Coronews
Même s’il n’est pas encore déclaré guéri, une source digne de foi a renseigné à «L’As» que le maire de Guédiawaye est tiré d’affaire. D’après notre interlocuteur, n’en déplaise à ses détracteurs qui doutent de sa maladie, Aliou Sall se porte désormais comme un charme au grand bonheur de ses nombreux militants et de sa famille. Le président de l’Ams avait été testé positif au coronavirus en même temps que son épouse Aïssata Sall et interné à l’hôpital Dalal Jamm, il y a de cela quelques jours. Par ailleurs, «L’As» a appris de sources sûres que le père d’un célèbre chanteur a également été déclaré positif au coronavirus il y a quelques jours. Dire que ce foutu virus aime vraiment les célébrités. Prompt rétablissement à tous les malades.
Habib Niang efface Idy à Wakhinane
Le mouvement And Suxali Sénégal ak Habib Niang étend à nouveau ses tentacules un peu partout. Après avoir conquis les Thiessois et les femmes de la commune de Sam Notaire (Guédiawaye), hier, il a accueilli le ralliement massif des jeunes du mouvement ADWE (agir pour le développement de Wakhinane Nimzatt) jusque-là favorable à Idrisssa Seck. C’est par un point de presse que ces jeunes ont matérialisé leur désir ardent de travailler auprès de Habib Niang pour renforcer les bases politiques du Président Macky Sall. «Nous nous engageons tous à ce jour à participer à l’œuvre de construction nationale à travers le Mouvement And Suxali Sénégal ak Habib Niang ; et il faut reconnaître la vérité : monsieur Niang est non seulement porteur de vision novatrice mais s’emploie avec une grande énergie à y donner corps et âme pour le bien-être des populations», a martelé Modou Mané Seck qui n’a pas tari d’éloges pour le président Habib Niang pour tout ce qu’il fait pour soulager les populations éprouvées par la covid19.
Alioune Ndoye tranche le débat
«Nous avons reçu du centre de recherche océanographique une lettre du 27 mai qui fait état des ressources sur lesquelles on a attribué 57 licences. C’est-à-dire que tous les navires qui ont été immatriculés de Dak 1286 à Dak 1344 sont des navires étrangers qui bénéficient de licences et qui pêchent au Sénégal. Nous appelons l’IGE à venir regarder ce qui est en train d’être fait sur ces licences délivrées, en violation des dispositions de la loi qui réglemente le secteur», a déclaré Saer Seck dans l’émission Grand Jury de la RFM. Pourtant, les services du ministre Alioune Ndoye ont sorti un communiqué pour informer que «suite aux résultats des travaux de la Commission consultative des licences de pêches, Alioune Ndoye a décidé de n’accorder de suite favorable qu’à la demande de changement d’option portant sur deux navires, formulée par l’armement El Hadj NIANG qui quitte ainsi l’option Senneur de la pêche pélagique hauturière vers l’opinion palangrier, jugée plus sélective par la commission». D’après la même source, des courriers, aux fins de notification des dites décisions, ont été ainsi adressés, le jeudi 04 juin 2020, aux différents requérants. Une manière de démentir formellement Saer Seck président du Gaipes que les 52 licences ont été rejetées. En revanche, un audit tel que recommandé par le Forum Civil s’impose pour que la ressource halieutique nationale soit bien générée.
Un médecin externe testé positif à Tivaouane
Un cas positif a semé hier la panique à l’hôpital Abdoul Aziz Sy Dabakh de Tivaouane. Il s’agit d’un cas communautaire qui concerne un médecin externe. Selon nos sources, le médecin venait de Dakar pour des consultations à l’hôpital de Tivaouane. Les résultats des prélèvements sont tombés hier et des dispositions ont été aussitôt prises pour l’enquête épidémiologique afin de retracer les contacts du médecin à Tivaouane. Nos sources renseignent que 14 personnes devant être mises en quarantaine sont déjà listées. Il s’agit de personnels de la santé, mais aussi de patients qui ont été consultés par le médecin.
