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4 octobre 2025
KEN BUGUL, L'EXORCISME PAR L'ÉCRITURE
L'auteure parle de cet habitat qu’est pour elle la langue biologique, du village au Sénégal. Parcours hors norme de celle qui est allée à l’école des Blancs, mais plus sûrement à l’école des autres, jusqu’à se perdre dans sa quête de soi
C’était pas prévu, mais c’était couru d’avance, nous devions la croquer, la disséquer, l’enchanter En Sol Majeur. Grâce au Festival VO-VF Traduire le monde qui lui offre une carte blanche, Ken Bugul est de passage à Paris.
Sa carte d’embarquement encore dans la poche, elle le hurle et l’écrit depuis 7 décennies : Chez moi m’a manqué toute ma vie. Et oui son écriture - sorte de hurlement lumineux- se déploie dans sa trilogie biographique (Le Baobab fou, Cendres et braises et Riwan ou le chemin de sable, Grand Prix littéraire d’Afrique noire 1999). Sa trilogie sous le pagne ou dans le perfecto, allez savoir, cet auteur Présence Africaine vient nous parler de cet habitat qu’est pour elle la langue biologique, du village au Sénégal. Parcours hors norme pour celle qui est allée à l’école des Blancs, mais plus sûrement à l’école des autres, jusqu’à se perdre dans sa quête de soi. Ken Bugul, le cheveu argenté, reste cet enfant jouant dans le sable de Ndoucoumane, qui cherche quelque chose... en écrivant.
Quelque 30 000 personnes se sont réunies, samedi 10 octobre, au stade d'Abidjan pour assister au premier grand rassemblement de l'opposition ivoirienne
L'opposition ivoirienne a tenu, samedi, un premier grand meeting au stade d'Abidjan. Longtemps divisée, elle a présenté un front uni contre la candidature controversée du président Alassane Ouattara à un troisième mandat à l'élection du 31 octobre.
Quelque 30 000 personnes se sont réunies, samedi 10 octobre, au stade d'Abidjan pour assister au premier grand rassemblement de l'opposition ivoirienne, qui cherche à faire front commun contre la candidature controversée du président Alassane Ouattara. "Toute l'opposition ivoirienne dit NON, NON, NON !", pouvait-on lire sur le podium du stade.
Cette manifestation a rassemblé pour la première fois de nombreux leaders : de l'ancien président Henri Konan Bédié, candidat à 86 ans du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI, principal parti d'opposition) à des représentants des grands absents de la présidentielle, l'ancien président Laurent Gbagbo, en liberté conditionnelle en Belgique, et l'ancien chef rebelle et ex-Premier ministre Guillaume Soro, en exil en France et recherché par la justice ivoirienne.
L'ancien président de l'Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, ou les anciens ministres d'Alassane Ouattara, Abdallah Albert Mabri Toikeusse et Marcel Amon Tanoh, trois figures politiques dont les candidatures à la présidentielle ont été rejetées par le Conseil constitutionnel, étaient également présents.
LE TRAVAIL TITANESQUE DES ACADÉMICIENS DU WOLOF
Ils n'étaient initialement que deux ou trois, ils sont désormais près de 3 000 à s’activer quotidiennement pour l’enseignement de la langue de manière extrêmement codifiée. Un pas de géant qui ouvre la voie vers l'adoption du wolof comme langue officielle
Ils n'étaient initialement que deux ou trois, ils sont désormais près de 3.000 à s’activer quotidiennement pour l’enseignement de la langue wolof de manière extrêmement codifiée qui, grâce à ce pas de géant réalisé en un temps record, ouvre la voie vers l'adoption du wolof comme langue officielle.
En février 2018. trois amis soucieux de la nécessité de vulgariser à large échelle l'enseignement de la langue wolof, décident d'en relever le défi en se servant des nouvelles technologies. Ils n'ont pas les moyens financiers de leur projet, mais ont des idées plein la tête et se sentent capables de soulever des montagnes.
C'est ainsi que le groupe "Jàng Wolof" (apprendre le Wolof) est né. Mais très vite, ses fondateurs sentent qu'il faut en faire beaucoup plus. Ils changent alors le nom qui devient "Wolof Ak Xamle" (WAX, Wolof et transmission de connaissance) WAX étant aussi l'anagramme du mot signifiant "parler" en wolof.
