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3 juillet 2025
par El Hadj Hamidou Kassé
COLONNES ET ONDES DE RÉSISTANCE
Incontestablement, Sud a construit un rapport singulier avec l’histoire de notre pays. Les différentes séquences de sa trajectoire ont été ponctuées par des événements cruciaux qui lui ont conféré une influence qu’un journal peut rarement avoir
Je parviens finalement à publier “Mon” dossier sur les Organisations non gouvernementales, phénomène socio-organisationnel alors en vogue. Les bailleurs de fonds trouvaient en elles le “canal privilégié”, expression d’un de mes interviewés, pour que les ressources parviennent aux populations à la base !
J’avais remonté l’histoire de ces nouveaux développeurs dans notre pays. J’avais identifié nettement, chez certaines ONG animées par des responsables proches de la mouvance And Jëf, un “esprit mai 68”. J’avais commis alors un commentaire tantôt enthousiaste tantôt objectif... Feu Alain Agboton, qui écrivait alors avec des stylos à bille fluo, avait fait une annotation assassine en marge de mon feuillet “charabia”. Babacar Touré, pour des raisons que l’on sait, avait annoté à côté: “charabia utile”.
Plus de trois mois d’enquête, de rédaction et de correction... avant que le dossier ne paraisse dans les éditions 93 et 94 de Sud Hebdo, février 1990. Je signais mon entrée dans cette histoire étonnante d’audace, de culot, de rigueur et de générosité de cette “colonne” de journalistes contre vents et marées. C’était mon heure de gloire. Le petit lait, il faut le boire. C’est qu’en effet, pour un jeune qui vient d’arriver, publier dans les colonnes de cet hebdomadaire prestigieux était un suprême privilège.
Incontestablement, Sud a construit un rapport singulier avec l’histoire de notre pays. Les différentes séquences de sa trajectoire ont été ponctuées par des événements cruciaux qui lui ont conféré une influence qu’un journal peut rarement avoir. Les générations d’ajustement structurel, les poussées rebelles de février 1988 à la suite des élections, le violent malentendu et regrettable malentendu Sénégal-Mauritanie, l’affaire Me Sèye, le feuilleton du “sucre roux d’aspect blanchâtre”, la dévaluation du franc CFA et la grève générale, le clivage refondateurs et rénovateurs au Parti socialiste, les grands dossiers politiques, économiques, culturels, de société, de géopolitique ... ont nourri l’identité d’un titre, de Sud Magazine à Sud Quotidien, en passant par Sud Hebdo et Sud au Quotidien.
Le professionnalisme en bandoulière, cette école de la rigueur avait pris le parti d’être au coeur des mutations de la société sénégalaise dans leur versant démocratique et progressiste. Le patriotisme économique émergent revendiqué par la Confédération nationale des employeurs du Sénégal, l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal, l’Union nationale des syndicaux autonomes du Sénégal, les intellectuels résistants et autres militants politiques exclus des médias publics ont trouvé dans les colonnes, j’allais dire les tranchées de Sud, des espaces ouverts d’expression et de mise à l’épreuve de leur sens de l’histoire. Une telle ouverture ne s’explique pas seulement parla rupture avec les médias publics. Sud était aussi un colonne d’intellectuels essentiellement de gauche, avec à leur tête la figure timonière de Babacar Touré qui en a eu une approche très militante, au sens de l’engagement axiomatique, sous fond de professionnalisme incontestable. Ce parti pris éditorial n’était pourtant pas inscrit dans une optique d’opposition au pouvoir en place : Sud a contribué de façon décisive à éviter à notre pays des dérives incertaines.
Sud Fm, première radio privée, est venue renforcer et diversifier l’offre éditoriale de Sud déterminée à proposer aux Sénégalais non seulement des sources d’information plurielle mais aussi des espaces d’expression directe: antenne ouverte et reportages sur le quotidien des gens. A Sud Fm, cette pionnière qui tient haut le drapeau, nous souhaitons un joyeux anniversaire : un quart de siècle se fête, non pas dans la modalité des envolées nostalgiques, mais dans la réaffirmation de la fidélité, la puissance et la force d’un outil qui s’est façonnée dans les convulsions qui rythment le devenir de notre Nation et de notre peuple.
El Hadj Hamidou Kassé, SUD (1990-1995)
par Babacar Justin Ndiaye
LE SÉNÉGAL A BESOIN D'HOMMES D'ÉTAT ET NON DE ZÈBRES D'ÉTAT
La littérature ordurière et l’éloquence boueuse structurent, de façon rageuse, le débat national. Chose, à la fois cocasse et curieuse, le trio déchainé (Cissé Lo, Farba Ngom et Yakham Mbaye) furent et/ou demeurent des fidèles fiévreux du président Sall
Citadelle de tous les raffinements, sous le magistère du poète-président Léopold Sédar Senghor, le Sénégal devient inexorablement le bastion de toutes les grossièretés. Maitre Lamine Guèye qui avait le double don de l’élégance et de l’éloquence, trésaille convulsivement dans son linceul, en recevant, outre-tombe, les échos répugnants du débat débile en cours sur l’échiquier politique.
Les observateurs interloqués s’interrogent : par quelle malvenue alchimie, le fécond choc des idées s’est mué en triste télescopage des insanités ? L’une des explications (la liste des causes est évidemment longue) renvoie globalement à la dégradation accélérée de la gouvernance étatique et à la vie politique subitement au rabais. Le culte de l’ascension sociale – via la politique – et l’absence d’initiation à la responsabilité nationale en sont les nettes illustrations.
La réalité est de plus en plus accablante. Les artilleurs de l’injure massive et les voltigeurs des insanités en rafales tiennent fâcheusement le haut du pavé. La littérature ordurière et l’éloquence boueuse (celle des caniveaux) structurent, de façon rageuse, le débat national. Chose, à la fois cocasse et curieuse, le trio déchainé (Moustapha Cissé, Farba Ngom et Yakham Mbaye) furent et/ou demeurent des fidèles fiévreux voire furieux du Président Macky Sall.
Bien entendu, les prestations, toutes outrancières, reflètent un tiercé de styles bien décalés. Le polémiste Yakham Mbaye peaufine ses écrits, en y couchant une fine pellicule d’érudition ou un vernis d’académisme. Ce qui embellit mais n’amortit guère la frappe toujours ajustée là où ça fait atrocement mal. Le Député Moustapha Cissé Lo balance des bordées d’injures à la manière d’un tireur sourd au cessez-le-feu. Quant au Maire Farba Ngom, il parle sans ambages ni emballages. Avec un verbe qui allume sa cible, à la manière d’une mitraillette en folie. Chez Farba Ngom, la pertinence est le cadet des soucis, l’essentiel est de déchiqueter les contempteurs ou les ennemis du Président Macky Sall.
On est aux antipodes des débats – percutants mais savants – de l’ère Senghor-Cheikh Anta Diop-Majmout Diop. C’était la profusion des idées et non la débauche des inepties. On était convié au festival de la pensée et non attiré vers le banquet de la bêtise. Les grandes plumes du senghorisme (Abdou Salam Kane alias ASAK, Mocktar Kébé, Habib Thiam, Bara Diouf, et l’Ambassadeur Momar Seyni Mbengue) croisaient le fer avec les rédacteurs idéologiquement bien armés (Samba Diouldé Thiam, Sémou Pathé Guèye et le Président Mamadou Dia) du journal « AND SOPI » et des publications de la gauche sénégalaise.
