Alors que la Chine se serre la ceinture économiquement en réponse au coronavirus, les dirigeants africains s'inquiètent de l'avenir des projets d'infrastructure, du commerce et, dans certains cas, ils demandent carrément un allègement de la dette.
La Chine est le plus grand partenaire commercial de l'Afrique, avec plus de 200 milliards de dollars d'importations et d'exportations combinées par an. La Chine a également financé des projets d'infrastructure tels que des routes, des ports et des chemins de fer sur tout le continent. Le coût global de ces projets s’évalue à plusieurs milliards de dollars.
Mais à cause du coronavirus, l'économie mondiale a pris un coup. Les pays africains, déjà fragiles, se retrouvent dans l’incapacité de rembourser leur dette.
"L'économie chinoise est très touchée par la maladie COVID-19", selon Yun Sun, directrice du programme Chine du Stimson Center, un centre de recherche politique basé à Washington. "Cela va absolument réduire la capacité de la Chine à continuer à soutenir des projets d'infrastructure dans les pays en développement, y compris en Afrique, au même rythme qu’auparavant".
Au premier rang des préoccupations se trouve l’initiative "Belt and Road", ou la nouvelle route de la soie. A travers cette initiative, le gouvernement, les banques et les investisseurs privés chinois ont prêté environ 146 milliards de dollars aux pays africains entre 2000 et 2017. Mais en raison de la pandémie mondiale de coronavirus, nombreux sont ceux qui réclament une pause dans les remboursements ou une forme quelconque de remise de la dette.
"Il n'y a pas qu'un seul pays africain qui se réjouit de cet appel à l'allègement de la dette mondiale", explique Mme Sun. "Mais je dirais que le tableau est très différent du côté chinois. Tout d'abord, étant donné le montant massif de la dette que les pays africains doivent à la Chine, la question clé est de savoir s'il est financièrement faisable pour la Chine d'annuler ces dettes".
On estime que les pays africains vont dépenser en tout 44 milliards de dollars pour le service de la dette cette année.
Les créanciers mondiaux, dont le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et les prêteurs privés des pays du G20, dont la Chine, ont accepté de suspendre les paiements du service de la dette de 77 des pays les plus pauvres du monde. Beaucoup de ces pays sont en Afrique.
De son côté, la Chine s'est déclarée ouverte à un nouvel allégement de la dette, mais elle préfère négocier au cas-par-cas avec chacun des pays débiteurs. C’est d’ailleurs la même posture que le Club de Paris a annoncée récemment.
LE COVID-19 DICTE UNE NÉCESSITÉ D'AUDITER ET D'ÉVALUER LA DETTE AFRICAINE
Pour mieux assurer la redevabilité, la responsabilité mutuelle, les responsabilités collectives et individuelles, et avoir une meilleure idée sur l’efficacité de la dette, plus qu’un audit, il faut aussi nécessairement une évaluation
Déclaré par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le 11 mars 2020 comme une pandémie, le Covid-19 a atteint de plein fouet l’économie des pays africains et mis à nue la vulnérabilité et le manque de résilience des Etats ainsi que l’inefficacité de la croissance économique enregistrée les dix dernières années. La pandémie Covid-19 a, du même coup, suscité de la part de l’élite africaine, des universitaires et de la société civile un débat sonore sur la dette de nos pays qui a servi, entre autres, à financer cette croissance économique apparente.
Le 22 mars 2019, exactement un an avant la survenue brusque de la pandémie Covid-19, le Consortium pour la recherche économique en Afrique (CREA), dans une rencontre de haut niveau à Hararé, avait attiré l’attention de nos dirigeants et partenaires sur la fragilité de nos économies et la volatilité de la croissance enregistrée. Le CREA avait rappelé que cette fragilité, qui compromet nos chances de développement, était multidimensionnelle et principalement caractérisée par l’instabilité politique, une diversification limitée des activités économiques, l’extrême violence, et les chocs climatiques.
Les pyramides des âges et le climat en Afrique ont fortement atténué les effets sanitaires néfastes liés à la pandémie Covid-19. Toutefois, ses effets sur nos économies déjà fragiles sont immenses et peuvent déboucher sur l’instabilité amplifiée et la disruption politique généralisée, la récession économique et l’extrême pauvreté répandue, l’insécurité alimentaire sévère et même la famine. Emboitant le pas à la Commission économique des Nations-Unies, la Banque mondiale a estimé que l’Afrique au sud du Sahara va connaître sa première récession depuis plus de 25 ans, qui tournera entre une croissance économique de -5% à -2,1% en 2020.
C’est dans ce contexte que des chefs d’Etats de nos pays ont demandé l’annulation pure et simple de la dette africaine. Les institutions financières internationales ont pris des mesures rapides pour aider les pays africains à faire face à la gestion de la pandémie. Entre autres, la dette multilatérale des 25 pays les plus pauvres a été effacée, les pays du G20 ont aussi accepté de suspendre partiellement le service de la dette de 77 pays à revenu faible pour un montant de 14 milliards de dollars sur un total de 32 milliards de dollars. Certains dirigeants et plusieurs économistes de renommée internationale ont estimé que ces mesures, même si elles permettraient aux Etats africains d’avoir une marge de manœuvre plus large pour mettre en œuvre des politiques budgétaires plus adaptées à la gestion de la pandémie, elles demeurent insuffisantes.
Les statistiques de la dette extérieure des pays de l’Afrique au sud du Sahara consolidées et publiées par la Banque mondiale (International Debts Statistics2020) montrent un encours global de 721 milliards de dollars en 2019 (états arrêtés fin 2018) à peu près 433 trillions de FCFA. Cette dette est multiforme et a plusieurs origines et mécanismes différents : les stocks de dettes extérieures constituent 81% (la dette extérieure long-terme est à 493 milliards de dollars, la dette extérieure court-terme est à 68 milliards de dollars et les crédits FMI sont de 22 milliards de dollars), 10,8% sont constitués des décaissements à long-terme, les remboursements de capital long-terme sont de 6%, et le paiement des intérêts long-terme de 2,2%.
Cette dette extérieure des pays de l’Afrique au sud du Sahara est constituée de 24,8% de dette du secteur privée (non garantie par le secteur public) et de 75,2% de dette du secteur public (dette publique extérieure). Sur les stocks de dettes extérieures (493 milliards de dollars), la dette publique constitue 74% venant essentiellement des créanciers officiels multilatéraux et bilatéraux (club de Paris et autres y compris la Chine), et la dette privée non garantie par le secteur public constituent 26% et vient des obligations et des banques commerciales.
À partir de l’année 2010, un virage très important s’est opéré sur la dette extérieure et la nature des prêts des pays de l’Afrique au sud du Sahara. Entre 2010 et 2017 il y a une baisse drastique des prêts multilatéraux (-12%) et des prêts bilatéraux Club de Paris (qui est constitué de 22 membres permanents, essentiellement des pays européens y compris la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, plus les États-Unis, la Fédération Russe, l’Australie, le Canada, le Brésil, Israël, Japon, et Corée du Sud ; et des participants ad-hoc parmi lesquels on peut citer l’Arabie Saoudite, le Koweït, le Portugal, et même l’Afrique du Sud).
