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15 juillet 2025
LA FACE HIDEUSE DE L'AMÉRIQUE
René Lake en débat sur VOA avec le républicain Herman Cohen, ancien ministre de Bush - La société américaine est structurellement raciste - L'affaire Floyd rappelle trop d'autres cas similaires - Donald Trump a fait preuve d'un leadership défaillant
René Lake en débat sur VOA avec trois autres invités, y compris le répubicain Herman Cohen, ancien ministre chargé des affaires africaines de George H. Bush. Le sujet : Le cas de George Floyd, la face visible de l'iceberg ? Comment réformer cette société américaine dans ses structures les plus discriminatoires à l'égard des minorités ? Quid de la posture de Donald Trump en ces moments troubles pour le pays ?
L'émission "L'Amérique et vous", remet au centre des débats, la question des discriminations raciales aux Etats-Unis, ravivée par le récent meurtre de George Floyd, Afro-américain, par un policier blanc.
LE CHEF D'AL QUAÏDA AU MAGHREB ISLAMIQUE TUÉ AU MALI PAR LES FORCES FRANÇAISES
Abdelmalek Droukdal, membre du comité directeur d’Al-Qaida, commandait l'ensemble des groupes qaïdistes d’Afrique du Nord et de la bande sahélienne, dont le JNIM, l’un des principaux groupes terroristes actifs au Sahel
Le leader d'Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), l'Algérien Abdelmalek Droukdal, a été tué par les forces françaises dans le nord du Mali, près de la frontière algérienne, a affirmé vendredi sur Twitter la ministre des Armées Florence Parly, confirmant des informations obtenues par l'AFP.
Ce chef historique du jihad au Maghreb, mentor de plusieurs groupes jihadistes sahéliens, a été tué jeudi au nord-ouest de la ville malienne de Tessalit, a appris l'AFP. "Plusieurs de ses proches collaborateurs" ont également été "neutralisés", a assuré Mme Parly sans plus de détails.
"Abdelmalek Droukdal, membre du comité directeur d’Al-Qaida, commandait l'ensemble des groupes qaïdistes d’Afrique du Nord et de la bande sahélienne, dont le JNIM, l’un des principaux groupes terroristes actifs au Sahel", selon la ministre française.
Le chef d'AQMI, dont le nom est parfois aussi orthographié Droukdel, a reçu l'allégeance de plusieurs groupes jihadistes actifs au Sahel, rassemblés depuis 2017 au sein du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), dirigé par le touareg malien Iyad Ag Ghaly.
La France revendique également vendredi soir la capture d'un "cadre important de l'EIGS", le groupe jihadiste Etat islamique au Grand Sahara, rival du GSIM au Sahel et désigné ennemi numéro un par Paris.
"Les opérations contre l’Etat islamique au Grand Sahara, l'autre grande menace terroriste dans la région, se poursuivent également. Le 19 mai dernier, les forces armées françaises ont capturé Mohamed el Mrabat, vétéran du djihad au Sahel et cadre important de l’EIGS", annonce Mme Parly dans un autre tweet.
La force française antijihadiste Barkhane, forte de plus de 5.000 militaires, multiplie ces derniers mois les offensives au Sahel, pour tenter d'enrayer la spirale de violences qui, mêlées à des conflits intercommunautaires, ont fait 4.000 morts au Mali, au Niger et au Burkina Faso l'an dernier, cinq fois plus qu'en 2016 selon l'ONU.
par Omar Sy
RÉVEILLONS-NOUS
Ayons le courage de dénoncer les violences policières commises en France. Ne soyons plus spectateurs d’un système violent, qui enterre les mémoires de ces morts dans l’oubli, qui jette systématiquement leurs noms dans la fosse aux non-lieux
Réveillons-nous.
George Floyd, alias « Big Floyd », un Afro-Américain âgé de 46 ans, père de deux enfants, est allé s’acheter le 25 mai un paquet de cigarettes à Minneapolis. Avec un billet de 20 dollars, que l’épicier a pris pour un faux. A terre, le cou écrasé dans le bitume par le genou d’un policier, étouffé, asphyxié, George Floyd est mort. Pour rien. Un élan d’indignation, naturel et évident, a saisi les foules aux quatre coins du monde. J’ai marché pour George Floyd aux Etats-Unis. Le nom de George Floyd en charriait bien d’autres en écho dans ma tête.
Celui d’Adama Traoré, en France.
