Le leader du Raam Daan, Thione Ballago Seck, compte bien mener son projet intitulé « La Cedeao en chœurs ». Il a procédé à une séance d’écoute de deux titres à son studio samedi dernier. Comme à son habitude, il a répondu à nos questions avec une rare franchise.
Vous venez de sortir deux titres dans le cadre du projet « CEDEAO en chœurs ». Pourquoi avoir choisi ce moment précis ?
Je suis un simple mortel et mon destin ne m’appartient pas. Je ne suis même pas sûr que je sois encore vivant la semaine prochaine. C’est après mûre réflexion que j’ai décidé de surseoir à ma volonté première de les sortir sous forme d’albums. bien entendu, je suis toujours dans ces dispositions. En attendant donc, j’ai pris l’option de les rendre disponibles sur YouTube pour une large diffusion. Comme on a tellement communiqué sur ce projet, ça permettra de couper court aux rumeurs et faire taire ceux qui disent que Thione ne fait que parler. Pour le reste, on attend ce que le bon Dieu en décidera….J’étais également dans l’attente de la réaction du gouvernement du Sénégal pour savoir la nature de son soutien comme me l’avait promis le chef de l’Etat Macky sall. Certes, l’attente a été assez longue. Au ministère de la Culture également, ils sont au courant du projet. J’ai reçu une délégation de la tutelle au studio. Mais depuis lors, il n y a pas eu de feedback. Comme je ne suis pas au courant de leur position, j’ai pris l’option de mettre un par un, tous les titres sur YouTube.
Musicalement quelles sont les nouveautés apportées à la réalisation de ce produit ?
Je vous retourne la question car vous venez d’assister à une séance d’écoute (Rires). Pour être sérieux, je dois dire qu’il existe une grande différence entre votre époque et la nôtre à ce niveau. Vous vivez dans une époque très compliquée. Avec Internet et ses différents instruments, tout est permis et les choses bougent très vite.
Il est surtout question de la portée du message…
J’ai toujours été un messager. Vos ainés dans la profession ont dit et écrit que Thione Seck est le meilleur parolier de sa génération. Donc j’ai toujours été un messager et cela ne changera jamais. Au moins, à l’unanimité, le Sénégal me reconnait ce statut de bon parolier. Au niveau du rythme, j’ai essayé de ne pas sortir du « Mbalakh ». J’ai voulu faire chanter les autres sur le rythme. Il y a aussi le fait que j’ai beaucoup insisté sur l’usage du violon. C’est une Allemande du nom de Stéphanie qui a joué de cet instrument et j’ai trouvé que cela cadre parfaitement avec notre musique. Dans le titre, « Les rapaces » j’évoque la lancinante question de la Toute-Puissance divine et celle de la mort. Je vois mal que des gens puissent faire exploser un avion et tuer autant de gens dans une mosquée en revendiquant des droits au nom de Dieu. Je ne sais pas de quel Dieu ils parlent car le mien ne permet pas cela. Dieu n’a jamais autorisé cela. Ils tuent au nom de Dieu juste pour assouvir des passions inavouées. Je parle de toutes ces vilenies qui rythment notre quotidien. Il y a une recrudescence de la pratique du mal à tous les niveaux. Il y a des complots et des pièges que l’on vous tend pour vous détruire grâce à l’argent. Je me dis que de nos jours, tout est permis à cause du pouvoir et de l’argent.
Concrètement quel soutien attendez-vous de nos autorités ?
J’ai été reçu par le Président sall, il y a plus d’un an. Donc, j’ai vraiment attendu. Pour ce qui concerne le ministère, il y a eu une délégation comprenant le Directeur des Arts M. Koundoul et Aziz Dieng. Ils sont venus écouter les morceaux. Ils étaient en compagnie d’une délégation de hauts responsables de la Culture de la Guinée et du Mali. Malgré tout, il n’y a eu aucune suite. Comme je l’ai dit tantôt, mon destin n’est pas entre mes mains. D’autant plus que nos jours, on se lève un beau jour pour s’entendre dire qu’untel a quitté ce bas monde….Pour dire vrai, j’attendais un soutien très conséquent de la part du chef de l’Etat. Un projet d’une telle envergure devrait être soutenu par l’Etat du sénégal par le canal du ministère de la Culture. C’est vraiment un très, très, très grand projet. Je ne pense pas que le Président ne puisse pas saisir le sens de cette portée. Il le sait parce qu’il me l’a dit. Au cours de notre rencontre, il m’a dit qu’il était très fier qu’un projet d’une telle dimension soit porté par un fils du sénégal. Donc, il a bien compris le sens de ma démarche. Pour le ministère aussi, je ne pense pas qu’ils ignorent ce fait. Ils sont venus ici, ils ont écouté et donné leur avis et ils m’ont chaleureusement félicité et encouragé à la fin de leur visite. J’attends d’eux qu’ils me fournissent les moyens de sortir ce produit dans les règles de l’art. Comme je n’ai rien vu venir, j’ai décidé de prendre les devants et d’user du canal de YouTube pour sortir les différentes chansons.
Comment pouvez-vous estimer les conséquences du Covid- 19 sur la bonne marche du projet ?
Il est quasi impossible d’estimer les coûts. Tout le monde sait que le Corona est passé par là. Cette pandémie a détruit énormément de choses et on ne s’en rendra vraiment compte qu’après la fin de cette crise. Je sais que dans ce là, plus rien ne sera comme avant. Pour ces fâcheuses conséquences, il ne faut même pas rêver. Tout va être chamboulé. Je viens d’entendre à la télé que l’économie du Canada a connu une baisse de plus de huit pour cent depuis la survenue de la pandémie. Quand on sait qu’ils sont dix mille fois plus puissants que nous, on doit imaginer les résultats. si vraiment comme on le susurre cette crise provient d’une erreur humaine, suite à des manipulations, je pense que ces gens méritent tous la guillotine. Ils ont alors causé énormément de torts à l’Humanité.
Concrètement, comment êtes-vous impacté par la pandémie du Covid19 ?
