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5 octobre 2025
PLUS DE 350 MILLIONS DE FRANCS SERONT INJECTÉS DANS LA SONACOS DE DIOURBEL
La Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal (SONACOS) de Diourbel va recevoir un montant de plus de 350 millions FCFA dans le cadre de la relance de ses activités, a annoncé le directeur général de la structure, Modou Diagne Fada.
Diourbel, 18 oct (APS) - La Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal (SONACOS) de Diourbel va recevoir un montant de plus de 350 millions FCFA dans le cadre de la relance de ses activités, a annoncé le directeur général de la structure, Modou Diagne Fada.
‘’Sonacos de Diourbel va engloutir plus de 350 millions FCFA celle de Lyndiane (Kaolack) va recevoir plus de 750 millions de FCFA. La Sonacos de Dakar aura près de 350 millions FCFA et celle de Louga près de 100 millions de FCFA’’, a-t-il dit.
M. Diagne s’exprimait samedi, à Diourbel, dans le cadre d’une tournée nationale, qui a démarré par Ziguinchor, Kolda, Tambacounda, Sinthiou Malème, Guidé Mouride, Kaffrine et Kaolack.
Le directeur général de la Sonacos a, au cours de cette visite, échangé avec les acteurs économiques et producteurs de la région sur la prochaine campagne de commercialisation de l’arachide.
Ce financement attribué à ces différents établissements va permettre de ‘’remettre en état, revitaliser et redémarrer un certain nombre d’activités pour marquer la renaissance de la Sonacos, qui s’est traduite par ses états financiers que nous avons validés récemment avec notre conseil l’administration’’, a indiqué M. Diagne.
Selon lui, les états financiers de la Sonacos présentent un résultat net positif contrairement à l’exercice précédent où elle a connu un déficit de moins 7 milliards de FCFA.
Aussi, ‘’la Sonacos dispose de suffisamment de financements pour un bon déroulement de la prochaine campagne arachidière’’.
‘’Nous avons, l’année dernière, reçu 45 millions d’euros de nos partenaires, nous n’avons utilisé que les 19 millions d’euros. Les 26 millions d’euros seront mobilisés avant la fin du mois d’octobre 2020’’, a-t-il souligné.
Il a également informé les opérateurs sur les nouvelles dispositions prises par la Sonacos pour une bonne commercialisation de l’arachide, les invitant à porter leur choix sur la Sonacos et à drainer les graines vers cette industrie nationale.
‘’Cette année en ce qui concerne le prix au producteur, nous sommes prêts à aller le plus loin possible. Nous sommes prêts à une hausse du prix au producteur et le moment venu le CNIA (Comité national interprofessionnel de l’arachide) convoquera les acteurs et nous allons échanger’’, a assuré Modou Diagne Fada.
Le directeur général de la Sonacos a également constaté le redémarrage des activités au niveau des unités de fabrication de vinaigre, d’eau de javel et à l’unité de production d’aliments de bétail et de volaille (Setuna).
2 MILLIONS DE FRANCS ET DU MATÉRIEL DE MUSIQUE À L’UCAS BANDE
Le ministre de la culture et de communication, Abdoulaye Diop, a remis samedi, au centre culturel de Sédhiou, une enveloppe de deux millions et du matériel de musique aux artistes de l’UCAS Bande
Sédhiou,18 oct (APS) – Le ministre de la culture et de communication, Abdoulaye Diop, a remis samedi, au centre culturel de Sédhiou, une enveloppe de deux millions et du matériel de musique aux artistes de l’UCAS Bande, a appris l’APS.
‘’Cet orchestre symbolique qui a porté haut les couleurs de la région pendant des décennies mérite toute considération et accompagnement pouvant aider ses acteurs à faire correctement leurs activités’’, a dit le ministre lors de la remise du matériel.
Dans cette perspective, M. Diop annonce le démarrage dans les prochains jours d’un « palais des arts » à Sédhiou, qui portera le nom de l’UCAS ‘’afin de rendre pérenne l’œuvre de ces aînés’’.
UN CHERCHEUR SÉNÉGALAIS INVENTE UNE MOISSONNEUSE À CRIQUETS
Sanoussi Diakhité, a annoncé et présenté une moissonneuse à criquets ‘’efficace’’ dans la lutte contre l’invasion acridienne, la préservation de l’environnement et la procuration d’aliments pour la volaille et le poisson.
Dakar, 18 oct (APS) – Le scientifique et chercheur sénégalais, Sanoussi Diakhité, a annoncé samedi, à Dakar, avoir inventé et présenté au grand public une moissonneuse à criquets ‘’efficace’’ dans la lutte contre l’invasion acridienne, la préservation de l’environnement et la procuration d’aliments pour la volaille et le poisson.
‘’Cette nouvelle invention que je viens de faire servira de moyens efficaces dans la lutte contre l’invasion des criquets, la préservation de l’environnement et la procuration d’aliments pour la volaille et le poisson’’, a-t-il assuré.
Le scientifique et chercheur sénégalais, qui avait déjà inventé la machine à fonio, intervenait lors d’une conférence virtuelle organisée à Dakar par la plateforme ‘’Les nouvelles de Kolda’’, une initiative de près de 300 ressortissants de la région de Kolda (sud) évoluant dans divers secteurs d’activités, et basés un peu partout dans d’autres localités du pays, en Afrique et dans la diaspora.
La structure anime tous les 15 jours, depuis le mois de juillet, une conférence virtuelle, en invitant un expert dans un domaine précis, pour discuter des voies et moyens de créer les conditions d’émergence du terroir d’origine et du pays en général.
Selon le professeur Diakhité, ancien directeur général de l’Office nationale de la formation professionnelle (ONFP), l’idée d’inventer cette moissonneuse à criquets est de proposer ‘’une solution non nocive pour les cultures et plus efficace que les pesticides utilisés afin de détruire les criquets ravageurs’’.
‘’C’est une machine qui aspire les criquets et qui les entraine vers un bac de stockage après les avoir broyés. Au lieu d’utiliser les produits chimiques pour les criquets, la machine ne fait que les aspirer à l’aide d’un procédé mécanique’’, a expliqué M. Diakhité.
Le chercheur sénégalais par ailleurs ancien professeur au lycée industriel Maurice Delafosse de Dakar a estimé que l’enjeu de cette machine est le fait qu’elle peut intéresser plus de trente pays à travers le monde.
Le professeur Sanoussi Diakhité a, au cours de sa carrière, décroché plusieurs ‘’récompenses ‘’ dont le prix Rolex en 1996, le prix du grand salon africain d’invention et d’innovation en 1997 et le prix Tchao à Silicium vallée aux USA en 2008.
