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14 juillet 2025
«IL Y A UNE LETALITE DE 46% PAR RAPPORT AUX CAS GRAVES»
Le nombre de décès rapporté sur le nombre de cas graves est de 47. Cela veut dire que sur le nombre de malades qui sont entrés en réanimation un peu plus de la moitié sont sortis totalement guéris.
«(…) Nous étions, il y a de cela un mois, à 1115 cas confirmés, avec 28 cas graves et 8 décès. Un mois après, nous sommes à 4155 cas confirmés, 96 patients dans un état grave et 47 décès. La répartition géographique suit la même courbe que la répartition géographique des cas confirmés. Et la plupart de ces cas graves ont été notés à Dakar notamment avec 84 % et le reste des patients a été pris en charge entre Touba, Ziguinchor et Tambacounda. Même si l’âge moyen des cas confirmés n’est pas élevé, l’âge moyen des patients graves est de 61 ans. Et nous avons noté des extrêmes de 37 ans et de 85 ans. Pour ces patients présentant des cas graves, les hommes sont les plus concernés, parce que nous avons 5 hommes pour une femme. Nous avons noté aussi que chez ces patients, les comorbidités sont presque toujours présentes en plus de l’âge. Car, 9 patients sur 10 présentent au moins une comorbidité dans 75% des cas, et 2 comorbidités pour les autres patients.
L’hypertension artérielle et le diabète ont été des pathologies très souvent rencontrés. Mais d’autres ont été notés notamment l’obésité, les problèmes respiratoires chroniques dont l’asthme etc. Mais nous avons noté pour ces patients que nous avons reçus dans les services d’urgences et de réanimation, 100 % ont été admis avec une détresse respiratoire et une pneumonie. Ce qui a nécessité d’ailleurs toutes les mesures de réanimation dont l’oxygénation pouvant aller parfois jusqu’à l’utilisation du respirateur artificiel.
Parmi ces patients, 18 ont présenté au cours de leur hospitalisation une insuffisance rénale qui a nécessité une dialyse pour ces malades. Nous avons eu également des lacunes, parce que tout simplement nous avons beaucoup de patients dialysés chroniques et si on utilise ces générateurs de dialyse pour ces malades de Covid-19, cela pose d’énormes problèmes. Et c’est à ce titre d’ailleurs que des mesures ont été prises pour doter tous les centres de traitement à Dakar mais également dans les régions de générateurs de dialyse. (…)
Le nombre de décès rapporté sur le nombre de cas graves est de 47. Cela veut dire que sur le nombre de malades qui sont entrés en réanimation un peu plus de la moitié sont sortis totalement guéris. Ce qui fait une létalité de 46% par rapport aux cas graves. Mais, il faut noter que 18 patients parmi ces cas graves sont encore sous nos services et sont en train d’être pris en charge par les collègues réanimateurs. On l’a toujours dit, les conditions de prise en charge de ces patients graves doivent être améliorées à Dakar mais également dans toutes les régions du Sénégal.
La réanimation de l’hôpital Dalal Jamm va entièrement être consacrée à la prise en charge de ces cas graves et c’est le cas aussi du futur centre de traitement de l’hôpital Matlaboul Fawzeyni de Touba qui va abriter un centre de traitement épidémiologique, mais également un service de réanimation entièrement dédié à la prise en charge de ces cas graves.»
LES 253 VICTIMES DE GADAYE EN GREVE DE LA FAIM SI...
«Si d’ici 15 jours les autorités ne réagissent pas, nous allons venir sur ce site pour observer une grève de faim avec nos familles », avertit le secrétaire administratif du Collectif des victimes de Gadaye, Babacar Tine.
Mécontents de la non-applicabilité de la décision de justice de la Cour suprême qui a tranché en leur faveur, suite au différend qui les opposait avec le promoteur Mbaye Fall, les 253 victimes de Gadaye ont organisé hier un rassemblement pour menacer d’entamer une grève de la faim dans les prochains jours si les autorités continuent de s’emmurer dans leur silence.
«Si d’ici 15 jours les autorités ne réagissent pas, nous allons venir sur ce site pour observer une grève de faim avec nos familles », avertit le secrétaire administratif du Collectif des victimes de Gadaye, Babacar Tine. Sur les raisons de la prise d’une telle décision, Monsieur Tine accuse la justice. « Il y a une léthargie de l’affaire Gadaye. Une autorité qui fait des promesses à ses populations doit pouvoir les respecter. Nous ne pouvons pas comprendre que l’Etat nous dise : ‘’si vous gagnez à la Cour suprême, nous allons restituer vos terrains par un bail’’, et qu’aujourd’hui, rien n’ait évolué. » Et de poursuivre pour s’en prendre à la justice. « La décision de justice doit être appliquée.
Le promoteur Babacar Fall a été condamné à 06 mois de prison ferme avec contrainte par corps. Mais ironie du sort, Babacar Fall se pavane comme si de rien n’était. Et au même moment, de pauvres citoyens qui avaient misé toutes leurs économies sur ce site sont en train de vivre la misère. C’est injuste. »
Parlant de leur situation sociale actuelle, Babacar Tine crie son désarroi : «C’est une population affaiblie, meurtrie. Car c’est l’Etat qui a accompagné Babacar Fall pour détruire les biens de ses honnêtes citoyens. Et aujourd’hui, cet Etat est en train d’abandonner ses citoyens qui aujourd’hui vivent dans la misère.» Il poursuit pour interpeller le Chef de l’Etat Macky Sall à réagir au plus vite : «Gadaye est un drame social qui ne doit laisser personne indifférent. Le Président a l’obligation de réagir pour rendre la justice à ses citoyens.»
par la chroniqueuse de seneplus, Rama Salla Dieng
L’ENSEIGNEMENT COMME MILITANTISME FÉMINISTE À LA BASE
EXCLUSIF SENEPLUS - Nous ne pouvons pas continuer à glorifier la dextérité des acteurs de l’informel. On peut être féministe sans avoir à choisir entre cela et l'appartenance à une communauté - ENTRETIEN AVEC NDÈYE DÉBO
Ndèye DéboSeck est journaliste et professeure d’anglais au Collège d’éducation Moyen Waly Thiobane à Kaffrine, au Sénégal.
Ndèye Déboet moi nous sommes rencontrées à Dakar en novembre 2012 lors d'une conférence sur la gouvernance organisée par l'organisation pour laquelle je travaillais. Elle était journaliste stagiaire au quotidien sénégalais Sud Quotidien et est maintenant enseignante à Kaffrine. Dans cette conversation, elle raconte comment son activisme féministe de base se nourrit de sa pratique enseignante, du système éducatif sénégalais, de sa passion pour le football et de bien-être.
Ndèye Débo : Bonjour la sœur, je suis Ndèye Débo. Je suis journaliste et professeure d'anglais. J'ai enseigné dans le sud du Sénégal, à Bounkiling et maintenant je suis à Kaffrine, dans le centre. Je suis l'aînée d'une grande famille, principalement des femmes. Je suis photographe (pour le plaisir) et j'ai une passion pour l'agriculture.
Comment vivez-vous une vie féministe et est-ce facile au Sénégal (en zone rurale surtout) ?
