SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
30 septembre 2025
par Barka Ba
LES DÉRAPAGES TRÈS CONTRÔLÉS D'EMBALO CONTRE SES PAIRS ET PÈRES
En déclarant abruptement, en pleine réunion de la Cedeao sur le Mali, que « les présidents qui font un troisième mandat font aussi un coup d’Etat (sic), Umaro Sissoco Embalo qui carbure au culot, a fait un carton. Et il a réglé bien des comptes au passage
La vengeance est un plat qui se mange froid, a-t-on coutume de dire. En déclarant abruptement, en pleine réunion de crise de chefs d’Etat de la Cedeao sur la situation au Mali, que « les présidents qui font un troisième mandat font aussi un coup d’Etat (sic), Umaro Sissoco Embalo qui carbure au culot, a fait un véritable carton. Et il a réglé bien des comptes au passage. Les deux principales cibles du fougueux Bissau-guinéen sont clairement Alpha Condé et Alassane Ouattara. Au chef d’Etat guinéen, Embalo reproche beaucoup de choses.
Quand il était Premier ministre, Alpha Condé était désigné médiateur dans la longue crise politique qui minait la Guinée Bissau. Embalo a toujours considéré que c’est Condé qui a obtenu sa tête à la Primature. Pourtant, dans une vie antérieure, les deux hommes se sont longuement fréquentés. Plus précisément chez un certain Blaise Compaoré à Ouagadougou, longtemps antre de futurs putschistes, de rebelles fomentant des coups et autres opposants en quête de subsides. A l’époque, Embalo était ainsi un des missi dominici attitrés de Compaoré et de Khadafi. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts entre temps et les deux hommes se vouent depuis une inimitié tenace, aggravée par le fait que Condé, dont l’un des conseillers spéciaux est le Bissau-guinéen Paolo Gomes, ancien haut cadre de la Banque mondiale et ancien candidat malheureux à la présidentielle, a fortement appuyé le candidat du Paigc Domingo Simoes Pereira, contre Embalo.
Au cours de l’impasse politique qui a suivi les résultats contestés de la présidentielle en Guinée Bissau, Embalo a soutenu mordicus que Condé a tout fait pour lui savonner la planche, avec la complicité du président de la Commission de la Cedeao, l’Ivoirien Jean-Claude Kassi Brou qui se trouve être un très proche d’...Alassane Ouattara. Donc, dans ce jeu de dupes qui peut se résumer dans la vieille formule « je te garde un chien de ta chienne », Embalo a très bien calculé son coup et sa sortie de route est bien maîtrisée. Surtout, il sait que dans l’aréopage qui était réuni, une personne au moins buvait du petit lait face à cette violente charge contre ses pairs qui peuvent être aussi ses pères: le Nigérian Buhari. L’austère président du géant de l’Afrique de l’Ouest a une affection particulière pour l’atypique président bissau-guinéen, un des rares à pouvoir le faire rire aux larmes et qu’il considère comme son « fils ». Et c’est un secret de polichinelle que Buhari n’a pas particulièrement apprécié la sortie de Ouattara sur le franc Cfa aux côtés du président français Emmanuel Macron qu’il considère comme une torpille lancée contre l’eco, le projet de future monnaie commune de la Cedeao.
Jusque-là habituées à se faire des coups bas dans un univers feutré, les éminences de la sous-région devront apprendre à vivre des heures difficiles avec l’inénarrable et imprévisible Embalo qui aime répéter, ad nauseam, un mantra: « Il n’y a pas de petit pays ».
GBAGBO DÉNONCE LE REFUS DES AUTORITÉS IVOIRIENNES DE LUI DÉLIVRER SON PASSEPORT
L’ex-président est toujours sans nouvelles du document, demandé fin juillet à l’ambassade de Côte d’Ivoire en Belgique. Pour ses proches, pas de doute : les autorités refusent de le lui remettre pour l’empêcher de rentrer à Abidjan avant la présidentielle
Jeune Afrique |
Benjamin Roger |
Publication 25/08/2020
L’ex-président est toujours sans nouvelles de son nouveau passeport, demandé fin juillet à l’ambassade de Côte d’Ivoire en Belgique. Pour ses proches, pas de doute : les autorités ivoiriennes refusent de le lui remettre pour l’empêcher de rentrer à Abidjan avant la présidentielle du 31 octobre.
Pour eux, il ne s’agit ni plus ni moins d’un « refus ». Ce mardi 25 août, les avocats de Laurent Gbagbo se sont rendus à l’ambassade de Côte d’Ivoire à Bruxelles pour faire le point sur la demande de nouveau passeport déposée par l’ex-président le 28 juillet.
« Le Consul nous a répondu que notre demande avait bien été transmise à Abidjan et qu’il fallait encore attendre leur réponse, explique Me Habiba Touré. Cette situation est aussi absurde que surprenante. Une demande de passeport est un acte administratif ordinaire qui ne devrait pas dépendre des autorités politiques. Pour nous, il s’agit d’un refus de lui délivrer son passeport dans le seul but de l’empêcher de rentrer en Côte d’Ivoire. »
Selon elle, le délai de traitement est généralement d’une quinzaine de jours, et des Ivoiriens qu’elle a rencontrés ce mardi à l’ambassade ont, eux, « pu retirer leurs passeports alors qu’ils avaient fait leur demande au même moment ».
