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2 octobre 2025
L’OPPOSITION RENVOIE LA PATATE CHAUDE AUX AUTRES POLES
Il n’est pas question pour l’opposition, du moins celle présente dans la commission cellulaire du dialogue politique, de se prononcer sur le statut de l’opposition et de son chef.
Il n’est pas question pour l’opposition, du moins celle présente dans la commission cellulaire du dialogue politique, de se prononcer sur le statut de l’opposition et de son chef, encore moins de siéger dans la commission technique indépendante chargée d’étudier la question. C’est du moins ce qui ressort de la dernière rencontre consacrée au dialogue politique, lors de laquelle certaines questions ont été reportées jusqu’à la fin des travaux d’audit du fichier électoral et l’évaluation du processus électoral.
La question du statut de l’opposition et de son chef semble diviser profondément les adversaires politiques du président Macky Sall. Cela, les représentants du pôle de l’opposition au niveau de la commission cellulaire du dialogue politique semblent l’avoir bien compris. Pour cause, ils ont donné leur langue au chat sur cette question discutée au sein de la commission dirigée par le Général Mamadou Niang.
En effet, lors de la dernière session dudit dialogue tenue hier, vendredi 18 septembre, les plénipotentiaires de l’opposition ont tout bonnement refusé de donner leurs avis sur la question. Mieux, Déthié Fall et ses camarades n’ont pas souhaité siéger dans la commission technique indépendante, avec des experts indépendants, qui doit être mise sur pied pour réfléchir et faire des propositions sur cet aspect ô combien sensible pour l’opposition. C’est du moins l’une des recommandations faite par les dialogueurs à l’endroit de l’autorité, nous renseigne Babacar Ndir, vice-coordonnateur des non-alignés à ce dialogue politique.
En réalité, cette question parait commencer à faire ses effets négatifs, avec notamment une guerre larvée entre d’une part, ceux qui sont favorables à Idrissa Seck, sorti deuxième à la dernière présidentielle, contre d’autre part, ceux qui sont pour le chef de l’opposition parlementaire, en la personne de Me Wade. Pour éviter de creuser les distorsions en leur sein, ils ont tout bonnement préféré filer la patate chaude à leurs camarades de la majorité, des non-alignés et de la société civile.
A noter que, lors de la reprise, après l’arrêt forcé par la pandémie de la Covid-19, les acteurs avaient discuté sur la suppléance au poste de Maire et de Président du conseil départemental, du cumul des postes de chef de parti ou de coalition et chef d’Etat, des autorités en charge des élections. Sur les désaccords, Babacar Ndir indique que seul le point relatif au cumul du chef de parti ou de coalition et chef de l’Etat a fait l’objet d’un désaccord. Il a été retenu que les adjoints maires, les vice-présidents de conseil départementales seront élus par les conseils.
DES POINTS RENVOYES APRES L’AUDIT DU FICHIER ELECTORAL
Les points non encore discutés à la date de la suspension des travaux sont, entre autres, relatifs à la démocratie, liberté et droit dans lesquels sont compris le statut de l’opposition et de son chef, les réformes institutionnelles des organes de gestion des élections, de la mise en place d’un cadre permanent de suivi du processus électoral, de la rationalisation du calendrier républicain. Le dernier point était de discuter sur l’institutionnalisation du dialogue et de la médiation politique. Sur ces points, M. Ndir nous informe que les acteurs sont tombés d’accord sur le maintien du statu quo sur la vacance et la suppléance du poste de maire ou du représentant du Président du conseil départemental.
Un consensus a été trouvé pour discuter de tous ces aspects après le traitement des objectifs spécifiques sur l’audit du fichier électoral et de l’évaluation du processus électoral. Le plénipotentiaire des non-alignés s’est, par ailleurs, félicité de la tenue des concertations autour du processus électoral. Pour Babacar Ndir, «vu les conclusions auxquelles nous sommes parvenus, il y a eu moins de désaccords que d’accords». Après le rapport spécial produit et remis au chef de l’Etat, un rapport d’étape sera produit en attendant le rapport final, qui sera produit après les discussions sur les points suspendus pour après l’audit du fichier électoral et l’évaluation du processus électoral.
LA FIFA ASSOUPLIT LES REGLES, «L'AMENDEMENT MUNIR» VOTE
Le Congrès de la FIFA a voté hier, vendredi 18 septembre, un amendement assouplissant les conditions de changement de nationalité sportive pour les joueurs binationaux.
Le Congrès de la FIFA a voté hier, vendredi 18 septembre, un amendement assouplissant les conditions de changement de nationalité sportive pour les joueurs binationaux.
Révolution en vue pour les joueurs binationaux ? Réuni vendredi en vidéoconférence, le 70eme Congrès de la FIFA a en tout cas assoupli son règlement en la matière. Selon l'amendement voté ce jour, une sélection avec l'équipe A d'un pays donné ne sera plus forcément un obstacle à une sélection avec celle d'un autre pays.
Afin d'éviter qu'un joueur soit "bloqué" après un simple match, comme ce pouvait être le cas jusqu'alors, un changement de nationalité sportive deviendrait possible pour les seniors, à quatre conditions : avoir joué moins de trois matchs avec sa première sélection ; être âgé de moins de 21 ans lors de ces premières apparitions internationales ; ne plus avoir été appelé en sélection depuis au moins trois ans ; ne pas avoir disputé de phase finale d’une Coupe du monde ou d’un tournoi continental (Euro, CAN, etc.) avec la sélection en question.
LE LONG COMBAT DE MUNIR EL HADDADI
Voilà qui va venir bouleverser la donne pour de nombreux joueurs binationaux, d'Afrique ou d'ailleurs. Porté par le président de la Fédération marocaine de football, cet amendement devrait ouvrir de nouvelles perspectives aux Lions de l'Atlas. On pense évidemment en premier lieu à Munir El Haddadi, qui pourrait donner son nom à cet amendement du règlement.
Appelé à une reprise par l'Espagne en 2014 pour 13 petites minutes de jeu, l'ailier formé au FC Barcelone avait depuis introduit divers recours afin de pouvoir porter les couleurs des Lions de l'Atlas. Sans succès. Jusqu'à ce que la FIF réexamine son règlement, à la lumière notamment de son cas.
LANSANA GAGNY SAKHO ACCUSE SENGHOR DIOUF ET WADE
"Si les anciens régimes avaient fait ce qu'ils devaient faire, nous n'en serons pas là". C’est ce qu’a déclaré hier, vendredi 18 septembre, le Directeur Général de l'ONAS à propos des inondations
"Si les anciens régimes avaient fait ce qu'ils devaient faire, nous n'en serons pas là". C’est ce qu’a déclaré hier, vendredi 18 septembre, le Directeur Général de l'ONAS, Lansana Gagny Sakho.
L es jours passent, les autorités enchainent des déclarations, les unes plus loufoques que les autres. Si le Chef de l’Etat, Macky Sall fait dans la résignation en soutenant que le «président ne peut pas arrêter le ciel», le directeur général de l’Onas, lui, a trouvé les coupables du calvaire des sinistrés.