M. Diakhité a rappelé que la machine à fonio, une de ses œuvres, a permis de décortiquer cette céréale locale. Il dit avoir pensé concevoir cette machine pour lever une contrainte dans la filière du fonio, qui était bloquée dans son développement à cause de la difficulté de décorticage.
Selon lui, ce blocage faisait que les producteurs avaient tendance à abandonner la culture de cette céréale qui pourtant a ‘’une qualité nutritive très importante’’.
‘’Je peux dire que la décortiqueuse à fonio a permis de relancer la culture de cette céréale au Sénégal et dans plusieurs pays de la sous-région ’’, a ajouté le scientifique sénégalais.
EN FINIR AVEC L'APARTHEID CAPILLAIRE
Alors qu’il existe en France presque trois fois plus de salons de coiffure que de boulangeries, le cheveu afro a encore du mal à trouver une adresse pour se faire chouchouter
Le Monde Afrique |
Sandrine Berthaud-Clair |
Publication 18/10/2020
Malgré une forte demande et un marché du cheveu bouclé-frisé-crépu en pleine expansion, les formations académiques peinent à se moderniser.
Alors qu’il existe en France presque trois fois plus de salons de coiffure que de boulangeries, le cheveu afro a encore du mal à trouver une adresse pour se faire chouchouter. En 2018, pas moins de 85 192 établissements quadrillaient le territoire, selon le recensement de l’Union nationale des entreprises de coiffure (UNEC) et le secteur, deuxième de l’artisanat, pèse 6 milliards d’euros de chiffres d’affaires par an.
Or si l’on voulait pouvoir couvrir les besoins capillaires des personnes noires et métisses de France, estimées à au moins un cinquième de la population d’après le Conseil représentatif des associations noires (CRAN), il faudrait 17 000 enseignes capables de proposer des services pour cheveux bouclés-frisés-crépus (BFC). L’Ile-de-France, qui compte à elle seule 15 000 salons minimum, devrait donc pouvoir proposer une expertise « BFC » dans 3 000 d’entre eux. Mais on en est encore très loin.
« En région parisienne, où les besoins sont les plus importants car la diversité y est plus forte qu’ailleurs, on n’en dénombre pas 150, même en comptant les boutiques des quartiers de Château-Rouge et Château-d’Eau, explique Aude Livoreil-Djampou, qui a créé le Studio Ana’e à Paris en 2015, un salon « multitexture » qui accueille toutes les diversités de cheveux, du plus raide au plus crépu. Et, à Paris, c’est bien pire : les enseignes qui privilégient la qualité se comptent sur les doigts des deux mains ! »
Alors qu’est-ce qui coince ? La formation. « Aujourd’hui encore, du CAP au brevet professionnel, on n’apprend toujours pas aux futurs professionnels à prendre en charge ces textures, ou alors de manière très marginale », tranche Alexis Rosso. Ce coiffeur studio haut en couleur d’origine guadeloupéenne, parmi les meilleurs artisans de France, a dû se former aux Etats-Unis et à Londres pour développer son expertise du cheveu afro alors qu’il coiffait depuis l’âge de 15 ans en salon. Son parcours, emblématique, l’a convaincu de devenir formateur certifié pour inverser la tendance et accompagner les futurs coiffeurs.
« Coiffure noire ghettoïsée »
Car non seulement le CAP ne forme pas les jeunes à cette problématique, mais le seul bagage qu’on leur enseigne encore, c’est le défrisage. De quoi faire dresser les cheveux sur la tête des militantes de la cause Nappy (contraction de natural et happy) qui œuvrent depuis vingt ans pour libérer le cheveu naturel, le sublimer, et en finir avec le diktat du cheveu lisse. D’autant que les produits défrisants, très agressifs, brûlent le cuir chevelu, abîment la fibre capillaire et peut aboutir en quelques années à de conséquentes pertes de cheveux.
« Pendant longtemps, on a considéré le cheveu afro comme indomptable, explique Diane Châtelier, créatrice en 2012 de Nappy Boucles, un site de vente en ligne de produits capillaires. Ce point de vue a enfin changé. Les femmes ont découvert qu’il n’est pas si compliqué d’avoir une routine de soins adaptés et que les possibilités de coiffage sont grandes. Et le confinement a accéléré encore cette libération. Mais la formation, elle, est encore loin d’être à la page. »
EXCLUSIF SENEPLUS - La promesse de la République est de veiller au bien-être des populations. Une politique sanitaire conséquente doit entériner l’universalité et la diversité des soins - NOTES DE TERRAIN
Dimanche 18 octobre 2020. Je n’avais pas regardé la vidéo*. Pourtant, elle m’a été envoyée depuis jeudi. J’avais même promis de la partager, autour de moi. Il faut dire que, parfois, les messages WhatsApp sont envahissants. Surtout quand il s’agit de vidéos ou de documents audio. Inconsciemment, je les considère comme des spams. Qui nuisent à la concentration et au travail. Et puis, je savais le contenu triste. Ce matin, en partant au bureau, j’étais seul sur le siège passager du clando. En pianotant sur mon smartphone, je me suis souvenu de la vidéo. Elle était accompagnée d’un message, qui disait ceci en wolof : « Mme Sène, j’ai parlé à une chaîne de télévision, pour demander de l’aide. Pourras-tu diffuser la vidéo à tes connaissances et à d’autres gens qui sauront m’aider. Mon mari m’avait demandé d’attendre. Il cherche des solutions pour prendre en charge les frais d’opération, mais ce n’est pas facile. »
La vidéo s’ouvre sur une scène un peu théâtrale. Des femmes qui pleurent et prient. Un air grave. Une musique dramatique. Elles ont été filmées par « Thiaroye Tv ». Voici l’histoire. A. Dieng est malade. Elle a des problèmes cardiaques. Elle n'a pas les moyens de se prendre en charge. Elle raconte son calvaire. Ses proches témoignent de sa disponibilité, de sa gentillesse. Elles louent toutes son sens du devoir dans le mariage, et sa dévotion en tant que croyante. L’une d’elle commente : « Malgré ses tourments, elle est brave, et continue à se battre. » Elles en appellent à la bienveillance des autorités politiques et des bonnes volontés. Elles sollicitent le président de la République, sa femme, le maire de Thiaroye. On apprend qu’A. Dieng a trois enfants. Elle est femme au foyer. Elle habite à Yeumbeul-Nord, au quartier Aynoumani 6. Originaire de Thiès, elle a perdu très tôt ses parents. Elle est venue à Dakar, rejoindre son mari. À la fin de la vidéo, elle craque. J’ai un petit pincement. Même si j’ai l’impression que c’est un peu surjoué.
