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14 juillet 2025
PAR Fatoumata Hane
LES INVISIBLES DU SYSTÈME DE SANTÉ AU SÉNÉGAL
Ceux-là qui « s’occupent des consultations, prennent des tours de garde, remplacent les infirmiers absents ou débordés » sont les oubliés du plan de préparation et de réponse du Covid 19 ainsi que du plan de contingence économique
La politique sanitaire du Sénégal, comme dans la plupart des pays africains, est basée sur les soins de santé primaires définis en 1978 et renforcés en 1987 avec la mise en place de la politique de recouvrement des coûts, communément appelée Initiative de Bamako que Foley résume très bien en ces termes :
« En échange de l’accès aux services cliniques de base et aux médicaments génériques, les citoyens de la plupart des pays en développement paient désormais des frais d’utilisation et achètent des médicaments dans les pharmacies de dépôt du poste ou du centre de santé de leur localité. Le recouvrement des coûts s’inscrit dans le nouveau cadre de participation à la santé entre l’État et ses citoyens. »
Le rôle prépondérant des agents de santé communautaire
Ces stratégies visaient à démocratiser l’accès aux soins et consacraient, entre autres, la participation communautaire dans la gestion de la santé. Ce qui a justifié la mise en place des comités de santé, devenus depuis 2018 comités de développement sanitaire. L’étude sur le bilan de l’initiative de Bamako montre que ces derniers ont un rôle de cogestion des ressources tirées de prestations offertes par les structures de santé.
« L’initiative de Bamako a bien effectivement démontré le pouvoir de gestion des comités locaux. L’encaissement du prix des consultations a permis l’approvisionnement en médicaments essentiels, mais les marges bénéficiaires n’ont pas permis de sauvegarder l’accès universel aux soins. Elles ont avant tout servi à attribuer des primes au personnel et à améliorer l’équipement. »
C’est à la faveur de ces politiques publiques que les agents de santé communautaire vont faire irruption dans le champ de la santé même si des initiatives communautaires de réponse aux besoins de santé des populations avaient été notées à Pikine en 1967 et à Kaolack en 1975. En réalité, ces comités de santé, qui vont être institutionnalisés et mis en place dans toutes les structures de santé, avaient également pour mission de recruter du personnel, dit de soutien, chargé de la vente des tickets et de médicaments dans les pharmacies de dépôt, du nettoyage et du gardiennage. Ces agents vont très vite déborder de leurs champs d’action pour s’inscrire dans les interstices, ces espaces de soins délaissés par les personnels de santé qualifiés.
Ce personnel qualifié est de plus en plus engagé dans des tâches administratives et des règles bureaucratiques qu’impose la verticalité des programmes nationaux de santé dont les centres de santé constituent le niveau opérationnel, la « clé de voute » du système. Ces centres de santé sont composés par des postes de santé dirigés par un infirmier-chef de poste et des cases de santé, confiées aux agents de santé communautaires. En responsabilisant l’infirmier au niveau périphérique (administration, soins curatifs, promotion de la santé) et en valorisant la participation communautaire, la décentralisation du système sanitaire a renforcé la présence de ces agents. Compte tenu de la charge de travail qui leur revenait de fait, il a été décidé de leur confier les soins curatifs primaires et de recruter des relais communautaires et autres médiateurs pour les activités de promotion de la santé (visites à domicile, sensibilisation, mobilisation communautaire)
Les agents de santé, des soignants malgré tout
Ce principe de délégation des tâches va permettre aux agents de santé communautaire de prendre en charge des activités de soins dévalorisées ou délaissées, par exemple la prise en charge de la tuberculose, la vaccination ou selon les contextes socioculturels, des activités de soins perçues comme réservées aux femmes : le service de maternité (accouchements, consultation pré et post natale, etc.), pour se positionner et acquérir une certaine légitimité, en se formant sur le tas. De plus, toujours selon ce principe de délégation des tâches sur lequel repose le « fonctionnement pour de vrai », des structures de santé, on assiste à un brouillage des normes et règles de fonctionnement, une redéfinition des statuts et des fonctions avec comme conséquence des gestes techniques vidés de leurs sens et une hiérarchie tirée vers le bas. Ce personnel non qualifié composé essentiellement d’agents de santé communautaire s’investit ainsi dans les activités de soins au même titre que les soignants.
La remise en cause
La gestion actuelle de l’épidémie de Covid-19 au Sénégal vient remettre en cause deux éléments fondamentaux du système sanitaire (MSAS, 2014) : le principe de démocratie sanitaire, avec une hypercentralité des tests de diagnostic et de la prise en charge ; et l’implication des agents communautaires de santé dans les activités de soins au niveau le plus décentralisé, dans un contexte marqué par l’insuffisance et l’inégale répartition des ressources humaines qualifiées. Il est apparu que les agents de santé communautaire dont les « rémunérations » sont tirées des recettes des structures de santé restent des exclus du système. Ceux-là qui disent « tout faire » ; ceux-là qui « s’occupent des consultations, prennent des tours de garde, remplacent les infirmiers et autres personnels qualifiés absents ou débordés, responsables de services dans les postes de santé, etc. » sont les oubliés du plan de préparation et de réponse en cas d’épidémie du nouveau coronavirus-Covid 19 ainsi que du plan de contingence économique et sociale. Ils sont les « invisibles » du système.
Selon un médecin, chef de centre de santé, il est proposé une « motivation » de 50 000 francs CFA aux médecins et de 30 000 francs CFA par mois pendant six mois aux infirmiers engagés dans la prise en charge du Covid-19. On peut alors craindre une désaffection des structures périphériques de santé par les agents communautaires qui vont assurer la continuité des services de soins au moment où le risque de contamination est réel du fait du nombre de cas qui se multiplient.
Au-delà de la motivation financière, ils ne sont pas concernés par les formations (sur la détection des cas, la manipulation des équipements de protection) qui ne sont destinées qu’aux personnels qualifiés (parmi les personnes décédées à ce jour, quatre se sont rendues, au moins une fois, dans une structure de santé sans que le diagnostic de Covid-19 n’ait été posé). Les équipements de protection iront prioritairement à ceux qui sont jugés plus exposés : les médecins et infirmiers, oubliant ceux qui accueillent, reçoivent, orientent et parfois traitent les communautés. Aujourd’hui, sait-on combien de soignants sont contaminés ? Combien d’agents de santé communautaires sont concernés ?
