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7 juillet 2025
par Bosse Ndoye
C’EST PLUTÔT LA COLONISATION QUI A ÉTÉ UNE ENTREPRISE MANICHÉENNE DÉSASTREUSE
Vouloir insinuer que certains Sénégalais ont fait autant de mal, voire plus que Faidherbe constitue un artifice grossier pour dédouaner ce dernier de ses méfaits
Le débat sur le déboulonnage de statues d’anciens colons dans nombre de pays à travers le monde a donné naissance à une pléthore de réactions, de discours et de débats passionnants, passionnés et clivants. Des plus sages aux plus ignobles et farfelus en passant par ceux qui se veulent modérés afin d’éviter de heurter quelque sensibilité que ce soit.
Dans notre pays, toutes les attentions se sont focalisées sur la statue de Faidherbe. Parmi les nombreux articles qui lui ont été consacrés totalement ou en partie, il en est un qui a attiré toute mon attention. Comme pour dédouaner l’ancien gouverneur du Sénégal de ses méfaits et pour dire qu’il y a eu pareil ou pire que lui dans le pays, l’auteur – qui invite à ne pas verser dans le manichéisme - y fait une sorte de parallélisme entre ses crimes et ceux commis par certaines figures historiques nationales lors de guerres qu’ils se sont faites pour moult raisons.
Il convient de rappeler ce qu’a été la colonisation afin de mieux montrer qu’évoquer maintenant les malheurs qu’elle a causés n’a rien de manichéen, même si on ose les comparer à d’autres atrocités, fussent-elles locales. Aimé Césaire, dans son Discours sur le colonialisme, l’a très bien fait en démasquant l’entreprise fallacieuse, inhumaine et prédatrice qu’elle a été, bien qu’elle fût affublée d’un costume d’apparat dit hypocritement civilisationnel et humaniste. « Qu’est-ce en son principe que la colonisation ? De convenir de ce qu’elle n’est point ; ni évangélisation, ni entreprise philanthropique, ni volonté de reculer les frontières de l’ignorance, de la maladie, de la tyrannie, ni élargissement de Dieu, ni extension du Droit ; d’admettre une fois pour toutes, sans volonté de broncher aux conséquences, que le geste décisif est ici de l’aventurier et du pirate, de l’épicier en grand et de l’armateur, du chercheur d’or et du marchand, de l’appétit et de la force, avec, derrière, l’ombre portée, maléfique, d’une forme de civilisation qui, à un moment de son histoire, se constate obligée, de façon interne, d’étendre à l’échelle mondiale la concurrence de ses économies antagonistes ». Frantz Fanon lui emboîta le pas dans les Damnés de la terre. « La colonisation est une négation systématisée de l’autre, une décision forcenée de refuser à l’autre tout attribut d’humanité. » Donc, de quelque bout qu’on la prenne la colonisation a été un désastre. Les soi-disant bienfaits - écoles, hôpitaux, routes, ports - qui ont été réalisés dans les pays soumis l’ont été pour servir les intérêts du colonisateur. Mais jamais par philanthropie. Car il fallait des hommes sains et robustes pour exécuter les travaux forcés, quelques uns d’instruits qui non seulement devaient apprendre à penser comme le colon pour accepter sa domination et la perpétuer – ce que Gramsci appelle l’hégémonie culturelle - mais aussi devaient jouer le rôle de relais entre lui et l’écrasant majorité des indigènes. Des rails, routes, ponts et ports furent aussi construits aux prix de pertes de vies humaines élevées juste pour pouvoir acheminer les récoltes, les matières premières vers la métropole. La construction du chemin de fer Congo-Océan est un exemple patent. Elle a causé 17 000 morts entre 1921 et 1934 pour quelques centaines de kilomètres de rails. Mais puisque même « Les murs les plus puissants tombent de leurs fissures,» comme disait Che Guevara, les colonisés se sont engouffrés dans les contradictions du système colonial pour retourner certaines de ses armes contre lui.
Qu’il ait pu exister des colonisateurs de bonne volonté n’a pas empêché ou rendu plus facile la colonisation qui, il faut le rappeler, avait été une entreprise nationale mais non l’affaire d’une personne ou de quelques unes. En outre, les colons qui refusaient d’y prendre part - comme le rappelle Albert Memmi dans Le Portrait du colonisé-portrait du colonisateur -, retournaient souvent en métropole. Car ceux qui restaient en colonies se trouvaient de fait en contradiction avec eux-mêmes : ils pouvaient beau dénoncer ou agir contre le système dans lequel ils vivaient, ils n’en bénéficiaient pas moins de ses avantages matériels, juridiques, financiers, obtenus iniquement sur le colonisé. Donc, ce sont généralement ceux qui refusent de condamner l’entreprise coloniale, qui a été un mal absolu, qui se cachent toujours derrière l’idée qu’il y a eu de bons colons, comme l’a fait Sarkozy lors de son discours de Dakar : « Il y avait parmi eux des hommes mauvais, mais il y avait des hommes de bonne volonté. » D’autant qu’il s’agit moins de citer quelques «exceptions» que de juger dans sa totalité une idéologie, un système qui a duré plus d’un siècle dans les conditions les plus horribles. C’est comme dire que malgré ses horreurs le nazisme a permis à la science de se développer, et il y a eu de bons nazis. À quoi bon d’être un excellent employé quand ton entreprise a fait faillite totale ? Pas grand-chose.
