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7 juillet 2025
DE DAKAR À SAINT-LOUIS, L'HÉRITAGE COLONIAL EN QUESTION
À Saint-Louis, ex-cité coloniale construite en partie sur une île, Faidherbe semble jouir du don d’ubiquité. Au-delà de la statue, il faut passer par le célèbre Pont Faidherbe pour accéder à la ville
Sputnik France |
Momar Dieng |
Publication 20/06/2020
Entre les «crimes» de Louis Faidherbe, visage de la colonisation française en Afrique occidentale dont la statue trône toujours à Saint-Louis, et l’héritage colonial qui se vit au quotidien dans les rues et avenues aux noms français, la question coloniale refait surface au Sénégal, favorisée par un mouvement international contre le racisme.
Le meurtre de l’Afro-Américain George Floyd le 25 mai par un policier blanc à Minneapolis a ravivé la douleur des souvenirs coloniaux et insufflé une seconde jeunesse aux résistances contre les racismes présumés à travers le monde, notamment en Afrique.
L’opération de «débaptisation» des ponts et artères d’Abidjan arborant les noms de personnalités françaises fera-t-elle des émules à Dakar ? Du boulevard général de Gaulle, lieu de célébration de la fête d’indépendance du 4 avril, à l’avenue Faidherbe, en passant par (Jules) Ferry, (Georges) Pompidou, Parchappe, Parent, Carnot, (Jean) Jaurès, etc., dans la capitale ou d’autres grandes villes du Sénégal, des figures coloniales (ou françaises post-coloniales) demeurent très présentes.
Débaptiser les noms des rues coloniales «ne fait pas recouvrer sa dignité», rappelle un internaute. Une façon d’arbitrer entre ceux qui appellent de leurs vœux une sénégalisation, ou africanisation, des espaces urbains; et ceux, plus prudents, qui estiment que la question ne se pose pas en termes de «dignité» puisqu’il s’agit d’un legs de l’histoire du pays qu’il faut accepter, fût-il colonial. Selon le Pr Iba Der Thiam, historien et ancien ministre de l’Éducation nationale, les Sénégalais ont raison de poser ce débat.
«J’estime que la question n’est pas encore posée véritablement. Quand les hommes politiques la poseront et en feront un consensus pour ensemble agir, on pourra en sortir.»
Au Sénégal, la question coloniale reste un sujet clivant et épisodique dont l’évocation tourne souvent autour d’une figure centrale de la colonisation française: Louis Faidherbe. Gouverneur général de la colonie du Sénégal par deux fois (entre 1854 et 1865), il est omniprésent dans le quotidien des Sénégalais au travers de puissants symboles que le temps et les événements ne contrarient que rarement.
«Faidherbe a mis en place les bases idéologiques de l’occupation française du Sénégal et de l’Afrique occidentale. Il était le grand acteur de cette entreprise coloniale qui ouvrait une ère d’oppression et d’assujettissement. Son action montre qu’il n’y a pas de "colonisateur de bonne volonté". Un colonisateur est un acteur d’une idéologie dominante et meurtrière», explique à Sputnik l’universitaire sénégalais Khadim Ndiaye, chercheur en Histoire qui vit à Montréal.
À l’heure où des statues qui représentent des «colons» et/ou des «racistes» tombent ou sont promises à la démolition, celle de Faidherbe ne semble pas prête de finir en poussière.
STATUE DE FAIDHERBE, REPENSER LA NOTION DE PATRIMOINE
EXCLUSIF SENEPLUS - Les vestiges que nous préservons du passé nous renseignent beaucoup sur nous-mêmes et sur les héritages à léguer aux générations futures. La statue d’un conquérant colonial est un vestige d'une hégémonie
Parmi les arguments brandis par les défenseurs de la statue de Faidherbe, plusieurs considérations sont mises de l’avant. On estime que Faidherbe a déployé des efforts colossaux et louables pour connaître les populations du Sénégal et qu’il a assuré la « stabilité » du pays en terrassant les dernières résistances. Certains affirment qu’il avait fait des faveurs aux musulmans et protégé les gens du Walo contre les assauts des populations maures.
L’argument de la connaissance des populations a été surtout popularisé par l’ex-président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor. « Si je parle de Faidherbe, disait-il, c’est avec la plus haute estime, jusqu’à l’amitié, parce qu’il a appris à nous connaître... ». Dans un entretien accordé en 1981 au diplomate français Pierre Boisdeffre, de passage au Sénégal, Senghor insiste sur la sympathie du conquérant : « Faidherbe a été le conquérant de l'intérieur du Sénégal, mais en même temps, Faidherbe s'est fait nègre avec les Nègres, comme le recommandera, plus tard, le père Liberman. Il s'est donc fait sénégalais avec les Sénégalais en étudiant les langues et civilisations du Sénégal. »
Faidherbe s’était effectivement donné comme mission la connaissance des populations du Sénégal. Il s’est fait ethnologue, linguiste, et s’intéressait donc aux cultures et langues locales. À ce propos, l’historien Abdoulaye Bathily considère Faidherbe comme « le véritable fondateur de l'école africaniste française ». Toutefois, les études menées par Faidherbe et son équipe, nous dit Bathily, en plus d’avoir « contribué à répandre chez les peuples d'Europe, les préjugés racistes à l'égard des Africains », devaient servir les objectifs de la conquête : « Les recherches entreprises durant la période "faidherbienne" avaient un but fondamental fonctionnel. L'objectif poursuivi était la connaissance de la "société" et du "milieu indigène", connaissance sans laquelle ne pouvait se réaliser l'œuvre de domestication des peuples et qui constitue la base de tout système colonial ».
L’histoire, la linguistique et l’ethnologie étaient donc mobilisées pour assurer la domination des populations de la Sénégambie. Il s’agissait de connaître pour mieux assujettir, comprendre pour mieux asservir. Voilà les vils soubassements que le président Senghor ne semblait pas percevoir dans son éloge dithyrambique. Il s’est extasié devant l’érudition et la bienveillance supposée de Faidherbe et a oblitéré ses visées réelles peu louables.
