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1 juillet 2025
INCERTITUDES AUTOUR DU COUPLAGE DES ELECTIONS
L’idée du couplage des élections locales et celles législatives serait en gestation au plus haut sommet de l’Etat dans le but de soulager les caisses de l’Etat, fortement impactées par la pandémie de la Covid-19.
L’idée du couplage des élections locales et celles législatives serait en gestation au plus haut sommet de l’Etat dans le but de soulager les caisses de l’Etat, fortement impactées par la pandémie de la Covid-19. Cependant, des experts électoraux sont unanimes qu’un tel assemblage des deux types d’élections ne serait pas de tout repos pour l’administration qui serait obligée d’installer 3 urnes dans les bureaux de vote, mais aussi cela pourrait créer un flou politique pour les populations et même pour les acteurs politiques.
L’information fait son petit bonhomme de chemin. Le président de la République, Macky Sall, serait tenté, mieux aurait même décidé, de coupler les prochaines élections locales et législatives et qu’il serait en train d’attendre le retour à la normale et la reprise du dialogue politique pour soumettre ladite proposition à la Commission nationale du dialogue politique. Une telle idée serait motivée par les conséquences économiques de la crise sanitaire qui rendraient impossible financièrement l’organisation d’élections locales, actuellement.
LE PRINCIPE DU RESPECT DU CALENDRIER ELECTORAL
Toutefois, l’idée du couplage des deux élections pose un certain nombre de problèmes, qu’ils soient techniques ou politiques, selon les experts contactés par la rédaction de Sud quotidien. Le Directeur exécutif de l’Ong 3D, Moundiaye Cissé et Ababacar Fall, Secrétaire général du Groupe de recherche et d’appui conseil pour la démocratie participative et la bonne gouvernance (Gradec) posent d’emblée le principe du respect du calendrier républicain. En effet, M. Cissé pense que «reporter les élections locales serait un report de trop. On a les moyens de l’organiser en mars 2021, tout au plus courant 2021». Il reste persuadé que si le parrainage est supprimé, il sera possible d’organiser les élections locales en mars 2021. Cependant, «si on garde le parrainage, il faut augmenter 3 mois car tout le processus du parrainage, c’est 85 jours», fait-il savoir. Même son de cloche du côté de M. Fall qui rappelle que si le premier et le deuxième report ont pu s’expliquer, il n’en sera pas de même pour un troisième report. Pour cause, il explique que le dialogue politique interrompu à la suite de la crise sanitaire peut bel et bien reprendre dans la mesure où il y a les mesures d’assouplissement consécutives à la levée de l’Etat d’urgence. Ainsi donc, il pense que «les conditions sont réunies pour la poursuite du dialogue politique et des deux opérations que constituent l’audit du fichier et l’évaluation du processus électoral afin que la date-butoir du 30 mars puisse être respectée ou à défaut être légèrement décalée de 2 à 3 mois».
DES PROBLEMES TECHNIQUES A NE PAS ELUDER
Les deux spécialistes des questions électorales ont, en outre, soulevé des problèmes techniques qu’il ne faut surtout pas éluder. Ils font savoir que dans le cadre du couplage des élections, il faudra trois urnes dans chaque bureau de vote pour les trois scrutins ; une pour le département, une pour les communes et une pour les législatives. Ce qui allongerait, selon eux, considérablement le temps de vote. Quid de la confection des bulletins de vote ainsi que de leur disposition qui pourrait également créer des difficultés réelles pour la majorité des électeurs ? A cela s’ajoute la question du parrainage qui constitue également une difficulté et non des moindres au regard des dispositions actuelles de la loi électorale. A ne pas perdre de vue que les acteurs au dialogue politique avaient décidé d’introduire une nouveauté pour le vote des maires à l’élection uninominale, c’est-à-dire l’élection du maire au suffrage universel directe. Ce qui voudrait dire que ces élections vont être complexes, si toutefois, le couplage est acté.
LE FLOU POLITIQUE DU COUPLAGE DES LOCALES ET LEGISLATIVES
Nos deux experts électoraux ont, par ailleurs, relevé des problèmes politiques. Le Directeur exécutif de l’Ong 3D, M. Cissé trouve que le couplage de deux élections aussi différentes que les locales et les législatives créerait un «flou». A son avis, «on ne saura pas qui veut être député, qui veut être maire surtout avec cette nouvelle donne d’élection uninominale des maires». Les mêmes remarques sont faites par Ababacar Fall du Gradec qui estime que la plus sérieuse difficulté résidera dans les stratégies d’alliances électorales des différents acteurs politiques. En effet, il est d’avis que «la nature des deux élections n’étant pas la même, les objectifs et les enjeux non plus, il sera difficile à une pluralité de partis, pour des raisons de cohérence, de conclure une alliance au niveau national sur les listes de députés et de se combattre au niveau local ou les stratégies d’alliance ne sont pas les mêmes, compte tenu des réalités et vice-versa». Poursuivant sur les difficultés politiques, M. Fall et M. Cissé feront remarquer que la campagne électorale pour les deux types d’élections se tenant au même moment, il y a un risque de cacophonie réel dans le discours des uns et des autres. Pour toutes ces raisons non exhaustives, les deux experts restent persuadés qu’il serait mieux d’organiser ces deux élections de façon séparée tout en respectant autant que possible le calendrier électoral. Cela, selon eux, pour ne pas dévoyer le suffrage et la volonté des citoyens d’autant plus que le mandat des équipes départementales et municipales est épuisé depuis belle lurette.
Par Ousseynou Ndoye
COVID 19 ET RESTAURATION DES PAYSAGES AU SENEGAL
La restauration des paysages à travers les plantations d’arbres permet d’obtenir le même impact que la Covid 19 sur l’environnement
La pandémie de la Covid 19 a fortement réduit les émissions de gaz à effet de serre et la pollution de l’air dans le monde entier en général et au Sénégal en particulier, ce qui est très bénéfique pour la santé humaine, l’équilibre écologique et la lutte contre le réchauffement climatique. La restauration des paysages à travers les plantations d’arbres permet d’obtenir le même impact que la Covid 19 sur l’environnement.
En outre, elle permet d’atténuer les vagues de poussière venant du Sahel très fréquentes à Dakar et dans les autres régions du Sénégal. La restauration des paysages a pour objectif de planter des arbres dans différentes formes d’utilisation des terres gérées de manière intégrée. Les bénéfices attendus sont entre autres, l’augmentation du couvert forestier qui permet la séquestration de dioxyde de carbone, l’augmentation de la biodiversité, la réduction de la pollution de l’air dont Dakar souffre énormément, le renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations, l’octroi d’emplois verts pour les populations (surtout pour les femmes et les jeunes) et la lutte contre la pauvreté. Une étude scientifique a montré que pour chaque dollar USA investi dans la restauration des paysages, un bénéfice au moins égal à 30 dollars USA pourrait être obtenu. Cela veut dire que la restauration des paysages doit être une priorité pour le Sénégal. En outre, elle doit être considérée comme une approche de développement durable et de lutte contre les changements climatiques.