Lansana Gagny Sakho a fait porter le chapeau aux régimes précédents des anciens présidents Lépold Sédar Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. "Si les anciens régimes avaient fait ce qu'ils devaient faire, nous n'en serons pas là", a-t-il soutenu hier, vendredi 18 septembre, à City Business, au cours d’un débat de l’école du parti (APR), dont le thème a porté sur «l'Assainissement et de la Résilience des inondations».
Rappelons que le début des années 2000, on a assisté à des inondations massives, même si le plan Orsec remonte en 1993. Les autoroutes étaient impraticables, les écoles étaient devenues des centres pour les sinistrés.
Et pour le Directeur de l'ONAS, ce qui est arrivé, est le fruit d'un manque d'investissement depuis 1960 jusqu'en 2012. C'est dans cette optique, soutient-il, que le Président Macky Sall a proposé le plan décennal. Il assène : "On est dans une démarche de rattrapage et au moins, la volonté politique existe". Par ailleurs, il soutient qu’en 2020, le Sénégal est devenu une référence dans l'assainissement pour les eaux usées. M. Sakho affirme que le Sénégal montre même la voie pour des pays comme la Côte d'Ivoire, le Gabon et le Burkina Faso, en citant «d'énormes progrès sur le domaine du drainage des eaux usées, notamment à Touba, Kaffrine et Tamba» qui sont des «preuves palpables de cette amélioration», selon lui.
Lansana Gagny Sakho d’ajouter : "des zones telles que HLM Rufisque, Sédhiou, Kaffrine n'ont pas connu des inondations. Le gouvernement a tout mis en œuvre pour régler ces problèmes mais les catastrophes naturelles sont imprévisibles et les responsables politiques feront de leur mieux pour assurer un bon assainissement au Sénégal".
En outre, Lansana Gagny Sakho a rassuré la population sur la continuité du plan décennal avec Kaolack et Keur Massar comme priorité. Et de confier que cela se fera en trois phases: une étude de terrain, une restructuration du territoire et l'achat et l'application des ouvrages avec une intention d'investissement de 676 milliards de F Cfa. "Le Président Macky Sall compte mettre en place un conseil interministériel pour optimiser les maigres ressources du pays et essayer de trouver des solutions adaptées", a-t-il indiqué. Avant de lancer, "on est sur la bonne voie. D'ici 2 ans, on verra le bout du tunnel. Le plan décennal n'est pas encore terminé".
LE JEU TROUBLE DE MALICK SALL
Pour ce qui est de la convocation du président de UMS, Souleymane Téliko, devant les inspecteurs de l’Inspection générale de l’administration générale de la Justice (Igaj), le ministère de la Justice n’a pas eu une démarche cohérente
Le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Me Malick Sall, a déclaré avant-hier, jeudi 17 septembre, qu’il n’était pour rien dans la convocation du président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums), Souleymane Téliko par l’Inspection générale de l’administration de la Justice (Igaj). Mais, un communiqué envoyé hier, vendredi 18 septembre à la presse, par ses services révèle une démarche incohérente qui tranche d’avec sa déclaration.
Pour ce qui est de la convocation du président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums), Souleymane Téliko, devant les inspecteurs de l’Inspection générale de l’administration générale de la Justice (Igaj), le ministère de la Justice n’a pas eu une démarche cohérente.
En effet, Me Malick Sall, lui-même, répondant aux questions des journalistes au sortir de sa rencontre avec le Comité de suivi du fonds «Force Covid-19» avant-hier, jeudi 17 septembre, a indiqué qu’il n’a rien à voir avec cette convocation. «D’aucuns peuvent dire ce qu’ils veulent, mais ce qui est certain, c’est que je ne vais pas me prononcer dans cette affaire. C’est une affaire des juges et le Garde des Sceaux n’a rien à voir là-dessus», a-t-il dit.
Cette thèse est bien possible d’autant plus que l’Igaj, dans ses prérogatives, peut convoquer un magistrat qui aurait enfreint aux règles d’éthique et de déontologique de la profession. «Dans le cadre de leurs missions, l’Inspecteur général, son adjoint et les inspecteurs de l’Administration de la Justice peuvent convoquer et entendre toute personne, y compris tout magistrat, tout officier ministériel, tout auxiliaire de justice et tout agent du personnel de justice, et se faire communiquer tout document», selon l’article 7 de la loi 98- 23 du 26 mars 1998 instituant l’Inspection générale de l’administration de la justice». C’est dire donc, que la convocation n’est pas restreinte aux magistrats.
Cependant ce qui est troublant, avec la position du ministre de la Justice, dans cette affaire, est qu’hier, vendredi 18 septembre, un communiqué reçu de son département annonce la saisine du Conseil supérieur de la magistrature (Csm), dont Me Malick Sall est le vice-président et le président Macky Sall assure la présidence de cette structure qui gère la carrière des magistrats. «Le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, dans sa volonté de faire respecter les règles éthiques et déontologiques édictées par la loi organique n°2017-10 du 17 janvier 2017 portant Statut des magistrats, informe que tous les manquements imputés à des magistrats et portés à sa connaissance ont donné lieu à une saisine du Conseil supérieur de la magistrature (Csm), statuant en formation disciplinaire, après une enquête diligentée par l'Inspection générale de l'administration de la Justice (Igaj)».
A cet égard, il tient à préciser, ajoute le document, «que depuis avril 2019, date de sa prise de fonction, tous les rapports de l'Igaj ayant révélé des manquements ont été transmis par ses soins aux autorités judiciaires compétentes en vue d'un traitement approprié. Il rappelle également que cette règle sera appliquée sans discrimination aucune à tous les magistrats contre qui des fautes disciplinaires auront été relevées».
Aussi, force est de noter que les juges de l’Igaj dont le ministre dit qu’ils sont les initiateurs de la convocation de Souleymane Téliko, dépendent d’une Direction rattachée au ministère de la Justice. Mieux, ses membres prennent part aux activités de ce département. Le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, en tant que vice-président du Conseil supérieur de la magistrature (Csm), est la deuxième personnalité de ce Conseil, après le président de la République.
De même ce sont les services de Me Malick Sall qui ont exposé à la place publique le différend entre les magistrats Ousmane Kane, Premier président de la Cour d’Appel de Kaolack, et Yaya Amadou Dia, en publiant les correspondances sur l’accusation et la contre accusation des deux juges. Ce, après avoir diffusé, dans un premier temps, la lettre de démission (pourtant destinée à l’interne) du magistrat Ousmane Kane de l’Ums. De là à considérer cette attitude comme une sorte de réponse ou une tentative de noyer la polémique née de l’affectation jugée «inappropriée» du juge Ngor Diop, ancien président du Tribunal d’instance de Podor, à la Cour d’Appel de Thiès comme conseiller, il n’y a qu’un pas que des observateurs avertis n’ont pas hésité à franchir. C
ar l’Ums avait dénoncé la procédure de mutation, via la consultation à domicile, de Ngor Diop, tout en se réservant le droit de saisir la Cour Suprême pour obtenir la cassation de cette décision ministérielle prise pour, dit-on, «sanctionner» un juge qui a condamné un dignitaire religieux reconnu coupable des faits qui lui ont été reprochés, malgré les pressions.
