SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
30 septembre 2025
LE DUR REQUISITOIRE DU MAIRE DE PAMBAL CONTRE LES INDUSTRIES EXTRACTIVES
Selon Cheikh Mbacké Dione, ces industries sont responsables de la dégradation de l’environnement, car elles exploitent les ressources depuis les années70, sans jamais réhabiliter un seul mètre-carré de terre
Le week-end dernier, au cours d’une opération de reboisement organisée par la commune de Pambal, en collaboration avec l’agence sénégalaise de la reforestation et de la grande muraille verte, les industries extractives ont fait l’objet de nombreuses accusations. Selon le maire Cheikh Mbacké Dione, ces industries sont responsables de la dégradation de l’environnement, car elles exploitent les ressources depuis les années70, sans jamais réhabiliter un seul mètre-carré de terre.
La commune de Pambal a effectué le week-end dernier une opération de reboisement dans ses zones minières. Une occasion pour son maire Cheikh Mbacké Dione d’accuser les industries extractives de dégrader l’environnement de la zone. Il estime que des industries minières viennent dans leurs localités pour exploiter le phosphate et d’autres matières premières. Mais après leur exploitation, elles s’en vont tranquillement, sans aucun réaménagement. C’est ainsi que plus de 60%des terres de Pambal, de Chérif Lô et de Mont-Rolland sont actuellement dans un très mauvais état. Depuis les années 70, dit-il, ces industries évoluent dans la zone, sans jamais réhabiliter un seul mètre-carré de terre. «Notre souhait est que le président de la République ou le ministre des Mines vienne constater de visu l’état de dégradation de l’environnement, causé par ces industries extractives», dit l’édile de Pambal.
En tout cas, la commune de Mont-Rolland, en collaboration avec les populations et l’Agence Sénégalaise de la Reforestation et de la Grande Muraille Verte, a déjà porté le combat de la reforestation en lançant une opération de reboisement. Selon le maire Cheikh Mbacké Dione, la mise en œuvre de ce programme s’étale sur une période de 3 ans.
Son objectif est de réhabiliter les 1 500 hectares abandonnés par les industries extractives et que les paysans ne peuvent exploiter pour leurs activités agricoles. Il soutient que le directeur de l’Agence Sénégalaise de la Reforestation et de la Grande Muraille Verte, Haïdar El Ali, partage ce combat. «C’est ainsi qu’il est venu passer la journée avec les populations, pour participer à la plantation de 5 000 arbres. La commune a d’ailleurs saisi l’occasion pour signer une convention de partenariat avec l’Agence d’une durée de 5 ans, pour faire en sorte que le site retrouve toute sa verdure des années 1950. C’est bien de construire des logements sociaux, d’opérer des lotissements, mais ces initiatives risquent d’être vouées à l’échec, devant les caprices de la nature. Chaque fois que la nature nous fait subir ses caprices, il y a d’énormes dégâts causés. Donc avant de penser aux logements, il faut d’abord penser à la préservation de l’environnement », dit le maire. Il considère qu’il doit exister au moins une pépinière dans chaque collectivité territoriale, pour que les populations puissent disposer régulièrement d’arbres à planter dans les maisons, les champs, les places publiques. Le site de reboisement est clôturé, avec un forage qui sera équipé avec l’appui de l’agence.
Pour lui, ces deux instruments et l’emploi qui sera créé permettront d’aller ensuite vers l’extension du projet.
HAÏDAR EL ALI DIRECTEUR DE L’AGENCE DE LA REFORESTATION : «SORTIR DU MODELE, JE PLANTE PARCE QU’IL PLEUT»
Pour Haïdar El Ali Directeur Général de l’Agence sénégalaise de la reforestation et de la grande muraille verte, l’acte est noble, d’autant plus que l’arbre donne la vie. Il poursuit : « Mais pendant longtemps, nous n’avons pas tenu compte de cela et c’est ainsi qu’il y a eu beaucoup de déboisements, avec comme conséquences le dérèglement du climat. C’est pourquoi les pluies ravinent les sols et elles ne sont plus régulières comme auparavant. » Il affirme qu’en termes de reboisement, il urge de sortir du modèle «je plante parce qu’il pleut». Il faut planter tout le temps, des plantes utiles dans les maisons, dans les forêts comme les citronniers, les anacardiers, les manguiers, les cocotiers, des avocatiers, etc. avec la garantie d’avance qu’ils seront entretenus et bien protégés. Il faut aller vers des plantes nourricières, des plantes médicinales, des plantes pour la biodiversité. Il a annoncé le projet de plantation de cocotiers sur 700 km, tout le long du littoral, de Saint-Louis à Cabrousse.
En effet, dit-il, c’est un arbre qui enrichit le sol et les populations, apporte de la plus value économique, donc un arbre économiquement et socialement très important. Il souligne que l’autre point fort qui assoit la pertinence du choix de cet arbre, c’est qu’il ne peut produire du bois, encore moins du charbon et personne ne va le couper pour chercher ces dérivés. Dans ce même cadre, un corridor sera ouvert avec le Maroc, pour la mise à la disposition du Sénégal, de palmiers dattiers. Selon Haïdar El Ali, l’environnement dans la zone de Mont-Rolland est catastrophique. C’est parce que des industriels très puissants viennent exploiter les richesses ; ils en tirent profit, mais ne rendent rien à la terre. Ils ne laissent que des cratères, des lieux dégradés et s’en vont avec les richesses. Le Sénégal a la chance d’avoir un président de la République très écolo et toutle monde se rappelle encore quand il a envoyé trois ministres, en l’occurrence ceux des Forces Armées, de l’Intérieur et de l’Environnement, pour lutter contre le trafic de bois. Il s’y ajoute ses différentes interventions avec le gouvernement gambien pour arrêter l’exportation du bois de vène vers la Chine.