Ndèye Débo : Je crois en ce que j'appelle la pédagogie de l'action. Je vis selon certains principes en privé et en public. J'essaie de montrer qu’on peut mener une existence selon les normes féministes sans avoir à choisir entre être féministe et appartenir à une communauté. Maintenant, c'est plus facile qu'il n'y paraît. Parce que, je négocie. Je suis une Sénégalaise, une Lebu, une musulmane, une féministe. Beaucoup de cultures, de pratiques, de valeurs se retrouvent en moi. La difficulté était de reconnaître que ces systèmes de croyance ne s’excluaient pas mutuellement. Et de voir qu'au cœur de chacun d’entre eux se trouve le développement intégral de l'être humain, qui est une des finalités de la Loi d’orientation de l’éducation Nationale du Sénégal. Maintenant que j'en suis consciente, je navigue à travers ces identités avec une intelligence émotionnelle et sociale.
Vous avez travaillé dans le journalisme et le blogging auparavant. J’ai été vraiment impressionnée après avoir lu votre article intitulé «Leçons d’économie domestique» en 2013 dans lequel vous évaluiez de manière critique l’offre télévisuelle qui, selon vous, se concentrait principalement sur «les souffrances des femmes sénégalaises et les maladies des hommes», est-ce que cela a changé ?
Ndèye Débo :Dans une certaine mesure, il y a des changements importants dans le paysage médiatique. Maintenant, les télévisions nationales diffusent des émissions où des femmes occupent le devant de la scène, décident de leur vie etc. et ne sont plus seulement les anges de la maison. D'un autre côté, toutes les émissions auxquelles j'ai fait référence dans cet article de 2013 sont toujours diffusées. Aujourd’hui plus que jamais, les prêcheurs religieux ont la possibilité de dicter le code vestimentaire des femmes, les devoirs de l’épouse et de la mère, etc. Récemment, une série télévisée a en quelque sorte ébranlé l’opinion publique, Maîtresse d’Un Homme Marié (MDMH). Les principaux protagonistes sont des femmes, mais elles peuvent clairement décider d’avec qui elles sortent, comment elles vivent, etc. MDHM est remarquable en ce qu'il change la perspective et présente les protagonistes non seulement comme perdues, des anges etc. mais pointe du doigt les dynamiques de pouvoir en jeu dans les relations sénégalaises et la complexité du problème. Pas comme il apparait une opposition entre la bonne épouse et la maîtresse, mais clairement, de quelle manière le patriarcat, les hommes bien sûr et les femmes travaillent pour maintenir le statu quo. L'émission est si réussie et si stimulante qu'elle a irrité des censeurs religieux qui ont ensuite été invités à jeter un œil au scénario.
Merci Ndèye Débo, moi aussi j'ai lu plusieurs bonnes critiques de MDHM dont celle de Marame Guèye. Alors, qu'est-ce qui vous a poussée à devenir enseignante d'anglais ?
Ndèye Débo : Dans une certaine mesure, ma mère a suscité mon amour dans l'enseignement. Elle n'a jamais fréquenté l'université alors qu'elle avait été une excellente élève jusqu'au lycée. Elle était notre répétitrice et beaucoup de mes camarades de classe venaient à la maison pour bénéficier du renforcement après les classes. J’ai toujours pensé qu'elle aurait été une excellente enseignante. Je porte donc en quelque sorte le flambeau.
Quand j'étais au lycée, je voulais terminer un doctorat et devenir professeure d'université. J'ai littéralement quitté l'université après mon certificat de maîtrise en anglais. J'ai suivi une formation et je suis devenue journaliste, mais je n'avais pas soutenu mon mémoire de maîtrise. Donc, j’y suis retournée. J'ai obtenu mon diplôme et je suis allée à la FASTEF (Faculté des Sciences et Technologies de l’Education et de la Formation) pendant deux ans. Et là, j'enseigne l'anglais au lycée depuis 6 ans maintenant.
Vous décrivez votre enseignement comme du «militantisme féministe à la base», pouvez-vous nous en dire plus ?
Ndèye Débo : Je crois vraiment au pouvoir de transformation de l'éducation. J'ai le privilège d'avoir eu de nombreuses expériences qui m'ont conduite là où j'en suis maintenant. J'ai participé à un institut féministe avec WLUML (Women Living Under Muslim Laws), j'ai travaillé pour l'un des premiers journaux privés au Sénégal, Sud Quotidien. Je suis bénévole dans un réseau agricole, je suis (je n'ai pas assisté aux réunions depuis des années) membre dormante du CNCR (Conseil National de Coopération et de Concertation des Ruraux), j'ai des expériences de travail en protection de l'enfance, plaidoyer agricole, communication pour le développement. Et, j'ai vraiment eu le privilège d'apprendre directement auprès de femmes fortes comme le Dr Fatou Sow, Codou Bop, Vore Gana Seck, Khady Ndao (de la Fédération Nationale des Groupements de Promotion Féminine). Et j'ai la chance de pouvoir apporter tout ce vécu dans ma pratique d'enseignante. Je travaille avec des pré-adolescents et des adolescents. Mes élèves sont littéralement à un âge où ils se construisent une personnalité. À ce stade, des problèmes de représentation, d'estime de soi, de confiance sont en jeu. De plus, dans ma pratique quotidienne, je respecte la recommandation de la loi d’orientation nationale qui propose «de lier l’école à la vie réelle». Je tiens à toujours élaborer des contenus qui, d'une manière ou d'une autre, s’adressent à la réalité que vivent mes élèves sur le plan culturel, social et religieux. Par exemple, pendant deux ans, je leur ai demandé d'écrire des contes de leurs groupes ethniques. Les Peuls ont écrit des contes peulh, les Mandjaks ont fait de même, etc. De cette façon, je suis sûr de satisfaire leur sens de la communauté ainsi que leur maîtrise de la langue anglaise, car, ils/elles font de la recherche, utilisent des dictionnaires, collaborent, etc. Je les incite également à s‘intéresser aux sujets de l’heure, à l’actualité internationale, etc. J'essaie de faire appel à leur sensibilité culturelle et leur pensée critique.
Je me souviens d'avoir lu un article émouvant que vous avez écrit en 2017 sur votre défunt étudiant, Mamadou Saliou, décédé en Libye en essayant de migrer vers l'Europe, et vous décriviez la «situation des migrants comme une crise de citoyenneté». Pouvez-vous nous en dire plus ?
Ndèye Débo : Cette année-là, nous avions entendu de nombreuses rumeurs selon lesquelles des écoles avaient perdu des élèves à cause de l'immigration clandestine. Nous ne pouvons savoir exactement combien d’étudiants de tout le Sénégal sont morts dans les mers ou en Libye. Combien vivent sous la contrainte, soumis à l'exploitation, aux abus systématiques, à la traite des êtres humains ? Nous n'en avons aucune idée. Et je pense toujours que s'ils avaient un peu d'espoir dans le futur, ils ne seraient pas partis. S'ils avaient été dans des conditions décentes à la base, ils auraient peut-être voulu migrer. Mais ils auraient pris des décisions moins désespérées et fatales.
Mamadou Saliou était dans l’une de mes classes lors de ma première année. Je suis admirative des élèves de Bounkiling ou de tout autre endroit sans ressources qui, contre toute attente et défiant tout pronostique, passent le cap du lycée. Ces enfants sont l'incarnation du courage. C’est un miracle qu’ils surmontent la pauvreté, de longues marches pour se rendre à l’école, la faim, travailler comme bonne ou conduire une charrette après l’école.
