un croisement des trajectoires, des séquences qui ont structuré ce cheminement pour en saisir les forces et les faiblesses qui permettent de réactiver une puissance de Gauche. Parce qu’il nous est nécessaire de savoir pourquoi cette formidable épopée n’a pas enfanté ce qu’on mettait à l’époque dans le mot révolution. Et pour dire vrai, les idées de gauche sont hégémoniques mais la Gauche ne l’est pas. Elle est "émiettée" suivant le mot du doyen Alla Kane, dispersée dans le gouvernement et en totale opposition avec lui par des individualités ou des partis. Or, une Gauche hégémonique se fonde sur le socle de ce bilan en termes de ce qui s’est passé, ce qui a été raté, ce qui aurait pu se passer en tenant sur le point fixe des intérêts des masses travailleuses. Car en termes d’alternative réelle, rien ne peut se passer sans se réactiver à partir de ce bilan. Il ne s’agit pas d’en faire un exhaustif mais d’en dégager au fur et à mesure de nos engagements dans les réels de nos pays, des lignes de force, des convergences pour se prémunir de ses erreurs et capitaliser ses réussites. La débâcle idéologique et politique des organisations et partis de Gauche concomitante à leur mise à l’épreuve du pouvoir après l’ouverture intégrale prétendument démocratique, a beaucoup impacté la subjectivité des militants. Il y a eu des cascades d’abandons, de replis, de retournements de vestes. Il y a eu des maladies et des folies, des drames familiaux. Et cette tâche de bilan reste majeure ! Et ce réel bilan n’a pas été fait par les militants survivants de ces époques… Il n’a pas été fait et la jeunesse d’aujourd’hui critiquée par Paap, n’a pas le lien avec la génération d’avant.
Paap Seen évoque aussi l’humain qui est une préoccupation essentielle. Oui, mais dans le sens de son élargissement à tout ce qui le touche et plus particulièrement à la terre et plus prospectivement aux générations à venir. Un ami propose même de ne plus placer l’homme au centre mais de renverser la perspective en plaçant la terre au centre. Puisqu’il faut la sauver de la rapine, de la prédation, de l’exploitation hors des besoins réels des humains par le capitalisme. C’est ainsi que le combat pour l’humain prend tout son sens.
Chaque fois que nous discutions, nous nous constitutions en une instance qui sans se prendre pour un groupe, une organisation, un parti est pourtant l’un ou l’autre. D’ailleurs, il est question de délibérer, de se prendre pour un détachement avancé, une conscience de peuple, de cette Afrique, de ce monde. Mais comme le dit l’adage wolof : «ku ndobin ray sa maam boo gise lu ñuul dow». Là, nous avons beaucoup discuté.
Parce que de ce qui s’est passé il y a au moins un point sur lequel, nous, dans nos débats, sommes tombés d’accord pour le moment car toute vérité est éternellement provisoire : le parti devenu parti-état s’est octroyé tous les pouvoirs au détriment des masses organisées, pour décider, penser pour elles. L’échec de construction de sociétés socialistes est fondé en partie sur l’impossibilité de transférer progressivement le pouvoir aux Soviets en Russie, aux processus populaires dans les autres pays. Hamidou parle d’avant-garde. Cette catégorie doit être soupçonnée. Elle ne devra jamais muter en un parti qui s’arroge tous les pouvoirs.
La question, pour nous alors, est comment nous constituer en puissance tout en destituant, autrement dit comment faire en sorte de ne pas être le seul sachant penser, déclarer, décider pour les autres ? Comment faire de sorte que les masses aussi pensent, déclarent, et décident... Et en toute autonomie.
Si seuls des processus populaires d’autonomie collective peuvent réellement porter une alternative en la pensant, en la décidant, en la déclarant tout en la faisant, en en faisant le bilan, la projection, l’enfantement, etc. Au vu de notre histoire mondiale récente, Burkina avec Sankara, Venezuela avec Chavez, Brésil avec Lula ( ?), etc., nous nous sommes dit que les volontés individuelles de leadership ne suffisent plus. Il faut que de réels processus populaires aient à cœur l’alternative et la portent. Ce qui ne veut point dire que des individualités, des organisations n’émergent pas et ne se structurent pas dans ces processus. Mais, elles ne doivent pas les accaparer.
Que faire ? Une création de lieux multiples de la politique ou une implication dans des lieux déjà existants pour une bataille d’idées pour que cette idée d’émancipation véritable ne soit plus oubliée ou noyée dans des revendications immédiates. Parce que dans la séquence ouverte à partir de 1981, celle de cette ouverture intégrale prétendument démocratique, très peu de fois cette idée a été agitée. Il a été plus question d’élections, de nombre de députés, d’entrisme. Avant oui, on parlait de RND (Révolution nationale démocratique), de RDN (Révolution démocratique nationale ou même de RNDP (Révolution nationale démocratique et populaire), de mbokaan (qui partage), de jalarbi, de Démocratie populaire, de Socialisme, de communisme, etc. Il s’agira de trouver la bonne dialectique entre les luttes immédiates et celles des longs termes. Comme aussi, il faut que notre imaginaire nous trouve les catégories politiques et idéologiques qui nous permettent de penser et d’agir à partir de nos réels. Je rigole en pensant à la catégorie politique de « Ndumbelaan » pour désigner nos républiques et je deviens sérieux en pensant au concept de « Aar li ñu bokk » et à tant d’autres. Un débat est attendu sur cette question. Désormais, nos catégories doivent toucher nos affects, nos vies réelles, nous engager dans nos subjectivités, dans la fête, la joie comme dans le sérieux.
Sur le panafricanisme, dans un débat nous y avons réfléchi et nous nous sommes dit que ce mouvement solidaire pour l’indépendance totale d’une Afrique unie est révolutionnaire mais que la catégorie ne doit pas cacher une simple opposition africaine à l’Europe. Parce que là-bas aussi les masses luttent contre la mainmise entière du capital sur leurs vies. Elles sont contre le capitalisme, la néo-colonisation, le G20 qui décide contre elles et contre l’Afrique et les autres. Nos combats ont les mêmes origines quoiqu’ils soient différents par les réalités géopolitiques.