C’est une période très, très dur pour tout le monde. Tout le monde est impacté ... Je reconnais que le ministre a fait un beau geste. s’il avait convoqué une réunion au Grand Théâtre, personne ne pourrait gérer cela, car il y a énormément d’artistes dans ce pays. Il a juste ciblé ceux que l’on appelle de manière triviale les cinq majeurs pour aller discuter avec eux. Il nous a tous fait savoir que pour l’instant, il ne dispose pas de budget affecté à la gestion de cette crise et qu’il compatit à nos souffrances. Au moins, il a été clair et honnête avec nous. Mais après avoir exprimé nos doléances au ministre, beaucoup de personnes se sont mis à nous injurier. Et en vertu de quoi ? Nous ne sommes pas des Zambiens. Nous sommes des sénégalais et nous avons le droit de dire à notre ministre que nous avons besoin de lui. Le monde culturel a trop souffert. Il y a une grande instabilité au niveau du département de la Culture et cela nous a toujours porté préjudice. si je prends mon cas, au sein du Raam Dann, il y a trente-deux personnes qui travaillent autour du groupe en comptant les musiciens, les techniciens et les bagagistes. Toutes nos activités sont mises en veilleuse. Nous ne travaillons plus. C’est le président de la République qui doit nous soutenir. Il faut dire les choses telles qu’elles sont. C’est lui le gardien de la Constitution, le Protecteur des Arts, des Lettres et des Artistes. Comment voulez-vous qu’un musicien qui ne travaille plus depuis trois mois puisse survivre et conserver sa dignité en ne disposant plus de moyens d’existence ? Le musicien doit continuer de vivre et payer ses factures. Je suis désolé de le constater et de le dire, mais au Sénégal l’artiste n’est pas très bien considéré. Je ne sais pas pourquoi. Et si je parle, on nous rétorque qu’au vu de leur statut, les cinq ne doivent pas parler ainsi. Pourtant, il ne faut pas oublier que les cinq ont abattu un énorme travail avant de pouvoir intégrer ce cénacle. C’est grâce à eux que les jeunes rêvent de devenir musicien et veulent marcher sur leurs pas. Les cinq ont consenti d’énormes sacrifices pour défendre partout les couleurs de notre musique. Je ne suis pas politicien et je pense que si j’étais un politicien, mon projet aurait connu meilleur sort… Wally est mon fils, mais moi je ne suis pas Wally. Ils profitent toujours de mes sorties pour s’attaquer à lui. Wally est venu au monde et il m’a trouvé comme je suis. J’étais déjà Thione Seck. J’ai toujours exprimé mes idées comme je l’ai toujours senti et je ne vais pas changer. Je ne peux pas comprendre qu’à chacune de mes sorties, on descend en flammes mon fils, juste pour le plaisir de faire du mal. C’est trop facile de se cacher derrière un écran d’ordinateur pour se muer en chasseur de primes du nombre de vues. Ces gens-là ne ratent aucune occasion pour m’insulter et me calomnier. Ils profitent du moindre de mes paroles pour essayer de me causer du tort. Pourtant ce que je dis ne les concerne nullement. Je ne m’adresse pas du tout à eux. Je ne les connais même pas. Ce sont eux qui me connaissent. C’est trop facile de se nourrir de cette manière. C’est Haram, haram, Haram (il se répète) et vraiment illicite. Peut-être que c’est votre époque qui veut ça, mais je ne comprends pas du tout cela.
Là, vous parlez du côté négatif du digital. N’empêche, vous l’utilisez par le biais de YouTube, n’est-ce pas paradoxal ?
Avec le Covid-19, on ne sait plus vraiment où nous allons. Mais je peux juste dire une chose. Cette pandémie et Internet causent énormément de tort au monde entier. Je suis persuadé qu’Internet ne va pas disparaitre, mais pour ce qui est du Corona, nous prions pour que ce virus disparaisse le plus rapidement possible. Je suis juste convaincu qu’Internet commet de nombreux ravages et cela va continuer. YouTube, c’est un palliatif. Il faut au moins un million de vues pour percevoir six cent mille francs Cfa, je crois. Et ce n’est pas du tout facile d’atteindre un million de vues. Donc c’est juste pour marquer notre territoire. Même au niveau des retombées, cela ne peut combler nos dépenses. Cependant, c’est mieux que de passer par ces pirates qui me proposent mon propre produit au niveau des feux de signalisation. Je ne me sens pas du tout protégé face à ces vautours. On laisse faire ces pirates et on me fait payer des impôts. On les laisse faire parce qu’eux, ils peuvent avoir recours à leur khalife général…
A vous entendre, c’est la faute à l’Etat ?
Bien sûr que c’est la faute de l’Etat ! S’il voulait que le piratage disparaisse, ce serait fait depuis longtemps. Avec la toute-puissance dont dispose l’Etat, il peut régler ce problème très rapidement s’il avait voulu. C’est une situation ubuesque et illogique.
Pourtant l’Etat fait de gros efforts en mettant sur place des fonds pour financer les artistes ?
En cinquante années de carrière, je n’ai jamais vu un artiste adepte du « Mbalakh» être financé pour un quelconque projet à moins que cela se fasse en dessous de table. Mais de manière officielle, je ne suis pas au courant .Pourtant le ministère dispose d’un budget annuel de plusieurs milliards. Je ne critique aucun ministre de la Culture car ce n’est pas mon rôle. J’ai vu passer de nombreux ministres de la Culture depuis le temps d’Alioune Sène. La musique sénégalaise n’est pas du tout soutenue. C’est ce qui fait la différence avec la musique nigériane. Elle a été soutenue par le gouvernement et des investisseurs américains. C’est ce qui a contribué à son extraordinaire essor. Les musiciens sénégalais font tout par eux-mêmes. Ils usent toujours de leurs propres moyens. Ils sont pourtant prompts à organiser des quêtes pour lever des fonds quand un artiste est malade et à bout de souffle. Ce qui est vraiment dommage car nous sommes au 21ème siècle. Cela va durer jusqu’à quand? C’est une question que je me pose…
Par Boubacar CAMARA
TUMBI-19 (1)
A la suite de l’Appel de Kinshasa du 28 mai 2020, je formule, comme promis, les mesures que je considère comme essentielles pour garantir une sortie de crise réussie
A la suite de l’Appel de Kinshasa du 28 mai 2020, je formule, comme promis, les mesures que je considère comme essentielles pour garantir une sortie de crise réussie. Il est vrai que la bataille contre le COVID-19 n’est pas encore gagnée. Pire, si les meilleures stratégies ne sont pas adoptées et mises en œuvre avec rigueur, la victoire souhaitée ne pourra même plus être espérée raisonnablement. Malgré tout, on ne peut pas attendre un hypothétique « clap de fin » pour réfléchir aux voies et moyens de « réparer les dégâts » causés par la pandémie de la COVID-19 et établir un programme pertinent de sortie de crise sur les plans économique, social et sanitaire. Gouverner, c’est prévoir. Le programme que nous proposons est dénommé TUMBI-19 et se décline en dix-neuf (19) mesures et cinquante et une (51) actions. Ce programme se justifie d’autant plus que le Sénégal connaissait déjà une situation difficile avant la déclaration de la pandémie et devait de changer de cap.