ARBRES POTENTIELS POUR LA RESTAURATION DES PAYSAGES AU SENEGAL
Le choix des espèces d’arbres à promouvoir dans la restauration des paysages doit être discuté avec les communautés pour intégrer leurs besoins et leurs intérêts, qui sont entre autres, le renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, les emplois verts, la disponibilité du bois de feu, l’obtention de revenus et de l’ombrage pour atténuer la chaleur, etc…
Au moins deux catégories d’arbres peuvent être utilisées pour la restauration des paysages au Sénégal. Les arbres appelés produits forestiers ligneux (PFL) et ceux connus sous le nom de produits forestiers non ligneux (PFNL).
Dans cet article, les PFNL sont définis comme des produits d’origine végétale autres que le bois d’œuvre, issus des forêts, des terres boisées et des arbres hors forêts. On peut citer les feuilles, les graines, les noix, les fruits, les champignons, les racines, les tiges, les écorces, les lianes, les sèves.
Les PFNL les plus populaires au Sénégal sont les suivants: Karité (Vitellaria paradoxa), Baobab ou Bouye (Adansonia digitata), Ou le ou Nététou ou Néré (Parkia biglobosa), Neem (Azadirachta indica), Madd (Saba senegalensis), Toll (Landolphia heudelotii), Sap Sap ou Nebeday (Moringa oleifera), Gomme arabique (Acacia spp), Dakhar ou Tamarin (Tamarindus indica), Ditakh (Detarium senegalensis), Dankhe (Detarium microcarpum), Soump (Balanites aegyptiaca), Jujube ou Sidème (Ziziphus mauritiana), Kooni (Borassus aethiopum), Noix d’acajou (Anacardium occidental), Dimbe (Cordyla pinnata), Guerte Tubaab ou Badamier (Terminalia catappa), Leungue (Vitex doniana et Vitex madiensis), Neb-Neb (Acacia adansonii),Nèw ou Pommier du Cayor (Parinari macrophylla), Solom (Dialium guineense), Taba (Cola cordifolia), Xewer ou Cerisier du Cayor (Alphania senegalensis), Marula ou Beer en Wolof ou Prunier d’Afrique (Scerocarya birrea), Dugoor ou Pomme cannelle du Sénégal (Annona senegalensis), Mame patan ou Prunier de Guinée (Parinari excelsa), etc…
Ces produits sont riches en vitamines A, B, C, D, E, K et en minéraux: calcium, magnésium, fer, potassium, sodium, zinc, phosphore, manganèse. C’est pourquoi il faudrait recréer des peuplements de ces arbres dans la cadre de la restauration des paysages au Sénégal.
L’importance des PFNL peut être appréhendée à travers leurs contributions:
a) Au renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations par la consommation directe après la collecte primaire ou par l’achat d’autres denrées alimentaires à partir des revenus obtenus de la vente des PFNL.
b) A la lutte contre la pauvreté rurale à travers les revenus qu’ils génèrent. Ces revenus peuvent permettre d’acheter d’autres biens.
c) Aux emplois des femmes et des jeunes. A ce titre, les PFNL contribuent au développement de l’entrepreneuriat et des Petites et Moyennes Entreprises (PME).
d) A l’amélioration de la santé des populations à travers l’utilisation des plantes médicinales que fournissent ces arbres.
e) A la résilience des populations et à l’adaptation aux changements climatiques à travers l’incorporation des PFNL dans les espaces agricoles.
f) Aux Objectifs de Développement Durables (ODD) notamment ODD1 lutte contre la pauvreté comme indiqué au point b) ci-dessus; ODD2 faim zéro comme mentionné au point a) ci-dessus; ODD3 bonne santé et bien-être (à travers l’utilisation des plantes médicinales) comme indiqué au point d) ci-dessus; ODD4 accès à une éducation de qualité (en effet dans le monde rural, les femmes vendent des PFNL pour payer la scolarité et les fournitures de leurs enfants); ODD11 villes et communautés durables (les arbres permettent d’embellir les rues, les avenues et les espaces publics créant ainsi des villes vertes); ODD 13 et ODD 15, mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques et vie terrestre (les arbres permettent de séquestrer du carbone et d’augmenter le couvert forestier, voir également le point e) ci-dessus.
Les produits forestiers ligneux (PFL) sont ceux qui fournissent le bois d’œuvre. On peut citer, entre autres, le bois de Venne (Pterocarpus erinaceus), le Fraké (Terminalia superba), le Bentégné ou Fromager (Ceiba pentendra), l’Acajou ou Cailcedrat (Khaya senegalensis), le Flamboyant (Delonix regia), l’Ebène (Diospyros sp.), le Tulukuna (Carapa procera), le Kadd (Acacia albida ou Faidherbia albida), les Figuiers (Ficus lutea ou Ficus platyphylla ou Ficus umbellata ou Ficus polita) etc.
L’Agence Sénégalaise de la Reforestation et de la Grande Muraille Verte (ASRGM) qui vient d’être créée au sein du Ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD) devra tenir compte de ces types d’arbres (PFL et PFNL) dans son programme de restauration des paysages au Sénégal.
En outre, l’agence doit mener des campagnes en utilisant les médias pour mieux sensibiliser les populations rurales et urbaines sur l’importance des arbres dans la lutte contre les changements climatiques et la conservation de la biodiversité.
Les mairies et les collectivités locales devraient être mobilisées pour prendre en charge les plantations d’arbres le long des différents axes routiers et dans les espaces publiques de leurs circonscriptions dans le cadre de la promotion des villes vertes. Les ministères de l’Urbanisme, du Logement, et de l’Hygiène Publique; de l’Education Nationale; de l’Enseignement Professionnel; de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation devront également être sensibilisés pour les plantations d’arbres le long des autoroutes et certaines routes qui ne sont pas du domaine administratif des mairies et des collectivités locales; et dans les écoles primaires, les lycées, les écoles professionnelles et les universités. Tous ces efforts de restauration permettront au Sénégal de mieux se prémunir contre d’éventuelles autres menaces post Covid 19 que sont les changements climatiques, la pollution de l’air et le déséquilibre écologique. Il faut souligner que le Ministère de l’Urbanisme, du Logement, et de l’Hygiène Publique est en train de faire un travail très important qu’il faut magnifier.
CULTURE DES ARBRES ET PAS SEULEMENT DE LES PLANTER POUR REUSSIR LA RESTAURATION DES PAYSAGES AU SENEGAL
Le concept de culture des arbres doit se substituer à celui de planter des arbres. La culture des arbres inclut l’acte de planter ainsi que le suivi et la prise en charge de toutes les étapes en aval jusqu’à la maturation pour la réussite totale de l’opération. Chaque année, la journée internationale des forêts est célébrée le 21 mars, celle de la biodiversité le 22 mai, la journée mondiale de l’environnement le 5 juin et celle de la lutte contre la désertification et la sécheresse le 17 juin. Des centaines de milliers d’arbres sont plantés dans ces journées mais malheureusement les taux de survie ne sont pas toujours satisfaisants car une fois plantés la majorité des arbres sont laissés à eux-mêmes et ne sont pas suivis.
La culture des arbres doit être la nouvelle stratégie qui doit être adoptée. Ce concept doit être porté par l’ensemble de la population en général, et en particulier par les communautés rurales avec qui l’administration forestière pourra signer des contrats d’entretiens et de suivis des arbres pour en retour obtenir un droit d’usage commercial sur les arbres dont les fruits pourront être récoltés tout en veillant à la préservation de l’arbre même.