Parallèlement, une augmentation significative a été notée sur la même période pour les prêts venants des partenaires bilatéraux hors Club de Paris, principalement la Chine (+7%), les prêts commerciaux (+5%), et les obligations (10%). Aussi, le niveau médian de dette extérieure des pays de l’Afrique au sud du Sahara qui était de 90% des PIB en 2000 a chuté à 32% des PIB en 2010, résultat surtout lié à l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et à l’initiative de l’allégement de la dette multilatérale (Africa’s Pulse 2019). Cependant, à partir de 2010, la proportion médiane de la dette publique extérieure par rapport au PIB a recommencé à enfler considérablement parallèlement à une modification continue de la composition et l’origine des prêts, pour se stabiliser en 2018 à 53% des PIB des pays africains au sud du Sahara.
Très tôt au tout début de la pandémie Covid-19, l’Union africaine s’est empressée de mettre sur pied une équipe de sauvetage avec des personnes ressources cooptées pour négocier l’allégement ou l’annulation de la dette africaine. Plusieurs chefs d’Etats avaient appelé à son annulation pure et simple. Il faut noter que la plupart des jeunes dirigeants africains venus au pouvoir au début des années 2010 avaient de grandes perspectives transformationnelles et des programmes gigantesques pour mettre l’Afrique sur les rampes de l’émergence économique. Ils ont très vite été stoppés par le poids de la dette et les conditions de convergence économiques multiples, la réticence de certains créanciers ainsi que la pression de la société civile. La pandémie Covid-19 est venue aggraver cette situation et réduire presque à néant la capacité d’endettement des pays africains pour le financement aussi bien de la gestion de la crise que des programmes qui étaient dans les plans. Ainsi, l’annulation de la dette pourrait être la seule panacée vers de nouveaux financements et l’émergence économique tant rêvée.
Des économistes africains ont très vite rappelé techniquement qu’un audit de la dette était nécessaire avant de parler de toute annulation, ne serait-ce que pour conforter les créanciers et les opinions publiques africaines e renforçant la confiance. Cependant, pour mieux assurer la redevabilité, la responsabilité mutuelle, les responsabilités collectives et individuelles, et avoir une meilleure idée sur l’efficacité de la dette, plus qu’un audit, il faut aussi nécessairement une évaluation. Il y a des nuances entre l’audit et l’évaluation quant aux raisons pour lesquelles ils seront effectués. L’audit de la dette publique permettra de déterminer sa validité, son authenticité, et vérifier si l’ensemble des procédures et normes prédéfinies ont été respectées. L’évaluation de la dette elle, permettra de mesurer son mérite, les résultats et impacts tirés de son utilisation, et les avantages liés à l’utilisation de l’ensemble des actions, politiques, normes et stratégies pour atteindre ses objectifs prédéterminés.
Même s’il est louable de mettre en place des équipes constitués d’anciens chefs d’Etat, d’experts et personnes ressources cooptées, ces commissions ne pourraient à la rigueur que superviser le processus et agir comme des comités de pilotage. De toute façon, elles ne devront certainement pas mener directement l’audit et l’évaluation de la dette. Il faut obligatoirement un audit et une évaluation indépendants de la dette, menés par des organisations privées et/ou non-gouvernementales pour assurer toute impartialité. Les départements d’audit et d’évaluation des partenaires multilatéraux, des Nations-Unies, des experts désignés par les partenaires bilatéraux et les obligataires pourront se concerter, mettre en place une task-force internationale qui appuiera technique le processus en commençant par l’élaboration de la note conceptuelle pour l’audit et celle pour l’évaluation. Les partenaires multilatéraux pourront prendre en charge le recrutement des cabinets d’étude internationaux qui prendront en charge des volets spécifiques de l’audit ou de l’évaluation.
Ces études d’audit et d’évaluation pourront cibler la période 2000-2019 avec 2010 comme point mid-term de virage important et couvrir plusieurs champs désagrégés en programmes sociaux et programmes productifs. Les équipes d’audit devront nécessairement intégrer des juristes pour préparer les dossiers de ceux qui ont participé à tout détournement de la dette. Les recommandations issues des ces études pourront donner des orientations plus claires sur quelle partie de la dette (pouvant varier de 0 à 100%) devra être annulée, et intégrer les stratégies, politiques et actions post Covid-19 et mieux favoriser ainsi la mobilisation des ressources pour leur bonne exécution.
Dr. Abdourahmane Ba est Expert international en management et évaluation de politiques et programmes
LES ACTEURS DES MÉDIAS TOUJOURS EXCLUS DE LA GESTION DE LA MAISON DE LA PRESSE
Si le président de la République en nomme le Directeur Général du fait du statut d'Epic de l'édifice, il est incompréhensible que le Conseil d'Administration, organe de gouvernance ne soit pas dirigé par les acteurs - COMMUNIQUÉ DE LA CAP
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de la Coordination des Associations de Presse (CAP), daté du 5 juin 2020 à propos de la gestion de la Maison de la presse par l'Etat.
"La Coordination des Associations de Presse (CAP) a appris, via le communiqué du Conseil des ministres du mercredi 3 juin, les nominations du doyen Alioune Dramé au poste de Président du Conseil d’Administration de la Maison de la Presse et de Bara Ndiaye, qui en est devenu le Directeur général. La CAP adresse ses félicitations à ces deux confrères.
Toutefois, la CAP s’indigne de la violation du "consensus" qui avait jusque-là prévalu entre les acteurs des médias et le ministre de la Culture et de la Communication, M. Abdoulaye Diop.
En effet, le mardi 11 juin 2019, lors d’une première audience avec la CAP ( SYNPICS, le CDEPS, le CORED, l’APPEL, la CJRS, l’UNPJS, le CTPAS et l’URAC) Abdoulaye Diop avait demandé aux organisations professionnelles des médias de surseoir au mot d’ordre de boycott de plusieurs années de la Maison de la Presse. Le ministre avait plaidé pour que les acteurs désignent les membres devant représenter le patronat et les travailleurs au Conseil d’administration, et avait beaucoup insisté sur la nécessité de donner vie à ce bel édifice. Il a même été retenu que d'autres acteurs puissent être cooptés pour "corriger" le décret qui ne prévoit que deux organisations (Synpics et Cdeps) comme membres du CA.
Faisant alors confiance au ministre, et dans un souci d’apaisement, les acteurs des médias avaient alors accepté de surseoir au mot d’ordre de boycott de la Maison de la Presse.
Le ministre avait ainsi pris l’engagement de proposer au président de la République que le poste de président du conseil d’administration soit dévolu aux acteurs. Des engagements fermes ont, dans la foulée, été pris pour une application effective du Code de la presse et le démarrage des travaux sur les autres projets du secteur des médias.
Depuis lors force est de constater qu'il n’y a aucune avancée notable dans le secteur et M. Abdoulaye DIOP joue au maître-boulanger qui a réussi du reste à enfariner toute la presse. L'exemple le plus patent est la répartition opaque et en toute violation des règles de transparence et de bonne gouvernance de l'aide à la presse.
Déjà avec Abdoulaye Bibi Baldé, alors ministre de la Culture et de la Communication, la CAP avait remis au ministère toute la documentation prouvant que le site est une propriété du SYNPICS. C’était la volonté du chef de l’État d’alors de donner aux acteurs des médias une maison de la presse, financée et équipée par l’État. Depuis, cet édifice a été confisqué en excluant les acteurs des médias qui en sont les propriétaires légitimes. Cela va à l’encontre de tous les exemples des maisons de la presse en Afrique de l’Ouest et ailleurs.