Le panafricanisme vu alors comme les luttes pour la dignité des africains doit être perçu comme un chemin avec tant d’autres sur d’autres continents conduisant à une terre respectée et une dignité humaine.
Que faire ? Encore investir des lieux (dahira, association, syndicats, partis, etc.) pour construire une idée d’un panafricanisme militant, critique des idées de haine, d’amalgame, un tremplin pour rencontrer les peuples en luttes des autres continents et faire l’émancipation planétaire.
Et nous intellectuels militants de ces idées-là ? La petite bourgeoisie est une classe à risques ; risques de rester prisonnière des tentations d’individualisme, de la chair et du plaisir, de jouissance, d’être habitée par une idée d’une puissance et de pouvoir…, et une capacité à céder aux moindres échecs. Loin de prôner une vie de moine, l’engagement militant requiert quelques sacrifices qui ne renient pas les désirs et les utopies individuels… mais, en tempèrent l’impact sur la dignité des autres et le mouvement solidaire. Pendant des décennies des gens dans ce pays ont tout donné en efforts, en sacrifices. Mais, c’est mon humble avis, nous avons peu déconstruit nous-mêmes. Nous avons porté en partie les mêmes travers, les mêmes défauts des gens de pouvoir que nous dénoncions. C’est pourquoi, les revirements de beaucoup de gens connus avant pour leur engagement n’ont pas manqué dès qu’ils ont été à l’épreuve du pouvoir. Les affects des autres militants ont pris de sacrés coups. Beaucoup de déçus ont quitté les rangs.
Que faire ?
Nous devons commencer à nous déconstruire : échapper petit à petit à la totale emprise de l’argent, des mondanités, du pouvoir de domination tapi au plus profond de chacun de nous… Il nous faut d’ores et déjà bifurquer, abandonner progressivement cet être de consommation de tout et de rien enfoui en nous, instillé par le mode de vie capitaliste. Chacun se fait son petit chemin sur cette question. Si nous ne le faisons pas dès maintenant, nous nous éloignerons des préoccupations des masses dès qu’une situation de pouvoir, d’argent et autres se posent. Les masses auraient lutté pour se voir dirigées par une autre caste. Le grand soir commence par nous dès maintenant.
Les expériences dans les constructions du socialisme (URSS, Chine, etc.) sont à méditer. Une oligarchie bureaucratique militaire a pris le pouvoir.
Des points évoqués rapidement dans les deux textes surtout par Hamidou sont : notre imaginaire, nos cosmogonies. Il est question de se les réapproprier pour comprendre leurs enjeux d’origine, leurs dits réels, leurs constructions. Comme aussi, il convient d’en trouver les traces dans nos langues, nos rites, nos coutumes et de les analyser pour mieux comprendre nos peuples et les transformations qu’ils ont subies, les bifurcations à faire avec eux.
Que faire ?
Trouver la brèche pour se mettre avec eux et apprendre d’eux et construire avec eux ce qui peut se faire pour une alternative où ils ne seront plus écartés des processus de penser, faire, contrôler, etc.
Probablement d’autres discutent comme vous, comme nous. D’autres s’activent, bataillent, cherchent leur chemin. Et un jour, une pensée active au cœur des préoccupations des masses émergera. L’Afrique, le monde l’exigent contre le règne de la barbarie.
Cheikh Kassé est enseignant-chercheur FASTEF/UCAD
Les diférents échanges entre le journaliste, éditorialiste de SenePlus, Paap Seen et l'essayiste, chroniqueur Hamidou Anne, sont à découvrir plus bas :
Nous devons nous assurer une existence sûre et saine dans ce pays qui, au final, est notre seul et ultime refuge et confier nos destinées à des compatriotes désireux de nous servir et non de nous asservir
Il aura réussi, par on ne sait quel subterfuge, à s’installer dans ce pays en mars. La tête dure, le caractère belliqueux, bougon à souhait, il aura anéanti plus d’un espoir et brisé foultitudes de rêves. Toutes les tentatives pour s’en débarrasser ou du moins en juguler les funestes effets ne seront que coup d’épée dans l’eau ou plutôt coup de sabre au vent, l’eau se faisant rare en ces temps de pandémie. Nous avons raté l’occasion de nous administrer le vaccin qui s’imposait, et nous voilà curieusement hésitants et hagards pendant que le sérum est là, à portée de main. La distanciation est le remède indiqué : éloignons-nous-en.
Il faut se demander par quel coup du sort ce monstre est venu frapper à nos portes. Non, il a été fabriqué, par un homme diront certains ou simplement la nature à travers la volonté divine, objecteront d’autres. Qu’importe : il s’est bien installé, se complaisant à nous prendre en otage et ne compte pas s’en aller de sitôt. Il est vrai que dans un pays où la désinvolture passe pour normalité dans les traits de caractère, où il n’y a de communautés que dans les jours heureux, où le combat de tous n’est mené que par quelques-uns, où ceux qui devraient se taire ont pris la place des orateurs indiqués, où ceux qui devraient agir ont les mains désespérément liées, un tel parasite ne trouve aucune peine à mettre à exécution ses funestes desseins.
Nous l’avons accueilli à bras ouverts, espérant que ce serait un de ces épisodes à l’issue heureuse qu’il nous plairait de raconter plus tard à nos enfants. Si, un jour, nous avons la chance et le loisir de le faire, car il faut le reconnaître : les lendemains sont ternes, et aussi hypothétiques que l’apparition d’une sortie favorable.
