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1 juillet 2025
«NOUS ALLONS DEFENDRE L'INTERET DES ENTRAINEURS»
Badara Sarr est le premier président du Syndicat de Entraîneurs du Sénégal (Ses). L'ancien coach de Mbour Petite Côte (Mpc) s'est prononcé sur l’objectif de cette organisation qui, selon lui, consiste à défendre l'intérêt des entraîneurs sénégalais.
Badara Sarr est le premier président du Syndicat de Entraîneurs du Sénégal (Ses). L'ancien coach de Mbour Petite Côte (Mpc) s'est prononcé sur l’objectif de cette organisation qui, selon lui, consiste à défendre l'intérêt des entraîneurs sénégalais.
Quels sont les objectifs de votre syndicat ?
Nous avons mis sur pied le Syndicat des Entraîneurs du Sénégal et l’assemblée générale s'est déjà tenue. Auparavant, il y avait un collectif des entraîneurs qui avait été créé pour échanger un peu sur la situation des entraîneurs. Mais avec l'avènement de la pandémie du coronavirus, et comme on n'était pas en activité, on a créé un groupe WhatsApp pour identifier nos problèmes. Et voir comment leur trouver des solutions. C’est par la suite que l'idée de mettre en place ce syndicat a germé. Nous avons eu l’engagement et les conseils des inspecteurs du Travail, des juristes et des syndicalistes avec lesquels nous avons travaillé depuis un certain temps pour aboutir à cela. Comme tous les syndicats, notre objectif est de défendre les intérêts de la profession. Il faut dire que c’était une anomalie réglée, parce que plusieurs corps de métiers sont syndiqués. Il ne restait peut-être que nous. Et pourtant, tout le monde sait que le football sénégalais est en train, depuis quelque temps, de surfer sur une vague de succès. Le Sénégal est la première nation africaine, Sadio Mané est le ballon d'or africain et nos joueurs jouent dans les meilleurs championnats européens. Et tous ces talents ont été formés par des entraîneurs d’ici. C'est partant de là que nous nous sommes dit que l’heure est venue de donner à cette profession sa place en créant ce syndicat pour pouvoir défendre nos intérêts. Nous comptons aussi apporter notre contribution dans l'essor du football sénégalais. Mais cette fois-ci, le Syndicat nous permettra de parler d’une seule voix avec ceux qui dirigent le football sénégalais.
Quelles sont les attentes ?
«C’est un syndicat qui est ouvert d'abord à tous les entraîneurs du Sénégal. Ensuite, défendre nos intérêts moraux et matériels. Quand on parle de syndicat, c'est toujours entre un employé et un employeur, s’il y a un contrat qui vous lie. Il y a toujours une possibilité que des conflits puissent surgir. Quand cela existait, de notre côté, on était un peu affaibli par rapport à l’employeur. Maintenant, on peut rétablir l'équilibre entre les deux parties.
Quelle lecture faites-vous de la décision de la Caf de repousser la Can 2021 ?
La décision du bureau exécutif de reporter la Can, il fallait s’y attendre. C'est un report généralisé des compétitions sportives de même que les organisations politiques. Il faut savoir que le mois de janvier n'est pas un moment favorable pour faire une Can. Depuis des années, les instances du football mondial ont voulu faire jouer cette compétition au mois de janvier. Ce que les Africains ont toujours refusé. Mais je ne sais pas si avec la pandémie, ils ne vont pas en profiter pour changer le calendrier et mettre la compétition en janvier. Dans ce mois, les joueurs sont en pleine compétition. Et également, c’est une période de mercato et certains joueurs n'ont pas la tête à des compétitions. C'est une période très délicate. Ce n'est pas le moment idéal pour jouer une Can. Organiser la coupe d’Afrique à la fin de la saison serait la meilleure solution pour tous les joueurs. Et là, on aura la chance de retrouver tous nos talents.
8 619 EMPLOIS CREES, 1 969 POSTES PERDUS
Le rapport annuel des statistiques du travail donne de précieux renseignements sur le marché du travail au Sénégal
Le rapport annuel des statistiques du travail donne de précieux renseignements sur le marché du travail au Sénégal. Pour l’année 2019, l’étude a permis de relever que 8619 emplois ont été créés contre 1969 perdus suite aux fermetures et cessations d’activités des établissements et entreprises. Il a été indiqué également que 2 787 conflits individuels ont été déclarés ainsi que 1 956 accidents du travail et maladies professionnelles (AT/MP).
Le ministère du Travail, du Dialogue social et des Relations avec les Institutions publie chaque année des statistiques qui renseignent sur la situation nationale par rapport à l’application des normes en vigueur en matière de travail et de sécurité sociale. «L’AS» a reçu, hier, le rapport 2019 qui revient de bout en bout sur les ouvertures et les fermetures d’établissements, les créations et les pertes d’emplois, les conflits individuels et collectifs, les accidents du travail et les maladies professionnelles, entre autres. Le rapport établit de prime abord que les déclarations d’établissement et les emplois y afférents ont permis de dégager une tendance pour l’année 2019.
Ainsi, sur un total de 2 023 déclarations, les 1 576 correspondent à des ouvertures d’établissements, soit 77,9%contre 135 fermetures comptant pour un taux de 6,67%. Et selon la Direction des statistiques du Travail et des Etudes, à cette dynamique de l’économie nationale davantage orientée vers la création d’entreprises et d’établissements en 2019, s’ajoute comme corollaire un élan plus favorable à l’accroissement de l’offre d’emplois. La situation affiche en effet, sous ce rapport, un bilan de 8 619 emplois générés par les ouvertures et les réouvertures d’établissements, là où les emplois perdus s’élèvent à 1 969 postes, suite aux fermetures et cessations d’activités des établissements et entreprises.
A en croire les services du ministre Samba Sy, Dakar compte plus d’emplois créés avec 3 278 postes, suivi de ceux de Thiès et de Saint-Louis qui comptabilisent respectivement 1 177 et 669 emplois créés ; viennent ensuite les ressorts de Diourbel, Ziguinchor, Fatick et Kaolack. Parallèlement, toujours selon eux, les ouvertures d’établissement sont principalement le fait des branches d’activités «Commerce de gros et de détail, réparations de véhicules automobiles et de motocycles», «Construction», «Activités d’hébergement et de restauration», «Activités de services administratifs et d’appui» et «Éducation» qui enregistrent respectivement des taux de 27,79%, 13,13%, 8,35%, 8,23% et 7,01% du total.
65 404 CONTRATS DE TRAVAIL ENREGISTRES
Pour ce qui est des contrats enregistrés en 2019, le marché du travail au niveau national a produit 65 404 contrats en 2019 en sus des contrats des travailleurs déplacés qui se chiffrent à 931 contrats. A en croire le rapport sur les statistiques du travail, cet indicateur pointait à 66 043 en 2018, soit donc une légère baisse constatée en 2019. «Les contrats de travail les plus proposés sur le marché sont ceux à durée déterminée qui s’élèvent à 36 701 unités, soit plus de la moitié avec un taux de 56,11% du total.(…)
Arrivent ensuite les contrats de travail à durée indéterminée qui comptent pour 16 367 unités correspondant à 25,02% du total, soit moins de la moitié des CDD. Toujours sur le type de contrats, il y a lieu de signaler que les contrats de stage ont été offerts par les entreprises à hauteur de 4 172 postes, un niveau au-dessus de celui de 2018 qui avait affiché 3 359 unités », lit-on dans le document. Au niveau des Inspections Régionales du Travail et de la Sécurité sociale (IRTSS), apprend-on, Dakar se détache en termes de contrats de travail enregistrés avec 41 803 contrats, soit 63,92%du total. Les cinq IRTSS qui suivent sont respectivement Thiès, Saint-Louis, Ziguinchor, Kédougou et Tambacounda qui comptent dans le même ordre d’énumérations 3 596, 3 032, 2 320, 2 080 et 2 001 contrats de travail enregistrés.
LES TRANSACTIONS FINANCIERES CONSECUTIVES AU REGLEMENT DE CES CONFLITS INDIVIDUELS SE SONT CHIFFREES A 628 221 473 FRANCS FCA
Le rapport a aussi mis le focus sur les relations de travail et les relations professionnelles, ainsi que sur le suivi de l’application des règles qui organisent les rapports entre employeurs et travailleurs. Il a été ainsi passé en revue la situation des conflits individuels et collectifs. «Le premier type de conflits affiche en 2019 un bilan de 2 787 conflits individuels portés devant les Inspections de travail et de sécurité sociale (ITSS) pour un taux de tentatives de conciliation réussie de plus de 53%, compte non tenu des conciliations partielles obtenues», note-t-on.