L’érudition et les gratifications au service de l’exploitation coloniale ont été mises en œuvre dans le domaine de la religion. La foi devait aussi servir la conquête. Faidherbe donna le ton à ce qui devait être la politique musulmane de la France au Sénégal. Il était clair quant aux retombées des « facilités » faites aux musulmans du Sénégal : « En élevant une mosquée à Saint-Louis par imitation de ce qui se passait en Algérie, on n’a pas réfléchi que nous ne sommes pas posés ici pour faire des concessions aux musulmans ; il n’en est pas de même au Sénégal. Mais enfin la mosquée existe et on ne peut revenir là-dessus [...]. Dès que la guerre n’absorbera pas plus tous mes moments, je m’occuperai de ces choses-là d’une manière toute spéciale. Il faut que nous arrivions comme en Algérie à amener les marabouts et les prêtres musulmans des villes à se rallier complètement à nous et à nos idées. On sévira contre les récalcitrants. Mais une mesure complémentaire de l’exigence que nous montrerons à l’égard des musulmans, ce sera l’établissement d’écoles françaises pour les jeunes musulmans… ».
On soutient également, sans aller au fond, que Faidherbe a défendu les gens du Walo contre les populations maures. Les relations entre le Walo et le Trarza en pays maure sont anciennes. Ces relations ont été ponctuées par des guerres et des alliances. Une relation matrimoniale avait été scellée par l’union du roi des Trarza et de la reine du Walo. De cette relation naquit un fils, Ely, que Faidherbe combattit pour ses visées pour le trône. Les Français ont très tôt considéré le Walo comme leur possession. Ils ne pouvaient y tolérer la présence des Maures. C'était le vœu d'un gouverneur prédécesseur de Faidherbe, Bouët-Willaumez. Un texte du 8 mai 1819 stipulait que la France devait se faire « céder en toute propriété et pour toujours les îles et toutes les autres positions de terre ferme du Royaume du Waalo pour la formation de tous établissements de culture ».
Faidherbe écrit le 7 mai 1857 au roi des Trarza Mohamed El Habib pour affirmer son droit de possession du Walo : « Quand au Walo que nous avons acheté en 1819 et conquis en 1854, nous le garderons envers et contre tous ». Dans une autre lettre datant du 13 mars 1858, et adressée à Natago Fall, Faidherbe s’attribue le titre de « Brak » (prince), menace et réaffirme sa propriété sur le Walo : « Vous savez que le Walo est à moi et qu'il n'y a plus aujourd'hui d'autre brak que moi. Vous êtes donc mes captifs et vous devez m'obéir. Voilà ce que je veux que vous fassiez. »
Faidherbe a agi au Walo comme il l’a fait dans les autres parties du Sénégal : en s'alliant avec certains au détriment d'autres. Il n'a pas hésité à s'emparer du Walo qu'il disait protéger des Maures. Concernant l’argument de la libération des populations du Walo, l’historien Yves Saint-Martin note : « Puisque Faidherbe avait été nommé pour appliquer ce programme [s'emparer du Walo], il ne pouvait avoir de doute sur l’approbation ministérielle. De plus, en écartant les Trarza au profit des Français, il se présenterait comme le champion de l’ordre et le protecteur des Noirs, trop souvent rançonnés et razziés par les Maures. ». Toutefois, son action était moins de défendre le Walo que de protéger les intérêts de l'administration coloniale et des traitants. Ces commerçants de Saint-Louis devaient, dans l’optique de Faidherbe, contrôler cette zone, car « La présence permanente de la France au Walo, relève Yves Saint-Martin, ne pourrait que les encourager dans ce dessein », celui de contrôler le commerce, la production de mil et d’arachides.
La libération proclamée des Noirs n'avait donc qu'un seul but pour Faidherbe : les placer sous le joug de l'administration coloniale et des appétits de ses amis traitants et négociants européens. C’est d’ailleurs pour protéger les traitants, que Faidherbe a incendié des villages entiers soupçonnés d’abriter des biens leur appartenant. Voilà pourquoi, en protégeant et en se mettant au service des réseaux d’affaires, Faidherbe doit être considéré comme un des grands précurseurs de la Françafrique.
Par ailleurs, quand on parle de retrait de la statue de Faidherbe, un contre-argument est souvent brandi : toucher à une telle statue, c’est effacer l’histoire, dit-on. Cette façon de voir est, à tout bien considéré, une confusion intellectuelle et découle d’une incompréhension du problème tel qu’il se pose.
Demander le retrait de la statue de Faidherbe, ce n’est ni réclamer la suppression de ce personnage des manuels d’histoire ni exiger qu’il ne soit plus enseigné. Ce qui est dénoncé, c’est sa présence et sa mise en avant dans l’espace public. Ceux qui s’arc-boutent sur l’argument de « l’effacement de l’histoire » confondent enseignement de l’histoire et éléments du patrimoine auxquels on accorde de l’importance et que l’on choisit de conserver dans l’espace public. L’histoire du fait colonial avec ses différents personnages et péripéties est bien enseignée, mais la question du legs à promouvoir interpelle, elle, la notion de patrimoine. On peut bien enseigner une histoire douloureuse sans statufier des bourreaux et sans les inclure dans les héritages à valoriser publiquement et à transmettre à la postérité. Il est important donc de repenser la notion de patrimoine public dans une ex-colonie.
En 2017, en pleine polémique sur la statue de Faidherbe, le directeur du patrimoine culturel, Abdou Aziz Guissé, avait soutenu que la statue, qu’elle soit chargée positivement ou négativement, fait partie du patrimoine architectural et historique et que, de ce fait, elle devait être maintenue. Mais qu’est-ce qui peut être considéré comme patrimoine ? Doit-on exhiber sur l’espace public le portrait ou la statue d’un conquérant colonial tout en se réfugiant derrière l’argument du patrimoine ?
Si comme le définit l’Unesco, le patrimoine est l’ensemble de ressources héritées du passé, mises à disposition pour le bénéfice des générations futures et comprenant non seulement le patrimoine matériel, mais aussi le patrimoine naturel et immatériel, les critères mis de l'avant pour le définir doivent être pensés différemment dans un pays qui porte en lui les stigmates de la colonisation et qui cherche ses repères. Le patrimoine entre dans ce qu’on appelle le processus de mémoire. C’est une série de choix et d’exclusions. Il est constitué d’éléments que nous choisissons de conserver et que nous décidons de transmettre aux générations à venir parce que nous leur donnons une valeur symbolique.