Pourtant, c'est une question de vie ou de mort. Sur la note du médecin, qu’elle montre à la caméra de Thiaroye Tv, on peut lire : « Il s’agit d’une patiente de 35 ans, aux antécédents d’angines à répétition dans l’enfance, connue porteuse d’une valvulopathie rhumatismale à type d’insuffisance mitrale sévère avec hypertension artérielle pulmonaire moyenne, chez qui l’indication d’un remplacement valvulaire mitral et d’une plastrie tricuspide est posée. » Ce diagnostic est un peu ésotérique pour moi. Je me suis donc renseigné. En fait, c’est ma sœur qui l’a prescrit. Elle m’a dit que la maladie d’A. Dieng est très grave. C’est une pathologie qui affecte certaines personnes, qui, lors de leur enfance, souffrent d’angines non ou mal traitées. À l’adolescence ou à l’âge adulte ces affections bénignes finissent par dégrader le cœur. En général, les personnes concernées meurent jeunes, si aucune intervention n’est faite.
Beaucoup de nos compatriotes succombent à cette maladie, m’a-t-elle renseigné. Ce qui va se passer, s’il n’y a pas d’intervention chirurgicale ? A. Dieng risque de mourir. Cela me paraît une atteinte grave à la sacralité de la vie humaine. Quelle désolation ! C’est un fatalisme dégoûtant. Combien sont-ils, nos compatriotes, qui meurent bêtement, alors que des remèdes existent ou sont à portée. La demande d’aide d’A. Dieng pose la question du système de santé au Sénégal. Et au-delà de notre perception de la vie. De notre humanité aussi. Pourquoi, le système de santé ne marche pas dans notre pays ? Seule une morale périmée peut accepter la mort programmée de ceux qui n’ont pas les moyens de se faire soigner ? Il faut un sursaut des intelligences dans ce pays.
Au Sénégal, de toute évidence, l’institution hospitalière - qui à l’origine se donnait la mission d’accueillir le pauvre et le charitable - ne répond pas à ses objectifs. Les malheurs de l’hôpital sont bien connus, de tous. Des infrastructures obsolètes ou absentes. Un déficit de professionnels. Un coût élevé des soins, hors de prix pour les citoyens des étages inférieures. Les autorités savent tout cela. Elles cherchent, avec certains programmes et projets, à réparer ces manquements. La couverture maladie pour certaines personnes à faible revenu. La construction de nouveaux hôpitaux. La prise en charge des seniors. Il y a des initiatives. Mais elles sont largement insuffisantes. Des réformes ne suffiront pas. Il faut aller vers une révolution du système sanitaire.
Les politiques de santé changent et les dépenses s’épuisent, sans régler le problème. Qui ne connaît pas un proche, qui attend de mourir dans sa chambre. Car les frais de prise en charge de sa maladie sont exorbitants. Beaucoup de nos parents souffrent de pathologies graves. Pour la plupart, il ne reste qu’une seule solution : souffrir en attendant le trépas. La promesse de la République est de veiller au bien-être des populations. Aussi, une politique sanitaire conséquente doit entériner l’universalité et la diversité des soins. Chaque citoyen doit pouvoir se soigner, lorsqu’il tombe malade. Quelle que soit sa situation économique ou sociale. Qu’il habite le Cap-Vert où le Fulaadu. Il faut consacrer le principe. Il doit guider les politiques sanitaires su Sénégal. C’est la responsabilité de l’Etat. Que ceux qui aspirent à gouverner, ou qui sont aux affaires, l’assument. Sans cela, les sans-grades continueront de mourir vulgairement. Si nous parvenons à faire de l’accès au soin un droit universel, nous pourrons rapidement tracer une voie d’avenir pour notre pays.
L’homme et la femme, en bonne santé et biens éduqués, constituent l’investissement le plus rentable pour une nation. Comment rendre possible ce principe ? Évidemment les ressources de l’Etat ne sont pas illimitées. Une couverture santé universelle nécessite beaucoup de moyens. Elle est pourtant possible, puisque d’autres nations l’ont mise en œuvre. Car elles savent que ce sont des corps solides qui assurent la prospérité. Mais, dans notre pays les esprits sans imagination et les gouvernants dénués de volonté valorisent la résignation et la passivité. Si notre État ne parvient à trouver les moyens d’assurer la santé pour tous, alors à quoi sert-il ? Si nous acceptons, en tant que citoyen la fiction étatique, c’est pour que nos problèmes de base soient réglés par ses représentants. Nous devons discuter de cela, avec une énergie positive. Posons cet axiome : au Sénégal, que l’on soit riche ou pauvre, on doit pouvoir se soigner dans des hôpitaux publics répondant aux normes internationales. Maintenant, tirons tous les arguments et les conséquences de cette doctrine.
Cela veut dire, d’abord, qu'il faudra revoir notre contrat social. Ses limites et ses ouvertures possibles. Comment mutualiser nos forces et constituer nos propres coopératives économiques et sociales ? Comment utiliser, à bon escient, nos compétences pour bâtir et prendre en charge nos nécessités vitales ? Comment développer les innovations dont on a besoin ? Comment dépasser nos limites objectives ? Comment développer le génie de la science, de l’industrie et de l’organisation ? Puis, nous devrons trouver les moyens d’augmenter les solidarités.
En agitant toutes ces possibilités, nous pourrons voir nos forces, et traduire tangiblement nos vœux. Nous pourrons trouver des alternatives et des impulsions créatrices. Il faut bousculer nos imaginations, pour vivre dans un pays décent. Où la médecine est accessible. L’éducation aussi. Et la justice, et la sécurité. Et toute chose qui assure la vigueur morale des hommes et des femmes. La santé n’est pas un variable d’ajustement. C’est un droit fondamental. Si nous le voyons tous ainsi, nous ferons un grand pas. Et, au lieu de construire des autoroutes et une ligne de chemin de fer aux coûts exorbitants, au lieu de dépenser de l’argent qui ne sauve pas des vies, l’Etat aurait soigné et éduqué ses co-contractants. Et, alors, A. Dieng ne serait pas obligée d’appeler à l’aide publiquement, et de blesser sa dignité. Pour continuer à vivre.
Ne se sentant nullement en danger sur les deux aspects essentiels de la coopération monétaire avec ses anciennes colonies en Afrique (la parité fixe avec l’euro et la garantie de convertibilité), deux sénateurs français ont expliqué à leurs collègues les réformes juste ‘’symboliques’’ sur la monnaie des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa).
