Donnez-moi les pleins pouvoirs et le coronavirus verra ce qu’il va voir ! On a donné les pleins pouvoirs et on a vu…ce qu’on a vu. Autrement dit, une retraite toute et une capitulation en rase campagne ! Retenons seulement les dernières reculades en date façon bérézina ou Waterloo pour notre Généralissime. Quelques chefs religieux et des activistes menacent de prier quoi qu’il leur en coûte et quitte à en découdre avec les forces de l’ordre ? Drapeau blanc, le Général rouvre les lieux de culte ! Les enseignants menacent de quitter les classes, qu’ils n’ont jamais rejointes du reste, si jamais un seul de leur collègue est atteint du coronavirus ? Le Général, dès qu’il a appris que 10 d’entre eux en sont porteurs asymptomatiques, même pas malades d’ailleurs, a reporté à la Saint-Glinglin ou aux calendes grecques la réouverture des classes pour laquelle tant d’efforts ont été faits et tant d’argent a été dépensé. Les transporteurs et chauffeurs cassent, brûlent et caillassent à Touba, Mbacké et Tivaouane tandis que les jeunes déversent leurs colères dans les rues de quelques grandes villes ? Cessez-le-feu, les gars, le Général annule toutes les mesures d’interdiction du transport interurbain et interrégional et ramène le couvre-feu de 23h à 5h du matin en atteint, prochaine étape, de le faire passer de 4h55mn à 5 heures en cas de nouvelle manif ! bref, là aussi, notre Généralissime a abdiqué sans même mener le combat ! Il nous rappelle ce lutteur d’un de nos terroirs surnommé « sa Arrière » qui, dès le coup de sifflet de l’arbitre, ne faisait que reculer jusqu’aux sacs avant d’être ramené au milieu de l’arène. Ainsi de suite jusqu’à la fin des combats…. Des combats qui, on s’en doute, étaient des simulacres en fait. A force d’éviter les confrontations, notre « mbeur » avait été surnommé « sa Arrière » voire « Mor dellou guinaw » par les amateurs. Un peu comme notre Généralissime aux pleins pouvoirs. Qui n’est décidément pas comme Moussa Yoro Camara, ancien président de la JA et une des têtes de Turc favorites du « Témoin » qui l’avait surnommé « l’homme qui ne fait jamais marche arrière ». Puisse-t-il inspirer qui l’on sait !
Kàccoor bi
COUVRE-FEU «23H» GRAND-DAKAR ET NIARY-TALLY RESPECTENT LE « CESSEZ-LE-FEU » !
Contrairement à la nuit précédente, les quartiers jumelés de Grand-Dakar et Niary-Tally se sont pliés aux nouveaux horaires du couvre-feu désormais ramené de 23 h à 06 h du matin. A 23 h 03, cette nuit, « Le Témoin » quotidien a constaté que pratiquement toutes les rues et ruelles de ces quartiers étaient désertes. Les boutiques avaient baissé leurs rideaux ou fermé leurs portes. Les rares récalcitrants déambulaient devant leur maison avant de regagner furtivement l’intérieur dès l’apparition du car de la police en patrouille. Aucune manifestation n’a été enregistrée dans ces quartiers « chauds ». Et qui ont bien respecté le « cessez-le-feu » conclu avec l’Etat sur la base d’un allégement du couvre-feu. En matière de heurts et manifestations sociales à Dakar, les quartiers Grand-Dakar et Niary-Tally constituent un échantillon représentatif voire un baromètre. Inutile de vous dire qu’à l’image de ces deux quartiers populaires, c’était le calme plat hier dans pratiquement tous les quartiers de Dakar. Un retour pacifique sur les lieux du crime. Et tant mieux pour la sécurité sanitaire des personnes et des…biens.
PERTE DE SIGNAL À THIAROYE-GARE LES USAGERS D’ORANGE IMPACTÉS PAR LE TER
Décidément ! Qu’on l’accepte ou pas, force est de constater que Orange reste et demeure le leader de la téléphonie mobile au Sénégal. A preuve, si les populations de Thiaroye-gare ont failli faire disjoncter notre standard, c’est pour que nous leur servions de… relais auprès de la sonatel. Car, la majorité écrasante des populations de Thiaroye-gare sont des clients d’Orange. Tenez ! Depuis presque deux ans, les habitants du quartier Fass 2 de Thiaroye-gare ne peuvent plus communiquer entre clients « Orange » à cause d’une perte de signal. Car, disent-ils, l’immeuble sur lequel était implantée l’antenne-relais d’« Orange » a été démoli. Ce, comme la plupart des villas et immeubles impactés par les travaux du Train express régional (Ter) et détruits par l’Apix. Depuis lors, les usagers d’Orange des quartiers environnants n’ont pratiquement plus de réseau. « Le Témoin » quotidien est convaincu que leurs problèmes seront bientôt réglés du fait de la rapidité et de la qualité d’intervention des équipes de dépannage « Orange ». A ce rythme, votre canard risque d’être un courtier voire un rabatteur d’Orange !
ALLEGEMENT DANS LE TRANSPORT GORA KHOUMA AFFICHE SA SATISFACTION ET MENACE LES VOYAGEURS
Gora Khouma n’a pas caché sa satisfaction à l’annonce des mesures de levée de l’interdiction du transport interurbain par le Gouvernement hier. Le patron de l’Union des transports routiers du sénégal a aussi magnifié le manifeste encadrant la reprise. Un manifeste qui encadre le contrôle des gares routières (Points de départ, horaires), l’identification des passagers (Port du masque obligatoire et contrôle de la température), la présence d’une équipe sanitaire sera préposée dans chaque gare routière et point de départ. Sur les ondes de RFM, Gora Khouma, a été très précis contre les usagers. « On va demander aux transporteurs, en collaboration avec les chauffeurs et autres acteurs du transport en commun, de veiller scrupuleusement au respect des mesures édictées par le ministre des Transports terrestres… Les passagers qui ne porteront pas leurs masques seront interdits d’accès dans les transports en commun». Selon le transporteur Gora Khouma : « Conformément au manifeste publié par le ministre Oumar Youm, il sera question de contrôler systématiquement la température des passagers au moment de l’embarquement et surtout de veiller au port du masque. Tout usager présentant des symptômes de la maladie sera signalé aux services du ministère de la santé… Pour ce qui est de l’organisation des gares, ils ont dit qu’au niveau de la gare des baux maraichers er celle de Rufisque, il y aura un système d’identification rapide des voyageurs. Les horaires seront également régularisés suite à une concertation inclusive… » Une manière de redresser la barre et d’éradiquer la clandestinité constatée dans le secteur du transport interurbain. Qu’en pense les « coxeurs » qui font la li au niveau de toutes les gares routières de notre pays ?
SOCOCIM LA COVID19 INFECTE LA 1ère CIMENTERIE DU PAYS
La Sococim est infectée par la covid19. On parle de près de 18 travailleurs de la 1ère cimenterie qui ont chopé le virus. Les rumeurs parlent de près de 30 travailleurs infectés. La direction générale de la Sococim a finalement reconnu la situation inquiétante qui sévit dans l’usine. Le président directeur général, Youga sow, est monté au créneau pour annoncer la mise en place de mesures de contention. « Malgré les mesures de prévention et de précaution instaurées depuis que la pandémie de la COVID19 a été déclarée, quelques cas de contamination ont été formellement détectés sur le site de l’usine » a admis la direction de l’usine à travers un communiqué de presse hier. Les services du ministère de la santé dans le département de Rufisque ont signalé à la direction de Sococim, le 27 mai dernier, qu’un employé d’une société de prestation de services intervenant aux Expéditions Ciment de l’usine avait été testé positif à la COVID-19 le weekend précédent.
ROUTES LA BOAD ALLOUE 25 MILLIARDS DE FRS AU SÉNÉGAL
Le Président de la banque Ouest Africaine de Développement (bOAD), Christian ADOVELANDE et Amadou HOTT, Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, ont signé la convention de financement du Projet d’aménagement des routes Démette/Cas-Cas et Louga/Ouarack. Ce prêt a été accordé par le Conseil d’Administration de la bOAD au cours de sa 116e réunion tenue par visioconférence le 25 mars 2020. Ainsi, l'opération consistera à procéder à : L’aménagement et le bitumage de la route Démette/CasCas sur une largeur de plateforme de 10,20 m en section courante et une longueur de 35km, afin de rendre fonctionnel la boucle Ndioum-Halwar-Démette-Cas Cas, saldé Pété – RN2 (Pété-Ndioum), longue de 268 km, dont les autres sections bénéficient déjà du financement de la bAD, de la bID, du Fonds d’Abu Dhabi et du Fonds de l’OPEP. Ensuite, La réhabilitation de la section de route Louga-Ouarack sur une largeur de plateforme de 10,20m en section courante et une longueur de 27,5km permettra de boucler le financement de la route Louga-Dahra dont le premier tronçon a été financé en septembre 2019. Ce financement global d’un montant de 25 milliards de F CFA entre dans le programme prioritaire de désenclavement (PPD) entrepris par le Gouvernement dans le cadre du Plan sénégal Emergent (PsE). Ce projet est essentiel au désenclavement de l’Ile à Morphil. Il entre dans le cadre de la politique d’équité territoriale du Gouvernement et vise à assurer l’accessibilité des zones de production en toutes saisons.
UNIVERSITE CHEIKH OUMAR HANNE RASSURE À ZIGUINCHOR
C’est dans une volonté de rassurer les étudiants et le personnel administratif et universitaire que le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Cheikh Oumar Hanne, a effectué ce mercredi une visite à Ziguinchor. M. Hanne a échangé avec l’ensemble des acteurs de l’éducation de la région. Il est ressorti de ces échanges, un certain nombre de propositions selon nos sources. A l’université publique de Ziguinchor, sur les quatre Unités de formation et de recherche (Ufr) existantes, trois n’ont effectué que deux semaines de cours cette année. Seule l’UFR santé a déroulé entre 41 et 61 % d’apprentissage. Les responsables des Unités de formation et de recherche ont dès lors préconisé des enseignements à distance, avec tous les moyens nécessaires, pour sauver l’année. Le syndicat autonome de l’enseignement supérieur a suggéré la réouverture des classes, en octobre 2020. Le syndicat a également souhaité la poursuite de la réflexion, en vue de régler tous les problèmes de l’université publique de Ziguinchor. Cheikh Oumar Hanne, qui a bien apprécié les propositions, a estimé que toutes les suggestions seront prises en compte, dans les instances de réflexion académiques. Une manière d’apaiser les inquiétudes de la communauté universitaire de Ziguinchor.