Que nous apprend la pandémie sur la précarité dans les systèmes sanitaires ?
L’épidémie de Covid-19 révèle certes les inégalités structurelles (manque de reconnaissance, insuffisance et inégale répartition des ressources matérielles, etc.) entre soignants. Mais, plus encore, elle met à nu la précarité sociale et sanitaire, des agents de santé communautaire qui sont les acteurs de la démocratie sanitaire.
Il est temps, plus que jamais, avec l’augmentation du nombre des cas positifs – 3 789 cas et 42 décès – de penser les stratégies de prise en charge et de réponse à la crise sanitaire en fonction de la réalité des contextes des structures de santé, des normes pratiques en cours dans les structures de santé et de l’implication particulière de tout agent engagé dans la santé des plus pauvres.
Il s’agit là d’une question de justice sociale et d’équité dans le traitement des soignants. De plus, pour une détection précoce des cas, pour la surveillance des « cas contacts » et même pour le traitement des malades qui ne présentent pas des signes graves, les agents de santé communautaire, du fait de leur proximité avec les populations et de leurs savoirs expérientiels, pourraient constituer un atout pour la décentralisation de la prise en charge du Covid-19.
Plus que le manque de résilience ou la défaillance des systèmes de santé africains face aux urgences sanitaires, l’épidémie montre les tares d’une gouvernance sanitaire extravertie et dépendante des politiques internationales et des « modèles voyageurs ».
Fatoumata Hane est Socio-anthropologue, Université Assane Seck de Ziguinchor
LA METHODE ''DITE DE L’ÉTRANGLEMENT'' VA ETRE ARRÊTÉE
La méthode d'interpellation policière controversée "dite de l'étranglement sera abandonnée", a annoncé lundi le ministre de l'Intérieur français Christophe Castaner
La méthode d'interpellation policière controversée "dite de l'étranglement sera abandonnée", a annoncé lundi le ministre de l'Intérieur français Christophe Castaner, qui s'exprimait sur "la question du racisme et de la mise en cause des forces de l'ordre".
La méthode d'interpellation policière controversée de la "prise par le cou, dite de l'étranglement sera abandonnée", a annoncé le 8 juin le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner lors d'une conférence de presse sur "la question du racisme et de la mise en cause des forces de l'ordre".
"Elle ne sera plus enseignée dans les écoles de police et de gendarmerie. C'est une méthode qui comportait des dangers", a ajouté le ministre. "Par ailleurs, si un policier ou un gendarme doit maintenir quelqu'un au sol lors de son interpellation, il sera désormais interdit de s'appuyer sur sa nuque ou son cou", a ajouté Christophe Castaner. "Le principe que lorsque vous interpellez une personne au sol elle doit le rester le moins longtemps, reste en vigueur", a-t-il ajouté.
Une mission avait été créée à la suite de la mort de Cédric Chouviat en janvier lors de son interpellation à Paris. Ce livreur de 42 ans est décédé 48 heures après, victime d'une asphyxie avec fracture du larynx. Selon la famille et ses avocats, Cédric Chouviat serait mort étouffé sous le poids des agents de police, au moment du plaquage ventral, une technique policière fortement contestée. "La police française n'est pas la police américaine", a dit Christophe Castaner "mais des questions légitime se posaient".
Tolérance zéro contre le racisme
Le ministre a enfin ajouté qu'il prônait la "tolérance zéro" du racisme dans les forces de l'ordre, dont la suspension sera "systématiquement envisagée pour chaque soupçon avéré" en la matière. "Aucun raciste ne peut porter dignement l'uniforme de policier ou de gendarme (...) Aussi, j'ai demandé à ce qu'une suspension soit systématiquement envisagée pour chaque soupçon avéré d'actes ou de propos racistes", a-t-il ajouté.
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PENSER LE FUTUR DE L'ENSEIGNEMENT
Amadou Diaw, fondateur de l'ISM de Dakar et président du Forum de Saint-Louis, appelle à "lancer une offensive contre l'ignorance" et à "miser sur l'école pour bâtir le futur du continent".
La crise du Covid-19 a révélé combien il est urgent et important de refonder les méthodes pédagogiques et de réfléchir à de nouveaux outils pour assurer l'accès à l'enseignement.
Notre invité, Amadou Diaw, fondateur de l'ISM de Dakar et président du Forum de Saint-Louis, appelle à "lancer une offensive contre l'ignorance" et à "miser sur l'école pour bâtir le futur du continent". Selon lui, il est aussi primordial d'intégrer les spécificités africaines dans l'enseignement et d'investir dans l'éducation des jeunes filles.
LAMINE DIACK, AGNEAU DU SACRIFICE ?
L’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme comparait devant les juges français à Paris. Soupçonné d’avoir étouffé des cas de dopage russes en échange de pots-de-vin, son procès s’est ouvert ce lundi
L’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), Lamine Diack, comparait devant les juges français à Paris. Soupçonné d’avoir étouffé des cas de dopage russes en échange de pots-de-vin et détourné de l’argent de sa fédération, son procès s’est ouvert, ce lundi, 8 juin, 2020.
Interrogé sur ce feuilleton judiciaire qui a démarré depuis 5 ans, Professeur Mbaye Thiam décèle des relents politiques derrière derrières ce procès. L’historien considère que l’ancien patron de l’IAAF comme ’’l’agneau du sacrifice’’ d’un combat de gladiateur. « Ce procès reflète une perspective d’enjeux géopolitiques à l’intérieur du mouvement sportif international. Dans cette perspective, Lamine Diack demeure l’agneau du sacrifice de toutes les gestions sportives des grandes fédérations, de la FIFA, du CIO, de l’UEFA, de la CAF de 1980 aux années 2000. Mais il le paie parce que c’est un Africain. Je ne parle pas de racisme, je parle de rapports de forces sur le plan international concernant l’ensemble des enjeux économiques, politiques sportifs. Ici, c’est un enjeu sportif », a-t-il déclaré.
