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4 juillet 2025
DES BARONS «DICTENT» LA LOI ET «BLOQUENT» L’ASCENSION DES STAGIAIRES
Les professions de notaire et d’huissier de justice sont dites libérales, mais elles ne sont pas pour autant accessibles. Les jeunes aspirants accusent les barons du milieu de «bloquer» leur ascension dans ce métier.
Les professions de notaire et d’huissier de justice sont dites libérales, mais elles ne sont pas pour autant accessibles. Les jeunes aspirants accusent les barons du milieu de «bloquer» leur ascension dans ce métier.
C’est par une lettre ouverte adressée au président de la République du Sénégal que les Huissiers de Justice stagiaires se sont faits entendre pour parler de leur situation. Six mois après la fin de leur stage, ils disent attendre toujours leur décret de nomination afin d’exercer leur profession de façon autonome. «Toutes les informations, de même que les échos font état d’un projet de décret qui serait au niveau du Secrétariat Général du Gouvernement en attente de son adoption par le conseil des ministres, projet d’ailleurs dont nous ignorons complètement le contenu», ont-ils écrit au chef de l’Etat.
Poursuivant, les 16 huissiers stagiaires soutiennent qu’il leur a été rapporté, de sources concordantes, que certaines personnes (clercs) qui avaient échoué au concours d’entrée, tendent à être recasées, par un lobby d’huissiers de justice tapis dans l’ombre. «Il semblerait d’ailleurs que ces derniers ont inséré dans le projet de décret qui est actuellement au Secrétariat du Gouvernement, une disposition transitoire dont la seule motivation est de recaser ces clercs ayant échoué au concours d’entrée ou choisi délibérément de ne pas se présenter au concours», ont-ils révélé dans la lettre ouverte adressée au Président Macky Sall. Ils brandissent l’arrêt n°61 du 28 Décembre 2017 de la chambre administrative de la Cour Suprême du Sénégal qui a décidé, conformément à l’article 36 du Décret portant statut des Huissiers de Justice, que pour être nommé Huissier de justice : « ces clercs doivent être titulaires d’une maîtrise en droit, d’un master II en droit ou d’un diplôme admis en équivalence, avoir subi avec succès les épreuves du concours d’aptitude au stage, avoir accompli un stage de deux ans dans une étude ou une société civile professionnelle d’Huissier.»
Malheureusement, déplorent-ils, ce lobby veut passer outre cet arrêt de la Cour Suprême et trouver une porte de sortie à ces personnes n’ayant pas rempli les conditions fixées par le Décret 2015, portant statut des huissiers de Justice. Ils demandent ainsi au chef de l’Etat de ne nullement cautionner une telle injustice dans une République qui prône une gouvernance juste, sobre et vertueuse. Ainsi, ils demandent au président de la République de prendre les dispositions allant dans le sens d’un dénouement juste et rapide de cette situation afin qu’ils puissent exercer leur profession dans les plus brefs délais.
LOBBYING POUR UNE REEVALUATION DE LA REFORME SUR LE STATUT DES NOTAIRES
Il faut relever que les huissiers ne sont pas les seuls à vivre ce problème d’accessibilité à la profession. Cette situation est aussi valable pour les notaires stagiaires. Ces derniers qui ont fini leur stage en 2016 n’ont toujours pas été intégrés. Preuve, selon eux, que les barons «dictent» les lois dans ces milieux, en 2002, l’Etat avait réformé le statut des notaires en instaurant un concours d’entrée qui ne sera finalement organisé que 11 ans après, en 2013. Pis, en plus de ce dilatoire, les 22 personnes retenues à l’issue de ce concours courent depuis 2016 derrière leur nomination.
A les en croire, ce sont les barons qui entravent le processus. Un autre fait qui atteste de la puissance et de la force d’influence de ces derniers, c’est leur lobbying pour une réévaluation de certaines mesures prises à l’issue de la réforme portant statut des notaires. Il faut dire qu’un décret a été adopté en conseil des ministres le 10 juin dernier et l’une des innovations, c’est l’âge légal de départ à la retraite dans une profession qui jusque-là ne prévoyait pas d’âge de retraite. Il a été ainsi fixé à 70 ans et de façon dérogatoire à 72 ans.
Auparavant, les notaires pouvaient exercer leur métier à vie à moins qu’ils ne démissionnent de leur propre chef. Et selon nos sources, ce nouveau décret encadrant l’âge d’exercice de la profession n’a pas plu aux barons du milieu. C’est dans ce sens d’ailleurs, selon toujours nos sources, que le président de la République leur a accordé une audience dernièrement avant de leur promettre de revenir sur certaines dispositions substantielles de la réforme.
L'ÉTAT INTERPELLÉ SUR LA FAILLITE PROGRAMMÉE DES HUILERIES
Sous la houlette de Cheikh Seck, président de ladite Commission, la délégation a prêté une oreille particulièrement attentive aux producteurs
Les députés membres de la Commission de Développement rural de l’Assemblée Nationale ont effectué une tournée dans le bassin arachidier. Au cours de cette visite, les parlementaires ont invité l’Etat à intervenir pour sauver les huileries comme Copéol qui est en faillite. L’impact de la Covid-19 a été également au centre des discussions entre les députés et les paysans.
En tournée dans le bassin arachidier, les membres de la Commission du Développement rural de l’Assemblée nationale ont rencontré la direction de Copéol qui traverse une crise financière, ainsi que les producteurs.
Sous la houlette de Cheikh Seck, président de ladite Commission, la délégation a prêté une oreille particulièrement attentive aux producteurs. Alors qu’ils contractualisent avec Copéol, ces derniers sont dans l’incapacité d’honorer leurs dettes à cause du déficit pluviométrique du dernier hivernage. Et cette situation a plongé dans la faillite Copéol qui s’est résolue à licencier ses employés ainsi que certains travailleurs permanents.
D’où l’invite faite par le député Cheikh Seck à l’Etat de réguler le marché en résorbant la dette des contractants avec la Copéol et de payer la dette intérieure due à l’huilier. «C’est toute une chaîne qu’il faut aujourd’hui sauver», a indiqué le député socialiste Cheikh Seck qui rappelle que le fonds de résilience agricole doit prendre en charge les effets négatifs de la Covid-19.
Toujours dans la dynamique de sauver la Copéol, il magnifie les dispositions prises par le ministre de l’Agriculture, Pr Moussa Baldé. «Il est dans d’excellentes dispositions pour que ces questions soient réglées. Maintenant, nous devons pousser aussi pour que Copéol reprenne la trituration, que les paysans de Copéol qui ont contractualisé avec l’Etat puissent prendre en charge la dette ou une partie de cette dette afin d’accompagner Copéol. Ce, à l’image de toutes les autres petites industries parce qu’on ne peut pas développer un pays sans les secteurs primaire et secondaire que sont l’agriculture et l’industrie. C’est cela qui fait développer un pays», soutient le député-maire de Ndindy.
CHEIKH SECK : «IL FAUT ORGANISER DAVANTAGE LA FILIERE»
Au-delà des huileries, c’est l’avenir de la filière arachidière qui est menacée, alerte Cheikh Seck. A cause de la surenchère, indique-t-il, les industriels sont à l’arrêt, faute de graine à triturer. «Au moment où le prix officiel était à 210 Fcfa, les Chinois achetaient à 300 francs», dit le parlementaire en ajoutant que les graines ont été achetées et exportées en Chine. «Il faut organiser davantage la filière, permettre à nos producteurs d’acheter, permettre à nos industries de triturer», plaide Cheikh Seck.