Bien sûr, tout le monde ne peut pas réussir à l'école, mais nous avons construit un système où l'école est pratiquement le seul moyen de sortir de la pauvreté. Ce n’est pas une question d’éducation ou d’absence d’éducation en soi. C’est une question d’égalité de chances, de politique et de disponibilité de l’emploi. Nous ne pouvons pas continuer à glorifier le travail précaire et la dextérité des acteurs de l’informel dans un contexte systémique de survie. Et nous sommes responsables. Nous, pauvres citoyen.ne.s, nous élisons des dirigeants non pas en fonction de leurs programmes mais de leur charisme ou de leur fausse proximité avec le peuple. Nous les autorisons à piller nos ressources et ne les tenons jamais comptables. Bref, j'ai été dévastée par la nouvelle de la mort de Mamadou Saliou. Mais je l'ai définitivement compris.
De nombreux enseignants et universitaires ont écrit sur la crise persistante du système éducatif sénégalais. Quelles sont les raisons de cette crise et comment pourrions-nous la résoudre ?
Ndèye Débo :Les raisons sont très simplement, une mauvaise gouvernance et une mauvaise gestion. Depuis des années, régulièrement, le gouvernement propose de nouveaux projets, dont la plupart n'apportent pas d'amélioration systémique. Ils visent souvent un aspect de l'éducation, comme le taux d'alphabétisation, les compétences en lecture, etc. Parallèlement, les budgets des écoles ont diminué avec des réductions drastiques des ressources allouées à l'équipement. Les enseignants ont des salaires ridicules et des conditions de travail désastreuses. Et chaque année, le gouvernement, les parents, la société civile, tous les autres segments de la société en appellent à la responsabilité sacerdotale des enseignants. Un ministre disait : «nous vous avons confié ce que la Nation a de plus chère». Pour les solutions, nous pourrions commencer par une meilleure répartition des ressources, une augmentation des budgets scolaires et des salaires des enseignants, de meilleures conditions de travail.
Nous sommes actuellement confrontés à cette pandémie mondiale du Covid-19, comment sensibilisez-vous vos élèves ?
Ndèye Débo :Depuis le début, c'est-à-dire lorsque nous avons appris l'existence du Covid-19 à Wuhan, j'ai discuté avec mes élèves, posé des questions sur le virus, son origine, les mesures de prévention, etc. Beaucoup de collègues le faisaient déjà pour sensibiliser celles/ceux qui n'avaient pas accès à l'information. Donc, avec mes élèves nous avons discuté des bases, de la prévention, le lavage des mains, etc. Chaque jour avant la décision du gouvernement de suspendre les cours, on y consacrait littéralement 5 minutes. Une anecdote, dans l'un de mes cours de 6e, le jour où le premier cas a été détecté au Sénégal, j'ai décidé d'en parler à la fin de la leçon, et un des élèves, Mayacine s’est tout d’un coup écrié ‘Coronavius’. J’ai d’abord fait mine de ne pas l’entendre mais il a insisté et je lui ai dit que nous en discuterions avant la fin du cours. Le lendemain, j’ai rencontré deux autres élèves, et quand l’un d’eux a voulu me serrer la main, son compagnon l’a littéralement poussé sur le côté, en disant «on a dit on ne sert pas la main ». Ces enfants ont entre 11 et 12 ans.
Avec les élèves plus âgé.e.s, en 4e, nous avons des groupes de discussions sur WhatsApp depuis le début de l'année. Avec la propagation du virus au Sénégal, on a travaillé à fact-checker les fakes-news que certains d'entre eux/elles partagent, j’essaie toujours de transmettre des informations et messages vérifiés et de les inciter à être prudent.e.s avec les nouvelles qu'ils/elles reçoivent et partagent.
Nous avons vu les photos navrantes des enseignant.e.s tentant de rejoindre leurs écoles en se précipitant dans les bus (insuffisants) mis à leur disposition. Au-delà des questions sur les risques posés en termes de distanciation physique, pensez-vous en tant qu’enseignante, que le moment soit opportun ?
Ndèye Débo : C’est absurde. Les cours ont arrêté le 14 Mars alors qu’il y avait très peu de cas ; et le président Macky Sall avait pris la bonne décision en les suspendant. Jusqu’ici, nous avons salué la riposte mis en place par les services compétents. Mais force est de constater qu’il y a eu des ratés dans la communication qui ont brouillé le message initial. Beaucoup de personnes déjà sceptiques face à la maladie ont vu là une bonne occasion de baisser la garde, voire de ne plus respecter du tout les mesures de prévention. Résultats des courses, beaucoup de stigmatisation, des malades qui se cachent etc. Nous en sommes à 4249 cas aujourd’hui (6 juin). Dans ces conditions, reprendre les cours me semble inopportun. Au-delà des rassemblements et des départs chaotiques qu’on a vus au terminus Liberté 5, nos écoles ne sont pas toutes équipées pour observer les gestes barrières. Beaucoup ne disposent simplement pas d’eau, de toilettes. A beaucoup d’endroits ce sont des abris provisoires, ou alors des classes qui menacent de s’écrouler. Des kits d’hygiène et des masques ont été mis à disposition, mais je me demande si on peut porter un masque fut-ce pendant une heure et transmettre une quelconque connaissance. C’est extrêmement difficile de respirer avec ; maintenant s’imaginer parler en classe, à des températures par endroit de +40 degrés, c’est absurde. La distanciation physique n’en parlons pas ; il faut beaucoup de présence d’esprit pour l’observer rigoureusement. Dans le contexte actuel, les enseignant.e.s qui sont des adultes auront eux/elles-mêmes du mal à rester concentré.es, les apprenant.e.s encore moins.
Vous avez une vraie passion pour le football comme vous le décrivez ici et là, je suppose que vous la partagez avec vos élèves… à votre avis, le football est-il plus regardé que la lutte (lamb) et pourquoi ?
Ndèye Débo : Dans les régions où j'ai servi, je pense que le football est plus suivi. Parce que les matchs de football sont, disons, plus démocratiques. La lutte est devenue un business depuis longtemps, récemment certains promoteurs ont proposé des projections payantes... Donc, ce que nous avons observé il y a quelques années, où les lutteurs étant littéralement des modèles et des leaders d'opinion est en train de reculer. Il y avait des programmes télé quotidiens, où on les montrait à domicile, au sein de leurs familles. Ils partageaient leurs routines, leur régime alimentaire (fonde, pain ndambe), maintenant ils sont plus distants. À Bounkiling, mon premier poste, je me souviens durant mes premières années, nous avons beaucoup parlé du lutteur Balla Gaye 2 qui est originaire de Casamance. Au fil des ans, Sadio Mané est plus revenu dans les conversations, non seulement à cause de ses talents. Mais Sadio est originaire de Bambali, non loin de Bounkiling. Beaucoup d'élèves peuvent littéralement s'identifier à lui ou le voient comme un frère ou un cousin. Et c’est fréquent de rencontrer des Sadio Mané dans la région. Tiens ! J’avais une élève nommée Sadio Mané.
Si vous deviez citer trois leçons de vie que vous avez apprises en enseignant l'anglais à des jeunes du Sénégal rural, quelles seraient-elles ?
Ndèye Débo : L’humilité, la résilience et la foi.
Vous êtes également doctorante, photographe et blogueuse, comment conciliez-vous votre travail avec l'enseignement ?
Ndèye Débo : Je me suis inscrite à un programme de doctorat au Laboratoire d’études Africaines et Postcoloniales (LEAP). Je n’ai pas officiellement renouvelé mon inscription. Cependant, je travaille toujours sur le doctorat. Je lis, écris, revois toujours. Maintenant pour la photographie, je le fais pour le plaisir, pas comme une activité professionnelle. Je dis être photographe car je pratique depuis plus de 10 ans. Je dirais «je fais des photos». Idem pour les blogs ... C'est pour le plaisir. De plus, étant dans une zone rurale, avec une connexion pas toujours disponible, je blogue très sporadiquement. Donc, dans une certaine mesure, je n'ai pas à arbitrer entre la recherche, la photographie et l'enseignement.