L’IAAF est la plus importante fédération au monde. Son contrôle était devenu un enjeu politique majeur dans la mondialisation. Pour Pr Thiam, il fallait nécessairement éliminer les Africains au niveau de cette instance sportive. « Lamine Diack fait face aux juges français pendant que Sepp Blatter et Platini ont échappé. Pour leurs dossiers sont beaucoup plus filandreux que celui de Lamine Diack. Si le dossier de Platini a été mis sous le boisseau, c’est parce que la France et ses satellites ont fait ce qu’il fallait pour lui tirer des déboires judiciaires », a-t-il indiqué.
Concernant l’issue du procès, Pr Mbaye Thiam pense qu’en tout état de cause, Lamine Diack sera condamné. « Il y a deux choses : au bout du procès qu’il soit blanchi. Dans ce cas la justice française va perdre sa crédibilité. Ou alors qu’il soit condamné sans être transféré en prison et que l’on est l’impression, malgré tout, d’avoir condamné un coupable pour donner l’impression que justice a été rendue », a déclaré M. Thiam.
« ÇA FAIT CINQ ANS QUE JE ME TAIS... »
La première matinée du procès de Lamine Diack, ce lundi au palais de justice de Paris, a été pour l’essentiel consacrée à un rappel des faits qui ont entraîné la comparution devant la 32e chambre correctionnelle de l’ancien président de l’IAAF et de ses co-prévenus. Lamine Diack, qui avait fêté la veille ses 87 ans, a refusé de s’exprimer devant la presse, déclarant en souriant « ça fait cinq ans que je me tais », mais laissant la parole à ses avocats.
« Notre client est serein, déterminé, tranquille, a ainsi déclaré Me William Bourdon en mêlée de presse. Prêt à répondre avec toute la sincérité qui est la sienne, mais aussi avec toute la précision nécessaire à l’ensemble des questions qui lui seront posées. Dans ce dossier, le parquet a voulu installer un univers de corruption. Et quand on veut constituer un univers de corruption, et c’est de bonne guerre d’une certaine façon, ça s’opère par des rapprochements intellectuels, des rapprochements chronologiques...
Mais enfin, il y a encore beaucoup de flou dans ce dossier qui subsiste et, me semble-t-il, le tribunal, constatant le caractère permanent de ce flou et les approximations ou les imprécisions qui sont contenues dans le réquisitoire du parquet, devrait, comme nous allons le faire, tirer toutes les conséquences de la déconstruction des charges à laquelle nous allons nous atteler pendant toute l’audience. »
LE PDS N'EST PLUS QUE L'OMBRE DE LUI-MÊME
Me El Hadji Amadou Sall sort de son «confinement». L’ancien porte porte-parole du Pds, membre du courant Suqali soppi, analyse la gestion de la crise par le gouvernement.
Me El Hadji Amadou Sall sort de son «confinement». L’ancien porte porte-parole du Pds, membre du courant Suqali soppi, analyse la gestion de la crise par le gouvernement. Me Sall n’est pas tendre avec le Pds qui «n’est plus que l’ombre de lui-même, totalement aphone et inexistant». Dans cet entretien, l’ancien ministre de la Justice se prononce sur les nouvelles nominations au Conseil supérieur de la magistrature et donne des nouvelles de Oumar Sarr.
Quelle lecture faites-vous de l’assouplissement des mesures restrictives ?
Il s’agit d’une mesure qui soulage, mais prise au mauvais moment. Si l’on croit ce que le ministre de la Santé nous en dit, la pandémie a atteint son pic et la tendance est à la baisse. Il apparaît donc nécessaire d’assouplir les restrictions à la mobilité des personnes et les décisions portant ralentissement des activités économiques. Tout le monde s’accorde à dire qu’à un moment ou un autre, il faudra bien éviter à notre économie de sombrer et d’entraîner le pays dans le chaos. On doit cependant se poser des questions sur la pertinence des mesures d’accompagnement d’un «déconfinement» précipité qui ne dit pas son nom.
Que voulez-vous dire par «déconfinement précipité» ?
En dehors du port obligatoire du masque dans les lieux publics, que reste-t-il du confinement lorsque le transport interurbain est repris, le couvre-feu très allégé, certaines activités économiques reprises ? Manifestement, il s’agit d’un prélude au «déconfinement».
Ces mesures ont été prises au moment où l’on note un certain relâchement chez les populations sur le respect des mesures de prévention.Le gouvernement a-t-il choisi le bon timing ?
Il est permis d’en douter et on n’est pas très rassuré en écoutant les docteurs Seydi et Bousso parler du stress de la gestion de la pandémie et des risques de dispersion des «contacts» qu’ils suivent.
Etes-vous de ceux qui pensent que le gouvernement a cédé face à la pression de la rue ?
Il y a une coïncidence troublante entre les manifestations de jeunes, exaspérés et étouffés par le confinement, celles de «routiers» protestant contre les sévères restrictions à la mobilité urbaine et les mesures de pré«déconfinement» prises par le gouvernement. Il appartient au gouvernement de convaincre que ce n’est pas le cas. Il faut avoir le courage de dire que le «déconfinement» ne saurait être la réponse aux angoisses des routiers ou au désœuvrement d’une jeunesse confinée.
On ne peut assouplir le couvre-feu et préparer le «déconfinement» qu’en prenant plusieurs précautions. Il faut d’abord avoir l’avis des médecins, infectiologues et épidémiologistes, entre autres, ainsi que celle d’autres acteurs, (syndicats, employeurs, société civile, politiques, etc.) avant de prendre une mesure aussi importante. Si on cède aujourd’hui, demain on cèdera encore et bonjour les dégâts.
N’avez-vous pas l’impression que le gouvernement tâtonne ?