Thérèse Faye Diouf
La Directrice générale de l’Agence Nationale de la Case des Tout-Petits, Thérèse Faye Diouf, a réussi, de concert avec les femmes de la région de Fatick, à collecter plus de 60 000 masques en guise de contribution dans la lutte contre la Covid-19. Cette initiative entre dans le cadre du projet «une femme 100 masques» récemment lancé par la ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des Enfants, Ndèye Saly Diop Dieng. Le but de cette opération est de faire en sorte que chaque Sénégalais dispose de suffisamment de masques pour faire face au coronavirus. Point focal de la région de Fatick, Thérèse Faye Diouf a tenu à ce que sa région soit l’une des circonscriptions qui collecte le plus de masques. Elle a d’ailleurs réussi ce pari, puisque les 60 000 masques ont été collectés entre Foundiougne et Fatick. Elle dépasse l’objectif assigné à la région de Fatick.
Heurts sur la voie publique
A Guinaw Rails Nord, cela a chauffé entre les proches du maire Pape Ndiame Dieng et leurs adversaires dont des professionnels de l’automobile. Samedi dernier, un mécanicien du nom de Ablaye Dieng a eu une vive altercation avec un certain Ndiawar proche du maire. Informée de l’affaire, la Police de Guinaw Rails s’est déplacée pour interpeller les deux protagonistes pour heurts sur la voie publique.
Rapatriement
Une bonne nouvelle pour nos compatriotes bloqués au Cameroun et au Gabon à cause de la fermeture des espaces aériens. Ayant entendu leur cri de détresse, le président de la République a instruit le ministre du Tourisme et des Transports Aériens, Alioune Sarr, de procéder à leur rapatriement. Ce dernier, qui a fini de prendre toutes les dispositions à cet effet, informe que la compagnie Air Sénégal est autorisée à effectuer le rapatriement des Sénégalais de la sous-région. Alioune Sarr a reçu le feu vert de ses collègues des Affaires Etrangères et des Sénégalais de l’Extérieur, et de la Santé et de l’Action sociale. Nos compatriotes vont rejoindre le pays par des vols spéciaux à partir du jeudi 15 juin. Dans un autre communiqué, le ministre du Tourisme et des Transports aériens annonce également le rapatriement des Sénégalais du Togo, du Ghana, du Bénin, du Nigeria et de la Côte d’Ivoire.
Rapatriement vers l’Italie
A l’instar de nos compatriotes de la sous-région, les Sénégalais d’Italie qui désirent rentrer au bercail et ceux qui sont bloqués au Sénégal à cause de la fermeture de l’espace Schengen seront rapatriés dans leurs pays respectifs. Le Président Macky Sall a demandé au ministre du Tourisme et des Transports aériens, Alioune Sarr, de rapatrier en Italie des ressortissants sénégalais etitaliens bloqués au Sénégal par la pandémie de la Covid-19. Ils seront convoyés par Air Sénégal, du 9 au 17 juin 2020.
Les gares routières ouvertes à 5h et fermées à 21h
Après trois mois d’arrêt, le transport interurbain a repris hier dans toutes les régions du Sénégal. D’ailleurs, le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavent a visité samedi dernier la gare routière des Baux maraîchers pour s’enquérir des dispositions prises pour la reprise du transport. Me Oumar Youm a pris également un arrêté pour fixer les conditions d’exploitation des gares routières. Ainsi, les gares seront ouvertes à 5h du matin et fermées à 21h. Mais les derniers départs sont fixés à 18h..
Habré retourne en prison
Hissein Habré est retourné hier (dimanche 7 juin 2020) en prison. La révélation a été faite par le garde des Sceaux, Me Malick Sall, sur «Iradio». Selon le ministre de la Justice, l’affaire Habré est actuellement en instruction devant le juge de l’exécution des peines et il va devoir retourner en prison comme cela avait été indiqué dans le communiqué, lors de sa mise en résidence surveillée. Cette décision a révulsé son épouse qui a déversé sa colère dans un communiqué transmis à la presse. Il faut rappeler que dans le cadre de la protection des prisons contre la covid19, l’ancien Président tchadien avait été mis en résidence surveillée.
