Après 30 ans d’errance de ses populations, Bissine, qui a payé au prix fort la crise casamançaise, revit. Cette renaissance, symbolisée par le retour au bercail ces derniers jours d’une bonne frange de la population, a été rendue possible grâce à une vaste opération de sécurisation menée de bout en bout par l’Armée au niveau de cette contrée qui jouxte la frontière avec la Guinée-Bissau.
Le soulagement se mesure à la joie. Plusieurs fois différé pour cause d’insécurité et d’affrontements armés dans la zone, comme annoncé dans les précédentes parutions du Quotidien, le retour au bercail des populations de Bissine est finalement devenu une réalité.
Ainsi, une soixantaine de personnes ont rejoint leur village en arborant de larges sourires rassurés. Ce come-back est la preuve de la détermination d’une communauté qui veut plus que jamais mettre fin à une errance qui n’a que trop duré. Il a été rendu possible par une vaste opération de sécurisation de l’Armée menée de jour comme de nuit ces dernières semaines au niveau de la bande frontalière. Elle a permis à l’Armée de nettoyer tous les foyers et cantonnements hostiles à tout projet de retour des populations au niveau de leur terroir. Aujourd’hui, cette zone sécurisée par l’Armée a été aménagée et cédée aux populations de Bissine pour leur installation provisoire.
Des populations qui, pour leur installation, ont érigé des abris de fortune et des tentes avec quoi elles ont d’ailleurs passé leur toute première nuit. Et ce, en attendant la construction de nouvelles bâtisses et la réhabilitation des anciennes maisons en ruine pour l’accueil de familles entières. Ces dernières 72 heures, une vague de Bissinois a rejoint leur village. Cette opération «va se poursuivre pendant et après l’hivernage», rassurent des sources. C’est dire que Bissine, martyrisé pendant des décennies et à nouveau réapparu sur la carte, va enfin retrouver tous ses fils.
Avec ce retour qui va certainement faire tache d’huile au sein des réfugiés et populations déplacées de la Casamance, c’est la reconquête des espaces et terroirs perdus depuis plusieurs décennies par des populations des communes de Boutoupa Camaracounda, d’Adéane et de Caour qui est plus que jamais enclenchée. Il faut noter que dans cette zone qui jouxte la frontière, les populations de 13 villages, hormis dorénavant la localité de Bissine, sont toujours en errance depuis près de 30 ans. Elles espèrent un retour au niveau de leur terroir. Des contrées à forte vocation agricole, pastorale et arboricole qui constitue l’une des zones les plus prospères de la Casamance naturelle, mais des contrées qui, pour l’heure, sont en proie à l’insécurité du fait de la présence de cantonnements rebelles et de mines antipersonnel.
La Casamance, meurtrie par des années de conflit, ne peut retrouver le fil de son existence normale sans la résolution la lancinante question des déplacés. Ce retour programmé au bercail des populations qui avaient fui leur village dans un climat de terreur est un pas de géant vers la paix dans la partie sud du pays. En réalité, elle est souvent tributaire des enjeux socioéconomiques et des intérêts divergents des parties prenantes à ce conflit.
D’ailleurs, la dernière fusillade de Bilass, qui a fait trois blessés à Boutoupa-Camaracounda, et l’explosion d’une mine ayant occasionné la mort de trois soldats sont venus rappeler à nouveau qu’en Casamance les chemins menant vers la fin définitive du conflit sont tortueux et parsemés d’embûches. Cette fois-ci, les planètes semblent être alignées pour une paix définitive…
Par Yoro DIA
LES PLÉBÉIENS
Tandis le covid-19 consume notre économie et fait des ravages dans les hôpitaux, des hommes politiques déclament des insanités. L’écart entre la gravité de la situation qui nous attend à la rentrée et l’insouciance ambiante est pire que le corona
En 64, Rome fut ravagée par un terrible incendie. La légende veut que l’Empereur Néron, qui s’est toujours pris pour un artiste de grand talent, déclame des vers pendant que Rome était consumée par des flammes qui feront des milliers de morts. Chez nous, tandis le coronavirus consume notre économie et fait des ravages dans les hôpitaux, des hommes politiques déclament des insanités.
L’écart entre la gravité de la situation qui nous attend à la rentrée et l’insouciance ambiante est pire que le corona. «Je n’ai que des larmes, du sang et de la sueur à offrir», disait Churchill avant la veille de l’entrée de son pays dans la deuxième Guerre mondiale.
En dehors du sang, c’est tout ce que le Président Macky Sall pourra promettre au pays dans la phase post-Covid-19. Et plus tôt il le dira aux Sénégalais mieux ça vaudra ! Le président de la République a déjà mobilisé le gouvernement pour «six mois de travail intensif». Il faut aussi qu’il informe le pays que les 6 prochains mois seront difficiles et que chacun devrait redoubler d’efforts.
Les peuples, pour se mobiliser, exigent que l’exemple vienne de ceux d’en haut, ceux qu’on appelait les patriciens dans la Rome antique. C’est pourquoi, dans ce contexte où on compte chaque jour les morts du corona, où l’économie est à genoux avec une perte record de croissance, cette arme de distraction massive qu’est la diffusion d’audios d’insultes est purement scandaleuse. Ces excès de Plébéiens qui se sont retrouvés par «inadvertance républicaine», pour parler comme Me Mbaye Jacques Diop, chez les patriciens de la République, déshonorent la République qui, on l’oublie souvent, est une affaire d’élite, contrairement à la démocratie.