Tous les signes sont au rouge : règles sanitaires allègrement ignorées de tous comme le sont notre constitution et nos lois de la part de ceux à qui nous avons confié nos destinées ; plateau médical bancal tout autant que notre économie chancelante à la moindre secousse subie ; crédulité incommensurable de ceux d’en haut sur la posologie des priorités malgré les lamentations grandissantes des populations ; théories fumeuses du « médecin » attitré sur l’évolution espérée heureuse de la situation pendant que ses compères rivalisent de grandiloquence sur la pertinence des mesures prises alors que la gangrène s’installe ; le médecin-chef qui ignore royalement les complaintes de ses patients, ceux dont il est justement chargé de panser les plaies et guérir les maux ; une coterie constituée de véritables chantres alimentaires qui vantent ses mérites, louent sa clairvoyance, vendent ses compétences, magnifient son empathie pour ses patients, et par-dessus tout se font un malin plaisir à s’égosiller en pollicitations non policées et qui seront rapidement retirées sur l’autel des comptes à rendre ; l’intendant qui peine à fournir de l’eau potable aux malades et élude habilement par un « ce n’est pas moi » ou dédramatise par cette promesse éculée d’un « retour incessant à la normale » ; les élèves-médecins et enseignants envoyés au front royalement ignorés pendant que ceux qui dorment sous les lambris dorés sont portés aux nues, etc.
Le salut passe avant tout par un désir ardent d’en finir, de revenir à une vie normale et décente.
Il est vrai qu’il n’existe aucun antibiotique à même de nous débarrasser définitivement de ce fléau, aucun anti-inflammatoire capable de calmer la détresse profonde qui sévit aujourd’hui dans le pays marqué entre autres par une justice qui tousse, une économie cherchant désespérément la direction à prendre comme prise de migraines, un système éducatif à l’état fiévreux sur fond de revendications sans cesse ressassées et jamais satisfaites, des forces de sécurité débordées, un système de santé immunodéficient, des infrastructures de transport oblitérantes, des populations assoiffées, un tissu industriel dystrophique. Et par-dessus tout, un gouvernement qui s’essouffle. Quelle calamité !
Voilà le reluisant bilan de corona à l’heure du « déconfinement ».
Cela suffira, certains ont le myocarde sensible et nerveux : un petit coup d’accélérateur pourrait causer un accident.
Le lecteur averti aura vite fait une gémellité avec une réalité connue. L’esprit a cette particularité qu’il est foncièrement rebelle : on ne peut le circonscrire, encore moins lui retirer le droit de vaquer à ses occupations comme l’ont été les sénégalais pendant trois longs mois pour … rien. Car Corona est toujours là, plus fort que jamais, commandant ses troupes en alerte pour mater de l’intrépide, plus pernicieux et vicieux que nous ne pouvons l’imaginer, confortablement installé dans ses quartiers pendant que ses contempteurs cherchent en vain le moyen de s’en débarrasser.
Nous devons nous assurer une existence sûre et saine dans ce pays qui, au final, est notre seul et ultime refuge et confier nos destinées à des compatriotes désireux de nous servir et non de nous asservir.
Il aurait été plus sage, depuis plusieurs années déjà, de s’atteler à régler les vériables priorités pour une réelle émergence et un développement durable : construire des structures de santé dignes de ce nom en lieu et place d’arènes et autres infrastructures qui, la crise aidant, auront démontré toute leur inutilité dans notre quête des fondamentaux pour une vie décente ; renforcer le personnel de santé au lieu de caser de la clientèle politique dans des structures sans intérêt pour le bien-être commun ; réorienter l’économie vers les fondamentaux de la résilience en privilégiant la production agricole et industrielle locale au lieu de favoriser les importations pour les recettes douanières qu’elles peuvent nous conférer ; promouvoir la justice et la bonne gouvernance plutôt que le larbinisme et l’opportunisme et ainsi restaurer les valeurs-socle de l’Etat et la confiance des populations en ses gouvernants ; réduire le train de vie de l’Etat et orienter l’utilisation de nos maigres ressources vers des actions précurseurs de l’auto-suffisance alimentaire, l’accès à l’eau potable, à l’énergie et à l’habitat pour tous ; renforcer la sécurité pour une former société où nous pourrons vivre en harmonie les uns avec les autres ; promouvoir l’entreprenariat des jeunes indépendamment de toute obédience ethnique, politique, régionale ou religieuse.
Mais surtout, pour nos enfants, améliorer l’éducation, base de tout développement harmonieux, afin que le legs que nous leurs laisserons plus tard puisse raviver à chaque instant et vivifier continuellement leur fierté d’être … Sénégalais.
Dire que nous lui avons comme déroulé le tapis rouge, un soir de … mars. Et le voilà qui rempile.
LES BIENS IMMOBILIERS DE JAMMEH DANS LE COLLIMATEUR DE LA JUSTICE AMÉRICAINE
L'ancien président de la Gambie a acheté 281 biens immobiliers avec de l’argent détourné du trésor public, selon une plainte déposée par des procureurs américains qui cherchent à saisir l’une de ses villas
L'ancien président de la Gambie, Yahya Jammeh, a acheté 281 biens immobiliers avec de l’argent détourné du trésor public, selon une plainte déposée par des procureurs américains qui cherchent à saisir l’une de ses villas.
La villa en question est située dans la ville de Potomac, bourgade huppée dans la périphérie de la capitale américaine, Washington.
Selon les procureurs, la villa, qualifiée de somptueuse, est évaluée à 3,5 millions de dollars et doit être saisie car son achat a été rendu possible par la corruption. Ce que la justice américaine ne permet pas.
"Les États-Unis ne permettront pas à ceux qui commettent des crimes d’en tirer profit et nous allons rendre justice aux victimes aussi bien ici qu’à l'étranger", a affirmé Robert Hur, procureur fédéral.
Selon la plainte, l’ex-président Jammeh a ouvert "plus de 100 comptes bancaires" pendant la vingtaine d’années qu’il avait passée à la tête de ce pays enclavé dans le Sénégal.
Arrivé au pouvoir en 1994 à la faveur d’un coup d’État, Yaya Jammeh part en exil en 2016 après avoir été battu par Adama Barrow, l’actuel président. Il vit désormais en Guinée équatoriale.
En 2017 il avait été mis sur la liste des sanctions américaines pour des violations présumées des droits humains.