Ainsi les communautés villageoises auront le droit de consommer et de commercialiser les fruits des arbres plantés pour satisfaire leurs besoins de premières nécessités ce qui les motivera davantage pour le suivi et l’entretien. Pour lutter contre les comportements individuels opportunistes, les communautés devraient être organisées en coopératives ou en associations ou en petites et moyennes entreprises (PME) où les membres travailleront en groupes pour l’entretien et le suivi des arbres. Avant la maturation des arbres plantés, les membres des coopératives ou des associations ou des PME devraient être formés à l’entrepreneuriat pour mieux comprendre les avantages de travailler et de vendre en groupes pour augmenter leur pouvoir de négociation; ils devront également être formés à la comptabilité simplifiée, à la gestion des bénéfices, à l’élaboration des plans de développement d’entreprises ou plans d’affaires, à la transformation des produits pour créer une plus grande valeur ajoutée, et sur les choix d’investissements productifs pour diversifier leurs activités et leurs revenus.
La Covid 19 montre l’importance de cultiver les arbres et de les pérenniser pour la restauration durable des paysages au Sénégal. Celle-ci permet de renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations, de lutter contre la pauvreté, d’augmenter le couvert forestier, la biodiversité, et la séquestration du carbone, de réduire la pollution de l’air afin de doter le Sénégal de forces endogènes durables pour la lutte contre les changements climatiques et le déséquilibre écologique qui sont des menaces potentielles post Covid 19.
Par Babacar TOURE
L’ARC DE FEU SOUS-RÉGIONAL DE LA VIOLENCE
Notre pays, si on n’y prend garde, pourrait subir les effets telluriques de ce déferlement de violence contagieuse qui se propage dans l’arc de feu ravageur de notre voisinage immédiat
Après avoir montré que la violence est consubstantielle à l’histoire politique et sociale du Sénégal, il est question dans ce second jet de son impact sous régional. Un Arc de feu marqué par l’onde de choc de la faille malienne, la déflagration en Guinée, la résurgence irrédentiste en Mauritanie. Il en ressort que, tout en se posant à la fois en termes de géopolitique sous-régionale et régionale, la question sécuritaire n’en revêt pas moins le caractère d’un impératif de politique intérieure.
L’ARC DE FEU SOUS-RÉGIONAL
« Tant qu’il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers, et compliquant d’une fatalité humaine, la destinée qui est divine ; tant que les trois problèmes du siècle, la dégradation de l’homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l’atrophie de l'enfant par la nuit, ne seront pas résolus ; tant que, dans certaines régions, l’asphyxie sociale sera possible ; en d’autres termes, et à un point de vue plus étendu encore, tant qu’il y aura sur la terre, ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci, pourront ne pas être inutiles. » Victor Hugo. Les Misérables
Notre pays, si on n’y prend garde, pourrait subir les effets telluriques de ce déferlement de violence contagieuse qui se propage dans l’arc de feu ravageur de notre voisinage immédiat. En effet, la guerre de libération de la Guinée-Bissau, les conflits armés du Libéria, de la Côte d’Ivoire, du Nord Mali et quarante ans de guérilla en Casamance sur le flanc sud de notre pays, ont favorisé un important trafic et une circulation massive d’armes de guerre dans la sous-région. Aux soldats perdus de ces guerres de pauvres qui se sont dispersés dans notre espace soudano-sahélien, se sont ajoutés des rescapés de l’internationale terroriste, chassés d’Algérie et de Libye, repliés dans notre aire géopolitique avec armes et idéologie, pratiquant assassinats, vols, agressions, enlèvements contre rançons et protection, détruisant au nom de Dieu, adeptes de la contrebande, du trafic de drogue d’organes et d’êtres humains. Cependant, la violence de masse la plus horrible qu’il nous a été donné de vivre en ce vingtième siècle finissant fut la véritable boucherie subie par des Sénégalais et des Mauritaniens en avril 1989.
Tout est parti d’un conflit classique ayant abouti à mort d’homme, côté sénégalais entre éleveurs et agriculteurs à Doundé Khoré, dans le Diawara, zone frontalière entre les deux pays. La rumeur dévastatrice, s’est rapidement propagée, d’une attaque armée de gardes Arabo Berbères mauritaniens contre des paysans négro-africains sénégalais. La maladresse (?) du ministre mauritanien de l’Intérieur, Gabriel Cimper (qui se rebaptisera Djibril Ould ABDALLAH), dépêché à Dakar pour apaiser la tension a mis de l’huile sur le feu attisé par les extrémistes des deux pays, les suprématistes baathistes (du parti « Baath « et leurs compères nasséristes, prônant l’arabisation hégémonique de la Mauritanie. Ils avaient cependant leurs répondants chez les activistes et hommes politiques négro-africains, à cheval sur les deux rives du fleuve Sénégal, qui au nom de la conservation ou de la sauvegarde des terres ancestrales, voulaient contenir les Maures à une centaine de kilomètres au-delà du fleuve. Ils contestaient ainsi les limites frontalières imposées par l’arbitraire colonial.
Certains médias mauritaniens, sénégalais, et internationaux dont Radio France internationale (RFI) apportèrent au conflit une amplification dramatique, contribuant à surchauffer les esprits et à titiller les bas instincts de groupes manipulés. Le chauvinisme des uns, le nationalisme étroit des autres, exacerbés par l’opportunisme politique et le populisme de certains ténors ayant cru leur moment venu de prendre le pouvoir, provoquèrent une situation d’une violence inouïe. Dans les deux pays, de paisibles citoyens furent, égorgés, éventrés, démembrés ou émasculés par des hordes en furie vengeresse, assoiffées de sang. Des deux côtés, aucune force de l’ordre, ne s’est manifestée, ni n’a reçu l’ordre d’empêcher les tueries et de protéger les personnes en danger et leurs biens pillés ou confisqués.
Aucune interpellation, aucune arrestation, aucune poursuite judiciaire à ce jour. Au-delà des morts atrocement et sommairement exécutés et enregistrés dans leur communauté, les Mauritaniens Noirs expulsés de leurs maisons et de leurs lieux de travail, victimes de bannissement, de destruction et de confiscation de leurs biens ont été refoulés vers le Sénégal. Les autorités mauritaniennes de l’époque considéraient que tout Noir était Sénégalais, en particulier Wolof et /ou Halpulaaren.
Au Sénégal, les Maures qui tenaient le secteur de la petite distribution de proximité dans les quartiers et dans les villages ont subi la loi du talion avec autant de barbarie que nos compatriotes de l’autre rive. Ce fut le triomphe de la raison du plus fou qui est toujours la pire. C’est le lieu et l’occasion d’évoquer la remarquable solidarité, l’empathie et la générosité de cœur et d’esprit de citoyens Sénégalais et Mauritaniens, voisins, simples connaissances ou témoins, qui n’ont ménagé ni leur énergie, ni leur temps, pour arracher à la mort des victimes de ces véritables pogromes. On distinguera parmi les sauveteurs, l’ancien Recteur de l’Université de Dakar, le regretté professeur Souleymane Niang rencontré à plusieurs reprises au consulat de Mauritanie à Colobane, convoyant lui-même, au volant de son véhicule des étudiants arrachés aux griffes d’escadrons de la mort sortis de partout et de nulle part.
