Une faute éthique, un manque de vigilance, mais "pas un crime" : la défense de l'ancien patron de l'IAAF, jugé à Paris pour corruption sur fond de dopage en Russie, a demandé jeudi au tribunal d'être indulgent et de tenir compte de son âge
Une faute éthique, un manque de vigilance, mais "pas un crime": la défense de l'ancien patron de l'athlétisme mondial Lamine Diack, jugé à Paris pour corruption sur fond de dopage en Russie, a demandé jeudi au tribunal d'être indulgent et de tenir compte de son âge.
Le jugement sera rendu le 16 septembre 2020 à 13h30.
Après avoir plaidé la relaxe, l'un des avocats du Sénégalais de 87 ans, Me William Bourdon, n'a pas écarté l'hypothèse que les juges le condamnent. Alors, il leur a demandé "de ne pas rendre une décision qui l'empêche de mourir dans la dignité, embrassé par les siens, sur sa terre natale".
La veille, les procureurs financiers ont requis quatre ans de prison et 500.000 euros d'amende, pour corruption, blanchiment en bande organisée et abus de confiance contre l'ancien président de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), interdit de quitter la France depuis son arrestation, en novembre 2015.
Cinq ans de prison et la même amende ont été requis contre son fils Papa Massata Diack, dit PMD, ancien conseiller marketing à l'IAAF et acteur clé de l'affaire, resté au Sénégal et jugé en son absence.
- Usain Bolt -
Après l'ultime plaidoirie, Lamine Diack, vêtu d'un boubou vert pâle et chaussant des babouches jaunes, s'est rendu une dernière fois à la barre pour y défendre son bilan. Il a confié qu'il avait hésité à demander à la légende du 100 m Usain Bolt de venir témoigner de l'action positive de l'IAAF en Jamaïque.
Le père, le fils et quatre autres protagonistes, contre lesquels des peines de prison ont été requises, sont jugés pour leur implication dans un réseau de corruption internationale sur fond de dopage sanguin.
Lamine Diack est notamment poursuivi pour avoir ordonné que des sanctions disciplinaires contre des athlètes russes soupçonnés à cause de leur passeport biologique soient retardées, à partir de la fin 2011, avec l'aide de l'ancien responsable de l'antidopage de l'IAAF, Gabriel Dollé.
Durant le procès, le Sénégalais a justifié sa décision pour sauver la "santé financière" de l'IAAF, qui aurait selon lui pâti du scandale, en pleine négociation avec un sponsor et un diffuseur russes à l'approche des Mondiaux-2013 de Moscou.
"Cela n'est pas conforme à l'éthique, il faut avouer les choses, mais ça ne relève pas du pénal", a défendu Simon Ndiaye, appelant les juges à ne pas faire de son client "un bouc émissaire".
- Sebastien Coe visé -
En l'absence de trois des six prévenus, dont l'ancien patron de la fédération russe d'athlétisme Valentin Balakhnitchev et l'ancien entraîneur Alexeï Melnikov, le procès n'a pas levé certaines zones d'ombre, notamment sur le chantage financier exercé auprès d'athlètes pour qu'ils ne soient pas suspendus.
L'une des pièces centrales de l'accusation est un virement de 300.000 euros reçu par la marathonienne Lilya Shobukhova depuis un compte lié à Papa Massata Diack, en guise de remboursement quand elle a finalement été suspendue en 2014. Son avocat, Me Antoine Beauquier, a assuré jeudi qu'il s'agissait d'une somme que son client devait à Valentin Balakhnitchev, tout en réfutant l'implication de PMD dans un racket d'athlètes. L'accusation évalue les sommes perçues par les prévenus à 3,45 millions d'euros, mais l'argent n'a pas été retrouvé et les athlètes russes n'ont pas été entendus.
Lors du procès, Lamine Diack a aussi réfuté avoir sollicité des Russes un financement de campagne pour faire battre le sortant Abdoulaye Wade lors de la présidentielle 2012 au Sénégal, contrairement à ses déclarations durant l'enquête.
Sa défense a aussi démenti son implication dans un abus de confiance au profit de son fils Papa Massata, à travers des millions d'euros détournés sur les contrats de sponsoring.
Enfin, Simon Ndiaye a visé le successeur de Lamine Diack à l'IAAF, le Britannique Sebastian Coe, vice-président de l'instance à l'époque des faits. "Etait-il le prince qui attendait la fin du règne du roi pour monter sur le trône? Ce prince s'est-il tu?", a-t-il lancé, en demandant s'il ne "devrait pas être poursuivi" aussi.
Lamine Diack et son fils, eux, n'en auront pas fini avec la justice française. L'un et l'autre sont aussi poursuivis dans une seconde enquête pour des soupçons de corruption dans l'attribution des JO de Rio-2016 et de Tokyo-2020.
par l'éditorialiste de seneplus, Emmanuel Desfourneaux
IL FAUT UN GOUVERNEMENT D’UNION NATIONALE
EXCLUSIF SENEPLUS - D'aucuns au sein de l’opposition rêvent du chaos et pensent en tirer un avantage. Ont-ils conscience de l’importance de la crise qui attend le Sénégal ?
44 % oui, 56 % non ! C’est le résultat d’un sondage que j’ai réalisé sur un gouvernement d’union nationale au Sénégal. Sans valeur scientifique, il nous informe cependant sur une tendance : l’unité nationale, fer de lance de la lutte contre la Covid-19 au tout début de la pandémie, se désagrège depuis déjà quelques semaines. Tandis qu’à Bamako le président malien a annoncé la constitution prochaine d’un gouvernement d’union nationale ; qu’en France, des voix s’élèvent en faveur d’un gouvernement de salut public ; que la rumeur à Dakar d’un remaniement ministériel, avec un possible retour de la primature, se fait grandissante.