Aujourd'hui WAX a ouvert des classes virtuelles via la messagerie Whatsapp, mis en place un site d’enseignement à distance, traduit des œuvres littéraires ou scientifiques, alimente Wikipedia en articles divers, a aussi créé un site d'information à savoir Saabal.com ... Bref, c’est un travail de Titan qui est en train d’être abattu par ces volontaires déterminés à donner au wolof une place non seulement sur le Web, mais également en incitant la population et l’administration à l’utiliser de manière académique. L’objectif ultime étant d’en faire la langue utilisée dans les correspondances, les textes juridiques, les tribunaux et la transmission des connaissances de toutes sortes.
Car, "la chance du Sénégal est justement d’avoir à sa disposition une langue comprise et parlée par plus de 95% de la population, alors que moins de 20% des Sénégalais parlent ou écrivent couramment le français. Il faut y ajouter les 84% de Gambiens et 37% de Mauritaniens qui sont également wolofophones", argumente Seex Lóo, l’un des deux hommes à l’origine de ce vaste projet et actuel responsable du groupe WAX.
Selon lui, on ne peut pas développer un pays avec une langue que même le tiers de la population ne parle pas.
Afin de réussir cette difficile phase de généralisation du wolof académique, les membres de Wax s’interdisent d’utiliser le moindre mot en français pour communiquer. Ils banissent les termes les plus techniques et les plus recherchés, mais également ceux tellement ancrés dans le parler quotidien des Sénégalais qu’ils finissent par être wolofisés. Ainsi, ils ne disent pas "téléphone", mais "jollasu". A la place de "numéro", ils emploient le terme wolof "limat". Un "ordinateur" est appelé "nosukaay", l’épidémie "mbas", et ainsi de suite.
Face à leurs détracteurs qui estiment que les langues africaines ont pris du retard et ne peuvent pas être des supports d’enseignement des sciences, ils ont trouvé une belle parade, puisque la plupart des termes de physique, de chimie, de sciences de la vie et de la terre sont déjà dans leur dictionnaire. Certains ont même déjà retrouvé leur place dans Wikipedia en wolof, qui s’enrichit quotidiennement de nouveaux articles. Ainsi, si peu de Sénégalais connaissent le terme d'électron, sa traduction par "mbëjfepp", contraction d’électricité (mbëj) et de grain (fepp) peut être facilement mémorisée. Sur le même principe, un proton est appelé "feppsalal", etc.
DES INVESTISSEURS LOCAUX SUR LES PLATES-BANDES D'AUCHAN
Rijaal Holding, société d’investissement fondée par des Mourides est derrière ce petit supermarché dénommé Senchan qui a ouvert, ce dimanche 4 octobre, à Touba, à la veille du Magal. L’ambition est d’occuper tout le territoire national
Rijaal Holding, société d’investissement fondée par des Mourides est derrière ce petit supermarché dénommé Senchan qui a ouvert, ce dimanche 4 octobre, à Touba, à la veille du Magal. L’ambition de ces investisseurs est d’occuper tout le territoire national en multipliant les points de vente.
Le timing est bien choisi, car il coïncide avec le Magal de Touba; le lieu également, la communauté rurale de Darou Marnane est situé dans la ville sainte. En procédant ainsi, les investisseurs ont réussi un grand coup médiatique, au moment où des millions de pèlerins sont présents à Touba. L’information est passée comme une lettre à la poste et la volonté des investisseurs locaux a été saluée par beaucoup.
Les promoteurs de cette première expérience entendent moderniser la distribution et offrir une qualité de service à hauteur des attentes des clients. "Le projet est adossé à une structuration des chaînes de valeur et à la promotion du made in Sénégal et du made in Touba dans nos rayons de façon progressive grâce à une industrialisation maîtrisée", explique un communiqué.
Rijaal Holding est une société qui regroupe plus de 250 investisseurs avec des capitaux sénégalais. Elle entend participer à la modernisation de Touba avec des investissements dans des secteurs stratégiques.
"S’il est vrai que Touba est la 2e ville du pays en termes de PIB, il faut reconnaître qu’il y a des efforts à fournir dans bien des domaines. Il s’agit entre autres des infrastructures modernes, des industries, de l'agro-business intensif, des services à la pointe de la technologie, des unités de stockage, un secteur de transport moderne et efficient, etc.", affirme Mandaw Thiam président du conseil d'administration de Rijaal Holding.
Dakar, 11 oct (APS) - Abdou Tall, Gouverneur de au Lions Club International a appelé les jeunes à être les chevaliers de la lutte contre le nouveau coronavirus.