Ces excès auraient pu, auraient dû être «insignifiants», n’eut été le contexte de crise nationale, si «l’heure n’était pas grave» comme avait dit le président de la République en proclamant l’Etat d’urgence. Nous avons besoin d’un autre Etat d’urgence pour sauver le cœur de la République du cannibalisme de la désacralisation des institutions, de la «banalisation du mal», de l’insulte et la vulgarité dans la politique, dans la culture, sur les réseaux sociaux, sur les forums de discussions.
Malheureusement, le mauvais exemple vient du sommet quand Wade insulte Macky, quand des fractions de l’APR s’injurient par médias interposés, quand de façon nihiliste on refuse tout mérite individuel pour toujours renvoyer la personne à ses origines, à la condition socio-économique de ses parents ou de ses grands-parents, en oubliant que la République est le système qui a aboli le hasard de la naissance pour le remplacer par le mérite. Le mal est profond et le meilleur indicateur de ce mal qui ronge notre société est internet où les gens avancent masqués pour montrer leur vrai visage et leurs vrais sentiments.
Ainsi Akon, probablement, l’un des plus grands Sénégalais qui trônent sur le monde est réduit à «teug dawoul bar», Youssou Ndour, une autre fierté nationale qui a porté si haut les couleurs du pays, est réduit à sa caste, Babacar Ngom à son poulailler de départ.
Dans notre pays, on aime détester ceux qui ont réussi pour justifier son échec, on aime banaliser ceux que le monde nous envie. C’est notre différence fondamentale avec les Américains qui adorent ceux qui ont réussi, qu’ils considèrent comme des héros, qu’ils sacralisent. C’est juste une question de philosophie. Une question de mentalité. Et aucun pays n’a jamais émergé dans la haine de soi. Cette haine de soi qui a été un terreau fertile à l’esclavage.
Les Américains ont émergé en vénérant et en s’inspirant des succès de Carnegie, Vanderbilt et autre Rockefeller. Aujourd’hui, ils adorent Steve Jobs, Elon Musk et les autres. Chez nous, la réussite est toujours une présomption de culpabilité aussi bien pour ceux qui sont dans la poussière du Colisée que ceux qui sont dans le marbre du Sénat.
AU CŒUR DES MANOEUVRES EN COURS AU PDS
Suxxali Sopi ne veut pas de l'arrivée au pouvoir de Karim et va prendre son autonomie du parti. Wade fils préfère les affaires à la politique. Les karimistes sont à l'affût d'un gouvernement élargi. Dialogue rompu entre Bara Gaye et Karim Wade
Tract.sn |
Damel Mor Macoumba Seck, avec Ousseynou Nar Gueye |
Publication 08/07/2020
Le Parti Démocratique Sénégalais est en léthargie et ne s’est pas réuni depuis 18 mois. A l’analyse, force est de constater que le secrétaire général national, le nonagénaire (machallah !) Abdoulaye Wade, « seule constante » du PDS, n’a plus de « réactivité politique », pour reprendre le mot d’insiders du parti. Depuis son remaniement interne où il a nommé son fils Karim Wade et l’entourage de celui-ci aux postes stratégiques de secrétaires nationaux, Wade Senior a eu à faire face à la fronde de ténors historiques du parti à l’épi de mil. Ceux-ci, ne comprenant pas et n’acceptant plus que le seul « courant politique » autorisé au PDS soit celui des karimistes, s’en sont allés créer « Suxxali Sopi » : il s‘agit d’Oumar Sarr, ex-coordonnateur du parti, de l’avocat Amadou Sall et de l’ancien porte-parole du parti Babacar Gaye.
En mi-décembre 2019, Oumar Sarr a fait une sortie sur la radio française RFI pour dénoncer l’option du « rien sauf Karim Wade », qui a conduit le PDS à ne pas avoir de candidat à la présidentielle de février 2019. Babacar Gaye, président de la fédération de Kaffrine, a lui aussi franchi le Rubicon et appelé ses militants à participer au vote de la présidentielle de février 2019, alors même que Gorgui appelait au boycott actif de cette échéance électorale. Ni Oumar Sarr, ni Babacar Gaye, et encore moins Me Amadou Sall qui a défendu becs et ongles Karim Wade gratuitement là où des avocats français facturaient à ce dernier des millions, ne se sentent plus « en dette de loyauté » envers le patron du parti, Abdoulaye Wade. A cet égard, Tract a appris que Suxxali Sopi va prendre, dans un futur proche, une décision majeure allant dans le sens de « prendre son autonomie vis-à-vis du PDS ».
Les tenants de Suxxali Sopi tiennent les karimistes (au premier chef desquels les ex-députés Tafsir Thioye et Doudou Wade) pour des « opportunistes, qui n’attendent que le présumé futur gouvernement de rassemblement », dont le projet est prêté à Macky Sall, en espérant être désignés par le PDS pour l’intégrer. Les ténors de Suxxali Sopi quant à eux, s’ils ne sont pas demandeurs pour entrer dans un hypothétique gouvernement de majorité présidentielle élargi à l’opposition (NDLR : la rédaction de Tract doute que cette hypothèse devienne réalité, aucune crise politique ne le justifiant), restent ouverts à une collaboration avec le régime en place, ou à tout autre qui viendrait à lui succéder. Babacar Gaye, ainsi, se dit « prêt à servir le pays », quel que soit le président qui l’appellerait, « qu’il se nomme Macky Sall, Khalifa Sall, Idrissa Seck ou Ousmane Sonko ». « Je ne peux plus faire dans l’opposition radicale, à mon âge et après mon parcours », estime Babacar Gaye. Il indique aussi ne plus avoir d’ambitions locales pour Kaffrine où il est prêt à soutenir Baye Cheikh Gaye, son neveu dont le père a été maire de la ville, pour être élu premier édile. Ce neveu est à la tête du mouvement BCG (Bokk Ci Gokh bi). Babacar Gaye n’a pas l’intention non plus d’être candidat sur la liste départementale pour les élections législatives. Pour en revenir aux karimistes, Tract a appris qu’il y a de l’eau dans le gaz entre Karim Wade et le maire de Yeumbeul, Bara Gaye, nommé numéro deux du PDS par Abdoulaye Wade. Karim Wade ne fait pas confiance à Bara Gaye et ne lui affecte aucune mission de représentation auprès des militants.