Au Sénégal, les querelles politiciennes, les joutes verbales sont de retour malgré un SARS-CoV-2 circulant toujours fortement. Que s’est-il passé depuis la mi-mars où la popularité de Macky Sall n’avait jamais été aussi élevée en 8 ans ? La solidarité nationale, symbolisée à travers l’appel à toutes les formations politiques, était plutôt sur la bonne voie : Ousmane Sonko avait même fait le déplacement dans l’ancienne résidence du gouverneur général de l’Afrique Occidentale Française !
A Dakar, la paix des braves est derrière nous, le peuple s’impatiente ; la vie politique (politicienne) a repris ses quartiers ; chacun retrouve sa place sur l’échiquier politique : le FRN plutôt docile avec le pouvoir a quitté le comité de suivi de Force Covid-19. Un climat insolite règne sur fond de pandémie : des anciennes affaires sont déterrées du Journal officiel ou alors des nouvelles surgissent du littoral ! De son côté, le pouvoir gouverne comme si de rien n’était, en état d’urgence sanitaire.
C’est la faute de Macky Sall ! L’unité nationale implique au minimum une collaboration transpartisane. La crise de la Covid-19 était une occasion rêvée de transformer le Dialogue national (trainant en longueur) en cogestion inédite. A contrario, cette crise sans égale est gérée de façon solitaire. Aucune mesure politique de rupture n’a été arrêtée ou envisagée : les transhumants se taillent la part du lion ou du port autonome de Dakar ! Macky Sall n’a pas réussi à restaurer une confiance auprès de ses détracteurs.
C’est la faute de l’opposition ! Cette dernière, en dépit de la hauteur des défis qui se dressent devant le Sénégal, ne parvient pas à prendre du recul par rapport au schéma traditionnel des débats entre majorité et opposition. Celle-ci n’a que pour horizon la prochaine alternance éloignée de 2024 et le renversement du pouvoir en place. Ce qui se passera entre-temps incombera exclusivement à Macky Sall, seul comptable ! Les commentaires des sondés sont sans appel sur ce sujet. Le bon positionnement de l’opposition, c’est contre Macky Sall. Pour les militants des différents partis de l’opposition, il ne faut pas tomber dans le piège d’un gouvernement de concorde nationale. Non seulement Macky Sall limiterait leur champ d’actions mais se servirait du gouvernement d’union nationale en rampe de lancement vers la présidentielle.
C’est la faute du système politique en général ! Il faut pardonner au président et à son opposition. La Covid-19 n’a pas eu l’effet escompté sur la classe politique sénégalaise. Le miracle ne s’est pas produit pour l’instant ! Les politiques ont toujours utilisé le gouvernement d’union nationale sous forme de deal. Ce type de coopération s’inscrit dans les jeux politiques du Palais pour une grande majorité de Sénégalais. Ce fût le cas de Me Abdoulaye Wade avec la promesse d’un tel exécutif s’il était réélu en 2012. Ce fût le cas d’Abdou Diouf en 1995 lorsqu’il constitua un gouvernement de cohabitation alors qu’il n’y avait pas de crise politique majeure au Sénégal en dehors d’une crise interne au PS et une rébellion urbaine.
Mon sondage est à prendre avec des pincettes. Ce sont les militants et activistes qui ont majoritairement voté. Un responsable de l’APR m’expliquait qu’il n’y avait aucune raison d’élargir le gouvernement. C’est plutôt l’inquiétude d’une limitation des parts ministrables qui est en cause pour son camp. En réalité, à l’échelle nationale, le rapport de force serait plutôt favorable à un gouvernement d’union nationale. Dans d’autres pays, le oui monte jusqu’à 70 % avec 65 % de méfiance à l’égard du gouvernement.
Comme le souligne les précédents chiffres qui sont loin d’être contradictoires, le gouvernement d’union nationale est une « demande sociale ». Le concept de l’union nationale porte avant tout sur le rejet de la classe politique et le désenchantement du monde politique et tout ce qui y gravite autour, à l’exemple de certains journalistes devenus apparemment des usufruitiers du littoral !
Les militants de l’opposition font donc une mauvaise lecture du gouvernement d’union nationale. C’est une mobilisation du peuple contre la défaillance du pouvoir face à un péril et/ou face à la reconstruction d’un pays. Jamais un tel gouvernement dans l’histoire du Sénégal n’a été aussi indispensable et salutaire tant le défi d’un Etat stratège est important face aux futures conséquences de la Covid-19.
D’ailleurs, le dernier mot appartient-il aux militants ? Lorsque Me Abdoualye Wade décida de faire retourner sa formation politique au gouvernement en 1995, il a été assimilé à un traitre. Ce n’est ni le PDS ni le PS qui étaient à l’initiative de ce gouvernement d’union nationale. C’était grâce à la détermination de Diouf et de Wade.
Si les opposants dits patriotes rejetteraient à coup sûr toute entrée dans ce genre de gouvernement, les autres partis politiques de l’opposition tireraient leur épingle de jeu. C’est le cas du PDS qui, depuis le début de la pandémie, s’est démarquée par sa dynamique nationale. Pourquoi alors s’arrêter à mi-chemin et se recroqueviller dans une opposition radicale ? Quel gâchis ! Cette remarque vaut aussi pour la coalition Taxawu Senegaal et Rewmi.
Evidemment, plusieurs obstacles devront être levés et pas des moindres ! En tout premier lieu, l’assurance formelle que le président Macky Sall ne se présentera pas pour un troisième mandat. Cette question est cruciale pour empêcher les jeux politiciens. Le règlement des affaires judiciaires de Karim Wade, de Khalifa Sall (sur la base des condamnations internationales, les dossiers des 2 K ne sont pas clos) et d’Abdoulaye Baldé devra être garanti. Aucun membre de la famille du président ne ferait partie de ce gouvernement. Idrissa Seck pourrait être choisi officiellement comme chef de l’opposition (ou Premier ministre selon la rumeur ! Dans ce cas-là, cette fonction échoirait au PDS) avec une approche constructive en vue de conserver l’esprit d’élan national. Des personnalités issues de la société civile seraient appelées comme le Pr Moussa Seydi, ministre de la santé pour tous ; Ibrahima Dème, ministre de la chose publique et de la transparence, ou encore Alioune Tine, ministre des libertés publiques inviolables. En effet, tous les ministères porteraient de nouvelles appellations autour de trois grands axes : Liberté, chose publique (plus de gouvernance de la République en fonction des biens privés de clans ; plus de caisses noires !) et patriotisme (industrialisation, agriculture et culture).