LE SYTJUST INVITÉ À LEVER SON MOT D’ORDRE DE GRÈVE
Le garde des Sceaux s’est engagé "à tout mettre en œuvre pour accomplir toutes diligences à l’effet de faire payer au cours du mois de septembre 2020, un montant utile dans le cadre des primes dont la mise en œuvre pérenne
Dakar, 25 août (APS) – Le garde des Sceaux, ministre de la Justice, Me Malick Sall, a invité le Syndicat des travailleurs de la justice (SYTJUST) à suspendre la grève qu’elle conduit depuis plusieurs mois, en attendant la première réunion, jeudi, d’un comité chargé de diligenter la mise en œuvre de sa plateforme de revendications.
Selon un communiqué, le ministre de la Justice a reçu en audience, le bureau exécutif national du SYTJUST, conduit par son secrétaire général, Maître Ayé Boun Malick Diop, lundi 24 août, "de 17 heures à 23 heures 55 minutes", dans les locaux de son département.
A l’issue de cette rencontre, le garde des Sceaux s’est engagé "à tout mettre en œuvre pour accomplir toutes diligences à l’effet de faire payer au cours du mois de septembre 2020, un montant utile dans le cadre des primes dont la mise en œuvre pérenne sera assurée par un texte étudié et proposé par le comité qui tiendra sa première réunion le jeudi 27 août 2020 à 17 heures".
Selon le communiqué, ledit comité poursuivra l’étude et la préparation des projets de textes concernant les statuts des travailleurs de la Justice et l’assiette du fonds commun des greffes.
"Pour faciliter la mise en œuvre de ces engagements, le Garde des Sceaux demande au SYTJUST la suspension du mot d’ordre de grève avant la tenue de la réunion du comité prévue le 27 août 2020", lit-on dans ce communiqué.
Le SYTJUST s’est engagé "à soumettre ladite demande à sa base", rapporte le communiqué.
Il signale que cette réunion entre le ministre de la Justice et le SYTJUST s’est tenue en présence du Bâtonnier de l’Ordre des avocats, de Maître Doudou Ndoye en qualité de facilitateur, des représentants du Haut conseil du dialogue social, du représentant de l’Association des juristes africains et du secrétaire général de l’UNSAS, l’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal.
Le Syndicat des travailleurs de la justice a entamé une grève le 2 juin dernier, pour demander l’application d’accords déjà signés avec le gouvernement.
Le SYTJUST réclame notamment la publication de décrets prévoyant de nouveaux coûts dans les frais de justice, pour alimenter le fonds commun des greffes.
Les décrets prévoient également la création de nouveaux corps chez les travailleurs de la justice.
LA «SALL» GUERRE DES LIVRES
Avant Thierno Alassane Sall, Ousmane Sonko, le journaliste Pape Alé Niang, ont vilipendé la gestion du chef de l’Etat. Dans le camp des laudateurs se trouvent le ministre Abdou Latif Coulibaly et Alioune Fall
Le nouveau livre de l’ancien ministre Thierno Alassane Sall est en train de susciter plusieurs réactions dans l’espace public sénégalais. Ce brûlot confirme la tendance actuelle des hommes politiques à sortir des livres pour critiquer la gouvernance du président Macky Sall ou pour vanter ses mérites. Avant Thierno Alassane Sall, Ousmane Sonko, le journaliste Pape Alé Niang, ont vilipendé la gestion du chef de l’Etat. Dans le camp des laudateurs se trouvent le ministre Abdou Latif Coulibaly et Alioune Fall.
Le livre de l’ancien ministre Thierno Alassane Sall «Le protocole de l’Elysée, confidences d’un ancien ministre sénégalais sur le pétrole» est en train de déchaîner des passions dans le paysage politique. Si certains estiment que cette publication éclaire la lanterne des Sénégalais sur la gestion de leur pétrole, d’autres voix s’élèvent pour accuser l’ancien ministre de l’Energie de révéler des secrets d’Etat. Dans tous les cas, Thierno Alassane Sall braque son regard sur la gestion du régime de Macky Sall et «livre» sa version des faits.
L’ouvrage est en train de faire couler beaucoup d’encre et de salive eu égard à la posture de l’auteur qui était au cœur de l’Etat pendant plusieurs années. Mais force est de constater que cet ouvrage vient s’ajouter aux nombreux livres parus depuis l’avènement du Président Macky Sall. Les uns font l’apologie du Programme Sénégal Emergent (PSE) tandis que les autres critiquent la gestion de Macky Sall. Coïncidence ou ironie du sort, c’est la Maison d’édition «Les Fauves», qui a édité le livre de l’ancien ministre Thierno Alassane Sall, qui avait publié en 2017 «Pétrole et gaz au Sénégal, chronique d’une spoliation» du député et président du Pastef Ousmane Sonko. Une publication qui avait connu le même tollé que celui de TAS.
Dans ce brûlot, l’ancien inspecteur des impôts avait épinglé les entreprises avec lesquelles le Sénégal a contracté dans le cadre de l’exploitation du pétrole. A l’en croire, ce sont souvent des sociétés à très faible capitalisation, créées pour la circonstance. D’ailleurs, il avait donné l’exemple de PETRO-Tim Limited qui constitue une société à la réputation sulfureuse à l’image de son patron, l’Australo-romain Frank Timis. Il s’est désolé aussi du fait que ces entreprises soient nichées dans des paradis fiscaux. La domiciliation dans les paradis fiscaux répond généralement à un souci planifié d’échapper à tout ou partie des impôts et taxes du pays d’exercice des activités, par des mécanismes d’optimisation fiscale ou, pire encore, de fraude fiscale’’, faisait-il savoir. D’autres livres aussi sont sortis pour dénoncer la mal gouvernance du Président Macky Sall comme «Scandale au cœur de la République : le dossier du Coud» de Pape Alé Niang.
Dans ce livre, le sulfureux journaliste, s’appuyant sur le rapport de l’Ofnac, a mis à nu la mauvaise gestion de l’ancien directeur du Coud et actuel ministre de l’Enseignement supérieur Cheikh Omar Hanne. «Avec toute la modestie requise, nous avons l’obligation non seulement de participer quotidiennement au combat contre le pillage organisé de nos maigres ressources, mais aussi de démasquer le comportement de nos dirigeants véreux aux antipodes des valeurs cardinales de la bonne gouvernance», dira le journaliste comme pour motiver sa publication.