Quelle lecture du jeu politique par Suxxali Sopi ? Oumar Sarr et compagnie pensent qu’une candidature en 2024 de Macky Sall n’est pas à exclure, « car la Constitution le lui permet ». Quelle posture pour eux en cas de second tour opposant Macky à un challenger de l’opposition en 2024 ? « Si c’est Sonko, nous appellerons à le faire battre car nous ne partageons pas le même socle de valeurs » et « il sera battu », tel est leur pronostic. Contre Idy, Macky « pourrait aussi repasser », selon eux. L’option Khalifa Sall ne fait pas partie des hypothèses de travail des frondeurs du PDS qui estiment que l’ex-maire de Dakar ne jouit pas des droits civiques et politiques pour se présenter à la prochaine présidentielle. Sur l’hypothèse Karim Wade, ils font la moue : « Karim n’est pas intéressé par la politique. Son seul souci, c’est de profiter de son argent. Et Macky Sall ne pourra pas obtenir de sa majorité qu’ils votent son amnistie. Ce serait l’implosion de Benno Bokk Yakaar et de l’APR ». Le pari des suxxalistes est enfin que les prochaines locales ne se tiendront qu’en juin 2022, couplées aux législatives. Pendant ce temps, la principale pomme de discorde du PDS en dépendances, Karim Wade, coule des jours tranquilles à Doha au Qatar, aux côtés de sa compagne espagnole. Se contentant d’une molle « opposition épistolaire » à Macky Sall.
Interrogé par Tract sur le positionnement politique de Suxxali Sopi, un observateur averti tranche : « Si on comprend bien, les « Suxxalistes » roulent pour Macky avant et après 2024… Tout en accusant les autres de ce forfait qui serait une trahison ! Attention à la manipulation. »
LE TEIGNEUX !
A lui seul, Moustapha Cissé Lo a réussi à faire détourner les regards, pendant quelques jours, de la pandémie de Covid-19 qui sévit dans le pays. A travers ce profil, «L’As» va à la découverte d’un personnage hors norme.
A lui seul, Moustapha Cissé Lo a réussi à faire détourner les regards, pendant quelques jours, de la pandémie de Covid-19 qui sévit dans le pays. A travers ce profil, «L’As» va à la découverte d’un personnage hors norme.
Sa propension à dégainer très vite des armes à feu lui a valu le surnom de «El Pistolero». Moustapha Cissé Lo l’a démontré à plusieurs reprises. La dernière fois, c’était lors du référendum de mars 2016 à Touba où il a tiré à bout portant sur des adversaires politiques qui avaient «caillassé» sa voiture et plusieurs véhicules des adeptes du «OUI».
Les armes semblent être rangées aujourd’hui ; mais sa langue n’est pas dans sa poche. Ces derniers temps, le député se fait remarquer par des insultes qui dépassent l’entendement à l’endroit particulièrement de Farba Ngom et Yakham Mbaye. Il estime que ces derniers sont au service du cercle présidentiel pour l’humilier et le faire taire. Surtout qu’il devient de plus en plus gênant avec des déballages qui agacent au plus haut sommet de l’Etat. Si ce ne sont pas des accusations de trafic de drogue impliquant le régime, ce sont des dénonciations des modes de passation des marchés d’engrais, de semences et des matériels agricoles. Pis, il relève de nombreux cafards dans les marchés d’attribution des denrées destinées à l’aide alimentaire, la gestion du foncier, etc. Et les insultes accompagnant ses révélations ont été un bon prétexte pour se débarrasser de celui qui est présenté aujourd’hui à l’opinion comme une patate pourrie. Mais quoi qu’il en soit, Cissé Lo est connu pour son franc-parler et son anticonformisme.
Son opposition à la loi Sada Ndiaye pour évincer Macky Sall, président de l’Assemblée nationale à l’époque, lui a valu son mandat de député acquis sous la bannière de la coalition Sopi 2007. Son premier mandat de député remonte cependant à l’année 1998 avec le PS. Moustapha Cissé Lo a entamé ses débuts politiques avec le Parti pour la Libération du Peuple (PLP) fondé par le défunt Me Babacar Niang, avant de rallier les rangs du Parti Socialiste en 1987 sous les directives de son marabout, Serigne Moustapha Bassirou Mbacké. Trois mois après l’alternance, le même marabout lui intime l’ordre de rejoindre le Président Me Abdoulaye Wade par l’entremise de l’ancien maire de Dakar, Pape Diop. De 2004 à 2008, il a occupé le poste de Secrétaire général de la section Pds de Touba mosquée.
Des frictions, ce n’est pas la première fois qu’elles sont notées entre Moustapha Cissé Lo et le Président Macky Sall. En juillet 2012, le chef de l’Etat l’avait limogé de son poste de ministre conseiller parce qu’il avait mal digéré le choix porté sur Moustapha Niasse pour occuper le poste de président de l’Assemblée nationale. Finalement, il entrera de nouveau dans les bonnes grâces du chef de l’Etat avant d’être récompensé pour le poste de vice-président de l’Assemblée nationale et un siège au Parlement de la Cedeao dont il sera plus tard le Président. Mais depuis la fin de son mandat à la Cedeao, Cissé Lo est redevenu acariâtre. Du haut de son 1m98, celui qui fut jusque-là responsable de l’Apr est né le 28 décembre à Louga.