A l’en croire, la contractualisation qui consiste à subventionner les paysans en semences et intrants peut contribuer à garantir des revenus aux producteurs. «L’objet de la signature de l’accord avec les Chinois, c’était d’acheter le surplus. Maintenant, eux n’achètent plus le surplus, ils achètent le principal», relève le président de la Commission du Développement rural de l’Assemblée nationale.
LA RECULADE DE L’UNION EUROPEENNE
La décision du gouvernement du Sénégal d’appliquer la réciprocité suite à l’annonce de l’espace Schengen qui a décidé de rouvrir son espace à 4 pays africains sans le Sénégal semble porter ses fruits.
Les pays de l’Union Européenne ont envisagé à partir du 11 juillet de rouvrir leur espace Schengen en y admettant 4 pays africains. Cependant, la cheffe de la délégation de l’union Européenne au Sénégal, Irène Mingasson, soutient qu’il y a un malentendu sur la perception de la décision. Elle informe que cette dernière ne concerne pas pour le moment le Sénégal.
La décision du gouvernement du Sénégal d’appliquer la réciprocité suite à l’annonce de l’espace Schengen qui a décidé de rouvrir son espace à 4 pays africains sans le Sénégal semble porter ses fruits. A en croire l’ambassadeur de l’Union européenne à Dakar, Irène Mingasson, le Sénégal n’est pas concerné par la fermeture de l’espace Schengen. « « En vérité, le Sénégal qui a décidé de rouvrir ses frontières aériennes à partir du 15 juillet 2020 n’est pas concerné par cette nouvelle situation », a-t-elle laissé entendre.
Pour la diplomate, l’approche de l’Union européenne n’est pas surprenante car, souligne-t-elle, c’est le Sénégal qui a opté pour un retour graduel de la réouverture de ses frontières. « En ce qui concerne la recommandation européenne, je crois qu’il y a un malentendu sur la perception de la décision », laisse-telle entendre. Avant de préciser que le but visé n’est vraiment pas de fermer les frontières mais de les rouvrir. Il s’agit, selon elle, de lever graduellement de façon ordonnée et transparente les restrictions qui, poursuit-elle, depuis des mois, s’appliquent aux mouvements et aux voyages non essentiels à l’intérieur de l’Europe et entre l’Europe et le reste du monde. Pour rappel, cette liste qui a été élaborée sur la base de « pays à situation épidémiologique similaire à l’Europe » exclut le continent africain à l’exception de l’Algérie, le Maroc, la Tunisie et le Rwanda.
LE SYTJUST DÉNONCE LE MACHIAVÉLISME DE MALICK SALL
Le syndicat n’y est pas allé par quatre chemins pour s’insurger contre la décision du ministre de la Justice de recevoir les membres de l’Untj
Le ministre de la Justice, Me Malick Sall, a reçu hier à sa demande l’Union Nationale des Travailleurs de la Justice (Untj). Une rencontre que le Sytjust dénonce avec la dernière énergie. De l’avis de Me Aya Boun Malick Diop et Cie, cela démontre que le garde des Sceaux est dans le déni et le machiavélisme.
Le Sytjust n’y est pas allé par quatre chemins pour s’insurger contre la décision du ministre de la Justice Me Malick Sall de recevoir les membres de l’Untj. Dans un communiqué, Me Aya Boun Malick Diop et ses camarades ont tiré à boulets rouges sur le garde des Sceaux. «Le ministre de la Justice, Malick Sall, vient une fois de plus de démontrer de manière irréfragable qu’il est dans un perpétuel déni de devoir et de responsabilité», s’insurgent les syndicalistes.
Selon eux, au lieu de renouer le fil du dialogue avec le Sytjust qui paralyse le système judiciaire par des grèves récurrentes pendant trois semaines d’affilée, Me Malick Sall n’a trouvé mieux que de rencontrer un petit groupe dissident de travailleurs de la Justice qui ne fait même pas la grève. «Cette démarche, apparemment inspirée de tactiques directement sorties des manuels désuets d’un machiavélisme suranné semble dénoter d’un esprit belliciste qui supporte mal la critique. C’est une fuite en avant qui démontre clairement que Monsieur Malick Sall mise sur un clivage imaginaire entre les travailleurs pour arriver à ses fins qui ne sont autres que la remise en cause des acquis des travailleurs de la Justice», fulmine le Sytjust qui juge puérile cette attitude du ministre de la Justice.
Le Sytjust trouve que «cette impertinence est d’autant plus troublante que le ministre de la Justice s’est autorisé, au nom du Gouvernement, de discuter avec cette «entité» dite syndicale qui s’est constituée il y a à peine quatre mois. Et qui n’a même pas encore une existence légale, faute de récépissé et de plateforme revendicative et qui, de surcroît, n’a jamais eu un quelconque accord avec le Gouvernement».
LA MASCARADE DE LA QUATORZAINE D’INCUBATION DE LA COVID-19
Dans la foulée, le Sytjust a déploré aussi le contexte dans lequel Me Malick Sall a reçu les membres de l’Untj. «Comment un ministre de la République peut-il recevoir une délégation de travailleurs, alors qu’il a été déclaré être en quatorzaine d’incubation de la covid-19 au point de se faire substituer, cette semaine, à l’Assemblée nationale par le Secrétaire d’Etat chargé de la promotion des droits humains et de la bonne Gouvernance? » s’interroge le Sytjust avant de marteler : «Par cette manœuvre maladroite, le ministre de la Justice cherche à leurrer le président de la République, le Gouvernement et l’opinion publique à qui il veut faire croire qu’il y a un autre syndicat qui s’oppose aux demandes des travailleurs de la Justice portées par le Sytjust.»
RENNES SUR LA PISTE DE PAPE ABDOU CISSE, PAN VEUT CONTINUER AVEC TRABZONSPOR
Sollicité par plusieurs grandes écuries européennes, Pape Abdou Cissé pourrait rejoindre le championnat français dès cet été.
Le défenseur sénégalais Pape Abdou Cissé pourrait rejoindre le championnat français la saison prochaine. En effet, rennes est intéressé par le profil du joueur. Alors que Pape Alioune Ndiaye veut rester dans le Süper Lig.
Sollicité par plusieurs grandes écuries européennes, Pape Abdou Cissé pourrait rejoindre le championnat français dès cet été. En effet, Rennes souhaite enrôler l'international sénégalais pour renforcer son effectif la saison prochaine. Le profil du défenseur de Olympiakos (Grèce) intéresse fortement les dirigeants bretons.
En effet, «L’Equipe» annonce que le directeur sportif Florian Maurice a supervisé l’international sénégalais en Europa League. Et il se serait approché de l'entourage du joueur pour connaître les tarifs de son transfert. Avec sa corpulence et son abnégation, le joueur de 24 ans pourrait s'imposer dans cette équipe de la ligue 1 et permettre au club de retrouver une place au niveau de l’Europe. Avec son potentiel, le natif de Pikine pourrait être également d’un apport capital dans le jeu des «Rouge et Noir». Maintenant, reste à savoir si l’équipe française va sortir le chéquier pour s'offrir les services du joueur formé à AS Pikine,(Sénégal). Cette saison, en championnat, Pape Abdou Cissé compte 6 matchs. Son temps de jeu a diminué en raison de sa blessure au retour de la Coupe d'Afrique des Nations.
