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4 juillet 2025
par Karfa Diallo
POURQUOI LA FRANCE DOIT DÉBOULONNER LES SYMBOLES DU RACISME
Ce racisme dans certaines institutions françaises, nié pendant des décennies, explose à la figure et demande un traitement politique qui ne se suffit plus de déclarations
Jeune Afrique |
Karfa Diallo |
Publication 05/07/2020
Le président Emmanuel Macron aura donc choisi de refuser la discussion sur le passé colonial, esclavagiste et raciste français. Pendant que bruissent les revendications de justice raciale sur l’espace public, le chef de l’État expose ses lacunes et abandonne le terrain de la justice pour celui de la morale.
Car fondamentalement c’est de la question de la réparation qu’il s’agit. De la réparation d’un crime contre l’humanité et de ses conséquences dont la pandémie multiséculaire du racisme anti-Noirs.
D’Haïti, qui, pour son indépendance, a dû payer 90 millions de francs aux colons de la colonie la plus riche d’Amérique au XVIIIe siècle, à la Guadeloupe, où la République a indemnisé les esclavagistes après 1848, en passant par les législations spécifiques justifiant le travail forcé auquel les Africains ont été soumis pendant la seconde colonisation, justice peine à être rendue pour les spoliations que l’Afrique et ses descendants subissent sur le continent comme en diaspora.
Et, en déclarant que « la République n’effacera aucun nom ou aucune trace de son histoire », Emmanuel Macron juge nulles et non avenues des mobilisations citoyennes qui essaient de redéfinir une nouvelle conscience historique et progressiste sur un espace public mondialisé en proie à de vives tensions. Par son incapacité à définir un cap et une vision des relations sociales entre des communautés heurtées par les injustices raciales pandémiques, l’État français risque d’accroître les tensions exacerbées depuis la mort de George Floyd à Minneapolis.
Crime contre l’humanité
L’acuité nouvelle de ces mobilisations interraciales interroge la subsistance des symboles du racisme sur l’espace public perçus comme une sorte « d’apologie du racisme ». Il est très édifiant qu’elles aient d’abord pris pour cibles les honneurs rendus à des personnalités qui se sont enrichies grâce la traite des noirs et à l’esclavage. Comme si ce crime contre l’humanité continuait de hanter la conscience contemporaine mondiale. Comme si ce passé ne passait toujours pas.
Il est vrai qu’à l’exception de la France et du Sénégal, pratiquement aucun autre pays n’a qualifié dans son corpus législatif ce crime contre l’humanité et ne commémore le souvenir de cette tragédie. Pourtant, les études historiques sont là. Quelques romanciers en dégagent une matière sensible partageable. Quelques musées en racontent les modalités. De rares artistes s’en saisissent pendant que le cinéma européen est quasiment absent de l’évocation et de la mise en images et en sens d’une histoire plus proche qu’on ne veut le penser et le voir.
C’est ainsi que de Minneapolis à Dakar, en passant par le Cap, Abidjan, la Martinique et Bristol, le monde s’interroge sur l’usage du passé et son instrumentalisation dans l’espace public. Des statues sont bousculées, des monuments déboulonnés, des rues renommés et des États sommés de répondre à cette colère inédite dans l’histoire contemporaine.
Pandémie de quatre siècles
Si les mobilisations du Black Lives Matter ont pris ce tour symbolique, c’est que les circonstances historiques et politiques de la mort de George Floyd réveillent une pandémie de quatre siècles que les démocraties occidentales peinent à éradiquer. L’agonie de George Floyd est donc ouvertement reliée aux siècles d’oppression raciale et de brutalisation que les noirs subissent indifféremment de leur situation géographique dans le monde et de leur statut social.
RECULADE DE MACKY SALL À PROPOS DU STATUT DES NOTAIRES
Sur demande de la Chambre des notaires du Sénégal (CNDS), le président désavoue le garde des Sceaux, lui demande de revoir le décret portant statut des notaires adopté en Conseil des ministres le 10 juin
C’est une reculade qui va rester dans les annales de la présidence et de la République, si elle se concrétise. Le 10 juin dernier, le Conseil des ministres adoptait le décret portant réforme du statut des notaires. L’une des innovations phares de cette réforme tant attendue portait sur la retraite à 70 ans. Une mesure courageuse saluée par plusieurs observateurs. Etudiants, clercs et professionnels du droit applaudissaient cette avancée majeure qui allait contribuer à l’ouverture du notariat à bien des aspirants à cette profession, jusque-là réservée à quelques privilégiés de la République.
Depuis, c’est le branle-bas du côté de la CNDS (Chambre des notaires du Sénégal) surtout chez certains barons de la profession. Activant tous leurs réseaux, ils finirent par décrocher une audience, dès le 16 juin, soit six jours seulement après l’adoption dudit décret. Pour l’occasion, rapportent nos sources, c’est l’artillerie lourde qui a été déployée par la chambre pour faire fléchir l’Exécutif. Une forte délégation composée de la présidente Aissatou Sow Badiane, d’un autre membre du bureau, Alioune Ka, de deux membres du Comité directeur, Mes Tamaro Seydi et Jean-Paul Sarr, de deux sages, Mes Moustapha Ndiaye et Papa Sambaré Diop. Sur le tableau de leurs doléances, figuraient trois points essentiels.
Le premier avait trait au concours d’accès au stage de notaire ; le deuxième à la protection du notaire et de son exploitation ; le troisième portait sur la retraite.
Le moins que l’on puisse dire est que leur puissant lobbying semble sur le point de porter ses fruits. Non seulement Macky Sall a promis de faire revoir les dispositions incriminées, mais aussi de se concerter avec la chambre, la prochaine fois. Citant la présidente de la Chambre des notaires, nos sources rapportent : ‘’Le président de la République a prêté une oreille attentive à toutes les explications de la délégation et a instruit le garde des Sceaux de revoir certaines dispositions du statut, de l’envoyer à la Chambre des notaires pour informations, avant de lui présenter le projet final pour signature.’’
Et celui qui doit être dans ses petits souliers, suite à ce revirement exceptionnel, c’est surtout le garde des Sceaux, Ministre de la Justice, Me Malick Sall. Lequel a été accusé, par les notaires, d’avoir fait adopter le nouveau statut sans tenir compte de leurs propositions relatives notamment aux points susvisés. Ce qui avait mis certains barons dans tous leurs états, surtout par rapport à la retraite et au concours, soulignent nos interlocuteurs.
Pourtant, les enjeux de ces réformes étaient énormes et fort appréciables pour le plus grand nombre. Pour en saisir la portée, il faut revisiter l’histoire même de cette profession, en particulier en ce qui concerne les modalités d’y accéder.
De l’institution du notariat dans les années 1800 à nos jours, les critères démocratiques et de compétence n’ont jamais prévalu pour accéder à ce métier. Pendant longtemps, il fallait être fils de ou, à tout le moins, avoir un parrain parmi les plus influents membres de la corporation. A partir de 2002, le régime d’Abdoulaye Wade modifie le statut, en instaurant un concours pour plus de démocratisation de l’accès à la profession de notaire. Lequel statut a été encore modifié en 2009, sans que le concours n’ait jamais été organisé. En 2013, sous l’impulsion d’Aminata Touré, à l’époque ministre de la Justice, le concours fut organisé pour la première fois de l’histoire.