Après l’obtention du Bfem, il s’est lancé dans le monde des affaires. Connu en tant que opérateur économique, Cissé Lo est un ancien agent de l’Office National de la Coopération et d’Assistance au Développement (Oncad) puis de la Sonar. Le fils d’El Hadji Aliou Lo, homonyme de l’ancien député-maire de Louga, est aujourd’hui polygame et père d’une douzaine d’enfants. Il a été aussi, dans le passé, membre du Conseil de la République pour les Affaires Economiques et Sociales (Craes). Il est aussi le Président de la Chambre de Commerce de Diourbel.
LES ACTEURS DE LA PECHE RECLAMENT LEURS DROITS
Auteur d’une question orale au gouvernement autour de l’exploitation de la pêche, Mamadou DIOp Decroix était venu s’imprégner davantage des revendications du Collectif des Acteurs de la Pêche (CAP.)
Mamadou THIAM avec Lasnews.info |
Publication 08/07/2020
C’est par un déjeuner d’évaluation que les députés Mamadou Diop Decroix et Cie ont bouclé leur tournée consacrée aux acteurs de la pêche. Hier, dans un hôtel de la place, le Collectif des acteurs de la pêche du Sénégal (CAP) a réaffirmé aux parlementaires sa détermination à mener le combat pour gagner sa place dans le secteur. Le Président Aliou Thiam et son secrétaire général Ahmed Ndir ont exprimé leurs préoccupations, tout en déclinant leur feuille de route, pour une pêche viable.
Après des visites de terrain qui l’a menée au Port , à Sangalkam et dans plusieurs entreprises de pêches, la délégation de parlementaires conduite par Mamadou Diop «Decroix» a reçu hier au cours d’un déjeuner-d’évaluation le Collectif des acteurs de la pêche du Sénégal qui multiplie les initiatives, dans le combat qu’il mène contre le Groupement des armateurs et industriels de la pêche au Sénégal (Gaipes)..
Auteur d’une question orale au gouvernement autour de l’exploitation de la pêche, Mamadou DIOp Decroix était venu s’imprégner davantage des revendications du CAP. Après s’être félicité de la présence des députés, Ameth Ndir, le Secrétaire général du Collectif des acteurs de la pêche (Cap), a énuméré les grands axes de leur combat. « Pour ce qui est à tort présenté comme l’affaire des 54 licences de bateaux chinois, le Cap, en ce qui le concerne, marque clairement son opposition à toute forme de pillage de la ressource halieutique nationale et demande un renforcement des mesures de contrôle initiées par la tutelle », a fait savoir M. Ndir. Au chapitre des revendications, le Collectif des acteurs de la pêche du Sénégal invite les décideurs à intégrer leur structure dans toutes les instances de concertations et de décisions comme la Commission consultative d’attribution des licences de pêche (CCALP).
Déplorant le monopole du Gaipes dans le secteur, le Cap a réclamé la régularisation de ses licences de pêche, au nombre de huit. «Nous osons espérer tout naturellement que le ministre de la Pêche et de l’Economie maritime, grâce à sa bienveillante sollicitude, donnera très rapidement une suite favorable à nos demandes pour permettre à nos sociétés de contribuer vivement à l’effort de développement du secteur», explique le secrétaire du Cap.
Composé d’armateurs, d’industriels, de mareyeurs, consignataires et autres acteurs du secteur, le Cap s’est fixé comme objectif de se faire une place, mais aussi d’être au service de ses membres. «Rien ne saurait expliquer la mainmise d’un groupe sur la ressource, du moment qu’elle est nationale, sous le faux prétexte qu’elle se raréfie. (…).
Nos sociétés ne sont pas des sociétés chinoises, encore moins des sociétés prête-noms. Nous sommes des Sénégalais à qui d’autres tentent d’interdire un accès à la ressource en véhiculant de fausses informations», a ajouté Ameth Ndir.
Pour sa part, le président du Collectif des acteurs de la pêche du Sénégal (CAP) s’est félicité de la démarche des Parlementaires, dans leur quête de servir les Sénégalais. «Votre présence ici est d’une grande importance. Vous avez montré que vous êtes là pour le peuple et c’est ça, le travail d’un député. Nous, nous voulons exister et nous n’allons plus accepter qu’une minorité puisse s’accaparer de la ressource. Cela ne passera plus. Nous avons un ministre qui connaît les enjeux et qui résiste. Pour faire avancer le pays, il faudra l’implication de tous», a indiqué le président Alioune Thiam.
DECROIX ET CIE ONT BIEN PRIS NOTE !
Après avoir religieusement écouté les différents exposés des membres du Cap, Mamadou Diop Decroix s’est engagé à poursuivre les échanges avec les différentes parties engagées. «Nous sommes satisfaits de ce moment d’échanges. Cela nous a permis d’avoir plus d’informations sur la question, mais aussi d’en savoir plus sur le secteur de la pêche. C’était important de vous rencontrer, mais nous allons faire de même avec le Gaipes », a fait savoir le député. Pour lui, leur rôle n’est pas de prendre position, mais de plaider pour l’intérêt des Sénégalais. «C’est l’Exécutif qui décide, mais il faut savoir que nous ne sommes qu’avec l’intérêt des Sénégalais. Au sortir de cette rencontre, il ne faut surtout pas croire que tout est fait», a ajouté Mamadou Diop «Decroix».