Que doit être l’idéal patrimonial d’une ex-colonie ? Quels vestiges du passé valoriser ? Quels personnages historiques, objets et sites patrimoniaux mettre de l’avant ? Autour de quels objets et lieux historiques devons-nous rassembler nos populations ? Quels sont les éléments que nous donnons à voir, sur lesquels nous fondons notre patrimoine, qui donnent du sens à notre présent et annoncent des promesses pour notre futur ?
Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’aucune statue d’un conquérant colonial n’a été installée pour les beaux yeux des colonisés. Une statue coloniale est un attribut de domination. C’est la consécration d’une idéologie meurtrière fondée sur une suprématie. C’est un objet de pouvoir qui exprime une ascendance sur le plan symbolique. Un personnage comme Faidherbe était venu en conquérant et persécuteur et l’avait du reste bien exprimé : « Noirs Sénégalais, pénétrez-vous bien de cette idée, que nous sommes appelés à devenir les maîtres, disons mieux, les bienfaiteurs de ce pays. Ne résistez pas au mouvement, vous seriez brisés », menaçait-il à l'occasion de la remise des prix aux élèves de l'École des otages et l'École laïque réunies en 1860.
La statue d’un conquérant colonial est un vestige d'une hégémonie. Par elle, on cherche à imposer une forme d’accoutumance à la figure d’un oppresseur. Elle a une fonction réelle : dans un pays colonisé, elle est destinée au présent et à la postérité et elle sert à exalter la gloire passée et à immortaliser la mémoire de la conquête. Il est d’ailleurs édifiant que le président français, Emmanuel Macron, ait choisi en 2018 au Sénégal, de faire symboliquement un discours sur la Place Faidherbe à Saint-Louis devant…la statue de Faidherbe.
Cette statue de Faidherbe à Saint-Louis a été inaugurée le 20 mars 1887 pour célébrer la victoire des baïonnettes et des canonnières. La prise de contrôle du territoire était désormais rendue possible par l’anéantissement d’un des derniers obstacles, le souverain Lat Dior, tué un an avant, en 1886. Seul le résistant Mamadou Lamine, écrivait Faidherbe, « quoique très éloigné de la grande ligne des postes, était encore une menace pour la colonie ». La « tranquillité » et la « paix » sont obtenues au prix d'une féroce conquête militaire qui a fait des milliers de morts. Rien n’empêchait désormais l’instauration de l’économie de traite, le travail forcé, l’éducation coloniale, l’assimilation culturelle et la mise en dépendance de la colonie.
La redéfinition des objets du patrimoine est une priorité nationale. C'est d’ailleurs tout le débat actuel aux États-Unis. La présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi a appelé au retrait de 11 statues du Capitole représentant des soldats et des responsables confédérés esclavagistes, au motif que ces statues célèbrent la haine et non pas des éléments devant figurer dans le patrimoine des États-Unis.
Le président français, Macron, a préféré, lui, le conservatisme avec l’argument confus du non-effacement de l’histoire. Pourtant en France, les éléments du patrimoine ont été retouchés à plusieurs reprises. Les corps de Jean-Paul Marat, de Mirabeau, n’ont-ils pas été transférés au Panthéon et célébrés comme héros avant d’en être exclus ? La statue du Maréchal Pétain n’a-t-elle pas été retirée de la ville de Vichy ? On reproche à Pétain d’avoir collaboré avec l’ennemi allemand. On estime que son nom, sa statue et ses portraits sont indignes de figurer dans le patrimoine de la France. Pourtant Pétain, nonobstant l’intelligence avec l’ennemi durant l’Occupation, a été le grand soldat de la Grande Guerre, un des grands artisans de la victoire de Verdun. Pourquoi Macron ne va-t-il pas jusqu’au bout de sa logique de conservation des traces et demander le replacement de la statue du Maréchal Pétain ?
Repenser le patrimoine dans une ex-colonie, c’est sortir de la gloire de la conquête coloniale et apaiser l’espace public. Les vestiges que nous préservons du passé nous renseignent beaucoup sur nous-mêmes, sur nos choix et sur les héritages que nous voulons léguer aux générations futures. Au colonisé ou à l’ex-colonisé qui a vécu les affres du Code de l’indigénat, à qui on a dénié l’histoire, la morale, la religion, les héros, etc., il serait bien, à des fins curatives, de valoriser les lieux, les figures de résistance locales qui incarnent la haute stature morale, les personnages historiques qui revigorent la fierté et l’estime perdues. C’est le rôle du patrimoine de répondre à cette exigence et de faire des choix décisifs qui donnent du sens au présent et au futur.
MALICK SALL, L'HOMME DU SÉRAIL
Avec plus de 35 ans de barre, l'avocat aurait pu être celui qu’il faut à la place qu’il faut, en tant que ministre de la Justice. Pour beaucoup, il s’est plutôt révélé comme un homme clivant et partisan. Portrait
C’est dans les rues de Danthiady, aux confins du Sénégal, dans la région de Matam, que le ministre de la Justice, Maitre Malick Sall, a appris à ramper, à marcher, à parler, à courir ; tombant, se relevant, se battant, sous l’aile protectrice de son grand frère Mamadou Baidy Sall, aîné de la fratrie. Enfant du même village, professeur d’histoire, ancien ministre de l’Education nationale, Kalidou Diallo précise : ‘’C’est une très grande famille. Ce sont ses ancêtres qui ont fondé ce village, dont son frère Mamadou Baidy est aujourd’hui le chef. Ils sont tous des marabouts ; ils sont tous des imams.’’
Situé à environ 7 km d’Ourossogui, dans la commune d’Ogo, Danthiady a très tôt compris l’importance de l’éducation pour donner à ses enfants les mêmes chances que ceux des localités les plus favorisées du pays. Pour l’ancien ministre d’Abdoulaye Wade, ce n’est pas fortuit, si le patelin est appelé ‘’Village latin du Fouta’’.
En effet, dès les premières années de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale, le hameau, qui venait d’étrenner sa première infrastructure scolaire, a vu émerger quelques petits génies. Lesquels brillent, aujourd’hui, aussi bien sur le plan national que sur le plan international. En sus de Malick Sall, le professeur d’histoire à l’Ucad énumère l’ancien directeur général de la RTS Daouda Ndiaye, le directeur de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan) Abdoulaye Ndiaye, des professeurs d’universités du Sénégal et à l’étranger… Sa liste est loin d’être exhaustive. Et tous sont de la même génération dorée qui vaut au village le rang qu’il occupe aujourd’hui dans un Fouta Toro ouvert à la modernité. L’actuel ministre de la Justice, Kalidou Diallo, est de la deuxième promotion de l’école de Danthiady ; laquelle fait partie des écoles dites de 61. ‘’Il est de la même promotion que l’ingénieur polytechnicien Amadou Sylla. Daouda Ndiaye et moi sommes de la première promotion de 1961’’.