A la clé, précise le document, les transactions financières consécutives au règlement de ces conflits individuels se sont chiffrées à 628 221 473 francs FCA au titre des créances acquittées. Quant aux ruptures de contrats de travail opérées suivant une approche beaucoup plus consensuelle, communément désignés sous les vocables de ‘’règlement à l’amiable’’ ou de ‘’protocole d’accord’’, elles ont débouché, selon la Direction des Statistiques du travail, sur un règlement financier d’un montant de 5 218 723 514 francs CFA et concerné un effectif de 1 855 travailleurs.
Pour ce qui est des dossiers déférés devant les juridictions du travail suite aux échecs des tentatives de conciliations au niveau des ITSS, ils s’élèvent à 681 cas. Il a été relevé ensuite que les travailleurs délégués du personnel étant, pour leur part, sous une protection particulière, les conflits individuels les concernant ont donné lieu à 26 demandes d’autorisation de licenciement dont les 69,23% cas s’avèrent être le fait de motifs non disciplinaires. En ce qui concerne en outre les licenciements décidés à l’encontre des travailleurs non titulaires d’une protection particulière, le rapport dénombre 298 cas portés à la connaissance des ITSS dont les 121 visent expressément des motifs disciplinaires etles 71 des motifs non disciplinaires. En termes de conflits collectifs, toujours d’après le rapport, un total de 29 litiges a été recensé en 2019, la plupart portant sur les salaires (pour plus de la moitié : 51,72%) et les autres conditions de travail(pour 27,59%).
ACCIDENTS DU TRAVAIL ET MALADIES PROFESSIONNELLES : LES JEUNES TRAVAILLEURS AGES DE 30 ANS PLUS TOUCHES
Sur le registre de la protection sociale et particulièrement les accidents du travail et maladies professionnelles (AT/MP), il a été enregistré 1 956 déclarations en 2019 contre 1 984 en 2018. Et selon la Direction des statistiques du travail, il y a une baisse résultant d’une décrue au niveau de différentes localités, à l’exception du périmètre dépendant de Dakar siège qui a fait exception en 2019 en raison d’une augmentation des AT/MP par rapport à l’année qui a précédé. «Il ressort des données de 2019 que les AT/MP ont surtout touché les jeunes travailleurs âgés de 30 ans ou moins», laisse entrevoir le rapport qui souligne en définitive que les branches d’activités les plus accidentogènes sont les «industries alimentaires» avec 552 AT/MP (28,22%), les « activités de fabrication» avec 342 AT/MP (17,48%) et la «construction» avec 277 AT/MP (14,16%).
LE MORTAL KOMBAT EDK/ AUCHAN
L’As aborde cette semaine la problématique des grandes surfaces. Auchan intègre progressivement les mœurs des Sénégalais, mais attention à la percée de EDK
Désormais, «L’As» ouvre un cahier économie. Chaque vendredi, vous aurez droit à une page consacrée exclusivement à l’économie. Après le business autour des sachets d’eau, L’As aborde cette semaine la problématique des grandes surfaces. Auchan intègre progressivement les mœurs des Sénégalais, mais attention à la percée de EDK. La trouvaille de El hadj Demba Ka, un émigré qui a fait fortune aux Etats-Unis, consiste à offrir des produits made in Sénégal à bon marché dans un environnement local. Il tisse tranquillement sa toile, sans tambour, ni trompette menaçant l’hégémonie du géant français qui a noyé Carrefour, Exclusive etc…
Quand Auchan commençait son expansion au Sénégal, commerçants, industriels, société civile, tous s’étaient levés comme un seul homme pour dire non à une « concurrence déloyale » qui risquait de faire beaucoup de mal aux producteurs et commerçants locaux. Un vent de révolte qui a sans doute fini par s’estomper. Pour cause, installé au Sénégal en 2015, Auchan compte désormais 31 points de vente dans le pays.
Mais pendant que les contestataires sillonnaient le pays pour dénoncer cette mainmise, un opérateur économique du nom de Demba Kâ tissait tranquillement sa toile. En plus de ses supermarchés déjà installés dans ses stations EDK, le patron du groupe est entré dans le secteur de la grande distribution, en lançant une grande boutique sur fonds propres. On parle de 38 points au niveau national. «L’objectif est d’en faire une véritable chaîne de distribution qui va employer des milliers de compatriotes et proposer des produits de choix à des prix extrêmement compétitifs », avait-il dit lors de la cérémonie qui avait regroupé toutes les sensibilités de la société sénégalaise.
Mais son objectif rappelle à bien des égards celui du président du groupe Auchan. «Grâce aux nombreuses ramifications industrielles potentielles, la grande distribution peut être aussi source de nombreux emplois. On profite aussi beaucoup à l’économie sénégalaise, en payant la TVA, les divers impôts ainsi que les droits de douane. Cet argent peut aider à construire des écoles et des hôpitaux, ce que ne fait pas l’économie informelle. En forgeant de nouvelles habitudes, on oblige les autres à s’adapter», plaidait Laurent Leclerc, directeur général d’Auchan Sénégal.
L’ARGUMENT DU CONSOMMER LOCAL
Dans leur bataille contre la surdomination d’Auchan, les commerçants nationaux mettaient en exergue ses conséquences négatives sur l’économie locale. Une brèche dans laquelle se sont engouffrés les deux plus grands concurrents sur le marché sénégalais des chaînes de distribution. Selon les services de communication d’Auchan, 500 fournisseurs sénégalais travaillent avec le groupe français, pendant que 60% des produits commercialisés sont des produits locaux. Des chiffres auxquels viendront s’ajouter les « filières agricoles responsables » que le groupe compte lancer incessamment.
Arrivés sur le marché sénégalais en fin 2019, les magasins Supeco ne comptent que trois points de vente tandis que Carrefour n’en a qu’un seul. Mais l’argument mis en avant reste le même ; « nous comptons valoriser les producteurs locaux ». Pour Khadidiatou Sylla, consultante en commerce international, la fibre patriotique peut peser lourd sur la balance. Cependant, dit-elle, il faudrait d’abord que les forces soient à peu près égales. « Auchan a pris de l’avance sur la concurrence et il sera très difficile de le rattraper. Par contre, il est possible de lui grignoter quelques parts de marchés », analyse-t-elle.
EDK, L’APPROCHE SOCIALE
S’il est vrai qu’Auchan a pris de l’avance sur le nombre de magasins ouverts, EDK a un argument de taille à faire valoir. « Si je suis en voyage et que je dois faire une pause, il est plus simple de le faire dans une station EDK. Le décor nous parle et parle à nos clients. Sur une même station, ils peuvent se restaurer, se reposer et prier », explique Mamoudou Wane, chauffeur d’un bus ralliant Dakar à Ourossogui. Pour Khadidiatou Sylla, consultante en commerce international, c’est un élément à ne pas négliger dans un pays où les gens tiennent beaucoup au respect des cinq prières. « C’est une approche qui colle à la sociologie des Sénégalais. Mais le coup est également commercial. De la même manière qu’on peut tout trouver dans un magasin Auchan, celui qui voyage peut trouver tout ce dont il a besoin pour une pause. S’il prie, c’est peut-être gratuit, après, il fait forcément un tour dans la boutique, le chauffeur refait le plein de carburant », analyse-t-elle.
MOUDJTADA KANE, CONSULTANT EN MARKETING «IL SERA DIFFICILE POUR EDK DE BOUSCULER AUCHAN»
Des installations jusqu’en plein cœur de la banlieue, Auchan a eu le mérite de démocratiser l’accès aux grandes surfaces. Un marché qu’il domine de main de maître. Selon Mouhamed Moudjtaba Kane, Expert international en marketing, Auchan a l’avantage de comprendre la clientèle urbaine, d’avoir une longue expérience de la distribution, une importante capacité financière et une couverture rapide des grands centres urbains avec plusieurs points de vente, et enfin un large réseau de fournisseurs. En effet, estime-t-il, Auchan a ratissé large, en proposant un assortiment large et peu profond, destiné à toutes les catégories sociales. «A côté de ces choix stratégiques, Auchan Sénégal a rapidement gagné le combat de la couverture géographique de la clientèle, en préemptant l’occupation de plusieurs points de vente dans les quartiers aussi bien populaires que privilégiés. Un aspect déterminant de la distribution est la puissance du réseau, le nombre de points de vente. La distribution est une affaire de proximité. C’est pourquoi il sera difficile pour EDKde bousculer Auchan », explique-t-il.