Une marée humaine a envahi les alentours du tribunal judiciaire de Paris mardi, des rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes de l’Hexagone. La mort d’Adama Traoré est aussi injuste et indigne que celle de George Floyd. Je me réjouis qu’on en prenne conscience aujourd’hui, je me réjouis de voir des dizaines de milliers de personnes venues de tous horizons sociaux entourer de leurs forces les proches d’Adama Traoré, ses frères, sa sœur, Assa. D’entendre les soutiens leur venir du monde entier. Pendant quatre ans, cette famille a fait preuve d’une détermination sans relâche, quotidienne, qui n’a d’égale que sa peine infinie. Pendant quatre ans, cette famille a résisté dans une trop grande solitude, face à l’injustice, face à l’inertie de l’institution judiciaire, face à l’indifférence des pouvoirs publics. Elle a vaillamment tenu bon. Mais combien d’autres familles, moins nombreuses, moins épaulées, se sont écroulées sous les coups d’une justice sourde à leurs demandes, bafouant les droits qu’elle est censée représenter ? Rappelons-nous leurs noms : Malik Oussekine, Makomé, Lamine Dieng, Babacar Gueye, Gaye Camara, Ibrahima Bah, Rémi Fraisse, Angelo Garand, Sabri Choubi, Cédric Chouviat, Ali Ziri, Hakim Ajimi, Gabriel… la liste est tristement longue.
Réveillons-nous.
Adama Traoré, un habitant de Beaumont-sur-Oise, qui fêtait son 24e anniversaire le 19 juillet 2016. Il a roulé à vélo, bermuda, bob sur la tête, sourire aux lèvres, tranquille, dans les rues de sa ville, accompagné de son frère, Bagui. Gendarmes, contrôle. Adama Traoré n’avait pas ses papiers sur lui. Il a fui. Les forces de l’ordre l’ont rattrapé. Ecrasé, asphyxié, embarqué. Adama Traoré est mort quelques heures plus tard, sur le sol de la gendarmerie de Persan. Pour rien. A lui, comme à George Floyd, la justice a inventé « une cardiopathie », des cœurs défaillants. Mais je n’ai qu’une seule question, et c’est la seule qui compte : ces hommes seraient-ils morts s’ils n’avaient croisé la route des forces de l’ordre ?
Réveillons-nous.
Tenons bon à notre tour, armons-nous de courage, soyons vigilants, ne laissons plus passer quatre années pour demander des comptes. La mort d’un homme dans le cadre d’un usage disproportionné et abusif de la force doit être réprimée.
George Floyd et Adama Traoré avaient des points communs : ils étaient tous deux noirs, de grande carrure, leurs vies ont basculé dans l’horreur en quelques heures. Pour rien. Je mesure 1,92 m, je suis noir, je leur ressemble. Est-ce qu’il peut m’arriver la même chose qu’à eux demain ? Est-ce que cela risque d’arriver demain à mes enfants ? A vos enfants ? Cette peur sans nom, cette peur injustifiée qui enfle dans nos vies, doit disparaître. Je connais ce sentiment qui ronge de l’intérieur, j’ai vu dans ma vie des drames liés à l’intervention des forces de l’ordre, à l’époque où j’étais un anonyme. Comme Adama Traoré, comme Zyed et Bouna, morts à 17 et 15 ans à Clichy-sous-Bois en 2005, j’ai couru quand je croisais le chemin de la police. Je n’avais alors pas de micro ouvert pour dire combien cette peur est réelle. Celle de mourir entre les mains des forces de l’ordre. J’affirme aujourd’hui qu’elle existe depuis trop d’années, et cette peur se transmet de génération en génération. Qu’importent les menaces ou les pressions qui s’exercent en retour, il ne faut plus jamais se taire. Aucune parole ne doit être isolée quand elle porte un discours de justice. Il faut que nos dirigeants entendent, comprennent, agissent pour changer ce cours des choses. C’est une maladie qui ronge notre pays, et cela n’augure rien de bon pour nos avenirs.
Réveillons-nous.
Regardons devant nous, ayons le courage de dénoncer les violences policières qui sont commises en France. Engageons-nous à y remédier. Ne soyons plus spectateurs d’un système violent, qui enterre les mémoires de ces morts dans l’oubli, qui jette systématiquement leurs noms dans la fosse aux non-lieux. Nous devons profiter de cet élan suscité par l’affaire Floyd pour refuser ce grossier clivage, qui consiste à trier, parmi nous, les méchants et les gentils. Il n’y a qu’un seul et même camp, celui de la justice. Nous aspirons tous à une police digne de notre démocratie, une police qui protège sa population, sans distinction de couleur de peau ou de provenance sociale, la même pour tous, qu’on habite dans les centres-villes ou dans les quartiers populaires. Une police capable, comme on l’a vu ces derniers jours aux Etats-Unis, de se joindre aux manifestants, de poser le genou à terre pour dénoncer les violences qui salissent son uniforme. En France aussi, il m’apparaît évident que la majorité des policiers ne cautionnent pas ces actes violents. Je les invite à sortir du silence.