Voilà quatre longues années, alors même qu’ils ont fini leur stage depuis 2016, que les 22 candidats issus de ce concours très sélectif ne parviennent pas à être intégrés. Aussi, les passe-droits continuent de plus belle dans le secteur. S’appuyant sur de supposées mesures transitoires, la chambre est parvenue à inscrire quelques-uns de ses protégés et n’a toujours pas dit son dernier mot. Selon nos informations, leur volonté est d’alléger les conditions d’accès à des clercs triés sur le volet.
Lors de cette même audience, les notaires ont frappé très fort. En sus de ces questions essentielles, le président Sall a aussi demandé au ministre de la Justice de finaliser le projet de réforme du Code de procédure pénale, en intégrant le privilège de juridiction des notaires. Là également, ordre a été donné à Maitre Malick Sall d’envoyer le projet à la CNDS.
Et le chef de l’Etat ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Il a aussi informé la délégation de l’affectation, au profit de la chambre, d’un terrain au niveau du pôle judiciaire de Dakar, à côté du nouveau palais de Justice, pour l’édification d’un centre de formation et de documentation.
COMMENTAIRE
Un pas en avant, trois en arrière
A quand la fin du népotisme dans le notariat ? La question mérite d’être posée aux autorités de la République. Malgré l’institution d’un concours depuis 2002, aucun notaire sénégalais n’a encore été nommé selon cette procédure bien démocratique. Tous l’ont été par des raccourcis. Pourtant, l’espoir était grand, en 2013, au moment de l’organisation du premier concours par l’ancienne ministre de la Justice Aminata Touré.
Mais depuis le départ de celle qui est nommée la ‘’Dame de fer’’, c’est le statuquo. Les 22 jeunes sénégalais, ayant réussi cet examen très sélectif, se sont toujours heurtés au véto des barons de la profession. Aujourd’hui encore, plus de quatre ans après la fin de leur stage, ils se tournent les pouces. Pendant ce temps, les avocats, huissiers et magistrats ont accueilli pas mal de nouvelles recrues.
Au sortir du Conseil des ministres du 10 juin, le collectif des 22 espérait enfin voir le bout du tunnel. Hélas ! Ils vont devoir prendre leur mal en patience. Avec les barons, on ne sait jamais à quoi s’attendre. Et ils disposent toujours d’une botte secrète pour l’asséner aux jeunes ambitieux, au moment où ils s’y attendent le moins. Tenant à leur privilège comme à la prunelle de leurs yeux, ils ont toujours dit niet à la création d’un certain nombre de nouvelles charges sous le magistère du ministre Ismaila Madior Fall. Il en est de même de l’organisation du concours annoncée par l’ancien garde des sceaux depuis fin 2018. Ce dernier est parti. Mais les barons restent plus que jamais intransigeants sur certaines de leurs positions. Même avec le nouveau ministre que d’aucuns pensaient très ouvert et progressiste, ils réussissent à chambouler tous les plans qui ne vont pas dans le sens de la défense de leurs intérêts. En atteste la déconvenue de Maitre Malick Sall à la suite de l’audience accordée par le président de la République à la chambre.
En effet, le nouveau code que ce dernier avait réussi à faire adopter en Conseil des ministres, va devoir retourner dans les laboratoires pour une réécriture de certaines dispositions substantielles. Motif : ces dispositions n’ont pas l’assentiment de la Chambre des notaires. Mieux, le chef de l’Etat lui intime l’ordre de leur soumettre le futur texte, avant de le ramener en Conseil des ministres pour une nouvelle adoption. Que veulent les barons ?
Conscients qu’ils ne peuvent plus continuer de fermer la portière du concours entrouverte à des milliers de Sénégalais (riches comme pauvres), ils mènent un lobbying intense pour dispenser leurs protégés d’une sélection aussi rude et hasardeuse. Pourtant, par leur puissance, ils sont déjà parvenus à imposer un concours réservé aux professionnels qui sont dans leur office. Selon la réforme de 2002 confirmée en 2009, il n’y avait qu’un seul concours pour tous les candidats. En outre, là où les admis directs vont passer 5, voire 6 ans, les professionnels pourraient voir le nombre d’années de leur stage être réduit, en fonction de leur ancienneté. Malgré ces acquis, les barons en exigent toujours et souhaitent plus de privilèges pour leurs poulains : des fils de, conjoints de, neveux de, parents et amis de…
Selon certaines confidences, ils se démènent comme de beaux diables pour faire inscrire certains de leurs poulains sur la liste des candidats à une charge, déjà longue de 44 candidats. Pire, ces derniers n’ont passé aucun concours, ni examen et risquent, par des tours de passe-passe, de passer entre les mailles. Au même moment, des centaines de Sénégalais, remplissant les mêmes critères, n’ont pas ce privilège. Car ne disposant pas de parrain.
Aussi, dans cette logique toujours patrimonialiste, les barons ne veulent pas du tout entendre parler de retraite. Jusque-là, au Sénégal, être notaire un jour, c’est le demeurer pour toujours.
par Ousseynou Nar Gueye
VIDEO
MAIS POURQUOI LES SÉNÉGALAIS TROUVENT-ILS AVILISSANT LE STATUT D'OUVRIER AGRICOLE ?
Quand ils cultivent pour un patron, les Sénégalais pensent devenir des esclaves captifs. Ce préjugé tenace et rétrograde est aussi un des obstacles au décollage des DAC, les domaines agricoles du PRODAC qui peinent à trouver du personnel
Dans cette vidéo où il tient une conférence de presse, le sieur Bassirou Diomaye Faye de Ndiaganio "accuse" Sedima de vouloir faire des populations de Ndingler des "ouvriers agricoles". Mais si cela était vrai, en quoi est-ce scandaleux ? Des puissances mondiales développent leur agriculture sur des surfaces latifundiaires employant des centaines d'ouvriers agricoles. Et c'est très bien ainsi, avec une haute productivité et des rendements élevés. Car la seule autre alternative viable pour un agribusiness de développement, c'est l'agriculture mécanisée où deux personnes dans un champ, au volant de tracteurs et de moissonneuses-batteuses, produisent à eux seuls des récoltes pour des centaines de milliers de personnes. Et cette option n'est pas à privilégier au Sénégal, dans un pays au chômage élevé (notamment celui des jeunes) et à l'emploi précaire généralisé. Quant à l'agriculture dite familiale sur de petites parcelles, c'est une douce utopie qui nous fait revenir aux temps moyenâgeux du troc et de l'agriculture de subsistance. Nous n'en voulons pas.