Volonté de rentrer en Côte d’Ivoire
Contacté par Jeune Afrique, Abou Dosso, l’ambassadeur de Côte d’Ivoire à Bruxelles, assure qu’il n’y a pas eu de refus et que la requête est toujours en cours à Abidjan, ajoutant que le délai de traitement d’une demande de passeport oscille plutôt entre 30 et 45 jours.
ORGANISER DES ÉLECTIONS LE PLUS VITE POSSIBLE AU MALI SERAIT UNE GRAVE ERREUR
La perspective d’élections rapides est le moyen le plus sûr de faire ressortir ce que chacun des acteurs politiques maliens a de plus antinomique à l’intérêt général
Jeune Afrique |
Gilles Olakounlé Yabi |
Publication 25/08/2020
Le Mali de 2020 n’est ni la Suède, ni le Canada, ni le Ghana, ni le Botswana ou le Cap-Vert. C’est un pays en crise profonde depuis 2012. C’est un pays en guerre, qui fait face à des groupes armés, divers et variés, sur les deux tiers au moins de son vaste territoire. C’est un pays dont les forces armées ont perdu des centaines d’hommes ces dernières années. C’est un pays où la cohésion sociale et les relations de confiance entre les communautés se sont gravement effritées au rythme de massacres de civils inimaginables il y a encore quelques années.
Le coup d’État du 18 août est intervenu dans ce pays-là. Il était évitable. Il aurait dû être évité. Il ne le fut pas. Cela est regrettable. Mais ce ne sont pas les lamentations sur les coups d’État récurrents en Afrique qui changeront quoi que ce soit au passé et au futur du Mali.
Éviter de nouvelles erreurs
Ce coup d’État doit être analysé avant tout dans le contexte de la crise au Mali. Et ce qui est urgent aujourd’hui, c’est de ne pas commettre d’erreurs au moment de définir les modalités de la transition qui s’ouvre après le renversement du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). La Cedeao insiste déjà clairement sur la priorité à donner au retour à l’ordre constitutionnel et à l’organisation rapide d’élections, donc à une transition qui soit la plus courte possible. C’est une voie qui serait au mieux improductive, au pire dangereuse.
Organiser des élections pour sortir des crises politiques, des conflits violents, des périodes de transition après un coup d’État, c’est une recette que l’on aime bien. Elle a généralement l’assentiment et même la préférence des partenaires extérieurs les plus influents à la recherche d’interlocuteurs qui seraient légitimes parce que démocratiquement élus. On attend ensuite que des miracles se produisent, que la gouvernance politique et économique change après une élection, quel que soit le président élu, quelle que soit la qualité du processus électoral et quelle que soit la vacuité du débat politique pré-électoral.
IBK a été renversé en août 2020 comme le fut Amadou Toumani Touré (ATT) en mars 2012. Il est utile de rappeler que les reproches faits à sa gestion du pouvoir sont très semblables à ceux qui avaient été faits à ATT. Résumons cela à la mauvaise gouvernance, malgré les inconvénients de ce concept fourre-tout. Il faut en déduire que le départ d’IBK avant le terme de son mandat ouvre la porte à différents scénarios, du plus optimiste, celui qui verrait s’amorcer une rupture avec la mauvaise gouvernance, au plus pessimiste, celui qui verrait un effondrement encore plus massif et difficilement réversible de l’État malien.
CE SERAIT TRÈS GRAVE SI LES ALLÉGATIONS DE YAYA AMADOU DIA SONT FONDÉES
Le journaliste Abdoulaye Cissé estime que les arguments de défense fournis par le juge Ousmane Kane contre les accusations du magistrat Yaya Amadou Dia sont très légers
L’’affaire des graves accusations de corruption, d’abus de pouvoir et d’immixtion sur des décisions de justice portées par le juge Yaya Amadou Dia contre son collègue, Ousmane Kane, président de la cour d’appel de Kaolack continue de défrayer la chronique. Le Journaliste Abdoulaye Cissé juge extrêmement grave cette situation qui ternit l’image de la magistrature. Il a estimé que le premier président de la Cour d’Appel de Kaolack pourrait être qualifié de crapule si les allégations de son collègue sont fondées.
Dans l’émission infos du matin, le journaliste a soutenu que les arguments de défense fournis par le Juge Ousmane Kane suite à ces accusations du magistrat Yaya Amadou Dia sont très léger vu la gravité des accusations.
MESSI A DÉCIDÉ DE QUITTER LE BARÇA
La défaite en quart de finale du « Final 8 » face au Bayern Munich (8-2) avait déjà fait des dégâts. Cette fois, la situation a pris une autre ampleur. La star argentine de l’équipe sextuple Ballon d’Or, a décidé de quitter le navire
Coup de tonnerre en Catalogne, la star du football mondial a annoncé avoir pris la décision définitive de quitter les Blaugrana, selon plusieurs sources.