ELOGE DE L’EMERGENCE
Toutefois, le monde de la publication n’est pas simplement investi par des personnalités politiques qui critiquent le régime. Des livres sur les réalisations du président Macky Sall font aussi légion. Le dernier en date est : Sénégal, l’histoire en marche, après un septennat bien rempli, un quinquennat face aux défis de l’avenir, du ministre Abdou Latif Coulibaly.
Contrairement aux pourfendeurs du régime, l’ancien journaliste souligne dans cet ouvrage de plus de 400 pages que le PSE a conforté de nombreux citoyens sénégalais dans leurs attentes et espoirs placés dans le régime de Macky Sall. Et sur le pétrole qui est le fil rouge des deux livres du président Ousmane Sonko et de Thierno Alassane Sall, il dira dans son ouvrage : « Dans cette perspective, le chapitre consacré aux hydrocarbures se justifie pleinement ; son contenu sonne comme une mise en garde. Celle-ci concerne la trop grande tentation qu’ont certains d’entre nous de considérer la découverte de ces ressources comme un sujet anodin, à propos duquel on peut se permettre de plaisanter et de tourner en ridicule tout adversaire politique qui ne partage pas les idées qu’on a, d’affirmer une chose et son contraire, voire de calomnies, sans apporter soi-même dans les unes et les autres la moindre preuve de ce que l’on avance. » Selon l’ancien ministre de la Promotion de la Bonne gouvernance, si chacun a le loisir de formuler ses propres opinions, encore faut-il qu’il fournisse des justifications concernant des faits avérés, plutôt que de privilégier n’importe quelle conjoncture.
L’ancien du groupe Sud Communication qui avait écrit aussi en 2015 : Le Sénégal Sous Macky Sall : de la vision à l’ambition, les réalisations à mi-mandat, a essayé dans sa dernière publication de faire l’apologie de la gouvernance du Président Macky Sall. Dans le même sillage, d’autres membres de la mouvance présidentielle ont écrit des essais pour vanter les mérites du régime. C’est le cas du journaliste et ancien directeur du journal Le Matin, Aliou Fall. Ce dernier a sorti deux livres qui mettent en exergue les bons points de la gouvernance de son leader. En effet, le vice-président de la fondation Servir le Sénégal après Macky Sall, contre vents et marées, avait publié dernièrement : Macky Sall, la réponse par l’action, qui comme le premier revient sur les réalisations du président de la République qui ont changé radicalement, selon lui, le visage du Sénégal.
MOUSSA DIAW, ENSEIGNANT A L’UGB : «GENERALEMENT CES OUVRAGES SONT ORIENTES»
Analysant cette prolifération de livres toutes obédiences confondues sur la gouvernance du Président Macky Sall, l’enseignant en sciences politiques à l’UGB, Dr Moussa Diaw, pense que c’est une autre façon de communiquer. « On l’a vu avec Macky Sall sur l’ouvrage qu’il a écrit pour valoriser son passage au sommet de l’Etat. C’était quelques mois avant les élections », soutient le chercheur. Jetant un regard critique sur ces publications, dans cet entretien téléphonique qu’il nous a accordé, il a indiqué que généralement, ces ouvrages sont orientés. S’agissant des laudateurs du régime, le politiste pense que c’est pour plaire. « Tous ces ouvrages-là par exemple qui font l’éloge des choix du Président, sans aucune distanciation nécessaire, sont rangés dans ce cas de figure d’éloges, d’esprit partisan, de manque de lucidité et de réflexion parce qu’ils sont dans le système et ils ne font que défendre ce système pour plaire au chef, au prince, pour être mieux apprécié ou espérer quand même qu’on leur attribue d’autres fonctions plus valorisantes selon les cas », déclare Dr Diaw qui souligne que ce n’est pas écrit de manière objective et ça fausse au niveau de la motivation. Prenant l’exemple du ministre Abdou Latif Coulibaly, il signale que ce dernier était un homme engagé dans la vie politique, dans la société civile, se rappelant sa campagne contre le Président Abdoulaye Wade. «Et aujourd’hui, on ne le reconnaît pas dans cette position qui est emballée par l’esprit partisan et qui n’a pas une distanciation objective pour mieux analyser les choix politiques, notamment en termes de développement économique et social », s’alarme Dr Moussa Diaw. Se prononçant sur le livre du ministre Thierno Alassane Sall, il ne mâche pas aussi ses mots : « Ce que je peux noter à travers cet ouvrage qui a été récemment publié, c’est qu’on doit respecter la morale politique. On doit avoir aussi un sens de l’éthique parce quand on a assuré des fonctions importantes au sommet de l’Etat et qu’on coche dans un ouvrage le contenu des échanges, ce n’est pas normal. Il y a quand même un devoir de réserve », se désole l’enseignant qui pense que si ça touche au fonctionnement de l’Etat, il faut s’en passer. Quand il s’agit de critiquer une gestion, d’après lui, des choix politiques ou une gouvernance, c’est tout à fait normal de partager, de dire ce que l’on pense, de présenter des choses pour les améliorer. Mais, insiste-t-il, ce n’est pas normal qu’on fasse un déballage, il y a le devoir de réserve quand il s’agit d’échanges par exemple avec le président de la République sur des choses qui concernent le fonctionnement de l’Etat. Ce n’est pas normal qu’on déballe ça dans l’espace public.
«QUAND ON VEUT VRAIMENT PARTAGER, IL FAUT LE FAIRE DANS LES LANGUES NATIONALES»
Par ailleurs, il relève aussi d’autres anomalies concernant la publication de ces livres : «Le problème dans nos pays, c’est qu’il y a très peu de gens qui lisent les livres. Il y a très peu de gens qui ont accès à ces informations, constate l’enseignant. Pour lui, si ces auteurs veulent vraiment partager, il faudra le faire dans les langues nationales pour que tout le monde ait accès aux documents. Mais apparemment, regrette-t-il, c’est fait pour une certaine élite et c’est ça qui est déplorable.