Surtout, afin d’éviter l’échec du gouvernement d’union nationale où d’assez rares précédents ont été fructueux, celui-ci serait programmé pour une durée limitée de deux ans, à savoir jusqu’en septembre 2022. Cela devrait suffire pour associer l’opposition la plus représentative aux futures grandes orientations politiques du Sénégal autour des trois grands axes Liberté-Chose publique-Patriotisme. Ainsi le landerneau politique serait neutralisé, en hibernation pour ne se consacrer qu’aux intérêts du peuple. Ce dernier pardonnerait aux membres de l’opposition car leur démarche aura été dictée par le bon sens politique et par la volonté de redonner de l’espoir (avant 2024 !). Deux ans après, chacun retrouvera sa place naturelle et vaquera à ses activités d’opposants dans la perspective des élections intermédiaires et présidentielles. D’ici là, espérons que le travail des uns et des autres aura porté ses fruits !
Je suis conscient que certains perçoivent cette proposition comme faisant partie de la matière de « l’utopisterie », que certains membres de l’opposition ne voient pas ce qu’ils pourraient gagner à s’embarquer dans une telle aventure politique aux côtés de leur bourreau et d’un président fragilisé. Mais faudrait-il attendre jusqu’en 2024 et « abandonner » le peuple sénégalais à son sort (pour reprendre l’expression d’Ousmane Sonko) ? Ont-ils pris conscience de l’importance de la crise qui attend le Sénégal ? Vont-ils faire dans le pantouflard politique : « Y’a qu’à… » ?
Je sais aussi que d’aucuns au sein de l’opposition rêvent d’une situation de chaos. Ils pensent en tirer un avantage. Ils laisseraient sous-entendre à leur candidat que leur situation personnelle s’éclaircirait dès lors. C’est un risque qu’ils font courir inutilement ! Parier sur l’instabilité s’avère très souvent lourde de conséquences. Et les sénégalais n’aiment pas le désordre politique.
Pour rassurer les partisans de Macky Sall, prenons exemple sur Abdou Diouf ; il déclarait en 1995 : « j’ai été élu démocratiquement président de la République…mais ce n’est pas une raison pour gouverner seul…soyons cependant clair…j’entends rester le maître du jeu ». Le choix démocratique de février 2019 serait donc respecté.
Si le prochain remaniement ministériel à la rentrée, vers septembre, s’opère dans une logique de Dialogue national (calculs politiciens pour diviser l’opposition), il sera voué à l’échec. Si le prochain remaniement fait encore la part belle à BBY (même si cette majorité présidentielle embrasse des partis libéraux et de gauche), il ne faudra pas parler d’union nationale, il ne s’agit que d’une coalition électorale ayant obtenu la majorité ! Ces deux types de gouvernement pourraient être minoritaires au regard de l’évolution de l’électorat sénégalais. Rien ne changera ! Il ne s’agit pas de coopter ses copains de la République mais d’aller plus haut, plus loin, vers un gouvernement de salut public, indifférent aux ambitions politiques des uns et des autres. Et ce pendant deux ans !
J’anticipe une critique : mais pourquoi le Sénégal serait-il l’un des rares pays à consacrer un tel gouvernement ? Pardi ! Car le Sénégal ne ressemble à aucun autre pays et servirait de modèle au monde entier contre les conséquences d’une crise jusqu’alors jamais vécue. L’heure est à l’unité nationale. Alors, jouez le jeu ! Le monde vous regarde !
PLAN INTERNATIONAL OFFRE UN APPUI DE PLUS DE 112 MILLIONS À LOUGA
L’ONG Plan international Sénégal a remis, jeudi, à Louga, des kits alimentaires et des produits sanitaires d’une valeur de plus de 112 millions de Francs CFA à des familles et à des établissements d’apprentissage
Louga, 18 juin (APS) - L’ONG Plan international Sénégal a remis, jeudi, à Louga, des kits alimentaires et des produits sanitaires d’une valeur de plus de 112 millions de Francs CFA à des familles et à des établissements d’apprentissage pour les aider dans la lutte contre la Covid-19, a constaté l’APS.
’’Cette contribution estimée à 112 millions est destinée à accompagner 8714 familles, répartis dans 142 villages, 210 daaras et 100 écoles de 11 collectivités territoriales du département de Louga’’, a soutenu le Directeur du bureau de Plan international Sénégal à Louga, Aly Faye.
S’exprimant lors de la remise des dons, il a précisé que ce geste ’’vise à renforcer les moyens de protection et de résilience’’ des populations face à la pandémie.
Le don remis au Comité régional de gestion des épidémies dirigé par le gouverneur El Hadji Bouya Amar est constitué de kits alimentaires, de produits d’hygiène, de thermofash, de gels hydro alcooliques, de masques et des serviettes hygiéniques pour les jeunes filles.
Selon M. Faye, cette participation est la deuxième après celle de plus de 17 millions de FCFA remise à la région médicale, au début de la pandémie, pour des campagnes de sensibilisation et achats de matériels d’hygiène.
’’La mise en œuvre du plan de riposte national contre la pandémie nécessite une participation importante de la communauté, qui est un élément indispensable à l’arrêt de la transmission n de la maladie’’, a t-il dit
Le Directeur du bureau de Plan international Sénégal à Louga a assuré de l’engagement de son organisation à ’’appuyer les communautés afin qu’elles puissent mieux jouer leurs rôles dans ce combat contre cet ennemi commun’’.