La défaite en quart de finale du « Final 8 » face au Bayern Munich (8-2) avait déjà fait des dégâts. Cette fois, la situation a pris une autre ampleur. La star argentine de l’équipe sextuple Ballon d’Or, Lionel Messi, a décidé de quitter le navire selon Alfredo Martinez, journaliste espagnol.
Les avocats du joueur ont fait parvenir au club un fax dans lequel ils annoncent la volonté de Messi de résilier son contrat unilatéralement, en vertu de la clause qui a expiré le 10 juin dernier, mais le club considère que son contrat est encore valide jusqu'au 30 juin 2021, a indiqué cette source à l'AFP.
"En principe, cette clause expirait le 10 juin, mais le caractère atypique de cette saison coupée par le coronavirus a ouvert la voie pour que Messi demande à être libéré de son contrat dès maintenant. Il s'agit d'un premier pas vers l'ouverture d'une négociation pour son départ, sur la base de sa clause de libération qui s'élève à 700 millions d'euros", a précisé Marca, le journal le plus vendu d'Espagne mardi soir.
Plusieurs personnalités dont l’ex-capitaine du Barça, Carles Puyol, apporte leur message de soutient à Lionel Messi. Quim Torra, le Président de la Catalogne, a aussi communiqué à ce sujet. Ce dernier a publié un tweet faisant penser que l’Argentin quittera la région catalane.
Le Real Madrid a dominé Benfica (3-2) et remporté mardi la Youth League, compétition opposant les équipes des moins de 19 ans des clubs engagés cette saison en Ligue des champions et champions nationaux de la catégorie. Le Real, qui avait sorti la Juventus, l'Inter puis Salzbourg, remporte ainsi pour la première fois cette compétition, créée en 2013 et qui ne sourit pas pour le moment à Benfica, dont c'est la troisième finale perdue. Les Madrilènes, entraînés par Raul, l'ancienne gloire de la Casa Blanca, pensaient avoir fait le plus dur en première mi-temps avec un but de Pablo (26e) et un contre-son-camp à la 45e d'Henrique Jocú. Mais au retour des vestiaires, les Portugais sont revenus à 2-1, puis à 3-2 grâce au doublé de Goncalo Ramos (49e, 58e) entrecoupé d'un but de Miguel Guttierez pour les Madrilènes. Les Benfiquistes, qui ont eu la possession durant tout le match, auraient même pu recoller au score si Tiago Dantas n'avait pas raté son pénalty à la 68e.
La fin d’une ère ?
D'après la presse sportive espagnole, Messi s'est réuni avec le nouvel entraîneur du Barça Ronald Koeman la semaine dernière, et lui aurait indiqué qu'il se voyait "plus à l'extérieur qu'à l'intérieur" du club.
"La fin de la glorieuse ère de Leo Messi à Barcelone semble être proche. Après l'arrivée de (l'entraîneur) Ronald Koeman, ce qui ressemble à un départ de son ami Luis Suarez et une fin de saison difficile et tourmentée, Leo Messi a communiqué ce mardi au FC Barcelone dans un fax son intention d'abandonner le club", a souligné la radio espagnole Once.
Cette "bombe totale", comme l'a qualifiée le principal journal sportif argentin Olé, intervient onze jours après la terrible déroute du Barça 8-2 contre le Bayern Munich en quart de finale de la Ligue des champions au terme d'une saison catastrophique, qui a lancé une révolution au sein du club catalan.
Dans la foulée, l'entraîneur Quique Setién a été limogé, remplacé par Ronald Koeman. Ce dernier aurait, selon la presse spécialisée catalane, communiqué à l'attaquant uruguayen et grand ami de Messi Luis Suarez qu'il ne comptait pas sur lui pour la saison prochaine, à l'instar d'autres cadres du Barça comme Arturo Vidal, Ivan Rakitic et Samuel Umtiti.
LA PLUPART DES SÉRIES DÉCRIÉES NE DISPOSENT PAS D’UNE AUTORISATION DE TOURNAGE
‘’Toute série télévisuelle, tout film doit faire l’objet d’une autorisation de tournage qu’il faut venir chercher à la direction de la cinématographie a précisé Hugues Diaz
Dakar, 25 août (APS) - La plupart des séries sénégalaises décriées pour leurs contenus jugés attentatoires aux bonnes mœurs ne disposent pas d’une autorisation de tournage, quitus permettant un contrôle a priori de ces productions avant leur sortie, a déclaré le directeur de la cinématographie, Hugues Diaz.
‘’Toute série télévisuelle, tout film de fiction, documentaire, d’animation, et même les clips quelquefois, doivent faire l’objet d’une autorisation de tournage qu’il faut venir chercher à la direction de la cinématographie du ministère de la Culture et de la Communication’’, a-t-il précisé dans un entretien avec l’APS.
M. Diaz a fait observer que ‘’malheureusement, la plupart des séries télévisées aujourd’hui incriminées’’, dont certains contenus sont jugés attentatoires aux bonnes mœurs, n’ont pas fait une demande d’autorisation de tournage.