Reprise des vols intérieurs le 15 juin
Le déconfinement en marche. Après le transport routier, celui aérien va redémarrer timidement dans les prochains jours. Le ministre des Transports aériens et du Tourisme, Alioune Sarr, annonce la reprise progressive des vols intérieurs à partir du 15 juin prochain. Pour le trafic sous régional, Alioune Sarr informe que des concertations sont en cours au sein de l’Union Economique et monétaire Ouest africaine (Uemoa).Quant au trafic international, une évaluation est en cours également pour une reprise progressive du transport aérien à partir de fin juin. Il précise, toutefois, que la reprise du trafic est tributaire des recommandations de nos experts en santé.
Le lutteur Bébé. D arrêté pour agression
Le Commissariat des Parcelles Assainies a déféré au parquet le lutteur Mamadou.Th dit «Bébé.D» pour vol à l’arraché commis la nuit avec usage de moyen de locomotion. Le susnommé, âgé de 24 ans, boucher de profession, condamné une fois pour détention et usage de chanvre indien, habitant Médina, a été alpagué à la Cité Damel de Patte d’oie par les éléments de la Brigade de recherches de la Police des Parcelles Assainies, à la suite d’une agression perpétrée contre la dame R. Sow, logisticienne de son état. Selon nos sources, les faits remontent à la soirée du 30 mai à la Cité Damel. La dame R.S qui marchait devant son domicile est subitement prise à partie par 02 personnes à bord d’un scooter qui lui arrachent son portable avant de tenter de prendre la fuite. Secoué par la clameur publique, les 02 personnes à bord de la moto essayent de fuir. Mais dans leur folle course, les fugitifs heurtent alors un enfant. Ce qui fait que l’une des personnes à bord de la moto, un certain Mamadou. T, tombe de l’engin. Moment que choisissent alors les poursuivants pour mettre la main sur lui avant de saisir la Police des Parcelles Assainies qui dépêche ses éléments de la Brigade de recherches. Pendant ce temps, son acolyte Mbaye. S a pris la fuite. Au finish, Mamadou. Th dit «Bébé .D» a été déféré au parquet pour vol à l’arraché commis la nuit avec usage de moyen de transport.
Un ivrogne en tue un autre à Mbacké
Tristesse et émoi hier au sous quartier Ndiago-ba situé dans la périphérie de Mbacké. Un ivrogne notoirement connu a tué son camarade avec des tessons de bouteille de boisson. Selon les témoins du drame, il lui aurait littéralement coupé la veine jubilaire. Et la victime a immédiatement succombé. Les éléments du commissariat urbain de police de Mbacké sont arrivés sur les lieux en même temps que les sapeurs-pompiers qui ont transporté le corps sans vie à la morgue de l’hôpital Matlaboul Fawzeyni de Touba. Les témoignages recueillis par la police ont permis l’arrestation du présumé meurtrier. Ce dernier a été placé en garde à vue en attendant d’être présenté au procureur de la République, ce vendredi.
Découverte macabre à Kissane
Hier aux environs de 15 heures, une découverte macabre a été faite entre les villages de Sanghé et Kissane, sur l’axe Thiès-Mbour. En effet, un homme âgé entre 45 et 50 ans a été retrouvé mort par pendaison dans la forêt. Selon nos sources, les faits ont eu lieu précisément non loin du centre de pesage. Pour l’heure, l’identité de la victime n’est pas encore connue, encore moins les raisons qui l’ont poussé à passer à l’acte fatal, mais le corps a été évacué à la morgue du centre hospitalier régional El Hadji Amadou Sakhir Ndiéguène de Thiès. Et la gendarmerie a ouvert une enquête.
Saisie de 106 kg de drogue à Sandiara
Les trafiquants sont tombés dans la nasse des pandores. La brigade de proximité de Sandiara a déjoué un plan de livraison de drogue dans la nuit du 03 juin, vers 22h. Au cours d’une patrouille, les gendarmes ont remarqué la présence suspecte d’un scooter dans le parking des gros-porteurs situé à l’entrée de la commune. Ainsi, ils ont interpellé le conducteur de la moto et poursuivi leurs recherches. C’est ainsi que les gendarmes ont remarqué la présence d’un véhicule particulier de marque Mercedes isolé à l’extrémité du parking. Flairant une opération de livraison de drogue, la patrouille a procédé à une fouille des véhicules stationnés dans les parages. Sans surprise, les gendarmes ont découvert 106 kg de chanvre indien dissimulés dans le réservoir d’un des camions. Ils ont arrêté sur place 3 personnes. Cette prise porte à plus de 750 kg la quantité de chanvre indien saisie par les unités de la compagnie de gendarmerie de Mbour en moins de deux mois.
25 milliards pour Démette Cas-Cas et Louga-Ouarack
Le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott et le président de la Banque Ouest Africaine de Développement (Boad) ont signé hier la convention de financement du Projet d’aménagement des routes Démette-Cas-Cas et Louga-Ouarack.Il s’agit d’un prêt accordé au Sénégal dans le cadre du programme prioritaire de Désenclavement(PPD) entrepris par le Gouvernement, dans le cadre du Plan Sénégal Emergent (PSE). Les travaux consistent à l’aménagement et au bitumage de la route sur une largeur de plateforme de 10,20 m en section courante et une longueur de 35 km. A travers ce tronçon, les autorités veulent désenclaver l’Ile à Morphil afin de rendre fonctionnelle la boucle Ndioum-Halwar D é m e t t e - C a s - C a s , Saldé-Pété-RN2 longue de 268 km. Le coût global du financement est de 25 milliards Fcfa. Il prend en compte également la réhabilitation de la section de route Louga-Ouarack sur une longueur de 27,5 km. Ce qui a permis de boucler le financement de la route Louga-Dahra dont le premier tronçon a été financé en septembre 2019.
L’Asp de Diourbel condamné
Trois mois de prison dont un mois ferme. C’est le verdict rendu par le tribunal des flagrants délits de Diourbel, hier jeudi, contre le nommé Mamadou Ndao Badiane, agent de sécurité de proximité (Asp) de son état servant au commissariat central de Diourbel. Il a été reconnu coupable d’abus d’autorité et coups et blessures volontaires sur le boulanger Bassirou Seck, dans la nuit du 25 au 26 mai. Ce dernier qui se trouvait devant son lieu de travail s’est violemment confronté avec l’Asp Mamadou Badiane qui était le conducteur de véhicule de police à bord duquel se trouvaient les éléments de la police. Quoi qu’il en soit, le boulanger a été alpagué et déféré et a écopé d’un mois avec sursis. Une arrestation que les boulangers de la région de Diourbel ont jugé totalement arbitraire. D’où leur grève de vendredi dernier. Le président des boulangers, Cheikh Diack, a par la suite porté plainte avec certificat médical à l’appui contre l’Asp qui a été arrêté par la suite.
Abdoul Mbaye remporte une manche
Le dossier qui oppose l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye et son ex-épouse Aminata Diack n’a pas encore connu son épilogue. Condamné par la Cour d’appel de Dakar pour faux, usage de faux et escroquerie, le leader de l’Act a saisi la Cour suprême qui, hier, a cassé partiellement l’arrêt de la Cour d’appel qui l’avait condamné à payer à son ex-femme la somme de 100 millions Fcfa. L’affaire a été renvoyée devant la Cour d’appel de Ziguinchor pour un nouveau jugement.
Mise en demeure du Cnra à Sen Tv
Le président du Cnra, Babacar Diagne a décidé de mettre en demeure la télévision privée Sen Tv à laquelle il reproche d’avoir incité les jeunes à descendre dans les rues pour manifester à la suite de la diffusion, mercredi soir, en direct des manifestations contre le couvre-feu. Dans la lettre adressée au Pdg du groupe DMédia Bougane Guèye Dany, l’instance de régulation de l’audiovisuel estime que «la sensibilité et la gravité de la situation actuelle exigent de l’éditeur des animateurs de l’émission une attention soutenue afin d’éviter des dérapages, confusions, attitudes de nature à créer une situation d’embrasement total, à constituer une incitation à la violence ou à entraîner des conséquences préjudiciables». Le Cnra prévient contre la diffusion d’émissions faisant explicitement ou implicitement l’apologie de la violence, incitant à des comportements délictueux ou de déliquescence ou à des comportements susceptibles (…).
La réplique musclée de D-Média au Cnra
Le patron deD-Médias considère la mise en demeure du Cnra comme un gigantesque dérapage. A l’en croire, le régulateur de l’audiovisuel cherche par tous les moyens à faire porter un chapeau troué à la chaine de télévision Sen TV sous un soleil embrasant. Pour lui, au lieu d’inciter les jeunes à descendre dans les rues, la diffusion des manifestations en direct a obligé le ministre de l’Intérieur et le Préfet de Dakar à descendre sur le terrain pour superviser les opérations de maintien de l’ordre. M. Guèye souligne que depuis l’instauration du couvre-feu, Sen Tv effectue régulièrement des directs à partir de 20 heures. Les journalistes, aux côtés des autorités administratives et des forces de défense et de sécurité, donnent l’information juste et vraie. C’est dans le souci, dit-il, de permettre aux Sénégalais de comprendre l’utilité du respect du couvre-feu. Il ne comprend pas que de telles remarques émanent de l’autorité de régulation seulement la nuit où des Sénégalais ont bravé l’interdiction de circuler à l’heure du couvre-feu et manifesté leur courroux.
par Nayé Anna Bathily & Rokhaya Solange Ndir
MULTIPLE PHOTOS
L'ÉCOLE SÉNÉGALAISE FACE AU COVID-19, VULNÉRABILITÉS EXACERBÉES ET NÉCESSITÉ D'INNOVATION
Nous sommes face à une occasion historique d’améliorer notre système éducatif et de mettre fin aux injustices socio-économiques et culturelles qui continuent de maintenir les jeunes filles hors des chemins de l’école et de la réussite
Nayé Anna Bathily et Rokhaya Solange Ndir |
Publication 05/06/2020
Le monde entier est en état de choc depuis le début de la pandémie de Covid-19. Alors que dans certains pays la vie commence timidement à reprendre ses droits, d'autres sont encore dans l’œil du cyclone. Dans les pays en développement, la tâche de relever une économie très souvent sinistrée dans certains secteurs, une société profondément touchée dans ses modes de fonctionnement et des institutions souvent fragiles est particulièrement ardue. Les expériences précédentes ont montré les effets dévastateurs des épidémies et pandémies sur les systèmes éducatifs. En Afrique de l’ouest, l’épidémie d’Ebola en 2014-2015 avait causé la déscolarisation de plus de 5 millions d’élèves[1]. Avec les mesures de confinement et de restriction des déplacements partout dans le monde, ce sont aujourd’hui plus d'un milliard d’apprenants qui sont encore affectés. Le Sénégal a très vite pris des mesures drastiques pour lutter contre la propagation du Covid-19. Toutes les écoles du pays ont été fermées dès le 16 mars 2020. La date initiale de réouverture du 4 mai avait d’abord été repoussée au 2 juin avant d’être reportée sine die à la veille de la reprise prévue. Cette réouverture ne concerne de surcroît que les élèves en classes d'examens (CM2, Troisième et Terminale), soit 551.000 sur 3,5 millions d’élèves du public et du privé réunis.