«LA STATUE DE FAIDHERBE DOIT ETRE REMPLACÉE PAR CELLE DE LA REINE DU WALO NDATE YALLA MBODJ»
Dans le débat passionné autour du déboulonnement de la statue de Faidherbe, l’ancienne Première ministre, Aminata Touré y jette son grain de sel
Dans le débat passionné autour du déboulonnement de la statue de Faidherbe, l’ancienne Première ministre Aminata Touré y jette son grain de sel. Mais c’est pour endosser la position radicale de ceux qui pensent que les vestiges coloniaux doivent être rayés et remplacés par des symboles d’une Afrique libre, digne et fière. Avec des arguments à la fois sociologiques et historiques, la présidente du Conseil économique, social et environnemental justifie, dans une note parvenue à «L’As», pourquoi la statue de Faidherbe doit être remplacée par celle de la reine du Walo.
«Personnellement, je suis tout à fait d’accord avec le mouvement en cours dans le monde entier de déboulonnement des signes visibles de l’oppression des Peuples noirs. Notre histoire a commencé bien avant la colonisation et bien avant la traite des noirs, et nous avons de quoi être fiers de notre histoire. Il est important d’enseigner à notre jeunesse qu’elle a des origines dont elle peut se glorifier. Nos ancêtres et nos aînées n’ont jamais cessé de se battre pour leur dignité et quand ils ont été vaincus, ils sont tombés armes à la main. Ils ont aussi remporté de nombreuses victoires contre les oppresseurs. Je suis pour qu’on célèbre les combattants et les héros africains, pas les oppresseurs. C’est pourquoi je suis en phase avec le mouvement panafricain qui veut qu’on enlève des espaces publics les statuts et symboles de la colonisation et de l’esclavage. Pas pour laisser les espaces vides mais pour y célébrer nos dignes héros que les jeunes d’aujourd’hui connaissent peu. Il faut se rappeler que dans les années 80, la plupart des rues de nos villes baptisées par les colons ont changé de nom. Ce mouvement doit être revitalisé. Nos morts ne sont pas morts, comme disait l’autre, nos héros ne doivent pas mourir, ils doivent continuer à vivre dans nos cœurs, dans nos cultures, dans nos valeurs, dans nos comportements de tous les jours. Dans ce contexte, je suis d’avis que la statue de Faidherbe à Saint-Louis soit déboulonnée et remplacée par celle de la dernière Reine du Walo Ndaté Yalla Mbodj, héroïne de la résistance à la colonisation. Elle a affronté Faidherbe en février 1855 à la bataille de Diouloulou. Même si elle fut défaite, elle se battit jusqu’au bout avant de s’exiler, et son fils Sidiya Ndaté Yalla Diop continua la lutte. C’est la succession de ces mouvements de résistance à travers le pays et à travers l’Afrique qui nous vaut notre souveraineté d’aujourd’hui. Il est bon que nos jeunes, tous les jours en passant devant les statuts de nos résistants et nos héros, se rappellent qu’ils doivent faire montre de patriotisme, de courage et de fierté d’être sénégalais. Ce mouvement de déboulonnement ne se fait contre personne, il se fait pour nous-mêmes, pour rappeler au monde et surtout à nos peuples que nous ne fûmes pas des soumis, bien au contraire, nos ancêtres, nos aïeuls ont aimé leur terre et se sont battus contre les envahisseurs et les oppresseurs et nous, leurs héritiers, devons faire preuve de ce même courage pour développer notre pays et le hisser au rang des grandes nations.»
«LES MOUTONS PEUVENT ETRE SOURCE DE PROPAGATION DU CORONAVIRUS»
Selon le vétérinaire Dr Alioune Badara Kane Diouf, la question que l’on se pose est de savoir si le virus peut se transmettre chez les moutons.
A quelques semaines de la Tabaski, c’est l’effervescence chez les populations qui cherchent vaille que vaille à avoir le fameux mouton pour le sacrifice d’Abraham. Puisque la fête de cette année se déroulera dans un contexte particulier avec la pandémie de la Covid-19, Dr Alioune Badara Kane Diouf, vétérinaire, a tenu à préciser que les moutons peuvent être source de propagation de la maladie.
L’aïd el Kébir ou Tabaski approche à grand pas. Et qui dit Tabaski, dit mouton. Avec le coronavirus, la situation s’annonce on ne peut plus compliquée. Selon le vétérinaire Dr Alioune Badara Kane Diouf, la question que l’on se pose est de savoir si le virus peut se transmettre chez les moutons. «Il n’a pas été démontré que les moutons peuvent avoir la Covid-19, mais nous avions reçu des notifications sur certaines espèces comme le tigre, le chat et le chien qui peuvent porter le virus. A Hong-Kong, il y a un individu qui avait le virus et lorsqu’on a dépisté son chat, celui-ci avait aussi été contaminé», explique Dr Kane Diouf.
A l’en croire, le coronavirus est une zoonose, c'est-à-dire qu’il se transmet de l’animal à l’homme. «Nous avons la certitude que le virus ne peut pas résister à la chaleur. Si vous le mettez à 56° pendant une heure de temps, il ne résiste pas, donc même si les moutons sont contaminés, s’ils sont bien cuits, il n’y aura pas de danger. Il faut bien cuire les aliments», recommande le vétérinaire.
Tenant à s’expliquer sur un fait courant, il affirme : «Certaines personnes achètent leurs moutons et les gardent à la maison. Je veux attirer l’attention des personnes qui achètent leurs moutons et les gardent à la maison.