Loin du tollé suscité sur le continent africain par le contenu de la réforme du franc CFA des États de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), le Sénat français a mené une étude sur l’impact des changements induits par ce nouvel accord monétaire entre la France et ses anciens colonisés de l’Afrique de l’Ouest.
Mercredi 30 septembre 2020, la Commission des finances a autorisé la publication des communications de Nathalie Goulet et Victorin Lurel, rapporteurs ayant travaillé sur cette question, sous la forme d’un rapport d’information sur la Zone franc. Pour servir la France, leurs enquêtes ont permis de dégager trois principales pistes de réflexion pour aller plus loin dans cette réforme : ‘’S’engager à renommer la Zone franc, dont le nom est source de confusion sur sa nature et sur le rôle qu’y joue la France ; renforcer la communication sur la réforme et poursuivre les réflexions sur le rôle que devrait y jouer la Banque centrale européenne.’’
Toutefois, plusieurs facteurs font douter les sénateurs français de la réalisation, à court-terme, du projet ‘’Eco’’ de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) pour une réforme plus approfondie de la coopération monétaire en Afrique de l’Ouest. Le rapporteur spécial sénateur (Union centriste) de l’Orne et son collègue sénateur (socialiste et républicain) de la Guadeloupe ont mis un grand bémol sur la communication des autorités françaises sur les réformes du franc CFA, estimant que ‘’la France a déjà perdu, sur le franc CFA, la bataille de l’image’’. Une erreur qu’ils conseillent au gouvernement de ne pas répéter sur la réforme.
‘’Certains, expliquent-ils, n’y voient qu’une arnaque politique ou la continuité d’une servitude monétaire, tandis que d’autres parlent d’avancée réelle ou de semi-révolution. Dans ce domaine, la communication est un élément stratégique dont les autorités et les institutions françaises doivent mieux tirer parti, au risque que le message de la réforme ne se dilue dans un contexte plus général de revendications à l’encontre de la France. La difficulté, et elle a été soulignée à juste titre par la Banque de France et le Trésor français, est que le discours français n’est souvent perçu que comme une défense par Paris de ses propres intérêts’’.
Une réforme pour taire les critiques
Mais quelles sont ces réformes ? Tel que dénoncé par de nombreux activistes, membres de la société civile, opposants politiques et économistes des pays membres de l’Uemoa (et au-delà), les sénateurs reconnaissent que ‘’la réforme ne revient toutefois pas sur deux aspects essentiels de la coopération monétaire : la parité fixe avec l’euro et la garantie de convertibilité’’.
En effet, les réformes annoncées le 21 décembre 2019 à Abidjan, en présence du président de la République française Emmanuel Macron, par le président ivoirien Alassane Ouattara (le changement du nom de la monnaie de l’Uemoa, franc CFA, en Eco ; la fin de la centralisation des réserves de change de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest auprès du Trésor français et donc la fermeture du compte d’opérations ; et le retrait de la France des instances de gouvernance dans lesquelles elle était présente) s’attachent avant tout, d’après les deux rapporteurs, ‘’à mettre fin aux aspects qui se sont avérés les plus critiqués’’ du franc CFA.
Ces points sont identifiés par Nathalie Goulet et Victorin Lurel comme ‘’le nom hérité de la colonisation, la présence française, source de toutes les rumeurs sur une ‘’ingérence française’’, la fin de la centralisation des réserves de change, accusée de servir de ‘’caisse secrète’’ à la France’’.
En attendant, ces changements prendront corps dans un nouvel accord de coopération monétaire, que le Parlement français devrait examiner d’ici la fin de l’année 2020. Une nouvelle convention de garantie sera également signée entre le ministère français de l’Economie et des Finances et la BCEAO.
Les sénateurs n’ont pas oublié d’évaluer le risque financier que constituera cette réforme du franc CFA, même si elle ne remet pas en cause certains paramètres fondamentaux de la coopération monétaire entre la France et l’Afrique de l’Ouest. Leurs conclusions est que la réforme en Afrique de l’Ouest se traduira, tout d’abord, par une petite économie pour la France : ‘’La fermeture du compte d’opérations entraine, en effet, avec elle, la fin des conditions avantageuses de rémunération pour les avoirs extérieurs nets déposés par la BCEAO auprès du Trésor, au titre de l’obligation de centralisation de 50 % de ses réserves de change. La France a versé 40,6 et 40,4 millions d’euros à la BCEAO en 2018 et en 2019, au titre de la rémunération de ses avoirs extérieurs nets.’’
La France va garder 40 millions d’euros (26 milliards de francs CFA) par an
Tout en mettant fin à la centralisation des réserves de change, le projet de nouvel accord de coopération monétaire maintient la garantie de convertibilité illimitée et inconditionnelle assurée par la France. Cet apparent ‘’décalage’’ s’explique, selon les sénateurs, par la mise en œuvre de nouveaux mécanismes de remontée d’information pour permettre à la France d’avoir de la visibilité et de piloter son risque financier. Et ‘’ces dispositifs seraient, en outre, plus souples et plus efficaces pour mesurer le niveau des réserves de change de la BCEAO et le risque d’appel en garantie. Ce n’est donc pas le maintien d’une ‘’mainmise’’ française, comme les rapporteurs ont pu l’entendre, mais la contrepartie de l’octroi de la garantie de convertibilité en l’absence de centralisation des réserves et de représentants français dans les instances techniques de la BCEAO (hors période de crise)’’, concluent-ils.
Nathalie Goulet et Victorin Lurel ont expliqué qu’entre une réforme qui serait d’abord symbolique et une autre plus profonde, avec la remise en cause de certains mécanismes de la Zone franc pour mieux les adapter à leurs fondamentaux économiques, les décideurs souverains des pays de l’Uemoa ont choisi la première option. ‘’Ils se sont attachés aux garanties que leur apporte la Zone franc, notamment en matière de stabilité macroéconomique et de convertibilité des devises’’.
Si on ajoute à cela la complexité que pose le géant nigérian dans la zone et plus généralement les pays anglophones sur l’ampleur des changements qui devraient être conduits sans trop déstabiliser les économies de la région (passage à un régime de change flexible, arrimage à un panier de devises), le défaut de convergence des pays, les sénateurs français doutent sérieusement de la mise en œuvre de l’Eco version CEDEAO.
Ils préviennent toutefois qu’à moyen et long terme, rien ne dit que la réforme du franc CFA ne constituera pas une première étape vers une remise en cause plus profonde des principes et mécanismes de la Zone franc (modification de la parité ou de l’arrimage).