"Auparavant, les jeunes membres de Lions Club était les chevaliers de la lutte contre la cécite. Aujourd’hui, ils ont répondu favorablement à mon appel et sont prêts à se lancer dans ce combat", a-t-il déclaré samedi lors d’une cérémonie de remise de masques et produits hydro alcooliques à la mairie de Grand Dakar.
’’C’est aux jeunes de porter des messages et d’être des exemples. Ce n’est pas parce qu’ils sont moins vulnérables qu’ils doivent être les plus exposés’’, a fait valoir Tall.
Il a insisté sur l’importance pour la jeunsesse d’être constamment sur le terrain afin de contribuer au changement de comportements face à la pandémie de Covid-19.
Lions Club qui poursuit les célébrations la Journée internationale du Service Lion à remis un don de 1 000 masques et de gels ainsi que 10 termoflashs à la mairie de Grand Dakar.
Le maire de cette commune, Jean Baptiste Diouf, a assuré que les masques et autres produits du don seront redistribués aux écoles relevant du territoire communal.
VIEILLESSE PRÉCOCE DU MONUMENT DE LA RENAISSANCE
Objet de polémique, le monument de la Renaissance africaine, ouvrage en bronze si cher à l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade, commence à prendre des rides 10 ans après son installation
Objet de polémique, le monument de la Renaissance africaine, ouvrage en bronze si cher à l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade, commence à prendre des rides 10 ans après son installation. Une vieillesse précoce pour ces colosses à qui l'on prédisait une espérance de vie de 1.200 ans.
L’érosion marine et "l’abandon" par un régime qui n’en veut pas détériorent la belle image que devaient offrir au monde entier ces statues en cuivre et en bronze surplombant la capitale sénégalaise.
L’homme (aux 100 tonnes de bronze et cuivre) et son doigt tendu vers le futur, la femme (70 tonnes) et l’enfant (20 tonnes), qui représentent le continent noir émergeant du sous-développement, ont perdu leur esthétique d’avril 2010, année d’inauguration en grande pompe de ce groupe monumental. C'est à la veille de la fête d’indépendance du Sénégal, on s'en souvient, que le président de la République d'alors, Abdoulaye Wade, avait inauguré ce monument, en compagnie de 19 dirigeants africains. Cinq ans plus tard, le vert-de-gris, signe d'oxydation, ronge petit à petit, comme un cancer, le métal de ce monument de 52 mètres haut qui domine Dakar.
La peinture chocolatée de son piédestal se détache, laissant paraître à plusieurs endroits l’effet de l’érosion marine sur cette construction de 12 milliards de FCFA. Si l’entretien des objets se trouvant à l’intérieur est quotidien, celui de ces géants pose problème.
"Entretenir les statues nous coûte extrêmement cher. C’est la raison pour laquelle, l'entretien ne se fait que tous les cinq ans. Peut-être que cette année-ci, ça va se faire, ou au plus tard l’an prochain", explique Mamadou qui servait de guide aux visiteurs, mais qui n’est aujourd’hui qu’un gardien des lieux, malgré lui, en raison de la rareté des touristes.
"En attendant, c’est la pluie qui va faire son œuvre de nettoyage", poursuit-il. Selon lui, le cuivre est le métal qui résiste le mieux à l’érosion marine, c'est pourquoi les constructeurs nord-coréens l'ont choisi avec du bronze.
Il faut de l'énergie pour gravir les escaliers en marbre gris qui mène au parvis du plus haut monument de Dakar. Un vrai parcours sportif pour les plus courageux. Aujourd'hui, c'est le cas d'un Européen, en tenue noire assortie à des lunettes, qui y fait son jogging malgré l’interdiction de rassemblement qui frappe le lieu depuis l’apparition du coronavirus au Sénégal.
Faisant le point quotidien de la situation de l’épidémie, le docteur El Hadji Mamadou Ndiaye a fait savoir que ces cas de transmission de source inconnue avaient été localisés dans la région de Dakar (15), dans celle de Saint-Louis (1) ainsi qu’à Joal (1)
Dakar, 11 oct (APS) – Quelque 24 nouvelles contaminations de Covid-19 ont été détectées au cours des dernières 24 heures par le ministère de la Santé et de l’Action sociale à partir de tests virologiques réalisés sur des échantillons de 1.091 individus, soit un taux de positivité de 2, 2 % , a appris l’APS.