’’Lors de nos visites de supervision sur le terrain, nous avons constaté un relâchement des populations dans l’application des gestes barrières. Nous espérons à travers cette contribution que les maires et les chefs de village veilleront à l’application rigoureuse des mesures d’hygiène’’, a-t-il soutenu.
Aly Faye a rappelé que Plan international veille également au respect des droits des jeunes filles et des enfants durant cette crise sanitaire.
De son côté, le gouverneur a invité les familles, les daaras et les écoles bénéficiaires à considérer de cette aide comme des ’’intrants barrières’’.
’’Ce que nous attendons de vous à travers les produits alimentaire est que vous restiez chez vous et que vous adoptiez les gestes barrières et nous aider dans la lutte contre la propagation de la maladie’’, a dit M. Amar qui a déploré ’’le relâchement’’ des populations dans l’application des mesures de protection contre la Covid-19.
Il a aussi salué la contribution de Plan international Sénégal qui selon lui, est ’’un plus à l’effort de l’Etat et des communes’’ pour une meilleure rentrée des classes prévue le 25 juin.
PLUS DE 21 MILLIONS DE FRANCS EN BILLETS NOIRS SAISIS, DEUX INDIVIDUS ARRÊTÉS
La BRS de Thiès a opéré une saisie de billets noirs d’une valeur de plus de 21 millions de francs et procédé à l’arrestation de deux membres présumés d’un r monnayage et de de trafic de véhicules voléséseau de faux
Dakar, 18 juin (APS) – La Brigade régionale des stupéfiants (BRS) de Thiès (ouest) a opéré dans la nuit de mercredi à jeudi une saisie de billets noirs d’une valeur de plus de 21 millions de francs et procédé à l’arrestation de deux membres présumés d’un réseau de faux monnayage et de de trafic de véhicules volés, a appris l’APS de source policière.
"Dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogues et le crime organisé, la Brigade Régionale des Stupéfiants (BRS) de Thiès de l’Office central de répression du trafic illicite des stupéfiants (DOCRTIS), a opéré une importante saisie de billets noirs", rapporte un communiqué du Bureau des relations publiques de la Police dans un communiqué.
"En effet, dans la nuit du 17 au 18 juin 2020, les éléments du dit service, exploitant une enquête pour trafic de drogues, ont démantelé un réseau de faux monnayage et trafic de véhicules volés", indique le document parvenu à l’APS jeudi.
Selon le Bureau des relations publiques de la Police, cette opération a permis d’interpeller deux individus et de saisir vingt un millions quatre-vingt mille francs (21.080.000) Fcfa, un véhicule de marque Range rover déclaré volé et un arsenal de fabrication de faux châssis de véhicules.
Les personnes interpellées sont en garde à vue, les billets noirs consignés aux fins de scellé et le véhicule immobilisé pour les besoins de l’enquête, fait-on savoir.
Par Aladji Babou TALL
AU PAYS DU RACISME SYSTEMIQUE
La mort de George Floyd a permis au monde entier de plonger les yeux dans la terrible réalité de la vie quotidienne des Noirs au pays de l’Oncle Sam
NEW YORK-Le monde entier a regardé avec horreur le genou de Derek Chauvin, le bien nommé policier du Minnesota, écraser le cou de George Floyd qui le suppliait de le laisser respirer dans un halètement désespéré : «Je ne peux pas respirer». Jusqu’à ce que mort s'en suive. Cette image effroyable d’un policier blanc s’acharnant sur un homme noir, n’a rien de surprenant pour qui connaît l’histoire des relations interraciales aux Etats Unis. En Amérique, la vie des Noirs ne vaut pas plus que celle des animaux. La mort de George Floyd a permis au monde entier de plonger les yeux dans la terrible réalité de la vie quotidienne des Noirs au pays de l’Oncle Sam. Aucune personne de couleur, le Noir plus frontalement, n’y est épargnée. Le racisme systémique maintient l’Afro-américain dans un état permanent de désuétude et de pauvreté anachronique dans le pays le plus riche du monde. Aucun Noir, y compris l’immigré, n’y échappe.
Je reviendrai dans une prochaine chronique sur mes déboires avec la police pour un simple délit de faciès. Un policier blanc me demandait de justifier ma présence dans un quartier essentiellement blanc et riche de New York. George Floyd, menotté derrière le dos, a été tué par un policier qui s’est bestialement installé sur son cou, la main dans la poche et le regard en feu, pendant que ses trois compagnons de patrouille faisaient semblant de regarder ailleurs.
Pour comprendre comment on en est arrivé à cette situation incroyable, il faut remonter au tout début de la création des Etats Unis, quand les pères de l’Indépendance tels que George Washington avaient eux-mêmes leurs propres esclaves noirs alors qu’ils livraient bataille contre l’Angleterre pour conquérir leur liberté. Le Noir, à l’époque, valait les 3/5 d’une personne. Pour les besoins du recensement de la population, 5 noirs équivalaient à 3 blancs. Bien que beaucoup plus libres que leurs ancêtres, les jeunes Noirs d’aujourd’hui n’en souffrent pas moins d’un racisme systémique qui les maintient au bas de l’échelle économique et sociale. Aux Etats Unis, le racisme commence très tôt pour le jeune Noir au jardin d’enfants et continue avec la prison et les emplois de seconde zone.
A l’âge de cinq ans, chaque enfant américain, quelle que soit sa couleur de peau, est inscrit au jardin d’enfants. En principe, si l’on est né dans le pays le plus riche du monde, on a droit à l’éducation, un moyen sûr de défricher le chemin d’un avenir radieux. Cependant, les disparités dans la qualité des écoles qui perpétuent la domination des Noirs par les Blancs se manifestent très tôt dans la qualité de l’éducation que reçoivent les jeunes Noirs. Il existe aux Etats Unis une loi dite «zoning laws» qui stipule que l’on va à l’école de son quartier. Exactement comme si un enfant de Pikine était interdit d’inscription dans une école de Hann Maristes.