L'école sénégalaise devait déjà faire face à de nombreux défis avant la pandémie. Alors que le taux de scolarisation au primaire est de 86,4%, il baisse au collège et au lycée avec 49,5% et 33,8% respectivement, puis seulement 12,76% à l'université en 2018[2]. Le baccalauréat, sésame d'entrée à l'université, n'a été réussi que par 37,65% des candidats en 2019 et 35,9% en 2018. La moitié de la population reste analphabète et seule une femme sur quatre est alphabétisée en milieu rural. Les taux de redoublement des filles restent inquiétants, en particulier dans les régions de Kolda, Kédougou, Ziguinchor, Fatick, Sédhiou et Matam où les taux de redoublement au secondaire dépassent 25%. Les filles sont en outre moins représentées dans les filières scientifiques. Les priorités en ces temps de pandémie doivent être d’assurer la qualité de l’éducation malgré la fermeture des écoles et l’accès de tous aux moyens déployés pour assurer la continuité pédagogique. Nous devons également dès à présent réfléchir au retour de tous à l’école après la pandémie, en particulier des plus marginalisés, ainsi qu’à l’école sénégalaise de demain. Pour elle, aussi, il y aura un avant et un après Covid-19.
La crise du Covid-19 exacerbe les défis de l’école sénégalaise
Assurer la continuité pédagogique est le premier des défis. Mais les efforts des autorités se heurtent à la réalité des insuffisances et inégalités préexistantes du système éducatif sénégalais. Le ministère a mis en place le dispositif « Apprendre à la maison » et prévu la distribution de clés USB et de CD-ROM pour aider les élèves à suivre les cours en ligne. Des initiatives privées comme la plateforme « Ecoles au Sénégal », Télé Ecole et des émissions télévisées comme « Salle des profs » essaient également de jouer leur partition. Ces efforts, quoique louables, ne permettent pas à toutes les populations d'accéder aux contenus pédagogiques. Dans un pays où seuls 46% de la population utilisent internet en 2017[3] et où les prix des forfaits internet sont élevés pour de nombreuses familles à revenus moyens et faibles, la mise en place de plateformes d'enseignement numérique ne suffit pas. Moins de 20% des élèves et étudiants ont les moyens d’accéder aux ressources en ligne selon l’UNESCO[4].
Les autorités affichent une volonté ferme de sauver l'année scolaire et universitaire. Mais le risque d’invalidation menace de nombreux élèves. La reprise des cours pour les classes d'examen est prévue en ce mois de juin, mais quid des autres classes ? La saison des pluies commence en juillet voire en juin dans certaines zones du pays alors que certaines écoles n’ont pour classes que des abris provisoires. Sur cinq salles de classe, les trois sont des abris provisoires construits en « crintin » et ne permettent donc pas le retour des élèves en plein hivernage. Il est essentiel d'apporter des réponses rapides et des solutions aux élèves et aux parents pour atténuer autant que possible le risque de déscolarisation.
Accompagner les jeunes filles des milieux défavorisés pour éviter leur déscolarisation en masse
Toutes les populations ne sont pas pareillement exposées au risque de déscolarisation. Les jeunes filles sont particulièrement vulnérables face aux crises, en particulier lorsqu'elles viennent de milieux défavorisés. Des catastrophes naturelles comme le cyclone tropical Idai au Mozambique et le séisme de 2018 en Indonésie ont provoqué des hausses substantielles du nombre de filles déscolarisées. En Afrique de l'ouest, des crises précédentes comme l'épidémie d'Ebola ont montré que l'éducation des filles est l'un des premiers investissements à être abandonné lorsque les ressources économiques ou la nourriture viennent à manquer. Selon Plan International[5], en temps de crise, les filles ont 2,5 fois plus de risques d’être déscolarisées que les garçons.
Les filles marginalisées ont aussi moins accès à la technologie et à l'internet. Lorsqu’elles restent à la maison, elles voient leur temps très souvent accaparé par les corvées ménagères. Il est impossible dans ces conditions de suivre les cours à distance au même niveau que les garçons. La violence envers les femmes et les filles est un autre fléau de la pandémie de Covid-19 et un obstacle à la scolarité des filles. Une augmentation du nombre des grossesses et des mariages précoces et forcés est à craindre. Au lendemain de la crise Ebola en 2014, les grossesses d’adolescentes ont augmenté jusqu’à 65 % dans certaines communautés en Sierra Leone[6]. Un récent rapport du Malala Fund a montré que plus de 10 millions de jeunes filles en âge d'être à l'école secondaire pourraient être déscolarisées après la crise de Covid-19 dans le monde[7]. Plus que jamais, il faut accompagner les jeunes filles pour atténuer l'impact du Covid-19 sur leur scolarité et s'assurer qu'elles puissent reprendre le chemin de l'école après la crise.
Pour une école sénégalaise moderne, juste et inclusive à la sortie de la crise du Covid-19
Les défis que pose la crise actuelle à l’école sénégalaise ne sont pas nouveaux. La pandémie du Covid-19 ne fait qu’exacerber leur gravité. Cette crise est une occasion de remettre en question notre système scolaire et de le rendre plus juste, inclusif et performant. Nous devons nous attaquer aux causes profondes de la déscolarisation. Le principal frein au retour des élèves dans les classes est le manque de moyens économiques. L’exemption de frais de scolarité est un moyen rapide et efficace d’encourager les communautés les plus fragiles à réinscrire leurs enfants à l’école. La Sierra Léone avait par exemple supprimé les frais d’inscription pour deux années scolaires après l’épidémie d’Ebola. Les mesures économiques ne peuvent cependant être efficaces qu'accompagnées d'un effort conséquent de communication et de sensibilisation. Nous devons donc travailler avec les communautés et les organisations de la société civile pour rappeler l'importance du retour des filles à l'école et lutter contre les préjugés qui voudraient que leur éducation soit moins cruciale que celle des garçons.
Si le Covid-19 nous a appris une chose, c'est que la société civile et les initiatives citoyennes ont un énorme potentiel d'impact. Notre initiative SHINE TO LEAD / Jiggen Jang Tekki travaille pour l'amélioration des conditions d'études des jeunes filles dans les milieux défavorisés, le développement du leadership féminin… Des masques, du gel hydroalcoolique ainsi que des kits alimentaires ont été distribués aux familles défavorisées dès le début de la pandémie. Une série de Talks réunissant des experts porte le plaidoyer pour la cause. Nous avons aussi très tôt compris la nécessité d’initier les jeunes filles au numérique. C’est ainsi qu’elles ont suivi des séances d’initiation au codage et ont toutes été équipées de smartphones et dotées de pass internet ainsi que d’un catalogue pour accéder à du contenu pédagogique en ligne. De telles initiatives peuvent atténuer la vulnérabilité des familles face à la pandémie et ses conséquences socio-économiques, et permettre aux jeunes filles de pleinement bénéficier des initiatives numériques pour la continuité pédagogique.
S'il est vrai que la pandémie du Covid-19 nous montre tout le potentiel des outils numériques pour l’éducation, elle révèle également les profondes inégalités d'accès aux technologies et à internet. Le déploiement des outils numériques ne sera pleinement effectif que s’il est accompagné d’un réel développement des infrastructures pour une meilleure couverture internet. L’éducation à distance nécessite en outre plus d’assistance pour les enseignants et parents très souvent atteints d’illectronisme et une communication prenant en compte les réalités socio-culturelles, dont certaines, comme la surcharge de tâches domestiques, limitent l’accès des filles à l’éducation. La mise en place d’une plateforme dédiée à l’assistance et la formation à l’enseignement en ligne pourrait considérablement améliorer la qualité de l’encadrement des élèves.
La pandémie du Covid-19 ne laissera aucun pays indemne. Il nous faudra fournir un effort de reconstruction et de réinvention de nos institutions fragilisées et de nos modes de fonctionnement remis en cause. Les crises sont des défis pour les sociétés, mais également des moments féconds d'où peuvent jaillir des idées et des transformations de fonds qui auraient pris plus de temps à se réaliser sans le choc. Nous sommes donc face à une occasion historique d’améliorer notre système éducatif et de mettre fin aux injustices socio-économiques et culturelles qui continuent de maintenir les jeunes filles hors des chemins de l’école et de la réussite. Ce n’est qu’avec une école inclusive et performante que nous pouvons espérer une jeunesse bien formée et capable de porter le développement du Sénégal. Nous invitons toutes les forces vives de la nation à rejoindre l'effort afin que l’école sénégalaise sorte de cette pandémie meilleure et grandie.
Nayé Anna Bathily, Founder Shine to Lead/ Jiggen Jang Tekki
Rokhaya Solange Ndir, Vice-Présidente, Shine to Lead/ Jiggen Jang Tekki
Shine to lead / Jiggen Jang Tekki est une initiative lancée pour permettre à des filles brillantes issues de milieux défavorisés du Sénégal de poursuivre leurs études dans les meilleures conditions possibles.
[1] Action contre la Faim. « Des millions d’enfants eux aussi victimes ».