Il est à préciser que ni M. Jammeh ni les membres de sa famille ne font l’objet de poursuites judiciaires aux États-Unis.
La demande de saisie a été introduite devant un tribunal fédéral situé dans l'État du Maryland.
PLUS DE 200 MILLIARDS DANS LE VENT
Soutenu par de nombreux Etats de l’Union Européenne (France, Italie et Espagne), le Sénégal a acquis plusieurs projets et programmes de lutte contre la migration clandestine.
Soutenu par de nombreux Etats de l’Union Européenne (France, Italie et Espagne), le Sénégal a acquis plusieurs projets et programmes de lutte contre la migration clandestine. Selon le rapport de la fondation Heinrich Böll à Dakar, plus de 200 milliards FCFA (soit environ 305 millions d’euros) ont été investis dans le domaine de la migration durant la période 2005-2019. Malgré l’ampleur de ces financements, relève le rapport, les résultats restent toujours mitigés
Dans le but d’arrêter le fléau de la migration clandestine par le renforcement du contrôle des frontières ou l’amélioration des conditions socio-économiques dans les zones de départ, plus de 200 milliards FCFA (environ 305 millions d’euros) ont été investis au Sénégal sur la période 2005- 2019.N’empêche, le rapport de la Fondation Heinrich Böll, rendu public hier, juge mitigés les résultats de ces investissements.
D’après le rapport, cette situation s’explique par un éparpillement des responsabilités institutionnelles dans la gouvernance des migrations. Il ressort du document qu’il n’existe aucune structure au Sénégal ayant pour mandat d’aborder le fait migratoire dans sa transversalité (émigration, migration interne et immigration).
De plus, souligne la Fondation allemande, la gouvernance migratoire implique une pluralité de structures ministérielles et d’agences gouvernementales en fonction des secteurs concernés, dont le contrôle des frontières, la politique intérieure et étrangère, la coopération bilatérale, multilatérale, et décentralisée, l’aide au développement et l’engagement de la diaspora.
D’autant que, révèle le document, si le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, à travers notamment la Direction générale d’appui aux Sénégalais de l’extérieur, tente d’assumer un leadership institutionnel sur les questions liées à l’émigration, beaucoup de projets et programmes relatifs aux migrations irrégulières sont mis en œuvre par d’autres ministères et agences. «Cet éparpillement institutionnel contribue à faire de la migration un champ éclaté propice à la multiplication des initiatives sans un cadre de concertation apte à fédérer les actions et à contrecarrer le chevauchement et la duplication des programmes et des projets», soulignent les rédacteurs du rapport avant d’ajouter que cela empêche l’émergence d’une ligne politique claire et cohérente dans la gouvernance des enjeux et défis posés par les migrations.
Par ailleurs, la Fondation Heinrich Böll soutient dans son rapport que la pluralité des partenaires techniques et financiers du Sénégal sur ces questions participe à la dispersion des efforts et freinent l’émergence d’une politique nationale. «Parce que les bailleurs démultiplient les initiatives sur la migration et les sollicitations auprès des différents ministères pour y «loger» leurs programmes. Et en retour, les pouvoirs publics sénégalais adoptent une posture consistant souvent à «monnayer» leurs engagements afin de recevoir des financements toujours plus importants»
«PROCEDER A UNE REVISION EN PROFONDEUR DE LA POLITIQUE NATIONALE DE MIGRATION DU SENEGAL»
Pour faire face à cette situation et améliorer les résultats dans les investissements, la Fondation Heinrich Böll recommande aux autorités sénégalaises de mettre en place des politiques et programmes orientés vers l’identification de réponses pérennes et articulés aux défis et enjeux migratoires propres au Sénégal et non, indique-t-elle, pensés par rapport à l’agenda de ses partenaires techniques et financiers. Elle invite cependant à l’Etat à procéder à une révision en profondeur de la politique nationale de migration du Sénégal avant sa validation politique afin, souligne la fondation Allemande, de mettre en valeur les opportunités liées à la mobilité internationale de la population sénégalaise. Et aussi surtout, ajoute-t-elle, de renforcer la gestion locale des migrations en impliquant les collectivités territoriales, les représentants des diasporas, les organisations de la société civile et le secteur privé des territoires d’origine et de destination».
VIDEO
LA TERRE VICTIME D'UNE ÉLITE POLITIQUE PRÉDATRICE
Dans ce pays, nous aimons profiter des failles de la loi - Il y a sur la corniche un détournement du bien public au profit de quelques uns - La déclassification n'est pas un permis pour construire n'importe comment - ENTRETIEN AVEC JEAN CHARLES TALL
La question du foncier au devant de l'actualité ces derniers jours, est abordée par l'architecte Jean Charles Tall, au micro de itv. A en croire l'invité d'Alassane Samba Diop, la terre instrument de constitution de richesse par excellence, est aujourd'hui accaparée par une élite qui n'en a cure des législations en la matière. Car estime-t-il, c'est moins la pression démographique que l'avidité de quelques uns qui est à l'origine de la colonisation du domaine public maritime. Jean Charles Tall en veut pour preuve, l'état de la corniche, complètement défiguré et aux antipodes des normes démocratiques censées être la sienne.
L'architecte fait dans cette interview, un diagnostic succint de la situation et propose des solutions pour éviter l'explosion des colères.
762,89 MILLIARDS DE FCFA DE CHIFFRE D’AFFAIRES EN 2019
L’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (Artp) a publié, hier, son dernier rapport sur le marché des communications électroniques.
L’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (Artp) a publié, hier, son dernier rapport sur le marché des communications électroniques. Elle révèle que le chiffre d’affaires réalisé en 2019 est estimé à 762,89 milliards de f CFA.