En attendant d’y être, ils préconisent d’accompagner cette ‘’modernisation des accords de coopération monétaire’’.
LA GRANDE ARNAQUE
Saucissonnage du territoire, manœuvre politicienne, politisation de la décentralisation, les arguments ne manquent pas pour mettre à mal le projet relatif à la départementalisation de Keur Massar
Saucissonnage du territoire, manœuvre politicienne, politisation de la décentralisation, les arguments ne manquent pas pour mettre à mal le projet relatif à la départementalisation de Keur Massar. Pourtant, les enjeux de développement semblent palpables, aux yeux de certains experts.
Aux origines de l’Acte 3 de la décentralisation, ils avaient promis la cohérence territoriale, la mutualisation des compétences de certaines communes pour accroitre leur viabilité. A l’arrivée, ils procèdent surtout à un autre saucissonnage des territoires, plus tourné vers la satisfaction d’une clientèle politique que vers un véritable souci de régler les problèmes des populations. Aux gens de Keur Massar piégés par les eaux pluviales, faute d’assainissement, le président de la République a promis l’exhumation d’une vieille revendication politicienne : la départementalisation.
Se pose ainsi la question des critères pertinents à respecter pour un découpage réussi. Expert en décentralisation, Amadou Sène Niang explique : ‘’Il y a le critère démographique jusque-là privilégié par le Sénégal. Il y a aussi l’aspect territorial, à savoir la superficie de la collectivité. Mais il faut aussi tenir compte de la viabilité économique du territoire qui me semble fondamentale. Dans le cas de Keur Massar, l’aspect démographique a été prépondérant, puisque la commune fait 600 000 habitants. Mais c’est un critère qui ne saurait être suffisant.’’
En tout cas, l’annonce a soulevé des vagues. La mise en œuvre risque d’être encore plus problématique. Ajouter aux quatre départements que compte déjà Dakar, un cinquième, cela semble bien plus facile à dire qu’à faire. Le premier écueil risque de porter sur les communes et arrondissements qui vont composer ce futur nouveau département. Plusieurs options s’offrent aux pouvoirs publics. C’est du moins ce qui ressort des explications de M. Sène Niang.
D’abord, considérer uniquement les limites de la commune de Keur Massar pour former le futur département. Ensuite, ajouter à la commune de Keur Massar une partie de Rufisque et Pikine pour l’érection du futur département. De plus, le gouvernement pourrait faire un nouveau découpage qui va concerner tout le territoire de la région de Dakar. Last but not least, le spécialiste trace même une quatrième voie qui consisterait à considérer les régions de Dakar et Thiès pour procéder à un nouveau découpage, plus ambitieux et qui va permettre de corriger les disparités territoriales et/ou économiques. ‘’Cette option me semble plus audacieuse et pertinente, mais il va falloir une réelle volonté pour la mettre en œuvre’’, analyse l’expert.
Qui ajoute : ‘’En fait, la question fondamentale qu’il faudra régler, c’est de savoir s’il est pertinent de créer 5 départements dans la région la plus petite du territoire national ? Pour moi, c’est impertinent. D’autant plus que nous voyons des espaces beaucoup plus vastes et aussi populeux comme Touba, qui ne sont pas érigés en département. Pour moi, 5 départements, c’est trop pour Dakar. C’est pourquoi je pense que ce découpage ne sera vraiment pertinent que s’il permet de repenser le découpage de toute la région de Dakar au minimum’’.
Mais à entendre le président de la République Macky Sall, le choix semble déjà fait. Et c’est la deuxième option qui semble le plus avoir son assentiment. Le futur département, en sus du territoire de Keur Massar, va rogner, si son projet aboutit, un peu sur Rufisque et Pikine. C’est du moins ce qui ressort de son propos, lors de sa visite aux sinistrés de Keur Massar. Il disait : ‘’J’ai demandé au ministre des Collectivités territoriales de travailler sur la question avec les autorités administratives, les élus, les autorités coutumières, les maires de Pikine, Guédiawaye, de Rufisque… Afin… Rufisque dans ses parties comme Jaxaay et autres, pour voir la cohérence territoriale pour le futur nouveau département de Keur Massar’’, précisait-il.
A l’en croire, la motivation de ce découpage reposerait sur les opportunités de Keur Massar que sont : sa population, ses problèmes d’assainissement et d’urbanisation, et d’une demande des populations. Sauf que l’assainissement n’est pas une compétence transférée aux collectivités territoriales.
L’alternative
L’option prise par le chef de l’Etat est certes l’une des moins complexes, mais elle est loin d’être sans embarras. En ce qui concerne Pikine, par exemple, les communes les plus proches de Keur Massar qui risquent d’être phagocytées, sont Malika, Yeumbeul, entre autres. Déjà, dans la première commune, certaines voix se sont élevées pour poser leurs conditions ou montrer leur opposition. A les en croire, il est hors de question de rattacher leur territoire au futur département qui aura comme chef-lieu de département Keur Massar. Troisième adjoint au maire de Pikine et en même temps habitant de Yeumbeul-Nord, Matar Diop salue, pour sa part, l’annonce du président.
Mais, interpellé sur un éventuel rattachement de son Yeumbeul natal au futur département, il rétorque : ‘’Là, j’aurais une seule doléance. Au lieu de dire département de Keur Massar, je l’appellerai département des Niayes. Au lieu de Keur Massar, je préfère que Yeumbeul-Nord soit le chef-lieu de ce département, parce que Yeumbeul a une histoire. Yeumbeul est un village traditionnel…’’.
Selon M. Diop, pour réunir ces communes dans une seule entité, il va falloir tenir compte de beaucoup de paramètres : les réalités sociologiques, historiques…
On le voit, même pour certains membres de la majorité favorable à la départementalisation, l’idée de leur patron est géniale tant qu’il ne s’agit pas de diluer leur commune ancienne dans la future collectivité, qui doit avoir Keur Massar comme chef-lieu de département. En fait, aussi grande soit cette dernière, en termes de population comme en termes de superficie, elle a la ‘’faiblesse’’ d’être l’une des dernières nées du département de Pikine.
Un saucissonnage incontournable de Pikine et Rufisque
En revanche, pour ce qui est de Rufisque, il semble y avoir moins de difficultés. En effet, les principales communes qui risquent d’être concernées par ce remembrement, c’est Jaxaay et Tivaouane-Peul. Lesquelles sont nées bien après Keur Massar et ne risquent pas de trainer ce complexe d’ancienneté. Mais attention à l’orgueil humain, aux ego surdimensionnés qui risquent de porter atteinte à l’ambition présidentielle ou à la manœuvre présidentielle.