ABDOU FALL SANS MASQUE
Du flottement dans la gestion de la covid-19 dans un contexte de controverse autour de l’organisation du Magal, en passant par la crise malienne et la question du troisième mandat, l’ancien ministre de la Santé n’occulte aucune question
Du flottement dans la gestion de la covid-19 dans un contexte de controverse autour de l’organisation du Magal, en passant par la crise malienne et la question du troisième mandat, l’ancien ministre de la Santé Abdou Fall n’occulte aucune question. Avec son background riche de plusieurs décennies de pratique politique de haut niveau, d’abord sous Cheikh Anta Diop, puis aux côtés de Babacar niang, l’ancien président du groupe Sopi à l’assemblée décrypte l’actualité dans cette interview avec «L’As».
«L’as » : On note une apparence de flottement dans la gestion de l’épidémie de la Covid-19. Est-ce votre point de vue?
Abdou Fall : Je ne sais pas sur quoi un tel sentiment est fondé. Car si on s’en tient aux indicateurs de performance, les résultats du Sénégal sont très honorables autant sur nos pourcentages de malades guéris que sur notre taux de mortalité qui est bien en deçà de la moyenne africaine et de la moyenne mondiale. Il faut rappeler toutefois que nous sommes devant le cas d'une crise sanitaire sans précédent dont les répercussions sont très lourdes sur la marche de la société dans son ensemble. Les questions qu’elle soulève et parfois les passions qu’elle suscite sont de l’ordre normal des choses. Les changements provoqués sont profonds et brutaux. Il nous faut faire preuve d’ouverture, de lucidité et de sérénité pour y faire face avec efficacité d’autant que personne ne sait quand ça va finir ...
Le débat se pose sur des risques de flambée en perspective du Magal et du Gamou. Cela n’est-il pas inquiétant ?
Il faut d’abord prendre acte du fait que les leaders de toutes obédiences ont répondu sans exception à l’appel du Président Macky Sall à la mobilisation nationale contre la covid-19. Ils ont participé à la campagne exceptionnelle de communication qui a contribué sans conteste sur les résultats obtenus dans la maîtrise de l’épidémie dans des limites supportables par notre système de santé. Cette dynamique doit être maintenue et soutenue. Il se pose toutefois des questions légitimes sur la meilleure manière de gérer sans gros risques à la fois le respect des mesures barrières et la reprise de l’activité économique et sociale, quand on sait la place que les obligations de l'entretien des liens sociaux occupent dans notre culture qui, dans une large mesure, se confond avec nos religions. C’est là un sujet difficile qui ne peut être traité dans le cadre d'une délibération unilatérale. La configuration propre à notre société du fait de son histoire commande une gestion tout à fait adaptée aux réalités de notre contexte socioculturel. Il est cependant remarquable de noter, en ce qui concerne par exemple le prochain Magal de Touba, toutes les mesures prises par le Khalife et les dignitaires de la communauté pour faire respecter par les fidèles les consignes particulières édictées à cette occasion. Nous avons là une excellente opportunité pour donner à la stratégie de gestion communautaire de la crise sanitaire un contenu vivant, créatif, élaboré entre les services décentralisés de l’Etat et de la santé, l’équipe de recherche de socio-anthropologie du Dr Cheikh Niang et les membres des communautés concernées….C’est dans cette approche de cogestion de la crise entre personnels de santé et les citoyens dans les terroirs que réside à mon avis la clé de la prise en charge individuelle et collective de cette crise bien difficile…
De façon récurrente, il est noté néanmoins des mouvements d’humeur parmi certains membres influents des familles religieuses. A quoi attribuez-vous ce phénomène?
Nous vivons un contexte de démocratie d’opinion caractérisé notamment par le développement des réseaux sociaux, ce qui entraîne une sur médiatisation des expressions singulières au point de donner l’impression d’une permanence de tensions dans notre environnement quotidien. Je pense qu’il faut prendre acte des expressions dans leurs diversités. Mais je reste convaincu que nous avons encore tous les atouts en main pour conforter notre statut de démocratie majeure et apaisée qui a largement fait ses preuves. Je suis toutefois de ceux qui restent convaincus que la pratique de la concertation et de la consultation des personnalités de bon conseil doit constituer de nos jours un des moyens privilégiés d’exercice d’une démocratie rénovée, de plus en plus participative et délibérative répondant au mieux à des attentes citoyennes complexes, et à la fois pressantes et exigeantes.
Parlons justement du dialogue national. On a bien l’impression qu’il est plombé depuis sa suspension pour cause de Covid.
Cette mesure de suspension se justifiait pleinement dans cette première étape de gestion de l’épidémie. Je pense maintenant, comme l'a rappelé le Président, qu’il est temps de finaliser ces travaux dans des délais précis qui lui donnent l’occasion d’en tirer les conclusions à traduire en décisions. Les urgences sont aujourd'hui très sérieuses. Elles sont dans les défis majeurs à relever dans la poursuite de la lutte contre la pandémie, la relance de l’économie, la poursuite des grandes réformes structurelles, la prise en charge des défis sécuritaires dans la sous-région. Autant de questions fondamentales qui appellent des réponses à appliquer avec rigueur, détermination et efficacité.
Le débat politique est de plus en plus animé par de nouvelles forces émergentes à l’image de Sonko et d’autres figures comme Abdou Mbaye, Lamine Diallo et des activistes comme Guy Marius Sagna... Les partis traditionnels sont comme muets... quelle lecture vous faites de cette situation ?
Je crois profondément à l’expression plurielle des opinions. Je constate simplement que les principales forces politiques du pays, le Pds chef de l’opposition parlementaire, le leader de Rewmi et de sa coalition, second à la présidentielle de 2019, constituent les deux pôles les plus significatifs d’une opposition ayant capitalisé une expérience de pouvoir qui leur donne certainement une lecture plus claire des enjeux. Je pense que c’est une des chances de notre pays d’avoir une classe politique largement dominée par des hommes et des femmes d’une grande maturité politique capables d’appréhender chaque contexte dans ce qu’il y a d’essentiel. C’est peut-être ce qui explique ce décalage notoire dans les attitudes des acteurs politiques que vous venez de citer.
Les questions sécuritaires, avec l’ampleur des mouvements armés djihadistes, se posent de façon brutale en termes de paix et de stabilité pour tous nos pays. quelle attitude face à cette situation d’une extrême gravité?