Ce qu’on sait sur les 4 cas importés
Faisant le point sur la situation du coronavirus au Sénégal, le ministère de la Santé et de l’Action sociale a annoncé la détection de 4 cas importés à l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd). Selon les informations de «Libération online», il s’agit de compatriotes qui étaient sur un vol de rapatriement. A leur arrivée à l’aéroport de Diass, ils ont été soumis aux tests de base avant d’être mis en isolement après la détection de signes. Les prélèvements effectués sur eux sont finalement revenus positifs à la Covid-19.
Un militaire saute sur une mine antipersonnel à Ziguinchor
Un soldat de la zone militaire numéro 5 a sauté accidentellement sur une mine antipersonnel dans le village de Mbissine-Albondy, dans la commune d’Adéane, dans le département de Ziguinchor (sud), a appris l’«Aps» d’une source sécuritaire. Il est admis aux services d’urgence dans un établissement sanitaire à Ziguinchor. Depuis plusieurs jours, l’armée sénégalaise mène des opérations de sécurisation dans le sud du pays pour accompagner les populations qui ont opéré un retour massif dans les villages abandonnés. «Nous avons déployé un dispositif militaire pour aider les populations à se réinstaller et à récupérer leurs maisons, ainsi que leurs champs. Il n’y a aucune résistance ou bande armée. Ce militaire a été blessé accidentellement», a insisté la source.
Colère de l’intersyndicale de l’enseignement privé
L’intersyndicale de l’enseignement privé (SNECS, UDEPL, Franco-Arabe) exprime sa grande déception face à ce qu’elle considère comme une absence de considération des acteurs du sous-secteur de l’enseignement privé. Elle trouve d’affecter seulement un milliard Fcfa des fonds destinés aux impactés de la covid-19 à l’ensemble des établissements scolaires privés catholiques, laïcs et franco-arabes du Sénégal. Elle juge la somme dérisoire parce qu’elle doit être partagée à trois mille établissements scolaires. C’est comme une goutte d’eau dans la mer, dénoncent les syndicalistes. Pour eux, les autorités semblent oublier que la responsabilité d’assurer une éducation de qualité à tous les jeunes Sénégalais leur incombe entièrement et au premier chef. Il est incompréhensible et inadmissible, condamnent-ils, que les acteurs de l’enseignement privé, durement impactés par la pandémie, soient traités comme des demi citoyens qui n’ont droit qu’à une portion congrue d’un fonds dit national, mobilisé par et pour tous les Sénégalais. Ils crient à la discrimination parce que les exploitants de l’hôtellerie, les transporteurs, les musiciens et autres acteurs de l’économie nationale sont suffisamment soutenus là où l’enseignement privé est traité comme un secteur de seconde zone.
Canal Horizon dans le viseur de Jamra
L’Ong Jamra et Mbañ Gacce engagent la bataille contre le bouquet «Canal Horizon» parce qu’elles sont persuadées que si la nouvelle société sans Dieu proposée par les lobbies maçonniques arrivait à passer, ce serait sans doute par la diffusion de séries télévisées de bandes dessinées pour enfant. Mame Mactar Guèye et compagnie récusent avec la dernière énergie la diffusion sur le bouquet «Canal Horizon» de dessins animés qui, selon eux, ne visent qu’à promouvoir les déviances comportementales comme la promotion des homosexuels et les lesbiennes. C’est la chaine NICKELODÉON qui diffuse les bandes dessinées en question à travers le bouquet Canal+. Quant à la série «Réwolene», Jamra et «Mbañ Gacce» y voient une œuvre de banalisation de l’idéologie lesbienne (LGBT) chez les jeunes. Les deux organisations annoncent une grande marche pacifique de protestation à la fin de l’état d’urgence.
Bagarre à Dara Mboss lors de la distribution des vivres
Une violente bagarre est survenue samedi au cours de la cérémonie de distribution de vivres de l’Etat, dans le village de Dara Mboss, situé dans le département de Guinguinéo. D’après nos confrères de «Emédia», plusieurs blessés ont été enregistrés. Pour le moment, on ignore la cause exacte des échauffourées.