Administrateur civil à la retraite, Bafodé Kallo prévient : ‘’Je ne maitrise pas tellement cette zone, mais j’ai entendu des voix s’élever dans les communes environnantes, tout de suite après la déclaration du chef de l’Etat. Eux aussi ont réclamé que leur commune soit érigée en chef-lieu de département. Ce qui n’est pas pour faciliter les choses. Mais c’est de bonne guerre. Chacun voulant le meilleur pour son territoire. Ainsi est l’être humain. C’est l’Etat qui doit trancher en toute objectivité, en mettant de côté les considérations politiciennes.’’
Pour l’heure, les maires directement concernés refusent catégoriquement de se prononcer. Il faut souligner que la plupart des communes ciblées sont contrôlées par la majorité. De Yeumbeul à Jaxaay, en passant par Malika et Tivaouane-Peul, c’est l’omerta chez les édiles que nous avons pu contacter.
L’exemple de ce qu’il ne faut pas faire
Au Sénégal, les exemples de découpages politiciens font florès. De 1996 à 2013, la plupart des découpages ont eu des soubassements partisans. Pour la présente initiative, ils sont nombreux, les observateurs, à croire que le président de la République a déterré ce projet juste pour calmer les populations très frustrées par la gestion des inondations. En quoi l’érection d’un département peut-il résoudre le problème des inondations ? Cette question mérite d’autant plus d’être posée que l’assainissement n’est pas une compétence transférée aux collectivités territoriales.
Ironie de l’histoire, c’est une ancienne victime directe des découpages politiciens qui va conduire le projet du président Sall. Coordonnateur du Forum civil à Rufisque, Djiby Guèye ironise : ‘’J’espère qu’il ne va pas en faire une revanche.’’ Et de poursuivre : ‘’On se rappelle l’affaire Sangalkam, avec un découpage qui avait beaucoup plus obéi à des préoccupations de politique politicienne qu’à autre chose. La suite, tout le monde la connait. En sus d’une mort d’homme, cela a engendré jusque-là des conséquences néfastes dans l’administration des quartiers, mais surtout dans l’impact économique que devait avoir toute cette zone rurale sur les populations. Je pense que tout cela mérite réflexion, avant d’entamer de nouveaux projets. Il faut réfléchir sur la conséquence de ces découpages tous azimuts.’’
Pour rappel, la grande commune de Sangalkam regroupait, dans un espace géographique rural très vaste, plusieurs villages y compris Bambilor. Lieu propice au développement de l’élevage, de l’agriculture, du maraichage, de l’agro-industrie, la commune, qui disposait également d’une assiette foncière très importante, avait tous les atouts pour prendre son envol. Hélas, pour casser du Oumar Guèye, à l’époque membre de Rewmi (opposition), le régime libéral d’alors avait réduit cette commune à presque néant, avec trois villages principalement : Noflaye, Sangalkam et Ndiakhiratt. ‘’Aujourd’hui, regrette Djibril Guèye, il ne reste de cette grande commune que les grandes infrastructures qu’elle avait déjà : le district sanitaire, la gendarmerie, la sous-préfecture… Tout le reste est rattaché à Bambilor, qui s’étend sur plusieurs villages et qui borde Sangalkam de part et d’autre. C’est une grande aberration’’.
A titre d’illustration, pour un habitant du village de Keur Ndiaye Lo (commune de Bambilor), il faut traverser toute la commune de Sangalkam pour se rendre à Bambilor. Il en est de même des gens de Kounoune, Keur Daouda Sarr et autres. La conséquence : tous ces villages demandent, aujourd’hui, à être communalisés. Djiby Guèye déclare : ‘’On ne peut pas avoir une commune assez pauvre économiquement. Il faut savoir raison garder. Maintenant, en toute objectivité, je ne pense pas que c’est le cas de Keur Massar, qui a quand même une démographie très importante. Cette commune a plus de populations que tout le département de Rufisque réuni. Si Guédiawaye a pu être érigé en département, rien ne l’empêche pour Keur Massar. L’essentiel, pour moi, est de ne pas en faire une question politique comme il est d’usage. C’est une question d’experts. Les économistes sont interpellés, la sécurité est interpellée, les aménagistes sont interpellés pour réfléchir sur la meilleure option possible…’’
En sus de son poids démographique important, Keur Massar a aussi des infrastructures dignes des grandes agglomérations. Djibril Guèye cite les infrastructures, les marchés, les lieux de stationnement, même certaines industries qui justifieraient son sevrage de Pikine.
Les atouts de Keur Massar
Embouchant la même trompette, Matar Diop défend avec véhémence le projet de son leader, malgré la réserve sus indiquée. ‘’Personnellement, souligne-t-il, je trouve que c’est une bonne décision, vu la dimension de la commune de Keur Massar. On ne connait pas encore les communes qui vont constituer ce futur département, mais on considère qu’il y a des opportunités économiques extrêmement importantes. Nous pensons que les problèmes d’infrastructures pourront ainsi mieux être pris en charge. Déjà, il y a la question des inondations ; les problèmes de sécurité… Toutes ces questions pourraient être mieux prises en charge avec la départementalisation’’.
Selon lui, c’est même devenu un impératif, pour impulser une nouvelle dynamique à ce territoire. ‘’Aussi, justifie-t-il, il y a 16 communes à Pikine. Si le président a estimé nécessaire de faire de Keur Massar un département, c’est parce qu’il a jugé de la densité de Keur Massar. L’érection d’un département va permettre à Keur Massar et aux autres communes qui vont en dépendre de disposer davantage de moyens pour mener leurs politiques’’.
D’après les rumeurs, avance le responsable politique, ce futur département va englober Keur Massar, Jaxaay et Tivaouane-Peul. Mais il ne s’agit que de supputations. Pour l’heure, il n’y a rien de concret. En tout cas, pour les communes de Jaxaay et Tivaouane-Peul, leur rattachement serait tout à fait logique, si l’on en croit M. Guèye. Son argument : ‘Pour ces populations, évacuer leurs malades sur Keur Massar est plus facile qu’évacuer sur l’hôpital Youssou Mbargane. Ce serait plus cohérent, à mon avis’’.
Mais, a-t-il ajouté, il faudrait d’abord que les préalables soient mis en place. ‘’Ce n’est pas parce que le président l’a dit que c’est possible. Pour que ces choses aient l’impact qu’il faut, il ne faut pas tout ramener à la politique. Il faut étudier la question sous les angles économique, historique et culturel. On ne doit pas confier une telle tâche à une seule personne. On ne doit pas se lever un beau jour et décréter cette départementalisation. Les antécédents ont créé des conséquences néfastes’’, alerte le coordonnateur départemental du Forum civil.