Ou encore les actions salvatrices des camarades de la Gauche sénégalaise: Landing Savané, Amath Dansokho, Abdoulaye Bathily. Et mauritanienne : Ba Boubakar Moussa, Mohamed Ould Maouloud, Lo Gourmo Abdoul, Traoré Ladji, Daffa Bakary, Isselmou Ould Abdel Kader, Sy Hasmiou, Sy Mamoudou Longo et bien d’autres qu’il me serait fastidieux de citer.
LA THESE DU BOUCLIER TAMPON
Les navettes de rapatriement par air et par le fleuve, des rescapés de cette éruption de folie meurtrière ont débarqué des personnes semblables à des zombies, des familles disloquées. Elles apparurent polytraumatisées dans leur esprit et dans leur chair, sans repères, ayant pour la plupart lâché prise sous le choc de cette barbarie qui s’est soudainement abattue sur elles. Désignés pudiquement « réfugiés mauritaniens » au Sénégal, ces victimes de la déportation, sont à distinguer des Sénégalais dépouillés et expulsés vers leur «pays d’origine».
A en croire certains historiens spécialistes de l’aire civilisationnelle soudano- sahélienne, ceux-ci comptaient d’ailleurs dans leurs rangs nombre de Mauritaniens de souche établis dans la Vallée et dans certaines parties du Sud-Est du pays, avant l’arrivée des Almoravides et des Berbères, dont certaines tribus se sont mélangées avec des autochtones pour diverses raisons et par divers moyens. Aujourd’hui encore, le travail de deuil, les réparations et même l‘’exigence morale d’une quête mémorielle sont déniés à ces déracinés et à leur descendance persécutée, devenus apatrides dispersés aux quatre coins du monde où on a bien voulu les accueillir.
Plus tard, des officiers Négro-africains seront arrêtés et exécutés dans la garnison-prison de Jreida, près de Nouakchott. D’autres membres de cette communauté, cadres et intellectuels pour la plupart, révoltés par le racialisme des tenants du pouvoir arabe aux allures de nettoyage ethnique ciblant en particulier leur groupe, des Halpularen, dénoncent cet état de fait. La publication d’un «manifeste du Négro-africain opprimé » vaudra à l’immense écrivain Téné Youssouf Guèye, au journaliste Sarr Ibrahima, à Djigo Tafsirou, au Capitaine Boye Alassane Harouna et à leurs compagnons d’infortune, les rigueurs d’une condamnation aux travaux forcés et la déportation au fort pénitentiaire de Oualata, d’où certains ne sortiront pas vivants. Déjà en 1966, un premier manifeste dit des « 19 » avait attiré l’attention de l’opinion nationale et internationale sur le sort inique infligé à la composante Négro-africaine de Mauritanie.
En réponse, leurs auteurs furent traqués et sauvagement réprimés. Les différents régimes qui se sont succédés au Sénégal ont pris le parti de tourner la tête et de se détourner face à cette question qui nous concerne, nous interpelle intimement et qui ne manquera pas de nous rattraper encore. Comme en 1989.
Dans le même registre, on pourrait évoquer l’annonce de la création d’un éphémère et intrigant «Front de Libération du Waalo, du Fouta et du Guidimakha », espace habité respectivement par des Wolofs, des Halpulaaren et des Soninké, à cheval sur les deux rives du fleuve Sénégal. L’analyste et journaliste sénégalais Babacar Justin Ndiaye attribue la création de ce mouvement improbable à une volonté de l’ancien président de la République du Sénégal Léopold Sédar Senghor, de tenir à distance et en respect l’Algérie progressiste de Ouari Boumediene. Elle était devenue la Mecque des révolutionnaires de tous bords et n’a ménagé ni ses ressources, ni ses relations, dans sa volonté de faire triompher l’indépendance de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) et de son fer de lance le Front Populaire de Libération de la Saguiet El Amra et du Rio de Oro (Front Polisario). Une décolonisation tronquée selon Alger et ses alliés puisque la puissance colonisatrice, a cédé aux prétentions marocaines et mauritaniennes sur les parties Nord et Sud du territoire convoité, au lieu d’en transmettre la souveraineté aux indépendantistes sahraouis.
Ce front du Walfougui, dont le chef présumé Alioune Diaw avait servi dans la gendarmerie mauritanienne avec des états de service peu valorisants et à l’équilibre suspecté, devait tomber rapidement en désuétude. La Mauritanie s’était entretemps retirée de la partie annexée du Sahara récupérée par le Polisario. Si la thèse du bouclier tampon prêtée à Senghor devait être retenue, cette fonction serait dès lors remplie par la RASD et La Mauritanie, suite au renversement d’alliance ayant abouti à la partition du Sahara occidental.
DEVOIR D’INVENTAIRE
Passer par pertes et profits, une séquence aussi dramatique et traumatisante pour les peuples sénégalais et mauritaniens, tout en réclamant reconnaissance et réparation pour des crimes et exactions commis par l’administration coloniale, voilà le paradoxe monumental de certains politiques, y compris des gouvernants.
Et pourtant, le feu couve sous la cendre La sous-région ne peut se soustraire au devoir d’inventaire des relations intercommunautaires des populations qui y vivent au sein d’entités « nationales» et territoriales aux équilibres fragiles. La question nationale éludée par la problématique coloniale et la doctrine du gel des frontières «héritées» de la colonisation imposée en 1963 par l’Organisation de l’union africaine, (OUA), ancêtre de l’Union africaine (UA), est bousculée par le besoin d’accès à des ressources découvertes dans des espaces transfrontaliers disputés. Le terrorisme des pseudos djihadistes ainsi que les rebellions séparatistes Touaregs, ces mystérieux « hommes bleus » fantasmés dans la littérature d’une certaine anthropologie romanesque, présente bien des aspects particularistes et identitaires.
Les Peulhs d’Amadou Kouffa Diallo, chef de la Katiba Macina, alliée d’ AnsarDine puis au Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans et les Dozos, chasseurs Dogons sédentarisés, s’affrontent mortellement, faisant des centaines de morts parmi les populations civiles. Certes, les conflits autour de la maîtrise de l’eau et des terres, entre agriculteurs et éleveurs sont monnaie courante, ici comme ailleurs. Ces contradictions sont cependant accentuées parla pratique d’une agriculture extensive, le défrichement et l’exploitation de nouvelles terres arrachées à la forêt et au parcours de transhumance des nomades et de leurs troupeaux.
Sur ce terreau fertile, les Djihadistes recrutent, arment et entretiennent des phalanges pseudo-islamistes. Ils ont en face d’eux des milices d’autodéfense encouragées par Bamako pour pallier les carences et l’impréparation des Forces Armées Maliennes (FAMA), tout aussi incapables de défendre le territoire et les populations que la lourde et paralysée Mission des Nations-Unies au Mali (Munisma). Depuis 2013, l’Etat malien a perdu le Nord, puis le Centre du pays, au profit de groupes armés qui tiennent Bamako en joue, dans leur ligne de mire.
La Mauritanie voisine, est apparemment en intelligence avec les différents mouvements djihadistes et servirait de base arrière à certains d’entre eux dont AnsarDine, qui, jusqu’à une période encore récente, avait pignon sur rue à Nouakchott. En état de cause, ce pays charnière entre le Maghreb et le Sahel est curieusement épargné au moment où le Niger, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Tchad, le Nigeria et le Cameroun sont perpétuellement frappés par des colonnes de terroristes, enlevant, dépouillant et massacrant des populations sans défense et des soldats peu motivés et pauvrement armés et entraînés. Il est vrai que les Touaregs se rebellent aussi au nom d’une arabité bridée, raillée, comme étant les seuls membres de la «nation arabe» dominés et gouvernés par des Noirs, dans un rapport inversé de la dialectique du maître et de l’esclave.
