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30 septembre 2025
Par Mor FALL
AUTOPSIE D’UN MALAISE À LA MAGISTRATURE
L’un des maux de la justice sénégalaise est à rechercher dans son mode de fonctionnement qui laisse trop de place à l’Exécutif dans le fonctionnement du système judiciaire
Le 16 janvier 1998, un mémorandum signé par de jeunes magistrats et décrivant leurs conditions de vie et de travail a été déposé sur le bureau de l’Union des Magistrats du Sénégal (U.M.S) et publié dans la presse. Tout comme ces derniers temps, la situation était si préoccupante à l’époque qu’en juillet 1998, un séminaire de formation, regroupant la quasi - totalité des magistrats, a été organisé par le Centre de Formation Judiciaire en collaboration avec la Cour de Cassation et avec l’appui de l’USAID sur le thème : « Justice et transparence ». Un exercice qui avait vraisemblablement pour but de permettre aux magistrats de procéder à une introspection. Les conclusions de ce séminaire ont été rendues publiques en 1998 dans un document intitulé : « Recommandations et plan d’action pour une meilleure distribution de la justice ». 22 ans plus tard, de jeunes magistrats « créent » encore un malaise dans la magistrature poussant même un magistrat, le premier président de la Cour d’Appel de Kaolack, Ousmane Kane — démissionnaire ce mois-ci de l’UMS — à sortir de sa réserve pour fustiger, selon ses propos, la jeune garde qu’il qualifie « de jeunes magistrats insulteurs de leurs aînés». Autopsie d’un malaise…
En tant qu’institution, la Justice traverse une crise. Elle est depuis quelques années au centre d’une vaste problématique, au milieu de nombreuses polémiques. En témoignent, les procès retentissants concernant des groupes de presse, des hommes politiques ou des syndicalistes, s’il ne s’agit pas de contestations de décisions rendues en matière électorale. Un sentiment de méfiance voire de suspicion anime certains justiciables à l’égard de leur Justice, sujette à de nombreuses critiques de la part des citoyens, des hommes politiques ou des syndicalistes qui doutent de son indépendance. Des représentants du secteur privé et des bailleurs de fonds qui doutent de sa transparence et de son efficacité. Il est vrai que la Justice, telle qu’elle fonctionne, n’est pas exempte de critiques.
Les magistrats, eux- mêmes, partagent ce sentiment de malaise. Pourtant, si le débat est si vif, c’est souvent en raison non seulement des incertitudes qui entourent un système judiciaire confronté aux nouveaux défis que lui lancent une société en transition et un monde en pleine évolution, des difficultés de toutes sortes qu’il rencontre ; mais également de la nature ambiguë des rapports qu’elle entretient avec le pouvoir politique. Les magistrats ont de plus en plus mauvaise presse. Leur image est en train de se dégrader dans la société. Les milieux économiques et financiers les accusent de plus en plus ouvertement d’incompétence ou de corruption. Ou les deux à la fois. Ils sont suspectés de laxisme, voire de partialité. La justice est mise à nu !
Les garanties de la carrière et leurs limites…
Les garanties de la carrière des magistrats sont constituées par l’existence du Conseil supérieur de la Magistrature et par l’inamovibilité des magistrats du siège. Dans les deux cas, les garanties présentent des insuffisances du fait essentiellement de l’Exécutif. C’est toute l’utilité du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) qui a été institué au Sénégal par l’ordonnance du 3 septembre 1963. Il a été réorganisé par la loi organique n° 92- 26 du 30 mai 1992. Il est composé de membres de droit (le Président du Conseil d’État, le Premier Président de la Cour de Cassation et le Procureur Général près la Cour de Cassation, les Premiers Présidents des Cours d’Appel et les Procureurs généraux près lesdites cours) et de membres élus par les magistrats (trois titulaires et trois suppléants).
Les membres du Conseil sont tenus au secret professionnel. Le Conseil est présidé par le Président de la République, le viceprésident étant le ministre de la Justice. Le CSM statue sur les nominations et sur la discipline des magistrats. Lorsqu’il statue sur la nomination des magistrats, il est présidé par son président ou, à défaut, par son vice-président.
Pour toutes les nominations, l’avis du Conseil est donné sur les propositions du ministre de la Justice, après un rapport fait par un membre. Lorsqu’il siège comme conseil de discipline, il est présidé soit par le Premier Président de la Cour de Cassation s’il s’agit d’un magistrat du siège, soit par le Président du Conseil d’État s’il s’agit d’un membre du Conseil d’État, soit par le Procureur Général près la Cour de Cassation s’il s’agit d’un magistrat du parquet. Le CSM statue hors la présence du président de la République et du ministre de la Justice. Le problème essentiel qui se pose est celui de la transparence s’agissant du choix de magistrats satisfaisant aux conditions statutaires qui se portent candidats à un poste. Des magistrats critiquent le fonctionnement du CSM notamment en matière de nominations et de promotions qui ne se feraient pas selon des critères objectifs. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’un juge a suscité une grande émotion en projetant de créer un syndicat pour protester contre les décisions du CSM.
Pour les magistrats, le principe de l’ancienneté est prioritaire, mais de plus en plus nombreux sont ceux qui pensent que le mérite et la compétence doivent être les critères déterminants pour l’avancement et la responsabilisation des magistrats. Le mérite devrait être apprécié par le CSM au regard du savoir-faire et du savoir-être du magistrat considéré et à égalité, le plus ancien est promu. Il semble que la notation des magistrats ne se fasse pas dans les meilleures conditions de transparence. C’est pourquoi, il est proposé de définir des critères objectifs d’évaluation des magistrats et de sanctionner en conséquence le rendement insuffisant tout en récompensant et promouvant ceux qui sont méritants. Autrement dit, il est nécessaire d’instituer des sanctions positives du travail, de la compétence, de la rigueur morale et intellectuelle) et négatives (absence de rendement et indélicatesse) au moyen d’une évaluation et d’une notation détaillées et objectives. Il est également nécessaire d’instituer des procédures de transparence pour l’avancement des magistrats de manière à soustraire ceux qui y sont disposés à la tentation d’aliéner leur indépendance.