par Abdou Diaw
LE BAISER MORTEL DU FAUX MONNAYAGE
La falsification de la monnaie ne fait que contribuer à polluer l’environnement des affaires du pays et à rendre notre système financier plus vulnérable. Il est plus que jamais urgent d’agir pour juguler ce fléau
Deux (2) milliards d’euros (près de 1.311 milliards de F Cfa), soit le tiers du budget 2020 du Sénégal arrêté à 4.215 milliards et plus que la dotation du Force-Covid-19 (1000 milliards de FCfa. C’est cette rondelette somme de faux billets que la Section de recherches de la gendarmerie aurait saisie, lundi 18 mai 2020, à Mbao. Un chiffre astronomique qui fait froid dans le dos. Ce n’est pas une injection de liquidité hebdomadaire de la Bceao que nous avons l’habitude de voir, ni une opération de levée de fonds d’émissions d’euro-bonds. Des faux billets ! Le Sénégal renoue ainsi avec ce fléau qui devient de plus en plus récurent sous nos cieux.
Alors que les dossiers d’un parlementaire et d’un célèbre chanteur, pris dans le piège du faux monnayage, restent pendants devant les juridictions, qu’une autre affaire de faux billets retentit au Sénégal. Cette cagnotte semble battre le record de toutes les saisies effectuées ces dernières années au Sénégal par les forces de sécurité. Au regard de ces quantités importantes saisies en l’espace d’un temps réduit, l’on se demande si notre pays n’est pas devenu une plaque tournante du faux monnayage.
Les opérations de saisie se succèdent et ne se ressemblent guère. Nous devons nous inquiéter si, aujourd’hui, il existe d’autres canaux parallèles, outre que la Banque centrale, qui injectent de la liquidité dans le circuit de l’économie nationale. Oui, la pratique de fabrication de faux billets est aussi vieille que le monde, mais le fléau a atteint, ces derniers temps, des proportions qui frisent, quelquefois, l’inconscience et l’insouciance. La falsification et l’altération de signes monétaire ayant cours légal sur le territoire national sont devenues si courant au point que nous perdions l’attention. Le plus dangereux, c’est lorsque les faussaires vont jusqu’à jeter leur dévolu sur les signes monétaire étrangers. Comme c’est le cas hier avec la prise de près de 2 milliards d’euros. C’est une toute autre industrie monétaire qui prend progressivement ses marques dans l’économie nationale avec un système de création huilé.
Ces émissions monétaires illégales ne sont pas sans conséquences sur notre économie nationale. Appartenant à l’Union monétaire ouest africaine (Uemoa), notre politique monétaire est sous la gouvernance de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, seule institution habilitée à émettre de la masse monétaire dans les huit États de l’Uemoa (Burkina Faso, Bénin, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, et Togo) y compris le Sénégal. Toute quantité de monnaies mises en circulation doit être mesurée à l’aune de l’économie réelle et refléter les contreparties qui constituent la source de la création monétaire.
C’est pourquoi, l’injection frauduleuse d’autres volumes monétaire, hors du circuit normal, porte préjudice à l’établissement réel du Tableau des opérations financières de l’État (Tofe) qui, rappelons-le, constitue un document statistique retraçant toutes les ressources et tous les emplois de l'État en termes financiers pendant une période donnée. La menace est d’autant plus grande quand on ignore, aujourd’hui, la quantité exacte de billets de banques illégalement mise en circulation dans nos économies.
Le faux monnayage peut être également source d’inflation pour nos économies si l’on se réfère à la théorie quantitative de la monnaie de Milton Friedman, Prix Nobel d’économie en 1976 et fondateur de l’« école de Chicago ». Il soutient que c’est l’accroissement de la masse monétaire (quantité de monnaie mise en circulation dans une économie par une institution émettrice) qui est la cause unique de la hausse des prix. En d’autres termes, il perçoit l’inflation comme un phénomène monétaire dans la mesure où elle résulte d’une hausse de la quantité de monnaie plus rapide que celle de la production.
L’autre conséquence liée au faux monnayage, c’est la perte de confiance sur laquelle repose essentiellement l’usage monétaire. La propension à voir circuler plus de fausses monnaies dans l’économie installe la panique, la suspicion et la méfiance au sein des agents économiques qui utilisent la monnaie comme l’instrument d’échange de prédilection. À une échelle plus globale, la falsification de la monnaie ne fait que contribuer à polluer l’environnement des affaires du pays et à rendre notre système financier plus vulnérable. Il est plus que jamais urgent d’agir pour juguler ce fléau qui risque de déstabiliser tout le système économique et financier.