Face à ce mastodonte, explique notre consultant, EDK cherche à se positionner comme le leader sénégalais de la distribution. Selon lui, avant même d’élargir son activité, EDK s’était déjà positionné comme un distributeur du terroir, sensible à la promotion de l’économie locale. « Ce qui lui a valu un grand succès », explique M. Kane. Cependant, il estime que pour un réseau de distribution alimentaire majeur, EDK devra se doter de la capacité d’atteindre l’envergure d’Auchan au Sénégal. Au-delà des forces d’Auchan, dit-il, EDK devra combattre sur l’offre locale. « Il serait heureux que EDK s’associe avec les majors de la distribution indépendante au Sénégal ». Parce que, estime-t-il, elle a une excellente opportunité d’être la première entreprise sénégalaise à se positionner durablement sur le segment du commerce moderne.
LA COVID-19, UNE OPPORTUNITE POUR LES GRANDES SURFACES ?
De longues files indiennes, des grandes surfaces prises d’assaut en plein cœur de la banlieue, c’est pourtant le décor qu’offrent les magasins Auchan durant le mois de Ramadan. Ils ont été pris d’assaut par les consommateurs. Ils ne sont plus l’apanage des personnes aisées. L’achat dans les grandes surfaces est démocratisé. « L’avantage, c’est qu’on trouve tout ce dont on a besoin dans un seul endroit, mais à des prix compétitifs », explique Lamine Diop, gérant d’une boutique multi-services. De nature très conservateur, Ibrahima Cissokho, père de famille, refusait de suivre la mouvance vers les grandes surfaces. Mais la Covid19 lui a fait changer d’avis. « Il était devenu risqué d’aller dans les marchés classiques. Mais j’avoue que j’ai beaucoup apprécié le service », reconnaît-il. Cependant, s’il a un regret, c’est celui de « faire les affaires d’opérateurs économiques étrangers. « J’aurais bien aimé que ça soit un Sénégalais qui possède tous ces magasins. Mais dommage, nos commerçants sont plus dans l’informel », regrette-t-il. Pour cet employé du groupe Auchan, aussi incroyable que cela puisse paraître, la crise du coronavirus a fait exploser l’activité. En effet, dit-il, même les effectifs ont été augmentés. « Cela s’explique peut-être par le fait que les Sénégalais avaient peur des marchés. Je n’ai pas accès aux chiffres, mais je puis vous assurer qu’ils ont plus que doublé », dit-il, sous l’anonymat.
LA MENACE DU SYNDROME CITYDIA ?
Alors qu’elle faisait son bonhomme de chemin, avec pas moins de neuf supermarchés dans la région de Dakar, la marque Citydia tombait dans l’escarcelle du groupe Auchan. Un rachat qui a contribué au renforcement du déploiement de la marque française. Même si le montant de la transaction n’a pas été dévoilée, d’aucuns estiment qu’il n’est pas loin de la dizaine de milliards de francs cfa. Le Groupe EDK peut-il y échapper ? Si l’ambition est de continuer son expansion, l’histoire des rachats absorptions récents font craindre tous les scénarios. Selon ce membre du Conseil national du patronat(Cnp), il s’agit d’affaires. « C’est celui qui investit son argent qui décide des opportunités à saisir. Les stations Touba Oil par exemple, elles étaient situées dans des zones stratégiques, mais quand le propriétaire a vu que la concurrence de Total allait être féroce, il a tout de suite trouvé la formule.Donc rien n’est à exclure », analyse-t-il.
DEMBA KA UN HOMME DE L’OMBRE
Ni télé, ni journaux, Demba Kâ, le patron des Etablissements Demba Kâ est un opérateur économique assez atypique. Sur internet, peu d’informations sont disponibles sur lui. Il n’aime pas qu’on parle de lui, souffle un proche. Mais ce qu’on sait de celui qui a vécu pendant une décennie aux Etats-Unis, c’est qu’il est très social. Il n’a pas de sens interdit dans les familles religieuses, ni dans le milieu sportif ou culturel. Les inaugurations de ses nouvelles stations sonnent très souvent comme une représentation du Sénégal en miniature.
Elevé au titre de chevalier de l’Ordre national du Lion par le président de la République Macky Sall, le natif de Louga est décrit comme un visionnaire, un manager doté d’un haut sens de l’écoute, capable de s’entourer de ressources humaines de qualité. Proche de sa famille, il est doté de ce flair qui fait les grands hommes d’affaires. Si malgré la notoriété et le prestige de son groupe, Demba Kâ continue de rester discret, la raison est à chercher dans son éducation. « Il est issu d’une famille d’érudits. Son éducation fait qu’il est toujours resté sobre et très proche de sa famille », témoigne un proche, sous le couvert de l’anonymat.
par Oumou Wane
MALHEUREUX COMME DES ORYX AU SÉNÉGAL
Comment expliquer que Abdou Karim Sall se soit cru autorisé, de par sa position, à poser un acte aussi grave et qui a causé la mort de ces deux espèces rares ? N’y a t’il pas assez de spécialistes et conservateurs de nos parcs et réserves ?
Comment de tels scandales peuvent-ils encore éclater au sommet de l'Etat ? Après les révélations du journal Source A, le ministère de l’Environnement a reconnu dans un communiqué, le transfert de 6 gazelles Oryx de la réserve de Ranérou vers la ferme Sael, qui serait un domaine privé, sans donner plus de détails. Depuis lors l'affaire suscite une pluie de critiques de la part des spécialistes des parcs nationaux, car selon eux, ces animaux sont intégralement protégés.
Au-delà de la question même de la légalité de ce transfert, on apprend des services du ministère que deux espèces sont mortes durant leur convoyage nocturne. Elles ont connu quelques blessures et une fracture du fémur qui leur ont été fatales. «Quatre sont vivantes et en bonne santé», explique-t-on au niveau du ministère.
Triste Sénégal !
Si les révélations de la presses sont avérées, il y a de quoi en pleurer ! Un ministre qui se dispense du respect des règles communes pour soustraire des animaux d’un parc national et les transférer dans une ferme privée sans même être capable d’en assurer la sécurité, c’est tout simplement affligeant.
Dans un contexte social aggravé par la crise du coronavirus, le bon sens ne devrait-il pas obliger les politiques à plus de responsabilité ? Oui cette affaire des six gazelles Oryx transférées par le ministre de l’Environnement dans sa réserve privée est non seulement navrante mais elle alimente une fois de plus le soupçon quant aux élites délinquantes. Comment expliquer en effet que Abdou Karim Sall se soit cru autorisé, de par sa position, à poser un acte aussi grave et qui a causé la mort de ces deux espèces rares ?
Trop de dirigeants considèrent que leur engagement au nom de l’intérêt général les place hors des lois, et les dispense de rendre des comptes. Car il reste des zones d’ombre à éclaircir. D’après le département de l’Environnement, ce transfert n’était pas une simple manœuvre individuelle, mais il entrait «dans le cadre de la mise en œuvre de la politique nationale de conservation de la biodiversité». Mais quels étaient les protocoles de ce transfert ? Y a t’il eu conflit d’intérêts ?
Il faut comprendre l’opinion, cela fait très mal que le ministre de l’Environnement puisse maltraiter la faune sauvage sans être sommé de s’expliquer alors que le chef de l’État prône par ailleurs la transparence et l’exemplarité. Pourquoi ces pratiques moralement douteuses sont-elles si souvent acceptées dans notre pays sans que l’on soit intransigeants à l’égard des écarts de comportement de nos dirigeants ?
Et c’est bien là le drame de notre démocratie. Pendant que notre président de la République déploie toute son énergie pour fixer le cap politique et mener le pays vers l’émergence, ses troupes avancent en ordre dispersé, quand elles ne lui tirent pas dans les jambes à boulets rouges.
Bien sûr le portefeuille de l’écologie est considéré comme difficile à cause entre autre du poids des lobbies, mais n’est-ce pas aussi un manque d’ambition, de criantes incohérences des objectifs affichés et des convictions de bric et de broc qui mènent à ce type de dérives ? Voilà ce qui arrive quand on ne croit plus en rien. N’y a t’il pas assez de spécialistes et conservateurs de nos parcs et réserves ?