Dans la Loi organique n° 2017-10 du 17 janvier 2017 portant Statut des magistrats, il est écrit en son article 65 : « La limite d’âge des magistrats, soumis au présent statut, est fixée à soixante-cinq (65) ans. Toutefois, est fixée à soixante-huit ans la limite d’âge des magistrats occupant les fonctions de premier président, de procureur général et de président de chambre à la Cour suprême. Il en est de même pour les magistrats exerçant les fonctions de premier président et de procureur général d’une Cour d’appel. » Voilà, le nœud du problème qui déchire actuellement la magistrature. La prolongation de 3 ans pour certains notamment les Chefs de Cour, rend vulnérables certains jeunes. Ce, du fait que la perte de la position y donnant droit, entraîne la retraite avant terme. « C’est cela la vraie raison de ce conflit dit générationnel », nous soufflent des sources de la magistrature.
Un réservoir de magistrats et de juges réputés…
Au Sénégal, une redéfinition du rôle et de la place du pouvoir judiciaire est rendue nécessaire par l’approfondissement de la démocratie et de l’État de droit et par la libéralisation économique. En effet, la magistrature est une des institutions sur lesquelles reposent la démocratie et l’État de droit. Dans un État qui se veut démocratique, régi par la primauté du droit, la magistrature constitue un rempart contre les abus et l’exercice arbitraire du pouvoir par l’Exécutif, en même temps qu’elle protège les citoyens contre les actions illégales du gouvernement. Ce prestigieux corps a toujours composé au Sénégal d’hommes et de femmes expérimentés, d’une grande compétence, d’une grande rigueur et d’une grande intégrité. Malgré la crise qui la secoue, il faut reconnaître que le Sénégal est un réservoir de magistrats et de juristes d’excellente réputation tels M. Kéba Mbaye, ancien juge de la Cour Internationale de justice ou M. Leyti Kama, Président du Tribunal Pénal pour le Rwanda (TPR) ou de M. Seydou Ba, Président de la Cour de Justice et d’Arbitrage à Abidjan. Du côté des femmes, on peut citer Mme Mame Madior Boye, qui a d’ailleurs eu à exercer les fonctions de Premier ministre. Une dame connue pour son intégrité, sa rigueur et sa grande connaissance du droit. En sus d’eux, on peut citer un autre grand homme de la Justice comme feu Cheikh Tidiane Diakhaté, qui était un manager hors pair, un grand cœur qui recevait tout le monde, surtout les jeunes magistrats, selon certains magistrats. « Lorsque Cheikh Tidiane Diakhaté était Premier Président de la Cour d’appel, il parvenait à gérer toutes les situations », témoignent nos sources. Lesquelles pensent que « l’actuel Premier Président de la Cour suprême, Cheikh Tidiane Coulibaly, est un grand magistrat qui a ce qu’il faut pour redresser les choses. » « Si l’autorité exécutive l’appuie et le laisse gérer le corps, le Président Cheikh Tidiane Coulibaly a toutes les capacités pour réussir ce que le Président Cheikh Tidiane Diakhaté avait réussi », soutiennent nos interlocuteurs…
L’Immixtion de l’Exécutif, un frein à la liberté de la justice…
L’un des maux de la justice sénégalaise est à rechercher dans son mode de fonctionnement qui laisse trop de place à l’Exécutif dans le fonctionnement du système judiciaire. Cette possibilité d’immixtion existe à deux niveaux : à travers la gestion de la carrière des magistrats, mais également en matière pénale du fait de la subordination hiérarchique des magistrats du Parquet vis-à-vis du ministère de la Justice. Ce, dans un système de séparation des pouvoirs comme celui adopté par le Sénégal, où le Judiciaire est un pouvoir théoriquement indépendant de l’Exécutif d’après la Constitution, Charte fondamentale de notre République. Il faut reconnaitre toutefois que si l’Exécutif se permet de s’immiscer dans le Pouvoir judiciaire, c’est parce qu’il y a des gens qui lui donnent les coudées franches. Selon plusieurs de nos interlocuteurs, c’est au plus haut sommet de la magistrature qu’il faut chercher le problème. Car, plusieurs magistrats hauts placés ne défendent pas les jeunes mais essaient plutôt de préserver leurs intérêts. Surtout ceux d’entre eux placés à des positions leur donnant droit à une prolongation discriminatoire de trois ans de l’âge de la retraite ! Toutefois, il faut retenir que l’adversité entre collègues d’une même juridiction n’est pas représentative systématiquement de l’état d’ensemble du corps des magistrats...
LE HABTAL OU LA MAIN ÉTRANGÈRE DU CRIME
En droit, on dit souvent qu’il faut trois éléments pour constituer une infraction : l’élément légal, l’élément matériel et l’élément moral. Mais au Sénégal, ne faut-il pas en rajouter l’élément ‘’mystique’’ ?
Ces derniers jours, plusieurs crimes sont notés au Sénégal. Le dernier en date est celui commis par le colonel de la douane Mouhamad Sall sur sa fille. Un crime surprenant d’autant que ce dernier est décrit par son entourage comme quelqu’un de très équilibré. Une attitude qui a poussé certains à évoquer une «main étrangère» avec le «Habtal». Interrogés sur cette pratique, des guérisseurs éclairent la lanterne de nos lecteurs sur cette notion.
En droit, on dit souvent qu’il faut trois éléments pour constituer une infraction : l’élément légal, l’élément matériel et l’élément moral. Mais au Sénégal, ne faut-il pas en rajouter l’élément ‘’mystique’’ ? En effet, sur les mobiles des crimes qui sont perpétrés ces derniers jours, surtout celui du colonel de la Douane, les langues se délient pour parler d’une possibilité de «main étrangère». En tout cas, les propos que ce haut cadre de l’administration sénégalaise aurait tenus après son forfait sont démentiels : «Même si je vous explique mon acte, vous n’allez pas comprendre».
A la lumière de cet acte de barbarie commis par cet officier de la Douane décrit par son entourage comme quelqu’un de pieux et de très lucide, certains pensent aux pratiques mystiques. «Est-ce que Habtalouniouko, poste bi mou nek port dafa stratégique dé (Ndlr : ne serait-ce pas le fait d’une tierce personne ? car il occupe un poste très convoité au port)», se demandent certains Sénégalais depuis que l’affaire a éclaté. En fait, c’est quoi le «Habtal» ? «C’est un terme qui signifie pousser quelqu’un par des pratiques occultes et mystiques à faire quelque chose de blâmable», explique Cheikh Ibrahima Sow, maître coranique et guide religieux basé à Keur Massar. Et notre interlocuteur d’ajouter : «Sous l’emprise de cette pratique, l’individu ne sera conscient de son acte qu’après l’avoir commis.» Reconnaissant l’existence du «Habtal», il estime qu’au Sénégal, de nombreuses personnes sont très expertes dans ce domaine.