LOI DE FINANCES
Adoption, exceptionnellement, d’un budget consensuel de Dix-huit (18) mois (juillet 2020- décembre 2021).
CONSEIL ÉCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL (CESE) ET HAUT CONSEIL DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES (HCCT)
Suppression du Conseil économique, social et environnemental et mise en place d’un Conseil d’Orientation de vingt-cinq (25) membres. Suppression du Haut Conseil des Collectivités territoriales (HCCT) et mise en place d’un Conseil supérieur des Collectivités locales de quinze (15) membres. Création d’un Fonds d’Investissement communal. Adoption d’un nouveau schéma d’Aménagement du Territoire. TRAIN DE VIE DE l’ÉTAT Adoption d’un Programme spécial de réduction du train de vie de l’État et lutte contre le gaspillage avec notamment la réduction des déplacements à l’étranger, la fermeture et le regroupement d’ambassades, la standardisation des moyens de transport, la réduction des dépenses de fonctionnement, l’aliénation de certains biens immobiliers de l’État.
ECHANGE RESSOURCES-INFRASTRUCTURES
Le mécanisme « Échange Ressources-Infrastructures (ERI) » consiste à autoriser à des investisseurs organisés en groupements l’exploitation de gisements de ressources naturelles identifiées et, en contrepartie, mettre à leur charge la réalisation d’infrastructures dont la liste est fournie par l’État. Financement des infrastructures pour un montant de Quatre mille (4000) milliards FCFA par le biais de l’exploitation des ressources naturelles (et non l’endettement public) à travers ce mécanisme innovant, avec la participation de groupements d’entreprises sénégalaises et étrangères de travaux publics, de construction, d’assainissement etc.
PARTENARIAT PUBLIC-PRIVÉ
Adoption de mécanisme de « Partenariat public-Privé (PPP) », marchands et non marchands, pour relancer les secteurs clés de l’économie et réaménager le territoire à travers la valorisation du foncier, des actifs miniers, pétroliers et halieutiques.
EXONÉRATIONS FISCALES ET DOUANIÈRES
Adoption d’une nouvelle politique d’octroi des exonérations fiscales et douanières mettant l’accent sur leur utilisation pour l’incitation à l’investissement structurant et productif dans des secteurs clés limitativement énumérés et pour le remboursement de l’endettement privé commercial.
ENTREPRISES SÉNÉGALAISES
TUMBI mot wolof signifiant « Émerger » : sortir la tête de l’eau. Appui des entreprises sénégalaises notamment les petites et moyennes entreprises pour réorienter leurs activités vers l’agriculture, la pêche, l’élevage et l’artisanat de soutien au tourisme. Priorisation de la valorisation des chaînes de transformation sur place (lait, viande, cuirs et peaux, huile, aliments de bétail, divers farines, conserveries de poissons, fruits et légumes, etc., pour l’autosuffisance alimentaire et la consommation locale, la réalisation des infrastructures de stockage, de transformation et de transport, la recherche et la formation professionnelle aux métiers y affairant. Réalisation d’un pont de financement massif avec la garantie de l’État, notamment au profit des entreprises féminines, auprès des institutions bancaires, établissements de crédit et compagnies d’assurances. MÉNAGES soutien aux ménages à travers la réduction des coûts du loyer avec un système de compensation pour les propriétaires, la facilitation de l’accès à la nourriture, la disponibilité de l’accès à l’eau, l’électricité, la connexion et le transport à un coût réduit. L’instauration d’une minimum vieillesse et d’un Fonds de soutien aux personnes vulnérables (personnes à mobilité réduite)
DIASPORA
Particulièrement éprouvés par la crise de la COVID-19, aussi bien par la perte d’emplois et d’opportunités de travail, par des pertes humaines et une stigmatisation intolérable, nos compatriotes vivant à l’étranger doivent faire l’objet d’une attention particulière à travers la régularisation de leur situation administrative et économique et sociale, leur sécurité, la facilitation du retour et de la réinsertion. Il convient surtout de lever des fonds pour le financement des projets des émigrés avec le levier constitué par leur important apport, à travers une société d’actions « DIASPORA S.A » à créer avec un compte courant initial de 300 milliards FCFA à libérer progressivement par les actionnaires soit le tiers des envois des émigrés au sénégal.
INDUSTRIE
Développement de l’industrie à travers l’instauration d’une obligation de transformer sur place une partie des ressources naturelles extraites et la promotion de la transformation des produits agricoles. Relance de l’industrie culturelle à travers l’identification, la production, la promotion et les échanges des produits culturels et artistiques.
ÉNERGIE
Réalisation des réformes et investissements nécessaires pour doubler la capacité actuelle de production de l’énergie en maintenant l’option du mix énergétique et en renforçant le réseau de distribution. Un pourcentage de 2,5% du budget de l’Etat doit être alloué chaque année aux investissements relatifs à l’énergie. Institution, à travers une nouvelle loi d’orientation pour les énergies renouvelables, de zones d’installation prioritaire, de l’effacement par le biais du solaire pour les grandes industries, de l’exonération totale pour un obtenir 500 MW supplémentaires, de la libéralisation de la vente d’énergies renouvelables non produites par la Senelec. L’électrification rurale doit être renforcée et la priorité de la fourniture de l’énergie accordée à l’industrie.
EMPLOI
Sauvegarde des emplois actuels par des mesures d’accompagnement des entreprises. Promotion de l’emploi des jeunes à travers le développement industriel, la réorientation des activités des entreprises sénégalaises vers les secteurs à croissance inclusive, l’organisation du secteur informel et le renforcement du financement de la Délégation de l’Entreprenariat rapide (DER) et des Domaines agricoles communautaires (DAC).