Je ne sais pas si le gouvernement tâtonne ou pas. Ce que par contre je peux dire avec force certitude, c’est qu’il y a un énorme déficit de dialogue avec les acteurs. Au début de la pandémie, un énorme élan de solidarité a pu être créé autour du chef de l’Etat qui n’a pas manqué de se rallier les différents leaders politiques et les acteurs de presque tous les secteurs de la vie sociale. Le moment était exceptionnel dans la vie de notre Nation et on était en droit de s’attendre à une plus grande concertation dans la gestion de la pandémie et de la nécessaire solidarité qui en découlait. Il n’en fût rien et pour l’essentiel le gouvernement a agi seul.
Au demeurant, l’opposition a relevé ce déficit de concertation tout en exprimant sa disposition à accompagner les pouvoirs publics à faire face aux effets désastreux de la pandémie du Covid-19. Quelle lecture faites-vous de la reprise avortée des cours ?
La reprise avortée des cours illustre parfaitement le déficit de concertation et de dialogue à un moment si crucial. Des couacs de cette nature doivent être évités. La question de l’école dans un environnement de pandémie est d’un sérieux extrême, nécessitant les plus larges concertations pour maintenir le niveau de nos élèves, sauver ce qui peut l’être, le tout en préservant la santé des enfants et des enseignants.
Je peux parfaitement comprendre le désir du ministre de l’Education nationale d’éviter autant que faire se peut une année blanche ou invalide. Mais on ne peut y arriver qu’avec la volonté et la participation de tous les acteurs concernés qui doivent se retrouver autour d’une table et régler toutes les questions. C’est un préalable inévitable.
Etes-vous de ceux qui réclament la démission du ministre de l’Education nationale ?
La nomination et la cessation des fonctions des ministres sont du ressort exclusif du président de la République. Il avisera. Je dois juste dire que je n’entends pas une vive clameur demandant avec persistance la démission du ministre de l’Education nationale.
Où en êtes-vous avec votre courant Suqali soppi ?
Voilà maintenant plus d’une année depuis que la crise au Pds a donné naissance à notre courant «Suqali soppi». Les Sénégalais ont pu constater que nous n’avons aucun problème particulier avec le secrétaire général Me Abdoulaye Wade, mais ils auront aussi constaté que depuis plus d’un an, aucune instance nationale du Pds ne s’est réunie, aucune activité n’est exercée sur le terrain et que ce parti qui a tant contribué à l’approfondissement de notre démocratie et à l’élargissement des espaces de liberté n’est plus que l’ombre de lui-même, totalement aphone et inexistant. Il est évident que notre mouvement devra prendre des initiatives hardies pour exister et offrir une alternative crédible aux Sénégalais.
Vous comprendrez que la pandémie du Covid-19 a eu un impact sur nos projets. Mais pour l’essentiel, notre mouvement se porte bien et ses militants et sympathisants nous expriment chaque jour leur envie d’aller plus loin en prenant notre destin en main.
Avez-vous des nouvelles de Oumar Sarr qui a été positif au Covid-19 ?
Oumar Sarr et moi, nous sommes un binôme. Sans éprouver le besoin de communiquer sur notre relation, nous nous parlons tous les jours. Son état n’est pas inquiétant, il se porte très bien et très probablement, inshallah, il sera bientôt de retour auprès des siens.
Vous êtes silencieux depuis quelque temps. Qu’est-ce qui l’explique ?
Qui n’est pas silencieux en cette période de guerre ? Presque tout le monde l’est, sauf que depuis quelques jours, certains sortent de leur silence, souvent d’ailleurs pour dénoncer telle ou telle décision généralement concernant la gestion de certains aspects de la crise. Nous faisons partie de ceux qui se taisent en participant à l’effort de guerre, et qui une fois la guerre terminée diront ce qu’ils pensent des stratégies et moyens mis en œuvre et qui le feront sans complaisance.
Vous connaissant, on a l’impression que vous êtes passé d’opposant radical à opposant modéré. Suqali soppi dira-t-il non à Macky Sall s’il fait appel à lui ?
L’environnement politique est marqué par le dialogue national auquel nous sommes partie prenante et l’environnement national est marqué par la pandémie du Covid-19 qui nécessite la mobilisation de tous dans ce qui apparaît comme une guerre. Il en est ainsi presqu’un peu partout dans le monde sauf dans les pays dirigés par des hommes têtus et obtus qui n’en font qu’à leur tête.
Dans ce contexte, les contradictions s’estompent et les lignes de démarcation sont momentanément ignorées. Pour le reste, nous attendons qu’on fasse appel à nous et nous donnerons notre réponse. Nous ne répondons pas à une hypothèse ou à une question qui ne nous est pas posée. Récemment, la Magist ra ture a été chamboulée avec des nominations, comme Cheikh Tidiane Coulibaly à la Cour suprême.
En tant qu’acteur du système judiciaire, est-ce que ce sont les changements auxquels vous vous attendiez ?
Vous imaginez bien que le garde des Sceaux que je fus ne peut que garder une certaine retenue s’agissant de la gestion des carrières. Mais franchement et honnêtement, je ne peux m’empêcher d’exprimer ma satisfaction dans la nomination de personnalités comme Cheikh Tidiane Coulibaly que j’ai croisé et fréquenté à la Faculté de droit et dans le mouvement étudiant, il est comme un frère, ou Aly Ciré Ba (Premier président de la Cour d’appel de Dakar) pour qui j’ai un profond respect et une amitié non feinte, ou encore Mansour Mbaye, nouveau Procureur général (près la Cour suprême), dont la nomination à ce prestigieux poste est l’illustration de la promotion des nouvelles et jeunes générations. Il appartient maintenant aux hommes et femmes qui ont été nommés de confirmer tout le bien que l’on pense d’eux.
Vous vous dites satisfait de la nomination de Cheikh Tidiane Coulibaly. Donc, vous ne regrettez pas le départ à la retraite de Mamadou Badio Camara que vous avez tant décrié dans l’affaire Karim Wade ?
Etre satisfait de quelqu’un ne veut certainement pas dire regretter quelqu’un d’autre.
Avez-vous des contacts avec Karim Wade ?
Non, je n’ai plus aucun contact direct avec lui. Cependant, il m’a appelé pour me présenter ses condoléances à la suite du décès d’un membre de ma famille.
Quelle est votre position sur le décret d’honorariat en faveur de Aminata Tall ?