Les Noirs confinés dans les quartiers les plus pauvres des Etats Unis, fréquentent de fait les écoles les moins performantes parce que l’enseignement est du ressort des villes et autres petites localités qui tirent leurs ressources des impôts fonciers et des taxes telles que la TVA que les Sénégalais connaissent bien. Les villes les plus riches, payant le plus d'impôts, peuvent s’offrir les meilleures écoles. Même une ville comme New York n’échappe pas à la règle des disparités dans la qualité de l’enseignement que reçoivent les élèves.
Les enfants d’une partie de Brooklyn, du Bronx et de Harlem traînent ainsi des tares académiques qui commencent au jardin d’enfants et les poursuivent jusqu’au lycée. En vertu du fait que selon la Cour Suprême des Etats-Unis, le citoyen a «seulement droit à une éducation du 5ème secondaire», la mauvaise qualité des écoles des milieux noirs et hispaniques, décourage certains des jeunes Afro-américains et leurs parents. Conséquence : un nombre élevé de sous-éduqués dans la communauté noire du pays. En 2017, seulement 69% des Noirs avaient terminé leurs études de lycéen, contre 86% de Blancs. Le nombre de décrochages chez les jeunes gens de couleur s’explique, en grande partie, par la mauvaise qualité de l’enseignement prodigué dans leur quartier.
Pour survivre, cette population use de tous les moyens qu'elle juge utiles, y compris la vente de drogues. Cependant, autant cette activité illicite est sévèrement punie chez les Noirs, autant elle est tolérée chez les Blancs. Là où un Noir trafiquant de crack - la drogue de prédilection des gens de sa race qui ne coûte que 5 dollars la dose - risque un emprisonnement allant de 15 ans au minimum à la perpétuité, autant pour un Blanc, la peine est sensiblement plus légère pour la même drogue ou la cocaïne. Les juges ont la latitude de décider des peines qui, le plus souvent, varient de la thérapie à un emprisonnement maximal de deux ans. Autre différence de sort : la santé. Le taux de Noirs américains souffrant de maladies chroniques telles que le diabète, l’hypertension artérielle, l'asthme et les maladies rénales et cardiovasculaires est effarant comparé à la population blanche. Pour illustration, le nombre de décès dû à la Covid-19 est trois fois plus élevé chez les Noirs que chez les Blancs. C'est dire...
• Par Aladji Babou TALL
Enseignant à New York
LE SECTEUR AFFICHE UNE CHUTE 25% DES DEMANDES
Après la chute des hydrocarbures causée par la pandémie du Covid-19, l’industrie du diamant est aussi infectée.
L'info |
A. DIAO (avec RFI) |
Publication 18/06/2020
Après la chute des hydrocarbures causée par la pandémie du Covid-19, l’industrie du diamant est aussi infectée. Selon, le cabinet Gemdax, le secteur affiche une chute 25% des demandes. Géant du secteur, De Beers cherche à relancer les ventes ailleurs que dans la capitale du Botswana, qui vient de se re-confiner.
Effet, les sessions de présentation de diamants aux clients internationaux de De Beers ont été annulées en avril et en mai à Gaborone et elles ne sont pas près de redémarrer : les autorités du Botswana ont maintenu les frontières fermées et viennent d’imposer un nouveau confinement strict à la capitale après l’apparition de nouveaux cas probablement importés de Covid-19. Une quinzaine d’années après avoir installé la commercialisation de ses pierres brutes au Botswana, De Beers cherche des alternatives pour relancer ses dix ventes annuelles au plus vite, quitte à rapprocher son produit de ses principaux clients en Belgique et en Inde. Baisse de la production minière de 16 %. En Inde, où l’activité de la taille du diamant est loin de repartir. À Surat, où sont normalement taillés 90 % des diamants du monde entier, les ateliers sont quasiment vides, malgré le dé-confinement décidé par les autorités indiennes.
Et pour cause : les employés sont repartis dans leurs régions d’origine et ce sont eux, plus que les locaux du Gujarat, qui sont les plus qualifiés. L’industrie indienne de la taille songe même à se déplacer dans les villages. Dans cette logique, la certification des pierres s’est arrêtée à Anvers en Belgique, de même que le polissage et le commerce du diamant à Tel-Aviv, en Israël… Depuis le mois de mars, toute la filière est paralysée, les mines ont fonctionné au ralenti en Afrique australe, la Russie diminue la voilure dans sa mine géante de Lomonosov, la production mondiale de pierres brutes pourrait chuter de 16 % cette année, estime Rapoport.
Selon le rapport du cabinet Gemdax, ce minerai devrait chuter de 25% de la demande en 2020. Dans cette même lancée, une offre restreinte qui ne fait pas grimper les prix de gros, ils devraient chuter de 10 % cette année selon Gemdax, les bijoutiers ayant fermé boutique dans les pays confinés. Le rebond de la consommation en Chine sera-t-il suivi ailleurs et en particulier aux États-Unis, où ont lieu la moitié des ventes ? On peut en douter avec l’impact qu’aura le coronavirus sur l’économie mondiale, le géant français du luxe LVMH a encore quelques semaines pour renégocier le prix de rachat de l’Américain Tiffany. Car la demande de diamant devrait chuter de 25 % cette année selon Gemdax. L’industrie opère un virage accéléré vers le numérique pour sortir du modèle traditionnel des boutiques où se font encore 90 % des ventes.
par le chroniqueur de SenePlus, Hamadoun Touré
LA NAUSÉE
EXCLUSIF SENEPLUS - Engageons la bataille, ici et maintenant, en déboulonnant non pas que les statues en bronze ou en pierre qui encombrent nos avenues mais aussi les statues mentales où sommeille notre bestialité
Hamadoun Touré de SenePlus |
Publication 18/06/2020
«Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons tous mourir ensemble comme des idiots». (Martin Luther King)
Georges Floyd, cet autre nous-mêmes, immobilisé, perclus, menotté dans le dos, cou écrasé par ce genou triomphant de lâcheté. Oui, la nausée, plus que la frustration, la colère et l’indignation.