A l’image de quelqu’un qui a bu beaucoup de l’alcool ou fumé du chanvre indien, explique le sieur Sow, la personne victime de «Habtal» ne fait jamais le mal consciemment. Abondant dans le même sens, Serigne Makhtar, guérisseur basé à Dakar, va plus loin dans ses propos. De son avis, l’hypothèse d’une «main étrangère» dans le meurtre commis par le Douanier n’est pas à écarter. «Le Port de Dakar est la vache laitière du pays et c’est un secteur stratégique. Et parmi les gens qui y travaillent, il y en a qui sont prêts à tout pour ne pas quitter ce juteux secteur», révèle-t-il.
Dévoilant certaines pratiques mystiques qui font légion dans le pays, il ajoute : «Parfois on peut ne pas être le destinataire du «Habtal» et en être malencontreusement victime, parce qu’on n’est pas blindé mystiquement». Pour le marabout, une personne aussi influente qu’un colonel des Douanes suscite de la jalousie. «Et qu’il soit atteint mystiquement est une probabilité à ne pas exclure parce que cela existe», affirme-t-il.
Par ailleurs, il précise que contrairement à certains marabouts d’aujourd’hui qui, moyennant de l’argent, utilisent cette pratique pour détruire une personne, le «Habtal» était autrefois une arme pour se venger. «Dans les villages, les anciens n’utilisaient cette pratique que quand on leur faisait du tort et qu’ils n’avaient pas la possibilité de riposter. Ils faisaient recours au «Habtal» qui peut pousser la personne à tomber dans un puits par exemple ou à commettre un forfait qui va le faire partir de la localité», renseigne le guérisseur.
Toutefois, il demande de ne pas subordonner le «Habtal» à tous les crimes perpétrés. «Même si c’est une pratique qui existe, il ne faut pas la confondre avec les infractions commises souvent par les jeunes à cause de la drogue. Il ne faut pas généraliser le ‘’Habtal‘’ à tous les crimes, parce que la drogue et l’alcool peuvent pousser l’individu à commettre des actes incompréhensibles et répréhensibles», précise Serigne Makhtar.
L’ARTP ANNONCE LA BAISSE DES TARIFS DÉCRIÉS
Orange va introduire sur le marché de nouvelles offres alternatives dont une à dominante voix à 2 200f et une autre à dominante data à 5 500f
Orange va introduire sur le marché de nouvelles offres alternatives dont une à dominante voix à 2 200f et une autre à dominante data à 5 500f. C’est l’annonce faite hier par le directeur général de l’Autorité de régulation des Télécommunications et des postes (Artp) qui faisait face à la presse. Selon Abdoul Ly, cette décision découle de l’injonction adressée par l’Artp à la Sonatel pour demander la suspension des offres introduites le 22 juillet 2020 et fortement décriées par les organisations de consommateurs.
Les consommateurs peuvent crier victoire. Ils ont remporté le bras de fer qui les opposait à la Sonatel suite aux nouvelles tarifications de ses offres illimix. Ce, grâce à l’intervention de l’Artp qui a instruit l’opérateur de revoir ses offres forfaits. Lors du point de presse qu’il animait hier, le directeur général de l’Artp a annoncé l’introduction de deux nouvelles offres sur le marché en remplacement des deux offres objet de polémique entre les organisations consuméristes et l’opérateur de téléphonie Orange. «Tenant compte de l’injonction relative à la suspension à titre temporaire des offres décriées, la Sonatel a proposé l’introduction sur le marché de nouvelles offres alternatives dont une à dominante voix à 2 200F et une autre à dominante data à 5 500F», informe Abdoul Ly qui ajoute, en outre, que les prix des deux offres décriées sont passés, pendant la période de l’instruction des plaintes, respectivement de 1 900F à 4 500F et finalement à 2 200F pour l’offre à dominante voix avec 50 mn de communications tous réseaux en sus et une baisse du volume data. Tandis que le prix de l’offre à dominante data est passé de 5 900F à 7 500F et à 5 500F avec 3Go de data en sus et une baisse du volume de communications voix. Par ailleurs, indique le patron de l’Artp, la Sonatel, dans le but de se justifier, a soutenu que l’usage de certains services dégradent fortement la qualité de service (QoS). Pour le moment, Abdoul Ly n’a avancé aucune date sur la disponibilité de ces nouvelles offres sur la grille tarifaire de la Sonatel-Orange.
A l’en croire, l’ensemble de ces mesures devraient permettre aux consommateurs de disposer d’une large palette d’offres leur permettant d’exercer un libre choix en fonction de leurs usages et de leur budget. Par ailleurs, Abdoul Ly indique que les différents outils régulatoires mis en œuvre ont permis une baisse continue des tarifs des services de télécommunications. Ce qui, d’après lui, confère au Sénégal les tarifs les plus bas de la Cedeao et parmi les plus bas d’Afrique. «Nous saluons l’esprit de collaboration de Sonatel et remercions surtout les associations de consommateurs pour leur démarche citoyenne, le temps consacré et la compréhension face à la mise en œuvre par l’Artp des leviers de régulation nécessaires face à un contexte de pandémie», se réjouit Abdoul Ly.
LES DELEGUES RECLAMENT LA TETE DU DIRECTEUR ABOU MBAYE
En colère contre leur Directeur Abou Mbaye, des délégués du marché central au poisson de Pikine ont boycotté le lancement de l’opération de reboisement du Ministère de l’Environnement et du Développement durable.
Le marché central au poisson de Pikine est encore en eaux troubles. Des délégués du personnel et de certaines organisations de mareyeurs qui ont boycotté hier une opération de reboisement sont montés au créneau pour dénoncer la gestion du directeur et pour exiger son départ. Joint par «L’As» Abou Mbaye parle de chantage.
En colère contre leur Directeur Abou Mbaye, des délégués du marché central au poisson de Pikine ont boycotté le lancement de l’opération de reboisement du Ministère de l’Environnement et du Développement durable. Sur les raisons de leur boycott, les délégués soutiennent que les urgences du marché sont ailleurs, plutôt sur «des tintamarres» qui ne reflètent pas la réalité.
Pour l’un des délégués du nom de Mame Goor Fall, le marché central est malade de son Directeur Abou Mbaye qui est un Directeur des réseaux sociaux. «Aujourd’hui, les chambres froides sont en panne. Quand il pleut, personne ne peut accéder au marché. Les employés du marché peinent à joindre les deux bouts. Il y a du flou sur l’argent que l’Apix a donné au Directeur pour les besoins du Train express régional», dit-il. «Je vais commencer par les conteneurs où le Directeur Abou Mbaye nous avait dit que l’Apix allait dégainer 37 millions pour les recaser. Et lorsqu’il a accusé du retard et qu’on est sorti dans les médias, le Directeur de l’Apix est venu ici dans ce marché pour nous dire que c’est 75 millions au lieu de 37 millions. Et tout le monde était surpris. Ensuite, il y a le problème du mur de clôture du marché avec la traversée du Ter qui cause de l’insécurité car n’importe qui entre ici», ajoute-t-il.