En effet, si une personne a le coronavirus, il peut tousser sur la main et le fait de caresser le mouton laisse le virus sur la laine du mouton. Et là, le mouton peut être source de transmission du virus», explique le vétérinaire qui recommande fortement de désinfecter les lieux où sont attachés les moutons. «D’autant qu’il est établi que le virus ne résiste pas aux détergents et aux savons. Toute personne qui a des signes de coronavirus doit éviter de toucher les moutons.»
LA LD-DEBOUT INFLIGE UNE MAUVAISE NOTE À L’ETAT
La politique de riposte au Coronavirus mise en œuvre par le gouvernement est tout sauf satisfaisante, selon le Secrétariat national (Sen) du parti
La politique de riposte au Coronavirus mise en œuvre par le gouvernement est tout sauf satisfaisante, selon le Secrétariat national (Sen) du parti LD Debout. Dans un mémorandum, les membres de cette formation politique ont listé tous les manquements liés à la gestion de cette crise sanitaire.
Peu reluisante. C’est le diagnostic que laisse entrevoir le mémorandum de la LD Debout concernant la gestion de la pandémie de la Covid-19. Même si elle a exprimé son soutien aux mesures prises par le Gouvernement du Sénégal comme la fermeture des écoles, des lieux de culte et des frontières, l’interdiction des rassemblements, la campagne de sensibilisation pour le respect des gestes barrières, la LD Debout a voulu garder le droit de rester vigilante sur la gestion que le gouvernement fera de la crise.
Donnant ainsi le résultat de cette vigilance, les membres de ce parti ont été sans langue de bois : «Le Secrétariat Exécutif National de la LD Debout était déjà très sceptique sur la capacité de l’Assemblée nationale à exercer librement son pouvoir de contrôle a postériori des ordonnances du Chef de l’Etat. On sait que dans une démocratie qui se respecte, conférer des pouvoirs exceptionnels en toutes les matières à un président de la République appelle un contrôle rigoureux, même a postériori. Un Parlement à la solde de l’Exécutif ne saurait se donner la liberté d’un tel contrôle a postériori, sinon, c’est pour le faire avec beaucoup de complaisance », constatent-ils. Il est clair, d’après le mémorandum des camarades de feu Souleymane Cissé, que le Sénégal n’était dans aucune situation qui justifiait le recours à une loi d’habilitation.
Disséquant en outre le Plan de Relance Economique et Sociale (PRES) lancé récemment par le gouvernement, le mémorandum rappelle que dès les premiers moments de l’annonce du PRES et de la FORCE Covid-19, la LD Debout avait exigé le respect des principes d’efficacité et de transparence dans l’allocation et l’utilisation de toutes les ressources mobilisées. Notamment, insiste-il, par l’implication de l’ensemble des corps de contrôle de l’Etat, de la société civile et des partis politiques dans la gestion, le suivi et le contrôle des ressources mobilisées. «Le Programme de Résilience Economique et Sociale (PRES) devrait mettre un accent particulier sur le secteur de l’Agriculture et de l’élevage afin d’assurer la sécurité alimentaire. Une véritable stratégie devait être élaborée pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, développer un véritable label sénégalais et exporter afin d’obtenir des devises’’, pense-t-il. La LD Debout exige en outre l’audit de toutes les opérations réalisées avant l’installation du Comité, en particulier des marchés relatifs à l’acquisition et à la distribution des produits alimentaires (riz, sucre, etc.).
De l’avis du SEN, les membres de la LD Debout sont scandalisés de constater que même dans des moments qui peuvent être assimilés à une période de guerre, le virus de la mal gouvernance continue de circuler dans le sang de Macky Sall et ses alliés. Sur le plan sanitaire le rapport met aussi en exergue les défaillances du système. Le mauvais pilotage de la crise sanitaire n’a certainement pas aidé le secteur de la santé à mieux maîtriser la situation.
Après l’apparition du premier cas importé communément appelé cas zéro à l’aéroport international Blaise Diagne, le 02 mars, le premier réflexe devrait amener le président de la République à fermer l’espace aérien. Il a fallu attendre le 20 mars pour procéder à cette fermeture, soit près de trois semaines après. En outre, en tardant à confiner la ville de Touba, premier foyer d’infection, le gouvernement a ouvert bien des avenues à la prolifération de la covid-19, s’alarment ces politiciens dans le mémorandum.
REHABILITER LA PAROLE DU PRESIDENT MACKY SALL QUI MANQUE DE CREDIT
Toutefois, la LD Debout pense qu’il est possible de faire un repli stratégique afin de rectifier le tir et réorienter l’action gouvernementale. « En trouvant de toute urgence une solution à l’érosion de la parole publique, du discours de la première autorité du pays : le président de la République qui a tout perdu en crédit, dissoudre les institutions budgétivores, lieu de recasement d’une paresseuse et inutile clientèle politique, telles le Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) et la Commission Nationale du Dialogue des Territoires (CNDT ), reprendre en mains le pilotage de la guerre sanitaire par la mise effective en place d’un conseil pluridisciplinaire en appoint au Gouvernement pour mieux analyser la crise et proposer des mesures palliatives », préconise la LD Debout. Le parti recommande aussi d’assurer la veille pour exiger de l’Assemblée nationale le contrôle a postériori des ordonnances prises par le Président dès la fin de l’état d’urgence.
A l’en croire, il faudra aussi faire l’audit de toutes les opérations relatives à l’acquisition et à la distribution des produits alimentaires aux populations par l’IGE. « Sécuriser la ligne budgétaire « Force Covid-19 » en soumettant les différents gestionnaires de ce fonds à la reddition des comptes, avec l’intervention en amont et en aval des organes de contrôle (ARMP, IGE, Cour des Comptes, OFNAC) et Reverser les fonds politiques du président de la République et du président de l’Assemblée nationale au Fonds de la Covid-19 », renchérissent ces acteurs politiques dans le mémorandum.