Réveillons-nous.
Le soutien massif apporté mardi à la famille d’Adama Traoré, quatre ans après les faits, est une nécessité. Il est le tremplin de nos engagements unis, déterminés, raisonnés, pour un combat qui ne souffre en réalité aucun débat : celui de nos droits à tous. La cause est juste, je vous garantis qu’y adhérer emplit de ferveur. On dormira tous mieux. J’appelle au changement, à la remise en cause d’un système qui ne peut prétendre à la justice sans mettre fin à l’impunité organisée qui sévit depuis des décennies. Cet ordre établi n’est plus tenable.
Pour soutenir l’appel d’Omar Sy contre les violences policières en France, signez la pétition sur Change.org et relayez l’appel sur les réseaux sociaux avec le #RéveillonsNous.
DES MILLIERS DE MANIFESTANTS APPELLENT AU DÉPART DU PRÉSIDENT MALIEN
"Nous condamnons la mauvaise gestion du régime, les malversations, les détournements, le mensonge. IBK n'aime pas les ultimatum mais cette fois, s'il ne nous écoute pas, il verra pire qu'aujourd'hui", a lancé l'imam Dicko lors de cette manifestation
Une coalition d'hommes politiques, de religieux et de la société civile au Mali, a lancé vendredi un ultimatum au président Ibrahim Boubacar Keita pour qu'il démissionne, lors manifestation de plusieurs dizaines de milliers de personnes à Bamako.
"Nous sommes ici pour demander la démission du président IBK", a lancé Issa Kaou N'Djim, un responsable du Rassemblement des forces patriotiques du Mali, à l'initiative de la manifestation sur la Place de l'Indépendance, à Bamako.
Le Rassemblement "lance un ultimatum pour constater (la) démission au plus tard à 18H00 (locales et GMT) ce vendredi 5 juin" du président Keita, élu en 2013 et réélu en 2018 pour cinq ans, dans une déclaration.
La foule, à l'appel de M. N'Djim, entend passer la nuit sur la Place de l'indépendance jusqu'à cette démission, un défi lancé au président IBK qui jouït du soutien international dans la lutte anti-jihadiste et dont le pouvoir n'avait pas encore réagivendredi dans la soirée à cet appel.
La foule des manifestants a été estimée à 20.000 personnes par une source policière et à un million par les organisateurs.
Ces derniers sont réunis dans une nouvelle alliance formée d'un mouvement ayant à sa tête l'imam Mahmoud Dicko, du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) qui regroupe des partis d'opposition dont le principal d'entre eux, et d'Espoir Mali Koura (EMK), un mouvement de la société civile dirigé par le cinéaste et ancien ministre de la Culture Cheick Oumar Sissoko.
"Nous condamnons la mauvaise gestion du régime, les malversations, les détournements, le mensonge", a déclaré, tout de blanc vêtu et coiffé d'un turban, l'imam Dicko, lors de cette manifestation encadrée sans incident par la police, la plus grande à Bamako depuis celle qu'il avait organisée en avril 2019."IBK n'aime pas les ultimatum mais cette fois, s'il ne nous écoute pas, il verra pire qu'aujourd'hui", a-t-il poursuivi.
Lors du rassemblement d'avril 2019, M. Dicko avait lancé un appel à la démission du Premier ministre d'alors, Soumeylou Boubèye Maiga, qui avait rendu son tablier quelques jours tard, après la tuerie de quelque 160 civils peuls à Ogossagou (centre) et une série de manifestations contre la gestion de l'Etat.
M. Dicko, éminente figure religieuse et tenant d'un islam rigoriste, fut autrefois proche du président Keita.Récemment entré en politique, cet imam est devenu un critique vigoureux du pouvoir.
- Appel à libérer Soumaïla Cissé -
"7 ans de pouvoir, ça suffit", "IBK dégage", pouvait-on lire sur des pancartes de manifestants munis de vuvuzelas, ont constaté des des journalistes de l'AFP.
Des banderoles réclamaient aussi la libération de l'ex-Premier ministre et principal opposant Soumaïla Cissé, enlevé le 25 mars alors qu'il était en campagne pour les élections législatives dans sa région d'origine du centre du Mali, un scrutin remporté par le pouvoir et suivi par une grogne populaire.