Le regrettable virage a été amorcé durant le premier mandat du président Abdoulaye Wade. Au lendemain de la brouille entre le Président et son Premier ministre, Idrissa Seck, le journal « Il est Midi » fut porté sur les fonts baptismaux. Objectif : démolir Idrissa Seck et pulvériser son influence immense dans le PDS. Pour la première fois, le débat politique a évacué les arguments et amoncelé les immondices. La littérature ordurière a fait florès dans les allées du Pouvoir libéral. Des attaques en dessous de la ceinture ont visé les bêtes noires du wadisme triomphant comme Latif Coulibaly, Penda Mbow, Idrissa Seck, Ousmane Tanor Dieng etc. La vérité historique commande de rappeler que le président Abdoulaye Wade et le Premier ministre Macky Sall avaient parrainé et financé le journal « Il est Midi ».
Il est temps que les Sénégalais soucieux de la protection et de la vitalité des institutions sonnent le tocsin ; afin que cette pluie d’injures cesse de tomber. Car le débat sale, salace et dégueulasse éloigne le pays des cimes de la bonne gouvernance et, à contrario, le précipite dans les bas-fonds où grouillent et grenouillent des fripouilles de la politique. Les compatriotes et administrés du Président Macky Sall sont nostalgiques des hommes d’Etat, d’hier, et horrifiés par les zèbres d’Etat, d’aujourd’hui.
par Adama Aly PAM
MULTIPLE PHOTOS
IL FAUT SAUVER LE MARCHÉ SANDAGA
Ils ont renoncé à comprendre comment les différents régimes politiques protègent les arts dans un pays qui ne dispose ni d’une bibliothèque nationale, ni d’une maison des archives nationales et où l’on défigure les monuments publics à coup de bulldozers
Leral.net |
Adama Aly Pam |
Publication 05/07/2020
Au moment où des débats enflammés sur le déboulonnage de statues coloniales fait rage au Sénégal et un peu partout dans le monde, il est urgent de ne pas céder au populisme mémoriel et à la confusion entre histoire et mémoire.
Certes le temps est venu de décoloniser les pensées, mais il est aussi important d’arrêter d’essentialiser les cultures africaines. Il y a une lecture romantique fondée sur une fiction d’une culture africaine éternelle aux caractéristiques irrémédiablement figées. L’Afrique est comme tous les continent, un espace ouvert avec des expressions culturelles plurielles fécondées au cours de l’histoire par plusieurs apports internes et externes.
Le marché San-daga (marché des étrangers en langue mooré) dont la démolition-reconstruction serait prévue dans les jours à venir est l’expression d’un énième drame du patrimoine sénégalais. Pays de paradoxes, les gens sensés ont renoncé à comprendre comment les différents régimes politiques essaient de protéger les arts et les lettres dans un pays qui ne dispose ni d’une bibliothèque nationale, ni d’une maison des archives nationales et où l’on défigure les monuments publics à coup de bulldozers ?
Inauguré le 29 avril 1935, en présence de Monsieur Armand Angrand, maire de Dakar et de monsieur Martine, Administrateur de la Circonscription, le marché est à l’origine un projet de la municipalité de Dakar. La carte postale en illustration de ce texte qui montre un marché à ciel ouvert encadré par une rangé de petites boutiques est antérieur à la construction de l’édifice actuel de Sandaga.
Le type architectural du marché de Sandaga du type néo-soudano-sahélien est une synthèse de l'architecture de Tombouctou et du béton armé. Il s'agit là d'une symbiose et d’une rencontre. Le marché Kermel, situé quant à lui, à l'autre côté de la ville est d'inspiration mauresque. Il est une synthèse entre le Maghreb et l'Occident en terre africaine.
Ces deux marchés racontent l'histoire de la ville de Dakar. Les deux marchés, le premier destiné aux africains et le second aux européens, témoignent de la politique de distanciation sociale entre européens et africains du fait d'une politique sanitaire prônant la séparation des races pour prémunir les européens des risques sanitaires dont les africains sont réputés propagateurs.
Cette mesure était doublée d'espaces non aedificandi entre la ville européenne (le plateau) et la ville indigène (la médina). Le camps militaire Lat Dior et Mangin à la périphérie de la ville européenne servent de sentinelles de surveillance de la mise à l’écart des indigènes par des cordons sanitaires en cas de besoin. Réservé aux non-européens, comme la médina, il garde la trace de la ségrégation raciale au cœur de la ville.
Classé dans le registre du patrimoine national, Sandaga ne peut et ne doit être rasé pour deux raisons. La première raison est que les textes législatifs et réglementaires l’interdisent et la seconde est que restauration n’est pas synonyme de reconstruction. Il y a des normes à respecter et des études préalables à conduire. A défaut de reconduire la fonction première dédiée à cet espace, le marché pourrait être transformé en musée agrémenté d’un espace vert. Cela mettrait fin au tout-béton et des espaces urbains arides et insalubres pour une architecture bio-climatique intégrée.
Les ministères de l’urbanisme et de la culture du Sénégal ont la mission de concevoir des politiques d’aménagement de l’espace public porteuses de sens. Cela passe par la mise en cohérence de l’espace et la protection des lieux de mémoire de sorte que les habitants se réapproprient leur environnement.
Créer par exemple des centres d’interprétation culturels où l’on donnerait à voir toutes les expressions culturelles du pays. Les concours d'architectures des bâtiments publics devront être conçus de sorte à s'adapter aux climats et aux référents culturels locaux. La promotion des voutes nubiennes, le géo béton et différents styles d’habitats pourraient être envisagés afin de réduire bâtiments énergétivores et inadaptés. La plupart des modèles architecturaux sont circulaires et traduisent l'esprit communautaire de nos sociétés. Des études concluent à la nécessité de repenser les espaces de soin psychiatriques des africains à ce paradigme.
C’est par une bonne compréhension de la mémoire de la ville que nous pouvons mieux comprendre son histoire et restaurer les différentes polyphonies des courbes architecturales de la vieille cité cosmopolite. Gardons espoir qu’à son bicentenaire prévu dans moins de 4 décennies, la pierre pourra raconter l’histoire de Dakar et de son marché des étrangers.
Dr. Adama Aly Pam est chef archiviste de l’UNESCO, ancien conservateur aux Archives du Sénégal
LA CHRONIQUE HEBDO DE PAAP SEEN
LES OUBLIÉS DE NOTRE MÉMOIRE
EXCLUSIF SENEPLUS - L’appel a duré près de 3 heures. Le téléphone, agonisant, a surchauffé. La conversation a tourné autour d'une question. Senghor, père de la nation, leader néocolonial, prolongement de la colonisation française ? NOTES DE TERRAIN
L’appel a duré près de 3 heures. Le téléphone, agonisant, a surchauffé. C’est seulement à la fin que j’ai senti la chaleur du smartphone. Tellement l’entretien était passionnant. J’ai beaucoup appris. Je pensais bien connaître, dans ses grandes lignes, l’histoire politique du Sénégal. Mais j’ignorais certaines phases décisives de la lutte pour l’émancipation et le progrès social de notre pays. J’ai découvert des noms de héros méconnus. Des détails très émouvants, tristes. Et aussi, des histoires drôles. De femmes et d’hommes engagés dans la poétique de l’émancipation. Qui ont dit non, de la manière la plus radicale. Qui ont sacrifié une grande partie de leur existence pour un idéal de justice, de liberté et de démocratie. Depuis deux semaines, on se loupe au téléphone. Il est déconnecté, à chaque fois que j’appelle sur WhatsApp. Et quand il essaie de me joindre, je suis occupé.