Mais pour comprendre cette répulsion des Sénégalais à être des ouvriers agricoles, il faut entrer dans leur psyché. Dans un pays dont les ethnies majoritaires (Wolofs et Hal pulaar) croient au système des castes, l'agriculture était l'apanage des prétendus "nobles". Donc, quand ils cultivent pour un patron, les Sénégalais pensent devenir des esclaves captifs. Ainsi, en devenant ouvrier agricole, le Sénégalais a l'impression qu'il se retrouve à l'époque des champs de coton esclavagistes des Amériques où ont été convoyés des Africains mis en captivité durant la Traite Atlantique. Il revoit le feuilleton Racines avec Kunta Kinté. Et ce préjugé tenace et rétrograde est aussi un des obstacles au décollage des DAC, les domaines agricoles du PRODAC qui peinent à trouver des ouvriers agricoles et comme palliatif bancal, le PRODAC établit des contrats de travailleurs indépendants pour un nombre encore très insuffisant d'entre eux et pour un résultat inopérant. Les Sénégalais ont hélas un rapport fétichiste à la terre et restent ainsi des intermittents de l'agriculture quand ils sont cultivateurs, travaillant la terre trois mois sur douze, en s'en remettant au bon vouloir du ciel quand il veut bien ouvrir ses vannes et déverser des pluies. Nos compatriotes refusent donc, majoritairement, toute évolution, aussi bien en termes de méthodes de culture modernes, qu'en termes de relations contractuelles entre ouvrier agricole et promoteur agricole. Au pire, ils veulent bien louer la terre qu'ils cultivent à son propriétaire. De plus, on semble n'avoir le droit de cultiver au Sénégal que sur les terres du village de ses ancêtres. Diantre ! Trêve d'obscurantisme.
A cet égard, il ne faut d'ailleurs pas oublier la tradition d'antan des "Navétanes", où pendant l'hivernage (Nawet) propice au semis et au labour, le Sénégal importait des ouvriers agricoles venus de la sous-région (Mali, Guinée, etc.), comme si le travail champêtre n'était pas fait pour les Sénégalais bon teint.
Il faut définitivement arrêter avec ces représentations mentales féodalistes qui voudraient qu'un citoyen libre ne puisse pas louer ses bras comme ouvrier agricole. Et l'État du Sénégal doit prendre ses responsabilités pour faire prévaloir ce discours et faire évoluer les mentalités.
LA RÉPUBLIQUE DANS L'INCURIE
La gestion du pays par Macky est devenue une tragédie au quotidien. Il n’est pas tolérable que le peuple supporte indéfiniment les conséquences de l’incompétence d’un homme à qui il a tout donné - DÉCLARATION DU CRD
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration du CRD, datée du 4 juillet 2020, relative à la situation sociopolitique nationale.
« Dans le présent contexte de pandémie de la Covid-19, aggravé par une pauvreté longtemps occultée par une rhétorique des chiffes, il est devenu aisé d’observer que le gouvernement sénégalais montre des signes inquiétants de tâtonnement et de tergiversations indignes d’un État sérieux. En plus d’être exposés à la pandémie par la désertion du front par le général – président, et comme si cela ne suffisait pas, voilà que les Sénégalais sont encore contraints à souffrir le martyre en raison d’un manque d’eau criant devenu insupportable face, notamment, à la canicule et au stress provoqué par la situation sanitaire.
Le CRD exprime sa profonde indignation face à l’impuissance et à l’irresponsabilité du gouvernement sénégalais et manifeste toute sa solidarité au peuple sénégalais plongé dans cette situation à la fois angoissante et déconcertante par la seule faute d’un homme qui a fait du pilotage à vue son mode de gouvernance.
En effet, au lieu d’affronter résolument et efficacement les difficultés liées au contexte de pandémie de Covid 19, le régime de Macky Sall, comme à son habitude, a opté pour le sensationnel, le folklorique et la politique politicienne. Des décrets qui se contredisent, les uns les autres pour les beaux yeux d’une privilégiée de la République, ont fini d’installer la République dans une situation historique d’informel dans la gouvernance politique.
L’anarchie dans la distribution des vivres, le copinage et l’iniquité dans l’accompagnement des différents secteurs de la vie économique, l’absence de cohérence dans les mesures de lutte contre la propagation de la maladie, le manque de prospective pour l’après Covid-19 … nul doute que la gestion du pays par Macky Sall est devenue une tragédie au quotidien.
Face à cette incurie qui souille la République et qui installe la psychose parmi les populations, le CRD en appelle à la vigilance de tous pour freiner la Covid-19 et à la solidarité pour faire face à la crise économique ; car il n’est pas tolérable que le peuple supporte indéfiniment les conséquences de l’incompétence d’un homme à qui il a tout donné.
Pour les mêmes raisons, le CRD exprime sa vive préoccupation quant à l’opacité qui entoure le contrat Senelec-Akilee et la gestion populiste que le gouvernement est en train de faire de cette question avec une communication démagogique. Le CRD rappelle sa position de principe qui consiste à faire la promotion de chefs d’entreprise locaux et du consommer local, mais dans le respect strict des lois et règlements, ainsi que des obligations éthiques.
Sur cette question, le CRD demande, purement et simplement, l’annulation du contrat qui ressemble plus à un marché de dupes qu’à autre chose. Les règles de transparence et de bonne gestion constituant les remparts naturels contre la prédation de biens publics et l’aliénation des sociétés nationales à des tiers, le CRD exige du gouvernement la publication de tous les actes qui seront pris dans le cadre du règlement de ce conflit.
Aussi, le CRD dénonce, par la même occasion, l’innommable boulimie foncière de certains privilégiés de ce régime et de leurs proches, et exige un audit du littoral maritime afin d’éviter sa privatisation. L’accès à la mer étant un droit naturel, rien ne saurait justifier la construction anarchique de résidences privées et d’hôtels de luxe pour nantis le long du littoral qui doit rester accessible non seulement à tous les sénégalais mais également aux compatriotes africains de la sous-région.
Enfin, le CRD appelle le gouvernement à faire respecter la loi et à exproprier tous ceux qui ont, de manière frauduleuse, acquis des terrains sur le littoral ainsi que dans l’intérieur du pays. La nécessité impérieuse de protéger les populations rurales contre les velléités de razzia sur leurs terres par des firmes de l’agro-business amène le CRD à suggérer au gouvernement à opérer des réformes rapides et structurelles pour anticiper sur les conflits fonciers préjudiciables à la paix sociale et à l’autosuffisance alimentaire.
Porte parole du jour : Alassane Kitane »
par Abou Bakr Moreau
DÉBOULONNER, DÉBAPTISER ET BIEN ENCORE
EXCLUSIF SENEPLUS - L’histoire ne s’enseigne pas dans les rues. C’est bien pourquoi il faut déboulonner les statues indignes de servir de repères géographiques dans nos sociétés, pour les « confiner » dans les livres d’histoire
L’histoire retiendra que c’est dans le sillage de l’abominable asphyxie de George Floyd (46 ans), le 25 mai 2020 à Minneapolis (Etats-Unis d’Amérique), agonisant affreusement sous le genou d’un policier blanc du nom de Derek Chauvin que l’on a assisté au Royaume-Uni, en Belgique, aux Etats-Unis et dans d’autres pays à des déboulonnages de statues de figures historiques responsables de l’esclavage et de la colonisation. À travers le monde, les statues et monuments représentant des figures majeures du colonialisme et de la traite des esclaves sont devenus la cible des manifestants contre le racisme et la discrimination. Ce sont là des actions symboliquement fortes qui posent le problématique rapport des peuples à leur passé, et elles marquent en même temps un moment important dans la lutte contre les inégalités et les différentes formes d’oppression raciale, passées et présentes.