[6] UNICEF, Save the Children, Plan International, World Vision. « Children’s Ebola Recovery Assessment: Sierra Leone ». 2015
[7] Malala Fund. « Girls' education and COVID-19: What past shocks can teach us about mitigating the impact of pandemics ». 2020
COMME UN DÎNER D’ADIEU (L'INTÉGRALE)
EXCLUSIF SENEPLUS - Après l'avoir diffusée en série de quatre épisodes ces dernières semaines, nous publions en guise d'épilogue, l'intégralité de cette fiction inédite de Boubacar Boris Diop, inspirée des attaques de Charlie Hebdo en 2015
Il était presque deux heures de l’après-midi. Dembo Diatta avait consacré une bonne partie de la matinée à faire mettre en boîte de nombreux ouvrages sur le théâtre achetés dans la librairie où il se rendait régulièrement lors de ses brefs et fréquents séjours à Paris. C’était le moment de rentrer à son petit hôtel de la rue Mélusine, dans le onzième, et il hésitait : prendre le bus 84 ou appeler un taxi ? Il lui restait un peu d’argent mais en plus d’avoir donné rendez-vous en début de soirée à Chris et Muriel Carpentier, un couple d’amis, Dembo commençait à se sentir fatigué. Il faut dire aussi qu’il venait de tomber dans un café du voisinage sur un copain de fac perdu de vue depuis bientôt deux décennies. À l’université de Dakar, Mambaye Cissé s’était fait, très jeune, une réputation de mathématicien de génie et on lui prédisait une carrière scientifique hors normes avec, à la clé, un théorème à son nom ou quelque chose du genre. Mais le malheur avait dû s’abattre sur lui sans crier gare car il n’était visiblement plus bien dans sa tête. Mal rasé, le visage et le cou balafrés, il ne lui restait presque plus une seule dent ; ses mains tremblaient sans arrêt et son haleine puait l’alcool. Montrant à Dembo Diatta des bancs de poisson sur son Ipad, il avait déclaré :
Ce que tu vois ici, c’est la fameuse danse d’amour des mérous marbrés.
Dembo avait froncé les sourcils et Mambaye s’était alors mis en devoir de lui expliquer les images en les faisant défiler une à une :
Tu sais, Dembo, ça c’est le plus grand mystère biologique de tous les temps. Chaque année, exactement à la même date, ces mérous convergent par centaines de milliers vers l’Archipel des Tuamotu, sur l’atoll des Fakarava et là, ils attendent la nuit de la pleine lune pour copuler en masse. En masse, mon frère ! Et ils ne copulent que pendant cette nuit-là !
Puis Mambaye avait conclu son propos sur un rêveur et triomphal : « C’est fort, hein, l’instinct ! »
Après avoir été saoulé pendant deux heures de paroles sans queue ni tête, Dembo Diatta n’avait d’autre envie que de reprendre ses esprits. Au final, donc, pas question de trimballer ses caisses de bouquins dans les transports publics, bus ou métro, sous les yeux narquois ou irrités des Parisiens.
Debout sur le trottoir, il composa le numéro d’une compagnie de taxis.
Avec un peu de chance, il tomberait sur un « bon taximan ». Dans l’esprit de Dembo, cela voulait dire un de ces conducteurs pleins de gaieté et de faconde, prompts à faire croire à chaque client qu’il était un vieux pote à qui on ne cache rien. Ah ça oui, il aimait cette convivialité, surgie de nulle part, entre un éphémère compagnon de voyage et lui-même. Il se souvint de s’être un jour extirpé à contrecœur de son siège au moment de se séparer d’un taximan qui lui avait littéralement mis le crâne sens dessus-dessous. Agrippé à son volant, le jeune homme crachait son venin philosophique à tout va mais en des termes si crus et bien sentis que Dembo Diatta, dramaturge connu – à défaut d’être follement talentueux, soit dit sans méchanceté - caressa l’idée d’un sketch comique qu’il intitulerait Taximan, tu es vraiment grave ! Son petit joyau théâtral serait, pensait-il, une épique traversée de la ville, à la fois joyeuse et vaguement désespérée, ponctuée de charges verbales meurtrières contre, en vrac, la racaille politicienne de son pays, le numéro 10 de l’équipe nationale de foot, expert, celui-là, dans l’art de rater les penaltys de la dernière chance et, bien entendu, les juges hautement farfelus de la Cour Pénale Internationale.
Ce qui avait souvent impressionné Dembo, c’est que personne ne pouvait résister à un taximan décidé à vous imposer sa conversation. Ces gens étaient décidément trop forts, ce n’était juste pas possible de leur tenir tête. Il en savait quelque chose pour avoir maintes fois essayé, en vain, de les ignorer. Selon un scenario quasi immuable, il faisait au début de courtes et sèches réponses à toutes les questions du chauffeur mais finissait vite par rendre les armes, s’excitant même parfois plus que de raison.
Grand voyageur devant l’Eternel et fin observateur des confuses mégalopoles modernes, Dembo Diatta avait d’ailleurs remarqué que l’on ne pouvait non plus rien faire quand, rongé par on ne sait quelle rage intime, l’œil mauvais, le bonhomme choisissait de vous ignorer, vous faisant bien sentir que, calé au fond de son taxi, vous n’étiez qu’un vulgaire paquet qu’il lui fallait bien transporter pour faire bouillir la marmite. Dembo Diatta avait plusieurs fois tenté de briser la glace, à vrai dire moins par intérêt que pour confirmer ses audacieuses hypothèses de recherche sur les mœurs des taximen dans les villes surpeuplées et au bord de la crise de nerfs. Ca n’avait jamais marché. L’autre restait de marbre avec l’air de grogner dans sa barbe cause toujours mon gars, tu m’intéresses, qu’est-ce que tu t’imagines donc, qu’avec ma putain de vie je vais en plus faire le mariole pour tous les enfoirés qui entrent dans cette bagnole ?
Et ce jour-là, 7 janvier 2015, Dembo Diatta n’avait guère eu plus de chance.
Mais ce n’était pas un jour comme les autres.
En milieu de matinée, deux jeunes gens, les frères Chérif et Saïd Kouachi, avaient fait irruption avec leurs kalachnikov dans les locaux de Charlie Hebdo et exécuté l’un après l’autre une dizaine de journalistes. Dembo Diatta était sans doute une des rares personnes à Paris et peut-être même dans le monde à n’avoir pas encore appris la nouvelle.
Une drôle de journée, en vérité. Il s’en souvient jusque dans les moindres détails.
A peine installé dans le taxi, une Volvo grisâtre et aux formes arrondies, il entend la radio de bord revenir, sans doute pour la centième fois, sur l’attentat du 10, rue Nicolas-Appert. De leur voix saccadée, les journalistes multiplient les interrogations pour tenir l’auditoire en haleine : qui a bien pu faire le coup ? Al-Qaida dans la Péninsule Arabique ou L’Etat islamique ? Est-il vrai que Wolinski et Cabu sont parmi les victimes ? Malgré sa stupéfaction, Dembo note mentalement que la mort de ces deux célèbres dessinateurs serait pour tout le pays comme une circonstance aggravante, un deuil dans le deuil, en quelque sorte. Wolinski. Cabu. Leurs noms reviennent tout le temps et, même s’il sait bien que cette histoire n’est tout de même pas la sienne, Dembo Diatta comprend et partage l’angoisse ambiante. Certes, n’ayant jamais vécu en France, il n’avait jamais eu non plus un numéro de Charlie Hebdo entre les mains. Il avait cependant souvent croisé les caricatures de Cabu et de Wolinski dans d’autres journaux et il les avait toujours trouvées à la fois féroces et d’une mystérieuse tendresse à l’égard de ceux qu’ils croquaient. Dembo Diatta n’avait pas envie d’apprendre qu’ils avaient été froidement abattus. C’aurait été comme autant de coups de feu sur les petits sourires amusés et les hochements de tête admiratifs qu’ils avaient réussi à lui arracher de loin en loin au fil des ans.
Il en était là de ses nostalgiques cogitations quand un reporter appela le studio pour faire le point des événements. Tout semblait aller très vite et Dembo Diatta crut percevoir une indéfinissable jouissance, une intense jubilation même, chez tous ces journalistes qui se succédaient à l’antenne. D’avoir pensé cela lui fit toutefois éprouver un peu de honte. Loin de lui toute intention de juger qui que ce soit. « Mais tout de même, se dit-il, ces catastrophes collectives, les gens qui ont eu la chance d’y survivre sont rarement aussi malheureux qu’ils essaient de le faire croire. »
Dembo Diatta avait beau essayer de garder une distance secrètement ironique avec tout ce tohu-bohu, cela restait malgré tout une journée spéciale. Et puis voilà, le hasard l’avait placé au cœur de cette histoire.
Alors qu’il ne prenait presque jamais l’initiative d’une conversation avec un inconnu, il eut une envie irrépressible de dire quelque chose au taximan. Faisant fi de son air maussade, il lui lança en se trémoussant sur son siège : « Ho là là ! C’est quoi, ce qu’ils racontent à la radio ? Ils sont complètement mabouls, ces types ! » Tout le monde parle ainsi, par prudence, dans de telles circonstances. Une petite phrase munie d’un parachute, consensuelle mais bien énigmatique, à y regarder de plus près. L’autre lui jeta un rapide regard dans le rétroviseur puis fit comme s’il ne l’avait pas entendu. Le taximan était, comme on dit là-bas, un jeune « issu de la diversité ». Cette façon bien entortillée de ne pas savoir quoi dire des gens, dans quelle cagibi coincer leur âme, avait toujours amusé Dembo. Il sourit intérieurement : « Leur société est assez compliquée, quand même, mais faut pas se moquer, j’imagine que tout ça, des racines qui poussent de partout, sauvagement en somme, ça ne doit pas être facile à vivre tous les jours. » D’ailleurs, n’avait-il pas secrètement cru, lui-même, que du seul fait de leur histoire plus ou moins commune le chauffeur de taxi et lui ne pouvaient que fraterniser, surtout en une occasion pareille ? Qu’ils allaient, après avoir déploré le carnage (‘’Wallaay, mon frère tu as raison, çan’est pas bien de verser comme çale sang des innocents, chez nous la vie humaine est sacrée même s’ils passent tout leur temps à nous traiter de barbares !’’) dériver peu à peu vers des propos moins consensuels (‘’Paix à leur âme mais ils l’ont bien cherché, ces provocateurs, par Allah, la vérité ne peut pas être le mensonge !’’) Dembo voyait bien le gars pronostiquer avec gourmandise de nouveaux carnages (‘‘Et c’est pas fini, mon frère, wallaay c’est pas fini, je les connais ces jeunes !’) avant de se lâcher enfin complètement (‘’Que voulez-vous, mon cher cousin ? Quand tu colonises et quand tu tues pendant des siècles, il y a le boomerang après, boum, c’est scientifique, ça !’’)