À cet effet, les actions des institutions comme la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) et le Groupe intergouvernemental d'action contre le blanchiment d'argent en Afrique de l'Ouest (Giaba) doivent être renforcées afin de barrer la route à ces faussaires de billets de banques, nocifs à notre économie. De même, sur le plan communautaire, la loi uniforme relative à la répression du faux monnayage et des autres atteintes aux signes monétaires dans les États membres de l’Umoa, adoptée par le Conseil des ministres de l’Umoa, les 24 et 25 juin 2016 à Lomé, doit être appliquée dans toute sa rigueur. « La mauvaise monnaie chasse la bonne », affirmait le financier anglais,Thomas Gresham.
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QUI A FILMÉ L'AGONIE DE GEORGE FLOYD ET POURQUOI N'A-T-IL PAS ÉTÉ AIDÉ ?
La vidéo de dix minutes montrant George Floyd agoniser sous le genou d'un policier à Minneapolis a été réalisée par une adolescente de 17 ans, qui dit avoir eu peur de la police
Le 25 mai 2020, George Floyd meurt lors d’un contrôle de police à Minneapolis (Minnesota), après avoir été plaqué au sol et subi, sur son cou, la pression du genou d’un policier pendant plus de huit minutes. L’agonie de cet Afro-Américain criant «Je ne peux pas respirer»,filmée par un passant, a depuis fait le tour des télévisions et des réseaux sociaux, suscitant des manifestations dans le monde entier pour réclamer justice pour George Floyd, et dénoncer les violences policières et le racisme.
L’identité de la personne ayant filmé cette scène est connue. Il s’agit de Darnella Frazier, une adolescente afro-américaine de 17 ans, qui indique au site américain TMZ qu’elle est «traumatisée», après avoir reçu des commentaires haineux lui reprochant d’avoir simplement filmé la scène sans secourir George Floyd. Selon sa mère, Darnella Frazier se rendait à l’épicerie quand elle a assisté à la mort de George Floyd.
LAMINE DIACK, CACIQUE DU SPORT RATTRAPÉ PAR LES AFFAIRES
Le premier président non-européen de l'IAAF a vu sa réputation ternis par l'accumulation des accusations ces dernières années. Une terrible chute pour l'ancien maire de Dakar qui aimait à rappeler du temps de sa splendeur qu'il avait eu "plusieurs vies
Le Sénégalais Lamine Diack, qui comparaît à partir de lundi devant le tribunal correctionnel de Paris, a régné durant 16 ans à la tête de l'athlétisme mondial avant d'être rattrapé par les scandales et devenir le symbole de l'affairisme qui a gangréné la fédération internationale (World athletics, ex-IAAF).
Le premier président non-européen de l'instance (de 1999 à 2015), homme politique d'envergure dans son pays (maire de Dakar de 1978 à 1980, parlementaire de 1978 à 1993), a vu son bilan et sa réputation ternis par l'accumulation des accusations ces dernières années. Considéré comme l'un des acteurs clés d'un système de corruption visant à couvrir des cas de dopage en Russie, il est poursuivi pour corruption active et passive, abus de confiance et blanchiment en bande organisée.
Il a aussi été mis en examen pour corruption passive dans l'enquête sur l'attribution des Jeux olympiques de Rio (2016), de Tokyo (2020) et des Mondiaux d'athlétisme 2017.
Une terrible chute pour l'ex-dirigeant, qui fête ses 87 ans dimanche, et aimait à rappeler du temps de sa splendeur qu'il avait eu "plusieurs vies".
Sauteur en longueur sous le maillot de l'équipe de France, puis joueur de football -sa passion- et Directeur Technique National de l'équipe du Sénégal après l'indépendance de 1960 (entre 1964 et 1968), Lamine Diack a ensuite mené de pair des carrières prolifiques en politique et dans les instances sportives nationales puis internationales.
Il a ainsi été président du Comité national olympique sénégalais, maire de Dakar, parlementaire et vice-président de la fédération internationale d'athlétisme avant d'en prendre les rênes par acclamations en décembre 1999 à la mort de l'Italien Primo Nebiolo.