PAPE ALIOUNE NDIAYE NE VEUT PAS QUITTER LA TURQUIE
Du côté de la Turquie, Pape Alioune Ndiaye veut continuer l’aventure avec Trabzonspor. Le milieu de terrain sénégalais dont le contrat arrive à terme n'envisage pas de retourner avec son ancien club.
Le joueur de 29 ans n'aurait aucune intention de revenir avec Stoke City en Championshipla saison prochaine. Une chose qui semble difficile, puisque le président des Bordo-Mavi veut voir comment l’ancien joueur de Galatasaray va se comporter durant les prochains matchs pour décider s'il va continuer l'aventure ou pas. Pour rappel, l’ancien de Osmanlispor a fait 15 apparitions toutes compétitions confondues depuis son arrivée en janvier et il a inscrit un but.
MOUSTAPHA NIASSE MIS AU DEFI
Désormais, la balle est dans le camp de la représentation nationale pour la reddition des comptes dans la gestion du fonds « force covid-19 »
Le président de la République qui a sommé, lors du dernier Conseil des ministres du mercredi 1er juillet 2020, le gouvernement de se mettre à la disposition de l’Assemblée nationale pour s’expliquer sur la gestion des 1.000 milliards FCFA du Fonds « Force Covid-19 » met ainsi le parlement devant ses responsabilités. Il appartient désormais au président de l’Assemblée nationale Moustapha Niasse et à ses collègues députés de relever le défi d’éclairage de la lanterne des Sénégalais sur les parfums de «scandales» qui ont rythmé ces trois mois de gestion de la pandémie du nouveau coronavirus.
Présidant la réunion du Conseil des ministres par visioconférence, le mercredi 1 juillet 2020 dernier, le président de la République, Macky Sall, a annoncé deux mesures majeures dans le cadre de la gestion de la pandémie du nouveau coronavirus.
En effet, abordant le contexte global de sortie de l’état d’urgence, le chef de l’Etat a informé les ministres qu’«il n’y aura pas de vacances gouvernementales en 2020» mais aussi de se «mettre à la disposition de l’Assemblée nationale afin de donner toutes les informations relatives notamment à la mise en œuvre du Programme de Résilience économique et sociale, à travers l’exécution du Fonds « Force Covid-19 » doté de 1.000 milliards FCFA». Avec cette décision du chef de l’état, les Sénégalais pourraient enfin être édifiés sur les cas de malversations présumés qui ont pollué l’atmosphère de la gestion de cette pandémie, depuis le 23 mars dernier.
Désormais, la balle est dans le camp de la représentation nationale. Du président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, et de ses collègues députés, il est notamment attendu des éclairages sur les parfums de scandales qui ont rythmé ces trois mois de gestion de la pandémie de Covid-19 au niveau des ministères : ceux de la Santé et de l’action sociale, du Développement communautaire, de l’équité sociale et territoriale ainsi que de celui en charge de la Culture et de la communication pour ne citer que ces trois départements. Cependant, en dépit de cette ouverture du président de la République pour la reddition des comptes dans la gestion de cette pandémie, il faut reconnaitre que rien n’est joué d’avance.
En effet, contrairement aux autres pays comme en France où le Parlement exerce sa mission de contrôle de l’action du gouvernement et cela, même pendant la période de l’état d’urgence avec les passages toutes les semaines du Premier ministre au parlement pour échanger avec les députés sur l’évolution de la gestion de cette pandémie, la réalité est tout autre au Sénégal. Le travail de contrôle parlementaire de l’action du gouvernement bute très souvent sur la mainmise de l’Exécutif sur l’institution parlementaire mais aussi sur des relations de subordination qui lient méthodiquement la plupart des députés du groupe de la majorité au président de la République.
Pour preuve, depuis mi-juin, la demande de convocation à l’Assemblée nationale des ministres, Abdoulaye Diouf Sarr, et de son collègue du Développement communautaire, de l’Équité sociale et territoriale, Mansour Faye, pour s’expliquer sur leur gestion de la Covid-19 adressée au président Moustapha Niasse est restée sans suite. Et ce, malgré les nombreuses incriminations qui pèsent sur ces deux ministres.
Pourtant, le vendredi 26 juin dernier, le ministre de la Santé et de l’action sociale a eu le temps de se présenter à l’Assemblée nationale pour défendre un projet de résolution en hommage aux personnels de santé. Voté à l'unanimité par les députés présents à cette plénière présidée par Awa Guèye, présidente de la Commission de la Santé, de la Population, des Affaires sociales et de la Solidarité nationale, ce texte saluait les efforts du ministère de la Santé et de l'Action sociale ainsi que de ses collaborateurs dans le cadre de la lutte contre la Covid-19. Qui plus, elle demandait au gouvernement de donner au ministère de la Santé et acteurs de la riposte tous les moyens matériels, financiers et politiques nécessaires à l’endiguement de Covid-19. Une sorte de blanc-seing et/ou de validation de l’action du ministre Diouf Sarr dans la gestion de la riposte.
HEMICYCLE PARE-FEU
Sollicitée aujourd’hui pour arbitrer ces questions de transparence et de reddition des comptes dans la gestion de «Force Covid-19», un fonds crédité de 1000milliards de F Cfa, la représentation parlementaire ne semble pas partie toutefois pour créer la rupture. Pour cause, outre cette motion citée cihaut, l’Assemblée nationale s’était déjà tristement distinguée dans plusieurs autres affaires impliquant des proches du «Macky» par son silence où son soutien. En véritable tribune de défense des tenants du pouvoir. L’on se rappelle ainsi la fameuse affaire des 94 milliards ou le Tf 1451/R, un des sujets brûlants de l’année 2019.
Accusé d’avoir détourné 94 milliards ou le Tf 1451/R appartenant aux héritiers de feu Djily Mbaye par le leader de Pastef, Ousmane Sonko, l’ancien patron des Domaines Mamour Diallo, responsable apériste de Louga, a été blanchi par une Commission d’enquête parlementaire. Seulement, quelques jours après la publication de son rapport, Ousmane Sonko qui avait également déposé une plainte auprès de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) a annoncé que cet organe a saisi à son tour le parquet de Dakar pour qu'il enquête sur de «possibles cas de détournement de deniers publics » visant l’ancien Directeur des Domaines, Mamour Diallo, et autres. Outre cette affaire, il y a eu également et de triste mémoire le dossier des contrats pétroliers et gaziers où le frère du président de la République, Aliou Sall, a été cité par une enquête de la chaine Bbc dans un «Scandale à 10 milliards».
Malgré le débat qu’a suscité cette affaire du fait de l’utilisation présumée de faux rapport de présentation dans l’attribution des blocs pétroliers et gaziers à l’homme d’affaires Frank Timis pour lequel travaillait Aliou Sall sans parler des fortes sommes d’argent en jeu, l’Assemblée nationale avait plutôt adopté la position de spectateur dans cette affaire. Aujourd’hui, à l’ère du nouveau coronavirus, la représentation parlementaire est encore interpellée dans son rôle de contrôle de l’action gouvernementale. Dans l’espoir qu’elle ne soit pas aussi… «covidée » !