La paix et la stabilité sont en effet les conditions essentielles sans lesquelles aucun pays ne peut réussir son développement. Il suffit de promener son regard sur ce qui se passe autour de nous et â travers le monde, voir la désolation et la misère des femmes et des enfants des pays confrontés à des conflits armés pour mesurer l’étendue des responsabilités qui pèsent sur notre pays, ses dirigeants et ceux de la sous-région. Je pense sincèrement, en mon âme et conscience, que les dirigeants africains, ceux de notre sous-région en particulier, n’ont jamais été autant interpellés qu’ils le sont aujourd'hui sur la question de l’unité politique de notre continent. La réponse à la question sécuritaire au Sahel sera régionale, c’est-à-dire portée par la communauté des Etats dans cette espace, ou ne sera pas. C’est par des forces de défense unifiées que les Etats du Sahel se donneront les moyens d’éradiquer les mouvements armés extrémistes qui installent la terreur dans la plupart des pays de la sous-région. C’est en s’attaquant de front à la question politique de la force de défense unifiée que la CEDEAO consolidera son leadership d’organisation communautaire africaine d’avant-garde, impulsant du coup une dynamique d’entente politique qui ne peut manquer d’avoir un retentissement et un impact certain dans le processus d’unité politique du continent. En général, les périodes de crises sont aussi de grands moments d’opport unité. Il est temps que les intellectuels, les hommes politiques, la société civile, les travailleurs et le mouvement démocratique en général, avec le concours des médias, s’emparent de ces sujets pour en faire les bons débats dans nos pays. Les graves crises qui traversent l’Afrique de nos jours, des crises de nature à affaiblir les Etats et à exposer les nations à des risques d’implosion interpellent nos leaders sur les nouvelles vocations et missions à donner aux organisations régionales du continent. La question de l’unité politique du continent doit s’imposer à nouveau dans l’agenda de la CEDEAO et de l’Union Africaine si nous voulons réconcilier ces organisations avec l’opinion et les peuples du continent. Dans la foulée, des initiatives remarquables qu’il a prises dans le contexte de la lutte contre la covid sur l’annulation de la dette et le combat pour un nouvel ordre mondial, le Président Macky Sall a un rôle important à jouer dans l’impulsion nécessaire de nouvelles dynamiques en faveur de l’unité politique du continent.
Quelle sortie de crise pour le Mali, selon vous ?
Le Mali est aujourd'hui le concentré de tout ce que nous venons de dire sur la situation politique et sécuritaire dans le Sahel. C’est pour avoir fondamentalement échoué dans toutes les tentatives d’entente entre les parties prenantes à la crise sécuritaire, identitaire et politique que le pays se trouve aujourd'hui dans la situation particulièrement difficile qu’il traverse. Je reste convaincu encore une fois que c’est dans une entente entre les acteurs politiques et civils du pays sans exclusive d’une part, y compris la famille politique du Président IBK entre eux et le comité militaire d’autre part, et sous l’égide de la CEDEAO et de la communauté internationale que les termes d’un accord définitif et durable seront trouvés.
M. Moussa Mara, ancien premier Ministre malien, suggère le retour à un Etat fédéral entre le Sénégal et le Mali. Cela est-il pertinent ?
Venant d’un homme d’Etat de son rang, ayant exercé d’aussi importantes responsabilités dans son pays, cet appel retentit comme un message de haute portée politique et symbolique. Je l’interprète comme la manifestation d’une forte volonté de rupture dans nos approches des problèmes sérieux et graves du continent africain. Il exprime ainsi un profond sentiment de confiance dans notre pays et au Président Macky Sall, chef de l’Etat et leader de la majorité... Je retiens en dernière analyse que c’est encore une fois la CEDEAO et ses leaders qui sont interpellés dans leurs responsabilités collectives face aux défis sécuritaires et de développement de notre espace communautaire, confronté à toutes les vulnérabilités...
Les débats sur les mandats installent des pays de la sous-région tels que la guinée et la Côte d’ivoire dans une situation de tension avec de réels risques de dérapages....Quel est votre regard sur cette question d’actualité?
Entendons-nous d’abord sur ce sujet. Pas question de glisser sur le Sénégal après ma réponse pour la Guinée et la Côte d’Ivoire (rires ...)
Mais pourquoi...?
Je refuse par principe de discuter de cette question avant les prochaines élections législatives. On n’est même pas au premier anniversaire de la dernière élection présidentielle et on veut nous engager sur la prochaine présidentielle alors que ni les locales, ni les législatives n’ont encore lieu… C’est pourquoi je refuse de m’inscrire dans ce débat qui n’est pas le mien pour l’instant. Attachons nous d’abord à réaliser le programme sur lequel notre candidat a été élu en 2019. Comment participer à sa réalisation pour en faire profiter le maximum de Sénégalais, voilà mes soucis du moment...
Revenons alors à notre sujet sur la Guinée et la Côte-d’Ivoire.
Sur ces sujets, il y a des options à prendre qui relèvent de choix politiques. Deux voies peuvent être empruntées : la voie de la rue ou la voie des urnes. Celle de la rue consiste à appeler aux émeutes et à l’insurrection avec ce que cela comporte comme coûts politiques et humains, même si on "gagne"... C’est un combat de perdants pour toutes les parties en général. On ne construit pas dans la rue ! Ou bien, on choisit la jurisprudence Macky Sall comme disait le Président Aymérou Gningue dans une récente interview. On s’en tient au respect de la décision de la cour constitutionnelle. Qu’elle décide de l’invalidation ou pas, on s’assure de la fiabilité du système électoral, et on bat bonne campagne en investissant sa confiance sur les électeurs...En 2012, c’était le choix du candidat Macky Sall et de ses alliés. Sa coalition est sortie largement victorieuse de l’élection malgré l’arrêt du conseil constitutionnel validant la candidature du Président sortant... Il appartient aux acteurs politiques des pays cités d’opérer leur choix en toute souveraineté et en toute responsabilité...
