12 ans dont 8 au pouvoir. L’Apr, née des entrailles du Pds, donne l’image d’un bateau qui tangue dangereusement avec un capitaine qui perd le cap. L’affaire Cissé Lô n’est que la partie visible de l’iceberg dans une formation politique qui doit se réinventer pour assurer sa survie après le pouvoir. Photographie.
«Apr ki est ti ?» Les fans des réseaux sociaux, spécialistes de la dérision, s’amuseraient à s’interroger de la sorte. Pour faire plus sérieux, qui est vraiment l’Alliance pour la République ? Né le 1er décembre 2008, ce bébé de Macky Sall a pour grand-père le parti démocratique sénégalais. Teint marron-beige, il est libéral et social, droite et gauche comme dans la Macronie. Une mayonnaise idéologique -s’il en existe encore- ou réaliste qui lui a permis de tenir le pouvoir. Et de le maintenir. Ce cheval, son emblème, qui laisse monter toutes les sensibilités politiques, tous les contraires, a remporté toutes les courses électorales. Mais il y a toujours eu, comme aujourd’hui avec Moustapha Cissé Lô, des excès, des dérives, avant même l’arrivée au pouvoir de Macky Sall. A une dizaine de jours du premier tour de la Présidentielle de 2012, c’est Me Djibril War, directeur de l’Ecole du parti, qui pose son pistolet sur la tempe de Mahmout Saleh au siège de l’Apr, sis à Sacré-Cœur. Que de pistoleros à l’Apr !
A l’époque, rapportait Dakaractu, Djibril War aurait lancé à Saleh : «Vous avez recommencé vos méthodes trotskistes. Je ressuscite la solution de Staline.» Et justement, parce que ce parti est entre les mains d’un maoïste, devenu libéral. Et ce n’est pas pour rien que Macky Sall s’est entouré de Saleh, El Hadj Kassé, Mimi Touré… Parce que justement, à sa naissance, l’Apr était un parti où, pour reprendre Cheikh Yérim Seck, il y avait «peu de compétents et de matière grise». «Leur seul mérite est d’avoir accompagné Macky Sall qui, en 3 ans, a pris le pouvoir. C’est terminé ! Il y a ni culture politique ni spécificité qui les différencient des autres», ajoutait le journaliste, le 12 juin dernier sur 7 Tv.
Violence, indiscipline, défiance…
Voilà donc pourquoi la violence verbale ou physique entre apéristes ne date pas des insultes de Moustapha Cissé Lô, exclu par la Commission de discipline. Les guéguerres entre responsables sont omniprésentes depuis 2012. Dans les instances, c’est la lutte des places. Beaucoup de responsables du parti se signalent par des défiances envers le président du parti. Le député Cheikh Diop Dionne, frère de l’ancien Premier ministre Mahammed Dionne, n’a-t-il pas ouvertement défié la décision présidentielle de voter pour Moustapha Niasse pour le Perchoir sans sanction ?
A la Cojer, Abdou Mbow et Biram Faye ont été vivement contestés avant qu’ils ne cèdent les rênes en 2014. Tout comme la bataille sans merci entre Thérèse Faye et sa rivale Marième Thiam Babou. Ça rappelle les sauvageons libéraux sous Wade ! Au sommet, Thierno Alassane Sall n’a jamais eu l’aura de rassembler autour de lui les cadres du parti. Abdoulaye Diouf Sarr, responsable des cadres, est réduit à s’aligner derrière Amadou Ba qui a dirigé les Législatives dans le département de Dakar et le processus du parrainage dans la région. Politiquement, on ne sait pas comment le responsable des Parcelles Assainies a dribblé le seul maire apériste du département. Yaxam Mbaye ou encore Youssou Touré tapent sur la table chaque fois qu’ils sont éjectés des sphères de décision. Mbaye Ndiaye et Mahammed Dionne n’ont-ils pas violé l’injonction du Président de ne plus parler de mandat présidentiel ? Le chef a toujours laissé faire. «Il faut reconnaître que le règne de l’Apr est violent. Les rapports entre les responsables sont très violents. Il y a de la méchanceté, ils ne s’aiment pas et se battent entre eux. A l’Apr, il y a deux types de violence : Une violence contre ceux qui viennent pour adhérer dans leur parti et une violence entre eux-mêmes», avait ajouté Cheikh Yérim Seck. Il ne savait pas bien dire. « L’Apr, c‘est le parti où tout le monde se déteste», a corroboré Moustapha Diakhaté, lundi sur Itv.
Parti non structuré
Si le parti au pouvoir en est à ce niveau de déliquescence, c’est parce que son chef n’a jamais voulu le structurer. Macky Sall a appris de son expérience au Pds qu’un numéro 2 pouvait lui faire ombre. Par conséquent, ni Alioune Badara Cissé ni Mimi Touré ou Amadou Ba n’ont pu tenir ce rôle. A l’Apr, Macky Sall, comme Wade pour le Pds au pouvoir, reste «la seule constante» et les autres ne sont que des «variables». L’Apr, c’est l’histoire d’un parti non structuré où un responsable peut se réveiller pour y être membre et siéger au Secrétariat exécutif national, la plus haute instance. Dans ce parti, le parcours et la culture politiques ne sont pas des données importantes pour y devenir un membre éminent. Cette absence de structuration pourrait avoir des répercussions sur la prochaine Présidentielle. A cette échéance, plusieurs noms circulent. Une situation qui démontre que, comme la gestion du Covid, le contrôle du Président Macky Sall est mis en doute. Raison pour laquelle, il ne dit «ni oui ni non» sur sa participation éventuelle à cette élection prévue en 2024. Amadou Ba, Mimi Touré, Mansour Faye ou Mouhamadou Makhtar Cissé, Aly Ngouille Ndiaye sont avancés comme potentiels candidats. Mais qui sait qui sera le cheval de Macky Sall ? Qui sait si lui-même tentera de remettre le pied à l’étrier. Taquiné par le journaliste Aliou Diarra qui parle d’une Apr où «ça va dans tous les sens», Macky Sall, passablement agacé, a répondu, lors de son entretien à la presse du 31 décembre 2019 : «Que signifie structurer un parti ? Ce sont des instances. Le parti a un Secrétariat exécutif national et des comités. On a décidé de structurer notre parti de cette façon. Depuis sa création, ce parti a gagné toutes les élections (sic). Que voulez-vous encore ?» Pardon ! Où était la coalition Benno bokk yaakaar ? Ce n’est pas un secret que ce parti manque de caractère. Ndèye Saly Diop Dieng a-t-elle la carrure d’une Aminata Mbengue Ndiaye sous le régime du Ps ou la poigne d’une Aïda Mbodj du temps du Pds ? Moussa Sow de la Cojer a-t-il le charisme d’un Barthélemy Dias du Ps ou encore d’un Thierno Bocoum de Rewmi… ? L’Apr cherche «Travail, solidarité, dignité», sa devise.
LE PIC DE L'ÉPIDÉMIE N’EST TOUJOURS PAS ENCORE ATTEINT
Le Directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé (Oms) a annoncé hier au cours d’une conférence virtuelle que le pic de la maladie au coronavirus n’est pas encore atteint au niveau mondial
Le Directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé (Oms) a annoncé hier au cours d’une conférence virtuelle que le pic de la maladie au coronavirus n’est pas encore atteint au niveau mondial. Et ce, même si près de 600 000 décès ont été enregistrés.