Et un autre délégué, Modou Sow, de renchérir : «Nous avons aussi des interrogations sur les retards accusés dans la livraison des chantiers de la mosquée et des restaurants du marché dont le coût est estimé à 114 millions. De plus, il y a l’insécurité sur les espaces où sont installés les conteneurs avec les branchements électriques non sécurisés». Quant au délégué Mohamed Sylla, il réclame l’audit du marché et le départ du Directeur Abou Mbaye pour avoir, selon lui, montré ses limites. «Nous avons parlé au ministre des difficultés qui affectent le marché et dont la responsabilité incombe à Abou Mbaye qui doit partir. Car le marché est malade et doit être audité», a fait savoir Mohamed Sylla. «Le Directeur souffre d’une énorme carence. Il ne peut même pas gérer une garderie d’enfants. Sur ce, nous réitérons son éviction par le ministre de tutelle. Car pour preuve, le Directeur a sorti une circulaire dans laquelle il nous informe d’un congé non payé de 10 jours. L’usine de glace est en agonie, la maintenance n’est plus de mise», enfonce Seynabou Ndao.
ABOU MBAYE, DIRECTEUR DU MARCHE AU POISSON «LES DELEGUES FONT DU CHANTAGE»
Joint au téléphone, le directeur Abou Mbaye charge ses détracteurs. «C’est un mauvais procès. Seynabou Ndao qui parle veut être secrétaire alors qu’elle n’a pas le niveau du Cfee. Les délégués font du chantage. Ils veulent que je leur donne chaque mois 75 mille francs, j’ai refusé. Je ne suis pas là pour des intérêts personnels. S’ils me déclarent la guerre, ce n’est pas une nouveauté. Si je faisais une gestion malsaine, on allait me faire partir depuis fort longtemps. Le marché n’a pas d’argent, tu ne dors pas. Tu n’as pas une vie de famille. Le marché n’a pas de budget et fonctionne sur la base de recettes. Le marché n’a pas de statut. C’est pourquoi je ne peux faire de bulletin de salaires, ni de versements de l’Ipres. J’appelle donc les gens à savoir raison garder. Sur l’argent de l’Apix, j’ai fait les comptes avec les documents précis sur les dépenses. Donc, ces gens se versent dans des attaques inutiles.»
LE FORUM CIVIL DIT COMMENT REDORER LE BLASON DE LA JUSTICE
Les accusations et contre-accusations de corruption entre deux magistrats démontrent le profond malaise qui prévaut au sein de la magistrature
Paralysé depuis plusieurs mois par la grève du Sytjust, le secteur de la justice est éclaboussé dernièrement par des accusations de corruption entre les magistrats Yaya Amadou dia et Ousmane Kane. Face aux risques réels de discrédit qui pèsent sur la magistrature et pour préserver la confiance des citoyens en leur justice, le forum Civil a recommandé à l’Etat d’engager un certain nombre de réformes.
Les accusations et contre-accusations de corruption entre deux magistrats démontrent le profond malaise qui prévaut au sein de la magistrature. D’autant que les juges Yaya Amadou Dia et Ousmane Kane étalent leur différend sur la place publique. Des bisbilles qui ont fait jour après la démission du 1er président de la Cour d’Appel de Kaolack, Ousmane Kane, de l’Union des Magistrats du Sénégal (Ums). Le juge Kane s’offusquait dans sa lettre de démission de l’indiscipline et de l’impolitesse inacceptable de ses jeunes collègues. A cela s’ajoutent les conditions d’affectation du juge Ngor Diop qui officiait comme Président du Tribunal de Grande Instance (TGI) de Podor. Outre ces crises, il y a aussi la grève du Syndicat des Travailleurs de la Justice (Sytjust) qui a paralysé le secteur. Tous ces faits risquent d’entacher fortement l’image de la justice sénégalaise. C’est dire que le ministère de la Justice a du pain sur la planche pour redorer le blason du système judiciaire.
Revenant sur cette affaire qui a mis la magistrature à rude épreuve, notamment sur la suite à donner à ces graves accusations publiées qui ont défrayé dernièrement la chronique, le Forum civil a appelé l’Etat à mener des réflexions sérieuses dans le but de restaurer la crédibilité de la machine judiciaire.
A cet effet, Birahime Seck et Cie ont demandé au président de la République d’engager une réflexion pour une révision de la loi relative au relèvement de l’âge de la retraite concernant les magistrats, dans le sens de restaurer l’équité et l’égalité entre les magistrats afin d’éviter l’exacerbation des frustrations nées du sentiment de discrimination engendrée. Mais également de veiller au respect des règles et procédures relatives à l’affectation des magistrats, d’entamer la réforme pressante du Conseil Supérieur de la Magistrature pour la sécurité de la carrière de magistrat et la garantie de l’affirmation de l’indépendance de la Justice. Et enfin, de trouver une solution d’apaisement sur le différend opposant le Sytjust et le ministère de Tutelle.
Dans ses propositions de sortie de crise, le Forum Civil, section sénégalaise de Transparency International, a demandé au garde des Sceaux de garantir la crédibilité de l’enquête qu’il a commanditée et confiée à l’Inspection Générale de l’Administration de la Justice (Igaj), et de ne pas faire obstacle à la dimension judiciaire de l’affaire opposant les juges Kane et Dia par un refus d’autorisation de poursuivre.
Par ailleurs, Birahime Seck et Cie invitent le procureur de la République à s’autosaisir sur l’affaire opposant les juges Ousmane Kane et Yaya Amadou Dia, au-delà de l’enquête administrative décidée par le garde des Sceaux et menée par l’Inspection Générale de l’Administration de la Justice (Igaj). Et aux magistrats siégeant au Conseil Supérieur de la Magistrature, le Forum Civil leur demande de respecter les procédures retenues par la règlementation pour la consultation à domicile.
2 NOUVEAUX DÉCÈS ET PLUS DE 4000 PATIENTS SOUS TRAITEMENT
La courbe de la pandémie au Sénégal ne fléchit pas. Ce jeudi, le Directeur de la prévention, El Hadji Mamadou Ndiaye, faisant le point de la situation du jour a annoncé 108 nouveaux patients testés positifs sur un échantillon de 1242 tests réalisés.