La nouvelle alliance composite a appelé vendredi "à la mise en oeuvre de toutes les actions nécessaires pour la libération de l'honorable Soumaila Cissé".M. Cissé serait détenu par des jihadistes, selon des sources locales et de sécurité.
Le Mali est en proie depuis 2012 à une profonde crise multiforme, sécuritaire, politique, économique.
Les insurrections indépendantistes, puis jihadistes menées par les groupes liés à Al-Qaïda et à l'Etat islamique, ainsi que les violences intercommunautaires, ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.
Parties du nord du Mali, les violences se sont propagées au centre, puis au Burkina Faso et au Niger voisins.
Elles se doublent de toutes sortes de trafics et de vastes pans du territoire échappent à l'autorité de l'Etat.
par Abdourahman Waberi
LA PROCHAINE FOIS, LE FEU
Il n’est pas incongru de traduire « Black Lives Matter » par « La prochaine fois, le feu ! ». Il n’est pas déplacé d’imaginer Adama Traoré en petit frère de George Floyd. Indignons-nous encore et encore comme nous y invitait Stéphane Hessel
L’exécution de George Floyd vient de réveiller les consciences aux États-Unis et dans le monde entier. L’indignation d’aujourd’hui n’a d’égal que le silence d’hier. Indignons-nous encore et encore comme nous y invitait Stéphane Hessel, le vieux résistant au visage solaire. Cette fois encore, la victime est morte sous nos yeux, étouffée. Son dernier cri, « I can’t breathe », nous hante. Un énième meurtre en direct, live et stéréo, et le feu social et politique qui couvait depuis longtemps de refaire surface. « La prochaine fois, le feu », nous avait pourtant avertis James Baldwin, le clairvoyant écrivain natif de Harlem qui repose à Saint-Paul de Vence. Les grands esprits n’ont prêté attention à sa prophétie qui date de 1963. Ils ont eu tort. Mille fois tort. Nous aussi, nous avons eu tort avec eux. Coupables de lâcheté, comme eux.
Après le meurtre de Breonna Taylor, d’Ahmaud Arbery, d’Eric Garner et de tant d’autres, fauchés souvent dans la fleur de l’âge et pour leur couleur de peau, les polices locales ou fédérales ne semblent pas entendre l’avertissement tant elles se voient intouchables. « La prochaine fois, le feu » ! La liste de victimes s’allonge. Les assassins n’ont rien eu à déplorer, pas même une égratignure sur leurs CV. Les pleurs, les cris, les traumas sont pour les familles. Surtout les mères Courage, toutes larmes avalées, dignes devant les caméras. Le feu, la première fois, avait pourtant prévenu James Baldwin solennellement, consciemment, les yeux dévorés par la lucidité. Nous n’avons jamais eu sa lucidité.
Citons à présent les noms de nombres de victimes de ces dernières années en attendant que justice leur soit enfin rendue. Ils sont légion. Sandra Bland, Amadou Diallo, Aiyana Mo’Nay Stanly-Jones, Tony McDade, Pamela Turner, Matthew Ajibade, Rekia Boyd, John Crawford III, Michael Brown, Shelly Frey, Ezelll Ford, Dante Parker, Michelle Casseaux, Yvette Smith, Darnesha Harris, Laquan Mcdonald, Atatiana Jefferson, George Mann, Tanisha Anderson, Akai Gurley, Tamir Rice, Rumain Brisbon, Jerame Reid, Frank Smart, Natasha Mckenna, Tony Robinson, Anthony Hill, William Chapman II, Alberta Spruill, Walter Scott, Shantell Davis, Eric Harris, Philip White, Mya Hall, Alexia Christian, Brendon Glenn, Victor Manuel Larosa, Jonathan Sanders, Salvado Ellswood, Joseph Mann, Freddie Blue, Albert Joseph Davis, Darrius Stewart, Billy Ray Davis, Samuel Dubose, Troy Robinson, Christian Taylor, Sean Bell, Brian Keith Day, Michael Sabbie, Asshams Pharoah Manley, Felix Kumi, Keith Harrison McLeod, Junior Prosper, Anthony Ashford, Dominic Hutchinson, Paterson Brown, Lamontez Jones, Bettie Jones, Alonzo Smith, Tyree Crawford India Kager, Janet Wilson, Sylville Smith, Benni Lee Tignor, Yvonne Smallwood, Kayla Moor…
Le meurtre de George Floyd a ouvert la voie à une insurrection dont l’issue reste, pour l’heure, inconnue. Espérons que des fruits collectifs, des manières de guérison en sortiront pour panser le cœur de ce pays dirigé huit ans durant par un certain Barack Obama, qui avait enterré les attentes légitimement nourries par la communauté noire dont il était le visage présumé. Barack Obama est de ceux qui ont fait mine de prêter attention à la mise en garde de Baldwin, mine d’acquiescer, du bout des lèvres, avant de passer à d’autres tâches plus urgentes à leurs yeux. Et qui ont eu terriblement tort. Leurs mots, leurs contributions aujourd’hui ne rachèteront pas leur aveuglement passé. Il faut mieux, concluons-nous, avoir tort avec James Baldwin que raison avec Barack Obama.