L’aventure coloniale a été aussi une entreprise manichéenne. Parce qu’il fallait penser être les bons, les supérieurs pour pouvoir entreprendre de civiliser d’autres personnes, jugées comme les mauvais, les barbares. L’espace géographique colonial, que Fanon désigne comme un monde compartimenté, est la pure incarnation de ce manichéisme. Il y avait d’un côté les indigènes – régis par le Code de l’indigénat - et d’un autre les Blancs. Ceux-ci habitaient généralement en ville – lieu censé être celui du bien - dans des endroits sécurisés, entourés de murs pour se protéger des méchants barbares qui s’entassaient dans des quartiers indigènes – lieux supposés du mal. Ce monde manichéen se voit à travers plusieurs œuvres de la littérature africains telles que Les bouts de bois de Dieu d’Ousmane Sembène, Amkoulel l’enfant peulh d’Hampathé Bâ et Ville cruelle de Mongo Béti…Rappeler ces réalités manichéennes pousse forcément à donner une version manichéenne de l’histoire, à moins de vouloir la changer d’être motivé par autre chose.
Vouloir insinuer que certains Sénégalais ont fait autant de mal, voire plus que Faidherbe constitue un artifice grossier pour dédouaner ce dernier de ses méfaits. D’autant plus qu’il est non seulement inutile et insignifiant d’hiérarchiser les atrocités mais il est encore irrespectueux envers ses victimes et leurs descendants, sans mentionner la banalisation des ses graves crimes. Même si tout mal est condamnable, d’où qu’il provienne, il ne faut pas perdre de vue que les colonisateurs étaient des envahisseurs venus d’ailleurs, juste mus par la recherche effrénée de profit et motivés par des idéologies bassement racistes, et dont la domination a duré plus d’un siècle. Contrairement aux guerres sporadiques qu’il pouvait y avoir entre royaumes au niveau local et les atrocités qu’elles pouvaient engendrer. De plus, toutes les nations se sont construites en partie sur leurs contradictions internes : des luttes, guerres entre royaumes, régions et factions rivales qui les composent. Les États-Unis ont connu la guerre de Sécession, la Chine celle opposant communistes et nationalistes. Il en est de même pour l’Italie, l’Espagne…et des atrocités - comme celles ayant eu lieu lors des affrontements entre les royaumes du Cayor contre celui du Walo ou celui du Sine contre celui du Jolof - y ont été commises. Entre 1937 en Chine, le Parti communiste chinois et le Parti nationaliste du Kuomintang ont fait une union sacrée pour mieux faire face à l’ennemi commun étranger : le Japon. C’est dire qu’une domination étrangère avec tout ce qu’elle engendre comme atrocité peut ne pas avoir la même portée pour les gens qui la subissent que certaines guerres locales avec tous leurs dégâts. L’identité de beaucoup de nations s’est forgée grâce aux luttes et contradictions internes alors que les conséquences de la colonisation ont été fondamentalement destructrices et les séquelles perdurent dans beaucoup de pays ayant subi cette domination, dans maints domaines. Donc, mettre sur le même pied d’égalité les atrocités des nationaux et celles des envahisseurs pour dédouaner ces derniers est juste horrible.
La statue de Faidherbe, quant à elle, n’est pas une affaire saint-louisienne, comme on a pu l’entendre. Mais une question nationale. Dans le monde, il n’y a qu’en Afrique où l’on célèbre ses bourreaux. La place de l’ancien gouverneur du Sénégal n’est pas dans nos rues, mais dans un musée et dans les livres d’histoire. L’affirmer n’équivaut pas à renier le passé. Hitler avait eu des statues en Allemagnes, Pétain en avait eu en France. Les voit-on encore ? Absolument pas ! Est-ce pour autant renier l’histoire du nazisme en Allemagne et de la collaboration en France ? La réponse va de soi. Si les statues de ces deux personnages ont été envoyées aux oubliettes dans leurs propres pays pour des raisons que leurs citoyens ont souvent honte de raconter, que dire celle d’un criminel colon dans un pays étranger ?
par Chérif Ben Amar Ndiaye
WADE-IDY, ÉCHEC ET MACKY
Chacun de Karim Wade et Idrissa Seck, les cartes en main, l’un en exil, l’autre en hibernation, cache son jeu en scrutation réciproque de l’horizon 2024. L’histoire de Caïn et Abel version sunugalienne ?