Mais avec ce taximan-là, rien ne se passa comme espéré. Dembo et son compagnon de voyage furent bien plus près d’en venir aux mains que se défouler gaiement sur les colonialistes de tous poils. Rue Mélusine, le type ne daigna même pas l’aider à poser ses deux caisses de livres sur le trottoir. Pour se venger, Dembo ne lui donna pas de pourboire et s’engouffra dans l’hôtel en laissant volontairement ouverte la portière de la voiture. De la réception, il entendit le chauffeur la faire claquer violemment, en le traitant sans doute de fils de pute. Tout cela était bien puéril mais ce n’était pas la première fois que Dembo Diatta se comportait de façon aussi stupide à Paris. Cette ville avait le don de le mettre hors de lui pour un oui ou un non.
Le hall du Galileo était silencieux. Ce n’était pas un de ces hôtels où des employés stylés et alertes, parfois plus raffinés que leurs clients, vont et viennent, s’emparent prestement de vos valises et vous dirigent vers quelque collègue à l’affût derrière son comptoir. Au Galileo, au contraire, on ignorait le client, supposé savoir quand même se débrouiller tout seul, comme un grand, et en quelque sorte puni de ne pouvoir se payer un hôtel moins merdique.
Aussitôt étendu sur le lit, il fit le tour de ses chaînes de télé favorites. Toutes passaient en boucle l’image du policier Ahmet Merabet exécuté en pleine rue. Elles insistaient aussi, curieusement, sur le fait suivant : le tueur ne s’était même pas arrêté. Un brave père de famille tué d’une balle dans la tête, juste comme ça, en passant. Chaque fois qu’il revoyait la scène, Dembo Diatta, troublé par le geste absurde de la victime implorant la pitié de son bourreau, se demandait ce qui peut bien se bousculer dans la tête d’un être humain à la seconde même où il sait que pour lui tout va brutalement s’arrêter. C’était à la fois trop dur et trop con, tout cela.
Et puis il y avait dans toutes les émissions spéciales ces intellos aux airs importants qui défilaient pour analyser, fustiger, témoigner, rendre hommage, menacer, etc.
Tous ces énergumènes étaient payés pour parler et ils le faisaient à tort et à travers, jusqu'à l’écœurement. La vox populi médiatique, en somme. Et les autres, les citoyens ordinaires ? Eh bien, ils écoutaient et les âneries qu’ils entendaient allaient se transformer peu à peu dans leur cerveau, selon un implacable et mystérieux processus, en opinions fermes et claires, hardiment assumées. Aussitôt après s’être dit cela, Dembo Diatta, toujours scrupuleux, se rectifia : « Non, pas tous, bien sûr. Mais bien l’immense majorité du bon peuple…» Le visage fermé du jeune taximan remonta à sa mémoire et il eut un brusque geste d’irritation. Au cours de ses années d’errance de par le monde, d’un colloque à Amsterdam sur le théâtre africain à un atelier sur les techniques du mime au Kenya, il n’en finissait pas de boitiller sous le poids de mesquines querelles, bien souvent avec des inconnus simplement incapables de supporter la couleur de sa peau. Cette histoire avec le taximan était une nouvelle bataille de perdue et il aurait bien voulu retrouver le bonhomme pour lui apprendre à vivre. Mais pouvait-il lui reprocher son refus obstiné d’ouvrir la bouche ? Le grand trou de silence au cœur de la ville, ce mélancolique jeune homme ne l’avait tout de même pas creusé tout seul. La liberté d’expression, c’est bien beau, mais à quoi ça sert, vraiment, quand personne n’a juste rien à dire ? Dembo Diatta comprenait bien que dans des situations aussi complexes chacun finisse, pour le repos de son esprit, par s’en remettre à la nouvelle race de griots, détenteurs de la parole vraie et seule source du savoir. Et ces derniers disaient sur un ton posé, qui cachait mal une sourde colère, que quelque chose de colossal était en route et qu’il fallait hélas s’y préparer. La survie de la nation. Le legs des ancêtres. ‘’Oui, ça peut paraître ringard et je suis le premier surpris par mes propres mots mais l’heure est grave, ne perdons pas du temps à finasser !’’ Nos valeurs sacrées. Nous autres, l’ultime refuge de l’Esprit humain : osons enfin le dire, c’est si évident, ne soyons pas hypocrites. De tels propos, souvent entendus bien avant cette affaire, lui avaient toujours fait peur. Et si c’étaient là les petits accès de rage et de folie menant tout droit, le cœur en fête, aux grandes boucheries de l’histoire humaine ? « Il y a quelque part, songea Dembo, des types puissants pour qui nous les êtres vivants ne sommes que des lignes fines et sombres virevoltant et se croisant à l’infini sur un globe lumineux. Que l’heure vienne, pour les Maitres occultes du monde, d’éliminer ces p’tites choses-là, les humains, ils le feront sans même y penser, comme un prof efface du tableau noir sa leçon de la veille. Et ces fous au cœur froid, leur pouvoir est devenu quasi illimité grâce à la science. » De l’avis de Dembo, contrairement à une idée répandue, les nouvelles technologies de la communication, et en particulier les réseaux sociaux, servaient bien plus les desseins des Etats et de groupes violents tapis dans l’ombre que le désir de liberté de Monsieur-Tout-Le-Monde. Rien de tel, pour ferrer ce dernier, qu’une avalanche d’informations se succédant à un rythme d’enfer ! A-t-il du mal à savoir quoi en faire ? Peu importe. On va s’en charger pour lui. Quelle officine avait, par exemple, concocté le slogan Je suis Charlie ? Il s’étalait partout, du haut en bas des immeubles parisiens et jusque sur les panneaux lumineux le long des autoroutes. Pour Dembo, il y avait quelque chose de bizarre dans cette façon de déclarer en se frappant la poitrine comme un gamin : moi, je suis quelqu’un de bien, je veux d’un monde où personne ne sera jeté en prison pour un article de presse ni immolé en combinaison orange-Guantanamo dans une cage en fer. Par association d’idées, Dembo Diatta se souvint d’avoir lu au « Musée de l’Holocauste » à Washington le mot d’un poète allemand : « Celui qui commence à brûler des livres finira tôt ou tard par brûler des êtres humains. » Ce n’était peut-être pas la phrase exacte de Heinrich Heine mais c’était bien le sens de ses propos. Et il savait bien que les tueurs de ce 7 janvier et leurs lointains inspirateurs détestaient plus que tout le théâtre, sa raison de vivre à lui, Dembo Diatta. En plus de tout cela, il continuait à se sentir en complicité intellectuelle avec au moins deux de leurs victimes. La mort brutale, le matin même, de Cabu et Wolinski, c’était comme une affaire personnelle, en tragique résonance avec sa mémoire et sa jeunesse estudiantine, presque comme le décès de proches.
Allait-il pour autant se fondre dans le troupeau et se mettre à bêler ce Je suis Charlie inepte et racoleur ? Non, les choses ne pouvaient pas être aussi simples. Il avait du mal à comprendre l’engouement soudain de millions de gens pour la pensée unique au moment même où ils s’imaginaient agir ainsi, parfois sincèrement, au nom de la liberté de conscience et du respect de la diversité des opinions.
Deux mots vinrent à l’esprit de Dembo. Naïveté. Cynisme. Il n’aimait ni l’un ni l’autre. Et Dembo Diatta savait très bien quel épisode de sa modeste carrière littéraire avait fini par le rendre aussi suspicieux et, ricanaient certains dans son dos, quasi paranoïaque.
Cet épisode mérite que l’on s’y arrête.
S’étant mis en tête un jour d’écrire enfin une «pièce totale», il avait décidé de tout faire pour mieux comprendre, concrètement et du dedans pour ainsi dire, les guerres, attentats-suicide et insurrections populaires devenus si banals que plus personne n’y prête, aujourd’hui encore, attention. Il lui importait par-dessus tout de clouer le bec par son futur grand’œuvre à tous ceux qui voyaient en lui, sans jamais oser le dire ouvertement, un écrivain mineur, juste bon à s’attirer les vivats d’un public ignare par de grossiers appels du pied scéniques.
L’expérience faillit le rendre fou.
Il faut aussi dire que, comme à son habitude, Dembo Diatta n’avait pas fait les choses à moitié. Lui qui jusque-là ne s’était intéressé qu’aux pages sportives des journaux, se mit en devoir d’éplucher de gros ouvrages et des documents en ligne sur l’Irak, la Somalie, le Soudan, l’Afghanistan et le Mali. D’un naturel obstiné et méticuleux, il notait tout et ne rechignait à aucun travail de vérification. D’après ce qu’il avait cru comprendre, et c’était là un point essentiel de sa démarche, seuls les fomenteurs de guerres, les marchands d’armes, les leaders des grandes puissances et les patrons des multinationales avaient une vision d’ensemble, parfaitement cohérente, des événements mondiaux. Et ils étaient aussi les seuls à avoir une idée plus ou moins nette de ce que serait dans cinquante ans la terre des hommes. Dembo s’efforça donc de faire comme eux, de se délester de tout romantisme et de ne jamais bondir d’un désastre humanitaire ou d’une guerre civile à une autre. Il y avait forcément un lien entre toutes ces catastrophes, comme entre les soixante-quatre pièces d’un échiquier. Même entre la Côte d’Ivoire et l’Ukraine ? lui lançait-on. « Pourquoi pas ? rétorquait-il aux railleurs, moi je ne peux rien écarter à l’avance.» Soyons franc : parfois, oui, Dembo – qui se disait en outre fasciné par « l’immense silence de la Chine » - poussait le bouchon de la suspicion un peu loin. Du reste, ses amis jugeaient suspecte sa brusque et tardive passion pour la politique internationale et le soupçonnaient de verser dans les théories du complot. À quoi il répondait avec un petit sourire méprisant : « Il y a certes des centaines de milliers de conspirationnistes dont beaucoup sont carrément cinglés mais cela n’empêche pas qu’il y ait de temps à autre des complots et des manipulations bien réels ! » Et il ajoutait : « Vous pouvez me croire, on en a encore en pagaille, de ces fichues manœuvres de déstabilisation occultes, ou alors moi, Dembo Diatta, je ne suis pas le fils de ma mère et de mon père ! »
On s’en doute : Dembo Diatta n’écrivit jamais son chef-d’œuvre théâtral. Seuls avaient survécu à son éprouvante quête de vérité, parmi les fichiers d’un vieux MacBook Pro, un titre prétentieux et sibyllin (« Le temps des Sept misères ») et quelques esquisses de dialogues et d’indications pour une improbable intrigue. Mais sa petite virée au cœur des ténèbres n’avait pas été tout à fait vaine. Elle avait même littéralement fait de lui un autre homme. Elle lui avait appris à se méfier des fausses évidences astucieusement glissées par les medias aux oreilles des citoyens ordinaires. Aucune déclaration des leaders des pays riches ne lui semblait jamais tout à fait anodine. Ce n’est pas à Dembo Diatta que l’on aurait pu faire gober, par exemple, la fable simpliste d’un monde divisé en amis et ennemis des libertés individuelles. Les bombardements de l’Otan contre la Libye l’avaient à la fois mis en colère et amusé. Il n’avait évidemment pas cru un seul instant que si on avait lâché des jeunes Libyens hystériques contre Mouammar Kadhafi, cruellement torturé puis égorgé dans les rues de Syrte, c’était pour l’empêcher de « massacrer son propre peuple. » A force de mentir encore et encore, ces voyous au verbe fleuri finissaient par se faire coincer publiquement comme en Irak mais ça ne changeait jamais rien. Leur pari hautain sur l’amnésie des foules était toujours gagnant.