Sur le fond, je n’ai rien à dire d’autant que d’autres personnalités ont bénéficié de ce privilège. Par contre, sur la forme, le cafouillage relatif à l’existence ou non d’un décret «falsifié» et dont on fait référence me gêne énormément tant il installe le trouble.
Dans cette affaire, n’êtes-vous pas gêné par le contexte dans lequel le Sénégalais fait face à d’énormes difficultés liées au Covid-19 ?
On parle d’un salaire de 4,5 millions … Dans l’environnement du Covid-19, il n’a pour le moment été nulle part question de diminuer le salaire de qui que ce soit. Evitions les stigmatisations et les hystéries que suscite le regard inquisiteur sur les revenus des uns et des autres !
Quelle est votre position sur l’affaire du pillage foncier du littoral et notamment au Phare des Mamelles ?
Vous avez bien dit «pillage» et vous ne pouvez imaginer une réponse autre qu’une ferme dénonciation de ce qui apparaît non seulement comme un pillage, mais comme une intolérable agression contre la nature et l’esthétique qui en dégage. J’ai aimé un post de mon frère et ami Abdou Thiam qui a écrit sur sa page : «Sur le bradage du littoral, demandons aux candidats à la Présidentielle de s’engager à détruire toutes les constructions illégales, aux frais des promoteurs !» Je ne suis pas loin de penser la même chose.
par l'éditorialiste de seneplus, Alymana Bathily
NOUS SOMMES TOUS GEORGE FLOYD
EXCLUSIF SENEPLUS - Cet Afro-américain tué par un policier blanc est la dernière victime de l’ignominie perpétrée il y a quatre siècles par les Africains à travers la Traite atlantique et dont ils payent encore le prix
Old pirates, yes, they rob I
Sold I to the merchant ships
Minutes after they took I
From the bottomless pit
…How long shall they kill our prophets
While we stand aside and look? Bob Marley ; Redemption Song
Nous Africains sommes tous George Floyd parce que l’assassinat de cet homme est l’aboutissement d’une tragédie africaine qui a débuté sur notre continent, il y a plus de 400 ans.
Au moins depuis 1619 quand « the White Lion » un navire néerlandais a débarqué sur la côte de la Virginie la première « cargaison » d’hommes, de femmes et d’enfants destinée à la vente.
On sait que c’est à partir de ce moment que s’est mis en place la « traite atlantique » ; le troc en Afrique d’hommes, de femmes et d’enfants contre des marchandises d’Europe (tissus, fusils et alcool notamment) puis leur vente dans les Amériques pour l’achat de matières premières produites par le travail des esclaves et vendues ensuite avec profit en Europe.
On n’a pas assez mis en avant la place et le rôle des Africains dans cette Traite. Ce sont pourtant des Africains, monarques, chefs d’Etat et chefs de guerre qui ont alimenté l’ignoble trafic en entretenant l’insécurité, en fomentant des guerres et en organisant des rapts.
Les Africains sont donc responsables au premier chef de la Traite. Et de tout ce qui s’en est suivi. De l’esclavage sous la forme la plus deshumanisante que l’humanité n’ait jamais connu. De la ségrégation raciale (par les lois dites Jim Crow) qui prévaudra jusqu’en 1965 et qui interdira aux Noirs l’accès à une éducation de qualité, à des soins de santé appropriés et au logement.
Les Africains doivent se reconnaitre en George Floyd aussi parce c’est par l’Amérique Noire que l’Afrique a négocié son accès à la modernité dans plusieurs domaines.
Au plan de la politique, il faut se rappeler que le concept et l’idéal du panafricanisme nous viennent de W.E. Du Bois, un fils d’esclave devenu sociologue et historien. C’est Du Bois qui organisera entre 1900 et 1940, dans différentes capitales européennes les cinq Congrès Pan Africains qui définiront progressivement et imposeront l’idéologie et le projet panafricaniste.
Ce sont des Américains Africains, Du Bois, Marcus Garvey et Booker T. Washington notamment qui ont inspiré nombre des premiers leaders politiques Africains engagés dans la lutte pour l’indépendance : de Kwame Nkrumah à Jomo Kenyatta à Nelson Mandela.
Plus tard, la lutte des Noirs aux Etats-Unis pour leurs droits civiques, aussi bien dans son expression non violente incarnée par le Révèrent Martin Luther King que dans la forme armée que lui ont donné Stokely Carmichael et les Black Panthers, inspirera bien de mouvements politiques en Afrique. De Nelson Mandela à Steve Biko, à Omar Blondin Diop ici au Sénégal
Au plan de la littérature et de l’art, l’apport des anciens esclaves américains à l’art moderne africain a été déterminant. La poésie de la Négritude créée à Paris dans les années 1930, établie un lien direct avec la poésie du mouvement du Harlem Renaissance (ou Negro Renaissance) animé par Langston Hughes et Claude McKay dans les années 1920, ainsi que le reconnaitra Aimé Césaire.
Que seraient les musiques modernes africaines, que serait la rumba congolaise, le high life du Ghana, l’afro beat du Nigeria, les marabi, mbaqanga et kwela d’Afrique du Sud, le mbalax même du Sénégal sans le jazz, le blues, le rythm and blues et les musiques voisines dites afro cubaines ?
Sur un tout autre plan, celui du sport, l’Amérique Noire à travers ses athlètes, boxeurs et basketteurs notamment a toujours constitué une source d’inspiration, de motivation et de fierté majeure pour les jeunes Africains.
Nous devons en fait à l’Amérique Noire notre modernité dans tous ses aspects.
C’est pour toutes ces raisons que les Africains doivent se reconnaitre en Floyd George et le reconnaitre comme la dernière victime de l’ignominie qu’ils ont perpétré il y a 4 siècles et dont ils payent encore le prix.
Et la déliquescence de l’Afrique continue : séditions, guerres civiles, génocides, épidémies hors de contrôle…
Pour expier le crime originel et prendre enfin son destin en main, l’Afrique n’a qu’une seule voie ; celle de son unité et de sa prise en considération de ses diasporas, notamment avec l’Amérique Noire. En l’intégrant effectivement conformément à l’Article 3 du Protocole sur les amendements à l’Acte constitutif de l’Union africaine qui « reconnaît le rôle important que doit jouer la diaspora africaine dans le développement du continent et stipule que l’Union invite et encourage la Diaspora, comme partie importante de notre continent, à participer pleinement à la construction de l’Union africaine ».