Père Wade avait lancé la formule du jeu d’échecs pour décrire son adversité politique entre lui et son fils jadis adopté et adoubé, Idrissa Seck : « Nous sommes dans un jeu d’échecs à distance. Nous verrons qui va remporter la partie ». Déclaration ironique à laquelle Idy avait répliqué par une pique tauromachique : « Celui qui réussit à éliminer les fous du roi (suivez son regard), à écarter la reine et à entourer et isoler le roi…aura gagné ». Sa finesse d’humour aidant, il concluait : « Si c’est moi qui réussit tout cela, j’aurais gagné ». A ce duel à fleurets mouchetés, entre deux hommes politiques intelligents et rusés, l’un d’une finesse d’esprit rhétorique et l’autre d’une l’habilité éprouvée dans la tactique politicienne, s’en suivit deux déroutes électorales successives causées par un troisième larron impassible, impavide et froid dans l’application des leçons machiavéliques : « Celui qui cherche à vous poignarder dans le dos vous ouvre d’abord les bras ». Ce fut alors pour le jeu entre Wade et Idy, la fin de la partie : « Echec et Macky » ! Le croupier Macky avait retourné les cartes en sa faveur, avec un art consommé ou confiné (mot à la mode) de la dissimulation. Wade défait sans déférence, ahuri s’exclama avec amertume : « Je ne sais pas par où il est passé ». Quant à Idy, le talibé n’étant jamais loin de l’homme politique chez lui, il s’en était remis à Dieu : « Dieu n’aime pas les lâches », avait-t-il déclamé. Message destiné à Macky mais qui avait ricoché dans l’esprit de Wade qui pensait malencontreusement en être le destinataire. Le fossé entre les deux duellistes se creusa davantage. Hélas à leur détriment !
Sortis de cette épreuve, nous étions en droit de penser que le grand timonier sénégalais, allait prendre sa retraite politique et devenir le sage de Point E, que le monde politique allait venir consulter pour construire son cher pays qui lui a beaucoup donné. Que nenni ! Il choisit de céder sa place à la table du jeu à son fils pour continuer le combat. Il est vrai que Idy nous avait prévenu : « Tant qu’il aura un souffle de vie, il ne mettra personne devant ou au-dessus de son fils ». En février 2019 durant les présidentielles, auxquelles Karim fut débâtit proprement par une lourde condamnation et un long exil, son papa-poule, son homme à tout faire et défaire, préféra proclamer le boycott des élections à la place d’un soutien à Idy. Le fils d’emprunt, capable de lire même dans ses pensées, s’était abstenu d’aller quérir tout soutien, pas même une visite de courtoisie. Il savait les motivations profondes de son mentor d’antan et qu’avec lui le « galgal » est toujours sous le « mboubou ».
En septembre et octobre 2019 à Massalikul Jinnan et lors d’une audience pompeuse au Palais présidentiel, Wade le César, contre toute attente, descendit de son piédestal, ravalant toute fierté, pour sceller la réconciliation avec son ennemi Macky, « fils d’anthropophage » et bourreau de Karim. Mais Wade, maître des intrigues politiciennes, par ce geste n’a fait que remiser le jeu de stratégie sur l’échiquier. Il s’agissait pour Wade-Kasparov de chercher à remettre Karim dans le jeu politique. Faire de Macky un allié et lui arracher une loi d’amnistie en faveur de Karim avant qu’il ne quitte le pouvoir. Et faire d’une pierre deux coups, barrer ainsi la route à tout rapprochement Macky-Idy. Le coup semblait bien joué. Mais Ndamal kadior décrypta la stratégie, et déplaça deux figurines de son jeu : A deux reprises il sortit de sa « tombe silencieuse » pour aller serrer la main de Macky (Hommage à Tanor Dieng et rencontre au Palais pour cause commune face à la pandémie Covid-19). Que de supputations et de conjectures avec ces farces et attrapes autour de Macky le maître des horloges politiques ! Rien d’alambiqué, c’est le jeu d’échecs à distance qui continue entre Wade le père et Idy le dauphin éconduit.
C’est également l’héritage de Wade et du PDS qui est en jeu. Wade a déjà fait place nette dans son parti pour asseoir dans un fauteuil son héritier naturel. Ce dernier dans son exil doré a certainement accumulé une force de frappe financière colossale, son seul talent politique, pour se relancer après une amnistie princière, dans la course pour 2024.
Le lion du Cayor se prépare, la route est longue pour se lancer dans une course de vitesse. Il choisit une nouvelle stratégie, faisant sienne la prose de Paul Valéry : « Patience, patience, patience dans l’azur ! Chaque atome de silence, est la chance d’un fruit mûr ! ». Fervent lecteur et admirateur du Général De Gaule, cette phrase dans son livre le « fil de l’épée », a assurément fait écho dans l’esprit d’Idrissa Seck : « Rien ne rehausse l’autorité mieux que le silence, splendeur des forts et refuge des faibles ». Son silence lui permet de bien cacher son jeu et de mieux décrypter les stratégies de ses adversaires, pour concevoir et exécuter la sienne. En sortira-t-il splendide, avant 2024 ?