RÉGIES FINANCIÈRES
Réorganisation du schéma de collecte de l’impôt à travers une réforme consensuelle pour limiter les contraintes du système déclaratif, améliorer l’identification des contribuables (boucle fiscale), le recouvrement, une localisation adéquate de l’impôt pour élargir l’assiette dans le sens du projet « Yaatal » de la Direction générale des Impôts et Domaines et réaliser une plus grande équité fiscale. Réalisation de l’interconnexion informatique de tous les acteurs (douane, impôts, trésor etc.) à travers une blockchain, bloc fiscal. D’autres blocs aussi peuvent être initiés : bloc immobilier, bloc des agréments, bloc marchés publics, bloc comptabilité matières, bloc ressources naturelles etc. Réorganisation des régies financières pour en faire le site pilote pour la réalisation du projet « SÉNÉGAL Intelligence Artificielle » à partir de l’agrégation de la masse de données disponibles et l’adoption de stratégies d’innovation en mettant à profit des expertises de l’ADIE, de GAINDE 2000 et des startups privées.
INTÉGRATION ÉCONOMIQUE
Renforcement du positionnement du sénégal dans la sous-région ouest africaine à travers les échanges intracommunautaires, le développement du transport multimodal (rail, route mer, air), des télécommunications (satellites, etc.) La synergie entre pays de la sous-région pour la transformation industrielle des minerais (fer, bauxite, cuivre, etc.) et des produits agricoles est une option à promouvoir. Révision des schémas d’intégration en vue de renforcer la souveraineté économique, monétaire et énergétique.
ÉDUCATION
Organisation de la reprise des enseignements à tous les niveaux, avec un rattrapage du quantum horaire perdu et l’organisation des examens indispensables, suivant un calendrier consensuel après avoir réuni les conditions optimales de sécurité sanitaire. Lancement d’une réforme profonde de l’éducation portant sur un nouveau modèle éducatif proposant des solutions pertinentes aux questions essentielles qui secouent l’école sénégalaise notamment l’investissement à travers un Fonds de Relance de l’Éducation de 8000 milliards FCFA , la productivité, la formation des jeunes filles, la formation professionnelle, la fonction enseignante, le contenu des programmes, les langues nationales, l’éducation religieuse, l’intégration des daaras dans le système éducatif, l’adaptation du rythme scolaire etc.
SANTÉ
Réalisation des infrastructures de santé nécessaires pour bâtir une carte sanitaire couvrant correctement le territoire national avec notamment la mise en place d’un réseau de polycliniques dans chaque département. Le relèvement général du plateau médical et l’aménagement d’un réseau de véhicules médicalement équipés pour atteindre toutes les parties du pays. Un accent particulier doit être mis sur la prévention en matière d’hygiène en général et, notamment en matière de prévention médicale. Réorganisation du service d’hygiène avec un renforcement substantiel des moyens matériels et humains, le recrutement des auxiliaires de santé parmi les soldats en fin de formation initiale. Une réforme profonde du système de santé est également nécessaire pour la formation du personnel médical notamment en matière de santé publique. La recherche doit faire l’objet d’une attention particulière avec une dotation initiale de cinq (50) milliards FCFA. Un budget annuel de 600 milliards FCFA pour la santé publique doit être prévu pour au moins cinq ans.
( A suivre )
BABACAR WADE ET BALLA DIEYE ORGANISENT LEUR RESILIENCE
La pandémie de la Covid ne laisse pas de place à la pratique des arts martiaux, logés dans la même enseigne que les autres disciplines avec l’arrêt des compétitions et son lot de pertes financières pour certains, une baisse de performance pour d’autres
Comme pour sports collectifs, la pandémie de la Covid ne laisse pas de place à la pratique des arts martiaux. Elles sont logées dans la même enseigne que les autres disciplines avec l’arrêt des compétitions et son lot de pertes financières pour certains, une baisse de performance pour d’autres. Au judo et au Taekwondo, deux disciplines qui renferment le plus de pratiquants, il y’n y a pas une autre alternative. Il faut s’adapter. Une parade a d’ailleurs été trouvée à l’aide des outils technologiques qui leur permette l’utilisation de challenges, de cours en ligne et un remodelage de leurs programmes d’entraînement. En attendant un possible redémarrage des activités dans le dernier trimestre de cette année, les deux structures gardent les yeux rivés sur les grandes compétitions continentales et surtout les Jeux olympiques de Tokyo 2021.
BABACAR WADE, PRESIDENT FEDERATION SENEGALAISE DE JUDO : «Nous pensons reprendre nos activités au mois d’octobre»
Discipline individuelle et non moins sport de contact, le judo sénégalais n’a pas dérogé à la règle dictée par la pandémie du Covid 19. A la mesure de l’impact, ce sport de combat a vite trouvé la parade dans les outils technologiques avec les échanges en ligne. «Le judo est un sport de contact. Respecter la distanciation et les gestes barrières dans la pratique du judo reste assez compliquée à mettre en œuvre. Mais depuis la déclaration de la pandémie, nous avons naturellement arrêté toutes nos activités publiques», a confié Babacar Makhtar Wade, président de la Fédération sénégalais de judo avant d’ajouter : «On avait gardé quelques travaux que l’on a laissé à nos athlètes dérouler de concert avec les coaches. On a organisé ce que l’on a appelé des challenges qui permettaient aux judokas de faire des vidéos pour montrer un peu comment ils s’entraînent pendant la période de la Covid. Prendre des mouvements de judo, les disséquer de manière à ressortir les petites subtilités». Selon le patron du judo sénégalais, la mise en place de nouvelles mesures d’assouplissement devrait aussi permettre de remodeler les autres activités du judo en fonction du calendrier international. Avec la révision de ce nouveau calendrier, l’essentiel des compétitions est prévu dans le dernier trimestre de 2020. Il s’agit notamment des championnats d’Afrique cadets- juniors, certains tournois open ou encore les championnats d’Afrique séniors. Entre temps, le judo sénégalais compte, selon le président Wade ses compétitions nationales au mois d’octobre et préparer les échéances internationales. «Maintenant, qu’il y a les mesures d’assouplissements, nous allons voir comment organiser tout cela. La semaine dernière, on a reçu le projet de calendrier de l’union africaine de judo. Les compétitions ont été reportées au dernier trimestre de cette année 2020. On est en train de modeler notre calendrier en conséquence. Nous pensons reprendre nos activités au mois d’octobre si les conditions le permettent afin que nos équipes nationales puissent participer aux différents championnats d’Afrique des cadets et surtout les séniors qui sont sur le circuit qualificatif pour les JO de Tokyo 2020», renseigne t-il.