Le débat sur le déboulonnage de statues de figures de l’histoire qui ont pleinement contribué ou profité du passé colonial des peuples n’a certes rien de nouveau, mais il est ravivé par les fractures qui traversent les sociétés, les inégalités criantes fondées sur la race dans les pays colonisateurs et esclavagistes, la montée des extrémismes dans ces pays où les mouvements xénophobes et ouvertement racistes sont devenus non seulement visibles et représentatifs (jusque dans les institutions comme le parlement) mais ces derniers tendent même à être banalisés. Dans le même temps, les citoyens issus des pays colonisés (en France particulièrement) qui croulent sous le poids d’une pluralité de rapports d’une domination à la fois sournoise et dégradante sont accusés de pratiquer le « communautarisme ». C’est précisément l’hypocrisie de l’universalisme républicain qui désigne à la vindicte publique des citoyens d’origine étrangère que l’Etat a lui-même fait le choix de discriminer. Il n’y a aucun hasard si ces citoyens évoluent dans des quartiers (des pavillons de banlieues où se rencontrent toutes les pathologies des sociétés) qui leur sont spécifiques et souffrent d’inégalités qui ne sont fondées que sur l’identité raciale. Il n’y a aucun hasard !
Ce que le déboulonnage des statues montre, c’est que si les historiens ont trop tardé dans la réécriture de l’histoire, les manifestants eux présentent leur propre lecture de l’histoire de leur peuple. Ce que le déboulonnage montre aussi, c’est que si les personnages statufiés étaient aujourd’hui de ce monde, les manifestants se seraient donné les moyens d’avoir accès à eux et de les attaquer pour les faire tomber. Les personnages statufiés ont du sang sur les mains et des massacres de peuples sur leur conscience. Leur place, ce n’est donc pas dans les espaces publics de nos villes.
Mais alors où les installer pour ne pas occulter une partie tragique de notre histoire avec les pays esclavagistes et colonisateurs ? C’est la romancière Africaine-Américaine Toni Morrison (1931-2019) qui nous apporte la réponse : interrogée sur le pourquoi de son chef-d’œuvre « Beloved » (au moment de sa parution en 1987), elle indique que c’est parce qu’il n’ya pas dans son pays aux Etats-Unis d’Amérique un lieu de mémoire national spécifiquement consacré à l’esclavage, c’est pourquoi elle a voulu écrire un livre-monument. Et effectivement, le livre est devenu un livre-monument : le livre est depuis plusieurs années dans les programmes d’enseignement des plus grandes universités américaines. L’auteure Toni Morrison a été canonisée (de son vivant même, ce qui est extrêmement rare en la matière), son œuvre est aujourd’hui largement enseignée dans les programmes scolaires et universitaires aux Etats-Unis et le roman « Beloved » s’est imposé dans l’enseignement de l’esclavage. En clair, il n’est donc pas question de tomber dans l’amnésie qui, par le déboulonnage des statues, pourrait effacer de la mémoire collective des pans qui font partie intégrante de l’histoire d’un peuple. Au contraire, il y a un certain nombre de ruptures qui pourraient être opérées, notamment :
L’intégration systématique de l’enseignement de l’esclavage (et de la colonisation) dans les programmes scolaires et universitaires et pour commencer l’outillage intellectuel des historiens appelés à l’enseigner. Car en vérité, l’histoire comme discipline à enseigner n’a rien de l’objectivité que l’on pourrait lui donner. Elle est controversée et problématique. A titre indicatif, on se rappelle tous, il y a quelques mois, la vive polémique (les contestations et remises en question souvent subjectives et biaisées) qui a accompagné la rédaction de l’histoire de notre pays. Ici comme ailleurs, l’écriture de l’histoire fait toujours des vagues, ce n’est jamais un long fleuve tranquille. En fait, il faudra certes enseigner les figures nationales (politiques, religieuses, culturelles) historiques ayant combattu l’esclavage et la colonisation en leur restituant toute leur dimension de façon aussi objective et équilibrée que possible mais sans émotion. Mais il faudra tout autant enseigner qui étaient Faidherbe, le général de Gaulle, Jules Ferry, Colbert, Thiers, Peytavin, etc. jusqu’aux écrivains qui portaient l’entreprise coloniale dans leurs textes, avec pour objectif de mieux étayer le sous-bassement du fait colonial.
Et les statues qui auront été déboulonnées alors ? Leur place, c’est dans un musée où se retrouveraient non pas les statues (ni dans leur dimension grandeur nature ni même en miniature mais plutôt en images) mais les figures de chacune des personnages en question et d’autres que les peuples devraient aussi connaitre, en même temps que les figures des résistants nationaux patriotiques les ayant combattus dont certaines pourraient être immortalisées en étant statufiées, bien entendu avec des récits doctement élaborés et suffisamment explicatifs de l’action de chacune de cette figure. Dans ces musées (dont il pourrait y avoir plus d’un et en outre dans des lieux de mémoire que les historiens nous indiqueraient), il devrait y avoir autant que possible des éléments explicatifs des figures de l’histoire de la traite et de la colonisation : les navires négriers mobilisés, les expéditions faites, les pratiques en cours à l’époque, les hauts-lieux de la traite, les noms des résistants ayant payé de leur vie, etc. Pour qu’à terme on sache qui était qui. En quelque sorte, de vrais récits gravés sur du marbre pour que ne soient jamais effacées de la mémoire ces tragédies de l’histoire. En clair : les cours d’histoire, ce sont dans les salles de classe, dans les manuels scolaires, et par les activités scientifiques des universités qui dans un effort de transmission et de vulgarisation associeraient les enseignants de tous les niveaux jusqu’au préscolaire où les enseignements ont un impact indélébile sur la mémoire et l’imaginaire des tout-petits apprenants.
Dans la restitution de ces tragédies dans toute leur ampleur et leur impact, il serait question d’indiquer clairement entre autres faits, par exemple que : avant la découverte de l’Amérique, tout l’or qui arrivait en Occident venait d’Afrique, et que sans l’or de l’empire du Ghana, l’histoire de l’Occident n’aurait jamais pu être la même. Que les Etats-Unis d’Amérique ne seraient pas le même pays aujourd’hui sans les forces vives arrachées du continent africain et réduites à l’esclavage sur le sol américain. L’histoire des Africains-Américains, c’est plus de 400 (quatre cents) ans d’oppression raciale sous toutes les formes. Dans le décompte : 246 ans d’esclavage (1619-1865), 99 ans de lois Jim Crow (1865-1964) de discrimination institutionnalisée (un système d’apartheid exactement tel qu’il a existé en Afrique du Sud), 86 ans de lynchages (allant de 1882 à 1968, où les corps des Noirs étaient l’objet des pires atrocités (lapidés, torturés, pendus, et même dépecés et brûlés vifs, etc.), et enfin 14 ans de luttes pour les droits civiques allant de 1954 à 1968.