Aujourd’hui, face au refus du gouvernement de restituer la Maison de la Presse, la CAP se voit obligée de réaffirmer le boycott de cette institution qui n’est nullement conforme à l’esprit qui a motivé sa création.
La CAP a élaboré un plan d’actions pour la restitution de la Maison de la Presse aux acteurs des médias. D’autres actions seront menées pour atteindre cet objectif.
De tous les acteurs sociaux, la presse semble être le mal aimé du régime actuel. Sinon comment comprendre une rupture si bruyante du consensus qui a guidé à l'érection de la plus belle et imposante maison de la presse d'Afrique de l'ouest ? Une maison de la presse peut-elle ne pas être gérée par les acteurs à qui elle est dédiée ?
Si le Président de la République en nomme le Directeur Général du fait du statut d'Epic de l'édifice, il est incompréhensible que le Conseil d'Administration, organe de gouvernance ne soit pas dirigé par les acteurs. Pis, ce Conseil ne devrait compter que deux membres issus des acteurs pour 9 fonctionnaires ! Ne s'agit-il alors pas d'une maison des fonctionnaires ?
Avec une enveloppe de 5 milliards pour sa construction et des contributions financières de plus d'un milliard depuis 2012, la Maison de la presse ne devrait pas déroger à la règle induite qui veut que des structures du genre voient les acteurs et bénéficiaires inclus dans sa gestion. A l'image de l'IPRES, de la CSS, et même dans une moindre mesure de la Sodav, la maison de la presse devrait voir son Conseil d'administration constituée majoritairement d'acteurs des médias et au moins la présidence de celui-ci assuré par un candidat désigné par les mêmes acteurs."
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CORONAVIRUS, CE QU'IL FAUT SAVOIR SUR LE PIC ÉPIDÉMIOLOGIQUE
Lors de la onzième semaine d’épidémie, une haute tendance a été notée avec plus du double du nombre de contaminations. Peut-on parler de pic épidémiologique ?
Le virus corona est au Sénégal depuis trois mois déjà. Les contaminations sont notées quotidiennement dans le pays avec des variations sur le nombre et la fréquence.
Lors de la onzième semaine d’épidémie, une haute tendance est notée avec plus du double du nombre de contaminations par semaine. Peut-on parler de pic épidémiologique?
Le pic d’une épidémie est évalué en fonction du nombre de personnes infectées. Dans le cas de la Covid-19, certains malades ne développent pas ou peu de symptômes, d’autres guérissent même sans avoir été testés. Les malades présentent des périodes d’incubation différentes. Ce constat a poussé les scientifiques à fixer le pic épidémiologique sur le nombre de personnes admises à l’hôpital, et ceux qui en meurent.
Il faut noter que le pic n’est réalisé qu’une fois passée. Il y a, par contre, des préalables pour le déterminer. Il faut entre autre, connaître la date du début de l’épidémie. Il est difficile de le déterminer dans le cadre de la Covid-19 mais il faut retenir la date de l’enregistrement du patient zéro. Donc, pour le pic, il faut s’intéresser à la situation de l’épidémie et les différents éléments qui la caractérisent.
Évaluant la dynamique de l’épidémie au Sénégal, le ministre a informé que le taux de létalité est de 1,12%. Il s’agit du nombre de décès rapporté au nombre de cas confirmés en laboratoire. La période d’incubation, est, entre 10 et 14 jours, rapporte le chef de la coordination de la prise en charge des malades du coronavirus, le Professeur Moussa Seydi.
En plus, on sait qu’au Sénégal les personnes souffrant de maladies chroniques et les personnes âgées sont les plus vulnérables face à la Covid-19. En plus, la tranche d’âge 16-39 ans est la plus touchée. Puis, l’hospitalisation dure une dizaine de jours en moyenne.
Il faut ajouter que la courbe épidémiologique a connu un point culminant lors de la onzième semaine (du 11 au 17 mai). Ainsi, cette semaine comptabilise 771 cas de coronavirus et 9 décès. Il s’agit de la deuxième semaine qui enregistre le plus grand nombre de décès (9). En effet, de la dixième à la douzième semaine, le nombre de morts varie entre 10 et 9.
Par ailleurs, la létalité des cas graves est de 46% si l’on en croit le Professeur Mamadou Diarra Bèye chef du Service d’Assistance Médicale d’Urgence (SAMU). Autrement dit, 46% des patients en réanimation sont décédés.
Au vu de toutes ces considérations, le ministre de la Santé et de l’Action sociale n’a pas tort de dire que la semaine du 11 mai est la semaine du pic épidémiologique.
Partant de la définition du pic d’une épidémie, le Sénégal a donc atteint son pic. Puis, depuis lors, la tendance est plutôt baissière comme l’illustre l'infographie en illustration qui fait le point sur les contaminations par semaine et le nombre de décès par semaine également.
Par contre, le Dr Abdoulaye Bousso, du centre des opérations d’urgence sanitaire et le Pr Seydi alertent et invitent les populations à respecter les mesures barrières sinon le pire est à craindre.
AMADOU GAKOU, UN RECORD DU SÉNÉGAL PARTI POUR ÊTRE CENTENAIRE
C’est l’histoire d’un petit ailier qui courait si vite, même balle au pied, que lorsqu’il avait fini de déborder et au moment de centrer, il avait largué tout le monde y compris ses propres partenaires
Arrivé à l’athlétisme contre son gré, Amadou Gakou qui préférait de loin le football est pourtant devenu une icône de la première discipline au Sénégal. D’ailleurs, son record national du 400 m (45’’01), vieux de 52 ans, est parti pour tenir encore un demi-siècle.
C’est l’histoire d’un petit ailier qui courait si vite, même balle au pied, que lorsqu’il avait fini de déborder et au moment de centrer, il avait largué tout le monde y compris ses propres partenaires dont aucun n’était en place dans la surface de réparation adverse pour exploiter son service. Alors, à l’Union sportive indigène (Usi) dont il était sociétaire, on a décidé de l’envoyer à la section d’athlétisme de l’Us Gorée. Mais puisque cela n’avait pas été clairement spécifié aux dirigeants du club insulaire, c’est encore au football que le nouveau venu avait atterri. «Et lors du travail hivernal aux Champs de Courses de Dakar, je battais les plus rapides dont Saër Sène, sur la longueur du terrain. Alors, on décida de m’orienter vers la section d’athlétisme. Mais je n’étais pas d’accord. Il a donc fallu une semaine de négociations pour que je consente à quitter le football que j’aimais tant pour l’athlétisme», rappelle l’intéressé.
L’intéressé, c’est Amadou Gakou. Et l’histoire du Sénégal peut remercier ces dirigeants de l’Usi et de l’Us Gorée (Ndiogou, Pape Seck, Mamadou Seck, actuel chef de quartier de Castors et le vieux Daouda Faye entre autres) d’avoir insisté. C’était en 1960 et ils avaient eu le nez creux, parce qu’ils venaient de lancer celui qui sera l’un des plus grands athlètes sénégalais de tous les temps. La preuve ? Son record national du 400 m (45’’01) – qui a également été celui d’Afrique pendant 2 ans – réussi en finale des Jo de Mexico en 1968 n’est toujours pas battu. 52 ans après ! «Et il pourrait durer encore au moins aussi longtemps si rien n’est fait pour remettre notre athlétisme national sur les rails de la performance», regrette-t-il.