Parmi ces nouveaux cas d’infection cinq étaient des contacts suivis par les services sanitaires, un autre a été importé et enregistré à l’Aéroport Blaise Diagne de Diass (AIBD), les dix-huit étant issus de la transmission communautaire, a expliqué le directeur de la Prévention.
Faisant le point quotidien de la situation de l’épidémie, le docteur El Hadji Mamadou Ndiaye a fait savoir que ces cas de transmission de source inconnue avaient été localisés dans la région de Dakar (15), dans celle de Saint-Louis (1) ainsi qu’à Joal (1) et à Fatick (1).
Il a dans le même temps fait état de la guérison de 99 patients portant à 13.297 le nombre de personnes ayant recouvré la santé après avoir contracté le virus depuis son apparition dans le pays, le 2 mars.
Aucun décès n’a été enregistré au cours des dernières 24 heures, alors que six malades sont en réanimation, a signalé le porte-parole du ministère de la Santé.
Plus de sept mois après l’officialisation du premier cas de Covid-19 dans le pays, le Sénégal a officiellement comptabilisé 15.268 cas dont 314 décès et 1656 encore sous traitement.
UN TRADIPRATICIEN VEUT QUE LES PLANTES MÉDICINALES DU PAYS SOIENT RÉPERTORIÉES
Le tradipraticien Abdou Salam Cissé a plaidé, samedi pour que l’Etat aide à répertorier toutes les plantes médicinales du pays, et à la production de celles disparues ou en passe de l’être.
Thiès, 10 oct (APS) - Le tradipraticien Abdou Salam Cissé a plaidé, samedi pour que l’Etat aide à répertorier toutes les plantes médicinales du pays, et à la production de celles disparues ou en passe de l’être.
M. Cissé, venu prendre part à la journée de l’agroécologie qui a finalement été reportée, a profité de l’occasion pour lancer un appel aux services de l’Etat, afin qu’ils répertorient toutes les plantes médicinales qui poussent dans le pays.
‘’C’est l’Etat qui doit rassembler tous les tradipraticiens, faire en sorte qu’ils répertorient toutes les plantes médicinales du Sénégal’’, a dit M. Cissé. Pour lui, l’Etat peut aller jusqu’à importer des graines de plantes ne poussant pas au Sénégal pour en confier la multiplication à des agriculteurs.
Selon lui, cette démarche pourrait permettre une production à grande échelle de ces plantes.
‘’On a constaté que chaque décennie on a au moins trois à quatre espèces qui disparaissent’’, a dit M. Cissé, estimant que ce phénomène est dû à l’ ‘’irrégularité de la pluviométrie’’. ‘’Avec le changement climatique, certaines plantes se font de plus en plus rares’’, a-t-il dit.
Le spécialiste de la médecine traditionnelle suggère qu’en collaboration avec les acteurs de l’agriculture écologique que les graines de certaines plantes médicinales soient mises en culture lors des bons hivernages et gardées en attendant les années où elles seront en manque.
A titre d’exemple, il a noté que l’artémésia, réputée efficace contre le paludisme et la covid-19 poussait à l’état sauvage au Sénégal. Avec la pandémie, n’eût été ceux qui la cultivaient, il serait introuvable. Certains en cherchaient les graines pour les semer.
Abdou Salam Sall note que ce sont les arbres ayant une longue durée de vie, qui résistent mieux que les arbustes ou plantes herbacées qui se reproduisent à chaque hivernage.
Il pense que le projet de légalisation de la médecine traditionnelle qui traîne depuis 2002 à l’assemblée nationale et qui pourrait aider à ‘’assainir’’ la pratique de la médecine traditionnelle au Sénégal, reste un préalable.
La médecine traditionnelle en tant que ‘’soin à la population’’, soulage l’Etat par rapport à ses dépenses de santé publique, a-t-il relevé.
LA MUSIQUE DE NOUVEAU AUTORISÉE DANS LES RESTAURANTS BARS ET HÔTELS
Le chef de l’exécutif régional a notamment officialisé cette mesure par un arrêté rendu public le même jour. La pratique de ces activités avait été suspendue à partir du 6 août dernier.
Dakar, 10 oct (APS) – Le gouverneur de Dakar, Al Hassan Sall, a levé samedi la mesure de suspension de la pratique de la musique, des chants et danses dans les hôtels, auberges, salons de thé et café dans la région, a appris l’APS de source officielle.
Le chef de l’exécutif régional a notamment officialisé cette mesure par un arrêté rendu public le même jour. La pratique de ces activités avait été suspendue à partir du 6 août dernier.