CINQ CHOSES À SAVOIR SUR LA GUINÉE
La Guinée, où le président Alpha Condé, cible d'une contestation depuis un an, brigue un troisième mandat dimanche, est un pays d'Afrique de l'Ouest pauvre, malgré des ressources naturelles considérables
Cette ancienne colonie française est le seul pays d'Afrique francophone à avoir rejeté en 1958 la Communauté franco-africaine proposée par De Gaulle.Le pays opte pour l'indépendance et instaure un régime socialiste dirigé d'une main de fer par Ahmed Sékou Touré pendant un quart de siècle.
Son régime est responsable de la mort ou la disparition de 50.000 personnes, selon les organisations des droits humains, et de l'exil de centaines de milliers d'autres.
Après sa mort en 1984, Lansana Conté, un militaire, prend le pouvoir par un coup d'Etat.Elu président en 1990, il est réélu à deux reprises lors de scrutins ni libres ni transparents.
En décembre 2008, Lansana Conté meurt d'une longue maladie.Une junte dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara s'empare du pouvoir sans effusion de sang.
Mais le 28 septembre 2009, l'armée réprime dans le stade de Conakry un rassemblement de milliers d'opposants à sa candidature à la prochaine présidentielle: 157 personnes sont tuées et 109 femmes violées, selon l'ONU.
En décembre, Moussa Dadis Camara est grièvement blessé par son aide de camp, une tentative d'assassinat qui ouvre la voie à une transition démocratique.
- Transition démocratique -
Le 7 novembre 2010, l'opposant historique Alpha Condé est élu président lors du premier scrutin démocratique.Il est réélu en 2015 pour un second mandat, au terme d'un vote émaillé de violences et d'accusations de fraude.
Depuis un an, la Guinée connaît une contestation, parfois durement réprimée, contre le projet prêté à M. Condé de briguer un troisième mandat, intention qu'il a finalement confirmée en septembre 2020.Des dizaines de civils ont été tués lors de heurts.
Il argue que la nouvelle Constitution adoptée en mars remet à zéro le compteur de mandats présidentiels, mais l'opposition dénonce un "coup d'Etat constitutionnel".
- Richesses sous-exploitées -
Ce pays musulman à plus de 80% est composé de nombreuses ethnies, en premier lieu les Peuls et les Malinkés.
Limitrophe de la Sierra Leone, du Liberia, de la Côte d'Ivoire, du Mali, du Sénégal et de la Guinée-Bissau, la Guinée renferme dans ses 245.900 km2 d'importantes ressources naturelles.
C'est l'un des premiers producteurs mondiaux de bauxite.Elle possède des gisements de fer, d'or, de diamant et de pétrole.
L'agriculture reste le principal vecteur d'emplois.
M. Condé a entrepris des réformes pour diversifier l'économie et développer le secteur minier.
Le pays a connu une croissance de 6% en 2018 et 6,2% en 2019, selon la Banque africaine de développement (BAD), grâce à la hausse des investissements directs étrangers dans le secteur minier et à une certaine amélioration de la production d'électricité.
Pour 2020, en raison de l'épidémie de coronavirus, la BAD s'attendait en avril à une croissance ralentie à 1,4% dans le meilleur des cas voire à une contraction du PIB de 1,8%.
La Guinée, gangrenée par la corruption (130ème sur 180 pays selon Transparency International), connaît de fortes inégalités.Plus de 55% des habitants (13,6 millions en 2019) vivent sous le seuil de pauvreté.Beaucoup n'ont pas accès à l'électricité et à l'eau courante, selon la Banque mondiale.
- Excision et Ebola -
C'est l'un des pays où l'excision est la plus pratiquée, avec une proportion de 97% des filles et femmes en 2014, selon l'Unicef.
L'épidémie la plus meurtrière d'Ebola (décembre 2013-2016) a démarré en Guinée, causant la mort de plus de 11.000 personnes en Afrique de l'Ouest, dont 2.500 dans le pays.
- Musique mandingue -
La Guinée est avec le Mali le berceau de la musique mandingue, jouée avec des instruments emblématiques comme la kora ou le balafon.
Parmi ses plus célèbres représentants, Mory Kanté, décédé en mai, qui a décroché un tube planétaire en 1987 avec "Yeke Yeke".
LES ÉLECTEURS GUINÉENS ENTRE CRAINTE ET ESPOIR
Ils étaient là par dizaines, tôt dimanche matin, à glisser leur bulletin dans l'urne pour choisir le prochain président de la Guinée, le coeur partagé entre les craintes de violences post-électorales et l'espoir d'un avenir meilleur
L'école primaire Federico Mayor de Kaloum, quartier de Conakry où se trouvent les centres de décision guinéens, est une sorte d'oasis éducatif au bord de l'Océan atlantique, avec vue sur les chalutiers, au milieu d'arbres géants.
Plusieurs bureaux de vote ont été installés dans les salles de classe.Au mur, une grande inscription: "L'enfant n'est pas un vase qu'on remplit mais un feu qu'on allume".
Avant même l'heure officielle du début des opérations, fixée à 08H00 (GMT et locales), c'est la grosse agitation parmi les électeurs, les observateurs, le personnel chargé de conduire les opérations.Dans les salles, des représentants des candidats surveillant le vote.
La température est clémente et il est même tombé quelques gouttes de pluie, une bénédiction.Les forces de sécurité sont en nombre mais restent discrètes.
Les Guinéens doivent lors de ce premier tour départager 12 candidats, dont deux femmes.Les deux favoris sont le président sortant, Alpha Condé, 82 ans, et le leader d'opposition Cellou Dalein Diallo, 68 ans.
La campagne a été émaillée d'invectives, d'incidents et d'obstructions, de heurts qui ont fait plusieurs blessés entre militants.
De l'issue du scrutin, qui ouvre une séquence électorale chargée en Afrique de l'Ouest, Mohamed Fode Camara attend "la paix", ainsi qu'une évolution favorable "pour l'emploi des jeunes et contre la pauvreté".
Cet administrateur civil au ministère des Affaires sociales, qui estime qu'Alpha Condé "a déjà fait beaucoup en 10 ans", dit "craindre le jour de la proclamation des résultats"."Dieu va nous sauver Inch' Allah.On veut la paix, pas la bagarre".