Vers dix-sept heures, Dembo se rhabilla pour aller retrouver Muriel et Christian Carpentier. Les Carpentier, comédiens aux vagues racines alsaciennes et désormais peu actifs, étaient le couple le plus solide et chouette que Dembo Diatta eût jamais connu.
Chaleureux et sans façons, à l’inverse de Muriel, plus cérébrale et même assez dure, Christian Castenaud suscitait toujours un élan de sympathie, même de ceux qui ne savaient rien de lui. Il suffisait de le croiser sur sa route une ou deux fois pour l’appeler simplement Chris.
Muriel et lui improvisaient des petits trucs bouffons dans des théâtres de poche en tournant chaque soir autour d’une seule et même idée, du genre « Tu as remarqué, Madame, ils parlent tous du réchauffement climatique, le Pape, la Reine d’Angleterre… » et au bout de deux ou trois pitreries, « Madame » criait à tue-tête : « …et il fait bigrement plus froid partout, Monsieur ! »
Ça n’avait rien de transcendant, Muriel et Chris le savaient et s’en fichaient royalement. Ils étaient de toute façon assez intelligents pour se moquer plus d’eux-mêmes que des autres.
Dembo était content de pouvoir manger un morceau avec eux deux jours avant de filer prendre son vol à Roissy. Hélas, tout avait changé depuis les attentats de la matinée.
Il se sentait déjà mal à l’aise.
« Aurai-je le courage d’être franc avec ces vieux amis ? » se demanda-t-il pour la dixième fois en dévalant sans hâte les escaliers en bois de l’hôtel Galileo. Pour le dire en un mot, Dembo Diatta n’était ni Charlie ni Pas Charlie. C’est cela qu’il aimerait pouvoir avouer aux Carpentier ou même crier sur tous les toits si on lui tendait un micro. Mais en ces heures de surexcitation patriotique, les micros, ce n’était pas pour tout le monde et surtout pas pour un obscur auteur comique africain de passage dans la ville.
Au milieu de la rue Mélusine, Dembo s’engagea dans le parc Emile Perrin. Moins de dix minutes plus tard, il franchissait le seuil du Casa Nostra. Depuis quand venait-il dans ce restaurant italien au nom si provocateur ? C’était flou dans sa mémoire mais ça commençait à faire pas mal de temps. Huit ou neuf ans. Pourtant, il n’avait jamais échangé le moindre mot ni même un vague sourire de politesse avec Maria-Laura, la patronne. C’eût été difficile du reste car, comme lui-même, celle-ci était plutôt taciturne et semblait, au surplus, en proie à une mélancolie chronique depuis le jour où son compagnon, un certain Valerio Guerini, s’était barré avec la caisse et une des serveuses les plus pulpeuses. Le truc classique, quoi. Dembo ne connaissait pas les détails de l’affaire, il avait juste entendu un jour un client complètement ivre demander à Maria-Laura si Valerio ne lui manquait quand même pas un peu, au moins un tout petit peu, hein. Cela avait failli lui coûter très cher car, après avoir longuement hurlé sa rage contre lui, Maria-Laura était ressortie de la cuisine, les yeux injectés de sang, avec un bol d’huile bouillante. Le pauvre inconscient avait réussi à s’enfuir par une fenêtre au milieu de l’hilarité générale et on ne le revit plus jamais dans les parages.
Les Carpentier arrivèrent un peu en retard par la faute, expliquèrent-ils, des nombreux barrages policiers. Ça lui fit finalement du bien de les revoir, ce a` quoi il ne s’attendait pas. Leurs bruyantes salutations apportèrent un peu de vie au restaurant qui en avait bien besoin. Très vite, ils se mirent à parler à Dembo du concept de théâtre de rue sur lequel ils travaillaient d’arrache-pied. Depuis qu’il les connaissait, les Carpentier étaient toujours en train de s’échiner sur quelque expérience théâtrale « nouvelle » voire dangereusement « révolutionnaire ». Cette fois-ci il s’agissait de faire en sorte que de vrais passants prennent peu à peu possession de leur spectacle et en fassent un imprévisible et gigantesque n’importe quoi, danses, rugissements de lions affamés, attaques virulentes de jeunes rappeurs contre le gouvernement et tout le reste. Chris n’excluait pas que la pagaille débouche sur de vraies émeutes. Dembo le voyait très bien invoquer les hasards objectifs de l’art dramatique pour inciter le peuple à saccager les quartiers bourgeois.
Dembo Diatta réfléchissait, quant à lui, sur une pièce dans laquelle on ne verrait à aucun moment les visages des acteurs.
Tout va se jouer sur la déception sans cesse renouvelée des spectateurs, précisa-t-il. Jusqu'à la fin, ces pauvres crétins attendront en vain et…
Et n’importe quoi, mon petit Dembo… coupa Chris.
Riant de bon cœur, ils trinquèrent à leur infernale puissance créatrice. Malgré leur gaieté, tous trois restaient sur le qui-vive, moins à l’aise que d’habitude. D’ailleurs, pendant que Chris descendait en flammes une pièce qu’il avait vue quelques jours auparavant, Dembo Diatta sentait peser sur lui le regard inquisiteur de Muriel Carpentier. L’heure de vérité était de plus en plus proche. Les assassins de la rue Nicolas-Appert étaient d’autant plus présents dans les esprits que l’on ne savait presque rien d’eux. Des noms. Des visages. Rien de plus.
Lorsque le sujet fut abordé pour la première fois, Dembo Diatta se mit à tourner autour du pot et commit l’erreur de déclarer, au milieu de plusieurs phrases embarrassées :
Je ne suis pas tellement sûr d’être d’accord avec ce que j’entends ici et là mais bon, je ne suis peut-être pas bien placé non plus pour parler de ça…
Allons, Dembo, pas de manières avec nous, fit Muriel, il n’y a rien de politique dans cette histoire. Des fous débarquent dans une salle de rédaction et abattent tout le monde…
“Rien de politique, vraiment ?” se demanda Dembo, un peu perdu.
Il avait perçu une légère irritation dans la voix de Muriel mais aussi une réelle curiosité, visiblement partagée par son mari. Cette fois-ci c’était au tour de ce dernier de chercher à lire à travers lui.
Dembo Diatta se jeta à l’eau :
Vous savez, juste avant de venir à notre rendez-vous, je suis allé sur le Net pour voir les caricatures de Charlie Hebdo. Je tenais absolument à les voir de mes propres yeux.
Leurs regards fixés sur lui posaient la même question muette : « Et alors ? »
Ces caricatures sont abominables, dit-il avec un calme qui le surprit lui-même, détachant bien ses mots. Vous et moi, on sait ce que c’est, des caricatures, mais celles-ci m’ont franchement horrifié. Ai-je le droit d’ajouter que je les ai trouvées vulgaires et racistes ? J’ai longtemps aimé certains dessinateurs de cet hebdo mais là je ne les ai même pas reconnus.
C’était sans doute le bout de phrase de trop.
Tu ne les a pas reconnus… ? fit Chris en se penchant légèrement vers lui.
Il y avait une inhabituelle aigreur dans sa voix. Dembo Diatta fit comme s’il n’avait rien remarqué :
Faire sourire et blesser, ça n’est pas pareil, dit-il. Pourquoi jeter de l’huile sur le feu ?
J’entends plein de gens nous bassiner avec ça depuis ce matin, répliqua Chris avec vivacité. Ah, vous savez, disent nos bonnes âmes, ils étaient des gars bien, à Charlie Hebdo, puis ils ont mal tourné. Tu veux dire qu’ils ont fini par être obsédés par l’islam, c’est ça ? Islamophobes, Cabu et Wolinski, c’est bien ça ? Racistes aussi ? Eh bien, Dembo, ils ont payé, des petits salopards sont venus, et ces petits salopards-là, tu sais, ils ont pris le temps d’appeler chacun par son nom avant d’en faire un tas de viande froide.
Ca commençait mal.
Et tel qu’il connaissait son Chris, un gars généreux et à l’esprit ouvert mais un peu cinglé, ça risquait d’aller de mal en pis au fil des minutes. Bientôt on n’entendrait plus qu’eux au Casa Nostra. Dembo Diatta choisit de réagir sur un ton détaché. Cependant il tenait tant à se faire bien comprendre qu’il resta sur la défensive, plus occupé à se justifier qu’à donner, tout simplement, son opinion.
Ce jour-là, ses deux amis et lui ne se quittèrent pas fâchés mais, ce qui était bien plus triste aux yeux de Dembo, très mal à l’aise. De serrer la main de Muriel et de son époux près d’une bouche de métro en fuyant leurs regards lui donna l’impression qu’entre eux plus rien ne serait comme avant. Il devait se souvenir longtemps après du dernier regard, glacial et dur, de Muriel.
« C’est fou, comme ce monde a les nerfs à vif ! dit-il à haute voix, sans se soucier des passants. Bientôt, vos meilleurs amis ne vous parleront plus parce que vous détestez un film ou un roman qu’ils trouvent génial ! » Il reprit un instant son souffle et pesta : « Je l’ai bien douchée, Muriel, quand elle m’a accusé de prôner le port du voile ! » C’était quand Dembo leur avait lancé : « Qu’est-ce qui ne va donc pas avec ce pays ? Vos yeux ne supportent pas le voile des musulmanes et vous voulez que les leurs supportent des images aussi obscènes de leur religion ? Je ne vois pas bien la logique.» Le dépit et l’agacement lui avaient involontairement fait élever la voix à ce moment-là.