La maladie du coronavirus continue de faire des ravages dans le monde. Le nombre de cas de contaminations et de décès connaît une tendance haussière dans certains pays. Ainsi, sur le plan mondial, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé, affirme que l’épidémie de Covid-19 a fait 400 000 nouveaux cas au cours du weekend dernier. «L’épidémie s’accélère et nous n’avons clairement pas atteint le pic de la pandémie», informe-t-il.
A l’en croire, l’Oms a recensé plus de 11,5 millions de cas dans le monde dont plus de 535 000 décès. «Les Etats-Unis et le Brésil demeurent les deux pays les plus affectés par la Covid-19 aussi bien en termes de cas que de décès», dit le patron de l’Oms. Dr Tedros ajoute que le nombre de décès semble s’être stabilisé à l’échelle mondiale. «En réalité, certains pays ont fait des progrès importants dans la réduction du nombre de morts, tandis que dans d’autres, les décès sont toujours en augmentation. Là où des progrès ont été accomplis dans la réduction des décès, les pays ont mis en œuvre des actions ciblées en direction des groupes vulnérables», affirme t-il.
Pour le Directeur général de l’Oms, le virus a pris en otage le monde. «Notre seul moyen de nous en sortir, c’est l’unité nationale et la solidarité mondiale», dit-il. 110 nouvelles contaminations et 04 nouveaux décès enregistrés au Sénégal.
Au Sénégal par ailleurs, le ministère de la Santé a annoncé hier lors du point quotidien sur la Covid-19 que sur 788 tests réalisés, 110 sont revenus positifs, dont 87 cas contacts. Ces nouveaux cas sont répartis entre les districts de Dakar ouest 23, Dakar centre 22, Dakar sud 12, Dakar nord 11, Touba 02, Guédiawaye 05, Mbao 01, Thiès 01, Rufisque 09, Keur Massar 06, Pikine 01, Sangalkam 06, Ziguinchor 02, Yeumbeul 01, Popenguine 01, Diamniadio 02, Vélingara 01, Diourbel 01, Fatick 02 et Mekhé 01.
Pour ce qui est des 23 cas communautaires, ils ont été répertoriés entre Guédiawaye 03, Rufisque 03, Keur Massar 02, Liberté 5 02, Parcelles Assainies 02, Derklé 01, Grand Médine 01, Hlm Grand Yoff 01, Liberté 4 01, Mbao 01, Mekhé 01, Point E 01, Popenguine 01, Sangalkam 01, Touba 01 et Ziguinchor 01. En outre, 74 patients hospitalisés ont été déclarés guéris. Cependant, l’on dénombre 37 cas graves pris en charge dans les services de réanimation. La liste macabre s’est allongée avec les 04 nouveaux décès enregistrés hier. Désormais, le Sénégal comptabilise 7 657 cas positifs dont 5 097 guéris, 141 décédés et 2 418 sous traitement.
OUMAR SARR ET COMPAGNIE CRÉENT LEUR PROPRE PARTI
Le chemin de l’audace ! Après avoir subi les foudres de leur ex mentor Me Abdoulaye Wade, Oumar Sarr, Babacar Gaye, Me Amadou Sall ont décidé de sortir de la serrure du PDS
Le paysage politique sénégalais s’est enrichi d’une nouvelle formation. Il s’agit du Nouveau Parti Démocratique (Npd) qui vient d’être porté sur les fonts baptismaux par des anciens barons du Parti Démocratique Sénégalais (Pds) dont Oumar Sarr, Me Amadou Sall, Babacar Gaye et Cie. Ces transfuges du PDS comptent avec leur nouveau parti prendre leur destin en main et proposer aux Sénégalais une nouvelle offre politique qui a le citoyen comme centre de préoccupation. Ainsi, ils appellent les Sénégalais à imprimer avec eux leur volonté de participer aux prochaines échéances électorales pour conquérir démocratiquement le pouvoir et l’exercer au grand bien des masses.
Le chemin de l’audace ! Après avoir subi les foudres de leur ex mentor Me Abdoulaye Wade, Oumar Sarr, Babacar Gaye, Me Amadou Sall ont décidé de sortir de la serrure du PDS. C’est pourquoi, après avoir été exclus des rangs libéraux, ils ont mis en place, il y a bientôt un an, le mouvement Alliance Suqali Sopi. En témoigne sa participation dès sa création au FRN.
Ainsi, pour matérialiser davantage leur engagement politique, comme ils l’ont indiqué dans leur déclaration, ils ont décidé de prendre leur destin en chemin en lançant un nouveau parti. C’est pourquoi, tout en revendiquant leur héritage du Libéralisme Social tel que pensé par Me Abdoulaye Wade, les membres et sympathisants de l’Alliance Suqali Sopi ont décidé de créer un nouveau parti réellement démocratique. Ce «cadre d’expression dans sa déclaration reçue à «L’As» va proposer une alternative crédible et ouvrir au Sénégal et à l’Afrique une nouvelle perspective fondée sur la liberté, la démocratie, l’unité, le développement et la solidarité en s’inspirant aussi des acquis du mouvement démocratique et social de notre pays. Mieux, ajoute-t-il, au Sénégal, il s’agit d’un nouveau cycle qui s’ouvre, celui de la renaissance de l’engagement politique et citoyen ainsi que le dépérissement de l’ancienne vision de l’homme providentiel. « Il est temps de reconnaître que c’est le citoyen qui est non seulement l’objet et le moteur du développement mais aussi le centre des préoccupations. C’est ainsi que de nouveaux modes de fonctionnement des partis et organisations doivent permettre de repenser l’organisation et l’action politiques », martèlent-ils.
Ainsi, soutiennent Oumar Sarr et Cie, avec le devoir de l’audace, ils lancent un appel aux citoyens, à leurs sympathisants, militants et responsables, pour qu’ils impriment avec eux leur volonté de participer aux échéances électorales pour conquérir démocratiquement le pouvoir et l’exercer au grand bien des masses.
A cet effet, relève la déclaration, les prochains jours seront mis à profit pour finaliser leur offre politique et présenter les statuts du parti, son règlement intérieur, ses symboles, ses instances provisoires de direction, ses structures locales ainsi que le plan d’actions. « De partout, des citoyens enthousiastes nous ont exprimé une forte sympathie et beaucoup parmi eux ont décidé d’accompagner nos actions en adhérant et en posant les nouveaux jalons pour le renouveau du sopi » renseignent-ils. Ensuite, ajoute la note, en considération de leur passé militant récent, une grande partie de leurs compagnons viennent du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) qui ne répond plus aux aspirations de ses militants d’autant plus que ceux-ci ne sauraient tolérer une dévolution monarchique de leur parti et voudraient choisir eux-mêmes leurs propres dirigeants conformément aux statuts de leur parti. Mieux, poursuivent Me Amadou Sall et cie, des citoyens, de plus en plus nombreux, venant d’autres partis et courants de pensée ou n’ayant jamais adhéré à un parti, se retrouvent dans les valeurs de fidélité, de loyauté et de constance incarnées par notre mouvement. D’après eux, ces adhésions aussi massives que diversifiées confirment la justesse de leur combat et la pertinence de leur démarche.
HABIB DIALLO VERS TOTTENHAM
Auteur d'une saison prolifique avec Metz (Ligue 1 française), l’attaquant sénégalais Habib Diallo a de la cote en Angleterre. L'équipe de José Mourinho serait prête à mettre sur la table 45 millions de livres Sterling pour s'attacher les services
Auteur d'une saison prolifique avec Metz (Ligue 1 française), l’attaquant sénégalais Habib Diallo a de la cote en Angleterre. L'équipe de José Mourinho serait prête à mettre sur la table 45 millions de livres Sterling pour s'attacher les services du joueur formé à Génération Foot.