L'ÉTAT TEMPORISE À PROPOS DE LA DÉMOLITION DE SANDAGA
La confrontation frontale qu’augurait le bras de fer entre commerçants et autorités, déterminés à libérer les emprises du marché Sandaga afin de permettre le démarrage des travaux de réhabilitation dudit marché, n’a pas eu lieu vendredi
La confrontation frontale qu’augurait le bras de fer entre commerçants et autorités, déterminés à libérer les emprises du marché Sandaga afin de permettre le démarrage des travaux de réhabilitation dudit marché, n’a pas eu lieu hier, vendredi, date-butoir de la sommation administrative. Pour cause, l’Etat a reculé suite à des concertations de dernière minute avec l’autre partie prenante. Au final, les commerçants sont autorisés à rester dans les lieux 5 jours après la fête de Tabaski avant de libérer les emprises de ce marché fermé depuis 2013 pour menace de ruine.
L es autorités administratives et les champions de l’économie informelle établis sur les emprises du marché Sandaga se sont convenus de ne pas mettre en application la décision préfectorale, consistant à déguerpir les occupants du pourtour dudit marché. En effet, ils sont autorisés à y rester 5 jours après la fête de Tabaski. La décision a été prise d’un commun accord hier, vendredi, après une réunion d’échanges entre les deux parties. Une «décision salutaire», fera savoir Moustapha Diouf, président de l’organisation du mouvement And Taxawu Sandaga qui a pris part à cette réunion. Ont conduit les discussions ayant permis de différer l’arrêté préfectoral, les ministres de l’Intérieur, de l’Urbanisme, le préfet de Dakar et les représentants des commerçants établis sur le périmètre du marché Sandaga. Heureux de cette décision de report, Mr Diouf de magnifier: «Nous saluons la compréhension des autorités pour avoir repoussé la date de déguerpissement jusqu’au retour de la fête de Tabaski. Parce que nous sommes à quelques jours de la Tabaski alors que depuis quelques 4 mois, l’activité économique est au point mort». Il ajoutera: «Au retour de la Tabaski, nous nous préparerons à quitter les lieux. Nous sommes tous favorables à la paix, c’est notre combat. Donc, nous y veillerons…».
A retenir que les discussions se sont tenues dans l’après-midi d’hier, vendredi. En réalité, ces occupants ont tout simplement amené les autorités administratives à revoir leur copie relativement à la libération des emprises du marché Sandaga aux fins de permettre le démarrage des travaux de réhabilitation dudit marché fermé depuis 2013 pour menace de ruine. Et pourtant, tout portait à croire que cette fois serait la bonne pour l’Etat. Que nenni! Les champions de l’économie informelle ont posé de tout leur poids pour faire flancher l’autorité préfectorale. Et pour y arriver, aucun d’eux n’avait fermé boutique hier avant cette décision. Au contraire, ils se sont mis sur le pont le temps de jouer les prolongations avec l’autorité administrative, qui avait déjà menacé de les déguerpir de gré ou de force dans un communiqué de la semaine d’avant.
MARCHE CHAMPS DE COURSE : Les travaux de finition se poursuivent
Jusqu’aux environs de 18 heures hier, vendredi 3 juillet, le marché Champs de course n’était pas encore prêt à abriter les occupants des emprises du marché de Sandaga. Les services du ministère de l’Urbanisme trouvés sur place pour faire le point de l’avancement des travaux dudit site ont admis qu’à l’état actuel des lieux, il n’est pas possible d’y accueillir les commerçants de Sandaga. Initialement, le site était censé les recaser tous au plus tard hier, vendredi 3 juillet, afin de permettre le démarrage des travaux de réhabilitation du marché de Sandaga. Du côté de Sandaga, le nombre de cantiniers dépasse largement celui des cantines disponibles au marché Champs de course. « Sur un total de 508 cantines construites, seules 500 sont fin prêtes pour abriter l’effectif de Sandaga dépassant de loin les places disponibles au marché Champs de course », a fait d’ailleurs remarquer Habib Aïdara, commerçant de son état établi au marché Sandaga, membre du mouvement And Taxawu Sandaga
Par Louis CAMARA
SAINT-LOUIS ET NDAR OU LES DEUX FACES D'UNE MÊME MÉDAILLE
Amputer cette ville, lieu d’une symbiose trinitaire Négro-Africaine, Arabo Berbère et Judéo-Chrétienne Occidentale, de l’une quelconque de ses composantes, y compris au niveau symbolique de la dénomination, serait un coup porté à son identité
Dans un article récent, au demeurant d'excellente facture, le Professeur Fadel Dia, écrivain, ancien directeur du CRDS de Saint-Louis suggère d'abandonner le nom de Saint-Louis au profit de Ndar pour des raisons de conformité avec notre identité propre et d'adéquation aux paradigmes de l'Histoire en devenir.
Je voudrais en toute amitié répondre à l’éminent Professeur que « Ndar ou si vous préférez Saint-Louis-du-Sénégal*» n’est prête à renoncer ni à l’une ni à l’autre de ses dénominations et ce, conformément au vœu de la grande majorité des Saint-Louisiens/Doomu Ndar/.
En effet, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO sous ce label, notre cité tricentenaire ne peut se permettre de cracher dans la soupe et courir le risque de perdre ce statut enviable. Mais là ne réside pas la raison fondamentale de l’attachement des Doomu Ndar à ce nom de Saint-Louis venu d’ailleurs, d’au-delà des mers. Comme le fait à juste titre remarquer le professeur Souleymane Bachir Diagne « Saint-Louis est une ville métisse et plurielle, cette caractéristique est inscrite dans son ADN et tout acte de nomination doit refléter le poème pluriel qu’elle est, sans en gommer aucune strophe ». Cela est l’évidence même : cette ville est le lieu d’une symbiose trinitaire Négro-Africaine, Arabo Berbère et Judéo-Chrétienne Occidentale dans l’ordre des strates historiques qui la fondent.
L’amputer de l’une quelconque de ses composantes, y compris au niveau symbolique de la dénomination, serait un coup porté à son intégrité, à son identité et à son authenticité.
Disons le sans ambages, débaptiser ou plutôt, éradiquer purement et simplement le nom de Saint-Louis au profit exclusif de celui de Ndar équivaudrait à vouloir faire du neuf avec du vieux ( Il ne faut pas oublier que le nom Ndar est antérieur à celui de Saint-Louis), et ne constituerait donc ni une cure de jouvence ni le signal fort d’une entrée dans une modernité souhaitée et souhaitable. C’est un peu comme si, sous prétexte de vouloir faire de Paris une ville du futur, l’on décidait de lui redonner son ancien nom de Lutèce, ce qui serait le comble de l’archaïsme vêtu des oripeaux d 'une modernité factice. Non, vraiment les Saint-Louisiens sont des Doomu Ndar et les Doomu Ndar sont des Saint-Louisiens. De la même manière, Ndar et Saint-Louis, Saint-Louis et Ndar ne sont que l’envers et l’endroit d’une même médaille. Que l’on ne vienne surtout pas nous accuser de faire dans l’ethnocentrisme insulaire et la fausse fierté identitaire, d’être des « Ndarolâtres » ou des suppôts du colonialisme ou de son avatar, le néo-colonialisme.
Les Doomu Ndar sont d’aussi fiers patriotes que n’importe quels autres Sénégalais et la mémoire collective retiendra aussi que c’est en terre Saint-Louisienne qu’est né « Moom sa Réew », le mouvement d’indépendance le plus radical du Sénégal d’alors. Les Doomu Ndar ont tous des racines dans le pays profond. Ils les connaissent, en sont fiers et ne rejettent aucune des composantes de leur identité. Comme l’écrit le Professeur Fadel Dia dans l’un des beaux passages de son article : « Saint-Louis c’est notre Amérique, le melting-pot où s’est formée une culture neuve, métissée, en rupture avec les ordres anciens.