Chaque Etat sera appelé à inclure cette disposition dans sa Constitution.
LE MONDE DU SPORT SÉNÉGALAIS SALUE LAMINE DIACK, ACCUSÉ PAR LA JUSTICE FRANÇAISE
Si les acteurs de l’athlétisme au Sénégal le présentent comme un homme influent qui fait la fierté du pays et du continent, « il n’est pas exempt d’un procès équitable », selon Pape Demba Ndior, secrétaire général de la Ligue d’athlétisme de Dakar
Soupçonné d’avoir étouffé des cas de dopage russes en échange de pots-de-vin, l’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme risque jusqu’à dix de prison.
« Diack face à son procès, complot », « Vers le renvoi du procès »… Lamine Diack, ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), fait la une de plusieurs journaux sénégalais ce lundi 8 juin. L’homme de 87 ans comparaît devant la justice à Paris, soupçonné d’avoir étouffé des cas de dopage russes en échange de pots-de-vin et d’avoir détourné de l’argent de l’IAAF. Arrêté en 2015 en France, il risque jusqu’à dix de prison pour « corruption », « blanchiment en bande organisée » et « abus de confiance ». Interdit de sortie de territoire, Lamine Diack n’a pas pu remettre les pieds au Sénégal depuis cinq ans.
Une « cabale » qui indigne Momar Mbaye, ancien président de la Fédération sénégalaise d’athlétisme (FSA). « Il doit rentrer chez lui. Je le connais bien, il reviendra s’il est convoqué en France, assure celui qui lui a déjà rendu visite à Paris. Il n’y a aucune raison qu’on retienne une personne de son âge. Le Sénégal lui manque, il est très attaché à son pays. »
Une certitude répétée par ses proches, qui présentent l’homme comme le contraire de son fils, Pape Massata Diack, lui aussi inculpé dans cette affaire et réfugié au Sénégal, mais qui fait la sourde oreille aux convocations de la justice française. Ex-conseiller marketing de l’IAAF, il est soupçonné d’avoir perçu des commissions occultes en marge de contrats de sponsoring et de droits télé. Pape Massata Diack avait déjà été arrêté pour avoir détourné des fonds provenant de la participation du Sénégal à la Coupe du monde de football, en 2002.
Champion de France de saut en longueur
Si les acteurs de l’athlétisme au Sénégal présentent Lamine Diack comme un homme influent qui fait la fierté du pays et du continent, « il n’est pas exempt d’un procès équitable », selon Pape Demba Ndior, secrétaire général de la Ligue d’athlétisme de Dakar. « Peut-être n’est-il pas blanc comme neige mais je respecte l’homme. Le procès doit avoir lieu s’il a fauté, mais les conditions sont difficiles et humiliantes pour celui qui a tant accompli pour le sport et l’athlétisme au niveau mondial », estime l’ancien athlète, qui attend avec impatience le délibéré. « Au Sénégal, quand on a 50 ans, on connaît forcément Lamine Diack », sourit-il.
Durant plus d’un demi-siècle, l’homme a cumulé les responsabilités politiques et sportives. A l’origine inspecteur des impôts, Lamine Diack est athlète depuis son plus jeune âge. Il a même obtenu le titre de champion de France de saut en longueur en 1958, avant l’indépendance du Sénégal. Footballeur aussi, c’est d’abord avec le ballon rond qu’il a fait bouger les lignes, « en développant des clubs forts », détaille Pape Demba Ndior, qui le présente comme « un monsieur omnisports».
Lamine Diack, l’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), accusé de "corruption, blanchiment en bande organisée et abus de confiance", comparait à partir de ce lundi devant la justice française.
Dakar, 8 juin (APS) – Lamine Diack, l’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), accusé de "corruption, blanchiment en bande organisée et abus de confiance", comparait à partir de ce lundi devant la justice française.
Le président de l’IAAF de 1999 à 2015 est accusé d’avoir étouffé des cas de dopage dans l’athlétisme russe en échange de pots de vins estimés par des juges à 3,45 millions d’euros, selon le quotidien français Le Monde.
Selon le même journal, il est aussi reproché à Lamine Diack "en marge de contrat de sponsoring d’avoir détourné de l’argent de la Fédération qu’il dirigeait à son profit et à celui de son fils, Papa Massata Diack, ex consultant marketing".
Le média français indique que Lamine Diack a reconnu que des sanctions contre des athlètes russes avaient été échelonnés permettant à plusieurs d’entre eux de participer par exemple aux Jeux olympiques de Londres en 2012 et "l’objectif était notamment de favoriser les négociations de droits télé et avec les sponsors en vue des Mondiaux d’athlétisme en août 2013 à Moscou".
Prévu initialement en janvier dernier, le procès a démarré ce lundi devant la 32-ème chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris.
Les avocats de Papa Massata Diack ont demandé un nouveau report, ne pouvant pas se déplacer en France avec la fermeture des frontières due à la pandémie de Covid-19.
Outre l’ancien président de l’IAAF et l’ancien Consultant marketing de l’instance dirigeante de l’athlétisme mondial, le tribunal doit entendre les Russes Valentin Balakhnichev, ancien Trésorier général de l’IAAF et l’ex entraîneur russe Alexei Melnikov.
Dans les rang des prévenus, il y a aussi le Français Gabriel Dolé, ex responsable de l’antidopage de l’IAAF qui a reconnu "avoir participé à ce qu’il a qualifié de passivité permanente", Habib Cissé conseiller juridique personnel de Lamine Diack.
L’IAAF devenue World Athletics en octobre 2019 sous la présidence de l’Anglais Sebastien Coe qui a succédé à Lamine Diack en 2015, l’AMA (Agence mondiale d’anti dopage) et le CIO (Comité internationale olympique) et les anciennes athlètes Hind Dehiba et Christelle Daunay se sont portés partie civile dans cette affaire, rapporte le quotidien sportif français dans son édition de ce lundi.