Les tendances mondiales sont positives en 2019 en matière de communications électroniques. D’après l’Union Internationale des Télécommunications, citée par les services de l’Artp, il a été noté une croissance (+18,4%) des abonnements actifs au large bande mobile, une augmentation des utilisateurs Internet(4,1 milliards en 2019, soit une hausse de 5,3% par rapport à 2018), une couverture mobile beaucoup plus élargie (97%), et un accès de plus en plus accru aux réseaux Lte (avec 82%de la population mondiale qui sont couvertes par les réseaux Lte).
N’évoluant pas en vase clos, le Sénégal a suivi les tendances mondiales. Dans son rapport publié hier, l’Artp a souligné que le marché des communications électroniques a enregistré un chiffre d’affaires de 762,89 milliards Fcfa en 2019. En comparaison à 2018, note-t-elle, le chiffre d’affaires a augmenté de 4,59% du fait du regain de l’activité de la Sonatel sur le segment de la téléphonie fixe, illustre le rapport produit par les services de l’Artp. «Le chiffre d’affaires est quasi-globalement réalisé par les trois opérateurs (Sonatel SA, Saga Africa Holdings Limited et Expresso Sénégal) dans les marchés de la téléphonie fixe, de la téléphonie mobile et de l’Internet», révèle le rapport de l’Artp. Il laisse entrevoir également que le marché de la téléphonie mobile (y compris Internet) reste dynamique.
Son chiffre d’affaires s’est ainsi établi à 467 milliards de FCFA en 2019 contre 463 milliards en 2018, soit une hausse de 0,71%. «Cet accroissement est porté par le trafic sortant des réseaux de téléphonie mobile qui représente 82,83%du chiffre d’affaires et qui a augmenté de 0,23% en 2019. Les investissements (hors coûts d’acquisition des fréquences) réalisés sur le marché de la téléphonie mobile ont aussi augmenté en 2019 (122 milliards contre 63 milliards en 2018) », explique le rapport. Qui informe aussi que le parc de lignes de la téléphonie mobile suit une tendance à la hausse au cours de l’année 2019. «Il est de 17 880 594 lignes en fin 2019, soit une augmentation de 7,97%par rapport à 2018. Cet accroissement du parc est soutenu par les lignes post payées et prépayées qui ont crû, respectivement de 10,67% et 7,94% en 2019», lit-on dans le document.
MARCHE DE TELEPHONIE MOBILE ET DE L’INTERNET : «ORANGE» DOMINE LES AUTRES OPERATEURS
Il a été noté par ailleurs que dans le marché très concurrentiel des opérateurs, «Orange» reste dominant sur le marché de la téléphonie mobile, même s’il a perdu des parts de marché au cours de l’année 2019. Cependant, selon le rapport de l’Artp, il tire plus de profit sur ce marché que les autres opérateurs, comme en atteste sa part de marché en valeur qui est supérieure à celle en volume. Les parts de marché en volume (par ce trafic) de Free et Expresso sont, par contre, supérieures à celles en valeur ; relativisent les services de l’Artp.
A préciser que globalement, le volume des communications émises des réseaux de téléphonie mobile est estimé à 23,29 milliards de minutes en 2019 contre 23,55 milliards de minutes, en 2018, soit une baisse de 1,09 %. « Les offres tarifaires de la téléphonie mobile sont composées par des offres post payées et des offres prépayées qui nécessitent la disposition d’unités, via rechargement, pour émettre des appels, envoyer des SMS et/ou se connecter à Internet. Les opérateurs titulaires de licence de téléphonie mobile ont introduit 474 offres promotionnelles au courant de l’année 2019.Orange a proposé le plus d’offres promotionnelles, soit 254 sur la période, contre 120 promotions proposées par Expresso et 100 promotions pour Free.
Le nombre de promotions a baissé de 17,28% en 2019 par rapport à 2018 », souligne le document. En ce qui concerne le marché de l’Internet, le rapport révèle que le parc des lignes Internet (opérateurs titulaires de licence et FAI) s’établit à 12 045 735 lignes, à fin 2019, soit une hausse de 14,43% par rapport à 2018. Le taux de pénétration est de 74,31% en 2019, en hausse de 7,37 points. Et selon les services de l’ARTP, les parts de marché sont réparties entre les opérateurs à des proportions différentes. «L’opérateur Orange reste dominant sur ce marché et détient, en 2019, 67,67%de parts de marché, en hausse de 0,52 point.
Free et Expresso détiennent en fin 2019, respectivement 26,37% de parts, en hausse de 0,35 point et 5,93% de parts de marché, en baisse de 1,05 point. Les FAI détiennent 0,03% de parts de marché », apprend-on. Toujours d’après le rapport, les opérateurs Orange et Expresso ont subi les contrecoups de la percée de Free en perdant des parts de marché au quatrième trimestre au profit de celui-ci.
BAISSES IMPORTANTES SUR LES TARIFS
En outre, il a été relevé que la gestion du processus de l’interconnexion est aussi marquée, en 2019, par des baisses importantes sur les tarifs de terminaison (appels et SMS) sur les réseaux de téléphonie fixe et mobile et les liaisons de capacités. Et d’après le rapport, on peut retenir pour cette période : «des baisses de l’ordre de 25% sur les tarifs de terminaison d’appel sur le réseau de téléphonie fixe, aussi bien sur le local (- 25,37%), le simple transit (- 25,22%) et le double transit (-25%) ; des baisses de l’ordre de 25% sur les tarifs départ d’appel (y compris depuis une ligne revendue via l’offre de vente en gros de l’abonnement téléphonique) avec des variations respectives sur le local (-25,37%), le simple transit (-25,22%) et le double transit (- 25%); des baisses de 25% sur les tarifs de terminaison d’appel sur le réseau de téléphonie mobile aussi bien sur la voix que sur les SMS ; des baisses de 10,51% sur les liaisons de capacités pour les services SDH et les services Ethernet aussi bien sur les redevances mensuelles que sur les frais d’accès».