Quel autre peuple aurait vécu et survécu au moins autant ? Entre l’esclavagisme et le capitalisme occidental, le lien est direct et clairement établi. Ce sont les forces vives des peuples noirs arrachés du continent africain qui ont rendu possible la Révolution industrielle en Europe : sans cette main-d’œuvre facile et accessible sur plusieurs siècles, il n’y aurait pas eu de plantation de canne à sucre ni d’industrie de distillation du sucre, ni d’industrie tout court et donc ni de Révolution industrielle. Et sans les champs de coton en Amérique, il n’y aurait jamais eu le coton qui alimentait l’industrie textile anglaise. Et ainsi de suite.
Il n’existe pas de statue innocente ou neutre. Une statue c’est un outil de glorification et d’immortalisation d’une personne, d’une idéologie, d’une certaine conception de l’histoire. Statufier quelqu’un c’est l’honorer. Un tyran qui impose la statue de son personnage dans les rues de son pays c’est une autoglorification comme la glorification d’une figure statufiée par le pays oppresseur. C’est l’hypocrisie de l’universalisme républicain occidental qui amène à approuver et à se réjouir du déboulonnage de la statue de Saddam Hussein dans les rues de Bagdad, il y a quelques années dans le sillage de la chute de l’ancien président irakien, et de vouloir laisser intactes trôner sur les places publiques de nos villes les statues de figures tout aussi despotiques et tyranniques que Faidherbe et tous les autres…
Le fait même que des voix se soient élevées en France pour s’émouvoir du déboulonnage de la statue de Faidherbe à Saint-Louis du Sénégal, c’est une des manifestations du racisme. Car au-delà des pratiques discriminatoires fondées sur l’identité raciale dans la vie ordinaire, au-delà des éruptions et flambées sporadiques du phénomène, le racisme est aussi dans la volonté d’étouffer la voix de l’autre (étouffer au sens propre comme avec George Floyd et le policier assassin, et étouffer au sens figuré comme avec Cheikh Anta Diop et ses travaux lumineux et éclairants sur « l’antériorité des civilisations nègres » que l’ancienne puissance coloniale a toujours cherché à discréditer et à ridiculiser), de chercher à empêcher l’autre de parler de sa condition en son nom propre ; le racisme est dans l’incapacité de se mettre à sa place, de voir dans le visage de l’autre (de race différente) le reflet de son propre visage d’être humain, de chercher à discréditer son action, de lui refuser le droit de se défendre en réécrivant sa propre histoire comme une façon de l’amener à se contenter du récit que lui l’oppresseur a écrit sur lui, ce qui somme toute revient à lui refuser son humanité. Le racisme est aussi dans la banalisation d’un fait tragique que l’oppresseur historique voudrait voir comme un simple accident malheureux ou un cas isolé, un évènement à jeter aux oubliettes. L’ancienne puissance coloniale n’a-t-elle pas remis en question l’ampleur du drame de Thiaroye 44, la place de Gorée dans le trafic des esclaves, etc. ?
L’histoire bouge. Les peuples ne sont pas inertes. Nos peuples ont le droit d’exiger que soit effacé de nos rues le nom de quelque figure historique que ce soit, effacé des artères de nos villes et de tous nos bâtiments publics. Qu’il ne figure plus que dans les livres d’histoire et que cette même histoire qu’il reste à rédiger n’occulte aucun aspect (surtout pas les moins glorieux de ces pays) de son passé avec nos peuples. C’est une aberration que de donner le nom d’une grande artère d’une de nos villes à un combattant, un libérateur, une grande figure politique ou religieuse dans l’histoire de la nation et le nom d’une autre grande artère à celui qui était là en même temps que lui rien que pour l’opprimer, quelqu’un qui aurait voulu l’éliminer, quelqu’un qui aurait agi comme Derek Chauvin appuyant son genou, envers et contre tout, sans scrupule et sans frémir, sur la gorge de George Floyd jusqu’à son dernier souffle. L’oppresseur et le libérateur, ce sont deux figures de l’histoire mais aux antipodes l’un de l’autre. Donner le nom d’un individu à une rue ou à un édifice public, c’est nécessairement l’honorer, le célébrer, le glorifier, l’immortaliser. L’histoire ne s’enseigne pas dans les rues. C’est bien pourquoi il faut déboulonner les statues et débaptiser les noms de toutes les figures de l’histoire qui sont indignes de servir de repères géographiques dans la vie de nos sociétés, pour les, passez-moi l’expression, « confiner » dans les livres d’histoire avec les récits relatifs à leur action !
Abou Bakr Moreau est Enseignant-chercheur, Etudes américaines, UCAD.
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C'EST LA JEUNESSE QUI DOIT DÉBOULONNER FAIDHERBE
EXCLUSIF SENEPLUS - L'ancien secrétaire général d'Amnesty International, Pierre Sané, lance un appel aux jeunes pour qu'ils s'engagent dans un mouvement effectif de décolonisation du Sénégal - EXTRAIT DE L'ÉMISSION SANS DÉTOUR
Dans cet extrait de l'émission de SenePlus, "Sans Détour", l'invité Pierre Sané, ancien secrétaire général d'Amnesty international, lance un appel à la jeunesse sénégalaise pour qu'elle aille déboulonner elle-même la statue de Faidherbe à Saint-Louis quand celle-ci sera ré-installée à la fin des travaux actuellement en cours.
Selon l'ancien fonctionnaire de l'Unesco, c'est à la jeune génération de s'engager pour décoloniser le pays.
Sans Détour est une émission de SenePlus et de l'école d'imagerie numérique Sup'Imax, présentée par Abdoulaye Cissé et produite par Mame Lika Sidibé. L'intégralité de l'émission est à retrouver ici même en tout début de semaine.
par Gilles Olakounlé Yabi
SALE TEMPS POUR L'INTÉGRATION RÉGIONALE EN AFRIQUE DE L'OUEST
La monnaie unique peut être une parade à la fragmentation de l’espace ouest-africain. Mais il faut aussi admettre que, faute d’un leadership suffisant pour porter l’eco, c’est le pire moment pour le lancer
Jeune Afrique |
Gilles Olakounlé Yabi |
Publication 04/07/2020
Mais le tweet du président nigérian confirme une paralysie du processus. « Cela me donne un sentiment de malaise que la zone UEMOA souhaite reprendre l’eco en remplacement de son Franc CFA avant les autres États membres de la Cedeao », écrit Buhari.
Cette sortie est le dernier épisode du long et déroutant feuilleton qui devait s’achever avec la mort du franc CFA, symbole des relations particulières instaurées avec la France après les indépendances. Porté depuis deux décennies par la Cedeao, le projet devait être une brique supplémentaire – et pas n’importe laquelle – dans la construction d’une communauté économique, politique et humaine pleinement intégrée.
La Cedeao est donc aujourd’hui à un tournant. Elle a certes a réussi à donner naissance à un vaste espace de circulation libre des citoyens de 15 pays, un espace doté d’un tarif extérieur commun, d’une commission basée à Abuja, la capitale fédérale du Nigeria, et d’une série d’agences spécialisées. Elle dispose aussi de protocoles ambitieux en matière de paix, de défense et de sécurité, de gouvernance démocratique, de justice et de respect des droits humains.
En outre, et même si les pays de l’Uemoa cultivent des liens économiques et politiques plus forts entre eux, c’est bien la Cedeao qui a incarné institutionnellement depuis des décennies le projet d’une Afrique de l’Ouest dont les peuples imaginent un avenir commun.