En cette période de mercato estival, toutes les attentions sont tournées vers les prétentions de départ de Kalidou Koulibaly et de Mbaye Niang entre autres. Toutefois, Habib Diallo fait également parler de lui sur le marché des transferts. Auteur d'une saison prolifique avec 12 buts et 3 passes décisives en 26 rencontres, le capitaine du FC Metz va quitter le club lorrain. Et il pourrait rejoindre l'Angleterre pour poursuivre sa carrière. Selon la presse britannique, Tottenham serait prêt à passer à l'action pour s'attacher les services du joueur formé à Génération Foot, (Sénégal). Et une offre estimée à 45 millions de livres Sterling serait à l’étude. En réalité, le club anglais est à la recherche d'un remplaçant de qualité pour Harry Kane.
Souvent blessé, l’attaquant anglais a été mis à l'écart pour une bonne partie de cette saison. Face à cette situation, l’international sénégalais serait le profil idéal pour étoffer le secteur d'attaque des Spurs. Avec son énorme potentiel, le joueur de 24 ans pourrait être d'un apport capital. Pilier important dans le dispositif de Vincent Hognon, ce dernier est prêt à laisser partir son attaquant, malgré ses performances en championnat.
A noter que son agent Thierno Seydi avait déclaré que Habib Diallo a reçu un bon de sortie. «Déjà en janvier dernier, il y avait une offre de Tottenham. Dès l'ouverture des marchés européens, cela devrait se décanter», a déclaré son agent.
Arrivé à Metz en 2013, Diallo a également défendu les couleurs de Brest durant la saison 2017-2018. Le natif de Thiès est sous contrat avec les Grenats jusqu'en juin 2022. Meilleur buteur de son club, il a réussi à aider son équipe à se maintenir dans l'élite française.
«JE DONNERAIS TOUT L'ARGENT QUE J'AI POUR LUTTER CONTRE LE RACISME»
Dans un entretien accordé à la «Corriere della», Keita Baldé Diao, a évoqué ses aventures en Italie avec la Lazio et l’Inter. Il s'est rappelé le racisme vécu dans les stades italiens et sa volonté de le combattre.
L’attaquant sénégalais Keita Baldé Diao s’est illustré, il y a quelques semaines, en payant un mois d'hébergement, de la nourriture et des vêtements à 150 travailleurs sénégalais saisonniers à Lleida en Catalogne, la région où il est né et a grandi. Un véritable soulagement pour ces derniers, alors que les hôtels avaient catégoriquement refusé de les accueillir. Dans un entretien accordé à la «Corriere della», le joueur de l'AS Monaco a expliqué ses motivations, ce qui l'a poussé à agir en faveur de ses compatriotes. L’ancien du Barça a également évoqué ses aventures en Italie avec la Lazio et l’Inter. Il s'est rappelé le racisme vécu dans les stades italiens et sa volonté de le combattre.
Vous avez récemment aidé des saisonniers sénégalais en Espagne. Comment est née l'initiative?
J'ai vu la vidéo du porte-parole des travailleurs. J'ai été touché par l'histoire, je l'ai contacté et nous avons commencé à réfléchir sur la manière de résoudre le problème.
S'était-il déplacé de façon anonyme au début?
Oui, mais il y avait des problèmes bureaucratiques qui compliquaient les choses. Et j'ai dû me mettre en lumière. Cela s'est bien passé comme ça. Si je ne m'étais pas dévoilé, je pense que les ouvriers auraient continué à dormir dans la rue.
Avez-vous fait face à une telle réalité dans votre vie?
«Non, mais je la connais bien, car je viens de parents africains qui ont tout donné pour aller en Europe et donner un meilleur avenir à leurs enfants. C'est pourquoi, quand je vois de telles situations, j'essaie toujours d'aider. Je l'ai fait de tout mon cœur, car je me considère comme un garçon de cœur. Ce n'était pas quelque chose que je voulais montrer sur Instagram, mais de résoudre un problème. Donc c'était ça.
Avez-vous visité la maison des esclaves sur l'île de Gorée au Sénégal ?
Oui, et à chaque fois que j'y vais, j'ai la chair de poule, pour tout ce que ça veut dire. Là, ils vous expliquent bien ce qui s'est passé ces années-là, une réalité très dure. L'histoire, vaut toujours mieux la connaître.
Le football est-il suffisamment fait pour lutter contre le racisme?
Les épisodes se répètent malheureusement et ponctuellement. Et je donnerais tout l'argent que j'ai gagné ces dernières années pour faire disparaître le racisme. Mais cela dépend de l'éducation et des valeurs des gens. Ce n'est pas facile.
Le fait de poser un genou par terre n'a pas été respecté par de nombreux joueurs blancs. Qu’en pensez-vous ?
Cela doit être un geste spontané et pas toujours dans le feu de l'action quand on y pense. Mais si cela arrive, c’est aussi bien.
Ya-t-il- plus de racisme dans les stades italiens qu'ailleurs?
En Italie, le problème se pose souvent et nous devons nous assurer qu'il en soit moins. Parfois, peu d'imbéciles se comportent mal. Mais il y a de bonnes personnes qui essaient d'attirer l'attention et elles ne doivent pas être sous-estimées. Certains joueurs étrangers disent qu’ils ne conseillent pas à des footballeurs de venir jouer en Serie A à cause du racisme.
Qu'est-ce que tu en penses?
Quiconque ne vit pas en Italie ne connaît pas toutes les belles personnes qui sont ici. Elle peut avoir peur quand certains épisodes se produisent. J'ai passé un très bon moment etje ne juge pas un pays qui se trompe. Cependant, tous ensemble, il faut essayer de baisser le taux de racisme.
Quelles sont vos relations avec Sadio Mané en équipe nationale?
Nous sommes des modèles, très aimés. Nous avons les mêmes plans dans nos villages d'origine. Nous aidons à construire des écoles, des mosquées, des hôpitaux, des routes. Le Président nous a reçus et c'est un honneur. Et notre rêve est que dix Sadio Mané et dix autres Keita Baldé suivent nos traces.
Vous êtes arrivé très jeune en Italie. Que vous reste-t-il de cette expérience en Serie A?
Avec la Lazio, j'ai grandi, j'ai beaucoup appris. Avec l'Inter, ce fut une expérience courte, mais très intense. Je suis resté avec la tactique italienne, surtout en positionnement sans ballon.
Comment appréciez-vous la décision des autorités françaises d’arrêter le championnat ?
Nous voulions terminer le championnat et les clubs ont essayé. Au moins, nous sommes heureux d'avoir repris l'entraînement pour la prochaine saison.
Quels sont vos objectifs pour l'avenir?
Pour l'instant, je suis bien ici à Monaco où j’ai encore deux ans de contrat. J'essaye de m'améliorer chaque jour. Et cela, ce n’est pas seulement à l'intérieur d'un terrain de football.
TIRS GROUPÉS SUR ABDOU KARIM SALL
Abus de pouvoir, folie de grandeur, conflit d’intérêts. Les qualificatifs ne manquent pas depuis l’éclatement de l'affaire du transfert des gazelles oryx de la réserve du Ferlo vers un domaine privé appartenant au ministre de l'environnement
C’est une pluie de critiques qui s’abat sur le ministre del’Environnement Abdou Karim Sall, depuis l’annonce par Source A de la mort de 2 des 6 gazelles oryx qu’il avait transférées de la Réserve du Ferlo (dans le Ranérou) au profit de sa ferme privée à Bambilor. Et les explications du ministre dans son communiqué transmis à la presse sont loin de convaincre.