Il faut dire que nous sommes dans deux régions du monde éloignées. Lui à Washington et moi, ici, à Dakar. Le décalage horaire est quand même important. Quatre heures de différence actuellement. Il est parvenu à me joindre en cette fin d’après-midi. Alors que je venais juste de rentrer de Rufisque. Exténué. J’allais terminer la lecture d’un roman de Boubacar Boris Diop. Le cavalier et son ombre. Puis je devais finir un travail, avant de préparer à manger et de me reposer. Le téléphone a vibré. J’ai vu qu’il s’agissait de René. J’ai fermé le livre. Nous avons commencé à parler des petites choses de la vie. Et, comme d’habitude, nous avons dévié sur la politique et les affaires du pays. Nous avons discuté de ce qui fait actuellement l’actualité, la statuaire coloniale.
Esprit universel et scrupuleux, il a commencé à faire l’inventaire de notre histoire. En s’attardant sur les détails. Sans jamais nier les complexités de la grande aventure humaine. Tous les deux, évidemment, sommes pour le déboulonnement des statues de ceux qui ont participé à l’aventure barbare de la colonisation. Et leur confinement dans les musées. Nous avons parlé de notre histoire, difficile et jonchée d’épines. Nous avons conclu que les blessures de la mémoire ne doivent pas nous pousser vers un jugement binaire. Nous avons aussi évoqué les femmes et les hommes qui se sont sacrifiés pour l'avènement d'une terre de liberté. Nous avons parlé de Senghor. Je lui ai dit que mon jugement, concernant le premier président de la République du Sénégal, a évolué. Je vois, aujourd’hui, ce dernier comme le bâtisseur de notre nation. Mais je le trouve très décevant. Il était doté d’une culture exceptionnelle. Il était ancré dans ses humanités africaines. Pourtant, il s’est fourvoyé dans son activité politique. Dans sa relation, aussi, avec des hommes de sciences et de culture, de son époque. Qu’il a beaucoup censuré. Dernièrement, j’ai lu son petit ouvrage, Pour une relecture africaine de Marx et d’Engels.
J’ai dit à René que je trouvais Senghor très contradictoire. Dans le recueil, Senghor fustigeait l’attitude des intellectuels africains de gauche. Qui, selon lui, «n’ont pas compris » le socialisme scientifique. Senghor était même catégorique et sans nuance. En affirmant que la majorité des intellectuels africains ont lu Marx et Engels « avec des yeux de parisiens, de londoniens et de new-yorkais ». Plus loin, il invitait à « penser et agir par nous-mêmes et pour nous-mêmes ». Et il ajoutait que les vertus nationales faisaient partie des productions non matérielles. Comment pouvait-il admettre que la langue était un élément à part entière de la superstructure, et refuser l’utilisation des langues nationales dans l’administration et les écoles ? Faut-il en déduire une schizophrénie des élites africaines. Qui doivent, tout le temps, négocier avec une juxtaposition de mondes. Et, pour certaines, ne veulent en aucun cas abandonner leurs privilèges - la maîtrise de la langue française en fait partie.
René m’a raconté une histoire, concernant le livre. La parution du recueil avait donné lieu à une controverse idéologique dans la presse d’Etat. Le Soleil avait, à l’époque, ouvert ses colonnes à Abdoulaye Elimane Kane. Le philosophe avait alors critiqué, dans une tribune, les idées du président-poète. Une première dans l’histoire de notre pays. La presse n’était pas libre. C’était donc un événement. Nous vivons une époque où la presse est épanouie. Où la liberté d’opinion est, presque, consacrée. Et oublions, parfois, que le chemin a été périlleux. Qu’il a fallu, à certains moments, l'intrépidité de porteurs de sacrifice. Sur Senghor, René m’a à peu près confié ceci : « Il faut juger les hommes selon le contexte. Senghor représentait le prolongement idéologique et institutionnelle de la colonisation. S’il n’avait pas le choix, on aurait pu le mettre du bon côté de l’histoire. Mais il y avait des femmes et des hommes de refus. Il n’en faisait pas partie. »
C’est exact. D’autres figures, connues ou ignorées de notre histoire, se sont dressées. Des forces patriotiques, qui n’ont pas transigé sur la souveraineté. On pourrait présumer que ces femmes et ces hommes sont venus tôt. Que nenni. C’était une période cruciale de notre nation. L’étape de la liberté pour tous - qui malheureusement a été manquée. Car partout ailleurs, le même cri gonflait les poitrines : l’être-soi. C’est-à-dire la liberté, la justice et l’égalité. Pour tous les hommes et les femmes. Pour tous les peuples. On doit, je le pense, à Senghor les institutions républicaines - quoique brinquebalantes - qui nous protègent aujourd’hui de l’arbitraire. Il est, à mon avis, le meilleur chef de l’Etat que nous ayons eu. Mais, il a assuré la pérennité d’un système colonial, semi-féodal et obscurantiste. Senghor a participé activement « à la stabilisation du système néocolonial ». À l’émergence d’un pouvoir maraboutique, obscurantiste.
Le rapport de forces de l’époque ne peut justifier, à lui tout seul, l’absence d’initiatives révolutionnaires. Pour sortir les masses sénégalaises de la longue nuit de l’oppression. En vérité, Senghor n’était pas un homme de l’Aube. Il ne faisait pas partie de ceux qui se lèvent lorsque le jour est encore brumeux. Qui savent que midi sera rude. Et minuit enveloppé par les ténèbres. Mais qui s’en vont porteurs d’espoir. Pour annoncer une nouvelle aurore. La tête haute, le front digne, le poing courageux. Ces femmes et ces hommes, qui n’attendent pas que « toutes les conditions subjectives et objectives soient réalisées », avant d’enfourcher leur monture. Comme l’écrivait Régis Debray, dans sa préface sur Les grands révolutionnaires d’Amérique latine. « C’est parce que la route est longue qu’il vaut mieux seller son cheval de bon matin plutôt que de pourrir sur pied en attendant le soir. Car à trop attendre l’espérance, elle aussi, pourrit toute seule. » Au Sénégal, ces femmes et ces hommes, qui ont, contre l'impérialisme et parfois contre la société, préféré la souveraineté et la dignité, sont nombreux.