Il en voulait presque à Chris et Muriel d’avoir provoqué cette discussion sur la tuerie au siège de Charlie Hebdo. Ou peut-être est-ce lui qui aurait dû tenir sa langue ? Après tout, quand une famille est dans le deuil, vous ne déversez pas votre bile sur le défunt au nom de la liberté de parole. Mais c’était trop tard pour revenir en arrière. Il leur avait fait remarquer que jamais, nulle part, y compris en France, personne n’avait osé soutenir que tout pouvait être dit. « Savez-vous comment a été créé ce canard, Charlie Hebdo ? » Ils s’en souvenaient vaguement.
« Moi, je l’ai appris aujourd’hui même avec stupéfaction, reprit-il. Un ami, redoutable fouineur, m’a envoyé le lien d’un papier qu’il a d’ailleurs mis en ligne. Les faits parlent d’eux-mêmes : en novembre 70, Charles de Gaulle s’éteint paisiblement chez lui et Hara-Kiri titre : ‘Bal tragique à Colombey : 1 mort’. La police prend alors d’assaut les kiosques, saisit tous les numéros, les détruit et interdit illico le journal. Pourquoi donc ? ‘Atteinte au respect dû aux morts’. Et vlan ! Ce n’est pas fini : pour contourner la mesure et continuer à se moquer du Général, le même canard se rebaptise Charlie Hebdo. » Là aussi, quelque chose échappait à Dembo Diatta : pourquoi, soudain, tout un pays, voire l’humanité entière, devait-elle se mettre à trottiner derrière un petit groupe de libertaires parisiens qui avaient toujours craché à la gueule de tout le monde ? Ayant de plus en plus de mal à se contrôler, Dembo les avait traités de ‘nihilistes puérils et ringards ‘.
Et pendant toute cette bagarre au Casa Nostra, des mots interdits n’avaient pas cessé de planer silencieusement autour d’eux. Vous. Nous. Oppresseurs. Damnés de la terre. Traite négrière. Madagascar. Sétif. Thiaroye. Les mots de Césaire aussi : « L’Europe est comptable devant la communauté humaine du plus haut tas de cadavres de l’histoire… » Tout ça, il l’avait heureusement gardé pour lui. Ce n’était pas le genre de choses qu’il pouvait jeter à la figure de Muriel et Chris. Il se méfiait d’ailleurs moins de ces propos eux-mêmes que du fiel et de la tenace rancune qu’ils charriaient. Cependant, Dembo n’avait pu s’empêcher de leur parler de la ‘Matinale’ de France 2 où deux journalistes s’étaient mis à pérorer sur « le génocide rwandais où la communauté hutu va être entièrement massacrée par les Tutsi. » Il n’avait jamais rien entendu d’aussi fou. « Je ne vois pas le rapport » avait dit Muriel d’un air pincé et Chris avait ajouté : « Tu nous parles de deux parfaits crétins, là. Qu’ils aillent se faire pendre par là où je pense ! » Et lui ne put se retenir : « Encore une fois, quel est votre problème ? C’est vous qui poussez les autres à faire des comparaisons mal venues… Il y aurait un beau charivari si quelqu’un disait dans ce pays que les Juifs ont été les bourreaux des Nazis ! Pourquoi êtes-vous si peu capables de vous mettre à la place des autres ? » C’est à ce moment précis que Dembo avait surpris un sourire amusé sur le visage de Muriel. Toujours aussi énervé, il voulut riposter violemment mais elle l’arrêta d’un geste de la main : « Ne le prends pas mal, Dembo, je ne me moque pas de toi, je viens simplement de réaliser que tu ne sais même plus nous parler, à nous tes vieux camarades, tu parles à deux Blancs, à deux Occidentaux. »
Dembo, troublé, se contenta de la regarder en silence. Muriel Carpentier, plus froide et réfléchie que son mari, avait une fois de plus visé juste. Dembo n’était pourtant pas tout à fait d’accord avec elle: « Je vois bien ce que tu veux dire, mais pour vous non plus je ne suis pas juste Dembo Diatta. Non, ca ne se passe plus ainsi. On est tous bien au chaud dans des cages et chacun devrait se bouger le cul pour en sortir. » Puis, après une pause : « Et peut-être vous plus que les autres…» « Nous…? » fit Muriel avec une sorte d’effarement sincère. « N’ayons pas peur des mots, Muriel » répondit simplement Dembo.
Il se souvint d’avoir ensuite longuement promené les yeux autour de lui. Le Casa Nostra s’était peu à peu vidé de ses clients. Une brune solitaire entre deux âges, perchée sur un tabouret tout près d’eux, semblait plus intéressée par Chris que par leur bagarre. « Bon, avait soudain ajouté Dembo, je suis un peu perdu, comme tout le monde. C’est simple, plus personne ne sait où il en est. Ils vont finir par nous avoir. »
Il y eut une ou deux minutes de silence gêné, sans doute le tout premier en plus de vingt ans d’amitié.
En retraversant le parc Emile Perrin quasi désert, Dembo repensa à Muriel et Chris. Ils avaient un long parcours en métro avant d’arriver chez eux, Place du Caquet, à Saint-Denis et il les imagina en train de se demander pourquoi lui, Dembo, était de plus en plus tendu et intolérant. Il se reprocha une nouvelle fois d’être incapable de tenir sa langue, de ne pas savoir refouler au fond de sa gorge tous ses pourtant-peut-être bien que-à moins que-néanmoins-en revanche. Le temps des nuances était bel et bien révolu et la peur de l’avenir scellait toutes les bouches. Qu’avait-il donc à faire le malin ?
Il lui restait une journée à Paris, celle du lendemain, avant le retour au pays. Il la passerait étendu dans sa chambre à lire les vieilles BD qu’il emportait toujours avec lui en voyage. Elles le mettraient, au moins momentanément, à l’abri des infos de la télé et de la radio. Il en avait marre de toute cette histoire, ça lui chauffait la tête pour rien.
Peut-être d’ailleurs ferait-il mieux d’appeler Mambaye Cissé au lieu de rester enfermé au Galileo. La danse d’amour des mérous marbrés ne l’intéressait pas vraiment mais ils pourraient toujours se moquer avec tendresse de leurs stupides rêves d’étudiants dakarois. C’était dans une autre vie.
Le régulateur accuse ouvertement la chaîne de télévision d’avoir, hier soir, lors d’une édition spéciale, incité les gens à sortir dans la rue pour rejoindre ceux qui manifestaient contre le couvre-feu
Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) a adressé ce 4 juin, une mise en demeure au Pdg de groupe Dmédia, Bougane Guèye Dany. Dans le courrier obtenu par Libération online, le régulateur accuse ouvertement la Sen Tv d’avoir, hier soir, lors d’une édition spéciale, incité les gens à sortir dans la rue pour rejoindre ceux qui manifestaient contre le couvre-feu.
Ainsi, le Cnra demande à la Sen Tv « d’observer strictement la réglementation » et de mettre un « terme définitif » à « de pareils manquements et à éviter toute rediffusion de l’émission du 3 juin 2020 ».
Des manifestations contre le couvre-feu ont éclaté un peu partout à Dakar, Touba et Kaolack. Des jeunes sont sortis pour brûler des pneus et barrer la route pour exiger la levée du couvre-feu. D’ailleurs, un jeune a été violemment percuté par une voiture de police, lors de ces manifestations. Il serait dans un état critique à l’hôpital de Kaolack.
UN COMITÉ DE PILOTAGE POUR LA RÉPARTITION DES 3 MILLIARDS ALLOUÉS AU SECTEUR CULTUREL
Le ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop, a annoncé, jeudi, la mise en place d’un comité de pilotage pour la répartition du fonds de trois milliards de francs CFA destiné au secteur des arts et de la culture
Dakar, 4 juin (APS) – Le ministre de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop, a annoncé, jeudi, la mise en place d’un comité de pilotage pour la répartition du fonds de trois milliards de francs CFA destiné au secteur des arts et de la culture.
Ce comité de pilotage aura pour mission de définir les orientations et les mécanismes de gestion du fonds octroyé par le chef de l’Etat au secteur des arts et de la culture dans le cadre du FORCE Covid-19, a expliqué M. Diop.
Le ministre s’exprimait lors d’un point de presse au ministère de la Santé et de l’Action sociale au lendemain de la décision du président de la République d’appuyer les arts et la culture compte tenu de l’ajournement de certaines activités majeures de l’agenda culturel national.
"(…). Pour la gestion de cette ressource, deux types d’organes sont prévus : un comité de pilotage qui aura pour mission de définir les orientations et les mécanismes de gestion du fonds, sa répartition par sous-secteur mais également de superviser et de contrôler son utilisation pour les différents bénéficiaires en veillant à la transparence et à l’équité", a dit le ministre, saluant la décision du chef de l’Etat comme un "geste de haute portée".
Le comité sera essentiellement composé de représentants du ministère de la Culture et de la Communication et sera, dans un souci d’inclusion et de transparence, ouvert aux représentants des différents sous-secteurs choisis par les acteurs, a indiqué Abdoulaye Diop.
Il a aussi informé de la mise en place de sous-comités sectoriels chargés de définir la liste des bénéficiaires en suivant des critères de visibilité conjointement arrêtés.
Ces sous-comités concernent les secteurs du cinéma, du livre et de l’édition, du patrimoine culturel et des arts, a détaillé le ministre qui dit avoir instruit ses services de finaliser les concertations avec les acteurs afin que "dès la semaine prochaine, les bénéficiaires puissent percevoir leur appui".
Il a assuré que tous les concernés seront pris en charge.
"Je voulais aussi assurer l’ensemble des acteurs que je veillerais à ce que tous les concernés puissent être pris en compte", a dit le ministre qui s’est réjoui du rôle joué par les artistes dans la sensibilisation contre la propagation de la Covid-19 au Sénégal, les invitant à persévérer dans cette dynamique, car "le combat n’est pas encore gagné".
LE GOUVERNEMENT LÈVE L’INTERDICTION DU TRANSPORT INTERURBAIN ET RÉDUIT LA DURÉE DU COUVRE-FEU
Le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, a annoncé jeudi plusieurs mesures d’‘’assouplissement’’ de l’état d’urgence sanitaire, dont la levée de l’interdiction du transport interurbain et une réduction de la durée du couvre-feu, qui est désormais
Dakar, 4 juin (APS) – Le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, a annoncé jeudi plusieurs mesures d’‘’assouplissement’’ de l’état d’urgence sanitaire, dont la levée de l’interdiction du transport interurbain et une réduction de la durée du couvre-feu, qui est désormais fixée entre 23 heures et 5 heures.
A la suite de l’autorisation de la reprise du transport urbain, les gares routières devraient reprendre leurs activités à partir de dimanche 7 juin, a précisé son collègue chargé des Transports terrestres, Oumar Youm, lors d’un point de presse donné conjointement avec leurs collègues chargés de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Diop.