Parlons maintenant de votre autre passion : la littérature. Quels sont les trois livres qui vous ont marqué, et recommanderiez-vous de les lire ?
Ndèye Débo : Weep Not Child par Ngugi Wa Thiong’o (1964)
Murambi, le livre des ossements de Boubacar Boris Diop (2000)
La Couleur Pourpre d'Alice Walker (1970)
Puis-je ajouter The Waves de Virginia Woolf (1931) ?
Comment prenez-vous soin de votre bien-être ?
Ndèye Débo :La photo ! Quand je stresse il me suffit de tendre la main pour prendre mon appareil photo ou mon téléphone et je suis instantanément apaisée. Je fais régulièrement du yoga. Quand je suis à la maison, c'est-à-dire à Dakar, je fais de longues promenades le long de la plage, auquel cas je prends aussi des photos. Je pratique parfois le tricot et la couture qui me permettent de me déconnecter et de m’aérer l’esprit.
J'ai aussi des sessions karité, où chaque matin après la douche, je m’enduis de beurre de karité.
Dr. Rama Salla Dieng est écrivaine, universitaire et activiste sénégalaise, actuellement maîtresse de conférence au Centre d'études africaines de l'Université d'Édimbourg, Ecosse.
EXCLUSIF SENEPLUS - La réforme dite ambitieuse du gouvernement français est un leurre - Le retour d'expérience sur la gestion du covid-19 doit aider à mieux s'armer contre les périls à venir - AU FOND DES CHOSES AVEC FÉLIX ATCHADÉ
Pour Felix Atchadé, les fondamentaux du FCFA demeurent, malgré la réforme annoncée par Alassane Ouattara en décembre et récemment entérinée par le gouvernement français. L'éditorialiste de SenePlus, revient dans ce numéro de "Au fond des choses" avec Mame Lika Sidibé, sur les motivations de son texte intitulé "Non à la rénovation du FCFA" publié sur notre site.
L'auteur de "Radioscopie d'un système de santé africain : le Sénégal", est également interrogé sur la gestion sanitaire de la crise du coronavirus par le gouvernement de Macky Sall.
«LAISSER UN LEGS AUX GENERATIONS FUTURES»
Invité de la plateforme de l’association nationale de la presse sportive (ANPS), ce samedi, me augustin Senghor a passé en revue les questions brulantes de l’actualité du football.
Invité de la plateforme de l’association nationale de la presse sportive (ANPS), ce samedi, me augustin Senghor a passé en revue les questions brulantes de l’actualité du football. De l’impact de la pandémie du Covid-19, de ses conséquences à l’éventualité d’une Co organisation de la Can 2025 avec la Guinée, aux infrastructures sportives en passant par son mandat à la tête de l’instance dirigeante du football, le président de la fédération sénégalaise de football a fait le point. Sans détour.
Reprise du championnat : «la décision du Comité d’urgence reste de vigueur»
A la lumière de ce qui s’est passé ces derniers jours, le Comité d’urgence s’est réuni et a proposé de convoquer le mois prochain le Comité exécutif pour étudier les possibilités d’anticiper sur le mois de novembre. Cela voudrait dire que nous pourrions envisager de terminer la saison en jouant les phases retours de Ligue 1 et L2, sans oublier les autres championnats amateurs. Ce sera juste une étude et la décision initiale prise par le Comité d’urgence reste de vigueur. La difficulté c’est qu’il nous paraissait difficile sans qu’on nous le reproche ou que ça ne fasse des griefs aux autres équipes de déclarer Teungueth FC champion. C’est pourquoi nous avions pensé à cette formule qui serait moins injuste.
«L’Etat devra accompagner le sport et le football»
Nous sommes en pleine pandémie de Covid-19 et comme beaucoup de secteurs d’activités dans le pays, le sport en particulier le football, seule fédération en son sein avec une Ligue professionnelle de football et des clubs amateurs investissent plus que d’autres disciplines et en payant des salaires. Nous avons été impactés négativement et nous avons espoir que l’Etat devra accompagner le sport et le football. La Fédération a pris les devants en aidant les clubs et acteurs à supporter les difficultés financières. Nous avons conçu un programme post Covid-19, incluant la fin de cette saison et celle 2020-2021
600 millions pour appuyer l’ensemble des clubs
Je dois comptabiliser toutes les actions qui ont été menées. Nous sommes aux alentours de 550 millions. Si on doit comptabiliser l’appui de la FSF, les membres du Comité exécutif, la LSFP, les ligues, les présidents de Ligue, les joueurs de l’Equipe nationale, on n’était pas loin de 150 ou 180 millions. La FSF vient de débloquer près de 350 millions pour appuyer l’ensemble des clubs et démembrements qui ont été impactés… Nous n’avons pas encore terminé et si nous recevons d’autres fonds nous allons soutenir les clubs. Nous tournons autour de 550 voire 600 millions depuis le début de la pandémie.
Moderniser le stade Demba Diop
Nous avons beaucoup investi dans les infrastructures ces dernières années et nous allons continuer à le faire. Nous n’avons pas mal de projets qui pourraient être achevés ou avancés d’ici l’année prochaine. Dans le cadre de ces projets, je parlerai du stade Demba Diop qui est fermé depuis 2017. Cela pose beaucoup de préjudices au football et particulièrement au football dakarois. Il est important, vu la place de ce stade dans la vie du football sénégalais et des autres sports, qu’il soit réhabilité et rouvert. Le président de la République nous l’a confié et nous avons commencé à travailler avec le ministre des Sports pour la réhabilitation. Ce sera une réhabilitation et une modernisation. C’est un patrimoine sportif qui a une histoire.
Nous voulons en faire un petit modèle sénégalais des stades anglais. Tous les sièges seront assis et nous allons aussi réorganiser pour que la distribution change. On se rend compte que tout le monde est à l’étroit, tribune de presse, espace VIP, le salon d’honneur... Ce stade sera aux normes de sécurité FIFA pour éviter les incidents. Nous avons tous en tête les moments mémorables, où les Lions jouaient dans ce stade. Il a beaucoup d’histoires. Mais, je vais insister sur les délais car, Dakar est sevré de terrain et nous voulons moderniser en une année le stade. Il suffira juste de faire les commodités d’accès, de sortie, de fluidité, d’organisation, du confort, des panneaux d’affichage moderne, des sièges assis de 15 à 18 000 places, si c’est possible nous irons jusqu’à 20 000 places. Autre projet, c’est le siège de la Fédération sénégalaise de football. Je pense que nous sommes à l’étroit dans l’actuel siège qui ne reflète pas le niveau de rayonnement de notre football Il est temps d’avoir ce siège qui sera logé dans les locaux de l’ancienne ligue de football du Cap-Vert, au Point E. Ce sera un immeuble R+6 extension que nous voulons moderne et fonctionnel. Nous allons continuer jusqu’à ce que les 13 ligues de l’intérieur du pays puissent avoir leur siège. Il y a aussi l’hôtel fédéral, centre d’hébergement de haut niveau qui sera à Toubab Dialaw. Nous avons pu nous accorder avec le département d’investissement de la FIFA dans ce sens. Il y a beaucoup de projets et nous voulons les boucler dans un délai court.