99 NOUVELLES CONTAMINATIONS RAPPORTÉES CE LUNDI
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a rapporté, ce lundi, 99 nouvelles contaminations de Covid-19, ce qui porte à 4427 le nombre de cas déclarés depuis le 2 mars.
Dakar, 8 juin (APS) - Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a rapporté, ce lundi, 99 nouvelles contaminations de Covid-19, ce qui porte à 4427 le nombre de cas déclarés depuis le 2 mars.
Sur 1010 test effectués, 99 sont revenus positifs à la Covid-19, soit un taux de positivité de 9,8%, a indiqué la directrice générale de la Santé.
Lors du point de presse quotidien sur la situation de la pandémie, Docteur Ndèye Marie Khémess Ngom Ndiaye a précisé qu’il s’agit de 88 cas contacts suivis, 2 cas importés via l’Aéroport Blaise Diagne et 9 cas issus de la transmission communautaire à Dakar.
111 patients hospitalisés ont été déclarés guéris tandis que 14 cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation.
A ce jour, le Sénégal a dénombré 4427 cas de Covid-19 dont 2699 guéris, 49 décès et 1678 patients sous traitement.
«LE PDS N’EST PLUS QUE L’OMBRE DE LUI-MÊME»
Me El Hadji Amadou Sall sort de son «confinement». L’ancien porte porte-parole du parti libéral, membre du courant Suqali soppi, analyse la gestion de la crise par le gouvernement. Il n’est pas tendre avec le parti d'Abdoulaye Wade
Me El Hadji Amadou Sall sort de son «confinement». L’ancien porte porte-parole du Pds, membre du courant Suqali soppi, analyse la gestion de la crise par le gouvernement. Me Sall n’est pas tendre avec le Pds qui «n’est plus que l’ombre de lui-même, totalement aphone et inexistant». Dans cet entretien, l’ancien ministre de la Justice se prononce sur les nouvelles nominations au Conseil supérieur de la magistrature et donne des nouvelles de Oumar Sarr.
Quelle lecture faites-vous de l’assouplissement des mesures restrictives ?
Il s’agit d’une mesure qui soulage, mais prise au mauvais moment. Si l’on croit ce que le ministre de la Santé nous en dit, la pandémie a atteint son pic et la tendance est à la baisse. Il apparaît donc nécessaire d’assouplir les restrictions à la mobilité des personnes et les décisions portant ralentissement des activités économiques. Tout le monde s’accorde à dire qu’à un moment ou un autre, il faudra bien éviter à notre économie de sombrer et d’entraîner le pays dans le chaos. On doit cependant se poser des questions sur la pertinence des mesures d’accompagnement d’un «déconfinement» précipité qui ne dit pas son nom.
Que voulez-vous dire par «déconfinement précipité» ?
En dehors du port obligatoire du masque dans les lieux publics, que reste-t-il du confinement lorsque le transport interurbain est repris, le couvre-feu très allégé, certaines activités économiques reprises ? Manifes¬te¬ment, il s’agit d’un prélude au «déconfinement».
Ces mesures ont été prises au moment où l’on note un certain relâchement chez les populations sur le respect des mesures de prévention. Le gouvernement a-t-il choisi le bon timing ?
Il est permis d’en douter et on n’est pas très rassuré en écoutant les docteurs Seydi et Bousso parler du stress de la gestion de la pandémie et des risques de dispersion des «contacts» qu’ils suivent.
Etes-vous de ceux qui pensent que le gouvernement a cédé face à la pression de la rue ?
Il y a une coïncidence troublante entre les manifestations de jeunes, exaspérés et étouffés par le confinement, celles de «routiers» protestant contre les sévères restrictions à la mobilité urbaine et les mesures de pré-«déconfinement» prises par le gouvernement. Il appartient au gouvernement de convaincre que ce n’est pas le cas. Il faut avoir le courage de dire que le «déconfinement» ne saurait être la réponse aux angoisses des routiers ou au désœuvrement d’une jeunesse confinée. On ne peut assouplir le couvre-feu et préparer le «déconfinement» qu’en prenant plusieurs précautions. Il faut d’abord avoir l’avis des médecins, infectiologues et épidémiologistes, entre autres, ainsi que celle d’autres acteurs, (syndicats, employeurs, société civile, politiques, etc.) avant de prendre une mesure aussi importante. Si on cède aujourd’hui, demain on cèdera encore et bonjour les dégâts.
N’avez-vous pas l’impression que le gouvernement tâtonne ?
Je ne sais pas si le gouvernement tâtonne ou pas. Ce que par contre je peux dire avec force certitude, c’est qu’il y a un énorme déficit de dialogue avec les acteurs. Au début de la pandémie, un énorme élan de solidarité a pu être créé autour du chef de l’Etat qui n’a pas manqué de se rallier les différents leaders politiques et les acteurs de presque tous les secteurs de la vie sociale. Le moment était exceptionnel dans la vie de notre Nation et on était en droit de s’attendre à une plus grande concertation dans la gestion de la pandémie et de la nécessaire solidarité qui en découlait. Il n’en fût rien et pour l’essentiel le gouvernement a agi seul. Au demeurant, l’opposition a relevé ce déficit de concertation tout en exprimant sa disposition à accompagner les pouvoirs publics à faire face aux effets désastreux de la pandémie du Covid-19.
Quelle lecture faites-vous de la reprise avortée des cours ?
La reprise avortée des cours illustre parfaitement le déficit de concertation et de dialogue à un moment si crucial. Des couacs de cette nature doivent être évités. La question de l’école dans un environnement de pandémie est d’un sérieux extrême, nécessitant les plus larges concertations pour maintenir le niveau de nos élèves, sauver ce qui peut l’être, le tout en préservant la santé des enfants et des enseignants. Je peux parfaitement comprendre le désir du ministre de l’Education nationale d’éviter autant que faire se peut une année blanche ou invalide. Mais on ne peut y arriver qu’avec la volonté et la participation de tous les acteurs concernés qui doivent se retrouver autour d’une table et régler toutes les questions. C’est un préalable inévitable.