Sur un tout autre registre, l’ARTP a aussi rappelé avoir attribué des fréquences 4G à «Saga Africa Holdings Limited», une quantitéde2*20 MHz sur la bande des 800 MHz et 1800 MHz à la suite de la révision de sa convention de concession et de son cahier des charges lui permettant d’offrir des services 4G. Aussi, elle a attribué des fréquences 4Gà «Sonatel» dans la bande des 2600 MHz, d’une quantité de 2*20 MHz, pour lui permettre d’améliorer la qualité de services de son réseau 4G dans certaines localités notamment en milieu urbain. Pour ce qui est de la gestion de la qualité de service des réseaux mobiles, le réseau de fibre optique pour l’année 2019 est établi comme suit : «Sonatel : 4 640 km dont 360 km dans la région de Dakar ; - Expresso : deux circuits dont l’un, d’une longueur de 71 km, et l’autre de 36 km dans la région de Dakar ;- Saga Africa Holdings Limited : 1 096,24 km de backbone fibre optique».
L’ANARCHIE S’EMPARE DU SECTEUR DE LA LIVRAISON
TiakTiak ou livraison express, la livraison en scooter prend de l’ampleur et attire de plus en plus de monde. Une ruée qui ne manque pas de conséquences.
TiakTiak ou livraison express, la livraison en scooter prend de l’ampleur et attire de plus en plus de monde. Une ruée qui ne manque pas de conséquences. Si certains se sont formalisés, la plupart y ont fait irruption sans se soucier des dispositions réglementaires d’un secteur pourtant régi par des textes.
Les usagers de la route ont sans doute remarqué la floraison de scooters en circulation. Si les deux roues ont toujours fait partie du décor, force est de reconnaître que depuis un certain temps, elles sont devenues monnaie courante. Du matin au soir, elles relient les coins et recoins les plus reculés de la capitale. De plus en plus, les scooters offrent un service de livraison très pratique. « Avec les bouchons qu’il y a dans la capitale, il est beaucoup plus pratique de confier la livraison aux scooters », explique Babacar Samb, gérant d’un grand atelier de couture à Hann Maristes.
Entre 1 500 et 3 000 francs par course, le business rapporte gros. Une rentabilité qui a fini par attirer bon nombre de jeunes. Thierno Ndiaye vendais du café Touba, non loin du marché Dalifort. Mais depuis qu’il a eu écho des retombées de ce business, il s’y est mis. « Je me suis procuré une moto Jakarta à 250 000 francs. Mais je ne le regrette pas », dit-il.
Des recettes qui varient entre 10 000 et 25 000 francs par jour Aujourd’hui, il cumule les deux activités. En effet, pour la clientèle, Thierno s’est contenté d’envoyer un message à tout son répertoire. « Le matin, je vends mon café, mais à chaque fois que je reçois un appel pour une livraison, j’appelle un de mes frères qui me supplée. Je gagne beaucoup plus qu’avec la vente du café. En moyenne, je peux faire cinq courses par jour, c’est au moins 10 000 francs. Alors que pour faire le plein d’essence, je ne dépasse pas 2500 francs », se réjouit-il. Khadim Diakhaté lui, est étudiant. Il a profité de l’arrêt des cours pour se lancer dans le business. Lui non plus ne le regrette pas. «Au début, je le faisais pour arrondir les fins du mois, mais la rentabilité est telle que j’en ai fait un projet à part entière. En moins de trois mois, j’ai pu acheter un autre scooter que j’ai confié à un voisin. C’est un business assez intéressant», reconnaît-il.
Avec l’autre scooter qui verse 6 000 francs par jour, Khadim peut avoir un bénéfice de 20 000 francs quotidiennement. Si certains ont la chance de se procurer un scooter, d’autres n’en ont pas les moyens. Un créneau que certains comme Mouhamed Dione n’hésitent pas à explorer. Ayant compris que des jeunes de son quartier étaient intéressés par le business, celui qui est surnommé Momo en a fait un business.
Ainsi, il a acheté des scooters qu’il a mis à la disposition de ces jeunes, pendant que lui se charge de la supervision. J’achète des motos et je les mets à leur disposition. « Ils ont 30% sur chaque livraison. Le plus souvent, c’est moi qui leur donne les clients et je gère l’entretien des scooters. Chacun y trouve son compte », dit-il. Aujourd’hui, le business est tel que beaucoup continuent de l’investir, parallèlement à leurs activités formelles.
Comptable dans une entreprise de la place, Abdoulaye Diagne est presque chef d’une entreprise de livraison expresse. D’après lui, tout est parti d’une proposition d’un jeune frère qui l’a convaincu d’acheter un scooter. Mais, dit-il, la rentabilité était telle qu’il a doublé son investissement. « J’emploie actuellement trois jeunes de mon quartier. Chacun verse chaque jour 6 000 francs et à la fin du mois, ils ont chacun 25 000 francs en plus de ce qu’ils gagnent quotidiennement», dit-il.
DANGER PERMANENT
S’il est vrai que la livraison expresse offre beaucoup d’avantages, il n’en demeure pas moins que des risques réels existent dans le secteur. Selon un des acteurs qui a requis l’anonymat, la plupart des scooters qui circulent ne sont pas en règle. « C’est dans le marché informel qu’on les achète le plus souvent. Les prix varient entre 250 et 300 000 francs pour les scooters qui n’ont aucun papier. Maintenant, celui qui achète peut payer jusqu’à 50 000 francs pour se faire confectionner un faux Cmc (certificat de mise en circulation). C’est très fréquent. C’est tellement bien fait que les policiers ne les différencient pas facilement des originaux », souffle-t-il. Le risque est le même pour les clients. Babacar Samb, tailleur de profession, n’oubliera pas de sitôt cette amère expérience. « D’habitude je ne travaillais qu’avec un livreur que je connais très bien. Un jour, il est tombé malade, je me suis rabattu sur un autre qui avait déposé sa carte de visite chez moi. Il devait livrer un grand-boubou à un client qui devait voyager. Mais plus d’une heure après son départ, le client m’appelle pour me demander si j’avais trouvé un livreur. Je ne l’ai plus retrouvé. J’ai été obligé de porter plainte, et surtout de rembourser le client pour une valeur de plus de 130 000 francs CFA. Quand je suis allé à la Police, ils m’ont dit que des cas comme ça étaient récurrents », regrette-t-il.