Ibrahima Mbow lui, chef des parcs nationaux à la retraite, considère cette affaire comme un braconnage. Pour le brigadier, les gazelles Oryx, non seulement bénéficient d'une protection intégrale mais elles ne doivent même pas faire le déplacement d'un lieu à un autre. "Transférer un animal à un lieu privé, c'est un acte de braconnage. Nous avons passé toute notre jeunesse à protéger ces parcs, nous avons versé notre sang, On a radié certains parmi nous alors qu'ils ont uniquement tué un petit francolin", dit-il.
Décidément, rien ne nous est épargné en ce début du mois de juillet. Après la guerre des trois, à savoir Cissé Lo, Farba Ngom et Yakham Mbaye qui ont inondé l’actualité d’insanités, voilà qu’un ministre, chargé de notre environnement, commet cette faute inqualifiable.
Pendant que nous séchons nos larmes de tristesse, de colère et d’impuissance devant le saccage de ces belles gazelles innocentes, car ces créatures n’ont commis aucune faute sinon d’être belles et chères, notre ministre reste droit dans ses bottes. Petit rappel néanmoins à ce monsieur, même des bottes coulées dans du plomb se sont vues déboulonner par une petite brise d’été.
Notre pays, jadis respecté pour l’élégance et la finesse de son peuple et de ses us, fait désormais la Une de la presse mondiale et essuie tant de claques que son image en est écornée au même titre que ces pauvres animaux braconnés. Il y a de quoi être ébranlé et s’interroger sur la notion de citoyenneté dans notre pays, voire de patriotisme.
Il est temps que les Sénégalais eux-mêmes, soucieux de la protection de leurs valeurs et de leurs institutions sonnent l’alarme pour que la Téranga reste un trésor naturel et culturel à sauvegarder, un état d’esprit à préserver. Et à partager !
AVENIR «SENEGAAL BI ÑU BËGG» ENVISAGE UNE PLAINTE CONTRE ABDOU KARIM SALL
La Plateforme Avenir «Senegaal Bi ñu bëgg» charge le ministre de l’Environnement et du Développement Durable, qui «est pris en flagrant délit de braconnage et de prédation»
La Plateforme Avenir «Senegaal Bi ñu bëgg» charge le ministre de l’Environnement et du Développement Durable, Abdou Karim Sall, qui «est pris en flagrant délit de braconnage et de prédation». Ainsi les membres de la Plateforme envisagent de vilipender le Sénégal et le ministre de l’Environnement et du Développement Durable au niveau des institutions internationales en charge de la protection de la nature. Ils réclament également le limogeage du ministre pour faute grave.
La sortie médiatique du ministre de l’Environnement et du Développement Durable sur le transfert des gazelles Oryx a envenimé la situation. La déclaration d’Abdou Karim Sall a suscité une levée de boucliers. La Plateforme Avenir «Senegaal Bi ñu bëgg» qui considère l’acte du ministre de l’Environnement comme du braconnage va vilipender Abdou Karim Sall et le Sénégal au niveau des institutions internationales en charge de la protection de la nature.
«La Plateforme Avenir se réserve le droit de saisir les institutions internationales compétentes, notamment le Secrétariat de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et flore menacées d’extinction, (CITES), l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), le World Wild life Fund (WWF) ainsi que d’autres organisations intergouvernementales et non gouvernementales internationales», souligne le secrétariat politique national dans un communiqué parvenu à «L’As».
En outre, compte-tenu de la gravité de cet acte et de son effet désastreux sur l’image du Sénégal sur la scène internationale, la Plateforme Avenir Senegaal Bi Nu Bëgg invite le président Macky Sall à démettre le ministre de l’Environnement et du Développement Durable de ses fonctions dans les meilleurs délais. C’est une manière, selon les membres de la Plateforme, de mettre un terme définitif à l’impunité dont jouissent des proches et partisans du Président Macky Sall, afin d’inverser la spirale dangereuse de la privatisation des ressources publiques, qu’elles soient foncières, immobilières, forestières, logistiques ou financières.
Plateforme Avenir «Senegaal Bi ñu bëgg» qui s’indigne de l’acte d’Abdou Karim Sall trouve ses propos choquants. «Au lieu de reconnaître sa faute et de réparer le préjudice causé au Sénégal, il s’engage dans d’improbables argumentations pour justifier son forfait. Dire que la population de gazelles oryx était devenue trop importante pour être laissée dans un seul lieu et que le transfert des bêtes dans des réserves privées serait la solution, est un argument trop faible pour convaincre», peut-on lire dans le communiqué.
Le secrétariat politique national se demande comment le ministre de l’Environnement peut se considérer comme un acteur privé pouvant bénéficier de telles faveurs, si tant est que son ministère, donc lui-même, avait signé une décision autorisant de tels transferts vers des fermes privées.
MOUSSA BALDE DANS L'ILLÉGALITÉ
Ignorance, négligence ou volonté de violer la loi ? Depuis un peu plus d’un an, le ministre de l’Agriculture cumule son poste de ministre avec celui de président du conseil départemental de Kolda
Ignorance, négligence ou volonté de violer la loi ? En tout cas, depuis un peu plus d’un an, le ministre de l’Agriculture Moussa Baldé cumule en toute illégalité son poste de ministre avec celui de président du conseil départemental de Kolda. L’As a interrogé des spécialistes qui confirment cet état de fait.
Dans l’acte 2 de la décentralisation, un ministre ne pouvait être en même temps président de conseil régional. Alors président du conseil départemental de Tambacounda, Kouraïchi Thiam avait dû démissionner de son poste lorsqu’il était entré dans le gouvernement de Souleymane Ndéné Ndiaye pour devenir ministre de l’Economie maritime.
En France et dans toutes les grandes démocraties, être président de conseil général ou de conseil régional n’est pas compatible avec celui de membre de gouvernement. Avec l’avènement de l’Acte 3 de la décentralisation consacrant le département comme collectivité locale, le débat avait été agité.
Le modèle avait été calqué presque sur celui de la région qui a été supprimée. À l’époque, des incongruités avaient été soulignées par nos confrères de Sud quotidien. «Les ministres et les députés peuvent être maires, mais les directeurs généraux de sociétés publiques ne peuvent pas l’être», leur avait répondu Ismaïla Madior Fall alors ministre-conseiller juridique du Chef de l’Etat, lors d’une conférence sur l’Acte 3.
A la question suivante : le ministre-maire enlève-t-il sa casquette de ministre une fois dans sa municipalité ? Ismaïla Madior Fall répondait ceci : «Les points de vue sont différents, voire divergents sur cette question qui est éminemment complexe parce qu’il s’agit de voir quelles sont les fonctions qui sont incompatibles avec la fonction de maire ou de président de Conseil départemental. Elle n’est pas définitivement tranchée. La question n’est pas réglée par le Code général des collectivités locales, mais par une loi organique qui n’est pas encore adoptée.»
Et d’ajouter : «Les discussions sont encore ouvertes mais pour l’instant, ce qui était retenu, c’est que les ministres peuvent encore continuer à être des maires, pas à être des présidents de Conseil départemental».
Joint au téléphone, un spécialiste des questions de décentralisation confirme qu’en l’état, un ministre ne peut être président de département. «Je ne suis pas au courant d’un changement intervenu, mais les textes sont clairs. Un ministre peut devenir maire, mais il ne peut pas être président de conseil départemental», insiste-t-il avant de s’indigner que Moussa Baldé puisse rester si longtemps dans l’illégalité. Lorsque l’As a voulu savoir s’il avait démissionné, un de ses proches confie qu’il ne l’a pas encore fait: « il est convenu qu’il reste jusqu’aux élections ».
CES SCANDALES FONCIERS QUI ONT SECOUÉ LE MAGISTÈRE DE MACKY
Les scandales fonciers ont eu lieu avant même l’arrivée du président Macky Sall au pouvoir. Sans connaitre un frein, ils ont continué de plus belle à l’ère de la gouvernance dite «sobre et vertueuse». Des octrois contestés par les populations sont notés.
Les scandales fonciers ont eu lieu avant même l’arrivée du président Macky Sall au pouvoir. Sans connaitre un frein, ils ont continué de plus belle à l’ère de la gouvernance dite «sobre et vertueuse». Des octrois contestés par les populations sont notés en récurrence.