Les États-Unis sont le paradis des communautés. Il arrive souvent qu’une même personne appartient à plusieurs, les unes essentielles comme la race ou la religion, et les autres contingentes comme la pratique d’un sport. A défaut d’être américain, j’appartiens à la communauté universitaire de Washington et plus spécifiquement à la communauté de mon université, George Washington, dont le campus se trouve à quelques pâtés d’immeubles de la Maison Blanche, qui n’a pas été épargnée par les manifestants. La distance ne m’empêche pas de suivre les manifestations qui déroulent dans la capitale et qui ont été impulsées par des collectifs d’Africains-Américains comme Black Lives Matter.
Surnommée hier Chocolate City par sa population majoritairement noire, Washington compte beaucoup de jeunes Africains-Américains sans travail ni espoir. Ces hommes et ces femmes qu’il m’arrive de croiser dans les transports publics me rappellent le neveu à qui James Baldwin adressait une des deux lettres qui composent son essai de 1963. Il était « coriace, sombre, vulnérable, ombrageux… [et] pour rien au monde » ne voudrait « pouvoir être pris pour un lâche ». Tour à tour coriaces, sombres, courageux ou vulnérables, les Africains-Américains que je croise dans mon quartier de Foggy Bottom travaillent là mais ils viennent du ghetto du sud-est de la capitale, ou de plus loin, des comtés limitrophes du Maryland et de la Virginie. Les derniers embauchés, ils sont les premiers virés pour cause de crise post-Covid. Ils n’ont pas eu le temps de digérer le prix fort payé au virus et à la mauvaise gestion orchestrée par le président lui-même.
De ma communauté, au sein de laquelle je vis et enseigne une partie de l’année, je reçois beaucoup de messages chaleureux et positifs. Ce mercredi 3 juin, le couvre-feu décrété par Muriel Browser, la maire de Washington, a été reconduit pour la troisième nuit consécutive mais la bonne humeur et l’optimisme des manifestants n’ont pas été entamés. Dans ma communauté, qui compte plus de 30 000 étudiants, nous sommes tous solidaires des luttes de la communauté noire et prêts à nous retrousser les manches pour l’avènement d’un changement réel et profond. Nul n’ignore la longue chaîne de responsabilité, du policier qui a étouffé la victime aux juges complaisants, des médias sensationnalistes aux milices suprémacistes jusqu’à aux tweets incendiaires de l’occupant de la Maison Blanche.
Les émeutes de ces jours-ci ne sont pas les premières ni les dernières que la capitale a connues. Celles de 1963 ou celles de 1968 sont encore marquées dans la mémoire collective. Et hier comme aujourd’hui, il s’est trouvé des milliers de Washingtoniens de toutes les couleurs et de tous les âges pour battre le pavé. Pour manifester pacifiquement, exercer les droits civiques mais aussi pour arrêter les pillards, éteindre les incendies, hâter par leurs corps, leurs slogans et leurs cris d’exaspération l’avènement d’une société un peu plus juste parce qu’un peu plus réconciliée.
Malgré son titre rugueux et son propos parfois mordant « La prochaine fois, le feu » n’est pas un appel aux armes. Bien au contraire, c’est un appel au bon sens, à la réflexion historique, à l’amour élevé au plus haut rang. Si le meurtre de George Floyd perpétré par Derek Chauvin a bien eu lieu à Minneapolis, son onde de choc a atteint toute la planète. Elle a attiré l’attention sur d’autres meurtres commis ici même en France, ravivant des douleurs, touchant à nouveau des familles endeuillées. Il serait facile de s’indigner de la mort qui sévit au loin, dans le Minnesota ou la Georgie, et de jeter un voile pudique sur celle qui surgit malheureusement à Marseille, Clichy-la-Garenne, Paris ou Beaumont-sur-Oise, fauchant un Adama Traoré en 2016 ou un Cédric Chouviat en 2020, pour ne citer que deux exemples.