Dans sa prude définition, la nausée est une sensation physiologique due à une forte indigestion ou ce sentiment de mal-être existentiel décrit par Jean- Paul Sartre, dans un roman éponyme publié en 1938. Dans cette terre lointaine d’Amérique, la nausée, cette fois-ci, nous étripe car sont franchies les bornes qui régulent nos valeurs.
Cette nausée empêche de dormir, de travailler, de gouverner, de vivre, de respirer, rend inconfortable l’insouciance de ceux qui croient que rien ne les concerne. Pression qu’aucune condamnation même comminatoire ne peut faire baisser. Reste cette envie irrépressible de vomir.
Avec l’assassinat de Georges Floyd, froidement exécuté par une asphyxie lente et délibérée, au-delà de Minneapolis, la cité du crime, des Etats-Unis, du Canada, de l’Australie, de l’Amérique Latine, de l’Europe, c’est l’Afrique, continent de ses origines, qui est de nouveau mortellement agressée. Deux cents pays, plus que les membres de l’Organisation des Nations Unies ont, dans diverses clameurs, crié révolte et indignation.
La bile déversée et les vociférations dans la rue, les condamnations dans les réseaux sociaux et les journaux ou sur les plateaux de télévision ainsi que le deuil planétaire rendent compte de l’insupportable enduré par notre corps et notre âme, en dépit de la fréquence des meurtres dans un pays incapable encore de tenir pour criminogène la liberté constitutionnelle de posséder une arme.
L’agent de police Derek Chauvin, ce nom qui se définit de lui-même, dans son effroyable odyssée, a illustré la haine de son prochain. Il avait l’impression d’étouffer un sous-homme. Un Noir.
Les Noirs américains et des autres pays du monde
ont exprimé leur colère. Des Blancs américains et d’autres continents leur honte. Et ensemble, tous, en tout cas nombreux, races et religions confondues, ont eu la même nausée devant le meurtre inutile, insensé de Georges Floyd. Bestialité abjecte, indiscutable, saisie en direct.
Hommage de rang planétaire
A Minneapolis, le policier Chauvin a ouvert le sinistre chapitre dans les annales policières de l’arrestation suivie de meurtre en moins de neuf minutes. Même le pouvoir égalisateur de la Covid-19 n’a pu lui dire que nous étions tous une seule et même humanité.
Avec cette barbarie, il y a désormais un avant et un après George Floyd, devenu, en une semaine, l’icône des victimes du racisme ordinaire et gratuit.
Personne n’attendait que ce crime fût commis par un de ceux qui ont fait serment de protéger les citoyens quelle que soient la couleur de leur peau, la texture de leurs cheveux, leur confession, leur sexe et leur nationalité.
En hommage posthume à Georges Floyd, des hommes d’État, stars de cinéma, écrivains célèbres, vedettes du monde sportif et de la scène musicale se sont mobilisés pour battre le macadam en une symphonie unique, bien au-delà de leurs origines raciales et nationales, leurs langues et leurs idéologies. Tous ont crié leur honte d’être de la même espèce humaine que le bourreau de Minneapolis et ses trois acolytes, complices impavides du supplice d’un être humain mis à terre.
Partout et, hélas, de tout temps, il y a eu des George Floyd mais leur terrible agonie n’avait pas été éclairée, avec une telle exactitude, par les technologies de l’information et de la Communication.
Oui, la même nausée ressentie devant chaque acte où « l’homme est un loup pour l’homme », comme dans le Léviathan de Thomas Hobbes. Les coupables ne sont pas que des policiers au racisme avéré et au professionnalisme douteux.
Au registre de ces moments de honte de l’histoire de l’humanité, il nous faut citer, sans être exhaustif, la traite des Noirs, l’esclavage, l’Apartheid, les guerres de religion, les génocides, les pogroms, les dictatures qui remontent soudain dans notre mauvaise conscience. Deux exemples africains : le bouffon de sinistre mémoire Idi Amin Dada en Ouganda et Jean Bedel Bokassa, le mégalomane comique Empereur de Centrafrique. Ces personnages ubuesques ont tous été déchus en l’an de grâce 1979.
Délinquance politique et économique
Pour autant ces chutes salutaires n’ont pas, loin s’en faut, empêché la corruption de nos valeurs. Sous le vernis de la démocratie, des dirigeants accaparent toujours l’État et ses richesses au profit d’une oligarchie sans foi ni loi. Encore la nausée.
Certains, imposteurs parvenus dans les hautes sphères du pouvoir, rompus à la ruse politique, appuyés par des initiés des arcanes juridiques, entreprennent le tripatouillage des constitutions. D’autres, se présentant comme les défenseurs vertueux des « intérêts supérieurs » de la nation, ont pour sport favori le trucage des élections avec la complicité d’institutions à leur solde.
Ces exemples de délinquance politique, économique et financière commise et favorisée par l’exercice du pouvoir, sont pour le petit peuple l’occasion de vomir sa bile pour pouvoir respirer.
La nausée prend alors la forme de pneus brûlés, de barricades, de biens publics détruits. Excès nés d’une longue résignation qui veut respirer. Les dirigeants doivent y prendre garde : nos pays ne vivent-ils pas menottes aux poignets et genoux sur le cou ? N’assouplissent-ils pas la pression juste le temps de laisser passer le minimum d’air pour éviter un étouffement auquel eux-mêmes n’échapperont pas ?
Quand aurons-nous la nausée en même temps, pour les mêmes raisons et au même endroit, pour desserrer cette étreinte que nous endurons depuis plusieurs siècles ? Quand allons-nous entendre l’alerte pleine de lucidité et d’actualité de Martin Luther King « Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons tous mourir ensemble comme des idiots ».