Des hauts et des bas
La Cedeao a connu des hauts et des bas, et a sans doute produit plus de résultats probants dans les domaines politiques et sécuritaires qu’économiques. Au vu des faiblesses structurelles, des errements politiques de la majorité de ses membres et des crises multiples, son bilan relève quasiment du miracle.
Mais elle est aujourd’hui dans un de ses grands moments de faiblesse. Le président nigérian a agité le spectre d’une dislocation de la communauté si les pays de l’Uemoa décidaient de lancer l’eco avant les autres pays de la Cedeao qui avaient collectivement choisi le nom de la monnaie unique, et sans consensus préalable sur la marche à suivre.
Le Nigeria avait estimé en février dernier que les conditions ne seraient pas réunies pour lancer l’eco en 2020 et recommandé un report de l’échéance. C’était avant la pandémie de la Covid-19, qui est venue plonger les pays de la région – à des degrés certes variés – dans une détresse économique et financière brutale. Le Nigeria, très dépendant de ses exportations d’hydrocarbures, est sévèrement touché.
Les analyses lues ou entendues ici et là n’évoquent dans leur grande majorité que la question du choix de régime de change, l’interrogation sur le bien-fondé de la monnaie unique dans une communauté qui ne constitue pas une zone monétaire optimale, le risque d’instabilité monétaire et financière en cas de naissance d’un eco sans préparation adéquate ou encore la dimension géopolitique régionale réduite à un jeu de dupes entre les chefs d’État des pays francophones et francophiles, emmenés par l’Ivoirien Alassane Ouattara, et leurs homologues anglophones, emmenés par Buhari.
La France, encore elle, serait à la manœuvre, avec l’intention de saboter le projet initial de la Cedeao pour maintenir son influence via un franc CFA rénové, déguisé en monnaie ouest-africaine souveraine.
Créer un maximum d’emplois
Ces questions et ces points de vue sont pertinents, mais ils sont aussi réducteurs. Sur le plan économique, j’entends très peu parler des possibilités pour l’unification monétaire d’impulser une transformation structurelle dans l’espace Cedeao avec, comme locomotive, l’économie nigériane souvent réduite à son secteur pétrolier et gazier alors que la taille de sa population (environ 214 millions d’habitants en 2020) est un facteur puissant de développement agricole, industriel et d’une grande variété de services par le jeu des économies d’échelle.
Or l’une des clés pour les perspectives économiques de l’Afrique de l’Ouest dans les prochaines décennies réside dans la capacité de la région à produire en son sein les biens et services qui seront nécessaires à sa population en forte croissance.
S’il y a bien une priorité vitale pour la région, c’est de créer un maximum d’emplois et d’opportunités de revenus aujourd’hui et demain pour ses dizaines de millions de jeunes. Nombre d’entreprises européennes, chinoises, américaines, turques ou indiennes l’ont compris depuis longtemps et ont l’œil rivé sur la croissance du marché nigérian et ouest-africain. Ils savent que même les plus pauvres consomment beaucoup, dès lors qu’ils sont très nombreux.
Il faut ajouter les classes moyennes urbaines aussi en forte croissance. L’enjeu économique de l’intégration régionale, c’est la possibilité d’en faire un moteur de dynamisation et de transformation des économies réelles au profit des populations ouest-africaines.
Quant à l’enjeu politique de la monnaie unique, qui est à mon sens encore plus important, c’est l’approfondissement de la solidarité et, in fine, la construction d’un espace de paix et de sécurité en Afrique de l’Ouest. Plus on renforce des liens entre les États, plus on se dispute dans des réunions, plus on se fréquente, plus on se connaît, et moins on a envie de se faire la vraie guerre.
C’est en cela que le débat sur les critères de convergence à satisfaire par les États avant de lancer l’eco ou sur l’appréciation des coûts et bénéfices de la monnaie unique n’est pas le plus important.
Mauvais timing ?
La monnaie unique à elle seule ne résoudra aucun des problèmes cruciaux des économies réelles. Elle peut en revanche être un puissant accélérateur de l’intégration politique et une parade à la fragmentation institutionnelle de l’espace ouest-africain.
Le souci est que personne ne semble y croire. Le drame actuel réside dans l’absence de leadership au niveau régional. Il n’y a personne pour porter le projet de l’eco, et les chefs d’État les plus passionnément francophiles ne sont pas les seuls en cause.
Si la Cedeao s’est dramatiquement affaiblie depuis une quinzaine d’années, c’est d’abord parce que le Nigeria, sa seule vraie puissance, s’est affaiblie, engluée dans ses crises sécuritaires et politiques internes. Son président actuel, le général à la retraite Buhari, qui avait déjà dirigé la fédération sous régime militaire il y a 37 ans, n’est certainement pas le plus intéressé par un agenda régional.
Rappelons-le : le Nigeria représente 70% du PIB de la Cedeao et 52% de sa population. Le Ghana et la Côte d’Ivoire sont loin. Sans impulsion nigériane, il n’y a simplement pas de perspective d’accélération du projet d’intégration.
Que la France ait quelque raison de se réjouir de la fragmentation institutionnelle et politique de la région est une chose. Qu’elle y contribue un peu, c’est probable. Que toutes les autres puissances moyennes ou grandes n’aient pas intérêt à ce que les blocs régionaux africains se renforcent au point de s’entendre sur les questions les plus stratégiques, c’est une évidence.
Mais si on abandonne la Cedeao, si souvent donnée en exemple à l’échelle continentale, à un affrontement improductif entre francophones et anglophones, ce sont les personnalités politiques de la région qui en porteront la responsabilité, et personne d’autre.
Je continue à croire au projet de monnaie unique de la Cedeao comme à un formidable accélérateur d’intégration politique, humaine et économique. Mais il faut admettre que c’est le pire moment pour lancer l’eco. La majorité des pays de la région sont en crise sécuritaire ou politique avec des incertitudes majeures également sur le plan économique post-Covid 19.
L’urgence est d’éviter une rupture totale de confiance au sein de la communauté. Et d’attendre qu’émergent des hommes, ou mieux, des femmes, qui voient loin et croient réellement à la possibilité de faire quelque chose de beau, de digne, de fort, d’exemplaire, dans cette partie du monde.
OMAR PÈNE FAUSSEMENT DONNÉ POUR MORT
L’information a été démentie sur Facebook par le frère de l’artiste, Guissé Pène. Africa Check a pu joindre Omar Pène qui s’est montré serein. Il affirme que ce n’est pas la première fois qu’on annonce son décès
Au Sénégal des rumeurs rapportant la mort de l’artiste chanteur Omar Pène se sont propagées sur Whatsapp. C’est d’ailleurs via cette application de messagerie qu’un internaute a contacté Africa Check, pour vérification.
Nous avons recherché sur YouTube la vidéo objet de la capture d’écran partagée sur WhatsApp, sans la retrouver.
L’information a été démentie sur Facebook par le frère de l’artiste, Guissé Pène. Africa Check a pu joindre Omar Pène qui s’est montré serein. Il affirme que ce n’est pas la première fois qu’on annonce sa mort.