Si je n’étais pas loin de Paris, je serais allé me réchauffer le cœur au milieu des 20 000 personnes rassemblées par le comité « la Vérité pour Adama » ce 2 juin 2020. Il n’est pas incongru de traduire « Black Lives Matter » par « La prochaine fois, le feu ! » Il n’est pas déplacé d’imaginer Adama Traoré en petit frère de George Floyd. Il me faut saluer enfin ces foules immenses, bigarrées, solaires et solidaires rassemblées à Paris, Toulouse ou à Fort-de-France. Elles disent simplement : « La prochaine fois, le feu ! » Il est encore temps de leur prêter une pleine attention.
Ecrivain, né en 1965 à Djibouti, Abdourahman Waberi vit entre la France et les Etats-Unis. Il a notamment publié « La Divine chanson » (Zulma, 2015) et « Pourquoi tu danses quand tu marches » (Jean-Claude Lattès, 2019). Il a aussi fait paraître le « Dictionnaire enjoué des cultures africaines », co-écrit avec Alain Mabanckou (Fayard, 2019).
AKINWUMI ADESINA, DE LA CONSÉCRATION À LA TOURMENTE
Fils de paysan pauvre devenu super-banquier de l'Afrique, le Nigérian est en pleine tourmente, visé par des accusations de prévarication et une fronde inédite au sein de la Banque africaine de développement (BAD) qu'il préside
Tard jeudi soir, le couperet est tombé: après deux semaines de tergiversations et des consultations de tous les gouverneurs, la BAD s'est résolue, sous la pression des Etats-Unis, à autoriser une enquête indépendante sur la procédure interne qui a disculpé son président de graves accusations lancées par un groupe d'employés de la Banque, des "lanceurs d'alerte" anonymes.
Une décision qui fragilise grandement la position de M. Adesina, pourtant seul candidat à sa réélection pour un second mandat de cinq ans, accusé de "comportement contraire à l'éthique, enrichissement personnel et favoritisme", entre autres.
"Il y a toujours eu des manoeuvres lors des élections du président de la BAD, mais un scandale public de cette ampleur, c'est inédit", souligne un diplomate, alors que l'élection doit se dérouler fin août.
"La personnalité d'Akinwumi Adesina est inédite aussi", juge un économiste ivoirien."Il est exubérant, sans doute trop visible pour le monde feutré de la banque, jusqu'à donner une impression d'arrogance, de tout se permettre".
Charismatique, beau parleur, anglophone mais parfaitement à l'aise en français, cet excellent communicateur toujours élégamment habillé de costumes et noeuds papillon, a en effet donné une visibilité internationale à l'institution panafricaine de développement fondée en 1964, attirant les capitaux et multipliant les annonces de financements de projets sur le continent.
Un parcours jusque là sans faute pour cet économiste spécialiste de l'agriculture et du développement, né dans une famille de fermiers dans l'Etat d'Ogun (sud-ouest du Nigeria) le 6 février 1960, et qui a gravi progressivement les échelons.
Diplômé d'une licence en économie agricole à l'université d'Ife (sud-ouest du Nigeria), puis d'un doctorat de la prestigieuse université Purdue aux Etats-Unis en 1988, il occupe des fonctions d’économiste dans des institutions agricoles internationales, collabore à la Fondation Rockefeller, puis devient l'un des dirigeants de l’Alliance pour la révolution verte en Afrique (Agra).
- Nouveau combat -
En 2011, c'est la consécration politique dans son pays: il est nommé ministre de l'Agriculture.Son action pour développer le secteur agricole sera largement saluée, jusqu'à lui valoir une consécration médiatique internationale: il est élu "personnalité africaine de l'année" par le magazine Forbes en 2013.
En 2015, il s'empare à l'issue d'un intense lobbying de la présidence de la BAD, une des cinq grandes banques multilatérales de développement, succédant au Rwandais Donald Kaberuka.
Avec le soutien de l'Union africaine (UA) et de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédeao), sa réélection pour un second mandat semblait assurée jusqu'à il y a six mois.Avant que n'éclate le scandale.
A 60 ans, Akinwumi Adesina se lance donc dans un nouveau combat, avec son lyrisme habituel, pour défendre son "honneur" et son "intégrité", convoquant la mémoire de ses "héros" Nelson Mandela, Koffi Annan et Martin Luther King.
Il a assuré dans un communiqué fin mai avoir reçu un "énorme soutien du monde entier".En pratique, seul le président nigérian Muhammadu Buhari, qui l'a reçu à Abuja mardi, le soutient publiquement.Aucun autre chef d'Etat africain ne s'est prononcé.