René m’a révélé des histoires d’héroïsme, dont je n'avais pas connaissance. Ainsi, pendant trois heures, j’ai noté dans ma mémoire. Des récits. Des noms. Moussa Kane, Eugénie Aw, Marie Angélique Savané, Aloyse Ndiaye, Momar Coumba Diop, Bouba Diop, Penda Mbow, Fatima Dia, Pape Touty Sow, Alymana Bathily, Fatou Sow, Pathé Diagne, Amadou Top, Daba Fall, Sakhir Diagne, Dame Babou, El Hadj Amadou Sall, Nafissatou Diouf, Marithew Chimère Diaw, Mamadou Mao Wane, Ismaila Sarr, Abdoul Aziz Sow, Landing Savané, Mamadou Diop « Decroix », Jo Diop, Djiby Gning, Idrissa Fall, Boubacar Boris Diop, Mamadou Ndoye, Magatte Thiam, Samba Dioulé Thiam, Abdoulaye Bathily, Alioune Sall « Paloma », Ada Pouye, Abdou Fall, Mody Guiro, Mahmoud Kane, Awa Ly… Pour ceux qui sont encore là. Nous avons convoqué d’autres noms. Ceux des combattants des temps héroïques. Du PAI, et du RND pour la plupart. De Seydou Cissokho, Majmouth Diop, Tidiane Baïdy Ly, Mawade Wade, Madicke Wade - il ne s’agit pas de l’ancien ministre de la Justice -, Cheikh Anta Diop, Babacar Niang, Cheikh Mbacké Gaïnde Fatma, Bocar Cissoko, Amath Dansokho, Sémou Pathé Gueye, Abdoulaye Ly, Makhtar Diack, Ibrahima Sarr, Thioumbé Samb, Abdoulaye Gueye « Cabri, », Valdidio Ndiaye, Marianne d'Enerville, Rose Basse (arrêtée à la Bourse du travail en 1968 avec Christiane Sankalé, la mère de René), Seyni Niang, Félicia Basse, Samba Ndiaye, Omar « Blondin Diop », Papa Gallo Thiam… Quelles leçons ces « vies fiévreuses », insoumises nous apprennent-elles aujourd’hui ?
D’abord, que la génération actuelle est la moins courageuse de l’histoire du Sénégal. Ensuite, qu’elle est la plus pauvre. Intellectuellement. Elle manque d’épaisseur et de générosité. Ses élans d’émancipation sont minces. Même si elle étouffe. Elle est caractérisée par une torpeur politique et une incapacité idéologique. Si elle se bat parfois, les termes du problème sont flous. Combat-elle pour la justice sociale et les libertés individuelles ? Pour le progrès de la conscience ? Pour la démocratie spirituelle ? Met-elle la dignité de l’Homme au-dessus de tout ? Ou veut-elle seulement imposer un ordre nouveau, conservateur et toujours oppressant ? Il faut savoir, pour reprendre Fanon, si ceux qui se battent, aujourd’hui, disent « non à une tentative d’asservissement ». Ou s’ils sont seulement poussés par la fougue de leur bigoterie ? Enfin, nous pouvons dire que ce qui compte, c’est le souci de l’Homme et le courage de l’indépendance. Demain, c’est à cette aune que l'histoire jugera.
Retrouvez sur SenePlus, "Notes de terrain", la chronique de notre éditorialiste Paap Seen tous les dimanches.
POURQUOI LA FRANCE DOIT DÉBOULONNER LES SYMBOLES DU RACISME
Ce racisme dans certaines institutions françaises, nié pendant des décennies, explose à la figure et demande un traitement politique qui ne se suffit plus de déclarations
Jeune Afrique |
Karfa Diallo |
Publication 05/07/2020
Le président Emmanuel Macron aura donc choisi de refuser la discussion sur le passé colonial, esclavagiste et raciste français. Pendant que bruissent les revendications de justice raciale sur l’espace public, le chef de l’État expose ses lacunes et abandonne le terrain de la justice pour celui de la morale.
Car fondamentalement c’est de la question de la réparation qu’il s’agit. De la réparation d’un crime contre l’humanité et de ses conséquences dont la pandémie multiséculaire du racisme anti-Noirs.
D’Haïti, qui, pour son indépendance, a dû payer 90 millions de francs aux colons de la colonie la plus riche d’Amérique au XVIIIe siècle, à la Guadeloupe, où la République a indemnisé les esclavagistes après 1848, en passant par les législations spécifiques justifiant le travail forcé auquel les Africains ont été soumis pendant la seconde colonisation, justice peine à être rendue pour les spoliations que l’Afrique et ses descendants subissent sur le continent comme en diaspora.
Et, en déclarant que « la République n’effacera aucun nom ou aucune trace de son histoire », Emmanuel Macron juge nulles et non avenues des mobilisations citoyennes qui essaient de redéfinir une nouvelle conscience historique et progressiste sur un espace public mondialisé en proie à de vives tensions. Par son incapacité à définir un cap et une vision des relations sociales entre des communautés heurtées par les injustices raciales pandémiques, l’État français risque d’accroître les tensions exacerbées depuis la mort de George Floyd à Minneapolis.
Crime contre l’humanité
L’acuité nouvelle de ces mobilisations interraciales interroge la subsistance des symboles du racisme sur l’espace public perçus comme une sorte « d’apologie du racisme ». Il est très édifiant qu’elles aient d’abord pris pour cibles les honneurs rendus à des personnalités qui se sont enrichies grâce la traite des noirs et à l’esclavage. Comme si ce crime contre l’humanité continuait de hanter la conscience contemporaine mondiale. Comme si ce passé ne passait toujours pas.
Il est vrai qu’à l’exception de la France et du Sénégal, pratiquement aucun autre pays n’a qualifié dans son corpus législatif ce crime contre l’humanité et ne commémore le souvenir de cette tragédie. Pourtant, les études historiques sont là. Quelques romanciers en dégagent une matière sensible partageable. Quelques musées en racontent les modalités. De rares artistes s’en saisissent pendant que le cinéma européen est quasiment absent de l’évocation et de la mise en images et en sens d’une histoire plus proche qu’on ne veut le penser et le voir.
C’est ainsi que de Minneapolis à Dakar, en passant par le Cap, Abidjan, la Martinique et Bristol, le monde s’interroge sur l’usage du passé et son instrumentalisation dans l’espace public. Des statues sont bousculées, des monuments déboulonnés, des rues renommés et des États sommés de répondre à cette colère inédite dans l’histoire contemporaine.
Pandémie de quatre siècles
Si les mobilisations du Black Lives Matter ont pris ce tour symbolique, c’est que les circonstances historiques et politiques de la mort de George Floyd réveillent une pandémie de quatre siècles que les démocraties occidentales peinent à éradiquer. L’agonie de George Floyd est donc ouvertement reliée aux siècles d’oppression raciale et de brutalisation que les noirs subissent indifféremment de leur situation géographique dans le monde et de leur statut social.
RECULADE DE MACKY SALL À PROPOS DU STATUT DES NOTAIRES
Sur demande de la Chambre des notaires du Sénégal (CNDS), le président désavoue le garde des Sceaux, lui demande de revoir le décret portant statut des notaires adopté en Conseil des ministres le 10 juin
C’est une reculade qui va rester dans les annales de la présidence et de la République, si elle se concrétise. Le 10 juin dernier, le Conseil des ministres adoptait le décret portant réforme du statut des notaires. L’une des innovations phares de cette réforme tant attendue portait sur la retraite à 70 ans. Une mesure courageuse saluée par plusieurs observateurs. Etudiants, clercs et professionnels du droit applaudissaient cette avancée majeure qui allait contribuer à l’ouverture du notariat à bien des aspirants à cette profession, jusque-là réservée à quelques privilégiés de la République.