Candidature en 2021 : «Je suis focus sur ma mission et mon travail»
J’ai été élu pour un mandat de quatre ans et il me reste à peu près 15 mois. Une période durant laquelle je serai tourné vers mon travail, ma mission et engagements que j’avais souscrit en 2017. Je pense que beaucoup de choses ont été faites, mais il en reste encore. Il y a de grands chantiers et notre objectif ce n’est pas de savoir si on reste ou part. Ce qui nous intéresse c’est de laisser un legs aux générations et aux dirigeants futurs des acquis qui leur permettront de maintenir les progrès en cours. Les générations futures diront que l’actuelle équipe dirigeante a laissé sur place une bonne organisation, des infrastructures des équipes compétitives pour pouvoir rester le plus longtemps possible au sommet du football africain, glaner des trophées pour rattraper le temps perdu depuis les indépendances. Ma candidature ce n’est pas ce qui compte. Je suis focus sur ma mission et mon travail. Il y a eu tellement de crises où j’aurais dû partir. Je me dis que je suis un miraculé.
Présidence de la CAF : «C’est un poste prestigieux, mais chacun a son destin et son mérite»
On estime que j’ai un profil intéressant pour diriger la CAF, ça se dit. J’entends et j’ai eu à me prononcer làdessus. Je reste sur mes principes qui veulent que je sois quelque part pour apporter ma contribution aux côtés d’autres. Par contre, je me couche tous les jours en pensant à une CAF rayonnante et je travaille aux côtés du président Ahmad pour bâtir un football africain fort et sans aucune ambition personnelle. C’est ça notre objectif, nous y travaillons. Le travail est toujours sanctionné positivement ou négativement. Tout le monde ne sera pas président de la CAF. C’est un poste prestigieux, mais chacun a son destin et son mérite. Il ne faut pas oublier qu’être président de la CAF demande un investissement beaucoup plus important que celui de président de Fédération nationale.
Maintient de la CAN en janvier 2021 : «Elle est assez compromise»
En tant que membre du Comité exécutif et vice-président du COCAN, il me sera difficile de vous donner mon avis. Je suis soumis à une certaine réserve. Je dirais simplement que nous sommes confrontés à une pandémie qui porte atteinte à toutes les compétitions internationales non seulement de la FIFA, mais aussi celles des Confédérations, dont la CAF. Cette CAN qui devait voir ses éliminatoires se terminer dans quelques mois. Elle est assez compromise, car il sera difficile de trouver les fenêtres FIFA nécessaires pour terminer quatre journées d’éliminatoires (3ème, 4ème, 5ème et 6ème journées, Ndlr).
Co-organisation CAN 2025 : « C’est la Guinée qui doit dire si elle est prête ou non»
Je dois d’abord dire clairement que la CAN 2025 a été attribuée à la Guinée et non pas aux deux pays. Aujourd’hui, nous n’avons pas les cartes en main et c’est la Guinée qui doit dire si elle est prête ou non à organiser seule ou s’ouvrir à d’autres pays. Je me suis prononcé une fois sur cette question en disant que ce serait une excellente chose de le faire. Notre président et son gouvernement ont mis en branle un certain nombre de projets qui nous permettront d’avoir 4 ou 6 stades internationaux en plus de la réfection de Demba Diop. C’est autant de facteurs qui montrent que le Sénégal se prépare pour organiser dans quelques années. Si c’est une co-organisation sera plus légère, il ne faut pas oublier que cette CAN quand on la donnait à la Guinée c’était avec 16 équipes, maintenant c’est 24. C’est lourd pour n’importe quel pays africain à l’exception de deux ou trois. Il faut que nous Africains qu’on puisse avoir l’humidité de faire les choses ensemble. Des pays gigantesques comme les Etats-Unis, le Canada et le Mexique décident de se mettre ensemble pour la Coupe du monde 2026. L’Afrique devrait le faire pour une CAN à 24 et la CAF pourrait inciter les pays qui ne remplissent pas ces critères d’aller vers cette option. Cette CAN à 24 n’aura de sens que si on arrive à pousser les pays voisins d’aller vers des co-organisations. Je suis certain que ça sera de belles fêtes, des CAN bien organisées ou les vols seront distants d’une à deux heures. Chaque pays pourra se doter d’infrastructures et avoir un héritage post–CAN pour pouvoir développer son football. Je pense que c’est l’avenir de cette CAN si on veut la maintenir à 24 pays.
Football local : «Le financement du football professionnel au Sénégal pose problème»
C’est le paradoxe qu’on vit au Sénégal. Pendant trop longtemps, on se plaignait des résultats de nos équipes nationales. On était inexistant en petite catégorie et on allait de déception en déception pour l’équipe nationale A. Aujourd’hui, l’équipe A domine le classement africain depuis 3 ans, les petites catégories et le foot féminin gagnent, le Beach Soccer rayonne. Mais, nos équipes locales sont éliminées au niveau des compétitions africaines. Le financement du football professionnel au Sénégal pose problème. Nous avons beaucoup de clubs, mais aucun ne constitue la panacée. On a aujourd’hui des clubs qu’on dit «Académie», il y a des avantages et des inconvénients. Les clubs traditionnels ont connu leurs heures de gloires, ainsi que ceux des entreprises. Il faut s’asseoir et voir le meilleur format. Je pense qu’on doit travailler à assurer de grands ensembles pour avoir des clubs forts et structurés. Pourquoi ne pas avoir des fusions entre des clubs traditionnels et des clubs d’entreprises, surtout insister sur l’argent injecte dans le football professionnel. Partout en Afrique, les Etats ont mis la main à la poche pour le développement du football professionnel. L’Etat ne doit pas regarder le football comme une simple activité de loisirs. C’est une activité économique et elle est éligible au même titre que les autres dans le Programme Sénégal Emergent (PSE). Il faudra financer ce football pendant 5 ou 6 ans et on verra qu’il décollera. Je crois aussi qu’il faudrait accompagner nos télévisions nationales pour l’acquisition des droits et en avoir l’exclusivité. Si la RTS ou d’autres télévisions s’associent, le football professionnel demeurerait au Sénégal.
LE PERIL S’INVITE SUR LA ROUTE !
Après trois mois d’immobilisme dû à la prévalence du nouveau coronavirus, les transporteurs du sous-secteur interurbain du Sénégal ont repris du service, avec respect des mesures barrières contre la propagation de la maladie à Covid-19.
Après trois mois d’immobilisme dû à la prévalence du nouveau coronavirus, les transporteurs du sous-secteur interurbain du Sénégal ont repris du service, avec respect des mesures barrières contre la propagation de la maladie à Covid-19.
A son annonce, jeudi dernier 04 juin en milieu de matinée, cette nouvelle a sonné comme une délivrance tant le «confinement» était synonyme de galère chez les nombreux chefs de carré sevrés de leur moyen de subsistance. Cette souffrance a connu des moments de pique qualifiés d’intenable par les transporteurs de Sédhiou, notamment la période du Ramadan suivie de la Korité (Eïd El-Fitr). Cette reprise du trafic interurbain risque tout de même de souffrir sous le coup de l’état d’urgence assorti d’un couvre-feu revu de 23 heures à 05 heures. «Nous sommes en train d’étudier la nouvelle planification de nos horaires de départ. La situation actuelle ne nous permet pas de quitter Dakar la nuit et du coup, nous sommes dans l’obligation de prendre départ le matin», a déclaré Mamadou Fall Samb, dit Modou Fall, le président de la gare routière de Sédhiou, non moins propriétaire de bus horaire.