‘’La plupart n’ont pas d’autorisation de tournage, c’est confirmé, on peut le vérifier. Ce sont des séries qui s’exposent, elles sont en violation des règles établies, notamment la demande d’autorisation de tournage’’, soutient-il.
‘’Il y a une série comme ‘Infidèles’’’ dont les auteurs, ‘’dès qu’ils ont été attaqués, nous ont contactés pour une autorisation de tournage pour la prochaine saison’’.
‘’On a lu le scénario, mais il y a certains passages [contenant] des propos très osés, pour ne pas dire vulgaires, qu’il faut reprendre’’, a indiqué le directeur de la cinématographie.
Parfois, explique M. Diaz, ‘’on voit des passages et on leur dit : ‘Attention, cela porte à équivoque, il faut essayer d’améliorer avant toute autorisation de tournage’’’.
Pour lui, ‘’il faut maintenant sévir après avoir trop informé, trop sensibilisé, il faut passer à la phase du bâton pour que les mauvais élèves soient punis’’.
La direction de la cinématographie va dans cette optique travailler avec le ministère de l’Intérieur, parce que chaque autorisation de tournage dont elle décide est également soumise à l’attention de l’autorité de ce département ministériel.
Hugues Diaz annonce que ses services vont ‘’travailler d’arrache-pied pour traquer les séries qui n’auront pas d’autorisation de tournage’’.
‘’Il faudrait, pour un Etat qui veut protéger ses populations contre des dérives, qu’on soit un peu policier pour mettre un peu d’ordre dans les productions’’, a souligné M. Diaz.
Il dit suivre ‘’de très près cette polémique légitime’’ autour des séries télévisées sénégalaises dont les dernières sont pour la plupart très prisées au-delà des frontières du pays et d’Afrique.
Mais s’il arrive que des œuvres artistiques soient discutées et fassent l’objet de polémiques, les associations religieuses qui sont vent debout contre ces séries, les associations musulmanes notamment, ‘’ne doivent pas prendre en otage la création artistique, car elle ne sort pas ex nihilo (à partir de rien), il y a une écriture, une réalisation et un concept’’.
Hugues Diaz fait valoir que le public sénégalais se reconnait ‘’le plus souvent’’ dans ces productions audiovisuelles ‘’parce que ce sont des faits sociaux tirés des dérives comportementales, des fractures sociales’’.
‘’Mais quelquefois l’écriture et la technicité utilisées pour faire ces films appartiennent à de bons initiés, des gens formés, qui peuvent tourner en dérision les travers de la vie sociale’’, reconnaît le directeur de la cinématographie.
‘’L’œuvre artistique a toujours été une œuvre subversive, et elle évolue avec l’ère du temps’’, un constat qui doit amener les contempteurs de ces séries à ‘’ne pas aller dans une intransigeance, un formalisme, voire un extrémisme qui ne concède aucune liberté à celle de créer, qui est garantie par la Constitution, parce que faire de la culture, c’est faire œuvre de créativité’’, plaide Hugues Diaz.
Il relève plusieurs niveaux de responsabilité dans cette situation, concernant notamment l’autorisation de tournage, laquelle ‘’permet de contrôler pour voir s’il n’y a pas’’ de quoi porter atteinte à la sûreté de l’Etat et aux bonnes mœurs par exemple, ‘’parce que l’Etat a pour rôle de protéger les populations contre certaines dérives’’.
Le deuxième niveau de responsabilité est relatif aux visas d’exploitation que tous les films doivent avoir, selon le directeur de la cinématographie.
‘’Avant toute diffusion ou exploitation en public, un film doit avoir un visa d’exploitation délivré par la commission de contrôle et de classification des films. C’était à l’époque de la Société sénégalaise d’importation, de distribution et d’exploitation cinématographique, pour la projection dans les salles de cinéma. Cela permettait de contrôler le contenu des films pour identifier ceux qui sont destinés aux adultes, aux enfants ou aux adolescents’’, explique-t-il.
Hugues Diaz prône un retour de cette commission, vu le nombre important des nouvelles productions audiovisuelles.
‘’Ce n’est pas une censure qui ne dit son nom, c’est pour permettre d’orienter les éventuelles cibles ou les téléspectateurs qui devraient suivre un film’’, précise-t-il.
Selon lui, l’Etat a mis des garde-fous pour protéger l’ensemble des populations, mais avec l’évolution des choses dans ‘’ce monde interconnecté’’, si on interdit la diffusion de films à la télévision, le public va, selon lui, se rabattre sur les plateformes de diffusion.
Pour Hugues Diaz, ‘’il faut se réjouir aujourd’hui de l’avancée des séries sénégalaises qui ont bousculé des séries beaucoup plus pernicieuses venant de l’étranger’’. ‘’C’est un travail de longue haleine. Il faut que la culture participe à l’éducation de nos populations et à la conscientisation sur les dérives de nos sociétés.’’
PARFUM DE TAMARINIERS
L’écrivain Amadou Elimane Kane a annoncé mardi la parution de son recueil de poèmes aux éditions "Lettres de renaissances", dans la collection "Paroles arc-en-ciel".