CONTROLE DEFAILLANT
Aussi incroyable que cela puisse paraître, les livreurs ne sont pas très inquiétés sur la circulation. La plupart d’entre eux disent n’être interpellés que quand ils ne portent pas de casque. Et même ça, ce n’est pas tout le temps. Mais que transportent-ils ? Les réponses sont assez surprenantes. « Le plus souvent, ce sont des habits, des tissus ou des trucs de ce genre », répond ce jeune livreur. « Souvent, on me donne de petits cartons bien encastrés à livrer. Mais j’avoue que je ne me suis jamais posé la question du contenu », reconnaît Mouhamed Fall. Selon lui, le souci, c’est qu’il faut une relation de confiance pour fidéliser le client. « S’il se rend compte que j’ai essayé d’ouvrir les colis, il peut me poser des problèmes et ne plus me faire confiance », dit-il.
FATOU MORGANA, CAR RAPIDE PRESTIGE
« Il y a plus un problème d’encadrement que d’organisation » Un des pionniers du secteur de la livraison, l’entreprise Car Rapide Prestige, a vu le marché envahi par des concurrents venus de tous bords. Selon Fatou Morgana, chargée de clientèle et commerciale, cela montre que les populations mesurent l’avantage d’utiliser des coursiers plutôt que de se déplacer. « Le développement du commerce électronique, les boutiques ne sont plus seulement physiques mais aussi virtuels. Le développement des technologies de l’information et des moyens de paiement électroniques sont aussi des facteurs d’accélération du développement des services de livraison », explique-t-elle. Quid de la concurrence du secteur informel ? Selon Mme Morgana, le secteur est déjà organisé parce que l’Etat a pris toutes les mesures d’ordre législatif et réglementaire, dans le cadre du code des postes qui indique clairement les dispositifs liés à la fourniture du service de distribution ; et l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes est(Artp) est chargée d’administrer le secteur. Pour elle, la question est beaucoup plus un problème d’encadrement que d’organisation. « Parmi les livreurs informels, il y a les jeunes qui le font à titre personnel, sans autorisation, etles structures organisées distribuent en toute illégalité sans disposer de licence d’opérateur postal privé. Pour les jeunes, il faut de la tolérance jusqu’à une certaine limite. L‘écosystème économique n’est pas le même que dans les pays développés. Au Sénégal, le taux d’embauche est faible, les jeunes chômeurs n’ont pas d’indemnités de chômage et ils doivent se débrouiller pour nourrir leurs familles. A l’opposé, je dénonce les structures organisées qui font de la distribution en toute illégalité. Elles doivent être poursuivies et sanctionnées. La sanction doit être plus lourde pour les entreprises qui leur confient du courrier en violation du code postal en toute connaissance de cause », argue-t-elle.
L’ARTP BRANDIT EDES AMENDES DE 10 A 30 MILLIONS
«Quiconque exerce l’activité postale sans avoir préalablement obtenu une licence est puni d’une amende de dix (10) à trente (30) millions de francs et d’un emprisonnement de deux (2) mois à trois (3) ans, ou l’une de ces deux peines seulement ». C’est ce que dit l’article 43 du Code des Postes. Dans un communiqué, l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes avertit qu’elle procédera à des opérations de contrôle. Dans le même document, elle informe le public, les entreprises notamment, les sociétés de facturation, que conformément aux articles 27 et 28 de la loi n° 2006-01 du 4 janvier 2006 portant Code des Postes, l’exercice de l’activité postale est soumis à l’obtention préalable d’une licence d’exploitation du courrier délivrée par arrêté du Ministre chargé des postes, après avis de l’institution de régulation.
par JEAN PIERRE CORREA
EN SELLE POUR UN MEILLEUR ENVIRONNEMENT
Une ambitieuse politique de haras nationaux pourrait trouver un débouché sportif grâce à la construction d’un hippodrome moderne et qui aurait une belle place dans cet espace de Dakar-Yoff, suscpetible d'accueillir un grand complexe dédié au cheval
Alors que les Oryx de Goumbeul ont mis à mal la notion du respect que certaines de nos autorités pouvaient avoir de l’environnement, le cheval qui orne avec fierté le sigle de l’APR a l’occasion de redonner vie à un rêve que les dakarois nourrissent de se distraire dans un cadre agréable, chlorophyllé et accueillant, que pourrait être, si l‘audace s’invitait au sommet de l’Etat, cet espace libéré par le président de la République, qu’est l’emprise de l’ancien aéroport Léopold Sédar Senghor.
La décision prise ce mercredi en Conseil des ministres de préciser ce qu’il va advenir de cette réserve foncière qu’est l’aéroport LSS, est d’abord apaisante, puisque l’attribution qui en avait été faite à la Caisse de Dépôts et de Consignation, institution mal connue des sénégalais, avait provoqué un léger brouhaha, alimenté de rumeurs anciennes en faisant de ces terres la propriété d’un improbable consortium immobilier marocain.
L’information est claire. 10 hectares seront alloués à l’érection d’un parc forestier urbain inclus dans le projet « Sénégal Vert », constitué d’un bois, de bocages, de marais et d’aires de jeux et de détente, qui sera adossé aux 30 hectares dévolus à la CDC. Belle idée au demeurant… Ainsi-soit-il !
Mais comment transformer une belle opportunité en idée de génie ? Avec l’audace d’une vision d’avenir construite autour de la plus belle conquête de l’homme : le cheval.
Il y a une passion sénégalaise pour le cheval, notamment de course, et à l’heure où pratiquement tout ce que l’on peut appeler des hippodromes, ressemblant surtout à des champs de patates poussiéreux, est en train de disparaître, comme celui de Rufisque avalé par le parcours du TER. Ceux de Louga, Tivavouane, Saint Louis ou Kébémer, n’encouragent pas les éleveurs à développer l’élevage d’étalons de course.