A l’époque, la tâche était beaucoup plus ardue pour ceux qui étaient considérés comme des cobayes. Mais leur désir de réussite était sans égal. Avec plein d’humilité, l’ancien ministre explique : ‘’Il faut reconnaitre que nous avions aussi eu d’excellents enseignants. Comme vous le savez, c’est le primaire qui fait l’élève et nous avons su profiter d’enseignants émérites. DE plus, comme c’est un village qui était déjà lettré grâce à l’apprentissage du Coran, cela nous a beaucoup facilité les choses. Après le primaire, certains allaient à Matam pour le collège, d’autres à Saint-Louis. Malick a été orienté au lycée Faidherbe, avant de terminer au lycée de Rufisque. Daouda Ndiaye, lui, a fait Charles de Gaule.’’
Né le 2 avril 1956, le fils d’Amadou Sall est réputé homme discret, pieux et très généreux. Son collaborateur depuis plus de 20 ans, Ibrahima Ndiéguène, confirme : ‘’Il a toujours dans son bureau un exemplaire du Saint Coran qu’il maitrise parfaitement. Fervent talibé tidiane, il aime écouter les ‘Khasaides’ de Cheikh Ahmadou Bamba, surtout sous les airs du Hizbu Tarqiyya. Pour en avoir souvent discuté avec lui, il me confiait qu’il les trouvais magnifiques. C’est un homme profondément croyant et attaché à son terroir.’’
De ses origines modestes, l’arrière-petit-fils d’Elimane Demba Sall a dû travailler dur pour se hisser aux ors de la République. Sa réussite scolaire et universitaire, il la doit surtout à sa persévérance et à sa ténacité. Responsable dans la radio communautaire créée par le ministre, l’ancien journaliste de la RTS, Daouda Guissé, rapporte : ‘’J’ai entendu dire qu’il a failli abandonner les études au lycée. Mais grâce à Dieu et à sa détermination, il a pu continuer pour devenir ce qu’il est aujourd’hui.’’
Une longue relation avec les Sénégalais d’origine libanaise
Après avoir décroché sa Maitrise en droit privé (option judiciaire), Me Malick Sall a tout de suite tenté sa chance dans le barreau. Ironie de l’histoire, il va entamer sa carrière dans le cabinet de Sahjanane Akdar, sénégalaise d’origine libanaise. Après son stage de trois ans, il devient associé dans le même cabinet, rebaptisé ‘’Akdar et Sall’’. En 1991, l’enfant de Danthiady rachète les parts de Me Akdar et devient le seul maitre à bord du cabinet devenu ‘’Etude Maitre Malick Sall’’. Selon Kalidou Diallo, son oncle et ancien député Amadou Sada Dia l’avait d’ailleurs aidé à avoir son cabinet. Le 1er janvier 2003, il transforme l’étude en SCP Malick Sall & associés, accueillant ainsi d’abord Me Léocadie Samade, ensuite Me Ibrahima Ndiéguène.
Très peu connu du grand public, Maitre le grand frère d’EL Hadj Baidy n’en est pas moins bien connu dans la corporation. Alors que les profanes, qui pensent que le métier ne s’exerce qu’au niveau des prétoires, auraient pu en tirer des conclusions hâtives, une de ses anciennes collaboratrices prévient : ‘’C’est l’un des plus grands avocats du Sénégal. Un excellent maritimiste (spécialiste du droit maritime).’’ Selon sa biographie, Me Sall a conseillé de nombreuses structures aussi bien au Sénégal qu’à l’étranger : la société Pecten Sénégal (groupe pétrolier américain), la Banque mondiale, la société IGN France internationale, la fondation John Hopkins des USA, Canal+ horizon Sénégal, la famille Fauzie Layousse... ‘’Il a également défendu des entités publiques, notamment la RTS dans le contentieux de la diffusion des matches Fifa, l’ARTP dans le fameux dossier des appels entrants…’’, renchérit un autre témoin. Malgré toute cette trajectoire auréolée de ses plus de 35 ans de barre, il n’a jamais souhaité être sous les feux des projecteurs. ‘’C’est un homme qui a toujours voulu rester dans l’ombre. C’est lui qui m’a appris que pour vivre heureux, il faut vivre caché. Il a toujours beaucoup investi sans rien attendre’’, témoigne un de nos interlocuteurs.
C’est sans doute pourquoi Malick Sall n’était pas méconnu que du grand public. Chez les praticiens également, il était difficile, pour certains, de mettre un visage sur le nom. Même s’ils l’avaient connu de nom. Magistrat depuis plus de deux décennies, le président de l’UMS, Souleymane Téliko, confie : ‘’C’est vrai qu’on ne le voit que très peu dans les juridictions. Personnellement, je ne l’ai jamais vu. Il m’était même impossible de le reconnaitre avant qu’il ne soit ministre de la République. Quand même, je connaissais son nom que je voyais dans certains dossiers.’’ Cela n’est que l’illustration parfaite de sa grande discrétion et de son humilité, selon Maitre Ibrahima Ndiéguène.
Il ajoute : ‘’Après plus de 35 ans, il est resté toujours discret. Mais tous les avocats de sa génération connaissent ce qu’il vaut. Tous vous diront qu’il fait partie des maitres dans cette profession. Il faut savoir que, parmi les avocats, il y en a qui ne parlent pas. Je dois rappeler qu’il a été membre du Conseil de l’ordre, secrétaire chargé des relations internationales du Conseil de l’ordre pendant très longtemps. Il a défendu même des chefs d’Etat. Et il y a de grandes industries dont il a piloté le montage, de A à Z. C’est le cas des Ciments du Sahel. Homme très réseauté, Me Sall a aussi beaucoup contribué à l’adhésion de la Guinée-Bissau au franc CFA.