La courbe de la pandémie au Sénégal ne fléchit pas. Ce jeudi, le Directeur de la prévention, El Hadji Mamadou Ndiaye, faisant le point de la situation du jour a annoncé 108 nouveaux patients testés positifs sur un échantillon de 1242 tests réalisés, soit un taux de positivité de 8,70%.
Il y a 59 cas contacts suivis et 49 cas communautaires. Les cas communautaires proviennent des localités notamment Kaolack et Ziguinchor qui ont, chacune, enregistré 5 cas. Les localités telles que Nord Foire, Pikine Tamba, et Tivaouane, ont, chacune, enregistré 3 cas. Quant à Fatick, Mbour, Nioro, Rufisque et Dieupeul, ces communes ont comptabilisé, chacune 2 cas communautaires. Là où Fass, Grand Dakar, Guédiawaye, Keur Massar, Kolda, Les maristes, Mbao, Médina Ngor, Ouakam, Scat-Urbam, Sokone, Thiès, Vélingara, Yeumbeul et Yoff comptent, chacun, 1 cas communautaire.
Le directeur de la prévention a annoncé que 122 patients ont été contrôlés négatifs et déclarés guéris. Il y a eu, cependant 43 cas graves et 2 nouveaux décès. A ce jour, 13294 cas ont été déclarés positifs dont 8974 guéris, 277 décès et 4042 sous traitement. Le ministère de la Santé et de l’Action sociale exhorte les Sénégalais à respecter les mesures barrières individuelles et collectives.
L’ISRA INSTALLE UN PARC D’INNOVATIONS AGRICOLES A THIES
Pour l’introduction de nouvelles variétés agricoles dans le système de production nationale, le Centre régional d’Amélioration de l’Adaptation à la Sécheresse (Ceraas) de l’Iisra, a installé à Thiès un parc d’innovations agricoles dénommé Technology park
Pour l’introduction de nouvelles variétés agricoles dans le système de production nationale, le Centre régional d’Amélioration de l’Adaptation à la Sécheresse (Ceraas), un démembrement de l’institut Sénégalais de recherche Agricole (isra), a installé à Thiès un parc d’innovations agricoles dénommé «Technology park». il était la grande attraction à l’occasion de la tournée d’échanges et de partage sur des activités de recherche et de formation en cours, intitulée «école d’hivernage».
L’Institut Sénégalais de Recherche Agricole (Isra) organise chaque année des journées de pré-programmation. Il s’agit d’une tournée d’échanges et de partage sur des activités de recherche et de formation en cours et intitulée «École d’hivernage». En effet, il est établi que malgré la multitude de recherches déjà développée, l’adoption et la mise en œuvre par les producteurs restent à un niveau encore très faible, évalué à moins de 30%.
Selon Ndjito Ardo Kane Chercheur à l’Isra et Directeur du Centre Régional d’Amélioration de l’Adaptation à la Sécheresse (Ceraas), à travers ces journées, il s’agit de partager les activités de recherches et les résultats, avec les partenaires techniques et financiers. Il s’y ajoute l’objectif de « discuter avec eux pour voir s’il n’y a pas de nouveaux besoins de recherche, pour répondre aux préoccupations des populations». Ces dites journées sont étalées cette année sur une semaine, «pour aller vers les producteurs pour voir les raisons de l’utilisation ou de la non-utilisation des produits de nos innovations». C’est pourquoi il est prévu d’organiser des visites guidées qui regrouperont tous les paysans de la zone, pour leur faire observer la différence entre la pratique paysanne traditionnelle et les innovations mises au point par la recherche. Ces journées mèneront cette année les ingénieurs agronomes à Thiès, à Kolda, en passant par Bambey, Nioro, Séfa, Kaffrine Kaolack, Tambacounda. La tournée a été lancée à Thiès où la grande attraction a été le parc d’innovations agricoles dénommé «Technology Park», installé par le Ceraas, un démembrement de l’Isra. Il est installé sur une ferme de 20 hectares et financé par le Ceraas et l’Université du Kansas aux Etats-Unis, pour une durée de 5 ans.
De nouvelles variétés agricoles y sont développées par les techniciens et leur itinéraire technique est scrupuleusement suivi, comparativement à celui des variétés traditionnelles qui cohabitent avec les nouvelles. Selon Aliou Faye, responsable du parc technologique, il y a «trois variétés de mil (‘’taaw’’, ‘’yaakaar’’, ‘’rafet kaar’’), cinq variétés de sorgho, neuf d’arachide, sept de niébé, 13 variétés de sésame, dont cinq homologuées au Sénégal. Ce sont des semences qui présentent des avantages comparatifs en termes de rendement, de qualité nutritionnelle pour l’alimentation humaine et de production de biomasse pour le fourrage». Il annonce par ailleurs que dans l’avenir, 23 autres innovations ont été identifiées et qui tiennent compte de toute la chaîne de valeur des cultures, de la production à la consommation en passant par la transformation. Il suffit de jeter un regard sur le parc, pour se rendre compte d’un plus grand développement de la fane, au niveau des nouvelles variétés d’arachide.
Aux yeux des techniciens, c’est ce qui sera démontré aux paysans, d’autant plus que la production arachidière ne concerne plus seulement les gousses, mais il y a aussi la fane qui constitue un véritable trésor. Et cela constitue en tout cas un critère de choix pour les paysans. D’où à leurs yeux, la nécessité du changement de paradigmes, qui est en train de s’opérer dans la recherche. Ndjito Ardo Kane, directeur du Ceraas, ajoute : «Quand on parle de mil à double usage, c’est parce que nous sommes dans un contexte de pays semi-aride, où la nourriture des animaux pose problème à un certain moment. C’est une des raisons pour lesquelles la recherche se focalise maintenant sur ces variétés à double usage. Il s’agit de faire en sorte qu’il y ait une bonne production de graines pour la nourriture humaine, mais aussi d’une bonne production de biomasse pour la nourriture des animaux. Ce changement de production est devenu une réalité car dans le Nioro, il a été noté l’exemple d’un fonctionnaire qui a donné une somme de 300 000 Fcfa à un paysan. Et le contrat est que le paysan cultive et après la récole, il prend les graines et le fonctionnaire la fane, autrement dit le foin. D’ailleurs tout le monde a constaté qu’avant la tabaski, le prix du sac de foin pouvait atteindre les 5 voire 6 000 Fcfa. D’où la pertinence de l’investissement de la recherche sur les variétés à double usage. On a commencé par ces variétés mais au fil du temps, on va introduire d’autres innovations.»