Dakar, 25 août (APS) – L’écrivain Amadou Elimane Kane a annoncé mardi la parution de son recueil de poèmes intitulé "Parfum de tamariniers" aux éditions "Lettres de renaissances", dans la collection "Paroles arc-en-ciel".
"Amadou Elimane Kane a superlativement accompli la fonction que Victor Hugo assignait au poète, +faire flamboyer l’avenir+", selon son préfacier le professeur Mamadou Ba de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
"Telle est alors la valeur épiphanique de cette poésie, à laquelle s’attache une puissance de sublimation et d’ostentation lumineuse par laquelle elle vient étoiler le ciel de l’histoire et de la destinée humaine en y inscrivant à la fois de l’originaire et de l’espérance", ajoute-t-il dans un communiqué reçu à l’APS.
Pour le professeur Mamadou Kalidou BA de l’Université de Nouakchott (Mauritanie), "+Parfum de tamariniers+ est une composition poétique incandescente qui rappelle ce qui a été détruit dans l’environnement naturel, métaphysique et symbolique de la terre africaine".
"La plume d’Amadou Elimane Kane refuse le silence et combat toute forme de renoncement, avec la force d’une esthétique qui lui est propre et qui, dans le même temps, renouvelle le chant poétique africain contemporain", fait savoir M. Ba dans son propos liminaire.
"Parfum de tamariniers", "nous emmène dans un voyage d’espoir, d’espérance, de résistance, de solidarité, d’humanité’’, selon la député honoraire bruxelloise, Fatoumata Sidibé, relevant qu’écrire, ’’c’est recréer le monde, c’est un legs, c’est vivre".
Poète écrivain, éditeur, enseignant et chercheur dans le domaine des sciences cognitives, Amadou Elimane Kane est le fondateur de l’Institut culturel panafricain et de recherche de Yenne.
Il est l’auteur de plusieurs publications dont le roman "Moi, Didia Diop ou l’astre d’espérance de la Sénégambie au Brésil" (2018).
DES ACTEURS SOUHAITENT UNE REFORME FONCIERE
La récurrence des conflits fonciers découle de manquements liés à la gouvernance foncière, selon le Cadre de réflexion et d’action sur le foncier au Sénégal.
La récurrence des conflits fonciers découle de manquements liés à la gouvernance foncière, selon le Cadre de réflexion et d’action sur le foncier au Sénégal. La plateforme réclame une réforme à travers une approche inclusive.
Le Cadre de réflexion et d’action sur le foncier au Sénégal (Crafs) est pour la réforme de la gouvernance foncière au Sénégal. Depuis quelques mois, les litiges fonciers entre paysans et investisseurs sont légion au Sénégal. Les cas de Ndingler, Bande des filaos de Guédiawaye, Nguéniène, Tobène, Corniche Ouest ou le Phare des Mamelles rappelle la complexité de l’occupation des terres du domaine national. Pour le Crafs, ces conflits sont la conséquence des «manquements liés à la gouvernance foncière» aussi bien dans son corpus juridique et ses bases institutionnelles que dans ses outils et pratiques de gestion. «Les textes se révèlent peu adaptés au contexte changeant et restent difficiles à mettre en application. Des ambiguïtés de diverses natures subsistent encore et rendent précaire l’accès à la terre par les communautés. Pis, la situation continue de favoriser l’accès à la terre par une certaine élite politique, économique, religieuse, nationale et étrangère, au détriment de personnes et de communautés démunies, peu instruites et vulnérables», a constaté Thierno Sall, responsable de la communication et chargé de projets à l’Ong Enda Pronat hier, lors d’une table ronde entre le Crafs et la presse.
«Audit du foncier national»
Pour une gouvernance foncière plus démocratique, la plateforme née en 2010 réclame un audit du foncier national pour clarifier la situation de l’occupation foncière afin de déceler et corriger les irrégularités identifiées. «Cet audit est particulièrement urgent dans les zones appartenant au domaine public de l’Etat et dans celles à fort potentiel», a déclaré Babacar Diop, point focal en foncier du Cadre national de concertation et de coopération des ruraux (Cncr).
Dans le même ordre d’idées, la plateforme d’organisations paysannes et de la société civile rejette l’immatriculation généralisée et la privatisation des terres du domaine national qui, estime-t-elle, favoriserait la marchandisation des terres. «Il faut la relance au plus vite du processus de réforme jusqu’à l’aboutissement de sa phase législative à travers une approche participative et inclusive. Les efforts humains et financiers mobilisés pendant 5 ans ne devraient pas être vains», a plaidé M. Diop. Il est aussi demandé le renforcement du contrôle et de la participation citoyenne dans la gouvernance foncière au niveau le plus rapproché des populations et la mise en place de voies de recours plus efficaces et peu formalistes pour les populations qui se sentent lésées par une opération foncière.