‘’La mesure de suspension des autorisations de faire de la musique, des chants et danses dans les débits de boissons, prescrite par arrêté N°086/GRD du 6août 2020, est levée pour les hôtels, auberges, restaurants, salons de thé et de cafés’’, rapporte le document dont l’APS a reçu une copie.
Le gouverneur exhorte dans le même temps les responsables des établissements concernés de faire respecter les mesures barrières édictées dans le cadre de la lutte contre la propagation de la Covid-19.
Les préfets des départements de Dakar, Guédiawaye, Pikine et Rufisque, le commissaire central de Dakar, chef de service régional de la sécurité publique et le commandeur de la légion ouest de la gendarmerie sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent arrêté.
Le Collectif des acteurs de la musique avait récemment élevé la voix pour réclamer la reprise de leurs activités. Une rencontre avait déjà été initiée avec le ministère de la Santé et de l’Action sociale le mois dernier.
PAR Abdourahman Waberi
POUR UN AUTRE HORIZON POLITIQUE
Puisque les vieux dictateurs et leurs affidés comptent sur la passivité du corps social et la servitude volontaire de l’élite, il serait totalement déraisonnable de ne pas résister, même à une échelle symbolique
À la suite de la publication sur le site change.org du manifeste « Halte à la présidence à vie en Afrique ! » par l’Ivoirienne Véronique Tadjo, le Camerounais Eugène Ebodé et le Guinéen Tierno Monénembo, nous avons souhaité ouvrir un débat sur cette thématique en donnant la parole aux écrivains du continent et de la diaspora. Écrivain, chroniqueur pour le quotidien français Le Monde et professeur à la George Washington University, Abdourahman Waberi trace pour nous les contours d'un autre horizon politique, structuré notamment autour de la palabre. Auteur avec Alain Mabanckou du Dictionnaire enjoué des cultures africaines qui vient d'être publié en poche chez Pluriel, son dernier roman intitulé Pourquoi tu danses quand tu marches est paru en 2019 aux éditions JC-Lattès. Une série proposée par Christian Eboulé.
Dans notre monde interconnecté, encore plus virtuel qu’hier depuis qu’un petit virus nous a cloués tous derrière nos écrans, il faut reconnaître que les réseaux sociaux jouent un rôle considérable dans cette noosphère pour parler comme Teilhard de Chardin où nos idées, nos sentiments et nos affects se fondent et coagulent avant de muer en gestes physiques, en actions concrètes et directes.
Les réseaux sociaux : relais efficaces pour les peuples
Ces réseaux sociaux permettent aux gens qui ne sont pas représentés habituellement dans les médias d’avoir parfois un visage et une voix forte, apte à toucher des centaines de milliers, voire des millions de personnes. D’aucuns pensent que ce sont les armes miraculeuses des damnés de la terre. Deux exemples si distants et si différents dans leur nature me viennent à l’esprit.
Le 3 juin 2020, un jeune officier djiboutien, Fouad Youssouf Ali, a diffusé une courte vidéo filmée avec un portable dans laquelle le pilote (de l'armée de l'air djiboutienne, ndlr) fait état de ses conditions de détention inhumaines ; ce qui a déclenché un tollé général, provoqué des manifestations dans le pays, attiré l’attention des médias étrangers et donné à voir les tortures infligées à tour de bras dans la prison de Gabode.
Cette petite vidéo a eu plus d’impact sur la population que maintes déclarations d’opposants. À Hollywood, c’est un hashtag #OscarsSoWhite qui est en train de changer la donne ; puisqu’il a conduit l’Académie des Oscars à modifier la composition du collège des votants, hier composé d’hommes blancs âgés, afin de le rendre plus inclusif, plus représentatif de la société américaine.
Une indispensable résistance
S’indigner, rejeter de toutes nos forces les inamovibles présidents si vieux dans des sociétés démographiquement si jeunes, passer par les médias sociaux pour ce faire, voilà un geste sain, responsable et nécessaire, et c’était mon deuxième point.
Puisque les vieux dictateurs et leurs affidés comptent sur la passivité du corps social et la servitude volontaire de l’élite, il serait totalement déraisonnable de ne pas résister, même à une échelle symbolique. Si je fichais la paix à Ismaël Omar Guelleh, candidat à un 5e mandat (à Djibouti, ndlr), et si Tierno Monénembo se taisait devant le coup de force d’Alpha Condé (en Guinée, ndlr) alors une nouvelle petite digue s’écroulerait et d’autres caciques comme Henri Konan Bédié (l'ancien président ivoirien, ndlr) tenteraient leur chance.