Une ambitieuse politique de haras nationaux est menée et pourrait trouver un débouché sportif grâce à la construction d’un bel hippodrome moderne et qui aurait une belle place dans cet espace de Dakar-Yoff, qui pourrait accueillir un grand complexe dédié au cheval, et qui comprendrait centre équestre, poney-club, piste de concours d’obstacles, qu’abrite dans une totale désuétude la gendarmerie de Colobane.
Il est possible de rêver qu’après Dakar Arena, les arènes de lutte, Dakar ait un hippodrome à la dimension d’une capitale, qui pourrait abriter des grands Prix Internationaux qui feraient le bonheur du PMU, d’autant que le Sénégal dirige actuellement la Société des Loteries Nationales d’Afrique.
Cette vision poserait un véritable enjeu économique, favorisant des emplois nouveaux, d’éleveurs, de propriétaires, de jockeys, de palefreniers, et son développement pourrait capter une nouvelle destination de Paris Mutuels Urbains, qui semble décliner en Europe dans les décennies à venir.
Monsieur le président, nous espérons de votre audace à oser le pari du cheval dans cette zone qui n’attend que des projets structurants, pour être un maillon agréable de ce Sénégal vert que toute une capitale attend de ses vœux.
Que les porteurs de projets montent en selle… et laissent leurs rêves chevaucher leurs espoirs et répandre l’amour du cheval.
Il sera temps ensuite de former les « borom sarett » pour qu’ils aient plus de respect pour cet animal d’essence divine… mais c’est une toute autre histoire.
LE JEU DANGEREUX DE MALICK SALL
Après l’Untj, le ministre a reçu le Syndicat des Travailleurs en Education spécialisée (Syntes). Curieusement, le garde des Sceaux peine à accorder une oreille attentive au Sytjust qui paralyse depuis un mois le fonctionnement de la Justice
Après l’Untj, le ministre de la Justice a reçu hier le Syndicat des Travailleurs en Education spécialisée (Syntes) de son ministère. Curieusement, le garde des Sceaux peine à accorder une oreille attentive au Sytjust qui paralyse depuis un mois le fonctionnement de la Justice par des grèves incessantes.
«Au lieu de renouer le fil du dialogue avec le Syndicat des Travailleurs de la Justice (Sytjust) qui paralyse le système judiciaire par des grèves récurrentes pendant trois semaines d’affilée, il n’a pas trouvé mieux que d’inviter un petit groupe dissident de travailleurs de la Justice qui ne fait même pas la grève, qu’il a rencontré.
Cette démarche apparemment inspirée de tactiques directement sorties des manuels désuets d’un machiavélisme suranné semble dénoter d’un esprit belliciste qui supporte mal la critique d’un Syndicat qui ne demande légitimement que l’exécution de décrets signés par le président de la République, et la mise en œuvre d’un protocole d’accord dûment paraphé par la République du Sénégal », s’était s’insurgé il y a quelques jours le Sytjust qui fustigeait ainsi l’entretien qu’avait accordé le garde des Sceaux à l’Union Nationale des Travailleurs de la Justice (Untj).
C’est une fuite en avant, d’après le Sytjust qui démontre clairement que Monsieur Malick Sall mise sur un clivage imaginaire entre les travailleurs pour arriver à ses fins qui ne sont autres que la remise en cause des acquis des travailleurs de la Justice.
Toutefois, ces interpellations semblent tomber dans l’oreille d’un sourd et ce, nonobstant tout ce qui a été dit à son sujet. En effet, alors qu’il continue toujours d’ignorer les membres du Sytjust en faisant fi de leurs revendications, le garde des Sceaux a encore reçu hier le Syndicat des Travailleurs en Education spécialisée (Syntes) de son ministère. «Le garde des Sceaux a reçu le Syntes à sa demande, à l’effet de passer en revue la situation qui prévaut dans le secteur.
Le ministre de la Justice a apporté toutes les informations nécessaires et a conforté le syndicat sur certaines revendications légitimes, notamment en ce qui concerne le fonds commun, l’indemnité de judicature et la prise en charge des vacataires», d’après le communiqué qui renseigne : «Le ministre a indiqué que son ambition est de renforcer les acquis des travailleurs et a réitéré ses bonnes dispositions à instaurer un climat apaisé avec tous les partenaires sociaux.»
Force est de constater que cette propension de Me Malick Sall à discuter avec les syndicats de la justice exclut de facto le Sytjust qui est dans un bras de fer notoire avec lui. La question, c’est pourquoi le ministre refuse de dialoguer avec le syndicat? D’autant que le président de la République Macky Sall a demandé, lors du Conseil des ministres du 17 juin 2020, de veiller à l’instauration d’un dialogue social permanent et à la stabilité, avec toutes les composantes et acteurs de la justice.
Mais non seulement Me Malick Sall fait fi de toutes les grèves qui ont émaillé ces derniers jours le secteur de la justice, mais le Sytjust dénonce «la tentative de faire taire le syndicat par la stratégie de l’érosion du mouvement et par l’épuisement découlant de la souffrance d’attendre».
Et comme l’avait révélé «L’As» il y a deux jours, Me Aya Boun Malick Diop, secrétaire général du Sytjust, est dans le collimateur de l’administration. Il risque purement et simplement la radiation et un dossier pour abondon de poste était en train d’être confectionné par les services du garde des Sceaux. Même si le principal concerné se dit nullement ébranlé et parle de diversion, une tentative de museler le syndicat est difficilement réfutable.
Et les esquives non élucidées de Me Malick Sall hérissent plus d’un et risquent de constituer un point d’achoppement à la pacification du secteur de la justice, d’autant que le Sytjust commence à avoir le soutien des syndicats des autres corps. Ce qui est incompréhensible aussi, c’est le mutisme du président de la République alors que le Sytjust est en grève depuis des semaines. Le chef de l’Eat est le seul à pouvoir arbitrer ce bras de fer entre le ministre et ses travailleurs qui a fini par polluer le fonctionnement du secteur de la Justice.