Sidy GAYE
NON, L’ARMEE N’EST PAS UN RECOURS
Cette chronique de 1999 a le mérite de rappeler que nul militaire « n’a la faculté d’offrir la liberté à un peuple », relevant au passage que les fonctions et rôles des institutions républicaines sont clairement définis dans les textes fondamentaux
Actualité au Mali oblige ! Nous vous proposons cette chronique de Sidy Gaye publiée, jeudi 30 décembre 1999, dans les colonnes de Sud Quotidien. Elle a le mérite de rappeler fortement que nul militaire « n’a la faculté d’offrir la liberté à un peuple », relevant au passage que les fonctions et rôles des institutions républicaines sont clairement définis dans les textes fondamentaux. 21 après, elle garde toute sa pertinence.
L’accueil enthousiaste qui a été réservé, à ce jour, au coup de force intervenu le vendredi 24 décembre en Côte d’Ivoire, est révélateur d’un état d’esprit, qui devrait plutôt donner froid, au dos de tous les démocrates.
Les réactions, délirantes même par endroits, émanant depuis près d’une semaine, de la Côte d’ivoire et de la sous-région, quasiment de toutes les couches de l’opinion publique, devraient alimenter par ailleurs d’aussi amples inquiétudes chez tous ceux qui s’investissent quotidiennement, pour faire progresser la citoyenneté et l’esprit civique dans nos espaces républicains en voie d’édification. Que des badauds et des adolescents, pas encore au fait des implications et enjeux véritables des crises socio politiques de leur environnement immédiat ou lointain, puissent chercher en désespoir de cause, leur bonheur et leur salut dans de tels raccourcis, peut parfaitement se comprendre. Un tel abrégé des processus politiques qui avait fortement séduit les premières générations d’africains, du temps des putschs à répétition, peut même s’excuser, aujourd’hui encore, chez cette tranche majoritairement jeune de la population, le temps des désillusions liées aux indispensables phases de maturation.
Mais, que des militants avisés des droits de l’homme, des leaders de partis (à commencer par la classe politique ivoirienne accourue aux pieds des militaires), des intellectuels et des esprits parmi les plus brillants de la sous-région, en arrivent dans leurs bureaux, leurs voitures, leurs salons, les mosquées, les clubs de rencontres, les colonnes des journaux et les ondes des radios, à se féliciter de « ce qui est arrivé en Côte d’Ivoire », dépasse tout simplement l’entendement et fait gravement désespérer des plus sérieuses promesses de ces dernières années.
Naturellement, compte tenu de cette extrême personnalisation des expériences, opinions et attitudes que nous dicte notre culture, il urge, avant tout argumentaire, d’évacuer clairement et définitivement une question majeure. Qu’on s’entende bien ! Nous ne nous voulons nullement l’avocat du diable, en prenant, on ne sait pour quelle sympathie, la défense d’Henri Konan Bédié, un piètre homme politique qui, lui-même, n’avait pas trouvé mieux pour succéder à Félix Houphouët Boigny, qu’un vulgaire coup d’Etat médiatique pour s’imposer à ses compatriotes en les mettant devant le fait accompli.
Ce procédé édifiait déjà largement sur la haute idée qu’il avait de ses ambitions personnelles et le peu de cas qu’il se faisait de la Cour suprême ivoirienne et des autres institutions républicaines ayant normalement en charge, la transmission du pouvoir, en de telles circonstances. Le nouvel homme fort Robert Guei non plus, ne nourrit en nous aucune forme d’antipathie et ne saurait être taxé d'aucune tare rédhibitoire surtout pas, par le seul fait qu’il porte la tenue militaire.
Bien au contraire, ces qualités d’armes ne sont certainement pas étrangères à l’extrême retenue, la sérénité aussi rassurante que contagieuse du meneur d’hommes, le sens de l’honneur et des responsabilités dont il a su faire preuve en acceptant de prendre en charge, puis en pilotant, sans aucune effusion de sang, dans un contexte social aussi déboussolé que celui laissé par le Président Félix Houphouët Boigny et son premier successeur, la redoutable sédition de jeunes insurgés surexcités. Ce qui préoccupe dans le cas d’espèce, est autrement plus important que l’alignement partisan sur l’un ou l’autre de ces deux sous-produits du système Houphouët. Il tient plutôt en une seule question qu’il me plaît de poser à chaque lectrice et chaque lecteur.
Peut-on imaginer un seul instant, que le peuple de France, d’Allemagne ou de Grande Bretagne puisse, en cette fin de siècle, attendre son salut d’un coup d’Etat militaire, quelles qu’en soient les raisons profondes, les justifications apparentes ou les éléments potentiels de légitimation a posteriori? Qu’aucune esquive ne convoque ici, une quelconque différence entre ces peuples et nous. Que personne, n’entreprenne, au risque de légitimer toutes les thèses racistes sur les « démocraties tropicales » et les théories « étapistes », hautement paternalistes, de nous expliquer un soit disant fossé, entre le niveau de conscience des peuples africains et européens en situation. Même à vouloir réduire, par commodité, nos sociétés à ses seules couches les plus arriérées, aucun argument ne fera croire cependant que nos brillants universitaires, hauts fonctionnaires et leaders de partis qui ont entrepris depuis vendredi, de légitimer ce coup de force, ont un niveau de conscience moins élevé que celui du boulanger français, de l’ouvrier industriel allemand ou du pêcheur écossais. Pourquoi alors ce petit peuple d’Europe, souvent inculte à souhait, récuserait-il, ce que nos plus brillantes intelligences, qui ont achevé leur commerce avec tous les courants de pensées de ce siècle, toléreraient aujourd’hui encore, sans gêne aucune, dans notre sous-région ?
La vérité, on ne nous l’a pas encore dit parce que justement, elle est aussi acerbe qu’interpellatrice. Elle gît précisément dans cette forme de renoncement, ce suicide intellectuel, cette démission collective des élites. Elle cultive et entretient si habilement cet esprit d’éternel assisté, ce culte de la gratuité et du combat par procuration qui, décidément, ne nous feront rien dédaigner. Puisqu’en fait, en approuvant, même avec quelques réserves, de tels putschs, qu’est-ce qu’on demande concrètement à nos militaires ? Rien moins que de venir faire notre boulot, après avoir fait le leur, tout notre boulot et à notre place. Les Républiques modernes s’articulent sur des institutions dont les fonctions et rôles sont généralement très clairement définis dans nos textes fondamentaux.