La seule inconnue de ce jeu, c’est encore le larron détrousseur dont la filouterie sans état d’âme, est sans pareille dans le milieu des despotes-autocrates. Macky n’a pas dit son dernier mot. Il sait sa sortie périlleuse pour lui et son clan. Pour préserver ses arrières, il peut encore renverser l’échiquier du jeu d’échecs à distance, pour un « qui perd gagne », dont le but serait de faire capturer toutes les pièces dans ce jeu néfaste entre les deux stratèges échiquéens.
De Wade-Idy, on passe maintenant à Karim-Idy, par une nouvelle formule de jeu : la partie de poker ! Idy reste-t-il actionnaire majoritaire ou minoritaire d’un PDS moribond ? Il a dorénavant, en appoint et en exergue, un parti majeur, un excellent palmarès électoral et une réserve de voix d’au moins neuf cent mille voix. En face, un fils à papa qui s’est accaparé d’une fortune et d’un parti légués par un géniteur généreux à en perdre la raison. Chacun de ces deux « frères », les cartes en main, l’un en exil, l’autre en hibernation, cache son jeu en scrutation réciproque de l’horizon 2024. L’histoire de Caïn et Abel version sunugalienne ? Une histoire dont l’issue mériterait d’être pacifique ou pacifiée, par leur foi et leur référence communes en Serigne Touba, sceau et culte de paix. Serigne Mountakha Bassirou Mbacké ne pourrait-il pas rééditer la paix des braves et des coeurs entre Wade, Idy et Karim comme ce fut à Massalikul jannan entre Wade et Macky ? Avant qu’il ne soit trop tard. « Ils se contentent de tuer le temps en attendant que le temps les tue » (Simone de Beauvoir). Hâtons-nous, trop d’échecs subis dans ce jeu d’échecs néfaste, le temps se déroule et nous traîne avec lui. Alors que la victoire est sous leurs pas cadencés qu’il suffit de ramasser pour sauver le pays de la chienlit.
LA CHRONIQUE HEBDO DE PAAP SEEN
LE DÉSORDRE ENDOGÈNE
EXCLUSIF SENEPLUS - Au Sénégal, comme partout ailleurs en Afrique, le pouvoir est concentré entre les mains de quelques élites urbaines. Au détriment des communautés locales et des formations sociales de base - NOTES DE TERRAIN
D’où est-elle originaire ? Je ne lui ai pas demandé. Je ne sais pas discerner, exactement, les accents de certains pays du continent. À part les Maliens, les Guinéens, et les Sénégalais, bien sûr, j’arrive à trouver très peu d’indications quand j’entends un Africain s’exprimer. En tout cas, elle est étrangère. Et certainement, elle vient du Gabon ou du Cameroun. Elle est médecin et tient son cabinet à Dakar. J’étais venu la voir, pour un second rendez-vous. Je devais lui présenter les résultats des analyses qu’elle m’avait demandé de faire. Rien de grave, me notifia-t-elle, après avoir regardé le bulletin. Je dois juste faire d’autres tests, pour bien vérifier que tout est okay. Elle m’a aussi prescrit des médicaments à prendre, pendant deux semaines. Pour une raison ou une autre, nous avons commencé à parler de politique. Elle était outrée par la manifestation des jeunes dans certains quartiers de Dakar, pour demander la levée du couvre-feu.
« En quoi ça les dérangeait ? C’est simplement de l’indiscipline. Les gens font ce qu’ils veulent au Sénégal. Si ça se trouve, ils sont même au chômage. » À cette interpellation, je lui répondais que ces jeunes exprimaient des frustrations confuses, mais réelles. Qu’ils sont aussi la preuve de l’échec de notre système politique et social. Et au fond, je saisis des symptômes de mal-être derrière ces événements. Manifestement, mes arguments ne la convainquirent pas. Elle me regarda avec ses grands yeux intelligents. Et sans me laisser continuer, ouvrit sa bouche timide et tendit ses lèvres. « Pas du tout ! C’est une histoire de laisser-aller. Il y a une pagaille incroyable au Sénégal, à tous les niveaux. Tout le monde, partout, fait ce qu’il veut. », décocha-t-elle. Tout de suite, et j’avoue que c’est une réflexion arrogante et déplacée, j’ai pensé en mon for intérieur : « Mais pour qui se prend-elle. Elle vient certainement d’un pays qui n’est pas mieux loti, où il y a une parodie de démocratie, et elle nous fait la leçon. » Je pensais, pour être précis, au Gabon ou au Cameroun. Pour exprimer ma pensée, sans la froisser, je lui dis qu’il y a le bordel partout en Afrique. Ici, au moins, il y a une démocratie, une liberté d’expression et quelques institutions qui tiennent. Ce n’est pas fameux, et c’est très chancelant, mais c’est déjà ça. J’arguais, qu’il nous fallait juste une meilleure gouvernance et une éducation inclusive.