«MBAGNICK NDIAYE, NOTRE VAISSEAU AMIRAL POUR LES QUALIFICATIONS AUX JO»
Sur cette lancée, le judo sénégalais fera une bonne fixation sur les combattants séniors et particulièrement sur les potentiels qualifiés pour les prochains Jeux Olympiques de Tokyo 2021. «On va continuer à les mettre dans le circuit international lorsque les compétitions reprendront. Il y a des opens qui sont prévus à partir du mois de novembre. On verra les compétitions pertinentes pour que nos athlètes potentiellement qualifiables puissent y participer et reprendre leurs préparations au niveau de l’équipe nationale. Mbagnick Ndiaye est naturellement notre vaisseau amiral pour les qualifications. Il est quasiment qualifié pour Tokyo 2021. On va continuer à le pousser. Derrière, on peut avoir quelques surprises avec des athlètes comme Monica Sagna et Georgette Sagna», soutient Babacar Wade
BALLA DIEYE, PRESIDENT DE LA FEDERATION SENEGALAISE DE TAEKWONDO : «La fermeture des salles a causé beaucoup de pertes»
S’il faudra mesurer l’impact de la pandémie de la Covid-19 dans le taekwondo sénégalais, il faudra le situer sur les activités des salles. Cet impact est d’abord financier dans la mesure où il y a un réel manque à gagner lié à l’arrêt des activités et à la fermeture de ses gymnases. C’est le premier constat de Balla Dièye, président de la Fédération sénégalaise de taekwondo.
«Depuis le 14 mars, nous avons reçu l’arrêté de suspendre les activités. Au niveau de la Fédération, nous sommes vraiment impactés. On le vit très difficilement mais on s’adapte car nous faisons face à une pandémie mondiale. Il y a des maitres de taekwondo qui ont vu leurs salles fermées. Il y a eu beaucoup de pertes sur ce côté-là. Il y a beaucoup de clubs qui sont dans les régions. Ce sont les maîtres qui transmettaient les valeurs et les inculquaient à des enfants. C’est comme les écoles qui ont été toutes fermées. Sur ce plan, il y a beaucoup de pertes. Pour les maîtres de salles, il est difficile de joindre les deux bouts parce que leur économie venait de leurs clubs», a-t-il relevé.
Cette discipline, à l’image d’autres issues des arts martiaux a toutefois réussi, d’amortir cette contrainte majeure par l’utilisation des outils technologiques et l’utilisation de plateformes. Ce, dans le but de garder le contact et d’échanger sur la disciplines. «Au niveau interne, nous nous sommes adaptés rapidement. On avait commencé à faire des cours en ligne. Nous avons fait les réunions et les cours à distance. Les quizz, on le faisait sur les challenges. Il y a beaucoup d’activités que l’on met dans notre plateforme. On vient d’apprendre que le ministre de l’intérieur autorise l’ouverture des salles. Mais, il faut le prendre sous un autre angle car nous dépendons du ministre des sports qui avait suspendu les activités. Il faut une discussion pour savoir si on va ouvrir les salles de fédérations. Parce que, on m’a demandé si on va ouvrir les salles moi je leur ai dit non ! On attend l’autorisation», note t-il.
«LES JEUX OLYMPIQUES DE TOKYO 2021 EN LIGNE DE MIRE»
Sur l’échiquier international, le taekwondo sénégalais a également dégagé son tableau de bord en direction des compétitions continentales avec en ligne de mire les Jeux Olympiques de Tokyo 2021. Conscient que l’arrêt des compétitions va peser sur la performance des athlètes mais aussi au plan mondial, l’instance dirigeante a pu mettre en place un plan de travail en vue de faire performer ses combattants. «Nous avons déjà un athlète qualifié aux prochains Jeux Olympiques. Il s s’agit de Ibrahima Séye. On avait mis en place un plan de préparation. Il y a beaucoup de programmes qui ont été annulés. Les Jeux olympiques ont été reportés en 2021, la direction technique a mis un plan de travail avec cet athlète. D’ici un an, on aura le temps de s’adapter. Le seul problème est que l’aspect compétition est très important pour les athlètes. C’est là qu’ils vont se préparer, augmenter leur volume de travail et se perfectionner. Maintenant, l’impact physique joue sur un athlète. Si c’est un athlète qui était sur sa lancée, il lui faut beaucoup de travail et je pense que la direction technique et la Fédération sont en train de mettre tout en place», a indiqué le double médaillé de bronze dans la catégorie des moins de 68 kg aux championnats du monde de taekwondo en 2009 et 2013
Par Dr Sogui DIOUF
TENTATIVE DE RECHERCHE D’UNE SOLUTION A LA POLEMIQUE EN COURS SUR LES LICENCES DE PECHE
«N’est-il pas temps de privilégier la conservation des ressources halieutiques aux querelles ?» Par Dr Sogui DIOUF
Depuis la mi-avril de cette année, une polémique portant sur la délivrance de promesses de licences à des bateaux de pêche d’origine chinoise et turque s’est installée au Sénégal. Elle a engendré des échanges épistolaires houleux qui permettront difficilement d’aboutir à une issue consensuelle.
N’est-il donc pas temps de s’efforcer sereinement à trouver des solutions de sortie de crise ? C’est dans cet esprit que cette modeste contribution est proposée. Rappelons que, la polémique à laquelle nous souhaitons contribuer à l’apaisement est née d’une convocation de la Commission Consultative d’Attribution des Licences de Pêche crée par décret 1804 du 22 novembre 2016 portant application de la loi 2015-15 du 13 juillet 2015 portant code de la pêche maritime.
A l’ordre du jour de la convocation de la CCALP si on se réfère aux documents y joints, il s’agit de l’examen de demandes ou promesses de licences réparties comme suit : 36 licences de pêche démersale profonde, option chalutiers poissonniers, de 14 licences de pêche pélagique côtière, 2 licences de pêche pélagique hauturière, option palangre à thon, d’une (1) licence de pêche démersale profonde option crevettes profondes. En ce moment, précisons que 176 des bateaux sont, autorisés à exercer leurs activités de pêche dans les eaux sous juridiction sénégalaise.
Le décor campé, notre contribution s’articule autour des propositions ci-dessous énumérées.
Suspension de la délivrance des licences ou promesses de licences d’une part et de l’autre, nécessité d’une exécution complète et correcte des dispositions du décret n°1804 du 22 novembre 2016.
La suspension de la délivrance de toute nouvelle licence ou promesse de licences est d’une impérieuse nécessité ; elle constitue un préalable à la remise à jour de la Commission Consultative d’Attribution des Licences de Pêche (CCALP). Elle durerait jusqu’à ce que la CCALP se mette à jour et reprendrait ses travaux après la production du rapport du DPM et celui du CRODT et leur examen par ladite commission. En effet, l’examen par la CCALP des deux rapports précités est d’une extrême importance, puisqu’il il s’agit d’une évaluation des stocks de poisson sur laquelle la commission doit s’appuyer pour attribuer objectivement les licences de pêche.