Abus de pouvoir, folie de grandeur, conflit d’intérêts. L’affaire est devenue virale dans les réseaux sociaux et les qualificatifs ne manquent pas depuis l’annonce du transfert d’oryx de la réserve du Ferlo vers un domaine privé qui appartient auministre Abdou Karim Sall. Cedernier qui confirme la mort de deux des six gazelles qu’il avait transférées s’est fendu d’un communiqué pour soutenir que ce transfert n’était pas une simple manœuvre individuelle, mais qu’il entrait dans le cadre de la mise en place de la politique nationale de conservation de la biodiversité. « Les initiatives privées relatives à un r-peuplement d’espèces de faune sauvage jusque-là existantes au Sénégal se font sur la base de protocoles d’accord dûment établis», argue Abdou Karim Sall. Mais, ces arguments sont battus en brèche par l’environnementaliste Dr Cheikh Dieng. Pour l’expert en environnement, le responsable apériste de Mbao tente de justifier un transfert frauduleux. « Les protocoles ou conventions évoqués par le communiqué n’existent nulle part dans les lois et règlements qui régissent la pratique de la chasse et de la conservation de la faune au Sénégal», révèle Dr Dieng.
En dehors de la chasse d’ailleurs strictement règlementée, poursuit-il, le code prévoit des possibilités de capture à desfins strictement scientifiques etd’éducation. Démontant un à unles arguments d’Abdou KarimSall, Dr Cheikh Dieng soutientque les conventions et protocoles évoqués dans le communiqué sont en porte-à-faux avec la loi. L’environnementaliste déplore en outre le fait que le communiqué suggère que le ranch privé du ministre de l’Environnement ait bénéficié de cette disposition sans oser le mentionner explicitement. Pour lui, les règles de transparence voudraient que la convention dontaurait bénéficié le ministre soit publiée. «Sans nul doute qu’elle n’existe pas. Au demeurant, le ministre peut-il bénéficier d’une convention de la part d’un service qui est sous son autorité ? Et quelle est la contrepartie que paient les privés pour bénéficier de cette largesse de l’Etat ?», s’interroge Dr Dieng qui pointe du doigt le laxisme du ministre Abdou Karim Sall, indiquant que la capture de ces gazelles au profit d’un ranch privé à Bambilor, dans des conditions écologiques aussi éloignées de leur habitat naturel, les confinerait quasiment dans un zoo. «Et pour le plaisir de la contemplation les condamnerait à une mort certaine », dit-il.
Rappelant par ailleurs les tenants et aboutissants du code de la chasse au Sénégal, Dr Cheikh Dieng souhaite des suites judiciaires dans cette affaire. « La capture des gazelles oryx au profit du ranch privé qui serait commanditée par le ministre de l’Environnement tombe sous le coup de la loi. L’ordre a-t-il été donné par le ministre ? L’abus d’autorité s’ajouterait à l’infraction au code de la chasse », fulmine-t-il tout en se demandant si ces animaux n’étaient pas destinés à alimenter un trafic d’animaux sauvages, sachant que ces oryx valent entre 40 et 50 millions Fcfa la pièce.
Ouverture d'une enquête
Interpellant directement le chef de l’Etat, Dr Cheikh Dieng invite le président de la République à demander l’ouverture d’une enquête diligente en vue de faire la lumière sur cette affaire rocambolesque et à publier les résultats de l’enquête. «Toute autre attitude conforterait le sentiment d’une république bananière où chaque ministre, détenteur d’une parcelle de pouvoir, peut en user et en abuser sans aucune contrainte, sans morale, avec le sentiment d’impunité que confère l’absenced’une autorité présidentielle quiveille sur la bonne marche de la nation», fulmine Dr Cheikh Dieng.
Le même cri du cœur est lancé par le coordonnateur de Pastef Mbao, fief du ministre Abdou Karim Sall. En effet, selon Moustapha Sarre, dans un pays normal, «cet acte inadmissible aurait exigé l’ouverture immédiate d’une enquête et la démission du ministre. On aurait mis sous scellé sa réserve et vérifié les conditions dans lesquelles celle-ci a été acquise». Ainsi, le camarade de Ousmane Sonko souhaite fortement que l’Ofnac scrute les biens multiples du ministre. Le Patriote estime que le patron de l’Environnement a une méconnaissance réelle de sa mission.
VIOLATIONS DU DOMAINE PUBLIC MARITIME
Dans ce premier jet, PSK passe en revue le domaine public maritime, du Cap-Manuel à la zone de MBao et de Yoff Waarar à toute la Corniche et arrive à la conclusion selon laquelle, le DMP «ne peut être occupé qu’à titre précaire et révocable»
Face au débat sur le foncier au Sénégal, Sud Quotidien propose à ses lecteurs un dossier réalisé par un journaliste chevronné, Pape Samba Kane (PSK, comme on le surnomme) sur les violations du Domaine public maritime dans la presqu’ile du Cap-Vert. Une enquête qu’il avait réalisée du 16 août au 9 septembre 2008, dans le cadre de la rédaction d’un ouvrage collectif pour le compte de l’ONG «Aide Transparence». Dans ce premier jet, le journaliste-écrivain passe en revue le domaine public maritime, du Cap-Manuel à la zone de MBao et de Yoff Waarar à toute la Corniche. PSK arrive à la conclusion selon laquelle, le DMP «ne peut être occupé qu’à titre précaire et révocable».
I. UNE TRÈS VIEILLE HISTOIRE QUI RISQUE DE FINIR MAL
Cette enquête s’est déroulée du 16 août au 9 septembre 2008 et portait sur les violations du Domaine public maritime (DPM) dans la presqu’ile du Cap-Vert (précisément, du Cap-Manuel à la zone de MBao et de Yoff Waarar à toute la Corniche), dans le cadre de la rédaction d’un ouvrage collectif pour le compte de l’ONG « Aide Transparence ». Cette partie du travail, un dossier dans notre jargon de journaliste, que nous avions personnellement réalisé dans ce cadre, prend aujourd’hui un relief particulier avec cette actualité chaude autour de ce que nous avions alors appelé – on était en plein dans les préparatifs du sommet de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), en 2008 : « Le bradage du littoral dakarois » - ou Domaine public maritime (DPM) pour parler comme la loi.
Les parties du littoral concernées par la notion de Domaine public maritime, qui fait partie du Domaine public naturel de l’État sont, contrairement aux affirmations souvent entendues lors de nos investigations, bien décrites par la loi : « …les rivages de la mer couverts et découverts lors des plus faibles marées, ainsi qu’une zone de 100 mètres de large à partir de la limite atteinte par les plus faibles marées. » (Article 2 de la loi n° 76 – 66 du 2 juillet 1976 portant Code du Domaine de l’État, dont une exégèse éclairante a été faite dans les colonnes de ce journal par Abdoulaye Dièye, enseignant chercheur à la faculté de Droit de l’UCAD)
À se promener sur le littoral, tout le monde se rendait compte de l’occupation massive du DPM tout le long des côtes dans toute la presqu’ile du Cap-Vert. Ce phénomène s’était accéléré de façon remarquable depuis quelques années avant ce travail, et était lié, aux yeux de tous les observateurs, à l’émergence, depuis 2000, de nouvelles élites politiques et économiques particulièrement gourmandes en terres, encouragées dans leur boulimie foncière par un État encore plus tatillon que jamais et dont les plus hauts responsables s’étaient eux-mêmes lancés dans une spéculation foncière sans réserve, y compris sur le DPM.