- Justement, la démocratie n’est pas la solution. Au Sénégal, il vous faut un dictateur. Et puis vous ne pouvez pas avancer avec vos marabouts. Tout tourne autour de la religion ici. Ça, seul un dictateur peut le régler.
J’étais d’accord avec elle sur une partie de son raisonnement. Je crois qu’il faut toujours séparer l'État et la religion. Pour une raison simple : ce n’est que dans la laïcité que les minorités religieuses sont vraiment protégées. Et puis, ce n’est pas faux, les confréries sont au cœur de la République. Elles produisent un pouvoir social et économique. Et comme elles contrôlent les consciences, elles exercent aussi une activité politique. Mais, en même temps, les confréries constituent un obstacle pour tous les tenants d’une religion obscurantiste, ou d’un islam politique. En cela, ils jouent un rôle ambivalent dans notre société. Par contre, entre la démocratie et la dictature, le choix est vite fait. Comment peut-on réclamer des despotes pour gouverner nos pays, en voyant tous les désastres causés par les Mobutu, Bokassa, et tous les autres tyranneaux moins sanguinaires mais aussi nocifs, depuis les indépendances ? La démocratie est encore immature, au Sénégal. Mais elle existe. Elle nous protège encore, même si c’est incomplet, de la violence aveugle. Elle nous permet aussi d’exprimer librement nos opinions. Nous pouvons encore choisir nos dirigeants, par des voies légales. C’est déjà ça !
Mes arguments ne firent toujours pas mouche. Elle me rappela que la démocratie appartient aux occidentaux. C’est un système qui ne marchera pas en Afrique. Ce n’est pas la première fois que j’entends ce discours. Il me surprend à chaque fois. Surtout lorsqu'il s'agit d’hommes et de femmes, qui appliquent des techniques modernes, venues d’Occident. L’humanité est une bibliothèque commune. Nous pouvons aller prendre, dans la grande encyclopédie de chaque civilisation, les principes fertiles. Tant que cela augmente la dignité et la liberté de l’Homme, ne nous gênons pas. D’ailleurs l’Occident a eu libre accès aux mémoires et aux bonnes pratiques des civilisations africaines. Il y a largement puisé des éléments vigoureux et qualitatifs. Qui ont servi à fortifier sa civilisation. Il n’y a aucun mal, à chercher ailleurs, des valeurs ou des objets civilisationnels utiles. Où se trouve le problème, lorsque dans un pays le pouvoir relève du grand nombre ? Lorsqu’il existe une égalité devant la loi, pour tous ? Prétendre que la démocratie n’est pas faite pour nous, c’est voir les Africains comme des sujets éternellement passifs.
Comment peut-on souhaiter l’absolutisme et l’oppression ? Comment peut-on prétendre que nous ne pouvons évoluer que sous le joug d’un tyran ? Je trouve ce point de vue choquant. Il blesse mon humanité. Certes, nous ne devons pas prendre, comme catéchisme, tous les modes de vivre et arts venus d’autres parties du monde. Certes, le pragmatisme politique est compréhensible dans un pays défiguré par le génocide ou par des années de guerre. Mais si les États tardent, en Afrique, à transformer l’économie, à éduquer les femmes et les hommes et à mener les pays vers l’essor économique et social, c’est pour trois raisons principales. Les féodalités toujours prégnantes. La cupidité et l’aveuglement des dirigeants. L’extraversion économique, qui ne va pas sans le néocolonialisme. Ces trois maux sont solidaires. Ils provoquent le freinage de notre évolution civilisationnelle. Et ne consentent pas au développement de l’Homme intégral. Ils produisent presque tous nos désordres. Si nous sommes lucides, c’est là qu’il faut chercher nos problèmes.
Mauvaise pioche. À ces trois plaies héréditaires, il faut ajouter le modèle jacobin, rigide, de nos États. S’il y a une critique à faire de l’organisation du pouvoir en Afrique, ce serait surtout contre l’inefficacité de l’administration centrale et unitaire. Dont le système de production n’insiste pas sur les autonomies locales. La modélisation de nos États ne prend pas en compte la vigueur matérielle de nos sociétés. Or, pour que la fiction politique soit opérante, et moins artificielle, elle doit se confondre avec les corps communautaires. Et leur transférer plus de responsabilités. Au Sénégal, comme partout ailleurs en Afrique, le pouvoir est concentré entre les mains de quelques élites urbaines. Au détriment des communautés locales et des formations sociales de base. Cette représentation, d’une certaine manière, est antidémocratique. Elle marginalise la « société réelle ». Au fond, les jeunes, qui demandaient la fin du couvre-feu manifestaient un ras-le-bol. Celui de vivre dans un pays où ils ne sont concernés que par très peu de choses. Un drapeau, un hymne, des symboles lointains. Une équipe nationale de football. Souvent, des élections.
Retrouvez désormais sur SenePlus, "Notes de terrain", la chronique de notre éditorialiste Paap Seen tous les dimanches.