A l'école Federico Mayor, les opérations se déroulaient sans tension apparente.On entre, on donne son nom avec sa carte d'électeur et les agents le cherchent sur des listes interminables.Puis ils donnent les bulletins, on se retire derrière l'isoloir, on met celui de son choix dans une enveloppe, puis dans l'urne transparente.
On trempe ensuite son doigt dans un pot d'encre violette indélébile, pour ne pas aller voter ailleurs.
- "La vie est dure" -
C'est ce qu'a fait Mamadou Alpha Barry, T-shirt clair, oreillettes sur la tête, un des très rares à porter un masque.A 37 ans, il dit qu'il a fini ses études de médecine en 2013 et qu'il cherche toujours un emploi.
"C'est un jour très important, très spécial.Nous attendons beaucoup de changements, surtout pour l'emploi des jeunes, un changement des conditions de vie, car la vie est dure pour 95% des Guinéens", explique M. Barry.
"Je suis très inquiet, on a vu beaucoup de choses pendant la campagne.Les Guinéens sont divisés.J'attends un président qui les réconcilie et qui montre que nous sommes une seule et même famille", ajoute-t-il.
Aicha Camara, commerçante de 42 ans, est venue tôt également, parce que c'est important et qu'elle doit retourner au travail."On a un bon président, on a la liberté", dit-elle.Sur les difficultés économiques du pays, elle est plus évasive: "On ne peut pas tout dire".
La commerçante est elle aussi inquiète."Il y a des gens qui veulent quelqu'un d'autre.Il y a de gros risques le jour de la proclamation des résultats.Là où on va, on ne sait pas".
LA GUINÉE LANCE UN CYCLE ÉLECTORAL DÉLICAT
Près de cinq millions et demi de Guinéens ont commencé dimanche à voter pour choisir leur prochain président, premier rendez-vous sous tension d'un calendrier électoral ouest-africain chargé, scruté avec inquiétude par les avocats de la démocratie
A l'école Federico Mayor de Kaloum, oasis éducatif au bord de l'Océan atlantique dans ce quartier de Conakry où se trouvent les centres de décision guinéens, des dizaines d'électeurs ont commencé à voter avec plus d'une demi-heure d'avance sur l'horaire prévu.
On entre, on donne son nom avec sa carte d'électeur et les agents le cherchent sur des listes interminables.Puis ils donnent les bulletins, on se retire derrière l'isoloir, on met celui de son choix dans une enveloppe, puis dans l'urne transparente.On trempe ensuite son doigt dans un pot d'encre violette indélébile, pour ne pas aller voter ailleurs.
La température est clémente et il est même tombé quelques gouttes de pluie, une bénédiction.Les forces de sécurité sont en nombre mais restent discrètes.
Les bureaux de vote doivent en principe rester ouverts jusqu'à 18H00 (GMT et locales).
Cette élection, la première d'une série de cinq présidentielles en Afrique de l'Ouest avant fin 2020, se déroule dans un climat de crispation qui fait redouter des troubles, surtout autour de l'annonce des résultats, dans un pays accoutumé à ce que les antagonismes politiques fassent couler le sang.
- "On veut la paix" -
Mohamed Fode Camara, électeur à Kaloum, qui juge que le président sortant, Alpha Condé, "a déjà fait beaucoup", dit effectivement "craindre le jour de la proclamation des résultats."On veut la paix, pas la bagarre".
Douze candidats et candidates sont en lice pour diriger ce pays de 12 à 13 millions d'habitants, parmi les plus pauvres du monde malgré ses immenses ressources naturelles.
L'issue devrait se jouer entre Alpha Condé, 82 ans, et son adversaire de longue date, Cellou Dalein Diallo, 68 ans.
L'un sanguin, l'autre policé, ils s'étaient affrontés en 2010, premières élections jugées démocratiques après des décennies de régimes autoritaires, puis en 2015.M. Condé l'avait emporté les deux fois.
M. Condé, 4e président seulement qu'ait connu la Guinée indépendante (outre deux présidents par intérim), revendique d'avoir redressé un pays qu'il avait trouvé en ruines et d'avoir fait avancer les droits humains.
M. Diallo propose de "tourner la page cauchemardesque de 10 ans de mensonges", fustigeant répression policière, corruption, chômage des jeunes et pauvreté.
"Nous attendons beaucoup de changements, surtout pour l'emploi des jeunes", explique à l'AFP Alpha Barry, T-shirt clair, oreillettes sur la tête, un des très rares à porter un masque.A 37 ans, il affirme avoir fini ses études de médecine en 2013 et n'avoir toujours pas trouvé d'emploi.
Le scrutin de 2020 n'échappe pas aux tensions des précédents.Pendant des mois, l'opposition s'est mobilisée contre la perspective d'un troisième mandat de M. Condé.La contestation a été durement réprimée.Des dizaines de civils ont été tués.
Le nombre de mandats présidentiels est limité à deux.Mais pour M. Condé, la Constitution qu'il a fait adopter en mars pour, dit-il, moderniser le pays remet son compteur à zéro.
L'opposition a remis en cause la légitimité de cette Constitution.Mais M. Diallo a décidé de participer à la présidentielle, faisant valoir que pour gouverner, il fallait passer par les urnes.
Menée à coups de grands meetings fiévreux, la campagne a été émaillée d'invectives, d'incidents et d'obstructions, et de heurts qui ont fait plusieurs blessés entre militants.
L'importance des appartenances ethniques ajoute à la volatilité de la situation.
- Ne pas se laisser "voler" la victoire -
Pas question de se laisser "voler" à nouveau la victoire, répète le camp de Cellou Dalein Diallo, qui se méfie des organes jugés inféodés au pouvoir, malgré l'envoi d'observateurs africains.
Le ministère de la Sécurité a prévenu vendredi qu'il était "interdit" à quiconque d'autre que les institutions "reconnues" de publier un résultat.
"Nous ferons exactement comme le président Obama.(Si) nous avons nos propres résultats, nous pouvons faire un tweet", explique le bras droit de M. Diallo, Fodé Oussou Fofana.
La publication d'un résultat national devrait prendre quelques jours au moins.
Un éventuel second tour est programmé le 24 novembre.
Le recours aux distorsions électorales ou aux modifications constitutionnelles figure parmi les reculs de la démocratie constatés par ses défenseurs ces dernières années en Afrique de l'Ouest, autrefois jugée pionnière.
A la suite de la Guinée, des présidentielles sont prévues d'ici à fin 2020, en Côte d'Ivoire, au Burkina Faso, au Ghana et au Niger.Dès le 31 octobre, la présidentielle en Côté d'Ivoire, où le sortant Alassane Ouattara postule également à un troisième mandat, s'annonce elle aussi à hauts risques.