Dans le même sillage, La Ld Debout ajoute que pour réussir la relance économique post covid-19, le Sénégal doit renoncer à l’incompétence, au mensonge comme outil de travail, à la transhumance répugnante, ainsi qu’à la protection des criminels à col blanc, des narcotrafiquants, des pilleurs de deniers publics, des prédateurs fonciers et des magistrats véreux.
QUAND LE MASQUE DEVIENT UN ACCESSOIRE DE LA COQUETTERIE FEMININE
Avec la pandémie du Covid 19, les femmes, imaginatives, ont su transformer le masque, dont le port est considéré comme une contrainte par la plupart d’entre elles, en un accessoire de beauté...
De l’époque des pantalons bas larges, chemises cintrées, robes et jupes courtes à celle des pantacourts, bustiers, leggins ou autres tailles basses, la mode s’accorde au temps, aux événements et aux tendances. Au niveau de la gent féminine, la mode semble prendre le dessus sur tout pour mettre en valeur le corps dans une société très regardante et exigeante sur l’élégance de la femme. Une tendance qui ne s’est pas démentie avec la pandémie du Covid 19 où les femmes, imaginatives, ont su transformer le masque, dont le port est considéré comme une contrainte par la plupart d’entre elles, en un accessoire de beauté...
Avec la propagation du Covid 19, tous les citoyens sont contraints de porter le masque pour éviter d’attraper le virus. A Dakar, une des capitales africaines de la mode, beaucoup de femmes vivent difficilement cette situation, le port de masque étant une contrainte dans la mesure où cet accessoire cache une partie de leur beauté. Mais faisant contre mauvaise fortune bon coeur, certaines femmes tentent de transformer le masque en un accessoire d’élégance pour rendre cette contrainte plus agréable.
Descendues d’un taxi « jaune-noir », Ndèye Penda et Marie Diouf sont venues assister à l’anniversaire d’une de leurs copines qui habite aux Parcelles assainies. Vêtues de jeans et bustiers sexy, têtes bien faites, balcon en l’air et maquillage mettant en valeur leurs jolis visages, les deux jeunes filles attiraient tous les regards. Ce même si leur beauté était plus perceptible que visible à cause des masques qui les recouvraient à moitié. « Vraiment le port du masque est insupportable, ça nous empêche d’étaler toute notre beauté. Comme vous nous voyez, ma copine est moi avons fait des ‘’make-up’’ ravissants mais nous sommes obligées de porter le masque à cause du Covid 19. On n’y peut rien on doit se soucier de notre santé et de celle des personnes qu’on fréquente », explique l’une de ces deux jeunes filles.
De son côté, Mariama faye, une autre demoiselle, explique que le masque est devenu un accessoire qui complète son habillement. Car, selon elle, il fait bien s’adapter au covid 19 oblige. « Actuellement, on n’ose plus mettre les pieds dehors sans porter de masques. Quelle que soit la valeur des habits que l’on porte, on est obligées d’y ajouter un masque pour assurer notre protection. On est appelé à en porter au moins pendant des mois ou une année tant qu’il n’y aura pas de vaccin. C’est pour cela qu’il faut apporter un peu de gaieté et rendre joli le masque pour que notre habillement soit chic comme toujours », confie cette jeune coquette. A l’en croire, les femmes ont même tendance à confectionner des masques assortis aux tissus qu’elles portent pour avoir une mise correcte.
En écho, Nafissatou Diouf pense que le port de masque gâche carrément l’habillement. « Lorsque je m’habille pour aller dans une cérémonie, avec un bon maquillage et tout ce qui va avec, je ne porte pas de masque car il cache ma beauté. Certes, je suis consciente des risques que je cours mais, franchement, le masque ça me dérange. C’est pour cela que, depuis le début de la pandémie, j’ai limité mes sorties car le fait de porter le masque tout le temps et dans n’importe quel endroit me dérange », ajoute notre interlocutrice en conclusion.
LAMINE, 19 ANS, UN RÊVE BRISÉ EN ANGLETERRE
Agé de 19 ans, il était un jeune étudiant-footballeur. son cruel destin se résume à une hirondelle c’est-à-dire un oiseau de bon augure « canardé » en plein vol par une méchante maladie
Agé de 19 ans, Mouhamadou Lamine Mbodj était un jeune étudiant-footballeur. son cruel destin se résume à une hirondelle c’est-à-dire un oiseau de bon augure « canardé » en plein vol par une méchante maladie. Un oiseau annonciateur aussi du printemps. On pourrait dire que le jeune homme a traversé cette vallée des larmes comme une étoile filante. Il a poussé son dernier soupir courant 2019 en Angleterre où il comptait allier sports-études aux cotés de son père Oumar Mbodj. Dieu sait que le très jeune Mouhamadou Lamine Mbodj était très bien parti pour concilier les deux. Aux prémices de ce destin prometteur mais très tôt brisé, le quartier des Parcelles Assainies de Dakar qui a vu naitre notre jeune ange. Dans la rue, son talent de footballeur avait fait forte impression. Ce, au point que voisins et encadreurs étaient pressés de le voir quitter ce pays pour faire valoir et éclore ses qualités de footballeur doué sous d’autres cieux plus cléments. Ce n’est pas tout puisque, à l’école aussi, enseignants et camarades de classe étaient convaincus de la réussite dans les études de l’élève Mouhamadou Lamine Mbodj doté d’une intelligence précoce.