C’est donc en traînant les pieds qu’Amadou Gakou est arrivé à l’athlétisme. Au 100 m et au 200 m d’abord, sur la piste en cendrée du stade Iba Mar Diop. Puis, s’étant essayé au 400 m, il réussit un temps de 58’’ dès sa première course. Alors, il migra aussitôt vers le «sprint long», surtout que pour la fête de l’indépendance, il avait eu l’occasion d’affronter des champions tels Abdou Sèye et Bernard Dibonda, en plus sous les yeux du président Senghor lui-même. Il termina 3ème derrière ces deux-là et tomba dans les pommes. Ce qui allait devenir comme une habitude. «Là où les autres attendaient la dernière ligne droite pour mettre le paquet, moi je partais comme une fusée dès que le départ était donné», raconte-t-il aujourd’hui. Et de dire dans un éclat de rire qu’il était déjà un adepte du «dem ba jeex» («aller au bout de ses possibilités»). C’est ainsi donc qu’à l’arrivée de presque toutes ses courses, il s’évanouissait. Comme aux Jo de Mexico où il avait fallu le réanimer des séries à la finale.
Fraction de seconde d’inattention
Une finale qu’il avait bouclée au pied du podium. «J’étais 4ème et j’étais très content parce que je n’avais eu qu’un mois de préparation là où les Américains dont Lee Evans, le vainqueur, qui m’avaient battu s’étaient préparés en altitude pendant 4 mois avec plusieurs compétitions à la clé». Pourtant, après 350 mètres de course, Gakou s’était dit qu’il avait le titre olympique en poche. Or c’est cette fraction de seconde d’inattention qui lui a peut-être coûté une médaille. N’empêche, cela restera LA performance de Gakou dont le palmarès est particulièrement élogieux. Pour cause, un an après être venu à l’athlétisme, il remportait l’or au 400 m et 4X400 m aux Jeux d’Abidjan en 1961 avant de récidiver 2 ans plus tard aux Jeux de l’Amitié de Dakar. Mais pour ses premiers Jo en 1964, une périostite l’avait empêché de s’illustrer. L’année d’après aux Jeux africains de Brazzaville, classé 3ème au 400 m, il avait décroché l’or au 4X400 m avec Mamadou Sarr, Mandiaye Ndiaye et Daniel Thiaw.
Arriva ensuite l’année de grâce 1968, sur les hauteurs de Mexico (2250 m) ! Malgré une préparation en altitude à Font-Romeu en France, chahutée par une rage de dents, Amadou Gakou avait laissé entrevoir de belles choses. Et après un acclimatement express sur les lieux de la compétition, il claqua donc ce record national sur le tour de piste qui dure depuis plus d’un demi-siècle. Il est d’ailleurs convaincu qu’il aurait pu l’améliorer dans les 4 ans qui avaient suivi, surtout aux Jo de 1972 à Munich. «Mais, après Mexico, il n’y a pas eu d’évaluation, encore moins de projection», note-t-il. Si bien que pour Munich, les conditions étaient exécrables. «On logeait dans une vieille chapelle et au réfectoire on avait le même régime alimentaire que des jeunes de 7 ans», regrette Amadou Gakou qui a été éliminé dès le 2ème tour. «Pour quelqu’un qui avait fini 4ème aux précédents Jo, je devais faire plus. Et j’étais si déçu de n’avoir pas été mis dans les meilleures conditions de performance que j’avais boudé le 4X400 m».
«Découragé», Gakou s’était retiré des aires de compétitions à son retour au pays pour devenir prof d’Eps au lycée Blaise Diagne notamment. Lui qui a également été recordman du Sénégal du 800 m en 1964 (1’50) et réussi 4’15 au 1500 m, est bien placé pour soutenir qu’aujourd’hui encore «l’athlétisme sénégalais ne marche pas». Selon lui, tant qu’on ne retournera pas aux fondamentaux (par exemple en hivernal travailler la musculation, l’endurance, la résistance et la vitesse) et aussi longtemps que les infrastructures de base ne suivront pas, il sera difficile de faire redécoller la discipline.
«Il faut un +ndëp+ national pour voir comment repartir de l’avant», propose-t-il. Autrement, la première discipline olympique ira de mal en pis chez nous et son record promet d’être au moins centenaire. Depuis 1968, seul Ibrahima Wade s’en était approché, à 2 centièmes. Puis plus rien. «Et j’en souffre ; puisqu’un record est fait pour être battu». Le sien sur 400 m semble échapper à la règle.
par Siré Sy
ABDOULAYE WADE, AUDACE ET ORIGINALITÉ (3/3)
EXCLUSIF SENEPLUS - Il lui a manqué durant tout son magistère, un dispositif central de planification pour exécuter ses idées sans trop perturber le fonctionnement de l’Etat - PRÉSIDENT ET GESTION DE CRISE, ‘’QUAND L’HEURE EST GRAVE !’’
L'adage dit que c'est au pied du mur que l'on reconnaît le maître-maçon. Dans la même temporalité, c'est par et dans la gestion de crise (s) de magnitude ‘’secousse du régime’’ sur l'échelle d'une Nation-État, que l'on apprécie les choix, les décisions et le leadership d'un chef d'Etat dans sa fonction de président de la République. Le Think Tank Africa WorldWide Group vous propose Feuilleton managérial : Président et Gestion de crise, ‘’quand l'heure est grave!’’.
Pour cette troisième épisode de ''Président et Gestion de crise ‘’quand l'heure est grave’’, Style et Méthode de gestion de crise du président Ablaye Wade, ‘’Gorgui'', le Mao sénégalais.
Dans son style de gestion, on peut noter une volonté très poussée du président Wade à redonner aux Sénégalais, une capacité de rêver, d’échapper à l’adversité et à la dureté des contraintes économico-sociales, à travers un sens d’innovation et d'imagination extrêmement fertiles. Il a juste manqué au président Ablaye Wade durant tout son magistère, un dispositif central de planification, à même de mettre ses idées en ordre et de les exécuter, sans trop perturber le fonctionnement de l'Etat et de la chose publique.
Dans sa gestion de crise ‘’quand l'heure est grave’’, le président Wade n'aura jamais subi l’agenda d’une crise, ne s'est jamais laissé débordé par une crise, quitte même à créer une crise sur la crise. Wade, un illustre metteur en scène politique. L’autre trait de caractère si saisissant dans le style et la méthode Wade, c’est sa capacité de dépassement des adversités et de pardon aux Hommes. Wade se voyait presque comme un grand-père et/ou comme un père et les Sénégalais étaient ses petits-enfants voire ses enfants. Et en tant que tel, une issue heureuse est toujours trouvée. N’est-ce-pas ?
Une médaille a forcément un revers. Si dans son style et sa méthode, le président Senghor fut ‘’prestige et autorité’’, le président Ablaye Wade, dans son style et sa méthode, fut frappé par cette démesure que De Gaulle appelait ‘’la passion d’étendre coûte que coûte, sa puissance personnelle au mépris des limites tracées par l'expérience humaine, le bon sens et la loi.”