Une lueur d’espoir que nous observons avec prudence pointe toutefois à l’horizon. A peine son inhumation terminée dans la ville de son enfance à Houston, l’après George Floyd se dessine avec la sensation que le monde entier prend conscience que tous les hommes appartiennent au genre humain. Et aussi cette volonté affichée de s’attaquer au mal à sa racine avec la chasse aux esclavagistes et aux racistes.
Préjuges suprématistes
La mobilisation non raciale, unique par sa taille dans notre histoire contemporaine, cherche à comprendre et à éliminer les préjugés qui ont nourri tant de Chauvin, pullulant dans les cercles politiques et sécuritaires, les milieux religieux, le monde de la finance ainsi que celui de la pensée. Il leur a été seriné, sur des générations, la supériorité de leur race. Ils sont les héritiers malheureux d’une prétendue suprématie au nom de laquelle ils ont arrêté et soumis, exploité et maltraité, condamné et exécuté les autres pour les obliger à accepter et à perpétuer un complexe d’infériorité.
Cette nouvelle guerre pour humaniser l’homme est à saluer. Elle sera gagnée lorsqu’on lira sur les pancartes, non pas « la vie des Noirs compte », (Black Lives matter) mais « toute vie compte » (All lives matter).
Une bataille de longue haleine a commencé. Elle est à la portée de notre intelligence. Engageons la, ici et maintenant, en déboulonnant non pas que les statues en bronze ou en pierre qui encombrent nos avenues mais aussi les statues mentales où sommeille notre bestialité.
« L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET LA FORMATION PROFESSIONNELLE SONT LES PARENTS PAUVRES DU SYSTEME… »
Selon Amar Kane, secrétaire général du syndicat de l’enseignement technique et professionnel du Sénégal (Setps), le secteur ne serait bien portant que dans les discours, mais malade en réalité…
L’enseignement technique et la formation professionnelle sont toujours considérés comme leviers de développement et de la promotion de l’emploi par le gouvernement. Ils demeurent pourtant le parent pauvre du système éducatif sénégalais. Une conviction du secrétaire général du syndicat de l’Enseignement Technique et Professionnel du Sénégal (Etps), Amar Kane d’après qui le secteur de la formation professionnelle, étant spécifique même dans la manière de dérouler et d’évaluer les enseignements-apprentissages, nécessite aujourd’hui une large concertation sur la reprise des cours tant agitée ces derniers jours. Entre l’exploitation des sages-femmes et des infirmiers recrutés comme professeurs dans la fonction publique, les effectifs pléthoriques dans les salles de classe, le manque d’eau et le déficit en matériels adéquats et adaptés, entre autres, le secteur ne serait bien portant que dans les discours, mais malade en réalité, selon les dires de M. Kane qui dit tout, et sans détour dans cet entretien.
L’enseignement professionnel et technique, tout le monde sait que c’est la théorie et la pratique avec parfois un seul outil de travail sur lequel les apprenants se relaient à tour de rôle. y a-t-il des mesures prises allant dans le sens d’éviter la contamination en cas de reprise des cours dans les prochains jours ?
Vous avez souligné une des spécificités de la formation professionnelle et technique. La pratique, et avec les postes de travail insuffisants que les apprenants partagent. Ce qu’il faut reconnaitre à ce niveau, c’est qu’il n’y a pas encore de mesures particulières prises par le gouvernement, en ce qui concerne nos dites spécificités. Mais nous osons espérer que le gouvernement, notre ministre en particulier, le fera. Nous attendons fermement des mesures rassurantes et sommes prêts à accompagner de l’identification, la mise en œuvre, jusqu’à l’évaluation des décisions. Il faut juste préciser que nous combinons théorie et pratique, une raison suffisante qui devrait motiver l’élaboration de deux protocoles (un pour l’enseignement général plus théorique, et un, avec plus d’exigence pour la formation professionnelle). Malheureusement nous sommes tous mis dansle même lot, ce qui est une aberration de la part de la tutelle ou de nos tutelles, puisque nos deux ministères travaillent ensemble. Pour l’heure, rien n’est spécifié par rapport aux travaux pratiques. Les formateurs et apprenants ont été abandonnés à leur sort. Chose que nous fustigeons. Les mesures édictées au sein de l’enseignement général sont celles que notre ministère et les Inspections d’académie (Ia) semblent vouloir nous faire appliquer au sein des structures de l’enseignement technique et de la formation professionnelle (Etfp), ce qui n’est pas en congruence avec nos réalités quotidiennes de la nature radiologique de nos études/apprentissages. Il n’y a aucune mesure prise pour l’enseignement technique, et les seules mesures prises sont pour l’enseignement général. Alors qu’à problèmes différents, solutions différentes.
Y a-t-il assez de produits désinfectants ? Quelles stratégies seront mises en place au niveau interne pour limiter les dégâts ?