ADESINA EN POLE POSITION POUR REMPILER
Contesté en interne depuis le début de l’année, ayant même l’objet de deux audits, le président Akinwumi Adesina, est pourtant en passe de rempiler pour la deuxième fois consécutive à la présidence de la Banque africaine de développement (Bad)
Contesté en interne depuis le début de l’année, ayant même l’objet de deux audits, le président Akinwumi Adesina, est pourtant en passe de rempiler pour la deuxième fois consécutive à la présidence de la Banque africaine de développement (Bad). A présent, il est l’unique candidat en lice à ce poste pour une élection qui se tiendra dans une semaine, en Abidjan (Côte d’Ivoire) lors des Assemblées annuelles.
Les mercredi 28 et jeudi 27 août prochains se tiennent les Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (Bad). A cet effet, un président sera élu pour cinq ans. Pour le moment le président sortant de la Banque africaine de développement (Bad), le nigérian Akinwumi Adesina, est en pole position à rempiler pour un nouveau mandat de cinq ans à la tête de cette institution financière panafricaine. Ce, pour être l’unique candidat en lice à ce poste.
L’élection d’un président et le dialogue des gouverneurs constituent l’ordre du jour de l’édition 2020 des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement prévues en fin de semaine prochaine à Abidjan, en mode visioconférence, lit-on sur un communiqué rendu public hier, lundi 24 août.
L’année 2020, marquant la 55ème session annuelle du Conseil des gouverneurs de la Banque et la 46ème session annuelle du Fonds africain de développement, constitue une année d’élection du président de la Banque. Elle souligne que pour la première fois dans l’histoire de la Bad, ses Assemblées annuelles seront organisées en mode virtuel, dans le respect des consignes de distanciation physique liées à la pandémie de Covid-19.
Selon le communiqué, «l’élection du gouverneur doit se tenir jeudi à travers un collège électoral constitué des ministres des Finances et de l’Economie ou des gouverneurs des banques centrales des 54 pays du continent et de 27 autres venus d’autres parties du monde». Akinwumi Adesina, premier citoyen nigérian à occuper ces fonctions, a été élu le 28 mai 2015 pour une durée de cinq ans par le Conseil des gouverneurs de la Banque, au cours des Assemblées annuelles, qui s’étaient tenues cette année-là à Abidjan, en Côte d’Ivoire.
Cette rencontre sera, par ailleurs, mise à profit par l’institution financière pour informer les gouverneurs de l’évolution des diverses activités de la Bad depuis l’édition 2019 de ses Assemblées annuelles tenues à Malabo, en Guinée Equatoriale. Ces informations porteront notamment sur la septième augmentation générale du capital de la Banque, que le Conseil des gouverneurs a approuvée le 31 octobre 2019 à Abidjan, en Côte d’Ivoire, et qui a permis d’accroître d’un montant historique le capital de la Banque, passant de 115 milliards à 208 milliards de dollars, indique le communiqué. Il rappelle qu’en décembre 2019, les donateurs du Fonds africain de développement s’étaient engagés à verser 7,6 milliards de dollars dans le cadre de la quinzième reconstitution du capital de la Banque, afin d’aider les pays les plus pauvres d’Afrique.
MALICK SALL LACHE DU LEST
S’achemine-t-on vers la fin du bras de fer entre le Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust) et le département de la justice. Tout porte à le croire
S’achemine-t-on vers la fin du bras de fer entre le Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust) et le département de la justice. Tout porte à le croire. Surtout suite, à l’audience tenue hier, lundi 24 août (de 17 heures à 23 heures 55 minutes) entre le Garde des Sceaux et le bureau exécutif du Sytjust, conduit par le Secrétaire général, Maître Ayé Boun Malick Diop.
Selon un communiqué conjoint signé par Me Malick Sall (ministre de la justice) et M. Diop, il a été convenu que le Garde des Sceaux, «s’engage à tout mettre en œuvre pour accomplir toutes diligences à l’effet de faire payer au cours du mois de septembre 2020, un montant utile dans le cadre des primes dont la mise en œuvre pérenne sera assurée par un texte étudié et proposé par le comité qui tiendra sa première réunion le jeudi 27 août 2020 à 17 heures».
L’édit ajoute que «ledit comité poursuivra l’étude et la préparation des projets de textes concernant : les statuts des travailleurs de la Justice ; l’assiette du fonds commun des greffes». Pour faciliter la mise en œuvre de ces engagements, le Garde des Sceaux a demandé au SYTJUST la suspension du mot d’ordre de grève avant la tenue de la réunion du comité prévue le 27 août 2020».
Dans sa réponse, le Bureau exécutif national du Sytjust s’est juste engagé à soumettre ladite demande à sa base. A noter que la réunion d’hier, 24 août s’est tenue en présence du Bâtonnier de l’Ordre des Avocats, de Maître Doudou Ndoye en qualité de facilitateur, des représentants du Haut Conseil du Dialogue social, du représentant de l’Association des Juristes africains et du Secrétaire général de l’UNSAS.
LA GRACE PRESIDENTIELLE, L’AUTRE POINT NOIR
Dans le cadre de la grâce présidentielle accordée chaque année, la Direction des affaires criminelles et des grâces (Dacg) est très souvent accusée de monnayer à tort ou à raison cette clémence du chef de l’état.
La justice sénégalaise est loin d’être un long fleuve tranquille. En effet, cette affaire opposant le juge Ousmane Kane, président de la cour d’appel de Kaolack contre son collègue, Yaya Amadou Dia sur fond de graves accusations qui l’ébranle actuellement dans un contexte de suspicions autour de la «mafia» de la grâce présidentielle accordée à des personnes inéligibles semble même conforté la thèse que le temple de Thémis marche ces dernières années au rythme des scandales.
Réputée un haut lieu de la réserve, la justice sénégalaise est aujourd’hui dans tous états. L’affaire opposant le juge Ousmane Kane, président de la cour d’appel de Kaolack contre son collègue, Yaya Amadou Dia sur fond de graves accusations de corruption, d’abus de pouvoir et d’immixtion sur des décisions de justice replonge à nouveau ce fleuron de l’administration publique sénégalaise dans l’abîme des mondes les plus sombres qu’il était pourtant sensé éclairé de par ses décisions bienveillantes. Et pour cause, cette affaire qui écorne gravement l’image et la sérénité de ce temple de Thémis n’est pas une première dans laquelle ses acteurs judiciaires sont pointés du doigt même si c’est la première fois qu’on assiste à une telle scène de ménage sur la place publique opposant des magistrats de haut rang.