Depuis, c’est le branle-bas du côté de la CNDS (Chambre des notaires du Sénégal) surtout chez certains barons de la profession. Activant tous leurs réseaux, ils finirent par décrocher une audience, dès le 16 juin, soit six jours seulement après l’adoption dudit décret. Pour l’occasion, rapportent nos sources, c’est l’artillerie lourde qui a été déployée par la chambre pour faire fléchir l’Exécutif. Une forte délégation composée de la présidente Aissatou Sow Badiane, d’un autre membre du bureau, Alioune Ka, de deux membres du Comité directeur, Mes Tamaro Seydi et Jean-Paul Sarr, de deux sages, Mes Moustapha Ndiaye et Papa Sambaré Diop. Sur le tableau de leurs doléances, figuraient trois points essentiels.
Le premier avait trait au concours d’accès au stage de notaire ; le deuxième à la protection du notaire et de son exploitation ; le troisième portait sur la retraite.
Le moins que l’on puisse dire est que leur puissant lobbying semble sur le point de porter ses fruits. Non seulement Macky Sall a promis de faire revoir les dispositions incriminées, mais aussi de se concerter avec la chambre, la prochaine fois. Citant la présidente de la Chambre des notaires, nos sources rapportent : ‘’Le président de la République a prêté une oreille attentive à toutes les explications de la délégation et a instruit le garde des Sceaux de revoir certaines dispositions du statut, de l’envoyer à la Chambre des notaires pour informations, avant de lui présenter le projet final pour signature.’’
Et celui qui doit être dans ses petits souliers, suite à ce revirement exceptionnel, c’est surtout le garde des Sceaux, Ministre de la Justice, Me Malick Sall. Lequel a été accusé, par les notaires, d’avoir fait adopter le nouveau statut sans tenir compte de leurs propositions relatives notamment aux points susvisés. Ce qui avait mis certains barons dans tous leurs états, surtout par rapport à la retraite et au concours, soulignent nos interlocuteurs.
Pourtant, les enjeux de ces réformes étaient énormes et fort appréciables pour le plus grand nombre. Pour en saisir la portée, il faut revisiter l’histoire même de cette profession, en particulier en ce qui concerne les modalités d’y accéder.
De l’institution du notariat dans les années 1800 à nos jours, les critères démocratiques et de compétence n’ont jamais prévalu pour accéder à ce métier. Pendant longtemps, il fallait être fils de ou, à tout le moins, avoir un parrain parmi les plus influents membres de la corporation. A partir de 2002, le régime d’Abdoulaye Wade modifie le statut, en instaurant un concours pour plus de démocratisation de l’accès à la profession de notaire. Lequel statut a été encore modifié en 2009, sans que le concours n’ait jamais été organisé. En 2013, sous l’impulsion d’Aminata Touré, à l’époque ministre de la Justice, le concours fut organisé pour la première fois de l’histoire.
Voilà quatre longues années, alors même qu’ils ont fini leur stage depuis 2016, que les 22 candidats issus de ce concours très sélectif ne parviennent pas à être intégrés. Aussi, les passe-droits continuent de plus belle dans le secteur. S’appuyant sur de supposées mesures transitoires, la chambre est parvenue à inscrire quelques-uns de ses protégés et n’a toujours pas dit son dernier mot. Selon nos informations, leur volonté est d’alléger les conditions d’accès à des clercs triés sur le volet.
Lors de cette même audience, les notaires ont frappé très fort. En sus de ces questions essentielles, le président Sall a aussi demandé au ministre de la Justice de finaliser le projet de réforme du Code de procédure pénale, en intégrant le privilège de juridiction des notaires. Là également, ordre a été donné à Maitre Malick Sall d’envoyer le projet à la CNDS.
Et le chef de l’Etat ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Il a aussi informé la délégation de l’affectation, au profit de la chambre, d’un terrain au niveau du pôle judiciaire de Dakar, à côté du nouveau palais de Justice, pour l’édification d’un centre de formation et de documentation.
COMMENTAIRE
Un pas en avant, trois en arrière
A quand la fin du népotisme dans le notariat ? La question mérite d’être posée aux autorités de la République. Malgré l’institution d’un concours depuis 2002, aucun notaire sénégalais n’a encore été nommé selon cette procédure bien démocratique. Tous l’ont été par des raccourcis. Pourtant, l’espoir était grand, en 2013, au moment de l’organisation du premier concours par l’ancienne ministre de la Justice Aminata Touré.
Mais depuis le départ de celle qui est nommée la ‘’Dame de fer’’, c’est le statuquo. Les 22 jeunes sénégalais, ayant réussi cet examen très sélectif, se sont toujours heurtés au véto des barons de la profession. Aujourd’hui encore, plus de quatre ans après la fin de leur stage, ils se tournent les pouces. Pendant ce temps, les avocats, huissiers et magistrats ont accueilli pas mal de nouvelles recrues.
Au sortir du Conseil des ministres du 10 juin, le collectif des 22 espérait enfin voir le bout du tunnel. Hélas ! Ils vont devoir prendre leur mal en patience. Avec les barons, on ne sait jamais à quoi s’attendre. Et ils disposent toujours d’une botte secrète pour l’asséner aux jeunes ambitieux, au moment où ils s’y attendent le moins. Tenant à leur privilège comme à la prunelle de leurs yeux, ils ont toujours dit niet à la création d’un certain nombre de nouvelles charges sous le magistère du ministre Ismaila Madior Fall. Il en est de même de l’organisation du concours annoncée par l’ancien garde des sceaux depuis fin 2018. Ce dernier est parti. Mais les barons restent plus que jamais intransigeants sur certaines de leurs positions. Même avec le nouveau ministre que d’aucuns pensaient très ouvert et progressiste, ils réussissent à chambouler tous les plans qui ne vont pas dans le sens de la défense de leurs intérêts. En atteste la déconvenue de Maitre Malick Sall à la suite de l’audience accordée par le président de la République à la chambre.
En effet, le nouveau code que ce dernier avait réussi à faire adopter en Conseil des ministres, va devoir retourner dans les laboratoires pour une réécriture de certaines dispositions substantielles. Motif : ces dispositions n’ont pas l’assentiment de la Chambre des notaires. Mieux, le chef de l’Etat lui intime l’ordre de leur soumettre le futur texte, avant de le ramener en Conseil des ministres pour une nouvelle adoption. Que veulent les barons ?
Conscients qu’ils ne peuvent plus continuer de fermer la portière du concours entrouverte à des milliers de Sénégalais (riches comme pauvres), ils mènent un lobbying intense pour dispenser leurs protégés d’une sélection aussi rude et hasardeuse. Pourtant, par leur puissance, ils sont déjà parvenus à imposer un concours réservé aux professionnels qui sont dans leur office. Selon la réforme de 2002 confirmée en 2009, il n’y avait qu’un seul concours pour tous les candidats. En outre, là où les admis directs vont passer 5, voire 6 ans, les professionnels pourraient voir le nombre d’années de leur stage être réduit, en fonction de leur ancienneté. Malgré ces acquis, les barons en exigent toujours et souhaitent plus de privilèges pour leurs poulains : des fils de, conjoints de, neveux de, parents et amis de…
Selon certaines confidences, ils se démènent comme de beaux diables pour faire inscrire certains de leurs poulains sur la liste des candidats à une charge, déjà longue de 44 candidats. Pire, ces derniers n’ont passé aucun concours, ni examen et risquent, par des tours de passe-passe, de passer entre les mailles. Au même moment, des centaines de Sénégalais, remplissant les mêmes critères, n’ont pas ce privilège. Car ne disposant pas de parrain.