Généreux, professionnel, discret, l’avocat des Farès n’a été connu dans le landerneau politique que vers 2017-2018, quand il a décidé de soutenir le président Macky Sall pour sa réélection. Kalidou Diallo se souvient comme si c’était hier : ‘’Il est venu me dire qu’il veut accompagner le président de la République avec ses propres moyens. Il m’a dit : ‘Comme je n’ai pas une grande expérience dans la politique, je veux te laisser piloter tout ce qui est organisation. Moi, je m’occuperai de tous les financements dont vous aurez besoin.’ C’est ainsi qu’on a travaillé ensemble durant toute cette campagne présidentielle. Mais je n’étais pas de son mouvement.’’
Le mythe s’effondre
Mais contrairement à ce que peuvent penser certains observateurs, Maitre Malick Sall a eu sa première expérience politique en 2012. Il avait, à en croire l’ancien ministre de l’Education, cheminé avec Ibrahima Fall dans Taxaw Tem. Selon certaines sources, il aurait même été son argentier. Le 7 avril 2019, son engagement est couronné par sa nomination à la tête du département de la Justice. Depuis, pour beaucoup de Sénégalais, l’homme s’est plus illustré pour ses gaffes et autres cafouillages que pour sa maitrise de la science juridique.
L’avocat d’affaire se perd, en effet, dans plusieurs dossiers estampillés politiques. Ce, dès sa première sortie publique. C’était le jour même de la Korité 2019. En pleine tempête Aliou Sall, déclenchée par le reportage de la BBC, accroché par des journalistes, l’avocat de cabinet confond religion, morale et droit. Il disait : ‘’Je ne pense pas qu’un musulman comme Aliou Sall, revenant de La Mecque pour la Oumra, va s’adonner à des pratiques de corruption. J’ai entendu sa déclaration. Il est sénégalais comme moi. Je préfère, en tant que sénégalais, le croire au lieu de croire à des ragots qui viennent de l’étranger.’’
Dès lors, certains observateurs avertis ont pu pronostiquer sur ce que risquait de devenir la justice sous son magistère. D’autres affaires dont celles de Guy Marius Sagna et Adama Gaye auront également montré le manque criard de distance et de neutralité du ministre actuel.
Avocat de renom, Maitre Malick Sall est aussi pourchassé pour conflit d’intérêts. Ministre de la Justice de son état, il a eu à piloter des dossiers devenus très célèbres, notamment celui des frères Farès. Sur cette dernière accusation, son ancien associé assure que l’avocat d’affaires a bel et bien quitté le cabinet. Il insiste : ‘’Le règlement intérieur de l’ordre impose à un avocat qui accède à certaines fonctions, notamment la fonction ministérielle, de se faire omettre par l’ordre. Cela signifie qu’on retire son nom du tableau de l’ordre. C’est le cas de Maitre Malick Sall comme de Me Aissata Tall Sall. Un avocat qui occupe une fonction où il reçoit des ordres, doit demander son omission. S’il appartenait à une SCPA, il n’a plus le droit de prétendre à des parts au bénéfice de la société. C’est vraiment très clair et Me Sall a respecté cette exigence.’’
Selon la robe noire, c’est seulement quand il aura terminé sa mission qu’il peut demander sa réinscription au tableau et rejoindre à nouveau le cabinet. Toutefois, tient-il à préciser, ses clients qui sont ceux du cabinet peuvent bien rester dans le cabinet.
A en croire cet avocat très célèbre, il y a un grand hiatus entre cette belle théorie et la pratique. ‘’Je connais beaucoup d’avocats qui ont été ministres, mais qui ont continué à gérer leur cabinet. Ce qui est illégal. Certains sont gourmands. ‘Dagnouy ngaralé’. Ce n’est que théoriquement qu’ils quittent, mais ils continuent d’orienter des dossiers à milliards vers le même cabinet. Mais personne ne peut le savoir, même le chef de l’Etat. Après ‘dagnouy pathio’’’.
Marié et père d’un seul garçon, l’avocat réputé être très nanti est peint comme un Sénégalais très généreux. Maitre Ndiégène confirme : ‘’Un jour, un jeune confrère est venu me confier qu’il était très malade et avait besoin d’un montant très élevé pour se soigner. Il me considérait comme son frère. J’en ai alors parlé à Malick ; il m’a tout de suite demandé : de combien il lui faut ? Je suis retourné au gars pour lui demander le montant. Quand je l’ai dit à Malick, il m’a tout de suite dit au nom de qui il va libeller le chèque. Il n’était pas ministre et jusqu’à présent, je doute qu’il ait connu ce confrère. Il a un sens très élevé du partage. Sinon, il serait encore plus riche.’’
A ceux qui pensent que l’époux de Maimouna Sylla s’est engagé en politique pour s’enrichir, Ibrahima Ndiéguène rétorque : ‘’Nous qui le connaissons savons qu’il est allé en politique pour s’appauvrir. Ce qu’il gagnait dans son cabinet n’est pas du tout comparable avec ce qu’il peut avoir en politique. S’il s’est engagé en politique, c’est juste pour aider le président de la République et être au service de son peuple.’’ A Danthiady, les populations qui l’ont vu équiper pas mal d’écoles et de structures de soins ne cessent de lui souhaiter ceci : ‘’YA DIOGORO DIAM !’’
°Ensemble de poèmes en vers du Moyen Âge, narrant les hauts faits de héros ou de personnages illustres
VITAL KAMERHE, LA CHUTE D'UN INCONTOURNABLE DE LA POLITIQUE CONGOLAISE
Homme de confiance de deux présidents successifs, Vital Kamerhe, 61 ans, condamné samedi à 20 ans de "travaux forcés" pour corruption, est une figure centrale des redoutables jeux du pouvoir en République démocratique du Congo
omme de confiance de deux présidents successifs, Vital Kamerhe, 61 ans, condamné samedi à 20 ans de "travaux forcés" pour corruption, est une figure centrale des redoutables jeux du pouvoir en République démocratique du Congo.
"Je suis un homme d'Etat", a répété au fil des cinq audience de son procès l'ex- président de l'Assemblée nationale, barbe poivre et sel et chapelet autour du cou. Longtemps, M. Kamerhe s'est cru intouchable, à cause de son statut de directeur de cabinet à la présidence de la République, son passé et le poids démographique de son fief dans l'Est de la RDC. "J'ai le soutien total du chef de l'Etat. Je ne le contredis jamais et lui non plus", déclarait-il en novembre 2019. "Nos épouses sont devenues amies. Ses enfants, je les considère comme mes enfants, et l'inverse est également vrai. Tout cela est le ciment de notre alliance", ajoutait-il alors que son nom était déjà apparu dans une première affaire de détournement présumé, en septembre.