M. Adesina compte en revanche un adversaire de poids à sa réélection, les Etats-Unis, suivis par les pays de la zone euro et les pays scandinaves, selon des observateurs.
A l'intérieur de la BAD, à Abidjan où elle siège, les langues se délient depuis quelques mois, des employés reprochant à M. Adesina ses excès de pouvoir, voire de diriger par la "terreur", ce qui a entraîné une hémorragie de cadres depuis son arrivée.
"Il s'est fait beaucoup d'ennemis en tentant de réformer la banque, il a notamment beaucoup favorisé les anglophones par rapport aux francophones", nuance l'économiste ivoirien.
Toujours sous le couvert de l'anonymat, des cadres lui reprochent aussi de communiquer plus que d'agir, et d'embellir de façon exagérée son bilan.
Apparemment impertubable, Akinwumi Adesina a déclaré qu'il continuera "à travailler (...) pour accomplir la mission de nos fondateurs, accélérer le développement de l'Afrique".
par Caroline Roussy
LE FCFA EST MORT, VIVE L'ECO CFA
Assez étonnamment, les conditions d’un nouveau narratif entre la France et l’Afrique s’écrivent, au moins publiquement, sans les Africains, un changement dans la continuité, privilégiant l’asymétrie au détriment de toute co-construction des décisions
Le 20 mai, l’Élysée a annoncé par voie de communiqué « un projet de loi concernant un accord de coopération entre la France et les gouvernements des États membres de l’Union monétaire ouest-africaine » afin d’entériner le changement de monnaie : du franc CFA à l’ECO. Alors, franc CFA, fin de partie ? Renouvellement paradigmatique préfaçant une renégociation du narratif entre la France et ses anciennes colonies[1], vraiment ?
La fin du franc CFA : une ambition française ?
Après avoir botté en touche sur la question du franc CFA, lors de son discours prononcé à Ouagadougou le 28 novembre 2017, au prétexte que c’était « un non-sujet » pour la France, le président Emmanuel Macron semble s’être ravisé. Entre les critiques de ses homologues sur le maintien d’un système jugé néocolonialiste, de critiques africaines sur l’opération Barkhane démontrant une lassitude en l’absence de résultats tangibles, la stagnation du dossier sur la restitution des œuvres d’art à l’Afrique, il fallait manifestement un geste pour enrayer la dégradation de l’image de la France et potentiellement renégocier les liens avec les pays ouest-africains, dans un contexte de plus en plus concurrentiel.
Témoin de ce virage et que le franc CFA est malgré tout un sujet français, dès le mois de novembre 2019, le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, s’était déclaré favorable à « une réforme ambitieuse » sur cette question, formulation pour le moins sibylline ayant laissé cois de nombreux observateurs. Et en l’espèce, la question est de savoir à qui profite ladite réforme ?
Il devrait pourtant y avoir tout lieu de se réjouir de ce changement. Le débat sur le franc CFA occupe, en effet, l’espace médiatique depuis plusieurs années. Chercheurs, intellectuels, activistes, membres de la société civile, jeunes des différents pays concernés, nombreux sont ceux à s’être engagés pour un changement radical de monnaie, mais également de système monétaire de sorte à assurer les conditions de leur souveraineté, gage d’une indépendance à l’égard de leur ancienne métropole : la France. Au-delà du nom, du symbole qu’il incarne dans les représentations – qui ne saurait relever de l’anecdotique, tant la déclinaison de l’acronyme avait subi un toilettage a minima Franc, passant de franc des Colonies françaises d’Afrique à franc de la Communauté financière en Afrique – l’enjeu sous-jacent était et reste bel et bien politique, concernant avant tout la renégociation des liens entre les différentes parties. Il s’agit enfin pour ces détracteurs de parachever le processus de décolonisation et de promouvoir de nouveaux rapports géopolitiques.
L’ECO ou la conjuration de la « servitude volontaire » ?