L’affaire Ndingler qui oppose présentement l’homme d’affaires Babacar Ngom, détenteur d’un titre foncier aux populations de Ndingler en est un cas parmi les problèmes fonciers notés depuis l’arrivée du président de la République Macky Sall au pouvoir. Il s’y ajoute aussi la polémique sur l’occupation de la corniche ouest de Dakar. Les scandales fonciers, c’est aussi ce promoteur privé qui s’est réfugié derrière une autorisation pour percher la colline du phare des Mamelles afin d’entamer son chantier. Il a été stoppé par les populations et un collectif citoyen pour la protection du site historique des Mamelles.
L’accaparement foncier, c’est aussi Guéreo, dans le département de Mbour où un collectif est né pour contrecarrer un projet de construction d’un réceptif hôtelier, suite à un décret présidentiel l’autorisant. En octobre 2019, le projet de déclassement de la forêt de Balabougou a déclenché la colère des éleveurs et agriculteurs du département de Mbour.
Selon eux, le déclassement vise à utiliser les 1216 ha de la forêt classée pour cultiver des melons qui seront vendus à l’étranger. Mais ce fut peine perdue. Car la forêt de Balabougou aura été finalement déclassée sur une superficie de 1160 hectares, par décret n°2020-469 du 13 février 2020, pour le compte de l’Entente intercommunale de Malicounda, Nguéniène et Sandiara, dans le but de l’érection d’un agropole. Dans une de ses chroniques publiées le 8 juin dernier avec comme titre «Finalement, ils ont fait pire que les Wade avec nos terres», le journaliste Madiambal Diagne fait une dénonciation sans précèdent de scandales ayant eu lieu. En 2014, une nouvelle opération de morcellement de parcelles a été effectuée sur les réserves foncières de l’aéroport de Dakar, dénonce-t-il.
Pis, «sous le prétexte de donner des lots de terres de 200 mètres carrés à près de 300 personnes, victimes de spéculateurs fonciers sur un projet de la cité Tobago, une superficie de 60 hectares a été morcelée, sur les réserves de l’aéroport de Léopold Sedar Senghor», ajoute-t-il. L’espace en question va du siège de la Boa au hangar de l’avion de commandement du président de la République. «Un guide religieux s’est vu octroyer un lot de 9 hectares au camp Leclerc qu’il a immédiatement revendu à plus de 5 milliards de francs », a-t-il écrit dans sa chronique.
Dans ses notes, Madiambal Diagne indique aussi qu’une partie du camp militaire de l’armée de l’Air a été morcelée en 63 parcelles de 500 m2 qui sont par la suite distribuées à des autorités militaires et des personnalités civiles. La zone du hangar des pèlerins de l’aéroport de Yoff a fait aussi l’objet d’un nouveau lotissement en 400 parcelles de 250 m2. Le périmètre qui était affecté pour la construction de l’Ambassade de Turquie, a été réaffecté.
DES CENTAINES DE MILLIARDS À TERRE
Depuis l’accession à la magistrature suprême du président Macky Sall, plusieurs dossiers relatifs à la gestion des affaires publiques font débat. Et le Train Express Régional (Ter) n’a pas échappé à cette polémique
Depuis l’accession à la magistrature suprême du président Macky Sall, plusieurs dossiers relatifs à la gestion des affaires publiques font débat. Et le Train Express Régional (Ter) n’a pas échappé à cette polémique. Pour un coût initial de 568 milliards de F Cfa, le Ter est passé à 800 milliards ou même plus, selon certaines informations. Pis, depuis son inauguration en veille de campagne électorale par le Président Macky Sall, le Ter ne roule toujours pas.
C’est d’abord son coût, jugé excessif, qui a soulevé une vive controverse. Estimé à 568 milliards de F Cfa, un tel investissement pour un Train Express Régional (Ter) n’était pas une priorité pour beaucoup de Sénégalais. Selon eux, le montant aurait dû servir à réhabiliter la portion sénégalaise Dakar-Thiès-Kidira de la voie ferroviaire allant jusqu’à Bamako. Mais surtout que le Sénégal est un pays en manque criard d’infrastructures de base.
Après quelques mois de travaux, la polémique enfle avec l’augmentation du coût du Ter qui est passé à près de 800 milliards. D’aucuns parlent même de plus de 1000 milliards. « Le montant de 800 milliards ne couvre que les 38 km de la première phase portant sur la distance Dakar-Diamniadio et n’intègre pas la seconde phase allant de Diamniado à Diass sur une distance de 17km », avait déclaré le président du parti Pastef, Ousmane Sonko. Sur ce, l’actuel directeur général de la société nationale du Ter, Abdou Ndéné Sall à l’époque ministre délégué en charge du réseau ferroviaire, avait expliqué : « le lot 1, c’est Dakar-Diamniadio et le lot 2, Diamniadio AIBD. C’est le lot 1 qui coûte en hors taxe 568 milliards de F Cfa. Si on ajoute les taxes, c'est-à-dire 134 milliards de F Cfa, nous sommes en TTC sur le lot 1 à 702 milliards ». Revenant à la charge, Ousmane Sonko ira même plus loin. Il indiquera que « le projet du Ter va coûter en réalité 1300 milliards au lieu de 568 milliards annoncés au Sénégalais ».
A ce lot de griefs sur le Ter, s’ajoute le report des dates de démarrage de ses activités. Lancé en 2016 et inauguré en grande pompe par le Président Macky Sall en janvier 2019, veille de campagne électorale, le Train Express Régional ne roule toujours pas. La première date de fin de travaux échue, le ministre des Infrastructures et des Transports Terrestres, Me Oumar Youm, annonçait avoir retenu la date contractuelle du 14 juin 2019 pour la fin des travaux. Il fixait encore l’entrée en fonction du Ter pour avril 2020. Que nenni ! Cette fois-ci même, c’est l’ambassadeur de France au Sénégal qui le contredit. « En avril, je ne pense pas qu’il puisse y avoir une mise en service commerciale du Ter.
C’est en tout cas ce que me disent les entreprises françaises », avait déclaré Phillipe Lalliot sur les ondes de la Rfm en février dernier. De quoi irriter les autorités sénégalaises ! Me Oumar Youm dénoncera des « sorties maladroites et graves » dans une note diplomatique adressée à son homologue français Jean Baptiste Djebbari.
Par rapport aux impactés du train en question, «plus de 12.000 personnes ont été touchées par l’exécution des travaux du TER et plus de 50 milliards F Cfa ont été distribués aux impactés », avait annoncé le ministre des Infrastructures Terrestres et du Désenclavement, Me Oumar Youm lors du vote du projet de loi autorisant la création de la SEN-TER SA.
Toutefois, des impactés ont fait plusieurs manifestations dans la banlieue de Dakar pour réclamer leur indemnisation. En effet, beaucoup de riverains également ont subi les effets des travaux à cause de la fermeture de routes et de passerelles causant des inondations dans certains quartiers. Aujourd’hui, avec le Ter qui est toujours à quai, la pandémie de la Covid-19 n’a-t-elle pas donné raison aux détracteurs du projet ?
CES DOSSIERS CHAUDS DU MANDAT
Monographie des dossiers les plus récents et les plus expressifs : du foncier à l’aide alimentaire d’urgence, en passant par le TER et les gaps autour de la gestion des entreprises publiques
Ndèye Aminata CISSE et Jean Pierre MALOU |
Publication 10/07/2020
Train Express régional, Building administratif, semences agricoles de mauvaise qualité : des niches à scandales selon l’ancien vice-président de l’Assemblée nationale, Moustapha Cissé Lo, qui a remis au goût du jour des «affaires» ayant terni le slogan de «gestion sobre et vertueuse», ressassé urbi et orbi par le régime en place. Ils sont pourtant florès, ces dossiers qui pointent du doigt la mal gouvernance des affaires publiques sous le deuxième mandat de Macky Sall. Monographie des dossiers les plus récents et les plus expressifs : du foncier à l’aide alimentaire d’urgence, en passant par le TER et les gaps autour de la gestion des entreprises publiques.
AIDE ALIMENTAIRE D’URGENCE : Une affaire, mille maux !