En conférence de presse hier, les membres du comité d’Initiative pour l’érection du Mémorial-Musée Le Joola ont fait le point sur les activités prévues pour la commémoration du 18e anniversaire du naufrage du bateau
En conférence de presse hier, les membres du comité d’Initiative pour l’érection du Mémorial-Musée Le Joola ont fait le point sur les activités prévues pour la commémoration du 18e anniversaire du naufrage du bateau Le Joola. S’accrochant toujours à leurs revendications relatives à l’érection d’un musée à Dakar et à Ziguinchor, la lumière sur ce drame maritime qui a fait officiellement 1 863 victimes. Ils ont aussi demandé à l’Etat de définir une nouvelle stratégie pour accompagner les orphelins du naufrage jusqu’à ce qu’ils puissent se prendre en charge.
26 septembre 2002. Une date dont se souviendront les Sénégalais jusqu’à leur dernier souffle. Dix-huit ans après cette tragédie, beaucoup de familles des victimes et les rescapés ont toujours le sentiment que ce drame relève de la responsabilité de l’Etat. Alors qu’ils courent derrière un procès et la satisfaction de leurs revendications depuis 18 ans, une autre question est venue s’ajouter à leurs listes de doléances. C’est celle des orphelins du bateau Le Joola déclarés pupilles de la nation qui ont tous déjà atteint l’âge de la majorité cette année, ou même l’ont déjà dépassé. C’est pourquoi le Comité d’Initiative pour l’érection du Mémorial-Musée Le Joola qui tire la sonnette d’alarme a fait savoir qu’en 2021, il ne va plus y avoir de pupilles de la nation relatives à ce drame. « Les pupilles du Joola sont toujours prises en charge mais ne sont pas les seules à être prises en compte. L’agence a intégré les enfants des militaires qui sont tombés à la bataille. D’ici 2021, il n’y aura plus de pupille du Joola, les dernières pupilles auront 18 ans d’ici la fin de l’année », soutient Martine Kourouma qui déclare n’avoir pas été prise en compte par l’Office National des Pupilles de la Nation. Par ailleurs, selon Samsidine Aïdara, sur les 1 900 recensés, il n’y a que 720 qui ont pu bénéficier de la prise en charge de l’Office. Et parmi ces 720, beaucoup, ajoute-t-il, ont été rapidement majeures. «Certains en ont pu bénéficier pendant quelques mois.
En tout cas, cette prise en charge a rapidement cessé. Il n’y a qu’une minorité qui a été prise en charge», renseigne M. Aïdara. Considérant que la responsabilité de l’Etat dans le naufrage du bateau Le Joola est évidente, le Comité d’Initiative pour l’érection du Mémorial-Musée Le Joola exige de l’Etat du Sénégal qu’il continue de les prendre en charge jusqu’à ce qu’ils puissent voler de leurs propres ailes. D’après eux, l’Etat a le devoir de se substituer aux parents qu’ils ont perdus dans le naufrage. « Nous exigeons aussi que ceux qui n’ont pas encore bénéficié de cette prise en charge soient comptabilisés. C’est un droit que l’Etat doit leur accorder. Ces orphelins devraient bénéficier de l’accompagnement de l’Etat tant du côté social qu’éducatif », plaident-ils. Car, d’après Samsidine Aïdara, les textes ont été clairs. Donc, pour lui, l’Etat ne devrait pas attendre que les orphelins viennent vers lui parce que la loi de 2006 a précisé le caractère rétroactif de ce décret. De ce fait, il appelle à l’application des textes comme cela est prévu par la loi. « Il est vrai que l’Office prend en compte les pupilles mais ce n’est pas à elle de déclarer que telle ou telle personne est pupille de la nation. C’est l’Etat qui doit régler cette question », remarque le membre du Comité d’Initiative pour l’érection d’un Mémorial-Musée qui ajoute qu’il n’est pas intéressé par la réforme de l’Office National des Pupilles de la Nation. Et enfin, le comité réclame toujours justice, le respect de la mémoire des victimes, l’érection d’un musée à Dakar, le renflouement du bateau Le Joola, et le devoir de mémoire de consacrer le 26 septembre comme Journée du souvenir des victimes du Joola, entre autres doléances.
ACTIVITES PREVUES CETTE ANNNEE
Pour le dix-huitième anniversaire du naufrage du bateau Le Joola, le Comité d’Initiative pour l’érection d’un Mémorial-Musée, qui regroupe plusieurs associations sénégalaises et françaises de familles de victimes et des membres de la société civile sénégalaise, ne va pas organiser des rassemblements ni à Dakar et à Ziguinchor. Le Coronavirus est passé par là. C’est pour cela qu’il appelle toute la nation à observer sur toute l’étendue du territoire une minute de silence et de prières pour rendre hommage aux victimes du naufrage dont des centaines de corps restent toujours engloutis dans ce bateau. Sur le thème : « Le comportement citoyen toujours en question, 18 ans après », le collectif veut interpeller tout individu, notamment le Sénégal sur sa responsabilité en tant que nation. Ils ont prévu également de diffuser un programme spécial sur leur site.
TELIKO ENTENDU SUR SES DECLARATIONS DANS L’AFFAIRE KHALIFA SALL
C’est un patron de l'UMS d’attaque, prêt à l’offensive contre la chancellerie, qui est ressorti hier de son audition devant l’Inspection Générale de l’Administration de la Justice (Igaj)
C’est un Souleymane Teliko d’attaque, prêt à l’offensive contre la chancellerie, qui est ressorti hier de son audition devant l’Inspection Générale de l’Administration de la Justice (Igaj). Face aux inspecteurs de l’Igaj qui l’ont accusé de violation d’obligation de réserve et de jeter le discrédit sur les juges en soutenant que les droits de Khalifa Sall ont été violés, le président de l’Union des Magistrats de Sénégal (Ums) a plaidé non coupable. Niant formellement ces accusations, il a jugé ridicule sa convocation avant de dénoncer une tentative de déstabilisation et d’intimidation de la part du garde des Sceaux.