En effet, la Commission nationale de réforme foncière (Cnrf) est parvenue à produire un document de politique foncière. Le processus qui devait déboucher sur l’ouverture d’une concertation pour la validation dudit document et l’adoption d’un nouveau cadre juridique s’est arrêté en mai 2017, après la dissolution de la Cnrf. «Les actes posés par l’autorité laissent penser que l’Etat préfère une réforme techniciste qui passe par des outils cadastraux avec une volonté certaine de renforcer les pouvoirs de la direction générale des Impôts et domaines et de l’Apix», a déploré Babacar Diop du Cncr.
par Bocar Harouna Diallo
LA BOULIMIE DU POUVOIR
Vouloir s’éterniser ou monopoliser le pouvoir par des Présidents africains est devenu une réalité voire même une identité africaine
Vouloir s’éterniser ou monopoliser le pouvoir par des Présidents africains est devenu une réalité voire même une identité africaine. La boulimie du pouvoir reste un problème majeur en Afrique depuis les années 1960. La présidence à vie est une notion avec laquelle la terre d’Afrique a appris à s’identifier depuis des décennies.
Depuis l’accession à l’indépendance, nombre de pays africains n’ont pas connu de réelle alternance à la tête de l’Etat. Des générations d’Africains sont nées, ont vécu et ont même quitté ce monde, sous la présidence d’un seul homme.
Dans certains pays africains, en particulier francophones et anglophones, les Présidents par leur gourmandise des délices du pouvoir ont réussi à tripatouiller à volonté la Constitution juste pour rester aussi longtemps que possible aux commandes. On peut citer en exemple le célèbre Président camerounais Paul Biya, au pouvoir depuis 1982. Malgré l’âge, les contestations et les conflits entre les Peuples francophones et anglophones, il parvient à diriger le pays d’une main forte.
Son homologue équato-guinéen, depuis 1979 jusqu’à 2020, a considéré le pays comme sa propre maison où le père de famille n’a aucun opposant capable de changer la donne. Qu’en est-il de Denis Sassou Nguesso et Idris Debi Itno ?
Itno, le nouveau Maréchal tchadien avec sa ruse et sa boulimie du pouvoir, a réussi à tailler sa propre charte qui supprime la limitation des mandats présidentiels. Cela lui permettra de briguer et d’organiser des élections guidées à sa volonté.
Cette situation de vouloir s’accrocher au pouvoir a mis la Côte d’Ivoire, le Burkina de Com paoré, la Guinée de Alpha Condé et le Mali de IBK dans le chaos. Le Sénégal sera-t-il sur la même liste ? Oui on craint le même sort au Sénégal pour un éventuel troisième mandant de Macky Sall, malgré sa fameuse clause : «Nul ne peut faire plus de deux mandats successifs.»
Et le seul souci de certains Présidents des pays francophones est de royaliser le pouvoir. Mais le récent coup d’Etat civilisé du Mali sans bain de sang doit être un signal fort et avertisseur. Pourquoi certains Présidents veulent-ils toujours garder le pouvoir ? Ils cherchent toujours à monopoliser le pouvoir pour des intérêts politiques personnels. Ils placent leurs proches parents, leurs amis et clients politiques dans toutes les instances du gouvernement pour éliminer ou endiguer tout adversaire capable de les secouer. Certains même tentent d’instaurer une dynastie comme l’exemple gabonais où le fils a succédé à son père au pouvoir.
D’autres veulent toujours rester au Palais pour éviter d’être jugés, car ayant commis des erreurs, des crimes financiers et même de la guerre durant leur règne. Je pense au Congolais. L’autre remarque visible est que certains Présidents sont commandés ou influencés par la puissance occidentale, généralement en Afri que de l’Ouest. Cette puissance occidentale semble être le garant en cas de conflit ou jugement et même fait intervenir son Armée en Afrique, soi-disant pour maintenir la paix.
Et pourtant, beaucoup de Présidents ne respectent pas leurs promesses électorales et n’ont aucune idée de développement endogène. Ils ne respectent pas non plus leur calendrier électoral et d’autres font recours à l’Armée pour garder encore le pouvoir. Obama disait : «Quand un dirigeant essaie de changer les règles au milieu de la partie simplement pour rester en poste, il s’expose à l’instabilité et à la discorde.» Ils se contentent de copier et de bricoler les programmes et politiques de développement de l’Occident qui ne riment pas avec la réalité sociale africaine. Je pense même que certains n’ont aucune idéologie authentique et n’appartiennent à aucune école de pensée. Ce qui justifie leur tâtonnement dans leur programme politique. Malgré les ressources humaines de qualité et la richesse sans égal de notre sol et sous-sol, l’Afrique continue toujours de dépendre de l’aide étrangère. Quel paradoxe ! Bizarrement, beaucoup de pays étrangers s’approvisionnent en Afrique pour maintenir leur existence économique. Ce qui fait que le brain-drain et le care-drain marqueront toujours leur empreinte.
A mon avis, l’Afrique doit connaître une nouvelle ère avec des nouveaux dirigeants capables de hisser notre continent au sommet, qui mettront l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Des dirigeants visionnaires, capables de prôner une nouvelle armature territoriale cohérente, qui respectent la parole donnée et qui ont une élégance républicaine. L’Afrique en a marre des dirigeants avec des visions limitées sans ambitions de développement crédibles.
Notre chère Afrique mérite des hommes d’Etat de valeur et d’éthique qui mettent en avant les intérêts du Peuple et qui respectent la République (pouvoir du Peuple, par le Peuple et pour le Peuple).