Fin 2018, ce natif de Bukavu, dans le Sud-Kivu, a été le principal allié de Félix Tshisekedi dans sa conquête du pouvoir, comme il avait servi avec zèle son prédécesseur Joseph Kabila dans les années 2000. Excellent tribun, M. Kamerhe a fait campagne avec M. Tshisekedi, surtout dans l'Est où il a mis sa popularité et sa maîtrise du swahili au service de son allié, plus à l'aise dans l'Ouest du pays, à Kinshasa et au Kasaï. Dans un volte-face spectaculaire, les deux hommes s'étaient retirés au bout de 24 heures d'une alliance de sept leaders de l'opposition autour de Martin Fayulu pour sceller leur propre plate-forme politique, Cap pour le changement (Cach). Leur accord prévoyait que Vital Kamerhe, qui avait tenté sa chance en 2011, soit candidat à la présidence en 2023.
- Mariage people -
Jovial et chaleureux, Vital Kamerhe est l'une des rares personnalités à maîtriser les quatre langues nationales du pays, outre le français qui est la langue officielle (lingala, swahili, kikongo, tshiluba). Il est le père de 14 enfants, selon l'état-civil décliné en ouverture du procès. A peine nommé directeur de cabinet après l'investiture du président Tshisekedi janvier 2019, il s'est remarié le 14 février, jour de la Saint-Valentin, avec l'ex-compagne d'un célèbre chanteur congolais, JB Mpiana. Le faste de ce mariage "people" avec Hamida Shatur, issue d'une famille indienne, avait irrité les Congolais, au moment où la nouvelle équipe au pouvoir promettait de gouverner pour "le peuple d'abord".
Entendu comme témoin, la femme de Vital Kamerhe a d'ailleurs énuméré à la barre la liste des cadeaux reçus lors de leur mariage : 862.000 dollars, 33.000 euros, 10 millions de francs CFA (15.000 euros) et quatre voitures neuves....Le tribunal a ordonné la confiscation des fonds sur ses comptes bancaires.
M. Kamerhe fait partie de cette génération marquée au fer rouge par la chute du dictateur Mobutu Sese Seko (1997), l'assassinat de son tombeur Laurent-Désiré Kabila (2001) et les deux guerres du Congo (1998-2003). Brillant orateur, il fut lors de la présidentielle de 2006, le directeur de campagne du jeune président Joseph Kabila, propulsé à la tête de la RDC après l'assassinat de son père en janvier 2001. Il a aussi été l'un des cadres fondateurs de son parti, le PPRD.Pour ses dévoués services, M. Kamerhe a obtenu en retour la présidence de l'Assemblée nationale, où il s'est illustré par son "art de paraphraser avec concision des débats sans fin et d'amener une décision", relève David Van Reybrouck dans sa somme "Congo, une histoire".
En 2009, il avait été contraint de démissionner, pour avoir contesté l'entrée de troupes rwandaises dans l'Est du pays pour une opération conjointe avec l'armée congolaise contre des rebelles rwandais. Il a été accusé par sa famille politique d'alors d'avoir "nui à la cohésion nationale".Comme tant d'anciens cadres tombés en disgrâce, il a alors commencé une carrière "d'opposant", en se présentant à la présidentielle de 2011 contre son ancien champion, Joseph Kabila.
Il a créé son parti, l'Union pour la nation congolaise (UNC). Mais ses détracteurs affirment qu'il a continué à garder des liens avec Joseph Kabila.Jouant à l'équilibriste durant des années, bien introduit dans la sphère musicale de RDC, Vital Kamerhe est souvent chanté par les grandes voix de la rumba congolaise, à l'instar de Koffi Olomide.
LA BELGIQUE DOIT S'EXCUSER POUR SON PASSÉ COLONIAL
Sur l'occupation belge du Congo "il y a eu trop de non-dits", "comme dans certaines familles", et il faut maintenant que l'ancienne puissance coloniale présente "des excuses", estime l'élu belge d'origine congolaise Pierre Kompany
Sur l'occupation belge du Congo "il y a eu trop de non-dits", "comme dans certaines familles", et il faut maintenant que l'ancienne puissance coloniale présente "des excuses", estime l'élu belge d'origine congolaise Pierre Kompany, dans un entretien avec l'AFP.
Pour la planète football, c'est un des patronymes belges les plus célèbres.Le nom est en réalité congolais et s'est aussi imposé en politique dans le plat pays.
Pierre Kompany, 72 ans, est certes le père de Vincent Kompany, défenseur vedette des Diables rouges, l'équipe nationale numéro un au classement Fifa.
Mais fin 2018 cet ex-réfugié politique ayant fui la dictature de Mobutu a acquis à son tour une notoriété mondiale en devenant le premier bourgmestre (maire) noir de Belgique, élu à la tête d'une commune de 25.000 habitants de l'agglomération bruxelloise, Ganshoren.
Aujourd'hui, entre deux obligations liées à ses fonctions, il suit de près la vague d'émotion qui a suivi la mort de l'Afro-américain George Floyd.Et en Belgique, le débat qu'elle a ravivé sur les violences de la période coloniale au Congo et le rôle du défunt roi Léopold II, dont ce vaste territoire africain fut longtemps la propriété privée.
Pour Pierre Kompany, les statues de l'ancien souverain (qui régna de 1865 à 1909) auraient dû depuis des années être remisées dans les musées pour éviter les actes de vandalisme subis ces derniers jours.
"Personne n'entrerait dans un musée pour casser" et les admirateurs de ces statues "payeraient pour aller les voir", ironise le député bruxellois.
Selon les historiens, la colonisation au XIXe siècle de l'actuelle RDC (ex-Zaïre), sous l'autorité de Léopold II, a été très brutale, marquée par le recours au travail forcé pour exploiter le caoutchouc.Des photos de mains coupées ont documenté les exactions.
"Il y a une réalité flagrante, elle n'est pas discutable", poursuit M. Kompany, qui appelle à "dire la vérité" à l'approche des 60 ans de l'indépendance le 30 juin 1960.
Une occasion a été manquée en 2009 lors du centenaire de la mort de Léopold II, que l'Etat belge a refusé de célébrer, rappelle-t-il.