« L’As » l’avait annoncé en exclusivité, Souleymane Téliko a été entendu sur les propos qu’il a tenus sur I radio à propos du procès de Khalifa Sall du nom de l’ancien maire de Dakar condamné dans le cadre du dossier dit Caisse d’avance de la mairie de Dakar. Sur saisine du ministre de la Justice Me Malick Sall, les inspecteurs de l’Igaj ont auditionné hier pendant trois tours d’horloge le juge Souleymane Teliko. Assisté de ses deux conseils Mes Ciré Clédor Ly et de Demba Ciré Bathily, le président de l’Ums a été interrogé sur ses propos selon lesquels les droits de Khalifa Sall ont été violés lors de son procès dans le cadre de la caisse d’avance de la Mairie de Dakar. En effet, les «enquêteurs» de l’Igaj lui reprochent, à travers cette déclaration, d’avoir violé son obligation de réserve et jeté le discrédit sur les juges. Des accusations que le juge Téliko a battues en brèche en s’appuyant sur quelques arguments. Sur le premier point, il estime qu’on ne peut pas invoquer la notion d’obligation de réserve étant entendu que l’affaire Khalifa Sall relève désormais du domaine de l’autorité de la chose jugée. Autrement dit, ce dossier a été définitivement jugé. «Le ministre de la Justice sait pertinemment que je n’ai pas violé notre statut, il veut juste me chercher la petite bête. Dès l’instant que l’affaire est définitivement jugée, rien ne m’interdit d’en parler», commente au téléphone le patron de l’Ums avant d’ajouter : «Lorsque le dossier était en cours, je refusais d’en parler à chaque fois qu’on m’interrogeait».
«J’AI ETE CONVOQUE POUR DES BROUTILLES»
A ceux qui l’accusent par ailleurs de jeter le discrédit sur la justice et par ricochet de porter atteinte à l’honorabilité des magistrats, le juge Souleymane Téliko demande de faire le distinguo entre l’avis technique qu’on fait d’une affaire et le jugement de valeur sur une personne. «En partageant la décision de la Cour de justice de la Cedeao qui estime que les droits de Khalifa Sall ont été violés lors du procès, j’émets un avis technique et pose un débat scientifique sur une affaire. Il ne faut pas être dans le déni, il faut accepter de poser le débat scientifique. On ne peut pas me reprocher d’avoir porté atteinte à l’honorabilité des juges, car je ne fais aucun jugement de valeur sur un quelconque magistrat. Je me l’interdis d’ailleurs», soutient le président de l’Ums qui considère qu’on l’a convoqué pour des broutilles. Après avoir jugé ridicule sa convocation, il trouve particulièrement troublant le timing de la saisine de l’Igaj par le garde des Sceaux, Me Malick Sall.
A l’en croire, la saisine a coïncidé avec l’affaire Ngor Diop, du nom de celui qui était le président du Tribunal d’instance de Podor avant d’être muté à Thiès. «Depuis l’affaire Ngor Diop, le juge de Podor qui a été affecté de manière abusive, les magistrats ont décrypté les signes d’une stratégie de déstabilisation de l’Ums», dénonce Souleymane Téliko qui entrevoit dans sa convocation une tentative de déstabilisation et d’intimidation de la part de la Chancellerie. «Mais, cela ne passera pas. Cette déstabilisation est vouée à l’échec, car l’Ums en est insensible», martèle-t-il. Et de rappeler par ailleurs au garde des Sceaux que sa mission consiste à mettre en œuvre la politique du gouvernement dans le domaine de la justice. «Il ne doit pas s’immiscer dans le fonctionnement d’une association», dit-il. L’un de ses conseils, Me Ciré Clédor Ly, s’insurge contre la tentative d’intimidation dont font l’objet les magistrats de la part des autorités politiques. Pour Me Ly, «convoquer le président de l’Ums signifie s’attaquer à tous les magistrats».
SEYDI GASSAMA : «LES MAGISTRATS DOIVENT AVOIR UN SYNDICAT COMME EN FRANCE»
Le président de l’Amnesty International, Seydi Gassama suggère aux magistrats de disposer d’un syndicat comme c’est le cas en France. «Les magistrats doivent avoir un syndicat, car même en France les juges en ont. Ils doivent être au diapason», dit-il. Selon Seydi Gassama, le juge Téliko a le droit de se prononcer sur ce qui se passe au sein de la magistrature. «On sait bel et bien que c’est le ministre la Justice qui est derrière cette convocation. C’est le pouvoir qui manipule pour faire pression afin que l’Ums fasse profil-bas par rapport à tous ces questions comme notamment l’affaire Ngor Diop et le dossier de Khalifa Sall», souligne le sieur Gassama.
36% DES CHEFS DE MÉNAGES ONT ARRÊTÉ DE TRAVAILLER ET 4% ONT CHANGÉ D’EMPLOI
Les ménages sénégalais ont subi de plein fouet les impacts de la pandémie de covid-19, notamment en perdant leurs emplois selon l’enquête téléphonique à haute fréquence (HFS) sur un échantillon de 1 220 ménages du 03 juin au 19 juillet 2020
L’enquête sur l’impact de la covid-19 sur le bien-être des ménages révèle que 36% des chefs de ménages ont arrêté de travailler et 4% ont changé d’emploi. En outre, 85% des ménages ont subi une baisse de leurs revenus et le quart des ménages qui ont eu besoin de soins médicaux n’y ont pas eu accès, faute d'argent. Le rapport souligne, cependant, que les travailleurs de l’agriculture semblent beaucoup plus épargnés.
Les ménages sénégalais ont subi de plein fouet les impacts de la pandémie de covid-19, notamment en perdant leurs emplois. Les résultats de l’enquête téléphonique à haute fréquence (HFS) sur un échantillon de 1.220 ménages du 03 juin au 19 juillet 2020 sont effarants. Ce rapport de l’Agence Nationale des Statistiques et de Démographie (Ansd) en collaboration avec la Direction générale de la Planification et des Politiques Économiques (DGPPE) et a Banque mondiale révèle que la majorité des ménages a été impactée par la pandémie de la covid-19 depuis mars 2020. En effet, parmi les chefs de ménages qui avaient un emploi avant la crise sanitaire, 60% ont conservé le même emploi, 4% ont changé d’emploi et 36% ont arrêté de travailler dont 30%pour des motifs liés à la covid-19. «Les chefs de ménage travaillant dans les services, dans le commerce, dans l’administration publique, dans les transports et les communications, dans les mines et carrières sont particulièrement touchés par la crise de la covid-19», révèle l’enquête.
D’après les résultats de l’étude, les travailleurs de l’agriculture semblent beaucoup plus épargnés que leurs pairs. Outre la perte d’emploi, beaucoup de Sénégalais ont vu leurs revenus baisser depuis l’avènement de la pandémie. «85% des ménages affirment subir une baisse de leurs revenus, les revenus qui se contractent le plus étant le revenu des entreprises familiales non agricole et les transferts privés à l’endroit des ménages», rapportent les enquêteurs. La covid-19 a également privé de nombreux Sénégalais de l’accès aux services de base. Il ressort des statistiques que six ménages sur dix ont essayé de s’approvisionner en produits alimentaires sans le pouvoir. Aussi un quart (1/4) des ménages qui ont eu besoin de soins médicaux n’y ont pas eu accès, faute d'argent. Pour ce qui est de l’apprentissage des enfants souligne-t-on, «69% (resp. 62%) des enfants scolarisés en milieu urbain (resp. rural) pratiquent au moins une activité éducative à la maison depuis la fermeture des structures scolaires. 27% (resp. 17%) des enfants scolarisés en milieu urbain (resp. rural) sont en contact avec les enseignants».