Le président Abdoulaye Wade, sous sa présidence (2000-2012), a eu à faire face à trois crises d’amplitude ‘’secousse du régime’’ sous l'échelle d'une Nation-État : une crise énergétique, une crise financière et une crise alimentaire. Le président Abdoulaye Wade, au chapitre de sa gestion de la crise énergétique (pétrole et électricité), n'a pas pu empêcher des émeutes de l'électricité, une saignée des finances publiques et du budget, à hauteur de plus de mille milliards de Francs CFA, sans résultat probant. S’il y a un goût d'inachevé dans le magistère du président Wade, c'est bien la gestion de cette crise énergétique, avec un prix du baril à 190 dollars et un rationnement dans la fourniture de l'électricité aux entreprises et aux ménages. Cette crise énergétique fera partie des causes qui vont emporter le président Wade et son régime.
Le président Wade va aussi faire face - de manière indirecte - à une crise financière, qui aura un fort impact dans le parachèvement de ses chantiers. Au point que le président Wade, pour s'en sortir et reprendre les choses en main, va s’ouvrir et ouvrir l'économie sénégalaise, aux capitaux du Moyen et Proche Orient et aux capitaux des pays d’Asie.
Et enfin, le président Wade va faire face à une crise alimentaire qu’il aura brillamment gérée. Car dans un contexte de crise alimentaire mondiale, au point de dégénérer vers des émeutes et des saccages un peu partout en Afrique, Wade a lancé l'opération Goana, en réhabilitant la production horticole, rizière et de contre-saison. L’une des prouesses qu’aura réussi le président Wade, dans la gestion de cette crise alimentaire, c'est de lancer le go d'une perspective vers une autosuffisance alimentaire qui reste à parachever.
Ablaye Wade, le ‘’Mao Sénégalais’’
Mao Zedong, est l'homme de la Longue marche (1934-1935) chinoise. Une marche qui posa les premiers pas de ce qui est le grand reclassement de la Chine, que Deng Xiaoping, a eu à parachever et que Xi Jinping est en train de consolider. La Chine, au centre du monde, précurseur et grand vainqueur de la mondialisation.
Ablaye Wade est celui qui a posé le Sénégal, sur des rails nouveaux, à partir de 2000, en permettant au Sénégal, d’emprunter une toute autre trajectoire historique dans sa marche vers le progrès. Ablaye Wade est pour le Sénégal et l'Afrique, ce que fut Mao Zedong pour la Chine et l'Asie. Une idée de la Politique et du Temps. Un temps appelé à survoler le temps, pour s'inscrire dans la durée imputrescible des époques sublimées, celles qui éclairent la marche d'un pays, le Sénégal ; la marche d'un continent, l'Afrique. Si pour Mao Zedong, ses écrits théoriques et sa pratique politique ont donné naissance à un courant marxiste-léniniste connu sous le nom de maoïsme ; les écrits théoriques et la praxis politique d’Ablaye Wade ont donné naissance à un courant du libéralisme à l’africaine qu'est le Wadisme, une doctrine économique et politique dite du Libéralisme-interventionnisme.
Durant ces deux mandats, Ablaye Wade, orateur doué et fin tacticien, fait passer le nombre de collèges de 220 en 2000 à 749, et celui des lycées, de 48 à 134. Sur la même période, le budget de l’Éducation nationale a quadruplé. Ablaye Wade lance de grands travaux pour moderniser le Sénégal, réaménage le port de Dakar, construit un nouvel aéroport international, une nouvelle autoroute et étend l’électricité dans les campagnes. Sur le plan de la santé, Ablaye Wade double le nombre de structures sanitaires (18 centres médicaux), améliore les conditions d'accès à l'eau potable et parvient à faire baisser la mortalité infantile. Ablaye Wade développe une grande politique agricole, la Grande offensive agricole pour la nourriture et l'abondance (Goana) qui va changer la carte agricole du Sénégal (riz, arachide et horticulture). Sur le plan économique, entre 2000 et 2010, Ablaye Wade relève la situation économique du Sénégal, avec un taux de croissance (+4%) supérieur à celui des années 1990, une inflation contenue et des ressources de l'État en constante augmentation. Sur le plan international, Ablaye Wade inaugure l’ère de nouveaux partenaires économiques avec le Moyen-Orient et l’Asie et promeut le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), projet panafricain visant à faire entrer l'Afrique dans le commerce mondial et à se libérer de l'assistanat.
A suivre, l'épisode consacré au président Macky Sall
La crise actuelle du coronavirus (Covid-19) a donné un nouvel élan à la nécessité, pour les pays africains, de créer des registres fonciers complets et à jour, selon le Centre africain sur les politiques foncières
La crise actuelle du coronavirus (Covid-19) a donné un nouvel élan à la nécessité, pour les pays africains, de créer des registres fonciers complets et à jour, selon le Centre africain sur les politiques foncières. Ceci pour protéger les droits fonciers des citoyens ordinaires, en particulier dans les zones rurales. ‘’EnQuête’’ a saisi l’occasion pour s’entretenir avec l’expert foncier Alla Kane, par ailleurs Inspecteur des impôts à la retraite, de la situation de la réforme du foncier au Sénégal.
Le Centre africain sur les politiques foncières plaide pour la numérisation des registres fonciers en Afrique. Au niveau national, où en est le Sénégal ?
Je suis pour une réforme foncière radicale, contrairement à ce qui se passe actuellement qui est plus informel. Parce que le Sénégal continue de vivre sous deux régimes de gestion des terres. Il y a le régime de l’immatriculation et le régime de droit coutumier. Là, la propriété est bien marquée, notée et, enfin, elle est en général définitive. Dès que vous avez un titre foncier, vous devenez le propriétaire définitif. Vous êtes inattaquable. Tout est publié dans des fichiers administratifs qu’on appelle la conservation foncière. Le second régime est celui du domaine national. Il régit la majorité des terres du Sénégal. Plus 80 à 85 % des terres sont sous le régime du domaine national. C’est une façon de formaliser l’informel. Parce que toutes les terres qui ne sont pas immatriculées tombent dans le domaine national et les terres immatriculées sont seulement 10 à 15 % de l’ensemble de la superficie de notre pays. C’est seulement ces terres qui sont gérées de manière claire, précise, car concernant des terres immatriculées, bien définies et bien gérées par des services qui sont là.
Le régime du domaine national date de 1964, avec la loi 64-46 du 17 juillet 1964 qui a instauré le domaine national. Car il fallait régler la gestion après l’indépendance. Quand on accédait à l’indépendance, il y avait deux régimes fonciers au Sénégal : l’immatriculation et le droit coutumier. Les terres qui n’étaient pas immatriculées étaient relevées de la gestion coutumière. Ce sont les chefs qui détenaient les terres et qui les géraient au nom de la communauté.
Quand on a eu la loi 1964, on a dit qu’il fallait faire une réforme foncière qui a donné la loi 64-46. Cette loi stipule que toutes les terres qui relevaient du droit coutumier devenaient propriétés de la nation. Ceux qui détenaient les terres sous le régime de l’immatriculation continuaient de détenir leurs propriétés. Et c’est ce qui continue jusqu’à présent. Pour moi, il faut immatriculer toutes les terres. Comme nous avons des institutions ici, il y a le pouvoir central et celui local, il faut essayer d’immatriculer les terres qui relèvent du domaine national dans les communes, au nom des communes d’abord qui vont les gérer. Et quand on aura immatriculé les terres, il y aura un second choix qui va intervenir : c’est la phase de la codification.
Quelle est la pertinence de cette codification ?