Bocar Harouna DIALLO
LITTÉRATURE, LES PROMESSES DE L’AFRIQUE
Cette année, la rentrée littéraire africaine bruit de nouvelles voix et promesses. Une postérité riche de talents et de visions piaffe d’impatience pour marquer de leur sceau les imaginaires
Cette année, la rentrée littéraire africaine bruit de nouvelles voix et promesses. Une postérité riche de talents et de visions piaffe d’impatience pour marquer de leur sceau les imaginaires.
Si l’année 2020 a été l’occasion de faire le bilan des riches productions littéraires africaines des soixante années écoulées - l’anniversaire du soixantenaire des indépendances oblige -, la rentrée littéraire de l’automne qui débute se propose d’ouvrir la perspective sur l’Afrique qui vient, tant l’offre semble être dominée cette année par de nouvelles voix. Tant du côté anglophone que francophone, nous assistons à l’entrée en scène d’une nouvelle génération de romanciers africains, des «quadras» qui sont en train d’imposer leurs esthétiques et leurs interrogations dans le champ littéraire. Ces auteurs montants ont pour nom Gauz, Fiston Mwanja Mujila, Marc Alexandre Oho Bambe, Djali Amadou Amal, Pettina Gappah ou Yaa Gyasi. Ils sont poètes, slameurs, romanciers, féministes. Leurs œuvres innovantes sont riches de promesses.
«Les lumières d’Oujda» de Marc Alexandre Oho Bambe
Les auteurs de la nouvelle vague africaine ont en commun l’énergie, l’inventivité et un souci de syncrétisme de genres et d’esthétiques dont témoigne magnifiquement le nouveau roman de Marc Alexandre Oho Bambe, Les lumières d’Oujda (CalmannLévy). C’est le deuxième roman sous la plume exubérante et poétique de ce Franco-Camerounais qui est entré en littérature par la grande et antique porte de la poésie et s’est fait connaître d’abord comme slameur. Poète dans l’âme, avec plusieurs ouvrages de poésie à son actif, Capitaine Alexandre - nom de scène que Oho Bambe s’est donné en hommage à René Char - livre avec son nouveau roman une épopée chorale où s’effacent les frontières entre fiction, poésie et quête initiatique. Un livre sensible et puissant sur la jeunesse africaine contemporaine, voguant entre l’Afrique et l’Europe et condamnée à l’exil intérieur en attendant de trouver des réponses à ses interrogations aussi existentielles qu’identitaires.
«Black Manoo» de Gauz
«Pourquoi on part ?» Cette question au cœur du roman poème de Oho Bambe, Gauz la pose également, la déclinant à sa manière rageuse et ironique dans son nouveau roman Black Manoo (Le Nouvel Attila) qu’il fait paraître cet automne. L’Ivoirien, on s’en souvient, est entré de manière éclatante en littérature en 2014 en publiant Debout-payé, son livre réquisitoire contre la société de consommation. Il retrouve avec sa nouvelle romance moderniste, qui met en scène l’odyssée d’un junkie africain entre les troquets de Belleville et les bas-fonds d’Abidjan, le souffle et le goût de la provocation qui avaient fait le succès de son premier roman.
«La Danse du vilain» de Fiston Mwanja Mujila
Très attendu aussi cette année, après le succès de son premier roman Tram 83, le nouvel opus du Congolais (RDC) Fiston Mwanja Mujila. La danse du vilain (Métailié), qui paraît en septembre, restitue avec sa langue éminemment poétique le chaos de Lumumbashi durant les dernières années du règne de Mobutu. On retrouvera avec bonheur dans ce nouveau titre la narration échevelée de Mujila qui quitte cette fois son ancrage dans le quotidien burlesque des bars pour l’infra-monde des gamins de la rue. Leurs bagarres et leurs tragédies entrent en résonance avec les turbulences que traverse le pays miné par la corruption et la dictature. (…)
Djaili Amadou Amal et Roukiato Ouédraogo
Parmi les autres romans africains de la rentrée, on retiendra également Les impatientes (Emmanuelle Collas) de la Camerounaise Djaili Amadou Amal et Du miel sous les galettes (Slatkine et Cie) sous la plume de l’humoriste burkinabè Roukiato Ouédraogo, nouvelle venue dans la fiction. Dans le premier titre qui est un récit aux accents féministes, on suit le destin tragique de trois femmes vivant au Sahel, mariées de force, alors que la primo-romancière burkinabè restitue à travers sa chronique autobiographique les saveurs et les odeurs de son pays, sa nostalgie pour sa famille et les conséquences dévastatrices des sécheresses à répétition. Il y a quelque chose de proustien dans ce roman où le souvenir des délicieuses galettes au miel que vendait la mère de l’auteure ouvre les portes de l’enfance et du pays natal.