Des attentes concrétisées dans la grande ville académique de Manchester où l’ado a intégré un club de football tout en poursuivant ses études. Sous l’aile protectrice de son père, « Lamine », comme on l’appelait affectueusement au sein de la communauté sénégalaise d’Angleterre, a éclairé et fait miroiter un avenir radieux et prometteur à ses parents. Car, toutes les conditions d’intégration et d’épanouissement dans la voie sports/études qu’il avait choisie s’ouvraient largement à lui. Hélas, le jeune footballeur prometteur et brillant élève fut subitement terrassé par une curieuse maladie. Les analyses et autres examens ont fait apparaître un méchant cancer que les médecins de l’hôpital st James ont toutes les peines du monde à révéler à sa famille. Ce jusqu’où jour où l’équipe traitante composée de médecins, infirmiers et aides-soignants décide d’affronter cette terrible épreuve de communication en ce termes : « Monsieur Mbodj, l’équipe traitante a le regret de vous annoncer qu’il n’y a plus rien à faire…» a déclaré de façon évasive le médecin-chef du service Cancérologie de l’Hôpital st James d’Angleterre. Une fatidique annonce qui, bien que voilée, traduisait la déception, l’impuissance et la résignation des médecins.
Informé, Mouhamadou Lamine Mbodj, comme tout bon croyant en Dieu, s’est senti en revanche soulagé de ne plus devoir continuer à se battre. Par contre, il était séduit par les efforts et les sacrifices du personnel médical qui s’est battu jusqu’à ses dernières ressources pour lui prolonger la vie, lui le jeune Africain. Bien que sachant que ses jours étaient comptés, le jeune Lamine était tombé sous le charme du plateau technique très relevé de l’établissement.
Dernières volontés d’un jeune ange…
D’ailleurs, il s’en était ébahi devant son père Oumar Mbodj et en avait parlé à ses amis d’enfance des Parcelles Assainies à Dakar. Et surtout à son homonyme Amadou Lamine Mbodj qui nous raconte les dernières volontés de l’ado sur son lit de mort. « Quelques jours avant de rendre l’âme, Lamine a appelé presque tous les membres de la famille ainsi que les amis pour dire que sa dernière volonté était qu’une fondation ou une association humanitaire soit créée pour sa mémoire. Car, ce qu’il a vu dans cet hôpital d’Angleterre comme matériels et technologies de pointe, il aimerait l’avoir pour son pays, le sénégal, à travers la création d’une fondation à titre posthume pour perpétuer sa mémoire ». Amadou Lamine Mbodj ajoute avec amertume que « mon défunt homonyme se savait condamné à mort par sa maladie. C’est pour cela que lors de ses derniers jours au pays, il avait insisté auprès de ses frères, sœurs, camarades et voisins du quartier des Parcelles Assainies afin qu’ils mettent sur pied une fondation pour venir en aide aux nécessiteux de tous bords, aux malades et aux couches les plus vulnérables » se souvient tristement Amadou Lamine Mbodj.
Les administrateurs et médecins de l’hôpital st James avaient aussi demandé à Lamine d’exprimer ses souhaits et désirs de fin de vie. Ce, comme la plupart des malades en phase terminale internés dans cet établissement hospitalier. Pour le jeune prodige sénégalais du ballon rond, son plus grand désir, en dehors de la fondation, c’était d’aller à Liverpool, précisément au stade d’Anfield pour y voir jouer son compatriote sadio Mané. Pour exécuter sa volonté, la direction de l’hôpital a affrété un hélicoptère médicalisé jusqu’à Anfield où le patient a pu effectivement assister à un match de sadio Mané. Hélas, Lamine n’était qu’une étoile filante qui a traversé à vive allure ce monde de futilités.
Dans la nuit du 26 novembre 2019, l’enfant s’est éclipsé furtivement brisant l’espoir de toute une famille. Deux ans après sa mort, ses parents, ses amis et sympathisants de la diaspora ont crée une fondation baptisée « Al Amine Mbodj » pour la mémoire du défunt. Une fondation dont le président n’est autre que l’homonyme du défunt, Amadou Lamine Mbodj, et qui a pour coordinatrice Ndèye sokhna Mbodj. « Cette fondation a pour but de venir en aide aux personnes vulnérables, jeunes et adultes, avec une attention particulière pour les malades, les veuves et les orphelins. Je remercie les sénégalais de la Diaspora à savoir nos parents, amis et sympathisants qui sont aux Usa, en Angleterre, en france, en Italie, Espagne etc. Ainsi que nos amis et voisins des Parcelles Assainies. Depuis la création, les contributions viennent de partout afin de venir en aide les plus démunis » se félicite le président de la fondation « Al Amine Mbodj ».
Dans la même foulée, Mamadou Ndiaye, membre et coordinateur d’« Al Amine Mbodj » en Italie ajoute que cette fondation n’est pas seulement celle des Mbodj, mais de tous les sénégalais de la Diaspora. « De là, je lance à un appel à tous nos compatriotes d’Europe afin qu’ils contribuent à la pérennité de cette fondation humanitaire » invite-t-il depuis Rimini (Italie). Les premières activités de cette structure d’aide ont démarré avec la remise d’un important don de denrées alimentaires à l’orphelinat « Daaray serigne Saliou Mbacké » Triste initiative que celle ayant porté sur ses fonts baptismaux la fondation « Al Amine Mbodj » mais l’essentiel c’est que, fort heureusement, la mémoire de Mouhamadou Lamine Mbodj, ce jeune ange qui a traversé de manière si fugace, tout en l’illuminant, cette vallée des larmes, soit perpétuée à jamais. Afin que de là-haut, des prairies célestes du Paradis du seigneur, il puisse jouir d’un repos éternel et bien mérité…