Il faudra codifier pour dire que ces terres qui sont immatriculées, comment on doit les gérer ; s’il faut y accéder, comment il faut faire. Quand on s’inspire du domaine de l’Etat, il y a un code qui définit le contenu, la nature de ce domaine, comment l’Etat gère ce domaine, comment le céder. Si on peut accéder à une terre immatriculée au nom de l’Etat, on introduit une demande que l’Administration instruit pour, en fin de compte, qu’on accède à notre demande. C’est ce qui manque au domaine national. On a laissé cela aux mains de collectivités locales qui font des délibérations qui ne sont pas gérées. C’est de l’informel. De mon point de vue, c’est de manière informelle qu’on gère les terres. Je me bats depuis longtemps pour qu'on immatricule toutes les terres du Sénégal, en nous basant sur l’expérience et en créant les conditions d’une gestion claire de ces terres. Quand on aura immatriculé les terres, l’autre phase sera la codification.
On a le code routier, le code forestier, celui de la pêche, etc. Les codes, c’est pour définir les modalités d’accès à une chose. Donc, il faut immatriculer. Les terres qui sont en milieu rural, on les immatricule au nom des collectivités locales qui vont avoir un patrimoine foncier. Mais, après, il ne faudra pas les laisser comme cela avec ces terres. Il faudra un code de gestion de ces terres pour dégager les voies claires par lesquelles ces collectivités doivent passer pour gérer. Ce sera l’occasion maintenant quand les jeunes auront des projets de déposer leur demande pour qu’on puisse leur affecter des terres, de même que les femmes rurales pour exploitations agricoles.
Mais je constate qu’avec le régime présidentiel, le régime politique qui est le nôtre, le pouvoir central n’est pas prêt à céder cette prérogative dans la gestion de toutes terres aussi bien celles du domaine de l’Etat que celles du domaine national. Il faut franchir le pas pour que le pouvoir local puisse avoir son domaine foncier qui est immatriculé à son nom, qui dégage également les modalités de gestion qu’on appelle le Code du domaine immobilier des collectivités locales.
Donc, on peut en déduire que l’immatriculation des terres est différente de la codification et la numération ?
La numérisation, c’est pour les pays qui n’ont pas de régime clair et précis. Il faut respecter le processus historique ; à savoir comment l’histoire s’est déroulée dans nos pays. Avant la colonisation, c’était le droit coutumier. La propriété était communautaire, collective. Il y avait les patriarches qui géraient les terres au nom de la communauté. Quand la colonisation est intervenue, la puissance coloniale a introduit un territoire foncier au Sénégal et dans les pays de l’ancienne AOF (Afrique occidentale française). Ils ont introduit l’immatriculation. On immatricule une surface au nom de l’Etat ou d’une famille sous le régime du droit coutumier et on dit que cette terre d’une superficie de tant d’hectares, appartient à telle personne. Et on l’enregistre dans un registre qu’on appelle le livre foncier. C’est ça la vraie numérisation. Cela porte un numéro. Donc, tous les titres fonciers sont numérisés et chaque région a son livre foncier. Quand tu vois DG, c’est Dakar-Gorée ; NGA, c’est Ngor-Almadies ; SS, c’est Sine-Saloum ; TH, c’est Thiès. Chaque région a son livre et quand on donne un titre foncier, on donne également un numéro. Ce qui est définitif et inattaquable. Parce qu’il y a un service qui est là et qui le gère.
Le titre foncier a également une vie. Quand on le vend, on va devant un notaire qui va, à son tour, à la Conservation foncière pour déposer l’acte de vente pour permettre au conservateur de pouvoir changer, pour mettre que M. X a vendu à M. Y telle terre à qui revient la propriété. Et si demain M. X mourrait, ses héritiers vont chercher un jugement d’héritier qu’ils vont déposer à la Conservation foncière et le conservateur va corriger le nom des héritiers qui se trouvaient le jugement d’héritier. Désormais, la propriété passe du défunt à ses héritiers. Et quand on le vend, la propriété passe de vendeur à l’acheteur.
Le droit coutumier a résisté à la colonisation, mais les terres immatriculées ne couvraient que 2 % de la superficie nationale. Donc, les 98 % relevaient encore du droit coutumier, quand on accédait encore à l’indépendance en 1960. Les gouvernants qui sont venus ont étudié la situation se sont rendu compte qu’il fallait évoluer. Parce qu’on avait une nation indépendante. Ainsi, ils ont versé les 98 % des terres qui relevaient du droit coutumier dans le régime du domaine national. C’est l’Etat qui va surveiller la gestion de ces terres. Le Sénégal a tellement évolué qu’il faut faire le pas nécessaire qui est la réforme foncière intégrale qui va immatriculer toutes les terres. Celles rurales, on les immatricule au nom des communes rurales et les terres des communes urbaines, au nom des communes urbaines. Et dans la définition des terres du domaine national, il y a la zone des terroirs, les zones pionnières, forestières et les zones urbaines.
Les zones pionnières qui ne relèvent d’aucune institution, on les immatricule au nom de l’Etat du Sénégal. Et chaque commune aura son domaine foncier immatriculé à son nom. On aura délimité toutes les communes et ce sera très bien. Pour assurer la réforme, il faudra codifier la gestion au code du domaine foncier national ou communal. Comme on a un code du domaine de l’Etat qui réunit tous les domaines de l’Etat, on aura un code du domaine immobilier communal.
Mais, aujourd’hui, on laisse cela entre les mains des maires qui font des délibérations qui ne sont pas encadrées. Il n’y a pas de code. C’est ce manque de code qui fait que les maires font ce qu’ils veulent. Ce qui amène les conflits fonciers récurrents qui secouent nos pays. Pour la numérisation, il y a déjà, avec l’immatriculation, des terres qui sont numérisées. Mais il faut faire la part des choses. A la place de numériser, il faut dire immatriculer. Sinon, cela va créer une confusion et cela va encore retarder la réforme foncière qui est vraiment arrivée à son heure.
Si je vous comprends bien, l’immatriculation des terres va renforcer la transparence dans la gestion foncière ?
Exactement ! Maintenant, il y a le pouvoir central qui est le président de la République, avec le présidentialisme qui caractérise le régime politique. Avec la boulimie du pouvoir que nous avons ici, le président, quand il a un mandat, il veut un deuxième et quand il a un deuxième mandat, il cherche à avoir un troisième. Et le foncier est devenu une arme de guerre. Donc, le pouvoir central n’est pas encore prêt à céder au pouvoir local cette prérogative. Pour moi, la numérisation est quelque chose de limite. Qu’est-ce qu’on numérise ? Il n’y a que les terres de manière générale qui sont là, qu’on gère de manière informelle. C’est le conseil municipal, les maires dans les communes qui font ce qu’ils veulent, parce que rien n’est défini. Il y a la loi et ses décrets d’application.
Il y a des terres qui sont immatriculées au nom de l’Etat, d’autres au nom de particuliers, celles qui sont au nom des sociétés. La Sonatel a des terres, les banques ont des titres fonciers, etc. Quand on a un titre foncier, cela veut dire qu’on est propriétaire d’une parcelle de terre qui a un numéro qui est déjà numérisé. Donc, il faut qu’il précise ce qu’ils appellent numérisation. Tous les conflits qui ont lieu maintenant ne portent pas sur des titres fonciers. Ils portent plutôt sur le domaine national. Donc, il faut régler ce domaine national, nous pousser vers l’immatriculation une fois pour tout. Il faut aller au-delà de la numérisation, en immatriculant et en codifiant les terres qui relèvent du domaine national, pour régler définitivement les litiges fonciers au Sénégal.