Cette ambiance de ruée vers l’or n’était évidemment pas propice au respect des lois et règlements, et quasiment toutes les occupations de terrains sur le domaine public maritime étaient sujettes à caution, notamment celles faites dans le sillage des travaux de l’Agence nationale de l’Organisation de la Conférence islamique (ANOCI) dirigée alors par Karim Wade. Apparemment, des porteurs de projets ayant eu du mal en temps normal à trouver les autorisations nécessaires, se sont engouffrées dans la brèche des urgences ouvertes par les responsables de l’agence, pour obtenir les sésames nécessaires. Ou, quand ils ne les avaient pas obtenues, s’en passer carrément dans une ambiance d’impunité ou d’excessive bienveillance favorisée par lesdites urgences de l’Anoci.
Les porteurs de ces projets n’avaient certainement pas les mêmes priorités que l’Agence nationale, car aucun des projets hôteliers et autres qui nous avaient été présentés comme étant partie intégrante des travaux préparatoires du sommet n’était achevé au moment où ces lignes étaient écrites. Et ne le sera pas avant le sommet en question. Certains de ces bâtiments, aujourd’hui encore, douze ans après – nous avons refait le même circuit cette semaine, du môle 1, au Virage vers l’aéroport LLS - voir encadré -, sont restés inachevés, véritables fantômes de béton gris qui hantent le littoral dakarois, d’est en ouest ; beaucoup étant devenus des repaires de marginaux et autres malfrats ; d’autres ont été finis - longtemps après la chute des Wade, avec la bienveillance des nouvelles autorités - soit tels qu’ils avaient été présentés, soit après avoir changé d’objet.
Un véritable gâchis, comme jamais l’occupation anarchique du DPM ne l’avait permis. Et pourtant, comme on le verra, tous les régimes qui ont eu à gérer ce pays ont enfreint la législation en ce qui concerne l’occupation des terres du littoral.
Nous avons tenté de savoir, à propos de cela et d’autres questionnements encore. Notamment, comment et pourquoi des terrains non aedificandi ont-ils pu se transformer en Titres fonciers, parfois avec une rapidité déconcertante sur toute la corniche ouest ; et comment aussi, beaucoup plus loin, sur la bretelle menant vers l’ancien Club Med, des restaurants, alors baraquements informels, dotés de titres d’occupations provisoires ou pas du tout, sont devenus des lieux huppés, repris par de riches opérateurs à leurs propriétaires d’origine, des squatters heureux de céder à prix d’or des fonds de commerce sans grande valeur, sinon leur situation “les pieds dans l’eau”, comme on dit. Et ce n’est pas tout – oh, que non ! -, on va le voir...
La période hivernale, particulièrement pluvieuse l’année au cours de laquelle s’est déroulée cette enquête, met immédiatement à l’esprit de quiconque se penche de prés sur l’occupation anarchique du Domaine public maritime (DPM), les questions liées à la sécurité des bâtiments et autres lieux d’- habitations construits sur la façade marine, trop près de la mer, ainsi que celle des personnes les occupant. Il faut compter parmi ces bâtiments les infrastructures routières et les ouvrages fonctionnels, ainsi que les hôtels et cliniques, construits ou encore en construction dans le cadre de la tenue dans notre pays du sommet de l’Organisation de la Conférence islamique en avril 2008. Ces ouvrages, ainsi que leurs usagers sont bien évidemment, eux aussi, concernés par les questions de sécurité évoquées tantôt. « Ces périls qui frappent a nos portes » sont vieux comme Dakar, et le supplément numéro 19 du 27 janvier1999 de Sud quotidien auquel nous avons emprunté son titre ici mettait déjà l’accent sur les risques induits par l’avancée de la mer, les séismes, les glissements de terrain et le réchauffement climatique sur le littoral dakarois et soulignent, avec Mme Isabelle Niang Diop, Maitre de conférence en Géologie côtière, que l’urbanisation inconsidérée de cet espace est un facteur aggravant pour ces risques. Il y avait donc alors vingt ans, les risques liés à ces occupations étaient déjà alarmants ; aujourd’hui, au vu des révélations parues dans la presse depuis le 2 juin 2020 (reportage de Sud Quotidien), suivies de cette sorte de déballage tous azimuts où l’on sent que la ruée sur les terres du littoral ne s’est jamais arrêtée, revenir sur cette question, dans son fond, dans un dossier ample, sans passion, et autant que possible précis, apportera un éclairage, pensons-nous, beaucoup plus utile que les querelles, accusations et contre-accusations notées ces dernières semaines dans les médias ; où l’on ne sait plus qui, de l’État, des mairies, et des bénéficiaires, est responsable de quoi, où, comment, pourquoi et depuis quand. En novembre 2006, lors d’une conférence à Nairobi sur le réchauffement climatique, consacrée aux risques pour l’Afrique, le Programme des Nations unies pour l’Environnement (Pnue) lançait un cri d’alarme, prévenant que dans moins de70 ans les inondations pourraient causer la destruction de 30% des infrastructures côtières en Afrique et provoquer des déplacements massifs de populations 1.
Mme Annie Jouga, architecte, interrogée par nos soins près de dix ans après Mme Niang Diop (voir page 1), soutient également que les arguments selon lesquels ces constructions sur les falaises constituent des facteurs de stabilisation de la roche et contribueraient à stopper ou ralentir l’érosion des côtes ne sont pas recevables. Elle les voit plutôt comme des facteurs aggravants et invite les autorités au réalisme en faisant recours aux techniques éprouvées en matière de protection côtière.
Selon elle, les vibrations subies par les côtes du fait de la multiplication de gros chantiers qui vont chercher des emprises à des profondeurs incertaines fragilisent la roche. Les deux nouvelles voies de la Corniche où la circulation se fait à grande vitesse ne sont pas non plus, de son point de vue, pour stabiliser les côtes. En tout état de cause, elle en appelle au respect des lois organisant l’occupation du domaine public. Mme Jouga en appelle aussi à l’éthique dans la distribution et l’occupation de ces espaces dont la jouissance revient de droit aux Sénégalais de toute condition. Rappelant qu’elle est elle-même originaire du Plateau, où elle a grandi, elle regrette qu’aujourd’hui ses enfants ne puissent, comme elle à leur âge, se baigner dans toutes ces plages de la côte est de Dakar qui sont ou privatisées, de fait comme de jure, ou polluées. Le phénomène n’est pas nouveau, admet-elle, mais il aurait de nos jours atteint des niveaux insupportables. « Aujourd’hui, il faut faire des dizaines de kilomètres pour trouver une plage fréquentable », conclut-elle, sous ce chapitre. (Rappelons que ce dossier, inédit dans les médias date de 12 ans, et que depuis, rien n’a été fait pour arrêter cette occupation anarchique, illégale ; au contraire ! Comme le démontrent les débats et controverses actuels, la fête continue de plus belle).
L’occupation massive et illégale du littoral dans la presqu’ile du Cap-Vert n’est pas une affaire nouvelle, mais elle a pris un tour précipité ces dernières années avec l’avènement de nouvelles élites politiques et économiques, les deux catégories se recoupant à travers les mêmes personnes. La Corniche de Dakar, qui borde la ville d’est en ouest est le lieu privilégié de cette mainmise peu soucieuse de légalité, malgré tout un arsenal de codes et de lois, de plans d’aménagement et de directives, superbement ignorés par ceux qui sont chargés de les faire respecter : les mêmes coteries, bien évidemment, qui occupent ces espaces destinées à une jouissance collective démocratique, respectueuse des normes environnementales et des consignes de sécurité. La décision prise par les autorités de l’État, à travers l’Agence nationale de l’Organisation de la Conférence islamique, d’embellir la corniche de Dakar et de construire de nouvelles infrastructures hôtelières d’est en ouest de cette façade maritime de la capitale du Sénégal, a transformé cette précipitation, faite d’initiatives individuelles quelque peu mondaines, en une véritable industrie d’accaparement de cet espace public à des fins privées qui, même avec l’imprimatur officiel, ne se soucient pas plus de légalité que les mainmises individuelles sur le Domaine public maritime. Au contraire !