ALIOUNE NDOYE ANNONCE LE CHANGEMENT DES NOMS DES AVENUES ET RUES DU CENTRE-VILLE
A l’instar de ce qui se fait un peu partout dans le monde, avec le saccage et la vandalisation des statuts symboles de cette partie sombre de l’histoire de l’humanité, le débat se pose au Sénégal où de plus en plus de voix se lèvent.
Le décès de George Floyd semble être le point de départ d’un vaste mouvement mondial contre les vestiges de l’esclavagisme et de la colonisation. A l’instar de ce qui se fait un peu partout dans le monde, avec le saccage et la vandalisation des statuts symboles de cette partie sombre de l’histoire de l’humanité, le débat se pose au Sénégal où de plus en plus de voix se lèvent.
Le maire de Dakar Plateau, Alioune Ndoye, a lui décidé de franchir un premier pas. A travers un message posté sur sa page Facebook, il a annoncé la mise sur pied prochaine, par le Conseil municipal de la commune qu’il dirige, d’une grande commission composée de tous les sachants que comptent la commune, la région de Dakar et l’université pour proposer le changement des noms avenues, rues et places publiques.
La plupart de ces avenues et rues publiques portent les noms des personnalités françaises de l’époque.
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NOLLYWOOD EST DEVENU LE 2E PRODUCTEUR MONDIAL DE FILMS
Quand Mamoudou Ibra Kane reçoit Mactar Sylla, le Directeur général de la chaîne Label Tv, devant le Jury du dimanche (JDD), sur iRadio et Itv, ce 21 juin, ce sont les enjeux de l’heure, du secteur audiovisuel, qui sont passés au crible. L’enfant de la télé dissèque les forces et faiblesses d’une véritable industrie culturelle et audiovisuelle africaine, qui génère une importante manne financière, entre 12 et 14 milliards de dollars, en publicité, passant sous le nez des médias du continent.
La consommation culturelle par les médias
Fort de sa riche expérience, l’ex patron de la Rts, de Tv5, de Stv au Cameroun, aujourd’hui Directeur général Label Tv au Gabon, et membre du comité exécutif de l’Union africaine de radiodiffusion (UAR), entre autres aventures médiatiques, prône le panafricanisme dans la couverture et les contenus. Afin qu’il y ait, explique-t-il, "toute l’Afrique de manière transversale, multilatérale et plurielle", et en plusieurs langues.
"Depuis TV5, j’ai toujours dit, comme ils l’ont fait, il était important de fédérer les best of, les meilleurs contenus, le meilleur personnel africain autour de ce projet. L’audiovisuel est important aujourd’hui. Pourquoi ? Les modes de domination du monde contemporain passeront de plus en plus par la manière de façonner les consciences. Les habitudes de consommation notamment de notre jeunesse, quand vous voyez dans nos accoutrements, ce que nous mangeons, etc. Plein de choses sont aujourd’hui incrustées dans le mental des populations, des citoyens, grâce aux médias. Vous l’avez dit en rappelant ce journalisme d’aujourd’hui citoyen avec ses dérapages. Mais en raison de tout cela, je fais partie des gens qui croit que pour que nos pays s’en sortent, la Culture au sens le plus large, qui inclut la Communication, est la base essentielle de la pyramide qui va aider à aller vers l’émergence et au partage du bien-être."
DR FALLOU SAMB PRÉDIT LE PIRE ET DEMANDE LE RETOUR DES MESURES RESTRICTIVES
Membre de l’ordre des médecins du Sénégal, Dr Fallou Samb juge très grave la situation actuelle du coronavirus au Sénégal. Il demande aux autorités de revenir aux mesures restrictives pour éviter le pire. Selon lui, la situation est très préoccupante
Membre de l’ordre des médecins du Sénégal, Dr Fallou Samb juge très grave la situation actuelle du coronavirus au Sénégal. Il demande aux autorités de revenir aux mesures restrictives pour éviter le pire. Selon lui, la situation est très préoccupante présentement.
Etayant ses propos, il révèle qu’à l’hôpital Dallal Diam, tous les 200 lits sont déjà occupés. Ainsi, prédit-il, s’il y a une nouvelle inflation, on risque d’avoir de sérieux problèmes parce que les malades pourraient partir sans assistance médicale ». Selon lui, cette situation était prévisible à cause du changement de paradigmes et de politiques de prises en charge de cette lutte au niveau des autorités. « C’était tout à fait prévisible parce que depuis le discours du 11 mai du président de la République, on s’est rendu compte de ce relâchement des populations qui ne respectent plus les mesures barrières », constate-t-il pour le déplorer.
Toutefois, il estime que pour faire face à cette pandémie, l’Etat doit reprendre ses responsabilités et sévir. Car, alerte-t-il « si on ne fait pas cela on risque d’arriver à une situation telle qu’on a va regarder les gens mourir dans les hôpitaux, faute de meilleure prise en charge. L’Etat doit sévir avec autorités et revenir sur sa décision d’assouplir les mesures de l’état d’urgence. A défaut, on risque d’arriver à un niveau de non-retour ».