Exécuté dans le cadre de la riposte contre les effets pernicieux du nouveau coronavirus sur les populations dites vulnérables, le programme gouvernemental d’aide alimentaire d’urgence a été un autre point de distorsion de la prétendue « gestion sobre et vertueuse » tant vantée par Macky Sall et son régime. Entre des opérations tendancieuses d’attribution des marchés du riz et du transport des vivres, un ciblage embryonnaire des ayants droit, un recours à un Registre national unique à la fiabilité contestée et les nécessaires impairs dans la dotation des groupes cibles, le programme d’aide alimentaire d’urgence aura été une sorte de véritable fiasco pour le régime en place.
69 milliards d’aide alimentaire d’urgence pour atténuer les dommages collatéraux d’un virus dont la propagation au Sénégal avait fini de déstructurer les bases sociales et économiques de populations fortement impactées : tel était l’initiative du Président Macky Sall pour contenir la crise que vivaient des populations en butte à l’état d’urgence et au couvre-feu. Mais, dès le départ, les opérations généraient controverse et suspicion. La cession des marchés de riz faite en situation d’urgence se révélait en porte-à-faux avec les dispositions réglementaires de désignation des attributaires.
Dans un flou artistique, des opérateurs sans pédigrée dans le marché du riz sont bénéficiaires des contrats pilotés par le ministre du Développement communautaire. On n’avait pas fini d’épiloguer que le transport des vivres s’invitait à la polémique, avec son lot de couacs et d’impairs entre des transporteurs tantôt bénévoles tantôt opérateurs, justifiant le recours aux camions de transport de l’armée.
L’initiative gouvernementale d’aide alimentaire aux nécessiteux pour 1 million de foyers Sénégalais ou à peu près pour 8 millions des plus pauvres, soit la moitié de la population Sénégalaise estimée à 16 millions d’habitants, démarrait dans le même temps à grand renfort de reportages et de clichés du Président Macky Sall devant des montagnes de sacs de riz. Comme en une sorte de grand coup de pub devant susciter l’espoir de populations abasourdies par Covid-19 ! Ces populations dites vulnérables face aux effets du nouveau coronavirus devaient cependant, pour leur grande partie, déchanter au fil des opérations de distribution des kits alimentaires de survie (huile, sucre et savon…).
Entre un ciblage embryonnaire des ayants-droit, un recours à un Registre national unique (Rnu) parcellaire, des doublons à la pelle dans toutes les communes du Sénégal, l’implication de responsables du parti au pouvoir et de leurs alliés plus soucieux de leur clientèle politique et autres partisans que d’une répartition équitable des denrées, l’aide alimentaire se retrouvait ballotée dans les 552 communes du pays. Qui plus est, la distribution des kits (100 kg de riz, 10 litres d’huile, 10 kg de sucre, 10 kg de pâtes alimentaires) accusait un retard notoire. Prévue au départ pour une quinzaine de jours, elle avoisinait les deux mois de répartition et ne s’achevait qu’avant-hier, mercredi, en bouclant ses opérations dans la commune de Dakar Plateau.
Entretemps, beaucoup de ménages sont toujours à la recherche de leurs introuvables kits, s’ils ne sont pas laissés en marge du ciblage. Et cela, quoique le gouvernement de Macky ait senti le besoin de rajouter 100 000 personnes à la cible, histoire de prendre en charge les handicapés moteurs et autres oubliés dans le premier répertoire des…nécessiteux.
SENELEC, SDE, SAR, SNCDS, SONACOS… : Des sociétés nationales à la mal gouvernance endémique
L’embrasure du contrat Sénélec /Akilee est la partie visible de l’iceberg de la mal gouvernance des sociétés nationales et ce, au fil des régimes. En effet, chaque année, ces fleurons de l’économie nationale sortent avec un bilan d’activités négatif, voire déficitaire. Et ceci est bien vérifiable dans tous les budgets de l’Etat votés jusqu’ici. Pendant ce temps, on continue à injecter d’importantes sommes d’argent dans ces boites laissées à la merci des politiques.
Senelec, Sde, Sar, Sncds, Sonacos… Ce sont entre autres des noms de boites nationales «vandalisées», pardon, caractérisées par la mal gouvernance dans leur gestion. De mémoire, toutes ces sociétés ont toujours été gérées par des «aventuriers politiques», au détriment de technocrates aux compétences avérées. Le cas de la Senelec est révélateur. L’entreprise est clouée par un pilotage à vue depuis fort longtemps.
Pour rappel, du temps de Samuel Sarr, l’on parlait de «Plan Soukeuli Senelec». Et, la suite, nous la connaissons. Après lui, c’est Pape Dieng qui débarque, avec ses compteurs dits «numériques». Hier, Mouhamadou Makhtar Cissé avec l’entreprise Akilee pour une fourniture de compteurs dits «intelligents», avec comme prétexte d’offrir des solutions innovantes afin de permettre à l’entreprise de se rentabiliser. Demain, encore, peut-être ce sera avec les Israéliens qui manœuvrent par la complicité des lobbies tapis dans l’ombre, pour mettre la main sur nos ressources.
Selon certaines indiscrétions établies dans la boite, aujourd’hui on parle d’Akilee, mais il y a des choses plus pernicieuses et méconnues du grand public à la Senelec. Il faudra toujours attendre le départ ou l’arrivée d’un nouveau patron pour éventrer les nombreux marchés de gréà-gré signés sans appel à compétition ou en violation du Code des marchés publics.
Ainsi, on se rend compte que la Senelec, après avoir raté le virage de la privation et de la filialisation, risque de manquer celui de l’innovation, à cause d’une gouvernance tatillonne. Ce pilotage à vue était aussi noté à la défunte Sénégalaise des eaux (Sde) devenue Sen’Eau chantée urbi orbi comme étant la véritable solution aux limites de la fourniture en eau potable aux ménages sénégalais. Que dalle!
Quelques mois après son entrée en scène, Sen’Eau montre déjà ses limites face à la mission qui lui est assignée. Les laissés-pour-compte cherchent désespérément le liquide précieux, depuis des semaines, sans aucune mesure rassurante, alors que les autorités avaient pompeusement annoncé la fin des coupures d’eau. Cette même gangrène étouffe aussi la Société nationale des Conserveries du Sénégal (Sncds), repêchée par le Sud-coréen Scasa, qui bat de l’aile depuis la reprise en 2013. Sur la longue liste des sociétés nationales en mal de gouvernance victorieuse, on peut ajouter la Sonacos. Chaque année ou campagne de traite arachidière, soit ce sont des problèmes de collecte, de commercialisation ou des difficultés liées à des tensions de trésorerie, entre autres, qui secouent cette société. Quant à la Société africaine de raffinage (Sar), tantôt ce sont des problèmes de stockage, tantôt des problèmes de raffinage.
A cause d’une mal gouvernance endémique, toutes ces sociétés qui jouissent pourtant d’une capitale expérience de plusieurs années, s’éloignent des horizons devant faire d’elles des championnes nationales pour conquérir la sous-région.
LES CONSTRUCTIONS SUR LE DPM CONSTITUENT DES AGRESSIONS CULTURELLES
Dans ce deuxième jet, le journaliste-écrivain, Pape Samba Kane décrit dans sa randonnée les immenses bâtisses qui colonisent le littoral en toute violation des textes législatifs et règlementaires
Dans ce deuxième jet, le journaliste-écrivain, Pape Samba Kane décrit dans sa randonnée les immenses bâtisses qui colonisent le littoral en toute violation des textes législatifs et règlementaires. Hôtels, résidences privées et/ou des ambassades, restaurants, bars, night-club, piscine, casino et salle de machines à sous. PSK pointe du doigt les constructions sur le Domaine privé maritime (Dpm) qui, selon lui, constituent «des agressions culturelles».
Ce n’est pas le sort de l’ancien ministre qui nous préoccupe, ici, cette plage, encore une, va être soustraite à la collectivité selon des modalités non démocratiques, avec des implications financières non transparentes et peut-être pas au bénéfice exclusif des contribuables sénégalais. Alors qu’elle est un lieu abritant une activité économique de survie pour une collectivité de pêcheurs, en plus d’abriter une plage tranquille que des Dakarois de toute condition aiment à fréquenter pour la baignade, les promenades ou la méditation (il est à préciser que les convoitises sur Terrou Baye Sogui n’ont pas été assouvies, et aussi celles sur la villa de l’ancien ministre).