LE DOMAINE PUBLIC MARITIME NE PEUT ÊTRE OCCUPE QU’A TITRE PRÉCAIRE ET RÉVOCABLE
Le Domaine public maritime peut faire l’objet d’actes administratifs autorisant son occupation sous diverses formes (concession, bail, etc.), mais « à titre précaire et révocable », dit expressément l’article 13 du Code du Domaine de l’État d’où toute construction sur cet espace est soumise a des conditions de durée (avec les baux, par exemple) et obligations architecturales qui en garantissent la précarité, comme la construction sans emprises sur les sols. Or, avant les chantiers de l’ANOCI, mais surtout pendant ceux-ci, on a vu s’ériger le long de la corniche, en contrebas des falaises, sur les plages, taquinant l’eau, de solides bâtiments d’habitation ou destinés à un usage public comme des hôtels ou des cliniques, et même des écoles privées qui ont l’air de tout sauf de cabines démontables.
Et aujourd’hui, en 2020, dans les faits relatés par les médias, on parle même de titres fonciers sur la DPM, d’autorisations de construire délivrées par des maires, et d’autres actes hérétiques au regard des dispositions invoquées, ici. Sauf si la loi a été changée, et ce ne sera qu’en catimini (cela s’est vu au Sénégal), on est en pleine anarchie juridique ! Sauf, bien sûr, et nous l’avons vérifié, que la loi n’a pas changé (voir encadré). Imposants et massifs, indifféremment construits en contrebas de la falaise ou au-dessus d’elle, ces constructions ont pour première particularité de jeter à la figure du passant l’opulence de leurs propriétaires pour les résidences individuelles, des promoteurs et de leur clientèle pour les complexes résidentiels, les hôtels, cliniques, parcs d’attractions et clubs privés –certains parmi ces derniers datant de l’époque coloniale, ou en étant des survivances entretenues par l’ancien régime des socialistes, et ayant encore, apparemment, de beaux jours devant eux. Seconde particularité de ces constructions, elles densifient, avec la nouvelle infrastructure routière et ses ouvrages lourds, le mur de béton entre l’océan et la ville, privant ainsi Dakar, une presqu’ile étroite, des vents marins qui l’empêchaient d’étouffer de chaleur.
RANDONNÉE SUR UNE CORNICHE QUI ÉTOUFFE D’EST EN OUEST
Une petite randonnée, étape après étape, de l’axe quittant le môle 1 du Port de Dakar pour s’engager dans la corniche-est, jusqu’au quartier de Yoff, juste après le lieu dit Le Virage, sera instructive, à la fois sur les violations flagrantes des lois sur le DPM -depuis l’indépendance et audelà -, sur l’accaparement privé, souvent à des fins d’enrichissement personnel, des ces terrains très prisés par les classes dirigeantes successives et leurs oligarchies économiques. Et surtout sur l’absence de retenue qui caractérise aujourd’hui, avec l’avènement du pouvoir libéral, la ruée sur les réserves foncières de l’État, notamment ceux du Domaine public maritime, par les mêmes classes dirigeantes, à travers les mêmes procédés, aux mêmes fins, ou pire : de fortes présomptions d’opérations financières frauduleuses, notamment de blanchiment d’argent, pèsent sur les constructions immobilières luxueuses et foisonnantes qui poussent comme des champignons dans Dakar, en contradiction flagrante avec l’état de pauvreté avancé du pays et de la grande majorité de ses habitants. Notre randonnée renseignera aussi sur le peu de cas fait du bienêtre des populations riveraines, et donc, forcément des questions environnementales qui conditionnent tout développement durable.
On n’aura pas parcouru cinq cent mètre que la vue sur l’ile de Gorée est perdue, bouchée par Le Lagon I et II, avec ses entrées surélevées. Les hôtels, eux, sont construits en contrebas de la falaise, avec restaurant sur un ponton s’enfonçant dans la mer. Un mur de clôture allant au-delà des surfaces occupées par les bâtiments protège et interdit au promeneur l’accès de la plage jouxtant ces établissements qui datent du début des années soixante. Aucune loi, aucun bail, aucune concession n’en donnent l’autorisation à personne. Le fait accompli fait ici office de loi.
Avant la construction du mur, la plage était timidement fréquentée par le public. Après, même ceux qui, connaissant la réglementation, insistèrent un temps en passant par la berge, finirent par se lasser des brimades et autres remarques des vigiles, sinon des obstacles physiques érigés par les exploitants. Aujourd’hui, dans l’entendement populaire, cette plage est - et s’appelle - : « la plage du Lagon II ». Un peu plus loin, le fantôme qu’est devenu le restaurant Le Niani, ravagé par un incendie alors que des bruits couraient sur sa convoitise par une autorité au plus haut sommet de l’État, interpelle. Cet établissement a aussi été autorisé par l’ancien régime socialiste et date des années 70. Imposant et construit avec emprise sur le sol, ce restaurant va disparaître pour laisser la place, selon toute vraisemblance, a une structure paramédicale de luxe, une clinique de thalassothérapie, massage, kinésithérapie, et dont les promoteurs, des Libanais, seraient proches de la famille présidentielle. La structure sera située juste derrière les murs du palais de la République, une zone depuis peu sous une étrange, toute nouvelle, et stricte surveillance policière. Plus bas, peu avant la plage de l’anse Bernard (Terrou Baye Sogui, de son nom traditionnel), les clubs quasi coloniaux, exclusivement réservés à une clientèle française (L’Union amicale corse, le Club de Bridge, Fédération sénégalaise (sic) de Chasse et de tir, Les Caïmans, club multisports : rugby, pétanque, tennis, etc.). Ils seront sûrement laissés par le régime libéral à leurs usagers privilégiés qui, eux aussi, ont privatisé leur part de plage. Ce qui ne va pas être le cas pour les pêcheurs et promeneurs de Terrou Baye Sogui, plage de débarquement pour la pêche artisanale, de baignade et de villégiature pour nombre de Dakarois menacée depuis toujours par des promoteurs immobiliers et qui devrait céder sous la pression des nouvelles autorités apparemment moins scrupuleuses que leurs prédécesseurs socialistes, même si ces derniers n’étaient pas mal non plus, comme on va le voir.
Sur les rochers, peu avant la plage de sable, trône une villa léchée par les vagues. Elle appartenait à l’origine à la Société nationale des eaux du Sénégal (Sones). Ancien Secrétaire général de la Sones, puis ministre dans le gouvernement socialiste, parti dont il était un des membres dirigeants, son occupant actuel en est devenu, depuis, le propriétaire ; la villa lui ayant été cédée dans des conditions que l’on ignore par la société nationale. Les nouvelles autorités ont tenté de la lui reprendre en vain jusqu’ici, cependant des sources fiables indiquent que ce feuilleton où n’ont pas manqué marchandages et chantages politiques touche à sa fin …
A suivre dans l'édition de demain
II. Les constructions ssur le DPM constituent des agressions culturelles
Par Calame
CÔTE D’IVOIRE, LA GUERRE DES HÉRITIERS RELANCÉE
Alassane Ouattara en annonçant qu'il ne se présentait pas à un troisième mandat et en choisissant Amadou Gon Coulibaly comme son successeur désigné ne le savait-il pas condamné et dans le meilleur des cas, inapte à battre campagne ?