SAMALIFE, LA START-UP QUI PROFITE DU CORONAVIRUS
Une plateforme de commandes et de livraison de tout type de produits et services tire avantage, sans l’avoir prévu, de l’épidémie de Covid-19. Déjà active au Sénégal, la start-up veut conquérir d’autres pays africains
Malika Moumouni-Diène (39 ans) est une femme au foyer pas comme les autres. Quand vous la trouvez chez elle à Ngor, commune de Dakar, la Nigérienne est à cheval entre sa fonction d’épouse et celle de chargée des opérations de Samalife : jeune et ambitieuse plateforme sénégalaise de commandes et de livraison de produits et services de la vie quotidienne qui vise déjà à s’implanter dans plusieurs pays d’Afrique.
Le vaste appartement de la famille Diène sert en même temps de bureaux pour la start-up que cette diplômée en Marketing, « avec une dizaine d’années d’activités en gestion », a co-fondée avec deux autres partenaires, dont son mari sénégalais, Tomoss Diène (42 ans), haut cadre de la multinationale PCCI, un des plus grands groupes de centres d’appels implantés sur le continent.
En cette journée chaude et moite de juin où le jeune couple d’entrepreneurs reçoit APA, cette mère de deux petits enfants (2 et 3 ans) manifeste une impressionnante capacité à allier son rôle de maman et de femme d’affaires.
« C’est très prenant en termes de temps et d’énergie parce qu’il faut savoir combiner plusieurs services », glisse t-elle, tout juste avant de faire un tour rapide dans la chambre des enfants pour leur demander de faire moins de bruits.
« Mais quand on croit en ce qu’on fait, on oublie certaines difficultés auxquelles on est confronté. Samalife est en quelque sorte notre troisième bébé. Une maman ne pense pas aux problèmes dès qu’il y a un petit sourire de son enfant », insiste t-elle, cette fois, assise calmement à côté de son époux, derrière lequel un collaborateur s’affaire, imperturbable, devant son écran d’ordinateur.
Le couple a travaillé ensemble par le passé au sein de la filiale sénégalaise de PCCI. L’idée de Samalife est née « au détour d’une expatriation » à Dubaï où Malika avait suivi Tomoss dans une mission de plusieurs mois. Dans la ville émiratie, l’accès aux moyens de déplacement était « difficile surtout quand on doit le faire avec des bagages et un bébé », se souvient-elle.
Trait d’union
Le couple s’inspire de cette expérience pour concrétiser, cinq ans plus tard, le projet Samalife qui emploie aujourd’hui une dizaine de personnes, principalement des livreurs.
Leur particularité est qu’ils sont « les premiers à avoir lancé une plateforme de commandes et de livraison » de « tout type » de produits et services grâce à un système « totalement géolocalisé ».
Mise en service en novembre 2019, huit mois après sa création, la start-up a « réconcilié » trois acteurs : commerçants, clients et livreurs, explique Tomoss, qui s’occupe aussi du développement de la marque.
Dans leur étude de marché, Malika et son mari ont découvert que « 35% des téléphones au Sénégal sont des smartphones ». Ensuite, ils ont constaté que de nombreux besoins de la population ont trait aux produits alimentaires (repas, eau, fruits, légumes…), pharmaceutiques, de quincaillerie ou de librairie.
De 2011 à 2019, la médiatisation du continent africain représente 5,4% de l’offre globale d’information de TF1, France 2, France 3, Canal+, Arte et M6. Le continent apparaît ainsi moins médiatisé que l’Asie (12%), mais plus que l’Amérique latine (2%), selon l'InaStat, baromètre statistique de l'Institut national de l'audiovisuel, qui épluche les JT.
Si tous les pays d’Afrique sont mentionnés au moins une fois (sauf Sao Tomé-et-Principe), plus de la moitié des citations se concentrent sur seulement 5 pays : l’Égypte, la Libye, le Mali, la Tunisie et l’Algérie.
Sur ces neuf années, c’est France 2 qui consacré le plus de sujets à l’Afrique, avec 3.312 sujets, devant Arte (3.169), TF1 (2.593), M6 (2.003), France 3 (1.995), et Canal+ (1.527). Si l'on rapporte ces chiffres à l'offre de chaque chaîne, c'est Arte qui est en tête, en ayant consacré 10,8% de son JT au continent, devant Canal+ (7,4%) et France 2 (5,1%).
La personnalité africaine la plus médiatisée (en prises de paroles au JT) a été le chef d’État libyen Mouammar Kadhafi, entre 2009 et octobre 2011, date de son décès, suivi du président égyptien Abdel Fattah Al Sissi.
L'Ina remarque également l'absence de femmes parmi ces personnalités, comme l'ex-présidente de la Commission de l’Union africaine (2012-2017), la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, qui n’a fait que 5 passages sur la décennie.