Toutes ces raisons devraient inciter tout regroupement de Saint-Louisiens à être, non un cercle fermé, mais une communauté ouverte, sans exclusive, car on appartient à cette ville moins par la naissance que par la culture. C’est pourquoi nous devrions faire de Saint-Louis notre maison familiale, notre patrimoine commun, souhaiter que chaque Sénégalais (et chaque Sénégalaise) y ait un point d’ancrage. »
TOUT UN PROGRAMME !...
Saint-Louis, il est vrai, a aujourd’hui perdu son prestige de capitale d’empire et ne s’est jamais remise du transfert de ses attributs Dakar, elle a aussi perdu, et cela est bien plus grave, son rôle pôle économique et économique sous l’effet conjugué des catastrophes naturelles et des méfaits humains, au point d’être ravalée au rang de petite ville de province voire de gros bourg. Force est de le reconnaître, Saint-Louis, Ndar-Géej, n’est plus que l’ombre d’elle-même et nombre de Doomu Ndar nostalgiques d’un passé révolu n’ont plus que leurs yeux pour pleurer sa splendeur évanouie dont l’ultime refuge est peut-être l’imagination des poètes. C’est triste mais vrai, la culture raffinée et composite qu’avait su créer Ndar (et qu’on lui a parfois même reprochée, pointant du doigt le maniérisme de ses habitants) a presque totalement disparu. Les vestiges qu’il en reste se meurent à petit feu, à l’ombre des vieilles bâtisses coloniales, rongés par le sel, l’humidité, la pauvreté et la négligence coupable des politiques mais aussi par l’ingratitude de ses enfants les plus favorisés par le destin qui, le plus souvent, ont préféré lui tourner le dos et n’y reviennent malheureusement que les pieds devant. Mais tout ceci n’est pas une raison pour baisser les bras et céder au découragement ou succomber au chant mortifère des sirènes de la nostalgie. Il y a plutôt lieu de se retrousser les manches et de travailler sans relâche pour faire de Saint-Louis une ville résolument tournée vers l’avenir, une ville où il fait bon vivre et, pour reprendre les mots du poète Senghor « poreuse à tous les souffles du monde ». Cela seul pourra faire retrouver à Ndar, la belle endormie, son sourire radieux et son lustre d’antan.
Dans cette marche en avant de leur vieille cité, patrimoine du Sénégal, de l’Afrique et du monde entier, les Saint-Louisiens se doivent d’assumer pleinement leur passé, rester fiers de leur histoire dans sa globalité et ne rejeter aucun des éléments constitutifs de leur identité. Autant il leur faudra veiller à consolider leurs racines profondes, qu’ils ont en commun avec leurs compatriotes, autant il leur faudra être ouverts au monde et rester arrimés aux grands principes de la fraternité humaine et de l’universalité. C’est aussi la raison pour laquelle il est, à mon humble avis, impensable de vouloir « enterrer Saint-Louis, qui est le nom de plusieurs dizaines de villes dans le monde », ce qui du reste constitue pour elle un gage supplémentaire d’universalité et qui garantit son statut de site du patrimoine de l’humanité. C’est le lieu de rappeler l’existence du beau jumelage entre Saint-Louis-du-Sénégal et Saint-Louis-du-Missouri, la ville du Blues, majoritairement peuplée de descendants d’Africains et, comme sa jumelle, située à l’embouchure du grand fleuve Mississipi où s’élève majestueusement le Gateway Arch, ouvrage d’acier qui n’est pas sans rappeler notre pont Faidherbe.
Et puis, Ndar n’est pas la seule ville au monde à être dotée de deux noms : sans être géographe, je pourrais citer de mémoire la ville de Porto-Novo/Ajashé au Bénin dont la première appellation est Portugaise est la seconde Yorouba. Les habitants de cette ville d’Afrique de l’ouest la désignent indistinctement par l’un ou l’autre de ces deux noms sans que cela ne dérange personne. L’autre problème soulevé par l’article du professeur Dia est celui de la charge symbolique intrinsèque liée au nom Saint-Louis. En effet, Saint-Louis n’a pas été comme beaucoup le pensent, baptisée au nom du roi Louis XIV sous le règne duquel elle a été fondée. Ce dernier n’était pas, loin s’en faut, un saint et la vieille ville porte plutôt le nom du roi Louis IX qui, lui, en était un vrai, et a été canonisé par l’église catholique en la personne du pape Boniface VIII le 4 Août 1298.
Effacer son nom de l’histoire de la ville serait à coup sûr porter atteinte à la sensibilité d’une communauté religieuse qui, si minoritaire soit-elle, a toujours joué et continue de jouer un rôle important dans la bonne marche de Saint-Louis. Après tout, Saint-Louis n’est pas Léopoldville et si les Congolais ont eu mille fois raison de gommer de leur histoire le nom de celui qui fut leur pire bourreau, il n’en va pas de même pour Saint-Louis roi de France qui fut un souverain exemplaire doublé d’un Saint et avec qui les Doomu Ndar n’ont aucun contentieux particulier. Encore heureux que Faidherbe n’ait pas eu l’idée de donner son nom à la ville qu’il a largement contribué à bâtir et qui se serait peut-être appelée Faidherbeville ! Cela aurait en tout cas largement justifié les doléances radicales des militants du mouvement « Faidherbe dégage » ! Mais nous n’en sommes pas là et le nom de ce Louis auréolé de sainteté ne porte pas les mêmes stigmates. Notre souhait est donc qu’il continue d’être le patron de cette ville qui fut aussi visitée par tant de soufis musulmans parmi les plus grands et qui demeure un symbole de cet œcuménisme annonciateur du fameux « dialogue Islamo-Chrétien ». Il est aisé de constater que les débats autour de la question de l’héritage colonial et de son impact sur les consciences collectives et individuelles occupent la une de la presse ces temps derniers. Ces débats sont parfois houleux voire teintés d’une certaine « agressivité », ce qui peut paraître normal au vu de l’importance des enjeux.
Néanmoins il faut savoir raison garder et éviter que ces échanges intellectuels, dont le but est d’éclairer la lanterne des lecteurs, ne virent à la polémique stérile et ne deviennent contre-productifs. Il serait peut-être plus utile de les recentrer et d’en poser les termes de manière plus apaisée et plus scientifique, sans passion ni ressentiment mais avec la lucidité qu’exige une approche objective des faits et événements de l’Histoire. Il nous faut tous continuer à pratiquer cette introspection critique qui est la base de tout dialogue constructifs et qui seule peut nous aider à nous désinhiber, à nous débarrasser des préjugés, complexes et clichés qui encombrent nos mémoires et les obscurcissent. La décolonisation des mentalités qui est d’abord une affaire collective se pose aussi au niveau individuel et nous enjoint à chacun, d’assumer tous les héritages qui composent et définissent nos identités plurielles.