Sur le site devait être construit un hôtel, « L’hôtel des Sirènes » dont le propriétaire serait le roi du Maroc, Mohamed VI. Quoi qu’il en soit, le projet tel qu’il nous apparaissait allait occuper toute cette plage, « pieds dans l’eau », et au-delà, vers les falaises argileuses et friables au-dessus de l’unique plage restante et encore accessible au public dans cette partie du littoral, derrière l’- hôpital principal et l’ambassade de Grande-Bretagne, à quelques encablures de l’hôtel Savannah. Le Savannah, un vieil occupant, lui aussi pieds dans l’eau, et qui interdit l’accès à toutes les plages et criques plaisantes qu’il surplombe, ne se privant pas de poser des grilles où il faut, afin d’empêcher l’accès de ces lieux par la berge. Ce qui n’est pas expressément interdit par la loi, mais l’aménagement de commodités pour un libre accès à la berge au nom de l’intérêt général est une condition à l’obtention de concessions et baux pour l’exploitation de sites touristiques balnéaires.
Le principe du libre accès au domaine public maritime intègre l’idée que les servitudes d’utilité publique comprennent les servitudes de passage. « Mais l’illégalité de telles restrictions peut … être déduite d’une lecture de l’article 20 alinéa 1 du Code du Domaine de l’État qui stipule : « Nul ne peut, sans autorisation délivrée par l’autorité compétente, occuper ou exploiter une dépendance du domaine public ou l’utiliser dans des limites excédant le droit d’usage qui appartient à tous sur les parties de ce domaine affecté au public ». On verra qu’aucun des concessionnaires que nous allons visiter le long de notre, itinéraire, du Terrou-bi au restaurant Le Virage ne se prive d’interdire au public l’accès des plages qu’il occupe. Or, ils n’en ont pas le droit, c’est clair dans l’esprit et la lettre de la loi.
Après le Savannah, au premier virage vers le Cap-Manuel, un projet sort de terre : l’hôtel Gorée, 152 chambres qui seront construites quasiment sur l’eau - comme le montre la maquette sur l’affiche géante annonçant le chantier - fait face au large, « avec vue imprenable sur l’ile de Gorée », écrivent les promoteurs, le groupe Mixta. Encore un hôtel prévu dans le cadre du sommet de l’OCI, aujourd’hui derrière nous, mais toujours en construction, comme tous les autres prévus par les organisateurs, ainsi que les cliniques, eux aussi inscrits dans le même cadre et qui tardent a sortir de terr
Quand on contourne la pointe la plus avancée de Dakar, le Cap manuel où se situe le chantier du futur « hôtel Gorée » de Mixta, en contrebas des rochers, et qui abrite depuis toujours, sur ses hauteurs, la résidence du représentant de l’Union européenne jusqu’ici seule face a l’ile de Gorée, on tombe sur les chantiers d’une future clinique. Elle est située en haut de la falaise qui fait face aux iles de la Madeleine, de l’autre côté de la route qui contourne l’imposant ancien tribunal de Dakar, laissé à la ruine en attendant son accaparement (selon une rumeur persistante) à des fins de spéculation immobilière. «La clinique de la Vision» (aujourd’hui “Clinique Belle Vue” – voir encadré : NDA), clinique ophtalmologique, propriété de la SARL Lynn, appartiendrait à des Libanais, ce que tend à confirmer le nom de l’architecte du projet, un certain Sleiman. Elle est destinée à une clientèle à hauts revenus économiques comme toutes celles qui fonctionnent déjà ou vont, dans un avenir proche, fonctionner sur le littoral.
Grâce aux urgences de l’Anoci, ces dernières poussent avec ou sans les autorisations nécessaires, en tout cas en violant tel ou tel code, entre celles de l’Environnement, de l’Eau, de l’Hygiène, de l’Urbanisme, un arsenal juridique qu’on aura contourné ou interprété au bénéfice de promoteurs dont le business est aux antipodes des préoccupations de la majorité de la population. À moins de deux cents mètres du chantier de la future clinique, la déjà vieille «Clinique du Cap» qui fait face, à côté de sa voisine mitoyenne - la villa du défunt ex-président du Cameroun, Ahmadou Ahidjo - à la résidence de l’ambassadeur de France, sagement installée de l’autre côté du goudron. La clinique comme la villa de l’ex-président du Cameroun, exilé au Sénégal avant d’y mourir, ne sont pas en plein dans le DPM. Elles obstruent cependant la vue sur la mer.
Autorisées par l’ancien régime socialiste apparemment dans les mêmes conditions que les passe-droits de l’ANOCI du régime libéral sur le Domaine public de l’État. Cependant qu’ici, les constructions n’empiètent pas sur les rivages, et les rares promeneurs ou exploitants artisanaux de la mer encore tentés par les berges rendues difficiles d’accès de cette zone, ne rencontrent pas d’opposition à leurs activités. L’administration précédente des socialistes avait-elle plus de souci pour la préservation de l’intérêt collectif ?
Le temps de s’interroger et nous passons devant des monuments historiques, l’Institut Pasteur, bâtisse coloniale à bonne distance de la mer, l’hôpital Aristides Le Dantec, immense domaine hospitalier, qui respire grâce à sa proximité avec l’océan qu’il surplombe à distance respectueuse du DPM. Plus loin, en bifurquant à gauche, le Camp Dial Diop, siège de l’Etat major de l’armée sénégalaise, puis le lycée Lamine Gueye.
Selon des informations données régulièrement par la presse depuis l’avènement du pouvoir libéral et jamais démenties, l’hôpital, le siège de l’État-major de l’armée et le lycée devraient être délocalisés, parce qu’ils seraient dans le collimateur des nouvelles autorités libérales qui ne verraient en eux que d’immenses réserves foncières de grande qualité marchande sur lesquelles il fallait mettre la main à tout prix. Cette rumeur apparemment délirante ne l’était pas tant que ça (NDA : il faut se souvenir que trois ans après 2008, le pouvoir libéral était entré dans un tourbillon politico-affairiste qui allait conduire à sa chute, avec l’élection présidentielle perdue de 2012, après l’étape cruciale du 23 juin 2011).
Et il n’y avait pas que la «boulimie foncière» dont la clameur populaire accusait les tenants du pouvoir, qui ne faisaient rien pour nier cette réputation, que tendaient à confirmer ces projets insensés. Pour ce qui concerne l’hôpital au moins, une avocate réputée nous avait confirmé l’existence du projet, nous promettant même le dossier, avant de se dérober progressivement face à nos relances. La délicatesse du sujet, peut-on présumer (NDA Des levées de boulier régulières, et très médiatisées, de la société civile et d’autres forces organisées - qui ressemblent beaucoup à celles auxquelles le régime actuelles fait face pour les mêmes raisons- ont empêché ce funeste projet d’aboutir, peut-être seulement gelé ; puis intervint la chute du régime).
La prochaine étape de notre randonnée sur la corniche est un projet qui préoccupe beaucoup l’architecte déjà citée, Mme Annie Jouga. C’est le grand complexe hôtelier et de loisir en cours de construction sur le lieu anciennement connu sous le nom de « Club antillais », son chantier, alors circonscrit au domaine de l’ex-club où était déjà érigé un immense hôtel au nom bigarré de «Sokhamon», s’étendait progressivement sur sa gauche. Ce gros chantier, dont les dégâts causés par les travaux d’excavation étaient visibles sur la chaussée qui le surplombe, le goudron étant lézardé sinon crevassé, est construit sur une zone non aedificandi et n’avait pas fini, si l’on en croit Mme Jouga, de révéler ses nuisances.
D’abord, comme toutes ces immenses bâtisses qui colonisent le littoral, le complexe ajoute aux perturbations environnementales et augmente les risques, en violation de toutes les dispositions légales : il est construit avec de solides emprises sur le sol et la roche, il interdit l’accès de la berge à la collectivité. Ensuite sa structure, surtout à hauteur du restaurant, plus élevée que celle de l’ex-Club, obstrue la vue sur l’océan - magnifique depuis la Place Soweto -, avec en toile de fond les ilots Sarpan et un ciel fantastiquement beau au coucher du soleil. Les promoteurs du complexe de loisirs à la place du « Club des Antilles », qui seraient des Libanais, ont cependant de qui tenir.