« C’est la énième fois, mais je préfère ne pas donner de suite à ces histoires malgré l’insistance de certains. Démentir pour moi permettrait à ces sites de se vendre ».
« Je pense que c’est juste pour avoir de la visibilité », soutient le lead vocal du Super Diamono, un groupe basé à Dakar.
Des rumeurs relatives à la mort d’Omar Pene circulent sur internet au moins depuis 2014.
NDINGLER, LE COMBAT D'UNE VIE
En pleine préparation de l’hivernage, cette localité est dans l’ébulition à cause de ses champs confisqués au bénéfice du milliardaire Babacar Ngom. Immersion au cœur d’un village abandonné par les pouvoirs publics
En pleine préparation de l’hivernage, Ndingler est dans l’expectative, à cause de ses champs confisqués au bénéfice du milliardaire Babacar Ngom. Malgré la présence dissuasive de la gendarmerie, les populations, qui vivent presque exclusivement de l’agriculture, promettent de défendre leurs terres au péril de leur vie. Immersion au cœur d’un village abandonné par les pouvoirs publics.
Ndingler, lundi 29 juin. Les rues sont presque désertes. Comme à Wuhan en plein confinement, seuls les gazouillements des oiseaux perturbent le silence de cimetière qui règne sur les lieux. Après quelques coups de klaxon, surgissent, d’une maison en paille, quelques petits enfants âgés entre 5 et 10 ans. En sérère, le chauffeur du taxi-brousse leur demande : ‘’Où se trouve la mosquée ?’’ A l’unisson, les petits, joignant le geste à la parole, indiquent la bonne direction.
A quelques mètres de là, se trouve le modeste édifice religieux, dont le mur perd, peu à peu, de sa blancheur. Une croix accrochée au toit d’un autre bâtiment, situé sur une distance d’à peine 50 m, suscite la curiosité. ‘’C’est l’église du village’’, renseigne notre hôte Mbaye Diouf, avant d’enchainer, le sourire en coin : ‘’Comme vous le voyez, quand nous musulmans nous faisons notre appel à la prière, les chrétiens font résonner leur cloche. Les bâtisseurs des deux édifices étaient inséparables. C’est mon père qui a construit la mosquée.’’ A leur image, les communautés également vivent dans une parfaite harmonie, depuis des siècles. C’est d’ailleurs uni comme un seul homme, qu’ils font face à celui qu’ils considèrent comme un ‘’envahisseur’’. Il s’agit du président-directeur général du Groupe Sedima, Monsieur Babacar Ngom. Un nom devenu tristement célèbre à Ndingler.
A un jet de pierre, à l’intérieur du village, se trouve le ‘’penc’’. Contrairement à l’entrée, ici, quelques notables sont trouvés en train de deviser tranquillement, sous un grand arbre. Assis à côté de Niokhor Diouf, Ibrahima Sène polit avec dextérité la manche de son ‘’hilaire’’. Mais une question le taraude sans cesse. Va-t-il pouvoir récupérer ses terres confisquées, selon lui, par Babacar Ngom ?
Alors que le village a reçu ses premières pluies, certains membres du groupe ne savent plus où donner de la tête. C’est la grande inquiétude pour Niokhor. Qui peste : ‘’Nous ne savons pas si nous pourrons cultiver cette année. Mais nous irons jusqu’au bout dans ce combat. Il faut que Babacar revienne à la raison. Il est hors de question qu’on lui cède nos terres.’’ Très en colère, il ajoute : ‘’Nous ne croyons qu’en Dieu. De notre village, on n’entendait même pas son nom. Il parait qu’il a des milliards et des usines. Nous, on s’en moque éperdument. Nous demandons juste qu’il nous laisse nos terres. C’est notre unique espoir, l’espoir de nos enfants. Avec ces terres, nous avons toujours nourri nos familles. Sans dépendre de personne. Ce n’est pas parce que nous sommes faibles qu’il doit pouvoir venir nous imposer sa force. C’est comme si nous ne sommes pas des Sénégalais.’’
Pour se rendre auxdits champs, il faut se lever de très bonne heure. Ce jour-là, la chance sourit. Un des enfants de Sandock (collectif de 15 villages dont Ndingler), professeur à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, de passage dans le village, propose de nous emmener jusque dans les champs litigieux. Une distance difficile à parcourir à pied. A bord du véhicule 4X4, entre les champs déjà labourés, les baobabs et autres arbustes, il aura fallu entre 20 et 30 minutes pour regagner lesdites surfaces.
Sur place, un comité d’accueil spécial est positionné. Il s’agit de la gendarmerie nationale qui veille sur ce qui est présenté comme la propriété privée de Babacar Ngom. Une propriété dont le périmètre s’étend à l’infini, sans clôture, mais bien délimitée à l’aide d’une tranchée de plus d’un mètre de profondeur sur 0,5 m de large. Yopane Faye, la soixantaine, a du mal à digérer ce qu’il considère comme un affront. ‘’C’est comme si nous étions en guerre. Ils viennent récupérer nos terres et nous imposent les limites à ne pas franchir’’, s’indigne-t-il furax.
Faisant fi de la présence des pandores, l’on enjambe le grand trou et se promène un peu sur le vaste terrain nu. A peine 20 m à l’intérieur, le lieutenant, debout à 50 m, ordonne de s’arrêter. Puis, il se dirige vers les visiteurs indélicats. Courtois, mais ferme dans le ton, il pose une kyrielle de questions. Genres : ‘’Où allez-vous ? Savez-vous que vous êtes dans une propriété privée ?’’, etc. Pour les villageois, il est hors de question d’admettre que ces terres appartiennent au PDG du Groupe Sedima. Avec plein de pédagogie, l’agent, à la tête d’un groupe de 5 éléments environ, invite délicatement les ‘’intrus’’ à sortir du périmètre.
Pourtant, l’arrivée de Sedima dans la zone ne date pas d’aujourd’hui. Elle remonte à 2013-2012. Mais, à l’époque, il s’était cantonné à Djilakh. D’ailleurs, au loin, un mur blanc est désigné par les Ndinglerois comme étant les limites du vaste champ qu’il exploite depuis quelques années. Sans aucune contestation !
Responsable dans le Collectif pour la défense des terres de Ndingler, Mbaye Diouf explique : ‘’Il y cultivait déjà différentes variétés : bassi, maïs, arachide, entre autres. On faisait de notre côté du mil, de l’arachide... Et il n’y a jamais eu de problème, tant qu’il se limitait à son champ. Mais quand il a voulu étendre son périmètre jusque dans nos champs, c’est de là qu’est venu le conflit.’’
Les précisions des proches du milliardaire
Pour leur part, les proches du milliardaire soutiennent mordicus que ces terres n’ont jamais été exploitées par les villageois avant leur attribution à Sedima. Mieux, elles ne leur appartiennent même pas. ‘’Entre ces terres et le village, soutiennent les proches du milliardaire, il y a 6 km. Elles étaient essentiellement peuplées de baobabs, d’arbustes, de broussailles touffues et de bosquets’’. A les en croire, d’importants travaux y ont été entrepris pour aménager et viabiliser le terrain. ‘’Ce fut de lourds et couteux travaux. Parallèlement, la surface a été délimitée et des aménagements d’accueil et de stockage ont été construits à l’intérieur du champ. C’est alors que quelques ressortissants du village de Ndingler ont commencé à cultiver sur une partie (l’aile nord-est) sans aucune autorisation de la Sedima. Cette présence a été tolérée pendant quatre ans, vu qu’elle n’impactait pas encore les activités du groupe’’, soulignent-ils.