On comprend dès lors, le refus systématique opposé à la participation du Sénégal au cadre du G5 Sahel, alors que notre pays est parmi les plus importants contributeurs en hommes et en logistique des forces de la Minusma présentes au Mali. Le rôle ambigu de la France, dont les opérations Serval, Barkhane et l’intervention militaire avalisée par une Union Européenne trainant des pieds, n’a pas empêché l’occupation des deux tiers du Mali. La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), brillera pour son inefficacité opérationnelle sur le terrain miné par des querelles de leadership et de captures du butin de l’aide internationale. L’inextricable accord de paix d’Alger souscrit et parrainé par des parties peu soucieuses de son applicabilité.
Dans ce contexte de repli et de fractures identitaires, le Sénégal est suspecté par certains de ses voisins de travailler à l’avènement d’une hégémonie peuhle dans l’espace sénégambien. C’est le sens prêté au soutien manifeste et revendiqué de son Président aux chefs d’Etat de Gambie et de Guinée Bissau, voisins remuants, qu’il vaut mieux pour notre pays, avoir avec soi. Le Sénégal est suspecté par certains de ses voisins de vouloir ressusciter la Sénégambie originelle, englobant le Gaabu et travaillant ainsi à l’avènement d’une hégémonie peulhe dans l’espace sénégambien ainsi reconfiguré.
L’histoire récente a démontré les risques majeurs encourus par le Sénégal, avec les interférences des voisins mauritaniens et guinéens qui n’ont pas manqué de déclencher le courroux de Dakar et failli faire capoter un régime ami à Banjul. Sans oublier que pendant la crise sénégalo-mauritanienne, le consulat de Mauritanie a servi de transit logistique d’armes et de munitions mais aussi d’argent, avec la bénédiction agissante des autorités de Banjul. Celles-ci, hantées par l’expédition anti putschiste et de «maintien d’ordre» de l’armée sénégalaise parachutée dans leur pays à la faveur des opérations Fodé Kaba I et II en 1981et 1982, vivaient très mal l’attitude paternaliste du voisin sénégalais. Les autorités comme les populations gambiennes ne tarderont pas à rejeter toute forme de tutelle.
100 MILLIARDS DANS LA NATURE EN MOINS D’UN AN
Afin de se dégager de l’étau sénégalais, la Gambie signera d’ailleurs un accord de défense avec le Nigéria et entretiendra des relations particulièrement surveillées par Dakar avec la Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo, la Libye de Kadhafi, le Burkina Faso de Compaoré et ...l’Iran des Mollah, suspecté de fournir des armes au Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance (MFDC). Le soutien de l’homme fort de Banjul aux rebelles du MFDC, l’imprévisible Yaya Jammeh, tenait autant de considérations géopolitiques qu’ethniques. Au total, tous les ingrédients d’un cocktail explosif sont en train de mijoter autour de nous, par conséquent chez nous, dont personne ne sortira indemne. La question sécuritaire se pose à la fois en termes de géopolitique sous régionale et régionale. Elle n’en revêt pas moins le caractère d’un impératif de politique intérieure.
La formulation d’une politique extérieure proactive et pragmatique, servie par une diplomatie pour sa mise en œuvre par des professionnels qualifiés, compétents chevronnés, et loyaux (à l’Etat), non choisis parmi la clientèle politique locale ou de la diaspora, nouvelle coqueluche des gouvernants, relève d’une impérieuse nécessité.
La sécurité, c’est d’abord les voisins Aucune action, amicale ou hostile, ne peut être entreprise sans que leurs auteurs ne puissent bénéficier de corridors dans les espaces aériens, terrestres ou maritimes des pays voisins. On ne voit pas comment ni dans quelle mesure le Sénégal pourrait contenir l’onde de choc de la faille malienne, d’une déflagration en Guinée ou encore d’une résurgence irrédentiste en Mauritanie. L’afflux massif de réfugiés perturberait gravement l’écosystème économique, l’habitat social et environnemental, exacerberait les sentiments et reflexes particularistes voire xénophobes. Les systèmes de solidarité et de régulation sociale sont désormais mis à rude épreuve par la raréfaction des ressources, les conflits de nécessité et la compétition sauvage pour le pouvoir et l’avoir.
Des signalements inquiétants alertent sur des flux de transferts massifs d’argent hors des circuits financiers officiels. Rien que la période allant de juillet 2019 à ce jour, une centaine de milliards de francs Cfa et en devises étrangères ont été échangés entre le Sénégal, la Mauritanie, le Mali et la Gambie. Cette masse monétaire invisible inquiète jusque dans les milieux européens et au sein des institutions financières internationales. Si on considère les données non disponibles sur les deux Guinée (Bissau et Conakry), l’ampleur des dangers encourus par la sous-région fait frémir. D’où provient cet argent, à qui profite-t-il, pour quels usages, qui protège les passeurs et les destinataires?
La déperdition administrative qui n’a pas épargné les services de renseignements n’est pas sans conséquence sur l’absence d’informations sur des circuits pourtant repérables, en dépit d’une certaine omerta de rigueur dans certaines sphères officielles. L’Afrique peut et doit se sortir de la domination étrangère et du jeu des puissances tutélaires au profit d’un destin maîtrisé et au service de ses hommes et femmes valeureux, déterminés et endurants- résilients comme le veut la mode aujourd’hui A condition de résoudre l’équation de l’extraversion du leadership des gouvernants et des élites.
KEEMTAAN GI - RETOUR A LA NORMALE !