- Des livres de Mandela et de Césaire -
Pour assumer ce passé et l'enseigner à l'école, "la responsabilité appartient aujourd'hui d'abord à l'Etat belge".
"Si l'Etat présente ses excuses ça serait déjà beaucoup.Mais si la famille royale le fait aussi, elle en sortirait grandie"."Les excuses doivent venir en fait de l'Etat et du Roi" Philippe, précise-t-il ensuite.
Né à Bukavu (est du Congo) en 1947, Pierre Kompany fuit son pays en 1975 après avoir été l'un des animateurs d'un soulèvement d'étudiants.
Aidé par un ami médecin, il prétexte une maladie imaginaire ("au nom très compliqué") à soigner à l'étranger pour venir à Bruxelles, où il doit travailler comme chauffeur de taxi pour financer la poursuite de ses études d'ingénieur, raconte-t-il.
Il devient citoyen belge en 1982, année de son mariage avec Jocelyne (aujourd'hui décédée), avec laquelle il a trois enfants, Christel (née en 1984), Vincent (1986) et François (1989).Il est déjà grand-père sept fois.
De sa famille, il affirme qu'elle a toujours été unie par un même état d'esprit de lutte "contre les injustices sociales", et qu'on s'y offre comme cadeaux des livres de Nelson Mandela et d'Aimé Césaire.
Lui-même se dit "de gauche", ancien socialiste désormais élu du Centre démocrate humaniste (cdH, centriste).
Pierre Kompany n'est retourné au Congo pour la première fois qu'en 2010, au côté de son fils Vincent venu inaugurer un village d'orphelins pour le compte d'une ONG.
"Quand j'ai quitté Kinshasa il y avait moins d'un million d'habitants.J'y suis revenu c'était plus de 10 millions, j'étais complètement dépassé (...) c'était un moment très fort", souligne-t-il.
Et c'est en pensant à "ces gens qui sont très loin" qu'il souhaite le pardon de la Belgique."Cela leur ferait du bien".
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LES MALIENS A NOUVEAU DANS LA RUE CONTRE IBK
Les Maliens à nouveau dans la rue quinze jours après la première manifestation à l'appel du mouvement M5.
Les Maliens à nouveau dans la rue quinze jours après la première manifestation à l'appel du mouvement M5. Gilles Yabi, politologue du think thank WATHI nous a livré son analyse de la crise politique que traverse le pays. Ce vendredi est sorti SEMA, un film coup de poing sur les violences sexuelles en RDC. L'occasion pour le mouvement nationale des survivants de sensibiliser sur cette question et de demander des excuses publiques au président Tshisekedi. Pour finir, le reportage sur la corniche qui borde la capitale sénégalaise défigurée depuis des années par une bétonisation sauvage.
BOUGAZELLI SE DIT INNOCENT
Seydina Fall a nié tous les faits qui lui sont reprochés et indexe un certain «Kals» qui a orchestré un complot contre sa personne.
Seydina Fall alias Bougazelli a été entendu, hier, dans le fond. Lors de son audition, l’ex-député a nié tous les faits qui lui sont reprochés et indexe un certain «Kals» qui a orchestré un complot contre sa personne.
Selon Libération qui donne l’information dans sa parution de ce samedi, « Kals » est un spécialiste dans la vente de tissus de marque comme le Basin et autres qu’il achète au Mali ou en Gambie.
Inculpé le 22 novembre 2019 pour « association de malfaiteurs, corruption et trafic de faux billets de banque », l’ex-député de l’Alliance pour la République (Apr) a obtenu une liberté provisoire le 3 juin dernier, pour des raisons «de maladie», après avoir passé plus de six mois à la prison de Rebeuss.
«C’EST DIOUF SARR QUI M’A DEMANDE DE REJOINDRE MON POSTE»
Dr Aloyse Diouf explique les raisons de son départ avant de se prononcer sur les nombreux cas de décès notés quotidiennement.
Directeur de cabinet au Ministère de la Santé et de l’Action Sociale depuis 3 ans, Dr Aloyse Wally Diouf a présenté hier son dernier point du jour, car il a démissionné de son poste pour rejoindre sa nouvelle affection au sein de l’Organisation Mondiale de la Santé. Il devait partir depuis mars dernier, mais avec l’apparition de la Covid-19, il avait préféré différer son départ pour quelque temps. Dans cet entretien qu’il a accordé à «L’AS», Dr Aloyse Diouf explique les raisons de son départ avant de se prononcer sur les nombreux cas de décès notés quotidiennement.
Peut-on savoir les raisons qui vous ont poussé à démissionner en cette période de pleine crise sanitaire liée au coronavirus ?
Je voudrais préciser qu’il ne s’agit pas à proprement parler d’une démission. Depuis le mois d’avril 2020, l’acceptation de ma candidature à l’Oms bureau Sénégal m’a été notifiée. A cette époque, j’avais demandé à pouvoir rester au poste de Directeur de cabinet pour entreprendre la lutte contre la Covid-19 à côté du ministre de la Santé et de ses équipes. Cette demande a été acceptée. Et aujourd’hui, c’est monsieur le ministre lui-même qui m’a demandé de rejoindre mon poste. Je salue cette marque de générosité venant d’un homme rigoureux et d’un véritable meneur d’hommes. Donc, il n’y a ni limogeage, ni démission.
Certains soutiennent que c’est le ministre qui a décidé de se séparer de vous ?
Vous l’ai dit tantôt, c’est lui qui a béni ma candidature et qui, aujourd’hui, m’a demandé de rejoindre mon poste pour lequel j’avais demandé à ce que ma prise de service soit différée le temps de me consacrer à la lutte contre la Covid-19 avec le ministère de la Santé. Donc, il n’y a aucun nuage entre le ministre et moi. Il y a plutôt eu une marque de générosité et d’altruisme qui est une caractéristique fondamentale de l’homme Abdoulaye Diouf Sarr. Je lui en serai toujours reconnaissant, surtout qu’il a fortement contribué à consolider mes compétences.
Ces derniers temps, on a noté de nombreux cas de décès liés à la Covid-19. Qu’est-ce qui explique cette forte mortalité soudaine?