Cette version, selon les paysans, est aux antipodes de la réalité. Pour eux, M. Ngom est simplement de mauvaise foi. Il l’est d’autant plus qu’en 2015, lui-même était venu à Ndingler, accompagné notamment de son fils, du communicateur traditionnel Khadim Samb et du maire de Ndiaganiaw, pour négocier avec les gens du village les fameux 80 hectares (voir encadré).
Agée de plus de 70 ans, Yaye Fatou Faye revient sur l’historique : ‘’En fait, ici, les gens vivaient éparpillés. Mon grand-père vivait là-bas. Moi-même j’y vivais avec mon père, avant le mariage. Je peux vous donner les noms de tous ceux qui habitaient là-bas. (Elle les énumère). C’est à cause du tarissement du puits, de la difficulté d’accéder à l’eau que tous les occupants ont déménagé vers le nouvel emplacement. Mais tout en continuant d’exploiter les champs. Si on va là-bas, je pourrais vous montrer la maison de chaque occupant.’’
Au total, ce n’est pas moins de 40 familles qui risquent de ne pas avoir de terres à exploiter cette année, dans ce village qui ne vit que d’agriculture et d’élevage. A tous les coins de rue, les greniers en paille continuent de nourrir certaines familles, un an après l’hivernage de l’année dernière. Pour Yopane Faye, plutôt mourir que de laisser les terres à la Sedima. ‘’Ces champs appartenaient à mon arrière-grand-père qui les a laissés à mon grand-père ; c’est comme ça jusqu’à nos jours. Maintenant, ils me reviennent de droit en tant que chef de la famille. Je cultive là-bas depuis plusieurs années. Je ne peux vous dire combien exactement, mais à l’époque, il y avait Ndiadiane Sène à la mairie de Ndiaganiaw, puis est venu Moussa Sène, Mamadou Diouf, jusqu’à l’actuel maire Gana Gning. Il y a des choses qui méritent même de sacrifier sa vie. Mourir dans ce combat serait une fierté et non une honte’’.
LA SEDIMA ENTRE LE MARTEAU DE NDENGELER ET L’ENCLUME DE DJILAKH
Le village de Djilakh, situé dans la commune de Sindia, ajoute de l’huile sur le feu, il réclame et revendique la paternité de ces terres et déclare qu’elles se situent dans son périmètre communal.
L’affaire des terres de Ndengeler dans la commune de Ndiaganiao, qui oppose la Sedima aux populations locales dudit village, prend une autre tournure. En effet, le village de Djilakh, situé dans la commune de Sindia, ajoute de l’huile sur le feu, il réclame et revendique la paternité de ces terres et déclare qu’elles se situent dans son périmètre communal.
La polémique enfle entre le village de Ndengeler, situé dans la commune de Ndiaganiao, et celui de Djilakh, situé dans la commune de Sindia, une affaire de foncier est à l’origine de la montée d’adrénaline. Chacun de ces deux villages réclame la paternité des 80 hectares attribués à Babacar Ngom, le patron de la Sedima.
En conférence de presse ce jeudi, à Djilakh, le chef de village, Malick Ndiaye, a précisé que cette question des limites a été réglée depuis 2008 par les autorités étatiques et administratives avec un procès-verbal et une liste de présence qui confirment ses propos. «Le procès-verbal de délimitation est là, les archives existent bel et bien au niveau des trois sous-préfectures et au niveau des trois mairies que sont Ndiaganiao, Sindia et Fissel.
L’adjoint du préfet de Mbour, le sous-préfet de Fissel et le sous-préfet de Séssene étaient présents ce jour. Sur le terrain, les bornes qui montrent les limites de chaque commune sont très visibles. Pour être plus clair, les terres qui sont attribuées au groupe Sedima se trouve bel et bien dans la surface communale de Sindia», tranche de façon catégorique le chef de village de Djilakh.
A l’en croire, les raisons de cette confusion sont à chercher ailleurs. «La délimitation c’était en 2008, maintenant c’est en 2012 que la communauté rurale de Sindia a affecté une superficie de 300 hectares au groupe Sedima. Après cette affectation en 2012, il s’est trouvé que Babacar Ngom, en 2012, n’a fait que délimiter sa surface qui est de 300 hectares. Alors, il faut noter qu’entre 2013, 2014 jusqu’en 2015, il n’a pas exploité ces terres.
La nature ayant horreur du vide, les habitants de Ndengeler ont profité de cette situation pour occuper ces terres-là et ont commencé à y cultiver pour la première fois», a déclaré Malick Ndiaye. Ce dernier a également rappelé que l’objectif de l’attribution de ces terres à Babacar Ngom était d’y installer un projet à usage avicole et que le patron de la Sedima avait pris des engagements qui ont été consignés dans le procès-verbal dont les archives sont disponibles.
Très en verve, les jeunes de Djilakh, par la voix de Djibril Sène, leur porte-parole, prennent le contre-pied du chef de village et tiennent à ce que la vérité des faits soit rétablie face aux déclarations des gens de Ndengeler. Ils invitent les autorités à trancher. «La population de Ndengeler affirme que sur les 75 hectares sur les 224 hectares attribués à Babacar Ngom leur appartiennent. Nous, nous disons que c’est un problème administratif qui n’engage pas la population de Djilakh. Les autorités administratives n’ont qu’à prendre leurs responsabilités. D’ailleurs sur ce, nous interpellons directement le gouverneur de Thiès, le préfet de Mbour et le sous-préfet de Nguekokh pour qu’ils se prononcent très rapidement sur les limites de ces trois communes.»
Les jeunes contestent également le titre foncier de Babacar Ngom qui détient une affectation de 225 hectares. «Nous contestons avec la dernière énergie le titre foncier de Babacar Ngom. Ce qui a été attribué à la Sedima est énorme. Pour contester, nous avions organisé une marche en 2013. Il s’est éclipsé et, 6 ans après, il revient avec un titre foncier et cela n’arrange pas la population de Djilakh», fulmine Djibril Sène. Les jeunes accusent même le patron de la Sedima de ne pas respecter ses engagements. «Tout ce qu’il avait pris comme engagement, il ne l’a pas respecté.
A travers un communiqué, il parle d’une enquête comodo que la population de Djilakh a acceptée, c’est faux et ça n’existe pas et il ne nous démentira pas. En plus, je précise qu’il n’a indemnisé personne, ce qu’il a fait est immoral car il a retiré les terres à des gens qui l’exploitaient avant», dénonce le porte-parole des jeunes.
Les jeunes ont précisé, lors de ce point de presse, qu’ils ne s’opposent pas à la réalisation de ce projet mais plutôt de l’affectation d’un titre foncier de 224 hectares et par conséquent réclament leurs terres. De l’autre côté, la population de Ndengeler ne veut reculer d’un iota sur les 80 hectares dont ils revendiquent la paternité.