Pis, ce serait la pire des manières de remettre le couvert sur les mouvements sociaux qui ont marqué la scène politique africaine de ces dernières années. Je pense – et je salue – à ceux et celles qui ont mis à la porte les vampiriques Blaise Compaoré et Yahya Jammeh (au Burkina Faso et en Gambie, ndlr) qui voulaient justement se succéder à eux-mêmes.
Je pense – et salue – également ceux et celles qui ont dévoilé la question du franc CFA et ses sombres ramifications sur la place publique. Et je ne peux oublier ceux et celles qui, à Bamako, viennent de mettre un terme à la gestion calamiteuse d’Ibrahim Boubacar Keïta.
La palabre : élémént central dans l'arène publique
Il nous faut, et c’est mon troisième point, tirer toutes les conclusions de l’exemple malien. Son magnifique dénouement, nous le devons aux segments les plus décidés de la société civile qui ont pris leur part de responsabilité en s’immisçant dans les affaires publiques et en ne laissant pas les coudées franches aux politiciens désavoués.
Nous avons vu des artistes comme Salif Keita ou Cheikh Oumar Sissoko monter au créneau, donner forme et consistance à la colère populaire. Ce qui s’est passé au Mali nous invite à privilégier les médiations, et les remèdes indigènes sont plus efficaces que les recommandations supranationales de la Cédéao et l’UA (L'Union africaine, ndlr).
Il serait grand temps de repenser la palabre comme outil et centre d'invention éthique. La palabre comme idée, mais également comme mode de vie, peut devenir un élément central dans l’arène publique. À la politique, la palabre offre les ressources culturelles et spirituelles de la communauté, l'hospitalité de la théorie démocratique.
Contrairement à l’opinion, répandue chez les autocrates, qui voudrait présenter la démocratie comme un greffon étranger et une importation occidentale, Ernest Wambia dia Wambia, le philosophe et politiste congolais récemment disparu, nous a instruit combien ce qu’il nomme les pratiques de la palabre communaliste sont un formidable outil pour résoudre nombre de conflits dans la société.
Il ne serait pas incongru de replacer l’action de l’imam malien Mahmoud Dicko dans ce contexte. Wamba dia Wamba nous rappelle aussi que le temps des sociétés africaines est long, et j’ajoute que celui des satrapes est une broutille, une note de bas de page.
Les peuples africains sont vent debout
Enfin, et c’est mon dernier argument, à l’heure où partout les peuples se lèvent aux quatre coins de la planète, le retour du parti unique et de la présidence à vie serait le signal d’un incommensurable retour en arrière. Les Algériens, les Zimbabwéens et les Soudanais hier, les Burkinabè, les Gambiens, les Tunisiens et les Égyptiens avant-hier, les Ivoiriens, les Guinéens, les Djiboutiens ou les Camerounais demain, les peuples africains sont vent debout sur tout le continent.
En Europe, aux États-Unis, à Hong Kong comme au Liban ou au Chili et en Biélorussie, c’est le temps des peuples, des barricades et des Bastilles à investir. Normal ce sont eux qui écrivent les plus belles pages d’histoire et non les satrapes qui soliloquent dans leur palais vide. Le Soudanais Bechir du fond de sa cellule doit méditer cette leçon alors que son voisin Idriss Déby Itno, maréchal d’opérette, s’enfonce dans les parages de la démence.
L’imagination dissidente vient de la rue, et elle amène dans son sillage l’invention politique ainsi que de multiples actes de compassion. Elle braque son attention sur les ruraux, les marginaux, les exilés de l’intérieur, les acteurs du secteur informel, les jeunes sans emploi, les femmes pourvoyeuses de soin, c’est-à-dire sur tous ceux et toutes celles dont la voix ne porte pas sur la place publique. Mieux, elle leur donne un espace à occuper, une occasion de descendre dans la rue et prendre d’assaut les palais de marbre.
Repenser la palabre comme un mode politique dans les temps qui viennent est l'un des grands défis des sociétés africaines. Réinventer une éthique pour le 21ème siècle est une tâche nécessaire pour cette pratique multiforme où la spiritualité ne perd pas le sens du sacré, où l'éthique est la quête d'un nouvel horizon, où les grands exercices rituels de liberté, de foi et d’innovation font de nouveau leur apparition. Qu’on se le redise une bonne fois pour toutes : basta la présidence à vie !