BOUCHONS, COURSE CONTRE LE COUVRE-FEU : LES INGREDIENTS D’ACCIDENTS RASSEMBLES
Avec ces nouvelles dispositions afférentes à la circulation routière, dans ce contexte d’état d’urgence et de couvre-feu, toutes les voitures, à l’exception bien entendu des conducteurs détenteurs d’une autorisation spéciale, sont dans l’obligation de rouler entre 5 heures et 23 heures. Ce créneau horaire ne risque-t-il pas de créer un bouchon sur la chaussée ?
Mamadou Fall Samb, le président de la gare routière de Sédhiou répond par l’affirmative. «Ce créneau horaire oblige nous les transporteurs à rouler tous le jour jusqu’à 23 heures le soir. Cela dit, la route sera très sollicitée durant ce temps-là. Si le conducteur ne fait pas face à une situation de retard, comme les contrôles intempestifs de routine de la Police, des pannes et le respect des mesures barrières à chaque étape notamment en Gambie, le voyage peut être possible. Mais, en cas de retard, le chauffeur pourrait être tenté de rouler plus vite contre le couvre-feu. Ce qui peut créer un accident».
Interpellé sur la conscience de ses collègues au volant, Modou Fall répond qu’en des situations d’exception, «il est difficile de contrôler et d’avoir en permanence la maîtrise requise pour surmonter les difficultés, pas tous en tout cas», dit-il. S’agissant du respect des mesures barrières durant le trajet, Mamadou Fall Samb ajoute que «la sensibilisation va se poursuivre, sans relâche». Mais du côté des populations, la crainte est loin de se dissiper. «Déjà, avec les élèves et enseignants transportés de Dakar vers l’intérieur du pays, de nombreux cas de positivités se sont déclarés dans les régions comme à Sédhiou, Kaffrine, Matam et Ziguinchor. De là donc à imaginer si les vannes sont ouvertes cette fois-ci pour permettre à tous de vaquer à leurs occupations, nous allons vers une catastrophe», prévient Aziz Ndaw, un ouvrier en activité de maçonnerie à Sédhiou trouvé au portail de la gare routière de Sédhiou.
LE FORUM CIVIL INDEXE UNE MAL GOUVERNANCE DU SECTEUR
Le Forum Civil s’invite dans la guéguerre notée entre les associations d’armateurs de pêche regroupées au sein du Gaipes et le ministère de tutelle, relativement au sujet d’attribution de licences de pêche à des bateaux chinois et turcs.
Le contentieux entre le Gaipes et le ministère de la Pêche et de l’économie maritime, relativement à l’attribution de licences indues de pêche à des bateaux chinois et turcs relève tout simplement, selon le Forum Civil, d’une «Gouvernance du secteur caractérisée par la fraude, la corruption, un corporatisme exacerbé et des situations de monopole de fait organisées ou entretenues par l’etat ». La révélation a été faite hier, dimanche 7 juin, par Birahime Seck et Cie qui, à travers une déclaration, ont invité les deux parties à ….des discussions utiles pour préserver la ressource.
Le Forum Civil s’invite dans la guéguerre notée entre les associations d’armateurs de pêche regroupées au sein du Gaipes et le ministère de tutelle, relativement au sujet d’attribution de licences de pêche à des bateaux chinois et turcs. Déclarant suivre avec une grande attention les échanges entre, d’une part, le Groupe des Armateurs et Industriels de la Pêche du Sénégal (Gaipes) et, d’autre part, le ministère de la Pêche et de l’Economie Maritime (17 avril) sur les sujets relatifs à la délivrance de ces dites autorisations, par l’entremise de la Commission consultative d’attribution de licences de pêche (Ccalp), comme les bisbilles qui en ont suivi, le Forum civil s’est voulu ferme sur la question.
Dans une déclaration en date d’hier, dimanche 7 juin, l’organisation membre de Transparency international relève qu’ «après une revue documentaire et une série de rencontres avec le bureau du Gaipes et le ministre de la Pêche, il est arrivé à constater, qu’au-delà de la question de la tenue d’une session à distance de la Ccalp, le secteur est confronté à des enjeux de souveraineté halieutique qui a des conséquences, substantiellement, financière, économique, industrielle, sociale, sociétale». Se voulant plus direct, le Forum civil a fait remarquer que : «le premier enjeu est relatif à la Gouvernance du secteur caractérisée par la fraude, la corruption, un corporatisme exacerbé et des situations de monopole de fait organisées ou entretenues par l’Etat». Qui plus est, selon Birahime Seck et cie, «l’autre enjeu est la question de la préservation et de la disponibilité des ressources halieutiques surexploitées dans les principales pêcheries, comme l’atteste l’avis du Centre de Recherches Océanographiques de Dakar Thiaroye (CRODT) du 27 mai 2020, sur la situation des principales ressources halieutiques exploitées au Sénégal». Et de signifier que cette situation est connue par le Gaipes et le ministère de tutelle. Raison pour laquelle, selon le Forum civil, «une posture de prudence s’impose à l’Etat, dépositaire du pouvoir régalien de la gestion des ressources, dans l’attribution des licences de pêche».
FINALISER L’ENQUETE SUR LES LICENCES ATTRIBUEES PAR OUMAR GUEYE
Pour toutes ces considérations, le Forum Civil a tenu à faire un certain nombre de recommandations aux deux parties. Au ministère de la Pêche et de l’économie maritime, il est demandé ainsi de «réaliser, dans des délais très rapprochés un audit sur le pavillon sénégalais par un cabinet indépendant, choisi par appel à concurrence sur la base d’un cahier des charges neutre ; publier la liste des licences attribuées (entre 2018- 2019 et en 2020, renouvelées ou régularisées) afin de connaitre les bénéficiaires effectifs et les catégories de pêcheries concernées ; finaliser l’enquête sur les autorisations de pêche attribuées sous la gestion de Monsieur Omar Gueye et initiée par Madame Aminata Mbengue Ndiaye».
Dans la même optique, les services du ministre Alioune Ndoye sont priés « de prendre des mesures urgentes contre la fraude exercée par des bateaux d’autres pavillons qui débarquent au Sénégal avec des cartons neutres pour «sénégaliser» le poisson ; de dématérialiser et de revoir les modalités de paiement des certificats sanitaires et de capture qui épousent les contours d’une source de corruption organisée et paralégale ; de retirer, toute nouvelle licence qui aurait été attribuée sans tenir compte de l’avis technique formulé par le CRODT sur la situation de la ressource », en autres recommandations. Quant au Gaipes, le Forum civil a invité ses membres «d’engager, sans délais, avec le ministère de la Pêche et de l’économie maritime, organe de l’Etat chargé d’appliquer la politique sectorielle en la matière, toutes discussions utiles à l’amélioration de la gouvernance du secteur au bénéfice des acteurs concernés» et surtout de «participer, à côté d’autres acteurs intéressés, au financement de la recherche suivant des modalités strictement encadrées par la loi».
Par Makhily GASSAMA
LES GENIES MEURENT-ILS AUSSI ?