Amadou Gon Coulibaly, Premier ministre de Côte d'ivoire et candidat désigné du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (Rhdp) est décédé hier mercredi dans l'après-midi à l’âge de 61 ans. Il avait été adoubé par Alassane Ouattara et plébiscité par la coalition réduite à l'état de bric et de broc, amputée des partisans de Guillaume Kibagfori Soro, ex-chef rebelle, ex-Premier ministre, ex-président de l'Assemblée et candidat à la présidentielle, si la justice ivoirienne ne lui barre pas la route.
Alassane Ouattara en annonçant qu'il ne se présentait pas à un troisième mandat et en choisissant Amadou Gon Coulibaly comme son successeur désigné ne le savait-il pas condamné et dans le meilleur des cas, inapte à battre campagne ? Espérait-il cette fatalité pour revenir sur son retrait conditionné par celui des gens de sa génération, tels Henri Konan Bedié et Laurent Gbagbo, sommés de laisser la place à une nouvelle génération par le parrain d'Amadou Gon Coulibaly, son fidèle lieutenant de 30 ans ? L'élection présidentielle prévue le 31octobre prochain pourrait être reportée. Entre la période de deuil qui s'ouvre dès après les funérailles nationales, on ne voit pas trop Alassane Ouattara et le Rhdp se lancer dans des manœuvres susceptibles d'affaiblir davantage la majorité présidentielle effritée et bien éprouvée.
La démission et le positionnement dans les starting blocks de la course à la présidentielle de cet autre compagnon de 30 ans, Marcel Amon-Tanoh, ancien directeur de Cabinet et ministre des Affaires étrangères, dès l'annonce du choix de Gon pour porter les couleurs du Rhdp pose autrement la question des options offertes à l'actuel chef de l'État ivoirien. Tanoh comme Gon sont du sérail houphouëtiste, allaité au biberon du parti démocratique de Côte d'Ivoire, section du Rassemblement démocratique africain (Pdci- Rda) fondé par le père de la nation ivoirienne, le Président Félix Houphouët Boigny .Tous deux sont issus de l'aristocratie régnante, chaperonné par un cacique parmi les caciques, l'ancien Président de l'Assemblée nationale ivoirienne, Philippe Yace, compagnon de la première heure d’Houphouët Boigny. Troisième prétendant à la succession d'Alassane Ouattara, l'ancien ministre de l'Enseignement supérieur, le Dr Albert Mabri Toikeuse, à la tête de l'Union pour la Démocratie et la Paix en Côte-d’Ivoire ( Udpci), parti de l'ex président putschiste, le général Robert Guei. Il a été candidat à la présidentielle de 2010, recueillant moins de 3% de suffrages avant de rejoindre le Rassemblement des Houphouëtistes censés barrer définitivement la route à Laurent Gbagbo et aux siens.
Estimant son tour venu, à la suite de Ouattara et de Bedié, tous deux ayant occupé la fonction présidentielle, il refusera ouvertement de cautionner le choix de Gon, qui ne pouvait même pas se prévaloir du statut de chef de parti, au moment de sa désignation comme dauphin. Il refuse ostensiblement de se lever pour acclamer le candidat de Ouattara, comme le demande le patron du parti et du pays, sachant que son sort était scellé. Il sera débarqué du gouvernement Gon au mois de mai dernier. Le Premier ministre évacué d'urgence à Paris pour y subir une deuxième intervention du coeurla Présidence ivoirienne annoncera faussement un «contrôle médical», c'est le sémillant ministre de la Défense Hamed Bagayokho (HBK), en embuscade, qui assure l'intérim. Il est présenté comme un patron des francs-maçons ivoiriens, ce qui pourrait peser dans la balance, si cela est avéré. HBK est également crédité d’avoir sécurisé le pays, ce qui était improbable avec l’instabilité que la Côte d’Ivoire a connue.
L’ancien ministre des finances et président de l’Assemblée nationale, sous Gbagbo, l’économiste Mamadou Coulibaly s’est positionné depuis longtemps comme prétendant à la présidence de la République de Côte d’Ivoire. Avec la candidature annoncée de Bedié, celle probable d'un poulain de Gbagbo, Ouattara fera-t-il marche arrière pour s'y coller, espérant ainsi sauver les meubles en assurant lui-même une transition forcée ? Une autre façon d'assurer ses arrières, en attendant des moments plus propices avec un nouveau dauphin crédible et sûr, lui qui a fait claironner qu'il n'avait pas de plan B à la candidature de Gon..?
Plus prosaïquement l'État de Côte d'Ivoire, son chef, l'alliée primordiale, la France et leurs services pouvaient-ils ignorer le bulletin de santé du Premier ministre, le pronostic vital de ses médecins français ? Il se susurre, dans certains milieux au fait des méandres de la politique africaine, ivoirienne en particulier, que Ouattara, en mobilisant son gouvernement et sa famille à l'accueil du Premier ministre-candidat, à son retour de France, avait voulu lui rendre un dernier hommage de son vivant. Le fait est inhabituel, dans les pratiques politiques en Afrique, voire dans le monde. Cet accueil d'un Président à son Premier ministre alors que l'usage consacre plutôt l'inverse constitue une première remarquable et remarquée. D'où l'interrogation sur les véritables motivations du Président ivoirien en choisissant Gon Coulibaly qu'il savait bien malade et en fin de parcours.
Décidément, sur les bords de la lagune Ebrié se joue le destin d'hommes et de femmes dont l'issue impactera fatalement l'équilibre du pays et celui de la sous-région. La France est depuis toujours à la manœuvre, sous le regard perplexe de la partie anglophone de la CDEAO mais aussi des pays ayant battu une monnaie nationale, en dehors de la zone CFA. Au total, les Ivoiriens ont toujours du mal à solder l'héritage de Felix Houphouët Boigny, le crocodile de Yamoussokro, qui semble leur faire un ultime pied de nez. D'outre-tombe où le rejoint le fidèle et loyal Gon, dernière victime en date de la guerre des héritiers. On en oublierait que la Côte d’Ivoire compte bien un vice-président. Un joker !
LA FSF OPTE POUR L'ARRET DEFINITIF DES CHAMPIONNATS
La Fédération sénégalaise de football a pris hier, mercredi 8 juillet une décision majeure en arrêtant définitivement les championnats de football suspendus depuis mi-mars en raison de la pandémie de la covid-19
La Fédération sénégalaise de football a pris hier, mercredi 8 juillet une décision majeure en arrêtant définitivement les championnats de football suspendus depuis mi-mars en raison de la pandémie de la covid-19. C'est la principale décision prise à l'issue de la réunion de dont comité exécutif. En conséquence aucun titre de champion ne sera décerné cette saison.
Fin des matches ! La Fédération sénégalaise de football a opté pour l'arrêt définitif des compétitions de football. Après sa décision de suspendre le championnat jusqu’au mois de novembre et d’ouvrir la possibilité d'une reprise avec la formule du play-off et de play-down, l'instance fédérale a finalement décidé de l'annulation pure et simple du championnat de l'élite mais aussi de la Ligue 1, Ligue 2 de la Nationale 1 et 2 et du championnat régional. Cette décision prise hier, mercredi 8 juillet, au terme de la réunion de son bureau exécutif, n'était pas pour le moins attendue d'autant qu’au lendemain de l'allègement du couvre-feu, le comité d’urgence de la Fédération sénégalaise de football (FSF), mais aussi des président de clubs avaient entrevu la possibilité d’une reprise du championnat et un redémarrage un peu plus tôt que le mois de novembre. Cette nouvelle décision est assortie par d'autres mesures.