Aussi, dans cette logique toujours patrimonialiste, les barons ne veulent pas du tout entendre parler de retraite. Jusque-là, au Sénégal, être notaire un jour, c’est le demeurer pour toujours.
par Ousseynou Nar Gueye
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MAIS POURQUOI LES SÉNÉGALAIS TROUVENT-ILS AVILISSANT LE STATUT D'OUVRIER AGRICOLE ?
Quand ils cultivent pour un patron, les Sénégalais pensent devenir des esclaves captifs. Ce préjugé tenace et rétrograde est aussi un des obstacles au décollage des DAC, les domaines agricoles du PRODAC qui peinent à trouver du personnel
Dans cette vidéo où il tient une conférence de presse, le sieur Bassirou Diomaye Faye de Ndiaganio "accuse" Sedima de vouloir faire des populations de Ndingler des "ouvriers agricoles". Mais si cela était vrai, en quoi est-ce scandaleux ? Des puissances mondiales développent leur agriculture sur des surfaces latifundiaires employant des centaines d'ouvriers agricoles. Et c'est très bien ainsi, avec une haute productivité et des rendements élevés. Car la seule autre alternative viable pour un agribusiness de développement, c'est l'agriculture mécanisée où deux personnes dans un champ, au volant de tracteurs et de moissonneuses-batteuses, produisent à eux seuls des récoltes pour des centaines de milliers de personnes. Et cette option n'est pas à privilégier au Sénégal, dans un pays au chômage élevé (notamment celui des jeunes) et à l'emploi précaire généralisé. Quant à l'agriculture dite familiale sur de petites parcelles, c'est une douce utopie qui nous fait revenir aux temps moyenâgeux du troc et de l'agriculture de subsistance. Nous n'en voulons pas.
Mais pour comprendre cette répulsion des Sénégalais à être des ouvriers agricoles, il faut entrer dans leur psyché. Dans un pays dont les ethnies majoritaires (Wolofs et Hal pulaar) croient au système des castes, l'agriculture était l'apanage des prétendus "nobles". Donc, quand ils cultivent pour un patron, les Sénégalais pensent devenir des esclaves captifs. Ainsi, en devenant ouvrier agricole, le Sénégalais a l'impression qu'il se retrouve à l'époque des champs de coton esclavagistes des Amériques où ont été convoyés des Africains mis en captivité durant la Traite Atlantique. Il revoit le feuilleton Racines avec Kunta Kinté. Et ce préjugé tenace et rétrograde est aussi un des obstacles au décollage des DAC, les domaines agricoles du PRODAC qui peinent à trouver des ouvriers agricoles et comme palliatif bancal, le PRODAC établit des contrats de travailleurs indépendants pour un nombre encore très insuffisant d'entre eux et pour un résultat inopérant. Les Sénégalais ont hélas un rapport fétichiste à la terre et restent ainsi des intermittents de l'agriculture quand ils sont cultivateurs, travaillant la terre trois mois sur douze, en s'en remettant au bon vouloir du ciel quand il veut bien ouvrir ses vannes et déverser des pluies. Nos compatriotes refusent donc, majoritairement, toute évolution, aussi bien en termes de méthodes de culture modernes, qu'en termes de relations contractuelles entre ouvrier agricole et promoteur agricole. Au pire, ils veulent bien louer la terre qu'ils cultivent à son propriétaire. De plus, on semble n'avoir le droit de cultiver au Sénégal que sur les terres du village de ses ancêtres. Diantre ! Trêve d'obscurantisme.
A cet égard, il ne faut d'ailleurs pas oublier la tradition d'antan des "Navétanes", où pendant l'hivernage (Nawet) propice au semis et au labour, le Sénégal importait des ouvriers agricoles venus de la sous-région (Mali, Guinée, etc.), comme si le travail champêtre n'était pas fait pour les Sénégalais bon teint.
Il faut définitivement arrêter avec ces représentations mentales féodalistes qui voudraient qu'un citoyen libre ne puisse pas louer ses bras comme ouvrier agricole. Et l'État du Sénégal doit prendre ses responsabilités pour faire prévaloir ce discours et faire évoluer les mentalités.
LA RÉPUBLIQUE DANS L'INCURIE
La gestion du pays par Macky est devenue une tragédie au quotidien. Il n’est pas tolérable que le peuple supporte indéfiniment les conséquences de l’incompétence d’un homme à qui il a tout donné - DÉCLARATION DU CRD
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration du CRD, datée du 4 juillet 2020, relative à la situation sociopolitique nationale.
« Dans le présent contexte de pandémie de la Covid-19, aggravé par une pauvreté longtemps occultée par une rhétorique des chiffes, il est devenu aisé d’observer que le gouvernement sénégalais montre des signes inquiétants de tâtonnement et de tergiversations indignes d’un État sérieux. En plus d’être exposés à la pandémie par la désertion du front par le général – président, et comme si cela ne suffisait pas, voilà que les Sénégalais sont encore contraints à souffrir le martyre en raison d’un manque d’eau criant devenu insupportable face, notamment, à la canicule et au stress provoqué par la situation sanitaire.
Le CRD exprime sa profonde indignation face à l’impuissance et à l’irresponsabilité du gouvernement sénégalais et manifeste toute sa solidarité au peuple sénégalais plongé dans cette situation à la fois angoissante et déconcertante par la seule faute d’un homme qui a fait du pilotage à vue son mode de gouvernance.
En effet, au lieu d’affronter résolument et efficacement les difficultés liées au contexte de pandémie de Covid 19, le régime de Macky Sall, comme à son habitude, a opté pour le sensationnel, le folklorique et la politique politicienne. Des décrets qui se contredisent, les uns les autres pour les beaux yeux d’une privilégiée de la République, ont fini d’installer la République dans une situation historique d’informel dans la gouvernance politique.
L’anarchie dans la distribution des vivres, le copinage et l’iniquité dans l’accompagnement des différents secteurs de la vie économique, l’absence de cohérence dans les mesures de lutte contre la propagation de la maladie, le manque de prospective pour l’après Covid-19 … nul doute que la gestion du pays par Macky Sall est devenue une tragédie au quotidien.
Face à cette incurie qui souille la République et qui installe la psychose parmi les populations, le CRD en appelle à la vigilance de tous pour freiner la Covid-19 et à la solidarité pour faire face à la crise économique ; car il n’est pas tolérable que le peuple supporte indéfiniment les conséquences de l’incompétence d’un homme à qui il a tout donné.
Pour les mêmes raisons, le CRD exprime sa vive préoccupation quant à l’opacité qui entoure le contrat Senelec-Akilee et la gestion populiste que le gouvernement est en train de faire de cette question avec une communication démagogique. Le CRD rappelle sa position de principe qui consiste à faire la promotion de chefs d’entreprise locaux et du consommer local, mais dans le respect strict des lois et règlements, ainsi que des obligations éthiques.
Sur cette question, le CRD demande, purement et simplement, l’annulation du contrat qui ressemble plus à un marché de dupes qu’à autre chose. Les règles de transparence et de bonne gestion constituant les remparts naturels contre la prédation de biens publics et l’aliénation des sociétés nationales à des tiers, le CRD exige du gouvernement la publication de tous les actes qui seront pris dans le cadre du règlement de ce conflit.