Un immense poète sénégalais vient de nous quitter ce vendredi 5 juin 2020. Sa plume était de feu et sa vie a ressemblé à celle des âmes insouciantes
Un immense poète sénégalais vient de nous quitter ce vendredi 5 juin 2020. Sa plume était de feu et sa vie a ressemblé à celle des âmes insouciantes. Iconoclaste comme par nature, il a traversé la vie avec un sourire moqueur qui ne l’avait jamais quitté. Quand il ouvrait la bouche, on ne savait guère ce qui en sortirait, car ce qui en sortait vous surprenait toujours. C’est bien là le signe annonciateur d’une personnalité dense, hors du commun. Pas d’attitude fuyante. Pas d’hypocrisie. Le vrai, rien que le vrai, le vrai qui fait peur. Sans bruit, il a eu le courage de choisir sa vie, en un mot, à l’instar d’Abdoulaye Sadji, il a eu le courage d’être. Il était conscient de sa force, de ce quelque chose de si puissant, de si vivant en lui, qu’il avait oublié que ce monde, surtout celui que nous vivons, a cessé de croire à l’esprit et a choisi de porter la chair en triomphe. Il ruminait ses poèmes dans un monde sinistrement matérialiste ; et ses compatriotes ne le comprenaient pas parce qu’ils ne l’ont jamais lu, jamais médité ses pensées profondes : il manque du temps aux Sénégalais de nos jours, car il faut courir, de jour comme de nuit, après l’unique valeur qui vaille de notre époque, celle qui, dans un bâillement affreux, a avalé toutes les autres valeurs : l’argent !
J’ai découvert le poète Ibrahima Sall avec la joie du découvreur de pépites d’or dans une mine tarie. Le Sénégal avait connu déjà de grands poètes comme Léopold Sédar Senghor, Birago Diop après la dernière guerre mondiale ; leurs créations étaient telles que le critique attentif pouvait se poser des questions inquiétantes sur l’avenir de la poésie sénégalaise. A notre grande surprise, naquirent des poètes comme Lamine Diakhaté, Cheik Ndao, Mamadou Traoré Diop, Mbaye Gana Kébé ; ils ont réussi à élargir le chantier des prédécesseurs - les phares - et porté haut le flambeau de la création poétique dans notre pays. Puis suivront des poètes « bavards » qui croient s’imposer autrement que par la qualité de leurs œuvres. Ibrahima Sall appartient à cette génération mais avec un talent et un tempérament tout à fait exceptionnels. Il se riait de la notoriété comme il méprisait les honneurs, sûr de la valeur de ses savoureux dires faits poésie. C’était, à dire vrai, l’indomptable « prince des nuées ». Voici une anecdote qui révèle bien un aspect croustillant de sa personnalité.
En 1979, je rencontrai le romancier haïtien, Roger Dorsinville, dans son bureau des Nouvelles Editions Africaines, alors dirigées par le dynamique et élégant Mamadou Seck. Il me demanda si je connaissais le poète Ibrahima Sall. Je répondis, comme je répondrais aujourd’hui, sans la moindre hésitation : « Indubitablement le plus grand poète de notre génération ! » Il rétorqua : « Entièrement d’accord. Sais-tu dans quelle situation vit actuellement ton « plus grand poète ? »
Intrigué, je répondis : « Non, d’ailleurs je ne le connais pas, mais j’ai lu et relu ses œuvres. Je l’ai souvent cité dans mes conférences, surtout pour illustrer mes études consacrées aux Lettres africaines traditionnelles et modernes. » Il me toisa avec insistance et me dit : « Alors, Makhily, le Président Senghor a chassé ce garçon du Palais suite à une brouille grave avec son conseiller français Pierre Klein. Il est sans emploi, très malheureux. Je te supplie de déployer des efforts pour qu’il regagne son poste au Secrétariat général de la Présidence. »
J’étais alors premier Conseiller Culturel du Président et Pierre Klein était second Conseiller, un ami du Président. Sans hésiter, j’acceptai la mission tout en étant conscient qu’il s’agissait d’une mission difficile. « Qu’a-t-il pu faire de si grave ? Me disais-je. Je trouvai mon inquiétude ridicule car il s’agissait de sauver la vie d’un grand créateur. Il y avait, à ce moment là, deux grands et nobles commis de l’Etat à la tête du Secrétariat général de la Présidence de la République : le Secrétaire général Omar Wellé et son adjoint Doudou Ndir, actuel Président de la Commission électorale nationale autonome (CENA). Je soumis la requête au premier. Il me dit, étonné : « Quoi ? Ibrahima Sall encore dans ces murs ? Jamais ! Le Président était furieux contre lui ; ne savez-vous pas qu’il est allé jusqu’à attenter à la vie de votre collègue Pierre Klein ? » Je répondis aussitôt : « Il pourra se racheter... Comme tout semble dépendre du Président lui-même, je vais lui en parler. » Le Secrétaire général ne semblait pas en revenir : « Je ne vous le conseille pas. Vous savez l’idée que le Président se fait de vous : ne lui demandez pas l’impossible. » Je le remerciai et sortis de son bureau – courroucé à tort à vrai dire.
Je suis reçu par le Président de la République le lendemain. Après m’avoir attentivement écouté, il resta longtemps silencieux en faisant semblant de consulter un dossier. J’étais inquiet de ce comportement. Puis il releva la tête et me parla dans un ton inhabituel : « Tu es au courant de ce qu’il a fait ? » je répondis non sans gêne : « Oui, Monsieur le Président. » Lui : « Tu sais que c’est très grave ? » Moi : « Oui, c’est très grave, mais il souffre et c’est un grand poète. » Je lui parle alors de l’état peu enviable de la création poétique dans notre pays et de la qualité des productions du poète Ibrahima Sall. » Encore silence. J’ajoutai : « Je sais qu’une telle performance de sa création poétique ne le dédouane pas ». Il répondit : « Bon, bon, bon… Tu peux le faire venir, mais tu répondras de lui ! » - « Entendu, Monsieur le Président ». C’était ainsi que l’enfant terrible de la poésie négro-africaine rejoignit son poste, non plus sous la direction de Pierre Klein, mais sous la mienne. Ce n’était pas sans étonnement que M. Omar Wellé et M. Doudou Ndir apprirent la nouvelle.
Par son comportement dans la société, comportement fait de frasques inattendues, par sa prosodie vigoureuse aux rythmes hardis, par le goût irrésistible d’innover dans la composition de chaque vers, de chaque strophe, de chaque image, par sa préoccupation ostentatoire d’ennoblir des mots roturiers et de leur faire jouer un rôle hautement moral et parfois esthétique, ce qui conduit à une rupture volontaire avec les pratiques en vogue, par le mépris pour l’applaudimètre, Ibrahima Sall était de la race des grands réformateurs de la poésie, de la race des Rimbaud, surtout de Baudelaire.
Si Ibrahima Sall avait consacré le centième de son talent à la politique et appartenait ainsi au cercle singulier et égoïste de nos politiciens, qui ne croient qu’à leur monde qui, pourtant, retarde le développement de leur pays par manque d’audace et par manque de rigueur dans la gestion des biens communs, la classe politique et la presse nationale se seraient empressées de saluer la mémoire de ce génie de la poésie africaine et se seraient agitées sans aucun doute autour de son cercueil. Mais Ibrahima Sall n’était – parbleu ! - qu’un génie littéraire ! Un solitaire sans valeur numéraire. Paix au sublime enfant du Sénégal ! Paix et paix à son âme !
Son œuvre est là, palpitante de vie. A travers elle, le poète sénégalais continuera à dialoguer avec des générations, de siècle en siècle, car cette magnifique œuvre finira bien par figurer dans nos programmes scolaires et universitaires quand l’Afrique aura retrouvé son chemin et quelle sera elle-même. Dialoguer toujours avec les lecteurs ! « C’est ça l’immortalité !», nous soufflait, non sans enthousiasme, le regretté romancier William Sassine de Guinée.