Ensuite, il faut veiller à l’exécution complète des dispositions de l’article 13 du décret n°1804 du 22 novembre 2016 qui comprend deux paragraphes.
Le premier paragraphe de l’article susvisé, détermine les domaines d’intervention de la CCALP, tandis que le second dispose de ce qui suit : « La Commission examine une fois par an, sur la base du rapport du Directeur des Pêches maritimes (DPM), la situation générale du programme des licences. Cet examen se fait en considération des plans d’aménagement des pêcheries en vigueur et du rapport du Centre de Recherches océanographiques de Dakar-Thiaroye (CRODT) sur la situation des principaux stocks de poissons ».
La suspension du fonctionnement de la CCALP et ipso facto de l’attribution des licences de pêche, donne le temps au Directeur des Pêches Maritimes et au CRODT, d’abord de produire leurs rapports et ensuite les faire examiner par la CCALP. En effet, l’examen de ces deux rapports est d’une extrême importance. Il s’agit de présenter la situation du secteur d’une part et de l’autre, de prendre connaissance de l’évaluation la plus récente des stocks de poisson sur laquelle, la Commission doit s’appuyer pour délivrer objectivement les licences de pêche.
Cette disposition de l’article 13 du décret d’application de la loi portant code de la pêche maritime, essentielle au-demeurant, a été rarement, pour ne pas dire jamais, mise en œuvre. En effet, les Directeurs des Pêches maritimes (DPM) successifs n’ont jamais, à ma connaissance, présenté de rapport sur la situation générale du secteur et le CRODT, semble-t-il, n’a que rarement présenté la situation des principaux stocks de poissons que recèlent les eaux sous juridiction sénégalaise.
S’agissant d’une ressource renouvelable qui n’est pas inépuisable, nous ne cesserons de le rappeler, travailler sur la base d’évaluations scientifiques récentes est indispensable, faute de quoi, l’attribution des licences ne se ferait pas sur des bases objectives.
2. Révision de l’article 91 du code de la marine marchande loi 2002-22 du 16 août 2002
Le phénomène d’invasion des eaux ouest-africaines par des flottes étrangères a commencé par l’Union européenne, lors de son élargissement. Cette politique européenne s’est traduite par un transfert massif de navires désarmés vers les pays en développement et une hausse importante des capacités déployées dans les eaux de ces pays.
Le Sénégal, à l’instar des autres pays de la sous-région, n’a pas échappé à ce phénomène. Ainsi, beaucoup d’armateurs ou simplement d’opérateurs économiques nationaux, peu soucieux de l’état des ressources halieutiques du pays riverain concerné, n’ont pas résisté aux sollicitations des armateurs européens.
Par ailleurs, les Etats envahis n’ont pas fait preuve de prudence pour éviter les nombreuses nationalisations, de navires désarmés aujourd’hui décriées. Il convient de noter que les captures des bateaux nouvellement “sénégalisés”, ne font, pour la plupart, que transiter par le port de Dakar, d’où elles sont rembarquées sur un cargo en partance vers l’Europe ou l’Asie. On ne peut pas, non plus, occulter le fait que les conditions d’immatriculation sous pavillon sénégalais, très peu contraignantes, ont favorisé les mises sous pavillon sénégalais. En d’autres mots, ces pays n’ont pas su anticiper la révision de leurs législations, afin de se prémunir contre les nationalisations de complaisance.
Aussi est-il devenu aujourd’hui, indispensable de définir de nouvelles conditions en vue de sauvegarder au mieux, les intérêts du Sénégal. En attendant, l’immatriculation sous pavillon sénégalais doit être suspendue jusqu’à nouvel ordre, notamment jusqu’à l’amendement des articles pertinents de la loi n° 2002-22 du 16 août 2002, portant code de la marine marchande.
Concernant le contrat d’acquisition qui est une des pièces les plus importantes du dossier d’immatriculation, il doit, dorénavant, être impérativement revêtu du visa préalable de la Direction de la Monnaie et du Crédit du Sénégal. En outre, sur ce document, entre autres, devront être précisés le prix du navire, les modalités de paiement ainsi que les banques sénégalaises concernées par la transaction.
Nous n’apprécions pas du tout et comprenons difficilement, qu’on puisse présenter à l’Administration sénégalaise des dossiers concernant l’achat des bateaux valant des milliards FCFA, qui appartiendraient à de sociétés mixtes dont le capital varie entre 1 et 2 millions FCFA. Cela heurte l’intelligence et simple anecdote, l’un des requérants des demandes de promesse de licence, n’a pas été gêné de déclarer un capital de 150 euros, autrement dit, 100.000 FCFA, ce qui montre le sérieux accordé à l’Administration de notre pays.
Il est vrai que, juridiquement, une société a le droit d’avoir un capital si minime. Par contre, surle plan économique, personne ne peut défendre la cohérence d’un dossier de cet acabit et nous ne pouvons accepter, qu’un entrepreneur puisse nous faire croire, qu’il est co-propriétaire, avec un capital de 100.000 FCFA, d’un bateau valant des milliards FCFA.
En résumé :
. Il convient impérativement, de redéfinir, en relation avec la marine marchande, les conditions draconiennes de “sénégalisation” des navires de pêche, afin de mettre fin au système des prête-noms, que tout le monde dénonce.
. Par ailleurs, nous estimons qu’il est utile de faire procéder à un audit des sociétés mixtes existantes, pour élucider, par des experts compétents, entre autres, les conditions dans lesquelles elles ont été créées, la réalité des financements supposés apportés, aussi bien par les nationaux que par les partenaires étrangers.
. Enfin, un certificat de radiation de la flotte d’origine délivré par les autorités du pays d’origine du bateau doit être joint au dossier. Ce certificat doit être contresigné par la représentation diplomatique de ce pays au Sénégal car le précédent des chalutiers BRIZ II et BRIZ III ne date que de 2004.