Aussi, le CRD dénonce, par la même occasion, l’innommable boulimie foncière de certains privilégiés de ce régime et de leurs proches, et exige un audit du littoral maritime afin d’éviter sa privatisation. L’accès à la mer étant un droit naturel, rien ne saurait justifier la construction anarchique de résidences privées et d’hôtels de luxe pour nantis le long du littoral qui doit rester accessible non seulement à tous les sénégalais mais également aux compatriotes africains de la sous-région.
Enfin, le CRD appelle le gouvernement à faire respecter la loi et à exproprier tous ceux qui ont, de manière frauduleuse, acquis des terrains sur le littoral ainsi que dans l’intérieur du pays. La nécessité impérieuse de protéger les populations rurales contre les velléités de razzia sur leurs terres par des firmes de l’agro-business amène le CRD à suggérer au gouvernement à opérer des réformes rapides et structurelles pour anticiper sur les conflits fonciers préjudiciables à la paix sociale et à l’autosuffisance alimentaire.
Porte parole du jour : Alassane Kitane »
par Abou Bakr Moreau
DÉBOULONNER, DÉBAPTISER ET BIEN ENCORE
EXCLUSIF SENEPLUS - L’histoire ne s’enseigne pas dans les rues. C’est bien pourquoi il faut déboulonner les statues indignes de servir de repères géographiques dans nos sociétés, pour les « confiner » dans les livres d’histoire
L’histoire retiendra que c’est dans le sillage de l’abominable asphyxie de George Floyd (46 ans), le 25 mai 2020 à Minneapolis (Etats-Unis d’Amérique), agonisant affreusement sous le genou d’un policier blanc du nom de Derek Chauvin que l’on a assisté au Royaume-Uni, en Belgique, aux Etats-Unis et dans d’autres pays à des déboulonnages de statues de figures historiques responsables de l’esclavage et de la colonisation. À travers le monde, les statues et monuments représentant des figures majeures du colonialisme et de la traite des esclaves sont devenus la cible des manifestants contre le racisme et la discrimination. Ce sont là des actions symboliquement fortes qui posent le problématique rapport des peuples à leur passé, et elles marquent en même temps un moment important dans la lutte contre les inégalités et les différentes formes d’oppression raciale, passées et présentes.
Le débat sur le déboulonnage de statues de figures de l’histoire qui ont pleinement contribué ou profité du passé colonial des peuples n’a certes rien de nouveau, mais il est ravivé par les fractures qui traversent les sociétés, les inégalités criantes fondées sur la race dans les pays colonisateurs et esclavagistes, la montée des extrémismes dans ces pays où les mouvements xénophobes et ouvertement racistes sont devenus non seulement visibles et représentatifs (jusque dans les institutions comme le parlement) mais ces derniers tendent même à être banalisés. Dans le même temps, les citoyens issus des pays colonisés (en France particulièrement) qui croulent sous le poids d’une pluralité de rapports d’une domination à la fois sournoise et dégradante sont accusés de pratiquer le « communautarisme ». C’est précisément l’hypocrisie de l’universalisme républicain qui désigne à la vindicte publique des citoyens d’origine étrangère que l’Etat a lui-même fait le choix de discriminer. Il n’y a aucun hasard si ces citoyens évoluent dans des quartiers (des pavillons de banlieues où se rencontrent toutes les pathologies des sociétés) qui leur sont spécifiques et souffrent d’inégalités qui ne sont fondées que sur l’identité raciale. Il n’y a aucun hasard !
Ce que le déboulonnage des statues montre, c’est que si les historiens ont trop tardé dans la réécriture de l’histoire, les manifestants eux présentent leur propre lecture de l’histoire de leur peuple. Ce que le déboulonnage montre aussi, c’est que si les personnages statufiés étaient aujourd’hui de ce monde, les manifestants se seraient donné les moyens d’avoir accès à eux et de les attaquer pour les faire tomber. Les personnages statufiés ont du sang sur les mains et des massacres de peuples sur leur conscience. Leur place, ce n’est donc pas dans les espaces publics de nos villes.
Mais alors où les installer pour ne pas occulter une partie tragique de notre histoire avec les pays esclavagistes et colonisateurs ? C’est la romancière Africaine-Américaine Toni Morrison (1931-2019) qui nous apporte la réponse : interrogée sur le pourquoi de son chef-d’œuvre « Beloved » (au moment de sa parution en 1987), elle indique que c’est parce qu’il n’ya pas dans son pays aux Etats-Unis d’Amérique un lieu de mémoire national spécifiquement consacré à l’esclavage, c’est pourquoi elle a voulu écrire un livre-monument. Et effectivement, le livre est devenu un livre-monument : le livre est depuis plusieurs années dans les programmes d’enseignement des plus grandes universités américaines. L’auteure Toni Morrison a été canonisée (de son vivant même, ce qui est extrêmement rare en la matière), son œuvre est aujourd’hui largement enseignée dans les programmes scolaires et universitaires aux Etats-Unis et le roman « Beloved » s’est imposé dans l’enseignement de l’esclavage. En clair, il n’est donc pas question de tomber dans l’amnésie qui, par le déboulonnage des statues, pourrait effacer de la mémoire collective des pans qui font partie intégrante de l’histoire d’un peuple. Au contraire, il y a un certain nombre de ruptures qui pourraient être opérées, notamment :
L’intégration systématique de l’enseignement de l’esclavage (et de la colonisation) dans les programmes scolaires et universitaires et pour commencer l’outillage intellectuel des historiens appelés à l’enseigner. Car en vérité, l’histoire comme discipline à enseigner n’a rien de l’objectivité que l’on pourrait lui donner. Elle est controversée et problématique. A titre indicatif, on se rappelle tous, il y a quelques mois, la vive polémique (les contestations et remises en question souvent subjectives et biaisées) qui a accompagné la rédaction de l’histoire de notre pays. Ici comme ailleurs, l’écriture de l’histoire fait toujours des vagues, ce n’est jamais un long fleuve tranquille. En fait, il faudra certes enseigner les figures nationales (politiques, religieuses, culturelles) historiques ayant combattu l’esclavage et la colonisation en leur restituant toute leur dimension de façon aussi objective et équilibrée que possible mais sans émotion. Mais il faudra tout autant enseigner qui étaient Faidherbe, le général de Gaulle, Jules Ferry, Colbert, Thiers, Peytavin, etc. jusqu’aux écrivains qui portaient l’entreprise coloniale dans leurs textes, avec pour objectif de mieux étayer le sous-bassement du fait colonial.
Et les statues qui auront été déboulonnées alors ? Leur place, c’est dans un musée où se retrouveraient non pas les statues (ni dans leur dimension grandeur nature ni même en miniature mais plutôt en images) mais les figures de chacune des personnages en question et d’autres que les peuples devraient aussi connaitre, en même temps que les figures des résistants nationaux patriotiques les ayant combattus dont certaines pourraient être immortalisées en étant statufiées, bien entendu avec des récits doctement élaborés et suffisamment explicatifs de l’action de chacune de cette figure. Dans ces musées (dont il pourrait y avoir plus d’un et en outre dans des lieux de mémoire que les historiens nous indiqueraient), il devrait y avoir autant que possible des éléments explicatifs des figures de l’histoire de la traite et de la colonisation : les navires négriers mobilisés, les expéditions faites, les pratiques en cours à l’époque, les hauts-lieux de la traite, les noms des résistants ayant payé de leur vie, etc. Pour qu’à terme on sache qui était qui. En quelque sorte, de vrais récits gravés sur du marbre pour que ne soient jamais effacées de la mémoire ces tragédies de l’histoire. En clair : les cours d’histoire, ce sont dans les salles de classe, dans les manuels scolaires, et par les activités scientifiques des universités qui dans un effort de transmission et de vulgarisation associeraient les enseignants de tous les niveaux jusqu’au préscolaire où les enseignements ont un impact indélébile sur la mémoire et l’imaginaire des tout-petits apprenants.