Ibrahima Sall, poète intrépide et impétueux, est mort en pleines manifestations houleuses, en Europe et en Amérique, contre le racisme, après l’assassinat par la police de George Floyd aux Etats-Unis et d’Adama Traoré en France. Le morceau que voici, extrait du poème « Satan » dans le recueil « La génération spontanée », publié en 1975, est d’une actualité étonnante. A noter que le titre du recueil suggère qu’il s’agit bien d’un auteur sans racine dans la création littéraire, au fait, un rebelle. Et tout se passe comme si le poète avait composé le poème « Satan » juste après les actes barbares, commis contre le Nègre, en Europe et en Amérique, donc composé à la lumière des événements qui sont en train de secouer certains fondements millénaires de notre monde :
«Ils ont tué, violé, volé, castré comme moi tué
Ceux qui connaissaient la mort comme moi violé Celles qui avaient un sexe volé comme moi Ceux qui faisaient fortune castré comme moi
Les pensées rebelles à toute vanité […]
Sera castré qui dressera un sexe bouffi d’orgueil dessus la glaise vivante de la condition ni sexe ni corps ni tête homme parmi eux les hommes homme-tueur comme eux leur semblable homme-violeur comme eux mes semblables homme-voleur comme eux pareil homme-castreur comme eux mes pareils je suis MOI aussi vrai qu’ils sont EUX raciste et despote pervers et dénaturé ils ne m’auront pas haine pour haine homme contre homme et que Dieu tue le Surhomme Satan »
Par Calame
PRESQU’ILE EN DANGER
«Les abords du phare des Mamelles font l’objet de construction de résidences privées et de projets d’investissements d’individus qui ont fini de faire du littoral un bien personnel « (Voir reportage dans Sud quotidien du 2 juin 2020).
«Les abords du phare des Mamelles font l’objet de construction de résidences privées et de projets d’investissements d’individus qui ont fini de faire du littoral un bien personnel « (Voir reportage dans Sud quotidien du 2 juin 2020). Face à cela, le ministre de l’Environnement et du Développement durable a profité de la célébration de la Journée mondiale de l’Environnement qu’il présidait au Technopole de Pikine pour faire des précisions.
Ainsi a-t-il annoncé : « Désormais, nous prendrons toutes les dispositions et n’accepterons plus que des gens viennent s’installer le long du littoral, sans que les installations qu’ils envisagent de faire ou qu’ils érigent ne fassent l’objet d’étude d’impact environnemental et social », comme recommandé par le Code l’Environnement. Pourquoi ne l’ont-ils pris depuis ?
Sans compter qu’en le disant ainsi , il donne le sentiment d’un ministre qui découvre ce que tout le monde sait et déplore. Et plus désolant encore, il se contente d’être dans la réaction et non dans le déroulé d’une vision. Or le temps presse, les spécialistes attendent plutôt des autorités qu’elles prennent les mesures idoines susceptibles de contenir les graves dangers qui menacent la colline des Mamelles et plus globalement tout le littoral. En attendant, si l’on en croit Ibra Seck, président de l’association des géologues du Sénégal : « Ces multiples agressions pourraient entraîner une instabilité de la colline, ce qui également pourrait entraîner le réveil du volcan, et également la disparition de toutes les habitations environnantes, entre autres dégâts ». C’est dire que la situation de la corniche reste préoccupante. Et pour cause !
Allant de l’ancien aéroport au port de Dakar, la corniche de Dakar constitue un bloc jouant le rôle d’une forteresse qui protège la capitale des assauts de la mer. Et ce n’est pas sans raison si des mesures de protection avaient été prises en l’identifiant comme une zone non aedificandi. Et tout cela semble aller en vrille car au lieu de la protéger elle se voit transformée en un immense gâteau sur lequel on se jette furieusement pour se la partager avec une voracité assassine.
Dans l’ouvrage « Dakar Emoi », Mme Annette Mbaye D’Erneville rappelait avec émotion que durant « les années 1942-1945 », pour elles, « les jeunes filles de l’Ecole Normale de Rufisque ; aller à Dakar semblait la récompense suprême. Chacune faisait de son mieux lors des répétitions des pièces de théâtre, des danses et des chorales. Nulle ne voulait être remplacée avant « le voyage » à la capitale de l’Aof pour la représentation devant les hautes autorités venues de France ». Quelques années plus tard le regard qu’elle porte a complétement changé. Et comment ! Il suffit d’imaginer comme à l’époque, débarquant de l’ancien aéroport de Yoff, passer par les Almadies pour se rendre vers le centre-ville. Etre happé par une vue imprenable au niveau du Virage, découvrir les deux collines des Mamelles sur l’une desquelles veille le phare, et tout le long, voir la mer étaler sa majesté océane. Rien de tout cela aujourd’hui.
D’imposantes constructions obstruent la vue et enferment les alizés marins. Après que l’une des collines a été découpées pour y voir poindre une statue de la Renaissance africaine conçue par on sait quelle déroutante alchimie par la Corée du Nord, symbole la plus achevée de l’enfermement et du contrôle des populations, voilà que la deuxième colline est aujourd’hui agressée sur ses bases.
Sur ces flancs on y creuse pour y dérober de la roche basaltique quand on ne la dépèce pas par endroit pour y faire surgir des projets immobiliers. « Pour Tata Annette, comme on l’appelle affectueusement, « Le déclin de Dakar a commencé –oserais-je l’écrire ?- avec…l’indépendance ! Devenue capitale nationale avec tous les avantages, son aura s’est curieusement ternie peu à peu par l’attitude des nouveaux riches qu’affichent les promoteurs « immobiliers avec leurs buildings, leurs villas devenues maisons de rapport, et les plages presque inaccessibles, les rues encombrées, la surpopulation… ». Pour beaucoup, les plages sont en effet rendues inaccessibles aux populations riveraines. C’est le cas au niveau de la Cour de Cassation du Terrou Bi, du Virage, des Mamelles, etc. 60 années après les indépendances, comme s’il y avait un problème avec le temps qui ne met au centre du jeu que sa puissance destructrice, la ville s’abîme. Sans vergogne, elle accélère sa descente en enfer.
Dakar offre en effet un visage marqué par l’infamie d’une terrible absence de vision, étouffée par l’obsession des autorités à laisser s’ériger des bâtiments dans son littoral agressé par l’érosion. Persévérant dans l’erreur, continuant de construire dans chaque bout de terre, sans que cela ne semble déranger personne, elles s’obstinent dans le refus de redresser la pente, de corriger la nouvelle trajectoire de cette ville désordre, sans âme, où les désespérances viennent avec leurs bagages de misère s’affaler au pied des immeubles sur des cartons de fortune.
S’y ajoutent les vibrations des voitures qui roulent à grande vitesse sur la route devenue à deux voies, fragilisant encore plus la corniche, sans qu’on ne mesure les dégâts occasionnés au quotidien. Il est plus que temps de voir les dangers qui guettent la presqu’île et qui risquent de la voir disparaitre, emportée par la furie des eaux du fait d’une politique foncière désastreuse. Et avec elle, toute vie humaine et végétale, tout un pan de civilisation, du fait de la cupidité de l’homme qui fait pire que le virus du Covid19. C’est dire qu’au-delà de rendre la mer accessible, il importe de rappeler le rôle-barrière que joue la corniche. Il y va de la survie de la capitale.