Nous sommes assurément entrés dans l’ère de l’après-Covid. Du moins, même si l’état d’urgence a été prolongé de trois mois encore pour que qui l’on sait continue de détenir entre ses mains périssables tous les pouvoirs (exécutifs, législatifs et même, par pantins interposés, judiciaires), on renoue avec nos bonnes vieilles habitudes de Sénégalais ! A preuve, après s’être offert deux semaines de vacances sous couvert de confinement, revoilà donc que le Chef émerge de sa quarantaine — quatorzaine dans le cas d’espèce — pour se livrer à son exercice favori : la présentation de condoléances. Comme nous n’avons cessé de persifler dans ces colonnes depuis des années, le président de la République est le champion du monde des présentations de condoléances. Voilà donc un président de la République qui s’est coupé volontairement de son peuple depuis quatre bons mois et dont les rares apparitions ont consisté à aller passer en revue…des sacs de riz et aussi…présenter des condoléances à une présidente d’institution, un président qui, pour sa première apparition d’après confinement, ne trouve rien de mieux à faire que d’aller présenter des condoléances ! Et pas seulement au Sénégal, du reste. plutôt que d’aller encourager les personnels soignants en première ligne contre la pandémie dans les centres de traitement des épidémies (Cte) ou les forces de l’ordre sur le pied de guerre depuis quatre mois pour faire respecter l’état d’urgence, voire aller dans les pme-pmi, ou même dans les marchés, s’enquérir des effets de la crise sur l’activité économique, notre président, donc, se précipite pour aller présenter des condoléances. pendant que le monde entier s’efforce de maintenir la vie et de chanter une ode aux vivants, notre président, lui, semble opter pour les oraisons funèbres. Un éloge aux morts. De profundis. Le peuple peut crever la dalle, presque 150 Sénégalais mourir de Covid. pas un mot de compassion pour les malheureux ou leurs familles. Mais que des marabouts disparaissent, alors là, il faut, toutes affaires de la République cessantes, aller faire du « dialé ». Sans oublier bien sûr d’emporter de grosses enveloppes en guise de « diaxal »… Kaccoor bi
REPRISE DES VOLS INTERNATIONAUX : L’ETAT DURCIT LE DISPOSITIF ANTI- COVID A L’AEROPORT
Dans le cadre de la reprise des vols internationaux prévu ce mercredi 15 juillet 2020, l’Etat a annoncé de nouvelles mesures pour réduire les risques de contamination et de propagation du coronavirus dans l’environnement du transport aérien. Dans cette panoplie de mesures anti-covid déclinées à travers une circulaire, l’accent a été mis sur l’exigence de tester chaque passager à son entrée comme à sa sortie du territoire national. Ce, pour parer aux risques de « cas importés » et de contamination encourus dans l’environnement du transport aérien. Ainsi, une attention particulière sera portée sur les tests des passagers. « Si des tests rapides (résultats jusqu’à 15 mn au maximum) sont disponibles à l’aéroport, ils doivent être effectués avant la sortie de l’aérogare. Les résultats sont apposés sur la carte d’embarquement, le passeport ou tout autre document pertinent. Si des moyens de tests rapides ne sont pas disponibles à l’aéroport, les passagers doivent être informés de leur obligation de se soumettre à un test dans les 48 heures suivant leur arrivée. Les documents de preuves seront exigés du passager avant d’être autorisé à effectuer son voyage retour. A défaut, il devra s’acquitter d’une amende », précise la circulaire du ministre du Tourisme et des Transports aériens.
FINANCEMENT DE SON DEVELOPPEMENT : LE GROUPE SONATEL OBTIENT AVEC SUCCES 100 MILLIARDS DE FRS DU MARCHE.
Le Groupe Sonatel a pu décrocher facilement les 100 milliards de francs qu’il recherchait sur le marché financier. pour son emprunt obligataire par appel public à l’épargne dénommé « Sonatel Bonds 6.50% 2020- 2027 de 7 ans », le Groupe Sonatel a lancé son opération agréée par l’Autorité du marché financier régional (AMF UMOA) sous le visa numéro : EOp/20-01 pour une période de souscription devant aller du 15 juin au 15 juillet 2020. Elle donne lieu à l’émission de 10 000 000 obligations dématérialisées au prix unitaire de 10 000 FCFA. Cet emprunt sera amorti sur une maturité de 7 ans à un taux d’intérêt brut de 6,50 % par an. L’opération qui constitue à date la plus importante émission obligataire par une société privée de la région a connu un vif succès auprès des investisseurs et a été sursouscrite à plus de 120 %. Les obligations ont été placées auprès d’investisseurs au Sénégal (39 %), de la région UEMOA hors Sénégal (38 %) et hors région UEMOA (23%). La date de jouissance est fixée au 16 juillet 2020. La cotation des titres devra intervenir au niveau de la BRVM dans les semaines qui suivent ainsi que le dépôt de la demande d’admissibilité au refinancement de la BCEAO. Le produit net de cette émission servira au financement du plan d’investissement du Groupe Sonatel au Sénégal pour l’exercice 2020 notamment des investissements sur les infrastructures et les plateformes de service permettant de soutenir le segment voix mais également l’extension des réseaux très haut débit fixes et mobiles, l’accélération des principaux relais de croissance ainsi que le lancement de nouveaux métiers de l’énergie, de la Banque et des contenus multimédias et la modernisation et à l’extension du réseau tout en renforçant le rôle de pionnier de Sonatel en termes d’innovation et de technologie dans le secteur des télécommunications. Le Directeur Général du Groupe Sonatel, Sékou DRAME, a exprimé la satisfaction de Groupe en indiquant « remercier au nom de Sonatel tous les investisseurs qui ont fait confiance aux femmes et aux hommes du groupe avec cette sursouscription malgré le contexte mondial difficile lié à la pandémie Covid-19. L’engagement est pris pour réussir ensemble notre mission par l’atteinte des objectifs fixés et la fructification de ces placements massifs ».
Madiambal Diagne lève 5 milliards pour une tour aux Mamelles
Ce n’est pas pour rien qu’il a quitté la direction du groupe Avenir Communication. Madiambal Diagne est de plain-pied dans le business. C’est la Lettre quotidienne qui donne l’information. Avec sa société immobilière Sci Pharaon, il vient de bénéficier d’une ligne de crédit de 5 milliards de francs CFA de la CBAO pour construire une tour de 15 étages aux Mamelles, avec une quarantaine d’appartements vendus entre 1,3 million et 1,5 million le m2. Ces appartements grand luxe sont actuellement très prisés au niveau des ressortissants de la sous-région qui ont fait de Dakar leur terrain de prédilection. M. Diagne qui travaille sur le projet depuis plusieurs années a signé avec la société́ turque Meva Constructions pour les travaux et la durée du chantier devrait être de 24 mois. Un projet que l’homme a mûri depuis longtemps et qui arrive à sa phase de réalisation. Les premiers décaissements ont commencé et les Turcs sont en train d’installer le matériel de chantier. Les clients également ont commencé les réservations. D’après la même source, la vente finale des appartements devrait générer pas moins de 19 milliards. Un gros coup !
Macky Sall et les rapports de l’Ige
Les vérificateurs ont rattrapé le retard de plusieurs années. Ce qui d’ailleurs avait poussé le Forum Civil à réclamer avec insistance la publication des rapports de l’Inspection Générale d’État (IGE). Eh bien ! C’est chose faite depuis hier dans l’après midi. De retour d’une tournée de présentation de condoléances à Tivaouane et Thiénaba, le président de la République a reçu les inspecteurs généraux d’Etat qui lui ont remis les rapports sur la période 2016-2019. La rencontre a été une occasion de partage des propositions stratégiques sur la gestion de l’Etat et de ses démembrements. Dans ses rapports, l’Inspection Générale d’État a invité à l’introspection, la responsabilité individuelle et collective. A son tour, le président Macky Sall s’est engagé à veiller à la mise en œuvre immédiate et intégrale des propositions.
La Gendarmerie saisit 78 kilogrammes de drogue
Sandiara est devenu un lieu de transit de la drogue. C’est la deuxième fois que les gendarmes saisissent de la drogue dans cette commune qui sert d’escale aux camionneurs maliens. En effet, dans la nuit du 12 au 13 juillet 2020 vers 02 heures, les gendarmes en faction sur la route nationale à hauteur de Sandiara se sont intéressés à la présence suspecte d’une fourgonnette. Ils ont ainsi demandé au conducteur dudit véhicule de se ranger sur le bas côté de la route pour un contrôle. Mais à leur grande surprise, le conducteur, dès qu’il s’est rangé sur la chaussée, a ouvert la portière du véhicule et a disparu dans la nature, abandonnant son véhicule. Ainsi les pandores, en fouillant le véhicule, ont découvert 78 kilogrammes de chanvre indien répartis dans 05 sacs dissimulés dans des paniers. Le conducteur fugitif, formellement identifié, est activement recherché.