En effet, la main bienveillante du président de la République dans le cadre de l’exercice de sa prérogative constitutionnelle relative à la grâce présidentielle accordée chaque année à la vielle des grands événements ou fêtes nationales, la Direction des affaires criminelles et des grâces (Dacg) est très souvent accusée de monnayer à tort ou à raison cette clémence du chef de l’état. Ceci en intégrant dans la liste des prisonniers qui n’étaient éligibles.
Et même si du coté de la Dacg, les responsables dont la plupart sont des magistrats continuent à nier l’existence de telles pratiques de corruption voire d’abus de pouvoir au sein de leur structure, il faut dire que leur démenti est fortement fragilisé par des cas concrets de personnes ayant bénéficié de la grâce présidentielle alors qu’elles ne remplissaient pas les conditions. Le dernier cas est celui du citoyen Guinéen condamné par un tribunal de Diourbel pour trafique de faux médicaments à Touba Belel.
Condamné à 5 ans de prison ferme par le tribunal de grande instance de Diourbel, le 4 Décembre 2018, Woury Diallo puisque c’est de lui qu’il s’agit, a été libéré en catimini alors qu’il n’avait même pas purgé la moitié de sa peine après que son nom a été glissé soigneusement dans la liste qui lui a été présentée et sur laquelle il a apposé tout naturellement sa signature. Avocat commis pour défendre des intérêts de l’Ordre national des pharmaciens dans cette affaire, Me Abdoulaye Babou dénonçant cette situation avait indiqué être certain que «le président de la République en prenant ce décret a été trompé».
Recevant les responsables de l’Ordre national des pharmaciens à la suite de l’éclatement de cette affaire lors d’une audience, le président de la République les a rassuré avoir donné des instructions à son ministre de la Justice dans le sens de l’ouverture d’une enquête pour identifier toutes les personnes à l’origine de ce qu’il avait fini de qualifier d’«acte répugnant».
Toujours dans ce registre des scandales autour des bénéficiaires de la grâce présidentielle, on peut également citer le cas d’Alassane Ouangaré Diop. Condamné pour trafique de drogue lui-aussi a bénéficié de la grâce du président de la République prévue par l’article 47 de la Constitution en 2018 alors qu’il ne était inéligible.
OMBRE AUTOUR D’UNE «AFFAIRE FAMILIALE»
Les invectives et dénigrements, sur fond d’accusation et de contre accusation de corruption entre deux magistrats, qui polluent la quiétude au temple de Thémis cachent mal des zones d’ombre.
Les invectives et dénigrements, sur fond d’accusation et de contre accusation de corruption entre deux magistrats, qui polluent la quiétude au temple de Thémis cachent mal des zones d’ombre. Surtout si l’on sait que les lettres des deux protagonistes à l’origine de ce désordre au sein de la justice (pour n’avoir fuité dans la presse que maintenant) datent du mois d’avril et sont des réponses à des interpellations internes.
La situation inhabituelle à la magistrature avec des lettres incendiaires et une conférence de presse d’un Premier président d’une Cour d’appel (de Kaolack – Ousmane Kane) pour descendre un collègue magistrat (Yaya Amadou Dia) l’ayant «accusé» de corruption dans différents dossiers et affaires connus par sa juridiction, met à nue un malaise dans un corps d’élite.
La lettre de démission du Premier président de la Cour d’appel de Kaolack de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums), adressée au président de cette structure, Souleymane Téliko, et qui s’est retrouvée dans les médias, est l’étape qui a attisé le feu. Elle fait suite à la tournure qu’a pris l’affectation du magistrat Ngor Diop, alors président du Tribunal d’instance de Podor, à la Cour d’appel de Thiès, comme conseiller. La démission d’un magistrat de l’Ums mérite-elle tout le tintamarre qu’il y a eu ? Une question qui mérite réflexion, d’autant plus qu’il ne s’agit pas d’une démission de la magistrature, mais d’une entité qui regroupe des magistrats.
Mieux, à l’issue de cette démission, le concerné a dit au site d’information Emedia qu’il n’est pas l’auteur de l’exposition de sa lettre, une courrier interne, à la place publique. «C’est vrai que ce qui aurait dû être un courrier interne a été médiatisé. Je ne sais pas qui a médiatisé. Je n’en suis pas l’auteur. Depuis, les gens ne parlent que de ça. Je voudrais dire à mes collègues que je n’ai jamais voulu médiatiser cela. C’est un courrier interne», a-t-il répondu. Et pourtant, lettre en question a été transmise à la presse par les services du ministère de la Justice. Mieux, c’est aussi le même ministère de la Justice qui a envoyé une note aux rédactions pour annoncer la tenue de sa conférence de presse au Palais de justice de Kaolack.
Une autre chose qui mérite une attention, c’est également le moment où les lettres des deux protagonistes ont fuité dans la presse. Elles datent du mois d’avril et sont des réponses à des interpellations internes. Pourquoi, quatre mois plus tard, ont-elles été portées sur la place publique ?
A signaler aussi que tout est survenu également après que l’Ums a manifesté son total désaccord à l’affectation d’un de ses membres, par une voie non indiquée pour pareil cas, annonçant même l’enrôlement d’avocats pour porter l’affaire devant les tribunaux habilités pour obtenir que cette décision ministérielle soit cassée.
LES ÉLUS TERRITORIAUX "PRÊTS" À ACCOMPAGNER L’OBJECTIF DE PLANTER 20 MILLIONS D’ARBRES
Les maires et présidents de Conseils départementaux sont "prêts" à accompagner le gouvernement pour atteindre son objectif de planter, cette année, 20 millions d’arbres à travers le territoire, a assuré lundi à Dakar, Oumar Gueye
Dakar, 24 août (APS) – Les maires et présidents de Conseils départementaux sont "prêts" à accompagner le gouvernement pour atteindre son objectif de planter, cette année, 20 millions d’arbres à travers le territoire, a assuré lundi à Dakar, le ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des territoires.