Leurs voisins immédiats, l’ambassade d’Iran et la résidence de feu Djily Mbaye (rachetée par une célèbre famille libanaise) sont également construites sur un terrain non aedificandi et leurs très hauts murs font plus qu’obstruer la vue sur l’océan, ils empêchent la brise marine de souffler sur toute la zone des ministères de l’Éducation nationale, du Tourisme, de l’Économie et des Finances… On allait l’oublier, entre ces deux derniers privilégiés installés par le régime socialiste, s’est niché un tout nouveau complexe résidentiel privé de luxe au nom évocateur d’Eden Rock, bien évidemment, lui aussi, construit sur les rochers, avec l’aval des nouvelles autorités libérales. Dès qu’on s’engage sur l’avenue de la République, à hauteur du Musée des Armées, tout un ensemble de maisons, en face du tribunal du Bloc des Madeleines, appartient au Patrimoine bâti de l’Etat, dont l’ancienne résidence du Premier ministre Idrissa Seck.
Après, vient l’immeuble abritant une grande société d’informatique qui couve, en la dissimulant aux regards, la villa de Yacine Diouf, fille de l’ancien président Abdou Diouf, villa bien située sur le DPM dont la construction avait fait l’objet, a l’époque, de controverses animées sur fond d’énergiques dénonciations par la presse du privilège princier. La zone qui suit est presque déserte sur le DPM, à part l’immense affiche de propagande vantant le dynamisme de l’équipe de l’Anoci, un peu ostentatoire, certes, jusqu’à l’intersection de la Corniche à deux voies avec l’avenue Malick Sy. La Porte du millénaire, controversée, néanmoins monument d’utilité collective, a été le prétexte à un affairisme inconséquent et précipité avec la construction d’un restaurant en contrebas du monument qui défie le bon sens, installé sur les rochers.
Les grosses vagues au cours des marées hautes avaient commencé à en endommager la façade, nécessitant déjà des travaux de renforcement (NDA. Aujourd’hui, la mer a complètement mangé le restaurant qui n’existe plus). À partir d’ici, commence une longue étape de notre randonnée, forcément différente des autres. La Corniche à deux voies de l’Agence nationale de l’organisation de la Conférence islamique (Anoci) et ses ouvrages lourds sont un symbole pour notre enquête. Ils constituent l’exemple type de la relation naturellement conflictuelle entre les constructions sur le littoral et leur voisinage social. Et qu’elle recommande des attitudes aux antipodes de l’apparente arrogance et la précipitation avec lesquelles ce projet a été mené. Elles sont venues renforcer le désordre sur fond d’accaparement des terres du domaine public, y compris maritime, sur tout le littoral de la Corniche-ouest, à partir de l’avenue Malick Sy jusqu’ a la mosquée de la divinité a Ouakam.
LES CONSTRUCTIONS SUR LE DPM CONSTITUENT DES AGRESSIONS CULTURELLES
Les quartiers populaires de la Medina et de la Gueule tapée, avec leurs rues étroites et leurs populations denses n’étaient déjà pas de sites aérés, les nouvelles infrastructures sur la corniche, notamment le toboggan, qui contourne en la surplombant le cimetière musulman des « Abattoirs » et le tunnel, qui longe et isole le village artisanal et le marché aux poissons de Soumbedioune, s’interposent désormais entre leurs maisons surpeuplées et la brise marine. Et ils constituent un obstacle physique à l’accès de leurs populations à la mer avec laquelle ils entretiennent des liens quasi sacrés.
Avec l’océan atlantique leurs habitants ont tissé à travers les âges des relations étroites qui vont bien au-delà du confort, et ayant engendré toute une culture faite de métiers familiaux et claniques séculaires, au-delà de l’exploitation économique de la mer, entre médecines ou religions traditionnelles et cosmogonie : des libations annuelles mémorables, séances d’exorcisme avec rites sacrificiels où bœufs et moutons étaient immolés se tenaient à l’endroit situé entre la Cour de cassation et le parc d’Attraction Magic Land. Mme Anta Teuw n’habite plus la Medina où elle est née et a grandi, à la rue 17. Elle raconte : « Aujourd’hui encore, il m’arrive, quand j’ai un souci qui me dépasse, ou quand je suis malade, de quitter Guédiawaye pour aller là-bas, jeter quelques pièces de monnaie et de la kola dans la mer. Ma mère qui habite encore ici nous y encourage, mes sœurs et moi ». Mme Anta Teuw n’est bien évidemment pas la seule à sacrifier à ce type de rituel, seulement, les propriétaires du parc d’attractions ont commencé depuis longtemps à interdire l’accès de la crique au tout-venant, avant d’entreprendre d’y construire je ne sais quoi. Une structure encore inachevée (NDA Le complexe cinématographique Sembene Ousmane, achevé depuis).
Thierno Amath, 56 ans, rue11 X 16, se souvient de ses séjours méditatifs, avec une bande d’amis, sur la tombe du musicien de légende, le joueur de Kora, Lalo Kéba Dramé, située au pied d’un gros figuier stérile ; après une baignade dans l’une des nombreuses criques rocheuses situées derrière le cimetière. David Dioum, 54 ans, ex-habitant de la rue 4 X 17, avec un grand sourire nostalgique n’arrive pas a se débarrasser, encore aujourd’hui, de son étonnement quand, pour guérir l’épidémie de coqueluche qui sévissait chez leurs petits frères et sœurs, leurs mamans leur demandèrent, lui et sa bande d’amis en vacance scolaire, de ramener de leurs randonnées aux abords du cimetière, dans sa partie surplombant la mer, des « barboteurs » -c’est ainsi qu’ils appelaient une espèce de lézard bleu et jaune. L’animal, qu’ils s’amusaient à traquer pour le plaisir, sommairement cuisiné et donné à manger aux malades, les guérissait quasi instantanément de la coqueluche.
En plus de rendre difficile, voire impossible en certains endroits, l’accès à la mer aux populations pour sa jouissance divertissante ou utilitaire (pêche à la ligne de petits poissons des rochers, collecte d’oursins et de coquillages divers) les constructions sur le Domaine public maritime et les infrastructures hôtelières et routières sur la corniche constituent des agressions culturelles qui auraient dû faire l’objet d’études sociologiques plus attentives à la question humaine. Et en fermant l’accès de la Medina et de la Gueule Tapée aux véhicules engagés sur la Corniche, dans un sens ou dans un autre, ses concepteurs en interdisent l’usage à leurs habitants, sauf à prendre d’énormes risques.
Revenant de la ville, pour aller a n’importe quel point de la Medina, tout automobiliste est obligé de bifurquer vers l’avenue Malick Sy pour prendre la rue 6, et ne pourra plus accéder à la Corniche qu’après avoir traversé tout ce quartier et une bonne partie de la Gueule, prenant et semant d’énormes risques, en ayant déambulé dans ses rues surpeuplées, impraticables aux alentours du marché éponyme, sauf à prolonger la rue 6 (devenue rue 54 dans G. Tapée) jusqu’au lycée Delafosse, le Canal et ruser en empruntant l’université par la rue difficile passant devant la cité Claudel. Dans le sens opposé, venant de Ngor ou Ouakam, n’importe quel habitant de l’un ou l’autre des deux quartiers, à partir de l’avenue des ambassadeurs, ne peut plus rallier sa maison en voiture, à moins de renoncer aux joies de la conduite sur la Corniche et aller souffrir les embouteillages et imprévisibilités de l’avenue Cheikh Anta Diop, puis de l’avenue Blaise Diagne.
La nouvelle Corniche s’imposant également dans une intimité envahissante aux habitants de ces deux quartiers qu’elle longe sur deux à trois kilomètres, sans que sa jouissance ne leur soit destinée : toutes les rues perpendiculaires qui donnaient sur l’ancienne Corniche à partir desdites localités ont été bouchées par la nouvelle infrastructure où il n’est prévu aucune voie de dégagement devant y mener.
Le cimetière de la Médina, véritable nécropole abritant la tombe de Cheikh Tourad, dignitaire de la confrérie Khadria, qui reçoit des « pèlerins » de tout le pays et jusques de la Mauritanie, celles d’autres figures religieuses tout autant visitées, celles de Lamine Gueye et de Blaise Diagne, est un patrimoine historique, un lieu de prière, une manière de musée. Son accès est devenu si difficile, ses visiteurs se faisant de plus en plus rares, et les foules d’humbles gens qui y venaient les vendredis attendre leurs oboles ont migré on ne sait où.
Suite et fin demain
III. QUAND L’OCI RENFORCE L’ACCAPAREMENT DU DOMAINE PUBLIC MARITIME