En définitive, ce qu’il faut En définitive ce qu’il faut d’abord comprendre en ce qui concerne Saint-Louis, c’est qu’elle est le fruit de rencontres multiséculaires, d’une symbiose de cultures, de races, de religions et que son âme profonde est métisse, cosmopolite. Le nom de Saint-Louis doit continuer à faire écho à celui de Ndar dans une harmonie naturelle et sans fausse note. Je conclurai donc cette modeste contribution aux débats sur la place du patrimoine historique de Ndar par ces lignes admirables du professeur Fadel Dia : « L’important aujourd’hui, c’est de redonner à la vieille cité l’harmonie et la grâce dont avaient peut-être rêvé les plus inspirés de ses bâtisseurs ainsi que cette patine qui est la marque d’une longue existence (…). Il faut restituer* Saint-Louis à l’Histoire et rendre à Ndar ce qui lui appartient et qui non seulement survivra au pic des démolisseurs, mais pourrait encore remplir une enviable corbeille de mariage ou inspirer un risorgimento salvateur… »
• *« Ndar ou Saint-Louis-du-Sénégal si vous préférez », extrait de l’incipit de mon roman « Au dessus des dunes » • *restituer : je comprends ce verbe dans le ses de « faire retrouver sa place à… »
par Iba Der Thiam
DEVOIR D’INVENTAIRE DE LA PÉRIODE COLONIALE
Le dépassement nous permettra de débaptiser certains de nos rues sur lesquels trônent encore les noms de colonisateurs horribles. La part de responsabilité que nos ancêtres avaient dans des guerres qu’on leur a imposées, était malgré tout, considérable
Le Professeur Abdoulaye Bathily vient, dans un style frais et courtois, de répondre à tous ceux qui désiraient savoir si la statue de Faidherbe mérite d’orner nos rues, nos places publiques et nos édifices. Je voudrais marquer mon accord avec tout ce qu’il a dit et rendre hommage à son érudition et à son expérience. Dans le même sillage, nous posons la question suivante.
Quel bilan provisoire, peut-on dresser de la furie meurtrière et répressive qui s’est abattue sur le Sénégal pendant les années d’épreuves avec la nomination de Faidherbe à la tête de la colonie du Sénégal et les actions menées par lui-même et ses successeurs ?
Nous l’avions déjà dit, mais il faut le répéter, parce que c’est, important, André Demaison, hagiographe de la colonisation, exaltant les faits d’armes du Général Faidherbe, évalue à 20 000 morts, en 8 mois, le nombre de victimes de la répression féroce et brutale, que le Gouverneur du Sénégal avait exercée sur les populations
1 . Il le compare à Hannibal et le crédite d’avoir conquis 400 000 kilomètres carrés au bénéfice de la France, soit l’équivalent du double de la superficie actuelle du Sénégal. Faidherbe lui-même s’était donné pour modèles les conquistadors européens des Amériques qui furent d’inégalables éradicateurs du pauvre peuple indien d’Amérique.
Le Professeur Mamadou Diouf Ibn Tafsir Baba de Bargny déclare à son tour à la page 67 de son ouvrage que «Il (Faidherbe) avait combattu sauvagement les écoles coraniques édifiées dans les colonies françaises. Aussi avait-il brûlé, démoli et saccagé quarante mille (40 000) écoles coraniques»
2 . Ces chiffres, dont l’origine n’a pas été précisée, bien qu’impressionnants, ne prennent certainement pas en compte tous les paramètres des massacres et destructions que les pauvres populations sénégalaises ont eu à subir. Nous verrons qu’en 1903, au moment de l’inventaire des r e s - sources du continent africain, le Dr Barrot crédita Faidherbe d’avoir conquis « 60 0000 kilomètres»
3. Si cela e s t vrai, on est en droit de se poser la question de savoir à quel prix cet «exploit » attribué à quelqu’un qui aimait, semble-t-il, les Africains, a-til été réalisé ? Combien y a-t-il eu de morts au total ? Combien y a-t-il eu de blessés ? Combien y a-t-il eu de mutilés ? Combien de villages avaient été livrés aux flammes, avec leurs cases, leurs greniers, leurs infrastructures sociales, leurs lieux de Culte ? Combien de cimetières avaient été ouverts ou profanés ? Combien de puits avaient été empoisonnés, ensablés ou rendus inutilisables ? Combien de populations, ressentant l’humiliation, la défaite, la peur, l’insécurité, avaient préféré déserter la terre de leurs ancêtres, pour émigrer vers d’autres cieux, sans même apporter avec eux, le plus petit baluchon ? Combien de bœufs, vaches, chameaux, taureaux, chevaux, mulets, ânes, moutons, chèvres, volaille, avaient été, soit capturés, confisqués ou perdus à tout jamais, dans le tumulte général ? Combien y a-t-il eu de disettes et de famines, dès lors que le contenu des greniers avait été pillé ou emporté et que le bétail pouvant fournir de la viande avait été fortement razzié ?
Le Pr Mamadou Moustapha Dieng, qui a publié en 2015 à L’Harmattan «Famines, Disettes et Epidémies dans la Moyenne Vallée du Fleuve Sénégal : 1854-1945», signale, entre autres facteurs, les contrastes climatiques et leurs conséquences, mais aussi l’action de l’homme sur la nature en termes de disettes et d’épidémies dans cette partie du Sénégal. Bien que son étude ne couvre qu’une région, elle nous apprend la fréquence des épidémies de variole(page 48), les proliférations d’acridiens, l’absence presque totale de recettes de récoltes, de mil, de certaines années à Matam, par exemple ; les inondations et leurs méfaits, l’action des prédateurs nuisibles aux cultures, comme les phacochères, les singes et les mange-mil, en 1878 et 1881, par exemple, mais aussi, le rôle de l’homme, provoqué par les guerres, les destructions, les incendies, les mouvements de populations, etc.
A la page 191 de sa publication, il dresse de 1858 à 1898 un tableau des épidémies de variole en 1858, de fièvre jaune en 1859, de choléra en 1878 à Saint-Louis, Richard-Toll, Dagana, Podor, Saldé et dans le Fouta, en général. Les services sanitaires avaient, en plus, enregistré des épidémies et des maladies contagieuses comme le béribéri, le paludisme, la méningite, la scarlatine, l’influenza, la peste, le tripanozomiase, la diphtérie, etc.
Tout naturellement, les zones rurales subissaient toutes ces calamités de plein fouet. Si la situation décrite dans ces intéressants travaux de monographie régionale était étendue à tout le Sénégal, on aurait une idée exacte des désastres et catastrophes occasionnés par cette furie meurtrière. Combien de champs avaient été délaissés, de cultures abandonnées, de pêcheries désertées ? Combien de familles avaient été disloquées, avec femmes et maris séparés, des enfants orphelins abandonnés, ou simplement perdus, parce que n’ayant plus aucune attache parentale ? Combien de communautés avaient été massacrées, leurs institutions foulées au pied, leur culture bafouée, leur dignité piétinée, leur avenir hypothéqué ? Combien de rêves avaient été anéantis ? Qui pourra, un jour, évaluer toutes les conséquences dans l’économie, la culture, dans les mentalités et les esprits, que ces événements avaient occasionnés par comparaison avec tout ce que la colonisation a réalisé au Sénégal ? Quels traumatismes les populations ont-elles eu à subir ?
Pourra-t-on un jour avoir une idée précise des conséquences exactes que tous ces événements avaient eu sur l’environnement, la faune, la flore, le cadre de vie, les activités professionnelles, la production, les courants d’échanges, le commerce, les diasporas marchandes, les voies de communication, les mines; sur les progrès économiques, sociaux et culturels accumulés depuis des siècles et sur le délabrement du Sénégal au moment de la course au clocher au lendemain de la conférence de Berlin de 1884-1885 ?