Nous ne saurions terminer notre présente contribution, sans évoquer le cas des licences dites illégales, attribuées à des bateaux d’origine chinoise, sans passer par la CCALP et pour une catégorie qui n’existe pas dans le code de la pêche. En outre, le taux de redevance appliqué n’est pas fixé par voie réglementaire. Nous nous demandons si beaucoup des poissons débarqués par ces 12 bateaux ne sont pas, tout simplement, des démersaux côtiers ou des pélagiques côtiers notamment des sardinelles. Ces licences illégales doivent être annulées et retirées du listing des bateaux autorisés à pêcher au Sénégal. Il serait donné aux armateurs concernés la possibilité de déposer de nouvelles demandes de licences qui seront étudiées par la CCALP à sa reprise.
Il y a quelque chose de terrible qui consiste à voir comme un système qui se construit sur une division raciale qui cantonne les uns dans la sphère de l’infériorité et les autres dans celle de la supériorité
C’était en août 1960, James Baldwin raconte son « voyage dans le chaos de Tallahasse (Floride). Il était le seul noir parmi les passagers de cette « journée ensoleillée, oppressante ». A l’arrivée, l’autre noir aperçu, était un chauffeur, tenant en laisse un petit chien, à la rencontre de sa patronne blanche. Une femme assez âgée, manifestement « enchantée de revoir les deux êtres qui rendent sa vie agréable ». En la servant avec toute la docilité que l’on peut imaginer. Et Baldwin de dire qu’elle se dirigeait vers son chauffeur, le visage illuminé par un sourire rayonnant comme lorsqu’on va à la rencontre de bras amis. Et Baldwin tout à ses pensées de se dire : « si un tel sourire m’était adressé, je lui serrerais la main ».
Toutefois, la lucidité en bandoulière, il n’a pu s’empêcher d’anticiper la probable réaction de la dame. « A peine aurai-je tendu la main », dit-il que « la panique, la confusion et l’horreur envahiraient ce visage, l’atmosphère deviendrait sombre, et le danger, voire la menace de mort, aussitôt planerait dans l’air ». La scène se passait dans le sud des Etats Unis. Et c’était cela le Sud. Esclavagiste, ségrégationniste et raciste, il reposait, dans ces années-là, sur « de tels petits signes et symboles ». Et les transgresser faisait courir un risque de déstabilisation de l’ordre coutumier. Provenant du Nord, Baldwin découvrait dans cette partie du pays une spécificité qui s’était sédimentée autour d’un « mode de vie entièrement fondé sur le mythe de l’infériorité noire ». Ce qui faisait affirmer à James Baldwin, en 1963 déjà, qu’il y avait en Amérique «d’immenses réserves d’amertume qui n’ont jamais réussi à trouver d’exutoire ».
Ajoutant, comme une inéluctabilité enserrée dans un espace qui ne leur laissait aucun choix, qu’elles « le pourraient bientôt». Il se trouve justement que ces réserves d’amertume ont été, par petites couches, accumulées par le biais de l’éducation. Et dans l’Amérique esclavagiste, ségrégationniste de l’époque, il s’agissait de faire en sorte que, noirs et blancs, « chacun reste à sa place ». Une place construite méthodiquement par l’éducation dont l’objectif, faisait observer Baldwin, est de « donner les moyens à un individu de savoir regarder le monde par lui-même, de prendre ses décisions ». Ce qui implique une capacité d’autonomie, de liberté qui se démarque de toute emprise, de tout contrôle possible. Parce qu’il en devinait toute la charge déstabilisatrice, Baldwin de préciser aussitôt qu’ « aucune société n’a très envie de ce genre d’individus en son sein ». Idéalement, faisait-il remarquer, les sociétés veulent « des citoyens qui, simplement obéissent aux règles de la société ». Ainsi raconte-t-il un de ses séjours à Montgomery, au moment où un décret fédéral avait déclaré illégale la ségrégation dans les bus, une scène qui en dit long sur le façonnage des gens. Il était monté dans un bus pour y observer des scènes de vie. Les passagers noirs s’asseyaient comme ils voulaient, « jamais tout au fond ».
Et voilà qu’une femme noire, robuste, chargée de paquets vient s’installer devant, juste derrière le conducteur. Baldwin de raconter : « les Blancs, sous leur froideur hostile, étaient déconcertés et profondément blessés. Ils se sentaient trahis par les Noirs, parce que ceux-ci avaient refusé non seulement de rester à leur « place », mais également de demeurer fidèles à l’image que la ville avait d’eux ». Ce n’était pas sans conséquence en effet, disséquant avec finesse la psychologie qui les habitait, il voyait bien que « les Blancs, brutalement, se retrouvaient complétement perdus ». Et qui plus est « les fondations mêmes de leurs univers privé et public s’effondraient ». C’était comme si le ciel leur tombait sur la tête. Comment s’en étonner si l’on sait, comme le souligne Baldwin que dans le but « de justifier le fait que l’on traitait des hommes comme des animaux, la République blanche s’est lavé le cerveau afin de des persuader qu’ils étaient effectivement des animaux et méritaient d’être traités comme tels ». Que les pièces bougent alors, « dès lors qu’il se croit un homme, il commence à mettre à mal l’ensemble de la structure du pouvoir ». C’est pour cette raison, soulignait avec force Baldwin que « l’Amérique a passé tant de temps à maintenir l’homme noir à sa place ».
NOUVELLE IDENTITÉ
Il y a quelque chose de terrible qui consiste à voir comme un système qui se construit sur une division raciale qui cantonne les uns dans la sphère de l’infériorité et les autres dans celle de la supériorité. Et surtout, qui travaille par le biais de ses schèmes éducationnels, à formater les esprits des uns et des autres dans l’acception, ou plus encore, dans l’intériorisation de modes d’être et de faire façonnés par les « maitres » et proposés comme une évidence. Ce faisant, dans l’esprit du «Pauvre Blanc », homme ou femme il y avait au moins la consolation, aussi difficile que puisse être son existence, aussi terrible le malheur qui s’abat sur lui, de savoir qu’il n’est pas noir. Parlant de la police, Baldwin la cernait comme un « ennemi employé par le gouvernement ». A ses yeux, « révélation céleste », son « unique fonction », c’est d’être « là pour maintenir le Noir à sa place et protéger les intérêts commerciaux des Blancs » « Révélation céleste ». Et c’est tout cela que Baldwin tente de déconstruire. Il était effaré de constater que « ce qui passe pour identité en Amérique est une série de mythes au sujet de nos ancêtres héroïques », avec tant de gens à croire qu’elle avait été « fondée par une bande de héros qui voulaient être libres ».