Atépa contre Aby Ndour
L’architecte Pierre Goudiaby Atepa avait traîné la chanteuse Aby Ndour devant le Tribunal des référés. Il reproche à la sœur de Youssou Ndour d’avoir aménagé un restaurant à «l’îlot» qui se trouve en face de l’Ambassade du Mali à Dakar. L’affaire qui a été évoquée hier a finalement été renvoyée au 20 juillet prochain pour plaidoirie. Atépa contre Aby Ndour pour diffamation Restons avec Pierre Goudiaby Atépa et Aby Ndour qui vont croiser le fer deux fois au tribunal. L’architecte veut laver son honneur dans l’affaire de chantage sexuel dont la chanteuse Aby Ndour avait parlé via sa page Facebook. Il avait servi une citation directe à Aby Ndour pour diffamation. Les deux parties devront comparaître le 28 juillet prochain devant le tribunal correctionnel de Dakar.
Grève de 72 heures du SYNTTAS
Les techniciens et travailleurs de l’Agriculture ne démordent pas. Le Syndicat National des Techniciens et Travailleurs de l’Agriculture du Sénégal (SYNTTAS) continue de dérouler son plan d’actions. Il a décrété encore un mot d’ordre de grève générale de 72 heures à partir du 15 juillet 2020.
Aftu fait machine arrière
Reculade de l’Association de Financement des Transports Urbains (Aftu). Ces derniers qui avaient décidé d’augmenter les prix du transport sont finalement revenus à de meilleurs sentiments suite à leur rencontre avec la tutelle. Toutefois, ces opérateurs du transport ont suggéré aux autorités étatiques de leur accorder une douzaine de places assises pour combler leur manque à gagner et faire face aux nombreuses charges sociales dont les salaires et les prêts bancaires. Une proposition que les autorités du ministère des Transports terrestres ont laissée à l’appréciation de la commission nationale de gestion de la pandémie.
Le Sytjust paralyse le tribunal de Pikine
Par ces temps, avoir un certificat de nationalité ou un autre document au tribunal de Pikine relève d’un parcours du combattant. La grève des travailleurs de la justice affiliés au Sytjust a tout chamboulé. Ce qui fait que beaucoup de gens rencontrés hier au tribunal de Pikine étaient obligés de rebrousser chemin. Et face à ce préjudice, les populations appellent au dialogue entre le ministre de la Justice Me Malick Sall et les grévistes.
Déclaration du Synpics
Le Synpics se félicite de l’issue heureuse de l’affaire de diffamation présumée opposant le Dage et le Secrétaire général du ministère de l’Environnement et des journalistes. Selon Bamba Kassé, l’implication personnelle du ministre de l’Environnement a contribué à cette solution. Il en est de même pour l’affaire dite des «chroniqueurs judiciaires». Il informe en effet que le ministre de la Justice a donné des instructions pour que cette entrave à la liberté de travail des journalistes au tribunal soit levée. Mieux, ajoute-t-il, ce dernier a déclaré que rien ne peut justifier une pareille décision. Un sacré désaveu contre le juge Diedhiou.
Bourses d’accompagnement en Master
Des étudiants en master ne cessent depuis quelques jours de réclamer le paiement de leurs bourses d’accompagnement. La Direction générale de l’Enseignement supérieur (DGES) sort de sa réserve pour apporter des précisions sur la question. Dans un communiqué parvenu à «l’As», le Directeur précise que les bourses d’accompagnement, d’un montant de 360 000 FCFA, ne sauraient violer les critères préalables d’attribution tels que la durée dans le cycle de Master pour un maximum de trois ans, et dont la limite d’âge retenue est de moins de 30 ans. Selon lui, les allocations d’études sont renouvelées en cas de poursuite des études sans redoublement dans le même cycle ou dans le cas d’un seul redoublement dans le cycle. Toutefois, cette allocation d’étude est supprimée en cas de second redoublement de l’étudiant dans le même cycle. En conséquence, le Directeur général de l’Enseignement supérieur souligne que les étudiants qui réclament aujourd’hui ces bourses d’accompagnement ne remplissent pas les critères car totalisant deux redoublements dans un même cycle. Et au regard de ces dispositions réglementaires, la direction estime qu’il n’existe aucune base légale autorisant une quelconque attribution.
Le Sytjust dans la rue aujourd’hui
Après 4 semaines de grève, les travailleurs de la justice seront dans la rue aujourd’hui. Le Sytjust a reçu hier l’autorisation du Préfet de Dakar d’organiser une marche pacifique afin de se faire entendre. En attendant cette procession, les travailleurs de la justice disent vivre dans la douleur et l’indignation l’expérience de la violence de l’injustice, du déni de reconnaissance de la précarisation de leurs conditions de travail, et du mépris de leurs droits les plus légitimes. Ils dénoncent la tentative de faire taire le SYTJUST par la stratégie de l’érosion du mouvement et par l’épuisement découlant de la souffrance d’attendre. Ils rappellent que les acteurs de la justice autant que les justiciables souffrent de cette situation injuste qui perdure, aggravée par l’absence d’un service public minimum, du fait de l’irresponsabilité manifeste du gouvernement. Les travailleurs de la justice invitent le chef de l’État à prendre la justice et le SYTJUST au sérieux en respectant le protocole d’accords et les engagements pris. Ils espèrent une reprise effective, et dans les meilleurs délais, du fonctionnement normal de la justice qui permettra de voir certains dossiers, comme celui de l’Affaire Petro-Tim dans laquelle est nommément cité Aliou Sall, connaître enfin une suite probante et suffisante à même de rassurer les Sénégalais qu’il n’existe pas dans ce pays une justice à double vitesse.
Un nouveau camp militaire à Goudiry
Goudiry aura bientôt un camp militaire au grand bonheur des populations qui pourront dormir du sommeil du juste. Le ministre des Forces Armées, Me Sidiki Kaba, va poser la première pierre du cantonnement en présence du chef d’Etat-major des Forces Armées, le Général de corps aérien Birame Diop et de plusieurs autorités civiles et militaires. L’érection du camp de Goudiry entre dans le cadre du maillage territorial des unités afin de s’adapter à l’évolution du contexte stratégique régional, et de répondre aux besoins de sécurité des populations. En fait, l’unité de Goudiry permettra, de concert avec les forces de sécurité, de lutter contre l’insécurité etles menaces transfrontalières. Dans le cadre de la coopération transfrontalière, elle travaillera avec les armées des pays voisins.
Un 2e décès lié à la covid-19 à Fatick
La région médicale de Fatick a déclaré avoir enregistré un deuxième décès causé par la Covid-19, dans le district sanitaire de Passy. Le défunt est un homme âgé de 70 ans, originaire de la commune de Djossong, dans le département de Foundiougne. Le résultat d’un prélèvement effectué sur son corps prouve qu’il est mort de la Covid19. Le test a été effectué à la suite de suspicions faisant penser à la maladie à coronavirus. Pour éviter des risques de contamination, les autorités sanitaires, les sapeurs-pompiers, la sous-brigade d’hygiène de Foundiougne, la Croix-Rouge et les autorités administratives de Fatick ont «pris toutes les dispositions sanitaires requises pour l’inhumation du défunt», a dit la région médicale à l’Aps. Le premier décès causé par la Covid-19 dans la région de Fatick a eu lieu le 16 juin à Boubane, un quartier de la commune de Fatick. Il s’agit d’un homme âgé de 47 ans, décédé à domicile. Un prélèvement post mortem effectué sur son corps est revenu positif au coronavirus, selon la région médicale.