PRES DE 08 MÉNAGES SUR 10 PERÇOIVENT UNE ÉVOLUTION NÉGATIVE DE LEUR BIEN-ETRE DEPUIS L’ARRIVÉE DE LA COVID-19
Les enquêteurs se sont aussi intéressés à la perception de bienêtre etla satisfaction vis à vis des mesures économiques et sécuritaires prises par le gouvernement. «Près de 08 ménages sur 10 perçoivent une évolution négative de leur bien-être depuis l’arrivée de la covid-19; néanmoins environ trois cinquième (3/5) des ménages sont optimistes que la situation va s'améliorer d'ici 12 mois», lit-on dans le document. Pourtant, une large majorité des ménages apprécient les mesures économiques et sociales édictées par le gouvernement en riposte à la covid-19. Les mesures de soutien aux entreprises et de protection de l’emploi semblent cependant être les moins appréciées. Les ménages sont globalement satisfaits, par ailleurs, des mesures préventives prises vis-à-vis de la covid-19. Seulement la fermeture des marchés reste la moins appréciée. «La quasi-totalité des chefs de ménages (99.8%), à la fois connaissent et appliquent au moins un geste barrière contre la covid-19. Cet engouement que reflètent les chiffres illustrerait cependant le début de la crise de la covid-19. La situation actuelle relate plutôt une période de relâchement vis-à-vis des gestes barrières», mentionnent les enquêteurs dans le premier numéro du bulletin sur l’impact de la covid-19 sur le bien-être des ménages.
Par Mamadou Diop DECROIX
QUELLE LECTURE DE LA SITUATION SOCIOPOLITIQUE DANS LA SOUS-REGION ?
Le Mali, la crise en Afrique de l’ouest, les mandats présidentiels, les élections frauduleuses, le déficit de libertés, la justice aux ordres tout comme les manipulations constitutionnelles relèvent tous de la même origine : le système postcolonial
Les élections frauduleuses, le déficit de libertés, la justice aux ordres tout comme les manipulations constitutionnelles relèvent tous de la même origine : le système postcolonial en vigueur depuis l’avènement des « indépendances » en 1960. Nous nous efforcerons, dans les lignes qui suivent, de soumettre notre approche pour une relance concertée de la lutte pour la libération et l’émancipation des peuples d’Afrique, pour mettre fin aux stratégies occidentales de prédation.
Manifestement, les forces qui dominent et pillent l’Afrique et celles qui se battent pour sa libération et son émancipation ne parlent pas de la même Afrique. Les appareils idéologiques dominants de l’Occident ont toujours joué un rôle essentiel dans le formatage des consciences en Afrique. Des officines puissantes, dotées de moyens conséquents avec des experts à la pointe de leur domaine de connaissances y travaillent tous les jours sans désemparer.
Les conséquences de cette stratégie dans nos esprits et nos formes de consciences sont d’une profondeur insondable. Noam Chomsky, linguiste, philosophe, politologue américain de renommée mondiale et enseignant au Massachussetts Institute of Technology (MIT), l’une des plus prestigieuses écoles des Etats-Unis d’Amérique, a produit une réflexion pénétrante sur la manipulation des consciences qu’il intitule : « les 10 stratégies de manipulation de masses». https://nospensees.fr/les-10- strategies-de-manipulation-demasse-selon-noam-chomsky/ Il s’explique ainsi : « Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie etla psychologie appliquée, le « système » est parvenu à une connaissance avancée de l'être humain, à la fois physiquement et psychologiquement.
Le système [nous soulignons] en est arrivé à mieux connaître l'individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes. Pourquoi croyez-vous que les grands politiques utilisent et payent largement des instituts importants des sciences humaines ou des grandes sociétés de publicité » ? Fin de citation.
Ce mécanisme fonctionne merveilleusement bien en Afrique où les « élites » s’entre-déchirent, entrainant dans leur sillage des franges importantes de la population, autour des notions de constitution, de lois, de république, de mandats présidentiels, d’état de droit etc. Or ces notions n’ont pas grande signification pour ces populations qui résument le tout dans leurs propres notions comme celles de "buur" (le roi) et de "ngur"(la royauté). C’est pourquoi lorsqu’on nous dit que la loi est là pour tous et que la constitution protège et promeut les droits et libertés de tous, nous répondons qu’il n’en est rien.
Dans toute société, la loi n’a jamais été rien d’autre que la codification d’un rapport de forces entre classes et groupes sociaux à l’intérieur de cette société, à une période donnée de son histoire. La loi est toujours au service de ceux d’en haut au détriment de ceux d’en bas. Si ceux qui exercent le pouvoir sont au service du plus grand nombre, alors les lois serviront le peuple. Dans le cas contraire, les lois serviront la minorité au détriment du peuple.
Hitler, arrivé au pouvoir par des voies démocratiques, a réussi à imposer une dictature fasciste et à embraser le monde grâce à un corpus juridique et un puissant appareil idéologique répondant à un besoin d’embrigadement de la jeunesse allemande autour d’objectifs aux antipodes des intérêts fondamentaux de celle-ci et de ceux du peuple allemand dans sa globalité. Plus près de nous, le régime d’apartheid en Afrique du Sud avait également élaboré ses lois qui établissaient la séparation des races. Ces lois ont permis, entre autres ignominies, de déposséder les noirs pourtant majoritaires dans le pays de leurs terres. Elles ont permis de parquer les noirs dans des réserves, les transformant ainsi en étrangers sur leurs propres terres, celles de leurs ancêtres.
Lorsque Nelson Mandela et les autres Walter Sisulu, Oliver Tambo, Govan Mbeki, Robert Sobukwe, SteveBiko … se sont rebellés contre ces lois, ils ont été arrêtés au nom des lois en vigueur, torturés, condamnés et envoyés croupir des décennies durant dans les geôles du système ou simplement assassinés.
Dans les anciennes colonies françaises d’Afrique (hormis la Guinée qui avait voté ‘NON’ au référendum Gaullien de 1958), ont été implémentées, en 1960, des avatars de la constitution de la Vème république en France, qui y consacraient des monarques républicains, tout puissants vis-à-vis du peuple, mais très accommodants pour la métropole. Ces constitutions et ces lois sont ignorées de 80% des populations auxquelles elles s’appliquent parce que libellées dans une langue qu’elles ne parlent ni ne comprennent. Elles auraient dû être, à tout le moins, rendues dans nos langues maternelles et largement vulgarisées par les tenants du pouvoir postcolonial si l’objectif était réellement inclusif. Ce silence à lui tout seul illustre à suffisance l’exclusion délibérée et planifiée des populations de tout processus qui se met en place. Aujourd’hui, après 60 années « d’indépendance » nous avons 150 millions d’africains dans l’espace francophone africain, qui sont gouvernés par des constitutions et des lois dont ils ne savent rien.