A l’armée la sécurité des citoyens, la charge de la défense de nos territoires, et de l’intégrité de nos Républiques. A la justice et à ses différentes cours, l’arbitrage des contentieux pouvant intervenir entre les citoyens, entre ces institutions ou entre l’une et l’autre des deux entités. Qu’on nous dise un peu où était la justice ivoirienne quand Bédié se donnait tous les pouvoirs pour défigurer la Côte d’Ivoire au point de faire trembler de peur toute la sous-région ? Où étaient juges et magistrats ivoiriens quand leur collègue Zorro Epitaphe, le seul à oser assumer ses responsabilités, les interpellait directement, les yeux dans les yeux, les invitant sur un ton pathétique, à se ressaisir, alors qu’il est encore temps, pour justifier leur fonction sociale et surtout, ne pas donner gratuitement à un despote aveuglé par la louange, les outils juridiques de ses forfaitures ? Tous étaient là présents, mais complétement aplatis devant le pouvoir d’Etat, asservis à souhait et malléables à volonté. Comme partout dans toute la sous-région -exception faite du Bénin- où la justice pour voleurs de poulets, injuste et servile, constitue le plus gros obstacle à la Démocratie, elle rasait les murs et rampait devant les faveurs. Pourquoi croirait-on alors, que la seule magnanimité d’un militaire rendrait subitement, comme par miracle, leur dignité à de tels juges ? Dusse-t-on décalquer les textes les plus avancés des républiques les plus modernes, à leurs avantages, ils n’y trouveraient que de nouvelles opportunités de sévir, pour se servir et servir. Aucun militaire, aucun messie quel qu’il soit, n’a la faculté d’offrir la liberté à un peuple. Elle ne se donne pas. Elle se conquiert par ceux qui en éprouvent le plus grand besoin. Elle se préserve ensuite. Ceux qui la reçoivent en cadeau tombé du ciel, fut-il au détour d’un putsch souhaité, ne peuvent guère en mesurer la valeur et n’en font que le plus mauvais des usages possibles. Pétitions de principes bien éloignés des urgences de la réalité que tout cela ? Que ceux qui doutent encore de l’hérésie de ces putschs, se rapportent avantageusement au contexte Bissau Guinéen actuel.
Où est Ansoumana Mané ? Ce pragmatique qui n’a pas été à l’école occidentale en est d’autant plus redoutable. Il a vite fait de tirer leçon de toute l’expérience qu’il a traversée avec ses troupes. Il l’a capitalisée aujourd’hui sous la forme d’un pacte qu’il propose avec insistance depuis trois mois, a une classe politique Bissau Guinéenne médusée. Ce pacte tient en quelques mots. Puisque vous n’êtes pas assez majeurs pour régler de vous-mêmes vos problèmes, puisque chacun de vous se dérobe devant ses responsabilités au point de faire appel à nous pour arbitrer vos contradictions, qu’on mette, noir sur blanc sur papier, que moi Ansoumane (et ceux que je représente) suit désormais l’arbitre du jeu politique du pays, le dernier recours qui peut intervenir désormais légitimement à tout moment, sans que ses toubabs noirs n’aient plus d’argument pour me combattre, me traiter de putschiste et traîner mon honneur dans la boue. Daouda Malan Wanké qui a éliminé, fait ou laissé éliminer à l’arme lourde un autre putschiste, Barré Mainassara, ne dit pas le contraire dans les dispositions scélérates d’impunité qu’il a fait légitimer par la nouvelle constitution nigérienne. Tous deux ouvrent la voie demain, à Robert Guei. Jusqu’où et jusqu’à quand ? Regardez-vous souvent la télévision ces derniers jours ?
Arrêtez vous plus longuement sur l’image de ces Françaises et Français, de tous âges et de toutes conditions, qui stoïquement, manches relevées et pelles aux mains poncent et décapent les plages bretonnes de leurs énormes plaques de mazout échappées du naufrage de l’Erika ! Point d’appel à l’aide ou de misérabilisme ! Tous, dans un seul élan, se préoccupent de faire face, même les mains nues. Tous entreprennent de régler juridiquement et s’il le faut politiquement, son compte à la compagnie Totalfina coupable à leurs yeux, d’avoir affrété contre leur sécurité, le navire qu’il ne fallait pas. Même attitude d’auto-assumation, face à cette tempête, la plus violente de ce demi-siècle, qui les frappe de plein fouet. Qu’aurions nous fait ici, si ce n’est de détourner le regard, d’appeler à l’aide et d’attendre tranquillement un messie ? Ce qui nous manque le plus cruellement, ce ne sont pas les moyens ou les richesses qui servent d’alibis et de paravents, mais c’est la courage de faire face, de nous prendre nous-mêmes en charge, d’affronter nos problèmes au lieu de les différer, d’assumer et de nous engager plutôt que de démissionner en nous réfugiant derrière Dieu ou le premier messie. Notre bonheur, individuel et collectif en sera retardé d’autant !
In Sud Quotidien du Jeudi 30 décembre 1999.
LES PREMIERES LEÇONS DE LA COSYDEP
Une semaine après l’organisation de l’examen du CFEE et du concours d’Entrée en Sixième, mais aussi à une semaine du BAC, l’année scolaire 2020-2021 tire inexorablement vers son dénouement.
Une semaine après l’organisation de l’examen du CFEE et du concours d’Entrée en Sixième, mais aussi à une semaine du BAC, l’année scolaire 2020-2021 tire inexorablement vers son dénouement. De nombreuses contraintes ont été ainsi surmontées et des sacrifices immenses consentis par les acteurs et partenaires dans le processus de reprise des enseignements apprentissages. La COSYDEP livre ainsi les premiers enseignements tirés d’une éducation face à la Covid-19 dans une note dont une copie est parvenue à notre rédaction.
«Outre les conditions périlleuses de voyage des acteurs, un temps d’apprentissage insuffisant, des déplacements difficiles en hivernage, des mesures draconiennes sur le chemin de l’école et à l’école, nos vaillants enseignants et élèves ont affronté, avec courage et détermination, les épreuves d’examen.» C’est du moins l’avis de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (COSYDEP).
Les conséquences de cette situation sont, entre autres, selon la COSYDEP, «des centres et salles d’examen, envahis par les eaux de pluies, et des erreurs signalées dans les épreuves de mathématiques. De tels incidents rendent problématique le respect des principes d’équité et d’égalité des chances auxquels la coalition attache une haute importance». Pourtant, indique la note, les acteurs de la société civile n’ont jamais cessé, depuis la reprise des cours, d’appeler à la vigilance, à la rigueur et à la prévoyance.