Les valeurs sûres
Si cette rentrée littéraire africaine se place résolument sous le signe de la nouvelle génération d’écrivains, les «valeurs sûres» ne sont pas totalement absentes des rayons des librairies et des talk-shows consacrés aux nouvelles parutions. L’incontournable Alain Mabanckou fera de nouveau parler de lui à l’occasion de la publication de son essai Rumeurs d’Amérique (Plon). Dans ces pages, à travers le récit de son périple riche en rebondissements et en rencontres inoubliables, mêlant la petite et la grande histoire, l’auteur de Verre cassé qui enseigne désormais à l’Université de Los Angeles, écrit son autobiographie américaine. La Mauricienne Ananda Devi, elle, revient dans l’actualité à travers Fardo (Cambourakis), son récit insolite sur une momie péruvienne, écrit sous l’égide du Musée des Confluences. Dans le cadre de son programme intitulé «Récits d’objets», ce musée lyonnais, spécialisé en anthropologie, invite régulièrement les écrivains à faire d’un objet du musée le cœur de leur fiction. On lira aussi cet automne les mémoires cubaines de René Depestre dans Cahier d’un art de vivre (Actes Sud) et Aimer selon Véronique Tadjo (Editions Museo), un essai sur le sentiment amoureux qui, on découvrira sous la plume de la grande romancière ivoirienne, n’a rien perdu de son mordant légendaire dans notre nouveau monde où dominent la virtualité et la distanciation. Les «valeurs sûres» ne dédaignent pas la fiction, comme en témoignent les deux romans qui paraissent cette année sous la plume de deux géants des littératures d’Afrique et de sa diaspora : Bernardino Evaristo et Ivan Vladislavic. Britannique d’origine nigériane, la première est l’une des grandes figures de l’école «Black British» qui a contribué à «désexotiser» la littérature britannique. Son dernier opus, Fille, femme, autre (Globe), lauréat du Booker prize 2019, raconte 12 parcours de femmes, entre 19 et 93 ans, en quête de visibilité et de liberté. Les vies et les confessions de ces femmes puissantes s’entremêlent, faisant émerger le portrait de l’Angle - terre contemporaine où le plafond de verre demeure encore une réalité tangible et humiliante, surtout pour les femmes noires. Dans son nouveau roman, Distance (Zoé), le Sud-Africain Ivan Vladislavic propose pour sa part un formidable exercice d’équilibre entre le présent et le passé, entre les luttes d’antan et le désenchantement qui est sans doute le sentiment le mieux partagé dans l’Afrique du Sud postapartheid. Partant d’un album de coupures de journaux anciens sur la légende de la boxe Mohammed Ali, Vladislavic convoque l’esprit des seventies, la puissance du militantisme anti-apartheid et l’espérance d’un avenir sans «distance». Absolument magistral.
Dynamisme et énergie de la francophonie maghrébine
Fille, femme, autre et Distance sont bien la preuve que les héros de la fiction africaine n’ont pas encore dit leur dernier mot. Ils ne sont ni épuisés ni à court d’inspiration, c’est ce que rappelle encore dans le champ francophone l’exceptionnelle fécondité du romancier d’origine algérienne, Yasmina Khadra. Le célèbre auteur de Ce que le jour doit à la nuit est de retour cette année avec un nouveau titre qui a toutes les chances de se retrouver dans la liste des best-sellers, comme d’ailleurs la plupart de précédents romans de cet écrivain. Son nouveau roman, Le sel de tous les oubliés (Julliard) raconte «le monde d’après», après la fin de l’amour, et offre une réflexion passionnante sur la dépendance sentimentale, nos rapports compliqués avec le passé et les subterfuges de la mémoire. Autre grand roman à ne pas manquer, La discrétion (Plon) de Faïza Guène. Issue de l’immigration, cette auteure franco-algérienne s’est fait connaître en publiant un premier roman culte, Kiffe kiffe demain, sur le mal-être de la jeunesse dans les banlieues des grandes villes françaises. Poursuivant son exploration inlassable de la comédie sociale, Faïza Guène brosse le portrait d’une femme hors du commun qui, passée de l’Algérie coloniale à Aubervilliers, a su garder intact son goût pour la liberté et la résistance. Yasmine qui est «née dans un cri», comme l’écrit l’auteure, pourra-t-elle encore longtemps tenir sa colère et demeurer cette mère de famille discrète qu’elle est devenue ? On laisse aux lecteurs le plaisir de découvrir le secret de Yasmine. Toujours parmi les romans francophones par des auteurs issus du Maghreb et s’inspirant des turbulences politiques et sociales que traverse cette région, on peut également signaler sous la plume de l’historien tunisien Saber Mansouri, Sept morts audacieux et un poète assis (Elyzad), un récit âpre et nostalgique de la vie et la mort d’une utopie éphémère inspirée des espoirs suscités par le printemps arabe, et Dans les yeux du ciel (Seuil) de Rachid Benzine. Enseignant et islamologue, ce dernier renouvelle le discours sur les révolutions arabes en donnant la parole à une prostituée dont le corps malmené fait symboliquement corps avec la société en révolte. Dans les pages de ce roman de désillusions tragiques, le monologue de la protagoniste donne à voir les pulsions et les hypocrisies que celle-ci ne connaît que trop bien, des violences intériorisées de la société d’en-bas qui expliquent, selon elle, la faillite programmée de la révolte de la jeunesse. (…).