L’Afrique est le seul continent où on vous attrait devant la barre, vous juge, vous condamne et vous envoie en prison dans une langue que vous ne comprenez pas. Chez nous au Sénégal, alors qu’un pluralisme politique vivant était en vigueur à l’époque coloniale, le pays bascula au bout de cinq ans seulement après les indépendances dans l’ère du parti unique et de la répression féroce de l’opposition.
Mais l’explosion socio-politique de Mai 68 et la poursuite des mouvements de contestation du système postcolonial ont fortement secoué les milieux économiques français et fait évoluer le rapport de forces en faveur des secteurs démocratiques au cours de la décennie 70.
Le Président Senghor fut obligé de lâcher du lest en autorisant l’existence de trois puis quatre partis politiques à travers la loi des courants politiques. D’ailleurs, le maintien de la pression des forces démocratiques a fini par entraîner le départ de Senghor le 1er janvier 1981 et l’avènement d’Abdou Diouf qui institua, quelques mois plus tard, le multipartisme intégral. L’on voit ici que lorsque le rapport de force évolue en faveur des revendications démocratiques, la loi aussi évolue pour s’ajuster au nouveau rapport de forces.
Ces rappels illustrent parfaitement cette vérité de base selon laquelle, pour l’essentiel, les constitutions et les lois qui nous gouvernent depuis les « indépendances » ont pour vocation la protection des intérêts étrangers et ceux de leurs représentants locaux et non ceux des peuples auxquels elles s’appliquent. Pourquoi dans nos prisons croupissent des jeunes gens reconnus coupables de vente de quelques cornets de chanvre indien tandis que ceux, épinglés pour trafic de drogue dur portant sur des dizaines ou des centaines de milliards CFA en sont extraits pour aller vaquer librement à leurs occupations ?
Si la loi n’était pas en faveur de la minorité, des centaines de milliers d’ha à travers tout le pays auraient ils été arrachés à leurs ayants droits (ceux d’en bas), dans les conditions les plus obscures au profit de privilégiés y compris des étrangers qui ne sont même pas africains ? N’est-ce pas encore la constitution et la loi qui ont été modifiées ici au Sénégal pour exclure une vingtaine de candidats sérieux et crédibles à l’élection présidentielle de février 2019 parmi lesquels Karim Meïssa Wade et Khalifa Sall tous deux privés de leurs droits d’élire et d’être élus ? C’est sur la base de ces faits que l'on doit examiner la problématique des mandats présidentiels en Afrique de l’Ouest. C’est aussi sur cette base que le combat du peuple africain doit rester centré sur son objet qui consiste à mettre fin au système postcolonial pour l’avènement de véritables alternatives populaires. L’on dit souvent que tout ce qui brille n’est pas de l’or.
Le mouvement actuel de contestation des troisièmes mandats et, d’une façon générale, contre les dérives autocratiques des pouvoirs en place en Afrique est, certes, à vocation démocratique mais son contenu, progressiste ou rétrograde, est déterminé, en dernière instance, par les forces qui l'impulsent et le dirigent.
En effet, nous avons en son sein des courants contradictoires avec d’un côté, le courant démocratique et, de l’autre, un courant en osmose avec le système dominant. Ce denier courant peut soutenir, dans la compétition électorale, des candidats différents mais à l’intérieur du système. C’est pourquoi, pour les populations, « ils sont tous pareils". Au Sénégal, ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui étaient hier d’ardents défenseurs de la démocratie dans l’opposition. Mais, une fois installés aux commandes de l'État, on les voit s’efforcer d’annihiler nombre d’acquis démocratiques qu’ils prétendaient vouloir renforcer. Oui !
L’alternance en soi ne change pas qualitativement le sort du peuple. Dans de telles circonstances, quelle que soit l’âpreté des luttes entre factions pour le pouvoir, les mandats restent des mandats « ay-ayloo* », c’est à dire des mandats au service des mêmes intérêts concubins, ceux de la bourgeoisie bureaucratique agglutinée autour de l’appareil d’Etat et ceux de ses commanditaires c’est-à-dire les puissances extérieures.
Les forces progressistes ont le devoir d’éclairer la jeunesse sur ces caractéristiques des mouvements politiques en cours afin de l’amener à s’organiser pour que leur combat démocratique y compris les batailles autour des mandats ne soit dévoyé et finalement récupéré par des fractions de cette bourgeoisie compradore et bureaucratique mais servent de tremplin pour promouvoir des alternatives populaires. Sinon, il ne restera alors à la chèvre qu’à choisir entre l’hyène et le chacal, c’est-à-dire non pas sa survie mais plutôt son genre de mort.
Cette exigence est d’autant plus actuelle que c’est toute l’Afrique de l’ouest qui est assise sur des braises comme le montre le tableau ci-dessous : Tout d’abord le géant de la région, première puissance économique du continent, le Nigeria est fortement contrarié par Boko Haram qui lui impose une guerre civile sans merci et qui métastase jusqu’en Afrique Centrale (Cameroun, Tchad).
Le Président en place a déjà indiqué qu’il faisait son dernier mandat mais il est clair qu’aussi longtemps que le Nigeria sera dans cette situation de guerre, toute perspective de stabilité et de prospérité dans la sous-région sera fortement hypothéquée. Au Niger, le Président ne briguera pas de troisième mandat certes, mais l’opposition nigérienne indique que la constitution est déjà piégée pour exclure le principal opposant de la compétition.
D’ailleurs, celui-ci vient à peine de sortir de son deuxième séjour en prison. Le Niger qui vit la pire crise sécuritaire de son histoire postcoloniale et que ses immenses richesses notamment l’uranium n’empêchent pas d’être le dernier pays au monde dans l’indice de développement humain (IDH) avec 75% de sa population vivant sous le seuil de pauvreté.
Le Burkina Faso aussi est dans l’œil du cyclone avec des ennemis armés insaisissables, semant la mort et la désolation au nom de l’islam, y compris en massacrant des musulmans rassemblés en prières dans les mosquées. Tandis que l’Etat tente de donner le change et d’évoquer des échéances électorales, des zones entières du pays semblent échapper au contrôle de l’Administration centrale. En Côte d’Ivoire, le Président sortant non seulement va briguer un troisième mandat, mais a obtenu l’exclusion de la compétition d’adversaires parmi les plus redoutables.
La Côte d’Ivoire du café-cacao et des autres richesses du sous-sol pourrait ainsi connaître des troubles et des souffrances auprès desquels ceux de la décennie 2000 ne seraient qu’un détail dans l’Histoire du pays. En effet, certains observateurs considèrent que les comptes politiques et personnels entre acteurs n’avaient pas été entièrement soldés en 2010-2011 en dépit de la guerre civile et ses trois mille morts. Ils estiment qu’en conséquence, chaque camp a mis ces dix dernières années à profit pour se préparer à ce qui pourrait arriver.