Avant de parler de produits, parlons du problème d’eau et du manque de sanitaires dans différentes localités du pays comme à Dakar, à Joal où les robinets ne coulent qu’entre 4 heures et 6 heures du matin. Ce sont les citernes qui viennent distribuer de l’eau. Concernant les produits proprement dits, oui, dans certaines localités, le matériel est suffisant. Mais dans d’autres comme à Kédougou, c’est insuffisant. Il n’y a pas de stratégie pouvant permettre de limiter les dégâts. L’enseignement technique et de la formation professionnelle (Etfp) est le parent pauvre du système, et en plus, les inspections d’académie ne maitrisent pas notre secteur (toujours à l’oubli). Du coup, créer des stratégies internes constituant un réel défi auquel nous devons faire face. Nous disons que le partage des produits disponibles n’est pas équitable. Car, si dans une circonscription administrative, on partage ; à titre d’exemple, la dotation en masque par le nombre d’établissement : certaines écoles, de par leur nombre d’apprenants, n’auront pas de souci à se faire ou en auront moins que les établissements qui drainent beaucoup d’élèves (apprenants) et de formateurs. Si on respecte la décision de départ de trois masques par personnes, on n’aura pas le même nombre dans chaque centre. Alors, par rapport à la suffisance du matériel de prévention dans chaque centre, nous attendons l’évaluation globale de nos relais pour nous prononcer là-dessus. Cependant, on note déjà des manquements dans certains établissements. Tout ce qui a été promis n’est pas sur place. Comme nous vous l’avons dit tantôt, nos établissements sont censés recevoir le même dispositif que ceux de l’enseignement général. Nous avons toutes les raisons de croire à l’insuffisance des produits désinfectants pour limiter les risques surtout pendant les travaux pratiques. Au niveau interne, on peut se réjouir de la présence des camarades spécialisés en Hygiène, Sécurité et Environnement (Hse) qui se sont engagés depuis le début de cette pandémie, et aujourd’hui sont en alerte pour la sensibilisation des acteurs dans les structures mais aussi pour signaler tout manquement à nos relais. Nous répertorions tous les manquements et communiquerons à nos militants et à l’opinion la conduite à tenir.
Dans un post sur votre page Facebook, vous avez proposé que la reprise des cours se fasse au mois de septembre… Etsi vous aviez à schématiser un calendrier des examens et de la prochaine rentrée académique, comment procéder ?
Le secteur de la formation professionnel étant spécifique même dans la manière de dérouler et d’évaluer les enseignements-apprentissages, cela nécessite une large concertation sur la reprise des cours. Deux approches sont toujours en vigueur : la PPO et l’APC et chacune doit faire l’objet d’étude. On doit, avec l’appui des chefs d’établissement et des formateurs, vérifier d’abord les progressions et ce qui nous reste à faire. Dès lors, on pourra planifier efficacement le reste des contenus à dérouler. Juste rappeler que la plupart des établissements n’évoluent pas en terme d’année mais plutôt de programmes avec cette nouvelle approche pédagogique (Apc). On pourrait donc rouvrir les écoles en octobre avec toutes les classes. En mi-chemin, c’est sûr que ceux qui étaient en troisième année et qui devraient faire leurs examens peuvent le faire durant les vacances de décembre. Et les autres classes continueront le déroulement de leurs programmes. En tous cas nous avons toujours considéré qu’il y avait rien qui pressait. Nous vivons une situation inédite, la meilleure stratégie serait de neutraliser tout risque de contamination. Il nous semble que le mois de septembre est le moment idéal. Ainsi, en ce qui concerne l’enseignement professionnel, ceux qui sont dans le système classique (Ppo) auraient septembre, octobre et novembre pour terminer le programme et procéder à la deuxième composition en toute quiétude, et le début du mois de décembre serait consacré à l’examen professionnel. Avec le nouveau système (Apc), le problème d’examen ne se pose pas puisqu’il est régi par un état d’avancement selon un référentiel. La prochaine rentrée serait ainsi fixée au 01er janvier 2021 pour essayer de rattraper la période classique en 2022 ou même 2023. Je rappelle que s’il est vrai que nous sommes un Etat souverain, alors nous avons toute la latitude de définir notre année académique comme bon nous semble.
A défaut de cela, la Direction des Examens et concours professionnels et de certification (Decpc) devra privilégier la certification progressive. C’est là que les chefs d’établissements de chaque structure de formation professionnelle et technique devront communiquer les niveaux de progression. Ainsi cette direction qui gère les examens et concours professionnels et certification choisira les compétences déjà écoulées pour évaluer sur place les apprenants. Pour plus de sérieux, il faut se pencher à la possibilité d’ouvrir les écoles en fin septembre pour deux raisons. Les pluies vont diminuer, et les enfants qui aident leurs parents dans les travaux champêtres seront libres.
Pour boucler cet entretien, comment se porte l’enseignement technique et professionnel au Sénégal ?
Le secteur est bien portant dans les discours, mais malade en réalité. Notre plateforme revendicative l’illustre parfaitement. Dans les discours du chef de l’Etat, la formation professionnelle est souvent citée comme un pilier du développement de notre pays, mais la réalité est tout autre. Nos établissements subissent, ces dernières années, des réductions de la subvention étatique qui n’assurait même pas la moitié du budget des établissements. En sus, comme tous les enseignants, nous faisons face aux lenteurs administratives qui plombent nos carrières. Il faut ajouter le problème spécifique des sages-femmes et infirmiers qui, après plus de 10 ans dans la fonction enseignante ne voient pas encore le bout du tunnel, et sont désespérés. Des sages-femmes et infirmiers sont recrutés comme professeurs, mais ils n’ont aucune perspective de carrière. Je propose de mettre en place un dispositif de formation diplômante avec l’Ensept et revaloriser le métier de la santé communautaire. Sur le plan institutionnel, notre ministre devrait être plus regardant par rapport aux chiffres qu’on lui communique afin de pouvoir mieux planifier. Dans l’enseignement technique, on peut résumer les problèmes en trois points essentiels. Il y a d’abord le problème de nombre. Car dans les centres, les professeurs des matières transversales sont obligés de faire des troncs communs, c’est-à-dire de regrouper plusieurs filières. Malheureusement dans beaucoup d’établissements, il n’y a pas de grandes salles.
Conséquences, les regrouper reste l’unique solution. Il y a ensuite le problème du manque de matériel, et c’est plus grave que le premier problème cité car un outil est partagé entre plusieurs apprenants. D’où un réel risque de propagation du virus. Il y a enfin un autre problème non négligeable. C’est que le respect de la distanciation physique est impossible dans certaines filières comme la coiffure. Il en est ainsi pour le bâtiment en ce sens que pour faire des briques, il faut deux personnes pour tenir le moule. Donc la distance entre les deux apprenants ne peut dépasser 50 centimètres.