Toute autre est la vérité : « un certain nombre de personnes ont quitté l’Europe parce qu’elles ne pouvaient plus y rester et étaient obligées d’aller ailleurs pour survivre. C’est tout. C’était des crève-la-faim, des pauvres, des repris de justice. Les Anglais jouissant d’une certaine prospérité par exemple, ne sont pas montés à bord du May flower. C’est bien ainsi que le pays a été peuplé. Pas par Gary Cooper ». Aussi avait-il averti : « Tant que nous , Américains , n’aurons pas accepté le fait que mes ancêtres soient à la fois noirs et blancs, que sur ce continent nous tentions de construire une nouvelle identité, que nous ayons besoin les uns des autres, que je ne sois pas un pupille de l’Amérique ni un objet de charité missionnaire, mais une des personnes qui ont construit ce pays-tant que ce moment ne sera pas arrivé, le rêve américain a peu d’espoir de se concrétiser». Et c’est ce qui dit tout le drame qui se joue en ce moment à travers ces grands mouvements protestataires qui enflamment les Etats unis. Baldwin avait bien perçu que le défi est d’arriver à construire une société post raciale, celle d’identités plurielles et en mouvement.
Par Dame BABOU
TRUMP FACE AUX CHEFS DE L’ARMEE FEDERALE
Les dernières déclarations de Donald Trump affirmant qu’il pourrait appeler l’armée fédérale à la rescousse pour faire face aux manifestations, ont déclenché des réactions dans les relations entre le pouvoir politique et l’institution militaire
Les dernières déclarations de Donald Trump affirmant qu’il pourrait appeler l’armée fédérale à la rescousse pour faire face à la crise et aux manifestations qui déferlent dans les rues américaines ont déclenché des réactions rarement observées dans les relations entre le pouvoir politique et l’institution militaire.
Vendredi dernier, l’Amérique a connu les manifestations violentes en protestation contre la mort de George Floyd à Minneapolis, dans l’Etat de Minnesota. Alors que malgré sa supplique, cet américain noir a été asphyxié par un policier blanc qui l’a plaqué au sol, maintenant son genou sur son cou, jusqu’à lui retirer toute possibilité de respirer, le président américain faisant peu de cas de la violence meurtrière de cet acte, s’est focalisé le lendemain, sur les débordements violents des manifestations et a annoncé sa volonté de faire appel à l’armée. Il s’agit pour lui, de « dominer » les manifestants qui ont semé un désordre total dans beaucoup grandes villes des Etats-Unis, face au laxisme des gouverneurs et maires des Etats et villes concernés. Et les réactions n’ont pas manqué.
C’est d’abord le général James Mattis, un homme très respecté dans la hiérarchie militaire fédérale qui décide de rompre le silence pour dénoncer son ancien patron, en le qualifiant de « président qui divise le peuple américain ». Allant même plus loin, James Mattis qualifie Donald Trump de menace pour la Constitution américaine. Si l’on en croit la presse, le général Mattis, ancien ministre de la défense de Trump, aurait confié à ses amis avant sa démission rendue en décembre 2018, que l’actuel chef de l’Exécutif avait une « faible habilité cognitive ». Dans un tweet, il se désole du fait que l’occupant de Bureau ovale n’essaie même pas de donner l’impression d’être un président unificateur de son pays. Les attaques du général sont à prendre très au sérieux, au regard de son statut de militaire jouissant d’une forte réputation dans l’armée.
Cette sortie a été faite mercredi 3 mai 2020, le même jour où, de manière très inhabituelle, le ministre de la Défense en fonction, Mark Esper, s’est lui aussi opposé, dans une déclaration, à ce que les militaires en activité puissent être envoyés dans la rue face à des manifestants dans les villes américaines. Selon un journaliste du quotidien The New York Times, les déclarations du chef du Pentagon, le siège du ministère de la Défense, sont le reflet de la tourmente dans laquelle se trouve le président Donald Trump face aux milieux dirigeants de l’armée.
Le quotidien Times informe que les pontes du Pentagon craignent qu’une implication des militaires dans la gestion des manifestations puisse donner l’impression que leurs dirigeants cautionnent une démarche qui pourrait mener à une loi martiale. Une nouvelle information « fuitée » (à dessein ?) semble confirmer les difficultés du Commandant-en-Chef avec ces troupes. C’est le chef d’Etat-Major des Armées, Mark Milley, en personne, qui envoie un mémo aux membres de son staff pour leur rappeler que leur serment est de protéger la Constitution, dont le premier Amendement assure le droit à l’expression et la manifestation aux citoyens américains.
A signaler que la situation de l’armée américaine est particulière dans cette société. Pour des raisons liées à l’histoire, elle est une des rares institutions, si ce n’est la seule, à compter dans ses rangs environ 40% de non blancs. Ce fait impose une situation délicate quand il s’agit de questions liées à la race aux Etats-Unis. Ces considérations peuvent-elles avoir une grande influence sur le mode de gestion de Donald Trump ? Difficile de le croire. Ce dernier a la réputation de ne se préoccuper que de sa réélection au mois de novembre prochain.
Et dans sa stratégie en direction de cette compétition électorale, tout est basé sur la maitrise totale de sa base politique, laquelle est constituée des éléments les plus radicaux de la droite, essentiellement de pauvres vivant dans les campagnes et dans les Etats du sud des Etats-Unis. Et pour elle, il n’est pas concevable qu’un leader politique montre des signes de faiblesse. Cela pourrait expliquer que l’actuel président soit à la fois, surpris par les événements et outré par le fait de n’être pas à même de les contrôler. On peut dire que l’élément déclencheur de la colère de Trump est l’assaut tenté par les manifestants contre les grilles de la Maison blanche, vendredi 28 mai 2020. Ce jour-là, la foule massée devant le siège de présidence américaine, est même arrivée à allumer des feux qui ont failli atteindre des bâtiments de cette auguste maison. Le lendemain, samedi, Trump a versé de l’huile sur le feu allumé par ses déclarations de la veille.
Pendant que des milliers de manifestants étaient pacifiquement rassemblés dans le jardin qui fait face à sa résidence, le président a, à la surprise générale, décidé de faire disperser la foule avec des grandes lacrymogènes (chose rare en ces lieux). Et ceci, pour lui permettre d’aller prier, ou plus exactement se prendre en photo, bible à la main, devant « l’église des Présidents », située à quelques dizaines de mètres de son bureau. Cette scène à choqué plus d’un dans l’ensemble du pays, dont le pasteur (une femme) de l’église anglicane, et même au-delà. Jusqu’au Pape François qui a marqué son étonnement face à l’utilisation très peu acceptable que Donald Trump a faite de la Bible à cette occasion.