Le thème de la réconciliation nationale brandi par le pouvoir et qui aurait dû structurer toute la décennie post-guerre civile est resté un slogan creux alors cette réconciliation aurait pu stabiliser le pays et écarter tous les vieux démons qui sont aujourd’hui hélas, plus présents qu’hier. Au Mali, le mouvement démocratique et populaire a réussi à destituer le Président de la République en exercice ouvrant ainsi une transition.
Dans ce pays, avec son or et ses autres minerais qui seraient en quantités astronomiques, quelle direction prendra la transition ? Si la concertation qui s’est tenue à Bamako avec une représentation adéquate de toutes les composantes du peuple pouvait déboucher sur une nouvelle constitution, reflet des aspirations profondes du peuple malien dans sa diversité, un grand coup de boutoir serait donné au système postcolonial pour de nouvelles relations bâties sur de nouveaux paradigmes plus durables parce que plus équitables.
Mais les divergences sur le contenu de la transition publiquement assumées par le M5-RFP initiateur et organisateur de la contestation ayant emporté Ibrahim Boubacar Keïta avec le CNSP (l’Armée), auteur du coup de force qui a déposé Monsieur Keïta, indiquent que dans le processus en cours, on ne peut exclure l’hypothèse que d’autres intérêts puissent l’emporter sur ceux du peuple malien.
En Guinée, le ‘NON’ au référendum de 1958 proposé par le Général de Gaulle fait que ce pays n’a pas la même histoire en matière institutionnelle que les autres anciennes colonies françaises.
D’ailleurs, jusqu’en avril dernier, la constitution en vigueur dans le pays provenait d’un organe de transition (le Conseil national de transition) et avait été promulguée par un Président de la République par intérim en mai 2010. Cette constitution n’avait pas été soumise à l’approbation du peuple par voie référendaire. Elle a été récemment remplacée par une nouvelle constitution, soumise à un référendum populaire boycotté par l’opposition au motif qu’elle permettait au Président en exercice de briguer un autre mandat. Ce rejet a été accompagné de manifestations marquées par de graves violences avec pertes en vies humaines et destructions matérielles. Toutefois, aujourd’hui, le principal leader de l’opposition dans ce pays et son parti ont décidé de prendre part à l’élection présidentielle d’octobre prochain. Nous noterons que la Guinée est le château d’eau de la sous-région avec des richesses inestimables dans son sous-sol.
En Mauritanie, entre le Président nouvellement élu et son prédécesseur, le torchon brûle ce qui aggrave une situation déjà très tendue du fait de vieilles contradictions qui travaillent la société mauritanienne depuis bien longtemps. Dans ce pays voisin, du pétrole et du gaz ont été découverts en sus du fer déjà exploité et des côtes extrêmement poissonneuses.
Le Liberia et la Sierra Leone sont en convalescence après avoir connu chacun une décennie de guerres civiles avec des souffrances indicibles. Le tableau ci-dessus fait de notre sous-région l’une des zones de tempête les plus agitées au monde. Les patriotes africains de cette zone auraient terriblement tort de ne pas renouveler leur pensée politique pour se mettre à la hauteur des exigences du moment. Qui peut penser que cette situation va en rester là, avec des états affaissés, des populations exsangues, une jeunesse nombreuse et sans emploi, et des richesses pompées sans arrêt ? Non !
Le couvercle de la marmite finira par sauter si de très sérieuses réformes ne sont pas apportées dans le sens d’une meilleure prise en compte des intérêts des populations. L’on aura remarqué par ailleurs que les officines traitent différemment la question des mandats présidentiels en Afrique selon le type de rapports existant entre les puissances dominantes et les régimes locaux. Par exemple, sur les cas ci-dessous, elles ne donnent pas de la voix et évitent soigneusement d’attirer l’attention sur ces expériences même si les raisons peuvent être différentes d’un pays à l’autre :
•Au Cameroun, le Président est aux affaires depuis 1982 soit bientôt 40 ans.
•Au Tchad, le Chef de l’Etat est en place depuis 1990 soit trente ans.
•Au Togo, le Président a entamé son quatrième mandat en début 2020.
•Au Rwanda Kagamé, qui est aux affaires depuis 20 ans, a finalement fait supprimer la limitation des mandats.
•En Libye, sous Khadafi (1969- 2011), il n’y avait pas d’élections au suffrage universel pour élire le Chef de l’Etat. On le voit, c’est toujours le rapport de forces qui détermine la conduite des officines et non le rapport à la démocratie et au respect des intérêts des peuples concernés. Il fut un temps où Khadafi plantait sa tente en plein Paris, mais lorsqu’il leur est apparu que des plages d’entente n’étaient plus possibles avec lui, ils trouvèrent le moyen de l’abattre créant ainsi une crise sécuritaire inextricable dans ce pays et dans tout le Sahel.
L’on se souvient qu’au Zimbabwe, pendant des décennies, le Président Robert Mugabe, grand combattant de la libération du peuple Zimbabwéen, avait préféré différer la question de la rétrocession des terres détenues par les blancs aux africains comme le stipulaient les accords de Lancaster House. Pendant toute cette période, les officines et les gouvernements occidentaux ne se sont jamais intéressés aux élections dans ce pays. Mais il a fallu que Mugabe soulevât enfin la problématique de la rétrocession des terres aux africains pour qu’ils se mettent subitement à s’intéresser à la démocratie et aux élections au Zimbabwe et à découvrir que celles-ci n’étaient, selon eux, ni honnêtes ni transparentes. Les exemples pourraient être multipliés.
Venons-en au Sénégal où le métabolisme politique a été profondément chamboulé avec l’élimination à la dernière présidentielle de février 2019 de nombreux candidats sérieux et où les trois prochaines années risquent d’être marquées par une controverse paradoxale sur un troisième mandat de l’actuel Président de la République.
D’ailleurs nous n’excluons pas l’hypothèse qu’une telle controverse soit alimentée et entretenue par des spécialistes de la manipulation avec pour objectif d’ancrer d’ores et déjà dans les consciences la faisabilité d’une telle hypothèse. Ce faux débat prendra un temps précieux qui aurait pu être utilisé à meilleure fin dans un pays où pétrole et gaz sont découverts (en haute mer) en sus de l’or, du zircon, etc. et où la pauvreté était au coude-à-coude avec le taux de croissance avant de prendre, hélas, la tête de la course dans un contexte de pandémie qui garrotte littéralement l’économie.
En dépit de la bonne volonté jamais démentie de l’essentiel de l’opposition depuis le début du dialogue, des signes apparaissent de plus en plus montrant le peu d’enthousiasme de certains cercles du pouvoir à faire les concessions nécessaires à des consensus sur les modalités de dévolution démocratique et pacifique du pouvoir et d’une vie démocratique apaisée.