UN MESSAGE DE SOUTIEN D’ABDOULAYE DIOP AUX ARTISTES MUSICIENS
Le ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop, a adressé un message de soutien aux artistes musiciens, à l’occasion de la Fête de la musique, qui est célébrée ce dimanche dans le monde entier.
Dakar, 20 juin (APS) – Le ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop, a adressé un message de soutien aux artistes musiciens, à l’occasion de la Fête de la musique, qui est célébrée ce dimanche dans le monde entier.
‘’Les mesures indispensables au combat vital contre la pandémie de Covid-19 imposent cette année un état d’urgence sanitaire se traduisant entre autres par le couvre-feu, le confinement ou encore l’exigence de la distanciation physique’’, a écrit M. Diop dans le message adressé aux professionnels de la musique.
‘’Toutes ces exigences sont incompatibles avec les rencontres chaleureuses et les grand-messes de bonheur que nous ont toujours apportées les célébrations antérieures de la Fête de la musique’’, a-t-il ajouté dans le texte dont l’APS a obtenu une copie.
Le monde fête la musique le 21 juin de chaque année. A l’occasion de cette célébration, ‘’auteurs, compositeurs, interprètes, producteurs et diffuseurs (…) ont rendez-vous avec tous les mélomanes, amoureux de cet art divin, pour en célébrer l’universalité et a contribution décisive au développement économique et à l’épanouissement social des nations’’, a souligné Abdoulaye Diop.
L’Etat du Sénégal a fourni une aide financière au sous-secteur de la musique, pour atténuer les effets de la pandémie de Covid-19 sur les professionnels de cet art, a-t-il rappelé. ‘’Conscient des énormes difficultés que crée aux acteurs de l’économie de la musique cette situation pénible et inédite (…), Macky Sall, le président de la République, a décidé de leur apporter, de même qu’à l’ensemble des professionnels de la culture impactés, un soutien important’’, a-t-il écrit.
Le ministre de la Culture et de la Culture espère que cette aide servira de ‘’bouée salvatrice’’ pour les professionnels de la musique, a ajouté M. Diop.
ENTRE ANTI-RACISME ET PANAFRICANISME
Les manifestations antiracistes observées à la suite de la mort de George Floyd ont interpellé au pays de la Téranga. Récit
Le Point Afrique |
Clémence Cluzel |
Publication 21/06/2020
Réputé pour son sens de l'hospitalité vécue comme une qualité cardinale du pays à travers la fameuse Téranga, le Sénégal ne peut pas ne pas être évoqué quand on parle des États-Unis et du sort qui y est fait aux Noirs. Avec le souvenir de la traite entretenue à l'île de Gorée, dans la Maison des esclaves, au large de Dakar, les questions d'esclavage et de racisme sont souvent sur les lèvres autant des nationaux que des nombreux ressortissants étrangers que compte le pays. Pourtant, depuis le décès de George Floyd, cet Afro-Américaintué par un policier blanc le lundi 25 mai, on ne peut pas dire qu'il y ait eu beaucoup de grosses manifestations comme on a pu l'observer à travers le monde. Malgré tout, l'indignation a provoqué débat et réflexion au sein de la population.
Une onde de choc transversale
Pour Marie, étudiante gabonaise au Sénégal, c'est surtout le fait que « les gens ne se sentent pas assez impliqués par la question du racisme » qui explique le peu de mobilisation lors des deux manifestations pourtant organisées au début du mois à Dakar. Le pays étant relativement préservé du fléau du racisme grâce à son esprit d'ouverture et de tolérance, peu de Sénégalais y ont déjà subi des discriminations raciales. La diversité de la population favorise le vivre-ensemble d'une mosaïque d'ethnies, de nombreux ressortissants africains, ou encore de résidents principalement originaires d'Europe ou d'Amérique du Nordayant fait le choix de s'y installer. Pour autant, s'ils se sont peu mobilisés, « les Sénégalais se sentent très concernés par le sujet. Ils ont été choqués par l'agonie, pendant presque 8 minutes 46 secondes, de George Floyd, et son caractère raciste. Le partage en masse sur les réseaux sociaux a contribué à propager une onde de choc et a accentué un sentiment de révolte, notamment chez la forte diaspora sénégalaise présente aux USA », analyse Seydi Gassama, directeur exécutif d'Amnesty International Sénégal. La condamnation unanime a réveillé l'indignation, particulièrement chez les jeunes. « Il est important que nous, au Sénégal, et de manière générale en Afrique, puissions nous faire entendre et montrer que la jeunesse ne va pas se laisser faire et qu'elle a un message à faire passer », insiste Akina Sambou, co-organisatrice de l'une des manifestations.
La résonance a été particulière chez les expatriés américains, comme Stéphanie, bibliothécaire dans une école internationale de Dakar et originaire de l'Arizona. « Quelques semaines avant George Floyd, un homme noir avait été abattu de 6 balles dans le dos par la police en Arizona. Ces événements affreux doivent permettre de parler du racisme et des discriminations contre les minorités dans leur ensemble pour changer la situation », appelle-t-elle de ses vœux.