Le 21 décembre 2019, après avoir soutenu que c’était un « faux débat », en février 2019 sur le perron de l’Élysée, témoignant de relations de connivence entre la France et la Côte d’Ivoire, le président Alassane Ouattara, avait annoncé depuis Abidjan, aux côtés de son homologue Emmanuel Macron la fin du franc CFA au profit de l’ECO (réduction d’ECOWAS version anglaise de la CEDEAO). S’en étaient suivies une série d’annonces : « Le compte d’opération à la Banque de France est supprimé et (…) les représentants français siégeant au sein des instances de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) vont être retirés », un ensemble de décisions qui devaient être entérinées au cours de l’année 2020. C’est désormais chose faite. Sauf que des points sensibles n’ont pas été débattus : pertinence ou non de l’élargissement d’un panier monétaire ? Quels objectifs poursuivis non par la France, mais par les pays concernés par cette réforme ? Quel rétroplanning ? Quelle méthodologie ? L’ensemble de ces questions a été évacué par le projet de loi proposé par l’Élysée, qui annonce d’un même allant le maintien de l’indexation de la nouvelle monnaie sur l’euro et se positionne comme garante financière : « La place de la France se transforme donc pour devenir celle d’un simple garant financier ». S’il s’agit en l’état d’un projet de loi qui devra être soumis au vote des parlements nationaux, de nombreuses inconnues demeurent : quelles sont les conditionnalités de la garantie de la France ? Pourquoi se conserver un droit de regard ? Est en effet envisagé comme suit : « de nouveaux mécanismes sont prévus pour (…) permettre à [la France] de disposer de l’information nécessaire pour suivre et maîtriser le risque financier qu’elle continuera de prendre. Il s’agit notamment d’informations régulièrement transmises par la BCEAO ou de rencontres informelles avec les différentes autorités et institutions de l’Union ». Quelles sont les conditionnalités d’un tel accord ? Si peut-être sur le plan économique ces décisions peuvent se justifier sur le plan politique, l’amertume d’une souveraineté sous conditions transparaît.
DES RECORDS DE PATIENTS GUÉRIS ET DE CAS DE TRANSMISSION COMMUNAUTAIRE
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a déclaré vendredi 134 nouveaux cas de Covid-19, avec un double record du nombre de guéris et des cas causés par la transmission communautaire.
Dakar, 5 juin (APS) - Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a déclaré vendredi 134 nouveaux cas de Covid-19, avec un double record du nombre de guéris et des cas causés par la transmission communautaire.
Les laboratoires ont effectué 1.700 tests au cours des dernières vingt-quatre heures, a indiqué le directeur de cabinet du ministre de la Santé, Aloyse Waly Diouf, en présentant le dernier bilan de la pandémie au Sénégal.
Pour la première fois, 30 cas de Covid-19 causés par la transmission communautaire ont été recensés en vingt-quatre heures.
Les tests de 104 personnes contacts sont revenus positifs.
Le nombre de patients guéris a connu un record depuis l’apparition de la pandémie au Sénégal, le 2 mars, 114 personnes ayant recouvré la santé.
Quinze malades sont encore dans les services de réanimation, et 45 autres sont décédés.
Le Sénégal compte désormais 4.155 cas de coronavirus, dont 2.276 guéris. Et 1.833 patients sont sous traitement dans les hôpitaux.
UNE PERTE BIEN TRISTE POUR LE MONDE DE LA PRESSE
Animateur de ’’Midi première’’ à la RTS, Moïse Ambroise Gomis a aussi animé les émissions ’’Génération 80’’ et ’’Kaléidoscope’’ sur la même chaîne publique
Dakar, 5 juin (APS) - L’animateur audiovisuel Moïse Ambroise Gomis est décédé, vendredi, à Dakar, a appris l’APS.
Moïse Ambroise Gomis a été pendant 26 ans le président du comité d’organisation de ’’Miss Sénégal’’, un concours de beauté dont il a été à l’origine de la création.
Animateur de ’’Midi première’’ sur la Télévision nationale (RTS), Moïse Ambroise Gomis a aussi animé les émissions ’’Génération 80’’ et ’’Kaléidoscope’’ sur la même chaîne publique.
Il a également créé les concours ’’Ciseaux d’or’’, ’’Trophée prestige de la coiffure’’ et ’’Miss Jongama’’.
Il sera inhumé samedi aux cimetières de Yoff, indique la même source.
RETOUR À LA CASE PRISON POUR ASSANE DIOUF
Assane Diouf est poursuivi pour outrage à agent, appel à un attroupement armé, injures publiques à travers le net. Et n’en n’est pas à sa première arrestation.
Assane Diouf retourne en prison. Après son face à face avec le doyen des juges, ce vendredi, l’activiste a été placé sous mandat de dépôt, a appris emedia.sn.
Assane Diouf est poursuivi pour outrage à agent, appel à un attroupement armé, injures publiques à travers le net. Et n’en n’est pas à sa première arrestation.
Rapatrié des Etats-Unis, il était poursuivi par le Parquet pour le délit de diffusion de fausses nouvelles et outrage à un ministère de culte. Il lui était reproché d’avoir tenu des propos « désobligeants » à l’encontre du porte-parole du khalife général des Mourides, Serigne Bass Abdou Khadre Mbacké. Il a été libéré après un séjour carcéral à Rebeuss de 15 mois.