Le Sénégal est le seul pays dans la sous-région, avec le Cap-Vert, à n’avoir jamais connu l’intrusion de militaires dans ses affaires politiques. Nous devrions en être fiers et nous mettre à la hauteur des exigences de la situation de crise que traverse la sous-région. Nombre de facteurs qui ont créé ou accéléré la crise politique et sécuritaire dans d’autres pays en Afrique de l’Ouest, sont présents au Sénégal. Il est donc impérieux que des dynamiques réformatrices profondes s’enclenchent pour garantir la paix et la stabilité par la sauvegarde et le respect des droits des uns et des autres. C’est aussi cela qui pourrait permettre par la suite à notre pays de jouer un rôle essentiel dans les efforts pour un retour durable de la paix et de la stabilité dans la sous-région.
L’intérêt du peuple Sénégalais n’est nulle part ailleurs. Il faut que la jeunesse africaine comprenne ces enjeux qui enjambent les frontières de nos états respectifs. Elle doit aller aux causes de la crise africaine, par-delà les explications qui leur sont proposées par les officines. Elle comprendra alors que toutes ces constitutions et leurs variantes dont on nous a dotés depuis 60 ans doivent être à présent remplacées.
Nos pays ont besoin de concertations où les différentes composantes du peuple se retrouvent autour de leurs récits respectifs, dans le respect et la considération réciproques et un sens élevé des responsabilités pour féconder de véritables constitutions à leur service. Ces constitutions seront conformes à leur histoire, à leurs identités, à leurs intérêts actuels et à ceux des générations futures. Cette voie est la seule pour que l’Afrique puisse se faire entendre dans le concert des nations.
Pour l’heure, l’Afrique qui existe et dont parlent les autres est une Afrique objet et non une Afrique sujet. Une Afrique à terre que l’on dépèce et que l’on se partage et non une Afrique qui assume son destin. Un journaliste français très au fait des rapports entre l’occident et l’Afrique, Nicolas Baret, a pu dire avec beaucoup de lucidité que le monde était à un tournant crucial de son Histoire, que c’était l’avenir des nations qui se jouait et qu’il se jouait en Afrique. Le sénat français n’a pas été moins disant qui indiquait clairement il y a quelques années que : « l’Afrique est l’avenir de la France ».
Le Président Jacques Chirac rappelait de son côté, je le cite : « Nous avons saigné l’Afrique pendant quatre siècles et demi ». Quant au Président François Mitterrand, il faisait remarquer en 1988 que « chaque franc investi au Sud rapporte 8 francs au Nord ». De fait il est depuis toujours établi que l’Afrique est le champ clos d’âpres rivalités entre grandes puissances du monde. Chacune d’entre elles y a ses ambitions, ses objectifs et ses projets. Nos récriminations, nos indignations et nos lamentations n’y feront rien.
Seule la construction d’un rapport de forces en notre faveur changera positivement les choses. Il n’est pas possible que le continent soit le plus riche de la planète, notamment sa partie au sud du Sahara alors que ses populations continuent de croupir dans la pauvreté et la misère et à crever de faim. La construction de ce rapport de force convoquera foncièrement notre intelligence et notre lucidité. Si l’on sait qu’il y a deux ans, le PIB de toute l’Afrique réunie était inférieur de 150 mille milliards de cfa au PIB de la seule France ; si l’on sait également que la France est à son tour partie prenante de l’Europe de 27 états, l’on comprendra alors pourquoi nous parlons de lucidité.
D’où proviennent l’essentiel de ces richesses ? Quelle est, par exemple, la part de l’Afrique dans ce PIB de la France ? Selon Nicolas Baret, sur le bénéfice de 12 milliards d’euros réalisé par TOTAL il y a quelques années, les 40% provenaient de l’Afrique soit plus de 34000 milliards de CFA à l’époque et plus de huit fois le budget du Sénégal aujourd’hui ! Comment, devant autant de défis internes et autant de partenaires » puissants, l’Afrique peut-elle peser dans la balance générale alors qu’elle-même est dans une posture de double dispersion ?
Dispersion entre les Etats qui ne parlent jamais le même langage parce que leurs dirigeants ne sont pas libres dans la plupart des cas, mais aussi dispersion à l’intérieur même des Etats entre des forces politiques, sociales et citoyennes qui, tout en revendiquant les mêmes préoccupations libératrices et émancipatrices pour le continent, pensent, chacune en ce qui la concerne, détenir, à elle toute seule, la clé de victoire ? Il est vrai qu’en dépit de leur immensité, nous pouvons relever les défis car si nous décidons d’être forts, non en théorie mais en pratique, nous le serons parce que nous sommes dans notre bon droit.
Le droit d’exiger ce qui nous revient: gérer souverainement nos ressources, inventer nos constitutions et nos lois sur la base des fondamentaux que partage l’Humanité et selon notre identité propre. Bref le droit d’inventer et de construire notre futur. Si l’avenir de l’Humanité se joue en Afrique, nous devons alors donner plus de poids aux actes qu’aux discours. Passer de l’interprétation de l’Afrique à sa transformation en sujet politique.
Pour cela, nous devons admettre avec humilité les erreurs et les échecs relatifs des forces politiques et citoyennes qui ont eu à se fixer cet objectif depuis toujours. Leurs luttes et leurs sacrifices ont produit des avancées notables mais l’objectif reste encore à être atteint. Nous devons accuser de moins en moins la pluie et le gazon pour justifier nos défaites sur le terrain et remettre plutôt en question les stratégies et les approches. Chacun doit y travailler en commençant par son propre pays « mbey ci sa wewu tànk » ‘balayer d’abord devant sa porte’ tout en faisant provision de matériaux nécessaires à la construction d’une Afrique pour soi.
De fait, ceux qui travaillent à empêcher la réalisation de nos rêves d’Afrique sont ultra minoritaires dans nos pays respectifs. Ils ne se recrutent pas exclusivement dans le camp des pouvoirs en place. Ils sont dans les pouvoirs mais aussi dans les oppositions tout comme ceux qui veulent la libération et l’émancipation des peuples d’Afrique ne se retrouvent pas seulement dans les oppositions mais se distribuent de part et d’autre. Nous devons isoler les briseurs de nos rêves d’Afrique et cela est possible car même celui qui courbe l’échine ne préfère pas cette posture.
Le grand rassemblement à construire devra enjamber les barrières doctrinales et partisanes et tous les autres types de barrières pour n’avoir qu’un seul dénominateur commun : sortir l’Afrique de son état d’objet pour en faire une Afrique sujet et maître de son destin. Donc l’unité la plus large dans la plus grande diversité enrichissante est à construire. Il faut, à cet égard, repérer dans les mouvements populaires en cours un peu partout dans la sous-région, les véritables forces de progrès, celles qui se battent pour rompre la chaîne de domination. La victoire nous permettra d’établir, avec les autres, de nouveaux rapports fondés sur la reconnaissance, le respect mutuel et les avantages réciproques. Un tel projet est pertinent et urgent. Quoique largement ouvert, il devra être porté par une nouvelle Gauche africaine refondée. Il faut en finir avec l’éternelle figure où le peuple se bat pendant que d’autres intérêts se faufilent au pouvoir.
•Ay-ayloo - Dans le système polygamique, les épouses prennent tour selon des modalités fixes auprès de l’époux