"Nous avons senti l’engagement total des maires et présidents de Conseils départementaux pour ce programme. L’objectif pour cette année, c’est 20 millions de plantes. Eh bien, les maires et présidents de Conseils départementaux sont prêts pour faire en sorte que cet objectif soit réalisé", a-t-il notamment indiqué.
Oumar Guèye s’exprimait à la fin d’une rencontre avec Abdou Karim Sall, ministre de l’Environnement et développement durable, et plusieurs élus territoriaux, dans le cadre du PSE vert.
Selon lui, cet engagement des élus territoriaux va dans le sens de la territorialisation des politiques publiques.
"Avec l’Acte 3 de la décentralisation, le président Macky Sall place la territorialisation des politiques publiques au cœur de son programme", a poursuivi le ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des territoires, Oumar Guèye.
Il a rappelé que lors du Conseil des ministres du 12 août dernier, le chef de l’Etat avait instruit son gouvernement de faire en sorte que les Collectivités territoriales s’impliquent dans le programme de reboisement au niveau national.
Selon lui, le président de la République avait lors de sa rencontre, le 10 octobre dernier, avec tous les maires et présidents de Conseils départementaux leur avait dit qu’il compte sur eux pour la mise en œuvre du PSE et de ses initiatives dans ses programmes phares.
"C’est une traduction aujourd’hui nette de cet engagement des Collectivités territoriales" pour atteindre l’objectif de planter 20 millions d’arbres à travers le territoire, a-t-il assuré.
"Ensemble, nous allons donc atteindre ces objectifs là pour que notre pays soit un pays vert que nos villes et villages soient des zones vertes. De cette manière-là, nous allons atteindre nos objectifs", a-t-il conclu.
LA JUSTICE, UN GRAND CORPS MALADE
Les accusations de corruption entre Yaya Amadou Dia et Ousmane Kane, qui ont poussé Me Malick Sall, à la saisine de l’Inspection générale de l’administration de la justice (Igaj), ne font que remuer le couteau dans la plaie d’un corps d’élite malade
Tiraillements entre magistrats, gestion des grands dossiers politico-judiciaires (affaires Khalifa Sall, Karim Wade, Aïda Diongue et du verdict de l’invalidation par la Cour d’appel de Saint-Louis de l’élection d’Aïssata Tall Sall comme maire de Podor en2014), les affaires des enregistrements entre magistrats et autres avocats, voilà autant de faits qui fragilisent la magistrature sénégalaise. Ce qui laisse croire que nous avons affaire, aujourd’hui, à un grand corps malade qui a besoin de redorer son blason.
Les accusations de corruption entre le magistrat de siège Yaya Amadou Dia et le Premier président de la Cour d’appel de Kaolack, Ousmane Kane, qui ont poussé le ministre de la Justice, Me Malick Sall, à la saisine de l’Inspection générale de l’administration de la justice (Igaj), ne font que remuer le couteau dans la plaie d’un corps d’élite malade. Depuis quelques années, la magistrature est en proie à des difficultés qui n’honorent pas la justice sénégalaise, alors que le pouvoir judiciaire devrait jouer son rôle de garant de l’application des lois de la République dans toute leur rigueur. Il est clair qu’aujourd’hui l’existence de «deux régimes de retraite» dans la magistrature en est pour beaucoup dans ce malaise qui ébranle la justice de notre pays.
Promulguée en 2017, la loi portant l’âge de la retraite du Premier président, du Procureur général et les présidents de Chambres près la Cour suprême à 68 ans, alors que tous les autres magistrats du Sénégal sont appelé à faire valoir leur droit à une pension de retraite à 65 ans, soit 3 ans de moins que les hauts magistrats, a suscité beaucoup de grincements de dents. Ce qui a fini de laisser la voie à une sorte de conflit de génération qui oppose vieux et jeunes magistrats. A ces tiraillements qui écornent l’image de la justice sénégalaise, s’ajoutent les dossiers politico-judiciaires. L’on se rappelle de l’affaire Khalifa Ababacar Sall jugé d’une célérité «extraordinaire». Ce qui laisse croire à une volonté de vouloir empêcher un candidat d’être éligible à une élection présidentielle.
A tort ou à raison ! Alors qu’il avait la possibilité de faire un rabat d’arrêt qu’on lui a refusé. Concernant l’affaire de l’ancien ministre Karim Wade, personne n’était sans savoir que la loi sur la Crei était manifestement illégale dès l’instant qu’elle ne respectait pas le double degré de juridiction et que la charge de la preuve est inversée. Ne dit-on pas qu’un acte administratif manifestement illégal n’est pas opposable ?
Parmi ces affaires qui ont éclaboussé la justice sénégalaise, ily’a également le procès d’Aida Diongue dont la sincérité du verdict rendu a fait l’objet de doutes. Le constat est donc qu’à chaque fois qu’il y a une affaire médiatico-judiciaire, la justice ne s’en est pas sortie indemne. Ce qui laisse soupçonner la prédominance et l’influence de l’Exécutif dans le fonctionnement judiciaire. Non sans rappeler l’affaire du verdit de la Cour d’appel de Saint-Louis qui avait invalidé le verdict de l’élection de Aïssata Sall à la tête de la mairie de Podor, lors des élections locales de 2014. Sur les 9 magistrats qui composaient la Cour d’appel de Saint-Louis, seuls cinq avaient siégé, les quatre choisissant de bouder l’audience pour ne pas être associés à cette décision d’invalidation de l’élection d’Aïssata Tall Sall. Cette dernière interjette appel et obtient gain de cause.
En effet, la Cour suprême a cassé le verdict de la Cour d’appel de Saint-Louis, en confirmant sa victoire. Autre dossier ayant éclaboussé le temple de Thémis, c’est l’affaire des enregistrements des magistrats et autres avocats, tout au début de la première alternance, en 2000. Aujourd’hui, n’est-il pas temps de séparer l’ivraie d’avec le bon grain pour redorer le blason de la justice sénégalaise, pan important d’une République ?