Les populations africaines n’avaient comme armes, que des fusils à silex, ou à pistons et rarement des fusils à deux coups, achetés généralement en Gambie là où il en existait, et ne disposaient comme munitions, que de quelques dizaines de balles. Elles n’avaient, ni canons, ni cartes d’Etat-major, ni moyens de communication à longue distance, ni lunettes à longue vue, ni mines, ni fusils à tir rapide, ni artillerie, ni navires de guerre, ni flottille, ni chalands, ni méharies de dromadaires. Tout au plus, quelques arcs, quelques flèches, quelques lances, quelques sabres (voir en annexe la polémique sur cette dernière arme4), quelques couteaux, des gourdins, des cravaches, des massues, des couteaux, des poignards, etc.
Leurs principales armes étaient au nombre de six, dont nous avons déjà parlé. Le Sénégal et la France sont aujourd’hui des pays amis unis par une langue commune, une histoire commune et une fraternité d’armes ; deux pays partageant une coopération multiforme. Ils sont liés par des intérêts multiples et ont le devoir de préserver cet acquis, parce qu’il constitue un legs majeur pour les générations passées, actuelles et futures. Ils doivent préserver leurs bonnes relations dans le respect de l’égale dignité de leur peuple, le respect de leurs cultures respectives et de leurs valeurs réciproques. Pour réaliser ce noble dessein, nous devons faire preuve de capacité de dépassement.
C’est le dépassement qui nous permettra sans rancœur, ni acrimonie de débaptiser certains de nos rues, édifices et lieux publics sur lesquels trônent encore, de nos jours, les noms de colonisateurs horribles, violents, haineux, racistes, choisis par des autorités méprisantes et qu’aucun peuple africain ne devrait célébrer, pour mettre à leurs places, d’authentiques amis de l’Afrique comme le Comte de Volney, Brissot de Warville, Condorcet, William Wilberforce, William Pitt et les autres membres de la Société des Amis des Noirs avec Thomas Jefferson. La Fayette, l’Abbé Grégoire, le jeune Pasteur anglais Clarkson, Mirabeau, Madame Roland, Talleyrand, Clavières, etc., ou bien des Africanistes comme Delafosse, Martin et Becker, Pélissier, Yves Person, Monteil, Jean SuretCanale, Fage, etc.
Le chercheur qui voudrait s’intéresser aux origines du sous-développement du Sénégal et aux causes du retard, des complexes, des frustrations et traumatismes socio-culturels que ses populations ont accumulés ou subis, trouverait dans le tableau incomplet qui vient d’être esquissé, des mines de renseignements qui n’épuisent, hélas, nullement une problématique multisectorielle, large et complexe. La part de responsabilité que nos ancêtres avaient dans les situations décrites et dans la plupart des guerres qu’on leur a imposées contre leur gré, était, malgré tout, considérable. Devons-nous continuer d’occulter les fautes graves qui incombent à certains des acteurs sénégambiens de cette époque et mettre tous les torts, tous les massacres, toutes les destructions que ces évènements douloureux ont provoqués du côté des seuls colonisateurs ? Ne devons-nous pas regarder la réalité de face et faire courageusement et honnêtement notre autocritique ?
En se livrant à des querelles internes, à des affrontements fréquents pour des motifs qui n’en valaient pas toujours la peine et à des actes de prédations injustes au détriment des faibles, des sans défense et des démunis, au lieu de cultiver l’unité, la paix, la réconciliation, le pardon et la cohabitation pacifique et fraternelle, les populations locales avaient prêté le flanc à ceux qui ne cherchaient qu’à les diviser et à instrumentaliser leurs frustrations, leurs querelles et oppositions pour mieux les dominer et les exploiter.
En pratiquant à l’intérieur de certaines sociétés négro-africaines, l’esclavage qui, quels qu’en soient la forme et les modalités, a toujours été une privation de liberté et de dignité exercée par les plus forts sur les plus faibles ; en pratiquant l’injustice, la répression, l’exclusion, la marginalisation, la spoliation, le népotisme, la discrimination, le mépris, au détriment de certaines couches sociales pour des raisons que rien, ni personne ne peuvent valablement justifier ; en recourant systématiquement à la violence dans le traitement de certains différends, plutôt que de faire appel au dialogue et à la concertation, dans la paix et la sérénité ; en refusant de sceller l’entente et la solidarité pour des raisons d’intérêts personnels et d’égo à des moments où les forces du colonisateur ne pouvaient être vaincues que par la mobilisation optimale de toutes les ressources humaines sénégambiennes, n’avons-nous pas donné à ceux qui voulaient conquérir le Sénégal, l’occasion de réaliser leurs objectifs, des raisons de s’ingérer dans nos affaires intérieurs, de s’ériger en protecteurs des exclus et des faibles, au point que ces derniers préféraient vivre sous leur magistère, plutôt que sous celui de leurs propres frères ? Nous avons perdu notre souveraineté, parce que le rapport de forces était, certes, fortement en notre défaveur, mais aussi, parce que nous avons commis certaines fautes et excès. Nous avons pour cela, pendant des années, subi la domination et l’oppression de forces extérieures animées d’une volonté de conquête ferme, féroce et résolue. Ces évènements si douloureux soient-ils, renferment donc des leçons que les générations actuelles doivent méditer pour le présent et pour le futur.
Pour résister à l’agression extérieure, un peuple a besoin d’unité, de cohésion, d’intégration et de participations inclusives qui ne peuvent prendre racines que dans une atmosphère de paix, de calme, de confiance réciproque, de fraternité agissante et de respect mutuel de tous ses fils et de toutes ses filles.
1-C’est pourquoi, nous devons, désormais, considérer que tous ceux et toutes celles, qui ont lutté contre la colonisation extérieure pour l’indépendance et la souveraineté de leur patrie, la dignité de leurs populations et la préservation de leurs valeurs religieuses, culturelles positives comptent parmi les authentiques résistants du XIXe siècle.
2- Mieux, nous avons le devoir de reconnaitre que les résistants contre la colonisation extérieure sont tous des héros et des modèles et doivent être traités comme tels par les générations africaines actuelles et futures.
Ndiaga Isseu Dièye Diop, Djilé Fatim Thiam, Thierno Bachir, Maba Diakhou Ba, El Hadji Omar Foutiyou Tall, , Sidiya Ndaté Yalla Diop, Lat Dior Ngoné Latyr, Demba War Sall, Ahmadou Cheikhou de Ouro Madiwou, Amari Ndack Seck, Mohamed Amar, Limamoulaye Thiaw, Sounkari Camara, Alpha Molo Baldé, Alboury Ndiaye, El Hadji Malick Sy, Cheikh Ahmadou Bamba, Baïdy Katié, Ndiouma Diatt, El Hadji Abdoulaye Niasse, Fodé Kaba Doumbouya, Ibrahima Ndiaye, Fodé Sylla, Thiéba, Samory Touré, Alpha Yaya, Béhanzin, Moussa Molo Baldé et Souleymane Bayaga, etc., se battaient pour sauvegarder leur dignité et la souveraineté de leur pays. Ils n’étaient des adversaires, ni de l’Afrique, ni du Sénégal, mais du système colonial, qui cherchait à leur arracher leur patrie comme certains Européens l’avaient déjà fait au détriment d’autres peuples dans d’autres continents et à leur imposer une autre religion et une autre culture, au nom, disaient-ils, de la civilisation, du progrès, de la paix, de la justice et de la démocratie à l’Européenne ; des peuples qu’ils disaient, à tort, « arriérés », parce qu’ils n’avaient pas atteint leur niveau technologique, scientifique et militaire. Ces pages sombres de notre passé ne doivent plus continuer à nous diviser perpétuellement. Nous devons les dépasser.