Etes-vous de ceux qui réclament la démission du ministre de l’Education nationale ?
La nomination et la cessation des fonctions des ministres sont du ressort exclusif du président de la République. Il avisera. Je dois juste dire que je n’entends pas une vive clameur demandant avec persistance la démission du ministre de l’Education nationale.
Où en êtes-vous avec votre courant Suqali soppi ?
Voilà maintenant plus d’une année depuis que la crise au Pds a donné naissance à notre courant «Suqali soppi». Les Sénégalais ont pu constater que nous n’avons aucun problème particulier avec le secrétaire général Me Abdoulaye Wade, mais ils auront aussi constaté que depuis plus d’un an, aucune instance nationale du Pds ne s’est réunie, aucune activité n’est exercée sur le terrain et que ce parti qui a tant contribué à l’approfondissement de notre démocratie et à l’élargissement des espaces de liberté n’est plus que l’ombre de lui-même, totalement aphone et inexistant. Il est évident que notre mouvement devra prendre des initiatives hardies pour exister et offrir une alternative crédible aux Sénégalais. Vous comprendrez que la pandémie du Covid-19 a eu un impact sur nos projets. Mais pour l’essentiel, notre mouvement se porte bien et ses militants et sympathisants nous expriment chaque jour leur envie d’aller plus loin en prenant notre destin en main.
Avez-vous des nouvelles de Oumar Sarr qui a été positif au Covid-19 ?
Oumar Sarr et moi, nous sommes un binôme. Sans éprouver le besoin de communiquer sur notre relation, nous nous parlons tous les jours. Son état n’est pas inquiétant, il se porte très bien et très probablement, inshallah, il sera bientôt de retour auprès des siens.
Vous êtes silencieux depuis quelque temps. Qu’est-ce qui l’explique ?
Qui n’est pas silencieux en cette période de guerre ? Presque tout le monde l’est, sauf que depuis quelques jours, certains sortent de leur silence, souvent d’ailleurs pour dénoncer telle ou telle décision généralement concernant la gestion de certains aspects de la crise. Nous faisons partie de ceux qui se taisent en participant à l’effort de guerre, et qui une fois la guerre terminée diront ce qu’ils pensent des stratégies et moyens mis en œuvre et qui le feront sans complaisance.
Vous connaissant, on a l’impression que vous êtes passé d’opposant radical à opposant modéré. Suqali soppi dira-t-il non à Macky Sall s’il fait appel à lui ?
L’environnement politique est marqué par le dialogue national auquel nous sommes partie prenante et l’environnement national est marqué par la pandémie du Covid-19 qui nécessite la mobilisation de tous dans ce qui apparaît comme une guerre. Il en est ainsi presqu’un peu partout dans le monde sauf dans les pays dirigés par des hommes têtus et obtus qui n’en font qu’à leur tête. Dans ce contexte, les contradictions s’estompent et les lignes de démarcation sont momentanément ignorées. Pour le reste, nous attendons qu’on fasse appel à nous et nous donnerons notre réponse. Nous ne répondons pas à une hypothèse ou à une question qui ne nous est pas posée.
Récemment, la Magist¬ra¬ture a été chamboulée avec des nominations, comme Cheikh Tidiane Coulibaly à la Cour suprême. En tant qu’acteur du système judiciaire, est-ce que ce sont les changements auxquels vous vous attendiez ?
Vous imaginez bien que le garde des Sceaux que je fus ne peut que garder une certaine retenue s’agissant de la gestion des carrières. Mais franchement et honnêtement, je ne peux m’empêcher d’exprimer ma satisfaction dans la nomination de personnalités comme Cheikh Tidiane Coulibaly que j’ai croisé et fréquenté à la Faculté de droit et dans le mouvement étudiant, il est comme un frère, ou Aly Ciré Ba (Premier président de la Cour d’appel de Dakar) pour qui j’ai un profond respect et une amitié non feinte, ou encore Mansour Mbaye, nouveau Procureur général (près la Cour suprême), dont la nomination à ce prestigieux poste est l’illustration de la promotion des nouvelles et jeunes générations. Il appartient maintenant aux hommes et femmes qui ont été nommés de confirmer tout le bien que l’on pense d’eux.
Vous vous dites satisfait de la nomination de Cheikh Tidiane Coulibaly. Donc, vous ne regrettez pas le départ à la retraite de Mamadou Badio Camara que vous avez tant décrié dans l’affaire Karim Wade ?
Etre satisfait de quelqu’un ne veut certainement pas dire regretter quelqu’un d’autre.
Avez-vous des contacts avec Karim Wade ?
Non, je n’ai plus aucun contact direct avec lui. Cependant, il m’a appelé pour me présenter ses condoléances à la suite du décès d’un membre de ma famille.
Quelle est votre position sur le décret d’honorariat en faveur de Aminata Tall ?
Sur le fond, je n’ai rien à dire d’autant que d’autres personnalités ont bénéficié de ce privilège. Par contre, sur la forme, le cafouillage relatif à l’existence ou non d’un décret «falsifié» et dont on fait référence me gêne énormément tant il installe le trouble.
Dans cette affaire, n’êtes-vous pas gêné par le contexte dans lequel le Sénégalais fait face à d’énormes difficultés liées au Covid-19 ? On parle d’un salaire de 4,5 millions …
Dans l’environnement du Covid-19, il n’a pour le moment été nulle part question de diminuer le salaire de qui que ce soit. Evitions les stigmatisations et les hystéries que suscite le regard inquisiteur sur les revenus des uns et des autres !
Quelle est votre position sur l’affaire du pillage foncier du littoral et notamment au Phare des Mamelles ?
Vous avez bien dit «pillage» et vous ne pouvez imaginer une réponse autre qu’une ferme dénonciation de ce qui apparaît non seulement comme un pillage, mais comme une intolérable agression contre la nature et l’esthétique qui en dégage. J’ai aimé un post de mon frère et ami Abdou Thiam qui a écrit sur sa page : «Sur le bradage du littoral, demandons aux candidats à la Présidentielle de s’engager à détruire toutes les constructions illégales, aux frais des promoteurs !» Je ne suis pas loin de penser la même chose.