Ainsi, dans ses contributions antérieures, la COSYDEP est revenue à plusieurs reprise sur notamment : «les dispositions alternatives à prendre pour éviter les risques liés aux aléas de l’hivernage connaissant l’état du réseau scolaire. L’option d’écarter du dispositif tous les établissements à risques d’inondation, identifiables à partir des divers outils d’aide à la décision tels que la cartographie réalisée par la COSYDEP sur les écoles inondables, en plus de l’exploitation des données météorologiques ; l’attention que les décideurs doivent porter sur le choix, la stabilisation, l’administration et la correction des épreuves afin d’éviter tout désagrément».
Toutefois, compte tenu de ces signaux, la COSYDEP recommande fortement aux autorités : «d’apporter une réponse à l’incident pédagogique constaté, sans porter préjudice aux candidats déjà exténués ; de tirer toutes les leçons de cette expérience afin que les examens en vue (BAC et BFEM) ne connaissent aucun incident (fuite, fraude, erreurs) ; de mettre en œuvre, de façon concrète, l’académisation du système en particulier l’adaptation du calendrier scolaire et l’organisation du CFEE, en cohérence avec les principes de la déconcentration et de la décentralisation de l’éducation ; d’établir un bilan complet de la reprise des enseignements et des résultats des examens certificatifs tout en anticipant sur les difficultés qui pourraient perturber la prochaine année scolaire.»
MANSOUR FAYE À LA PEINE
Les pièces justificatives des dépenses engagées sur les 69 milliards destinés à l’achat de l’aide alimentaire d’urgence dans le cadre du programme initié en début de la pandémie du coronavirus ne sont toujours pas disponibles
Alors que la dernière rencontre entre les membres du Comité Force Covid 19 et le ministre a bouclé hier mercredi, son troisième mois, jour pour jour, Mansour Faye et son équipe peinent toujours à livrer leur rapport d’activités comme le demandent certains membres de ce comité. Les pièces justificatives des dépenses engagées sur les 69 milliards destinés à l’achat de l’aide alimentaire d’urgence dans le cadre du Programme de résilience économique et sociale initié en début de la pandémie du coronavirus ne sont toujours pas disponibles.
Le ministère du Développement communautaire, de l’Équité sociale et territoriale, piloté par Mansour Faye, rencontre-t-il des difficultés pour justifier les 69 milliards mis à sa disposition par l’Etat, pour l’achat de l’aide alimentaire d’urgence au profit des populations les plus vulnérables , dans le cadre du Programme de résilience économique et sociale initié en début de la pandémie du coronavirus ?
Cette question mérite d’être posée. Alors que la plupart des autres départements ministériels impliqués dans la gestion des 1000 milliards de FCFA dégagés pour financer ce programme de résilience ont déjà, sans tambour ni trompette, remis entre les mains du Comité de suivi de la mise en œuvre des opérations du Comité Forces Covid 19 tous les justificatifs de leurs dépenses, le ministre Mansour Faye, selon quelques indiscrétions au sein de l’équipe du général François Ndiaye, n’a toujours pas fourni son rapport d’activités. Et ce, trois mois, jour pour jour, après leur dernière rencontre qui s’était tenue le 26 mai 2020.
A cette occasion, Mansour Faye et ses collaborateurs s’étaient tout simplement contentés de faire des présentations en mode diaporama de leurs dépenses, tout en se gardant de remettre une seule copie d’un document aux membres de Force Covid-19.
Pourtant interrogé hier, mercredi 26 aout, sur la situation de ce rapport, Ndiogou Diouf, Secrétaire permanent du Comité de pilotage du programme de suivi au ministère du Développement communautaire et point focal dudit ministère au niveau du Comité Force Covid-19 réfute l’information selon laquelle, leur ministère n’a pas encore remis son rapport d’activités à l’équipe du général François Ndiaye. «A chaque fois qu’il y a réunion du comité, un rapport de situation est transmis au comité avant d’être lu devant tous les membres. En tant que représentant du ministère, j’ai toujours présenté un rapport de situation concernant l’objet de la rencontre. Les mails, les drafts sont là pour confirmer ce que je dis», a-t-il assuré.
Poursuivant son propos, il a également indiqué que plus de trente documents ont été envoyés depuis le début des travaux du Comité Force Covid-19. «Un rapport avec toutes les présentations effectuées par nos différents directeurs qui avaient pris la parole lors de la rencontre entre notre ministère et le Comité Force Covid-19 le 26 mai dernier a été également remis au Commandant Sylla qui est chargé de l’information», a-t-il informé.
Et de préciser : «Quand, il y a eu aussi cette demande insistante de rapport par un membre du Comité, j’ai enregistré dans une clé usb tous les éléments d’informations que j’ai remis au comité lors de la dernière réunion du 20 août et j’en ai tenu informé tous les membres». Se démarquant des propos de son collègue Ndiogou Diouf, Mohamet Massamba Sèye, rapporteur de la commission renforcement de la résilience des populations, corrobore plutôt la version de notre source.
Précisant qu’il reçoit en sa qualité de rapporteur toutes les copies des documents justificatifs destinés au comité, il a assuré que l’unique copie de document venant du ministère de Mansour Faye et qui lui a été transféré depuis leur rencontre du 26 mai est un mail reçu hier, aux environs de 17 heures. Ce dernier contiendrait des documents relatifs à l’état des lieux des dépenses effectuées. Autrement dit, le nombre de tonnes des denrées commandées et les bénéficiaires. «Après notre dernière rencontre tenue le 26 mai dernier, on est restés trois à attendre qu’ils nous envoient leur rapport.
Le comité Force Covid-19 a été créé à cause de la polémique qui a suivi le choix des fournisseurs retenus par ce même ministère et aujourd’hui, c’est encore eux qui traînent les pieds. Dans le mail reçu hier, il n’y avait aucun justificatif de dépenses, ils nous ont seulement envoyé les listes des achats», a-t-il martelé.
Par ailleurs, confirmant que leur dernière rencontre date, comme l’a indiqué Ndiogou Diouf du jeudi 20 août dernier, le rapporteur de la commission renforcement de la résilience est formel : «Lors de cette rencontre, nous avons examiné et validé le rapport à mi-parcours de nos travaux. Jamais, on n’a été informé du dépôt d’un quelconque rapport venant de quelque ministère que ce soit. Je ne sais pas ce que nous cache le ministère et qui le protège au point qu’il tarde encore à nous remettre son rapport de travail. Je peux donc vous certifier qu’il n’y a pas une évolution», a-t-il indiqué.