Poussant plus loin la réflexion, ne devrions-nous pas faire notre introspection et réfléchir au rôle qu’on a fait jouer aux Spahis et aux Tirailleurs dans l’Histoire africaine, prendre l’initiative courageuse de dire à tous ceux dont ils ont été les adversaires dans les guerres coloniales africaines : « Nous nous sommes combattus dans un contexte de dépendance, où nous n’étions pas maîtres de notre destin, alors que nous appartenions, quelquefois, au même continent et à la même race. Nous avions les mêmes familles, les mêmes traditions, les mêmes coutumes, les mêmes valeurs, les mêmes langues, les mêmes religions. Mais, nous reconnaissons que vous avez été des résistants courageux et dignes de respect ».
3- Le moment n’est-il pas venu de solder ce passé et de réfléchir comme la France et l’Allemagne l’ont fait, sur ce lourd passif qui risque, sinon de hanter à jamais notre présent et notre avenir, du moins d’empêcher toute réconciliation sincère entre Africains d’une part, entre le Sénégal et les anciennes autres colonies françaises dans le monde, d’autre part ? C’est pourquoi, nous pensons que si la description des violences contenues dans certains actes d’irresponsabilité, d’égoïsme déjà évoqués, ou bien de compromission honteuse réveille en nous des souffrances légitimes, nous ne devons pas nous en arrêter à ces états d’âme, encore moins instruire des procès ou vouer aux gémonies tel ou tel acteur mis en scène.
L’Histoire n’est pas un tribunal. Ceux qui agissaient ainsi étaient des hommes de leur temps. Ils évoluaient dans un contexte colonial dont les mécanismes et le contrôle échappaient, quelquefois, à leur autorité, à leur pouvoir et à leur volonté.
Dans l’Ecole, dans l’Administration, dans l’Armée, on les avait soumis à un processus de décérébration et de recérébration pour formater leurs consciences et façonner des sujets totalement soumis au colonisateur, à sa vision, à ses valeurs et à ses intérêts. Tous ceux qui s’opposaient aux autorités établies étaient considérés comme des ennemis à abattre et traités comme tels. Mais, plus d’un siècle et demi après les douloureux événements décrits plus haut, le temps est venu de nous poser certaines questions, pour régler définitivement tous ces douloureux problèmes comme l’ont fait l’Allemagne et la France, tourner la page, fraterniser, nous aussi, même si nous n’oublions pas.
Du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest, la nation africaine doit se serrer définitivement la main, le cœur libéré de toutes les rancunes du passé, pour œuvrer, désormais, à l’unisson, sincèrement et loyalement, à l’édification d’un monde de réconciliation, de dépassement, d’amour, de fraternité, de solidarité, de paix et de coopération entre nous d’abord, puis entre nous et le reste de la planète.
Si la France et l’Allemagne, après avoir perdu en 1914-1918, 8 500 000 morts et en 1939- 1945, 30 millions de morts, sans compter les mutilés et les dommages économiques, psychologiques, moraux, sociaux, culturels ou autres, ont pu transcender les ressentiments, la haine et la vengeance, au point de constituer aujourd’hui les deux locomotives de l’Union Européenne, à travers une coopération exemplaire s’exprimant par une amitié et une confiance inoxydables et par des manifestations de fraternisation, des inaugurations d’ouvrages de réconciliation, le jumelage des écoles et des villes et l’édification de projets communs, l’érection de stèles, de nécropoles, de musées, de monuments, des actes et symboles de paix (toutes choses qu’il faut saluer et dont il faut se réjouir) ; si elles ont élaboré une coopération fondée sur le dépassement, la réconciliation sincère et la solidarité agissante, n’est-il pas temps pour les Spahis et Tirailleurs sénégalais ou leurs descendants de faire autant vis-à-vis de tous les peuples et pays qu’ils ont eu à combattre pendant les XIXe et XXe siècles au service de la colonisation française?
Le moment est bien venu de réfléchir sereinement à tout ce qui nous a, jadis, séparés. Le moment est venu de faire preuve de dépassement. Le moment est venu de tourner la page (nous le répétons à dessein), non pour oublier mais pour relativiser et pour œuvrer, désormais, à un monde de réconciliation, d’amour, de fraternité, de solidarité, de paix et de coopération fraternelle. 4- C’est dans la réconciliation et le dépassement que nous édifierons un monde de paix, d’amour, de fraternité, de confiance retrouvée et d’unité. Les affrontements et violences qui nous ont, dans le passé, opposés ne doivent-ils pas être, désormais, considérés comme des motifs nouveaux et des raisons supplémentaires de bâtir ensemble ce monde de réconciliation, de paix, dont l’humanité actuelle a tant besoin ? C’est à nous, héritiers, par notre africanité des Spahis et des Tirailleurs sénégalais, hommes politiques et responsables administratifs de nos peuples, qu’incombe la mission historique de déconstruire ce que nos ancêtres ont construit, jadis, pour bâtir une humanité enfin réconciliée avec elle-même et unie dans la fraternité et la paix.
En ce qui concerne le rôle que les Spahis et les Tirailleurs Sénégalais ont joué dans les deux guerres mondiales, celle de 1914-1918 et celle de 1939-1945, rôles qui leur ont valu d’être distingués comme des acteurs authentiques dans l’avènement du Monde Libre, en participant à la défaite du fascisme, du nazisme et du militarisme, il doit continuer d’être magnifié.
Le sacrifice des soldats tombés au champ d’honneur ne doit jamais être oublié. Parce qu’ils s’étaient investis dans des causes justes, en contribuant aux combats destinés à libérer un peuple dominé et envahi injustement, pour qu’il retrouve son indépendance et sa dignité, les Tirailleurs et les Spahis Sénégalais devraient continuer à les célébrer avec tout l’éclat qui convient. Cette situation est totalement différente des guerres coloniales qui, dépouillées de tout humanisme, poursuivaient des objectifs de domination, d’occupation et d’exploitation. Il est temps que nous fassions la part de choses. Le Sénégal, une fois encore, aurait assumé sa vocation de précurseur qui ouvre la voie aux générations actuelles et futures et aurait, ainsi, donné une nouvelle leçon d’humanisme, de responsabilité, de réconciliation (nous le répétons à dessein), de dépassement, de fraternisation, pour tout dire, de paix et de pardon au monde entier.
Le tableau qui vient d’être dressé sur le rôle que Faidherbe a joué dans l’Histoire du Sénégal est loin d’être complet. Il ne prend pas en compte ni son action administrative, ni son action culturelle et politique, ni son action économique, ni son action militaire. Il n’était pas fait pour cela. Faidherbe avait exercé les fonctions de Gouverneur pendant onze (11) années. Mais, sa présence au Sénégal qui avait commencé en 1852, avait duré au total 13 années. Lorsqu’il quitta le pays où il avait passé moins de temps qu’en Algérie, (où il séjourna pendant 15 années), la ligne politique qu’il avait définie et mise en œuvre était si forte, si puissante et si profonde, qu’elle resta en vigueur bien après son départ, comme nous l’avons déjà dit, à cause du mythe qu’il avait créé sur sa personne, de l’expertise et de la vision du Sénégal dont on le créditait dans les hautes sphères de la colonisation. Elle continua de guider et d’inspirer tous ceux qui lui avaient succédé. Nous le répétons à dessein, parce qu’il s’agit d’une idée forte.