Quel est le lien entre une bonne gouvernance foncière et le développement agricole, surtout en milieu rural ?
Si on a des terres immatriculées au nom d’une commune, elles appartiennent à celle-ci. On a la superficie totale qu’on a délimitée. C’est pour la commune et non pour le maire, ni pour le conseil municipal. Il faut, après, codifier cette propriété et pour accéder à ces terres, quelles sont les procédures qu’il faut faire ? Au niveau de l’Etat, il y a la Commission de contrôle des opérations domaniales (CCOD) et toutes les demandes faites sur la propriété privée de l’Etat doivent être d’abord traitées au niveau local avant d’arriver à la CCOD qui a une composition définie par un décret, toujours dans le cadre du Code des domaines de l’Etat. Ses membres se réunissent et se prononcent sur les rapports de toutes les demandes qui sont faites à travers le Sénégal et donnent leur avis. La CCOD peut donner un avis favorable et qu’elle transmet au directeur des Domaines qui le retourne au niveau des régions. C’est ainsi qu’on fera un bail avec une redevance par an. Et c’est comme ça qu’il faut faire pour la commune de Sangalkam.
L’immatriculation va permettre de moderniser les campagnes. Quand on aura immatriculé les terres, au nom des communes rurales, tous les villages qui relèvent de la commune, on va leur soumettre un plan de lotissement. On va enfin lotir les villages sénégalais qui ne le sont pas jusqu’à présent. Nous sommes au XXIe siècle, les villages ont la même configuration qu’ils avaient au début du XXe siècle. Il faut à partir de là, lotir, attribuer à chaque habitant du village le numéro de sa parcelle et essayer même des recettes pour renflouer les caisses de la commune, en demandant, par exemple, que chaque propriété de terrain donne chaque année 2 000 à 5 000 F CFA pour le budget de la commune.
Enfin, les habitants du village sauront la délimitation exacte de leurs parcelles et ils vont, à partir de ce moment, ils vont pouvoir transformer leurs conditions d’habitation, construire. On fera également la même chose pour les champs qu’on va délimiter et les donner en bail à ceux qui le veulent. Maintenant, le reste, on en fait un capital foncier pour les investisseurs qui voudront venir investisseurs dans le village. Il faut également des baux qui vont permettre des rentrées d’argent dans les caisses de l’administrateur. Cela a beaucoup d’avantages. Mais, dans la situation actuelle, c’est dans l’informel.
DES TÂTONNEMENTS QUI AMPLIFIENT LE DOUTE
Les autorités ont décidé de procéder à un nouvel assouplissement des restrictions. Malgré ces annonces très attendues, les Sénégalais ne sont pas totalement satisfaits
Après deux nuits de violentes émeutes de Touba à Dakar, le gouvernement sénégalais recule à nouveau face à la pression de la rue.
Au-delà des aménagements sur le couvre-feu et la levée de l'interdiction des transports interurbains, le gouvernement a également décidé d'assouplir les restrictions sur les réunions dans les endroits publics ou privés, les restaurants, les salles de sport, les salles de jeux. Des décisions prises pour calmer les frustrations d'une population qui se dit fatiguée par les tâtonnements des autorités dans la gestion du coronavirus.
En effet, depuis le début de la pandémie en mars, les autorités donnent l’impression de faire du pilotage à vue pour éviter des obstacles. Même les justificatifs officiels de l'assouplissement (le dépassement du pic, par exemple) ne convainquent pas. Pire, ils sèment le doute dans l'esprit de certains citoyens.
C'est le cas d'Alioune Badara Gueye, qui n'est pas convaincu que le pire est passé. "Je crois qu'on n'a même pas atteint la moitié plutôt que le pic. Au Sénégal si on avait atteint le pic ça devait être la catastrophe", affirme-t-il, catégorique.
Le jeune homme souligne qu'en ce moment il y a des rassemblements, mais aucun cas n'y est signalé. "Tu ne vois même pas une personne que tu connais te dire: 'j'ai le corona, je suis malade'".
MOUSSA SEYDI VANTE L’EFFICACITÉ DU TRAITEMENT À BASE D’HYDROXYCHLOROQUINE
"Le traitement à base d’azithromycine-hydroxychloroquine est efficace pour réduire la charge virale. Parce que les patients ne sortent qu’après deux charges virales négatives"
Invité du JDD, dimanche dernier, Abdoulaye Diouf Sarr, le ministre de la Santé, annonçait le maintien, par le Sénégal, du traitement à l’hydroxychloroquine malgré la suspension (brève) par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) des essais cliniques de cette utilisation. Professeur Moussa Seydi, le chef du service des maladies infectieuses et tropicales du CHNU de Fann, revient à la charge, chiffres à l’appui, faisant le bilan des trois mois de la maladie au Sénégal, ce samedi, 6 juin.
« Dans notre projet de recherches, nous avons pu analyser les données cette fois-ci de 559 patients et non de 162 comme la fois passée. Ces données sont issues des sites de Fann, de Dalal Jam et de Diamniadio, dit-il, en brandissant des chiffres. Parmi ces 559 patients, 498 étaient âgés de plus de douze ans. L’âge médian était de 33 ans mais tous les âges étaient représentés, les nourrissons aux sujets de 85 ans. Il y avait autant d’hommes que de femmes. Un patient sur cinq avait une comorbidité. 65% de nos patients hospitalisés dans ces sites étaient symptomatiques. A Fann, 89% des patients hospitalisés étaient symptomatiques du fait que nous avions choisi avec le SAMU d’orienter au niveau de l’hôpital Fann en priorité les malades graves et à risque. Donc, ce traitement à base d’hydroxychloroquine et d’azithromycine, que nous avons administré, nous a montré que l’efficacité était réelle. Parce que la durée médiane d’hospitalisation des patients qui avaient pris ce traitement était de 10,5 jours contre 13 jours chez les patients qui n’avaient pas pris ce traitement. Tous les patients qui avaient pris ce traitement au stade précoce c’est-à-dire avant l’apparition de complications sont guéris et aucun n’est décédé. Concernant la tolérance, jusqu’ici nous n’avons noté que douze effets secondaires soit dans environ 2% des cas. Les effets secondaires cardio-vasculaires se voyaient dans 0,8% des cas. Et tous les effets secondaires étaient bénins et réversibles à l’arrêt du traitement sans nécessité d’un traitement supplémentaire. C’est donc dire que le traitement à base d’azithromycine-hydroxychloroquine est efficace pour réduire la charge virale. Parce que les patients ne sortent qu’après deux charges virales négatives. Ce traitement est efficace dans la prévention des complications qui peuvent aboutir au décès, s’il est prêt précocement. C’est important de mentionner que compte tenu de cette polémique, nous ne nous baserons que sur nos résultats pour prendre des décisions. »
Par Moussa Seydou DIALLO
QUI POUR SAUVER LE «PRINCE» ?
La distribution des vivres aux populations a été un fiasco total, alors qu’il a été proposé une possibilité plus simple ; le cash-transfert qui a fait son effet dans d’autres cieux
La pression monte, la clameur se répand partout comme une traînée de poudre, les foyers de tensions s’intensifient et le «prince» semble de plus en plus seul, dans une solitude gênante, laissé à lui-même, dans une tempête causée par un ennemi invisible qui a fini de mettre à nu les limites de nos dirigeants, pour ne pas dire ceux qui ont en charge la gestion de l’Etat et la mise en œuvre des politiques gouvernementales, sous l’œil éclairé d’un commandant en chef solitaire en mode dit «fast track».