Selon M. Youm, les horaires d’ouverture et de fermeture des gares routières seront fixés de concert avec les acteurs des transports.
Les restaurants et les salles de sport sont désormais autorisés à reprendre leurs activités, a également annoncé Aly Ngouille Ndiaye, ajoutant que l’interdiction des bars et des plages reste en vigueur.
Le port du masque reste obligatoire, de même que le respect de la distanciation sociale, la distance physique minimale d’un mètre requise entre les personnes fréquentant les endroits publics.
Le gouvernement recommande au personnel des restaurants de prendre des mesures – la commande en ligne, par exemple - permettant à leur clientèle d’éviter les rassemblements dans ces espaces.
M. Ndiaye assure que les autorités gouvernementales sont disposées à discuter avec les populations de toutes les mesures permettant de ‘’relancer l’économie’’, qui a été sévèrement affectée par les mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence en vigueur depuis le 24 mars, notamment l’interdiction du transport interurbain.
Selon le ministre de la Santé et de l’Action sociale, 4.021 cas de coronavirus ont été recensés au Sénégal depuis le 2 mars, 2.162 patients ont recouvré la santé, 45 en sont décédés. A ce jour, 1.813 personnes se font soigner dans 27 centres dédiés au traitement du Covid-19.
Abdoulaye Diouf Sarr indique que 49.090 tests de coronavirus ont été effectués au Sénégal, avec un taux de positivité de 7,36%.
Le taux de létalité - le rapport du nombre de décès causés par le Covid-19 sur l’effectif des personnes infectées - est au Sénégal de 1,12%, ‘’largement en dessous de la moyenne africaine et mondiale’’, selon Abdoulaye Diouf Sarr.
par Massamba Ndiaye
LE CAS BOUGHAZALI OU UNE AUTRE AFFAIRE DE JUSTICE DE PRIVILÉGIÉS
Après ce forfait qu’ils ont accepté d’accomplir, que personne ne vienne nous dire que la justice sénégalaise est juste et impartiale
La liberté provisoire accordée ce mercredi 3 juin 2020 à l'ancien député Seydina Fall alias Boughazali, pris en flagrant délit de trafic et de possession de fausse monnaie, est la suite logique de la déliquescence de la justice sénégalaise. Personne aujourd’hui au Sénégal ne peut soutenir de bonne foi que la magistrature tient encore à l'égalité de droits de nos compatriotes devant la justice. Quelle mouche a pu piquer, voire contraindre en cette période de pandémie du coronavirus, le procureur de la République Serigne Bassirou Guèye et le doyen des juges Samba Sall à accorder leurs violons pour offrir au député - faussaire , le délinquant Boughazali, l’opportunité de humer l’air de liberté au moment où d'autres compatriotes pour des délits beaucoup moins graves que le crime commis par ce représentant indigne du peuple, membre du clan Faye - Sall, attendent depuis des années l'espoir d’un jugement ?
Pour ces gens du peuple, la justice politicienne sénégalaise traîne les pieds et ne se préoccupe nullement de leurs dures conditions de détention, mieux, de leur oubli carcéral. Nos nantis, ces paresseux et profiteurs à souhait de la haute société de parvenus ne s'en offusquent pas et nous sermonnent à longueur de journée que le temps de la justice est tout autre et obéit à d'autres paradigmes que nous autres citoyens lambda avons du mal à intégrer et à comprendre. Soit ! Et que dire, voire que penser de ces gens qui tiennent ce discours à la fois faux et malhonnête alors qu’ils savent pertinemment qu'aucun détenu du bas peuple, auteur de quelques larcins tels que le vol de poulet ou la possession d’un joint de yamba n’obtiendra jamais une liberté provisoire. Le procureur de République ou le doyen des juges préfère les confiner dans des conditions extrêmes qui relèvent à bien des égards de la torture ou de la pure barbarie. Leurs conditions dégradantes de détention ne les émeuvent guère et ils préfèrent de loin secourir leurs acolytes et compagnons de jouissance, qui pourtant sont de véritables fossoyeurs de nos valeurs, de pilleurs éhontés de nos maigres ressources publiques.
Cette symphonie diabolique du procureur et du doyen des juges est une autre provocation, une autre tentative malsaine de forcer le passage en dépit du simple bon sens et de la loyauté. Que cherchent ces deux hommes à prouver encore au chef de clan Macky Sall, l’apprenti - dictateur qui s'essaie à jouer au dur avec les plus faibles d’entre nous au moment même où il se range par faiblesse, voire par manque de courage du côté des criminels de tous bords, ou qu’il donne libre cours à Sénac de faire ce que bon lui semble de la gestion de nos autoroutes à péage afin de ne pas mécontenter son patron Emmanuel Macron ? Ou est-ce une confirmation de leur servitude volontaire assumée au chef de clan Macky Sall contre les intérêts intrinsèques du peuple sénégalais ?
Hier, c'était en faveur du trafiquant guinéen de faux médicament par le biais d’une grâce présidentielle et encore en faveur d’autres dealers de drogue dure, ou encore le musicien Thione Seck poursuivi également pour détention de faux billets de banque. Aujourd’hui, c’est au tour du falsificateur de monnaie, l’ex-député Boughazali de retrouver sa vie d’antan auprès de sa famille, loin de Rebeuss, un lieu où il n’aurait dû jamais quitter avant que la justice ne tranche cette affaire rocambolesque.
Après ce forfait ignoble qu’ils ont accepté d’accomplir, que personne ne vienne nous dire que la justice sénégalaise est juste et impartiale. Ces magistrats manquent de courage, de loyauté et ne sont plus dignes de prendre la défense des intérêts du peuple sénégalais. Ils ont immanquablement failli à leur devoir puisque rien ne saurait justifier leur décision qui ne repose sur aucune base légale. En vérité, de très lourdes charges pèsent sur Boughazali et ils ne peuvent pas l'ignorer. Ce sinistre individu a planifié une tentative de sabordement et de déstructuration de l’économie sénégalaise. Il est impératif d’encadrer ce pouvoir discrétionnaire du procureur de la République et du doyen des juges parce qu’il est disproportionné vu l’étendue de leurs prérogatives et n'obéit à aucune règle de justice et de responsabilité dans la conduite de l’action publique. Des garde-fous doivent être balisés afin d'éviter que de telles actions continuent à violer manifestement notre droit à une protection exemplaire de l'intérêt général. Ce coup de théâtre ou cet abus de pouvoir du parquet est un signal, voire un encouragement aux grands criminels de ce pays.
Ce coup de Jarnac est une indication claire du chef de clan Macky Sall et de ses complices dans l’administration judiciaire à l’endroit du peuple pour nous signifier que ce pays est leur propriété et qu’ils comptent le gérer dans l'opacité et dans la violation systématique des lois et règlements. Et pourtant, toute cette bassesse ne doit étonner personne. Le chef de clan Macky Sall est un habitué des faits. Depuis qu’il est à la tête de cette République bananière, tous les crimes même les plus infâmes sont pardonnés aux membres de son clan. Nous pouvons en citer des dizaines que ce même procureur Serigne Bassirou Guèye refuse d’instruire alors qu’il ne cesse de harceler nos compatriotes pour de simples délits d'opinion. Il pouvait dans bien des cas faire preuve de pédagogie voire d'indulgence afin d'éviter coûte que coûte la prison à certains de nos compatriotes (cas de l'activiste Guy Marius Sagna ou d’Abdou Karim Gueye et d'autres encore qui subissent au quotidien la vengeance sournoise du chef de clan Macky Sall ).
Avec toutes ces injustices au grand jour, le chef de clan Macky Sall et ses hommes de main, sa galaxie de troubadours composée principalement d'anciens défenseurs de la démocratie, de la justice sociale, de la liberté d'expression ne doivent pas s'étonner que des voix fusent de partout pour dénoncer de manière vigoureuse leur gestion sombre, nauséabonde et vicieuse du pouvoir, mais également d’entendre par ici et là des paroles désobligeantes que la morale et la pudeur condamnent et qui nous renvoient à un niveau sans précédent du délitement de nos valeurs.
Toutefois, le chef de clan Macky Sall, par sa gestion patrimoniale et désastreuse du pays est le seul et unique responsable de la chienlit qui prévaut aujourd’hui au Sénégal. Ignorer cet état de fait incontestable, le nier, c’est se fourrer le doigt dans l’œil. Nous persistons à penser que Macky Sall, par sa gestion solitaire du pouvoir, par son incompétence mise à nu en cette période de pandémie, par ses prises de liberté à enfreindre encore, davantage et toujours les règles de bonne gestion, mais aussi les lois et règlements du pays, par sa faiblesse et par son manque de courage à prendre les bonnes décisions à temps pour assurer la protection de nos concitoyens, est aujourd’hui une menace bien réelle à la sécurité de notre nation. Ceci n’est pas une simple vue de l’esprit ni une prise de position partisane, mais la réalité objective de la situation du pays.
En dernier lieu, j’aimerais bien attirer l’attention du procureur Serigne Bassirou Guèye et du doyen des juges Samba Sall que le pouvoir du chef de clan Macky Sall et leurs positions actuelles dans la hiérarchie judiciaire ne sont pas éternelles et qu’ils doivent prendre leurs responsabilités en refusant de cautionner ses manœuvres perfides, si ce n’est trop leur demander. A défaut, lorsque le chef de clan Macky Sall et sa bande d’incapables en auront fini avec leur politique abjecte d’asservissement de la justice, il ne restera au peuple que de ramasser ce corps souillé à outrance de la magistrature et de l’ensevelir dans les décombres de l’histoire. Un peuple quel qu’il soit, a vivement besoin d’une justice libre et indépendante, même si cette dernière est à parfaire et demande la contribution de toutes les souches de la population.
Aujourd’hui, la gestion du pouvoir du chef de clan Macky Sall est devenue une sorte de poudrière et nous conduit droit au mur. Il en va de la responsabilité de tout un chacun de protéger notre pays dans la droiture, la loyauté, la responsabilité et avec un sens élevé de l'égalité de nos concitoyens devant la justice. Une injustice prolongée et faisant office de mode de gestion du pouvoir n'entraîne que le refus d'obtempérer à l'autorité et ouvre la porte immanquablement à l’affrontement. Il revient de droit aux autres magistrats indignés de dénoncer cette imposture. Sinon, leur silence équivaudrait à un aveu d’impuissance, voire de complicité outrageante aux frasques immondes du chef de clan Macky Sall.