CHEIKH HAMIDOU KANE, GRAND PRIX DES MÉCÈNES 2019
EXCLUSIF SENEPLUS - L'auteur de "L'Aventure ambiguë", succède à l'auteur kényan Ngugi wa Thiong'o, au palmarès de ce prix qui rend hommage à un écrivain chevronné pour l'ensemble de sa production livresque
C'est une bonne nouvelle pour la littérature sénégalaise et africaine en général, qui célèbre ses grands hommes de lettres.
Cheikh Hamidou Kane vient de rentrer dans le club très privilégié des lauréats du Grand Prix des Mécènes. Il est couronné pour le compte de la sixième édition.
''L'auteur de L'Aventure ambiguë est donc consacré parmi les plus grands auteurs de littérature africaine'', ont notamment commenté nos confrères d’Africultures, parlant du nouveau laurier de Cheikh Hamidou Kane.
L'écrivain sénégalais succède ainsi à l'auteur kényan Ngugi wa Thiong'o, primé lors de la précédente édition.
Le Grand Prix des Mécènes a été lancé en 2014. Il a pour but de rendre hommage à un écrivain chevronné pour l'ensemble de sa production livresque (Wikipédia).
Après l'annonce du lauréat dans les médias, le prix est souvent attribué lors de la cérémonie de remise des trophées des Grands Prix des Associations Littéraires (GPAL), qui se tient d'habitude à l'Institut français du Cameroun à Yaoundé. La cérémonie devant clôturer la septième édition du GPAL n'a toujours pas été annoncée, du fait des complications dues à la pandémie du Covid-19.
par Louis-Georges Tin
L'ÉLYSÉE, PALAIS DU NÉGRIER
Derrière les murs de l’Elysée, errent encore les fantômes des esclaves. M. Macron, c’est du sang des Africains réduits en esclavage qu’est sortie la splendeur du toit qui vous abrite. Sauf à vouloir déménager, cet héritage criminel, vous devez l’assumer
Libération |
Louis-Georges Tin |
Publication 13/07/2020
Le 14 juin dernier, vous avez déclaré : «Le passé est là. Il ne faut surtout pas le réécrire ou le tuer, comme on est en train de le faire avec les statues[…]. Il est là, donc on doit accepter l’histoire.» Tout récemment, sortant de sa réserve habituelle, votre épouse a exprimé une opinion très semblable à la vôtre : «Le passé est là. Il ne faut surtout pas le réécrire ou le tuer comme on est en train de le faire avec les statues, a-t-elle déclaré […]. Ça dit quelque chose de nous, même si c’est quelque chose qui ne nous plaît pas. Il est là, donc on doit accepter l’histoire.»
Vous avez raison l’un et l’autre, «on doit accepter l’histoire». Et nous pensons que cette maxime doit être illustrée : il faut donner l’exemple au plus haut niveau de l’Etat. Au niveau même de la présidence. Vous qui êtes locataire de l’Elysée, avec votre épouse, nous souhaitons que les traces de l’histoire de votre résidence soient connues de tous, et d’abord de vous-même.
Inauguré en 1720, il y a trois cents ans exactement, le palais de l’Elysée a été bâti et financé par Antoine Crozat, pour y loger sa fille et son gendre Louis-Henri de la Tour d’Auvergne. Selon Saint-Simon, Antoine Crozat était à l’époque «l’homme le plus riche de Paris», par conséquent du royaume. En 1701, il avait obtenu la fourniture en esclaves des colonies espagnoles, ce qui représentait bien entendu un marché colossal. Il devint bientôt le premier propriétaire de la Louisiane, et créa la Compagnie de la Louisiane, qui était à l’époque une colonie française. Il dirigea également la Compagnie de Guinée. En d’autres termes, Antoine Crozat fut certainement le plus grand négrier de l’histoire de France.
Et c’est dans ce palais négrier qu’est aujourd’hui logé le président de la République française. Un peu comme Donald Trump vit aujourd’hui dans la Maison Blanche, qui a été bâtie en bonne partie par des esclaves noirs. Ce n’est pas un hasard : les grands hôtels de la République, comme le vôtre, les grandes banques, comme la Banque de France, les grandes institutions comme la Caisse des dépôts, sont souvent liés aux capitaux issus de l’esclavage. Mais personne ne le sait, car les «traces» ont été effacées, comme vous l’avez à juste titre noté. Or, «le passé est là. On doit accepter l’histoire».
Evidemment, M. le Président, votre épouse et vous-même n’êtes en rien responsables de cet état de fait. Ce n’est pas vous qui avez causé ces malheurs, mais vous en êtes les bénéficiaires directs. Vous êtes logés dans une résidence somptueuse dont les ors sont l’envers de l’enfer subi par nos ancêtres. Derrière les murs de l’Elysée, errent encore les fantômes des esclaves. Le silence de votre palais résonne des cris et des souffrances des Africains déportés. Vous êtes l’héritier de cette histoire. C’est du sang des Africains réduits en esclavage qu’est sortie la splendeur du toit qui vous abrite.
Sauf à vouloir déménager, cet héritage négrier et criminel, vous devez l’assumer. Que vous le vouliez ou non, ce palais négrier est aujourd’hui votre palais. Il vous appartient, M. le Président, de faire en sorte que les traces de ce passé ne soient pas effacées, car «on doit accepter l’histoire», comme votre épouse et vous-même l’avez à juste titre affirmé. C’est pourquoi, ne pouvant ni déserter les lieux, ce qui serait absurde, ni ignorer le passé, ce qui est (désormais) impossible, vous devez faire en sorte que les «traces» de l’histoire soient clairement connues de tous.
C’est tout le sens de votre engagement. Vous qui avez, pendant la campagne pour la présidentielle, affirmé que la colonisation fut un crime contre l’humanité, vous qui avez fait droit à la demande du Cran en acceptant de restituer les trésors coloniaux, nous vous invitons à créer dans la cour de l’Elysée un mémorial en hommage aux esclaves, qui fasse la transparence sur l’origine des fonds qui ont permis de bâtir l’Elysée. Car ces capitaux, qui étaient des biens mal acquis, sont une trace invisible de ce passé, qui doit être assumée et expliquée.
Nous sommes en 2020. Pour les 300 ans du palais de l’Elysée, et à l’occasion du 14 juillet, nous vous invitons à annoncer lors de votre allocution la mise en œuvre d’une enquête historique approfondie, qui permettrait de connaître tous les liens reliant l’esclavage colonial aux grandes institutions de la République, au-delà du cas particulier de l’Elysée, qui n’est que le haut de l’iceberg. Tous ceux qui ont bénéficié de l’esclavage, et des réparations accordées en 1848 aux négriers, tout cela doit être connu, comme cela a été fait par l’University College of London, qui a mené à cet égard une enquête remarquable. Et vous pourriez annoncer ce 14 juillet la mise en œuvre d’une réflexion sur le mémorial que nous appelons de nos vœux. Ainsi, les visiteurs qui entrent à l’Elysée ne pourront plus ignorer les traces de l’histoire, ce qui est en effet votre souhait et le nôtre.
Louis-Georges Tin est ancien président du Conseil représentatif des associations noires (CRAN)