Dans la restitution de ces tragédies dans toute leur ampleur et leur impact, il serait question d’indiquer clairement entre autres faits, par exemple que : avant la découverte de l’Amérique, tout l’or qui arrivait en Occident venait d’Afrique, et que sans l’or de l’empire du Ghana, l’histoire de l’Occident n’aurait jamais pu être la même. Que les Etats-Unis d’Amérique ne seraient pas le même pays aujourd’hui sans les forces vives arrachées du continent africain et réduites à l’esclavage sur le sol américain. L’histoire des Africains-Américains, c’est plus de 400 (quatre cents) ans d’oppression raciale sous toutes les formes. Dans le décompte : 246 ans d’esclavage (1619-1865), 99 ans de lois Jim Crow (1865-1964) de discrimination institutionnalisée (un système d’apartheid exactement tel qu’il a existé en Afrique du Sud), 86 ans de lynchages (allant de 1882 à 1968, où les corps des Noirs étaient l’objet des pires atrocités (lapidés, torturés, pendus, et même dépecés et brûlés vifs, etc.), et enfin 14 ans de luttes pour les droits civiques allant de 1954 à 1968.
Quel autre peuple aurait vécu et survécu au moins autant ? Entre l’esclavagisme et le capitalisme occidental, le lien est direct et clairement établi. Ce sont les forces vives des peuples noirs arrachés du continent africain qui ont rendu possible la Révolution industrielle en Europe : sans cette main-d’œuvre facile et accessible sur plusieurs siècles, il n’y aurait pas eu de plantation de canne à sucre ni d’industrie de distillation du sucre, ni d’industrie tout court et donc ni de Révolution industrielle. Et sans les champs de coton en Amérique, il n’y aurait jamais eu le coton qui alimentait l’industrie textile anglaise. Et ainsi de suite.
Il n’existe pas de statue innocente ou neutre. Une statue c’est un outil de glorification et d’immortalisation d’une personne, d’une idéologie, d’une certaine conception de l’histoire. Statufier quelqu’un c’est l’honorer. Un tyran qui impose la statue de son personnage dans les rues de son pays c’est une autoglorification comme la glorification d’une figure statufiée par le pays oppresseur. C’est l’hypocrisie de l’universalisme républicain occidental qui amène à approuver et à se réjouir du déboulonnage de la statue de Saddam Hussein dans les rues de Bagdad, il y a quelques années dans le sillage de la chute de l’ancien président irakien, et de vouloir laisser intactes trôner sur les places publiques de nos villes les statues de figures tout aussi despotiques et tyranniques que Faidherbe et tous les autres…
Le fait même que des voix se soient élevées en France pour s’émouvoir du déboulonnage de la statue de Faidherbe à Saint-Louis du Sénégal, c’est une des manifestations du racisme. Car au-delà des pratiques discriminatoires fondées sur l’identité raciale dans la vie ordinaire, au-delà des éruptions et flambées sporadiques du phénomène, le racisme est aussi dans la volonté d’étouffer la voix de l’autre (étouffer au sens propre comme avec George Floyd et le policier assassin, et étouffer au sens figuré comme avec Cheikh Anta Diop et ses travaux lumineux et éclairants sur « l’antériorité des civilisations nègres » que l’ancienne puissance coloniale a toujours cherché à discréditer et à ridiculiser), de chercher à empêcher l’autre de parler de sa condition en son nom propre ; le racisme est dans l’incapacité de se mettre à sa place, de voir dans le visage de l’autre (de race différente) le reflet de son propre visage d’être humain, de chercher à discréditer son action, de lui refuser le droit de se défendre en réécrivant sa propre histoire comme une façon de l’amener à se contenter du récit que lui l’oppresseur a écrit sur lui, ce qui somme toute revient à lui refuser son humanité. Le racisme est aussi dans la banalisation d’un fait tragique que l’oppresseur historique voudrait voir comme un simple accident malheureux ou un cas isolé, un évènement à jeter aux oubliettes. L’ancienne puissance coloniale n’a-t-elle pas remis en question l’ampleur du drame de Thiaroye 44, la place de Gorée dans le trafic des esclaves, etc. ?
L’histoire bouge. Les peuples ne sont pas inertes. Nos peuples ont le droit d’exiger que soit effacé de nos rues le nom de quelque figure historique que ce soit, effacé des artères de nos villes et de tous nos bâtiments publics. Qu’il ne figure plus que dans les livres d’histoire et que cette même histoire qu’il reste à rédiger n’occulte aucun aspect (surtout pas les moins glorieux de ces pays) de son passé avec nos peuples. C’est une aberration que de donner le nom d’une grande artère d’une de nos villes à un combattant, un libérateur, une grande figure politique ou religieuse dans l’histoire de la nation et le nom d’une autre grande artère à celui qui était là en même temps que lui rien que pour l’opprimer, quelqu’un qui aurait voulu l’éliminer, quelqu’un qui aurait agi comme Derek Chauvin appuyant son genou, envers et contre tout, sans scrupule et sans frémir, sur la gorge de George Floyd jusqu’à son dernier souffle. L’oppresseur et le libérateur, ce sont deux figures de l’histoire mais aux antipodes l’un de l’autre. Donner le nom d’un individu à une rue ou à un édifice public, c’est nécessairement l’honorer, le célébrer, le glorifier, l’immortaliser. L’histoire ne s’enseigne pas dans les rues. C’est bien pourquoi il faut déboulonner les statues et débaptiser les noms de toutes les figures de l’histoire qui sont indignes de servir de repères géographiques dans la vie de nos sociétés, pour les, passez-moi l’expression, « confiner » dans les livres d’histoire avec les récits relatifs à leur action !
Abou Bakr Moreau est Enseignant-chercheur, Etudes américaines, UCAD.
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C'EST LA JEUNESSE QUI DOIT DÉBOULONNER FAIDHERBE
EXCLUSIF SENEPLUS - L'ancien secrétaire général d'Amnesty International, Pierre Sané, lance un appel aux jeunes pour qu'ils s'engagent dans un mouvement effectif de décolonisation du Sénégal - EXTRAIT DE L'ÉMISSION SANS DÉTOUR
Dans cet extrait de l'émission de SenePlus, "Sans Détour", l'invité Pierre Sané, ancien secrétaire général d'Amnesty international, lance un appel à la jeunesse sénégalaise pour qu'elle aille déboulonner elle-même la statue de Faidherbe à Saint-Louis quand celle-ci sera ré-installée à la fin des travaux actuellement en cours.
Selon l'ancien fonctionnaire de l'Unesco, c'est à la jeune génération de s'engager pour décoloniser le pays.
Sans Détour est une émission de SenePlus et de l'école d'imagerie numérique Sup'Imax, présentée par Abdoulaye Cissé et produite par Mame Lika Sidibé. L'intégralité de l'émission est à retrouver ici même en tout début de semaine.