Pour cette saison 2019-2020, il n’y aura pas de montées et descentes en division inférieure. C'est également le statu quo dans le classement. Puisque aucun titre de champion ne sera décerné cette saison. En revanche, l'équipe de Teungueth FC qui occupait la première place du championnat est désigné pour représenter le Sénégal, en Ligue des champions africaine et le Jaraaf en Coupe de la Caf. La Fédération sénégalaise de foot fixe le démarrage de la saison prochaine (2020/2020) au samedi 31 octobre 2022.
1,061 MILLIARD DE F CFA DE SUBVENTIONS
Le comité exécutif de la FSF a aussi décidé des subventions post-covid. Les clubs de L1 vont percevoir une enveloppe de 15.000.000 FCfa. Pour les clubs de L2 (10.000.000), les clubs de N1 (7.000.00), les clubs de N2 (3.000.000), les clubs régionaux (1.000.000). Pour le Foot Féminin, les clubs de D1 disposeront de 3.000.000, FCFa et les clubs D2 de 2.000.000 Fcfa. Sans occulter le Beach Soccer (1.000.000 F CFA), l’ONCAV (10 millions), l’Association des médecins (5 millions), Conefs (5 millions), ANPS (2 millions), l’Association des Educateurs et Entraineurs du Sénégal (2 millions), l’Association des internationaux (2 millions), l’Association des anciens footballeurs (2 millions), la Fédération des Sports travaillistes (2 millions), l’Association des managers du Sport (1 million), l’Amicale des employés de la FSF (3 millions) et la subvention de départ aux représentants du Sénégal aux compétitions de la CAF (20 millions). Soit un total de 1,061 milliard de F CFA. Toutefois, la FSF précise que ces subventions seront effectives après réception de l’appui de la Fifa (870 millions F CFA), la CAF (290 millions F CFA) et l’Etat du Sénégal.
LA LICEITE DU TRANSFERT D'ANIMAUX SAUVAGES DANS DES RÉSERVES PRIVÉES EN QUESTION
Le ministre de l’Environnement Abdou Karim Sall, jugent que le fait de transférer des espèces protégées vers une réserve privée est une pratique courante qui n’est entachée d’aucune irrégularité. Pendant ce temps, des spécialistes soutiennent le contraire
La Direction des parcs nationaux et le ministre de l’Environnement et du développement durable, Abdou Karim Sall, jugent que le fait de transférer des espèces protégées vers une réserve privée est une pratique courante qui n’est entachée d’aucune irrégularité. Pendant ce temps, des spécialistes soutiennent le contraire.
Deux Gazelles oryx sont mortes lors de leur transfert vers une réserve privée du ministre de l’Environnement et du développement durable, Abdou Karim Sall. Cette information est relayée en premier par la presse ces derniers jours. Pour le Directeur des parcs nationaux, Boucar Ndiaye, qui réagissait sur les ondes de la Radio futurs médias (Rfm), la pratique n’a rien d’illégal et des espèces peuvent être confiées à des privés. «Chaque demande que nous recevons, nous l’étudions pour s’enquérir de la situation dans laquelle doivent vivre les animaux sollicités. C’est dans ce cadre que le transfert a eu lieu. Les sujets ont été transférés. De Katané à Dakar, il n’y a eu pas de mortalité. Les animaux sont arrivés vivant à Dakar et c’est lors du transfert dans l’enclos que les deux espèces ont eu des difficultés à l’origine de leur décès», explique-t-il.
Le Directeur des parcs a tenu à préciser qu’après transfert, les animaux n’appartiennent pas à leur gérant, mais à l’Etat du Sénégal. L’ancien brigadier-chef des parcs nationaux et ancien chef de poste, Ibrahima Mbow, ne semble pas du même avis. Pour lui, la pratique peut être assimilée à du braconnage. « Dans un parc national, aucun prélèvement n’est autorisé. Les parcs sont intégralement protégés. Il dit que c’est le règlement intérieur des parcs nationaux. Et cette réglementation est ignorée par l’actuel Directeur des parcs nationaux. En tant qu’ancien des parcs nationaux de la classe 76 à nos jours, si j’entends ces genres de choses, je suis vraiment peiné ».
Si une réserve privée du ministre de l’Environnement ou une quelconque autre bénéficie de ce privilège, c’est parce qu’il ne s’est pas fait dans la légalité, a-t-il estimé, car le règlement intérieur des parcs nationaux l’interdit selon lui. Dans un entretien accordé à l’Agence France presse (Afp), le ministre de l’Environnement et du développement durable, Abdou Karim Sall, le principal concerné, juge que le transfert a respecté la loi. « L’Etat accompagne toutes les initiatives privées dans la gestion de la biodiversité sur la base de protocoles d’accord dûment établis. Le transfert des six antilopes s’est fait légalement et dans des caisses spécialement conçues pour cela” et avec un personnel qualifié du ministère. Ces bêtes ne peuvent devenir une propriété privée parce que selon le protocole, toute population d’espèces cédées reste un patrimoine de l’Etat avec un libre accès des agents forestiers pour le protocole ».
TRANSFERT A... PROBLEMES !
La loi 86-04, portant code de la protection de chasse et de la faune dans son article 32, se limite à dire que « quiconque sans autorisation importe des animaux vivants intégralement ou partiellement protégés au Sénégal ou leurs dépouilles ou trophées, quiconque détient ces animaux vivants sans autorisation, quiconque détient ou fait circuler ces dépouilles ou trophées sans certificat d’origine ou justification de propriété dument établie, quiconque commercialise ou exporte de la viande de chasse d’origine sénégalaise sans autorisation, est puni d’une amende de 120.000 à 1.200.000 frs et d’un emprisonnement de un mois a un an ou de I’une de ces deux peines seulement ». Ainsi donc, aucunement le transfert vers des réserves privées n’est mentionné. Cependant, dans le communiqué envoyé antérieurement par les services d’Abdou Karim Sall, il est dit que ce partenariat avec le privé vise à développer le secteur. « Soucieux de préserver, de développer le potentiel faunique du pays, de protéger les espèces animales et végétales des menaces de disparition qui pèsent sur elles, le Sénégal a manifesté sa volonté de faire participer davantage le secteur privé national et les collectivités territoriales dans la valorisation de ses ressources naturelles, en acceptant de nouer des partenariats pour la conservation à travers la création de réserves de faune sauvage », lit-on dans le document.
L’environnementaliste Cheikh Dieng, à travers un post sur sa page facebook, fustige une telle pratique. « Les protocoles ou conventions évoqués par le communiqué n’existent nulle part dans les lois et règlements qui régissent la pratique de la chasse et de la conservation de la faune au Sénégal. En dehors de la chasse d’ailleurs strictement réglementée, le code prévoit des possibilités de capture à des fins strictement scientifique et d’éducation. Ces conventions et protocoles qui sont évoqués sont donc totalement en porte-à-faux avec la loi », a-t-il écrit. Mieux, ajoute-til, « la capture de ces pauvres bêtes (les gazelles oryx) au profit d’un ranch privé à Bambilor, dans des conditions écologiques aussi éloignées de leur habitat naturel, les confinerait quasiment dans un zoo, pour le plaisir de la contemplation, et les condamnerait inéluctablement à une mort certaine ».