Il faut, peut-être, la voir à deux niveaux. Premièrement, il y a les effets nocifs de la stigmatisation qui font que certaines personnes semblent rechigner à se signaler lorsqu’elles ont des symptômes, ce qui entraîne une prise en charge tardive ou même parfois une absence de prise en charge. Deuxièmement, il y a le non-respect des gestes barrières qui induit évidemment une vulnérabilité des personnes vis-à-vis du virus et entraîne une accentuation de la transmission communautaire, avec les résultats que l’on observe. C’est le lieu pour moi d’inviter les uns et les autres, en particulier les personnes âgées et celles porteuses de maladies chroniques, à un sursaut d’orgueil dans le respect de ces mesures préventives.
LES MEDECINS CONTRACTUELS MENACENT DE QUITTER LES CENTRES DE TRAITEMENT DE LA COVID-19
Les médecins contractuels sont très remontés contre leur ministère de tutelle, Abdoulaye Diouf Sarr, qui refuse de leur verser des salaires et des primes de motivation alors qu’ils sont au-devant de la guerre contre la Covid-19.
En plus de la grosse équation que constituent la propagation fulgurante du coronavirus et la hausse des cas de décès, les autorités du ministère de la Santé doivent faire face à un autre souci. Il s’agira pour elles de gérer la révolte des médecins contractuels qui menacent d’aller en grève si on ne leur verse pas leurs primes de motivation.
Les médecins contractuels sont très remontés contre leur ministère de tutelle, Abdoulaye Diouf Sarr, qui refuse de leur verser des salaires et des primes de motivation alors qu’ils sont au-devant de la guerre contre la Covid-19. Le représentant des médecins contractuels dans les centres de traitement, Dr Ousseynou Sarr, renseigne que leurs salaires ont été payés hier vendredi (19 juin) et qu’il reste le paiement des primes de motivation. «Ils ont payé les salaires ce matin, maintenant il reste la motivation. Ils n’ont même pas commencé à débattre de cela. Ils soutiennent qu’ils ne devraient pas nous payer de motivation. Ce que nous ne comprenons pas vraiment. Ils disent que nous ne devons pas bénéficier de la motivation Covid et nous ignorons sur quelle base juridique ils s’appuient pour soutenir une telle thèse. Nous n’avons pas d’interlocuteurs pour le paiement de nos motivations, ils jouent au ping-pong avec nous», fulmine Dr Sarr.
Particulièrement furieux de leurs mauvaises conditions de travail, il indique : «Nous avons travaillé pendant 3 mois, mais ils n’ont commencé à appliquer le contrat que ce mois-ci. Ce qui veut dire que nous avons travaillé gratuitement durant les deux autres mois. Comme on est en période d’épidémie, nous sommes allés au front en nous sacrifiant, mais eux, ils ignorent tout cela. Nous faisons tout le travail. Nous ne demandons pas que l’on nous paie ce qu’ils nous doivent réellement. Mais quand on vous fait travailler presque gratuitement, vous devriez avoir au moins de quoi prendre le bus». Très amer, il soutient que dans les régions, certains médecins paient leur logement, la restauration et autres charges. Face à cette situation insupportable, les médecins contractuels n’écartent pas l’idée de quitter les centres de traitement. «Nous espérons que le ministère ne va commettre l’erreur de pousser les médecins à rester chez eux pour des problèmes de motivation. J’ai écrit une note et je l’ai envoyée à un de nos professeurs qui l’a transférée au ministre. Ce qui veut dire donc que le ministre Abdoulaye Diouf Sarr est au courant de nos revendications. Nous sommes 58 médecins contractuels».
«AU SENEGAL, IL N’Y A PAS UN DEFICIT DE MEDECINS»
Par ailleurs, Dr Ousseynou Sarr affirme que le Sénégal ne connaît pas de déficit de médecins, comme veut le faire croire le gouvernement. «Le ministère de la Santé a dit qu’il y a un manque de médecins dans le pays, c’est pourquoi ils ont pris des médecins contractuels. Et dans 3 mois, le contrat va finir, les médecins vont retourner à leurs occupations. Le ministère parle tout le temps de déficit de médecins, alors pourquoi ne pas recruter ces médecins. Le gouvernement ne dit pas la vérité», clame-il. Chaque année, dit-il, près de 250 médecins sortent de la faculté de médecine de Dakar sans compter les autres universités et les deux universités privées. «Depuis 10 ans, certains médecins ont déposé des demandes de recrutement à la fonction publique sans être recrutés. Ce, au moment où le gouvernement fait croire à la population qu’il y a un déficit de médecins», tonne Dr Ousseynou Sarr.
TROIS DÉCÈS SUPPLÉMENTAIRES ET 144 NOUVELLES CONTAMINATIONS
Le ministère de la Santé a annoncé samedi trois décès causés par le coronavirus et 144 nouvelles contaminations portant à 5.783 le nombre de tests positifs de Covid-19 au Sénégal.
Dakar, 20 juin (APS) – Le ministère de la Santé a annoncé samedi trois décès causés par le coronavirus et 144 nouvelles contaminations portant à 5.783 le nombre de tests positifs de Covid-19 au Sénégal.
Ces nouveaux décès portent à 82 le nombre de personnes mortes de la maladie à coronavirus, a précisé Aloyse Waly Diouf, le directeur de cabinet du ministre de la Santé, en présentant le dernier bilan national de la pandémie.
Selon lui, à ce jour, 1.841 patients se font soigner dans les centres de traitement du Covid-19.
Les 144 nouvelles infections proviennent de 1.247 effectués au cours des dernières vingt-quatre heures, a indiqué M. Diouf.
L’effectif des dernières contaminations est constitué de 123 cas contacts, qui étaient sous la surveillance des services sanitaires, d’un cas importé et de 20 cas causés par la transmission communautaire, c’est-à-dire des personnes contaminées par une source non identifiée.
Les cas de transmission communautaire ont été recensés dans les localités suivantes, situées dans la région de Dakar : Keur Massar (3), Yeumbeul (2), Mbao (1), Rufisque (1), Bargny (1), Zone B (1), HLM Grand-Médine (1), Dalifort (1), Ngor (1), Yoff (1), Parcelles Assainies (3), Ouest-Foire (1) et Guédiawaye (1). Deux autres ont été détectés à Kaolack (1) et Touba (1).
Le nombre de patients guéris du Covid-19 est de 3.859, un effectif incluant 71 malades qui ont recouvré la santé durant les dernières vingt-quatre heures, selon Aloyse Waly Diouf.
De 17, vendredi, le nombre de patients se trouvant dans un état ‘’grave’’ et en réanimation est passé maintenant à 16, a-t-il indiqué.