C’est le 17 novembre 2019 que la terre a commencé à trembler alors qu’apparaissait dans la ville de Wuhan, en Chine, ce «maudit» virus répondant au nom de coronavirus (Covid-19). Le premier cas est apparu en Afrique du nord, plus exactement à la date du 14 février 2020, en Egypte, avant que le Sénégal n’enregistre son premier cas le 2 mars 2020, devenant ainsi le quatrième pays africain à avoir confirmé le virus. Ce, même si le cas était importé.
Par voie de conséquence, une batterie de mesures a été prise par les plus hautes autorités du pays pour contenir et couper la chaîne de transmission de la pandémie. Cela s’est matérialisé par l’Etat d’urgence assorti d’un couvre-feu de 20h à 6h du matin, décrété le 23 mars 2020, alors que le pays venait d’enregistrer 26 cas.
Si cette mesure a été saluée au départ par une écrasante majorité des populations, encouragées en cela par les mesures d’accompagnement annoncées à cet effet, il n’en demeure pas moins que dans la mise en œuvre des directives du «prince», des couacs ont été notés. Les hommes en charge de la mise en œuvre de la ligne tracée par ce dernier ont fait preuve de manque d’imagination et d’anticipation notoire, accompagné d’une incompétence inexcusable en matière de gestion de crise sanitaire comme celle en cours.
Pourtant, ce n’est pas la clairvoyance, la vision et les orientations qui ont manqué au «prince», il a juste manqué de bras et d’hommes capables de mener à bien sa vision éclairée et humaniste visant à préserver sa population comme le ferait tout bon père de famille. La gestion chaotique, conjuguée au tâtonnement et à l’incohérence dans la prise des mesures restrictives sans une lueur de mesure d’accompagnement pour soulager les populations et certains secteurs de l’économie, ont fini par mettre les populations hors d’elles, pour les voir envahir les rues, défiant les Forces de l’ordre à leurs risques et périls.
Plus de deux mois après la déclaration du 23 mars, le Président Macky Sall s’adresse à la Nation le 11 mai 2020 dans un message d’espoir et de soulagement pour d’aucuns et pour d’autres insensé par rapports aux mesures prises précédemment. Dans cette allocution, le président de la République a annoncé des mesures fortes comme, dit-il, «d’assouplissement des conditions de l’Etat d’urgence» en revoyant l’horaire du couvre-feu, passant de 21h à 5h du matin, le réaménagement des heures de bureau, l’ouverture des marchés hebdomadaires alors que la circulation n’est pas levée, la réouverture des lieux de culte, la reprise des chemins de l’école pour le 2 juin entre autres mesures pour accompagner les secteurs impactés.
Au même moment, le Sénégal affichait à son compteur 1 886 cas positifs, dont 715 guéris et 19 décédés, 1 151 malades sous traitement dans les structures sanitaires et 7 182 contacts suivis par les services de santé. Au regard de ce tableau peu rassurant et au défilé quotidien auquel les Sénégalais sont habitués depuis l’apparition de la pandémie, par la situation journalière du Covid19 devant le petit écran, certains n’avaient pas tort d’émettre des réserves et de juger impertinentes les décisions qui ont été prises, puisque ne s’inscrivant pas dans une logique de continuité.
La logique voudrait que l’on poursuive pour ne pas dire de corser les mesures déjà prises pour atteindre l’objectif de départ qui a guidé l’installation de l’Etat d’urgence assorti d’un couvre-feu. Suffisant pour parler de rétropédalage ou reculade pour certains là où d’autres, plus alarmistes, appréhendaient un dessein inavoué de l’Etat d’assouplir l’Etat d’urgence pour permettre une immunisation collective de la population. En tout état de cause, cette déclaration a soulevé l’ire des populations et éveillé la curiosité des uns et des autres. Quoique dans son discours, le président de la République a bel et bien mentionné : «J’ai donné instruction au gouvernement de définir et mettre en œuvre une stratégie adaptée à nos réalités économiques, sociales et culturelles.»
Hélas ! Ce gouvernement sur lequel il a compté pour mettre en œuvre cette stratégie a brillé par son incompétence et son manque d’ingéniosité. La distribution des vivres aux populations a été un fiasco total, alors qu’il a été proposé une possibilité plus simple ; le cash-transfert qui a fait son effet dans d’autres cieux, la délivrance des autorisations de circuler a été un véritable casse-tête pour les demandeurs, la gestion du transport a été lamentable et des chauffeurs véreux se sont faufilés entre les mailles et augmenter le tarif du transport avec impunité, alors que le ministre des Transports terrestre avait donné des gages pour la fabrication de masques barrières, le ministère de la Formation professionnelle a montré ses limites et son manque d’imagination pour créer une économie inclusive et partagée par la promotion de l’expertise locale et la mise en place d’un dispositif performant de fabrication, l’ouverture des classes prévue le 2 juin dernier a été un flop total avec un ministre de l’Education dépassé par les évènements. C’est le même cas qui prévaut dans le secteur de l’enseignement supérieur avec un ministre contre-exemplaire qui n’arrive même pas à respecter les mesures barrières édictées par les professionnels de la santé et le gouvernement auquel il appartient. Quel manque de respect ! C’est à se demander qui pour venir en aide au «prince» pour la matérialisation de sa vision ?
Déboussolées et n’arrivant plus à savoir où donner de la tête, les populations sont sorties pour s’adresser au «prince» à leur manière. D’abord, les transporteurs ont pris d’assaut la voirie pour exiger la reprise de leurs activités et décrier la gestion opaque du fonds qui devait servir à assouplir leurs conditions d’existence en cette période, avant que les jeunes ne prennent la relève dans plusieurs villes pour exiger la levée du couvre-feu et la reprise des activités. Cela a eu comme effet la prise de conscience du grand chef qui a fait preuve de sagesse en décidant de la levée des mesures de restriction lors du Conseil des ministres qui s’est tenu le mercredi 3 juin 2020. Pour cette fois, 24h suffiront pour que les ministres de la Santé, de l’Intérieur, des Transports, de la Culture se succèdent devant le petit écran pour exprimer chacun sa feuille de route dans l’exécution des directives reçues.
Opération de charme ou pas, en tout cas, on aura compris que la souffrance des populations ne découlait pas de la volonté du «prince», mais plutôt de ceux qui avaient en charge de mener à bien ses orientations. Dès lors, les restrictions seront levées, les activités vont reprendre et le couvre-feu passera des 23h à 5h du matin. Mais cette mesure est prise au moment où le pays a enregistré 4 021 cas positifs dont 2 162 guéris, 45 décès, 1 évacué et 1 813 en traitement.
Du 11 mai au 4 juin, le Sénégal a enregistré 2 135 cas. C’est dire que la situation va crescendo et qu’avec ces nouvelles mesures, on risque de connaître une flambée de cas et une explosion de nos structures sanitaires qui étouffent déjà.
La situation est grave et les populations doivent redoubler d’efforts et de vigilance au risque d’assister au pire. Quoiqu’il faille aussi tirer les conséquences de la gestion calamiteuse de cette crise depuis le début de la pandémie par des ministres «incompétents», «incapables». Lorsqu’on admet publiquement son échec, on devrait avoir le courage et la sagesse de rendre le tablier, mais qui ensuite pour sauver le «prince»?