- Culture de la corruption -
Mais il aura fallu la fin de ses quatre mandats pour qu'apparaissent au grand jour les soupçons d'une culture de la corruption bien ancrée, avec des ramifications familiales, son fis Papa Massata, ex-conseiller marketing de l'IAAF, étant lui aussi jugé à Paris pour corruption et blanchiment en bande organisée.
De quoi écorner et décrédibiliser son action au sommet de l'ex-IAAF. Interrogé sur ces affaires lors de sa conférence de presse d'adieu au congrès de Pékin en août 2015, Lamine Diack s'était d'ailleurs emporté, bredouillant explications et justifications qui n'en étaient pas. Aucun de ses voisins, dont son successeur Sebastian Coe, visiblement gênés, n'était intervenu pour sa défense.
"Il laisse une image pas très reluisante pour l'athlétisme, a jugé auprès de l'AFP Bernard Amsalem, ancien président de la Fédération française (2001-2016) et ex-membre du Conseil de la Fédération internationale (2011-2019). Le fonctionnement était très opaque et je pense qu'il a été dépassé par les évènements. Il n'aurait jamais dû confier tant de responsabilités à son fils. D'autres ne l'auraient pas fait. C'est clair qu'il n'a rien contrôlé et que tout cela lui a complètement échappé."
Une ex-salariée, entendue par la police dans l'enquête, avait eu de son côté cette phrase cruelle pour le vieux lion: "Je pense que Lamine Diack s'est pris pour Robin des Bois, prendre l'argent des dopés pour sauver les Sénégalais, mais cela n'engage que moi".
Malgré le terrible boulet de la corruption, Diack pouvait se flatter d'avoir mondialisé le premier sport olympique. Sur le plan comptable, les recettes de télévision et de sponsoring se sont ainsi élevées en 15 ans à plus d'un milliard d'euros. Un legs balayé par les affaires, qui ont causé la perte d'importants sponsors à la fédération internationale.
LA CHRONIQUE HEBDO DE PAAP SEEN
LE MAUVAIS SORT
EXCLUSIF SENEPLUS - Le système de valeurs qui nous façonne, dégonfle l’intelligence collective et nuit aux capacités créatrices de l’individu. Il désoriente la force mobilisatrice de la jeunesse - NOTES DE TERRAIN
Cela faisait deux mois que je n’avais pas mis les pieds au salon de coiffure. Il était fermé, à cause de la pandémie. Je suis passé devant, ce matin. J’ai vu qu’il avait rouvert. J’ai décidé d’aller me coiffer, en rentrant. À mon arrivée, un client sortait de l’office et le coiffeur balayait le sol. Nous avons échangé des salutations. Je l’appelle « Mawbe », et lui me rend « Paco ». Sa personnalité extérieure était intacte. La trentaine bien consommée. Toujours chétif et mal fagoté. Une voix petite et fuyante. Une espèce de confusion dans le regard, qui caractérise les personnes pudiques et les âmes qui cachent de nombreux secrets. Par contre, il m’a semblé moins joyeux qu’à l’accoutumée. Quelque chose a peut-être changé durant ces semaines de semi-confinement ? Je ne lui ai pas posé la question. Il était plus disert. Pendant qu’il me rasait, il bavardait beaucoup. Cela ne lui arrivait jamais. Il a commencé par me raconter les problèmes du salon. Tout un tas d’histoire. Il sautait d’un fait à un autre.
J’étais surpris. Car en dehors des commentaires sur le foot, il discutait rarement. Notre communication tournait essentiellement autour de l’actualité sportive. D’ailleurs, j’y vais parfois, exprès, les soirs de Ligue des champions. Précisément à l’heure où commencent les rencontres, pour profiter de l’ambiance. J’y retrouve quelques personnes, qui viennent pour les mêmes raisons. La télé est perchée en haut. Fixée sur un support mural. De l’extérieur, derrière la porte vitrée, on ne rate rien. Ce qui attire des enfants. Des talibés, qui doivent habiter dans le coin. Ils se regroupent juste devant l’entrée, chaque soir, pour regarder invariablement les programmes diffusés sur le téléviseur. Qu’il s’agisse de films, de documentaires animaliers, de clips, de foot. Ils sont tout le temps concentrés et suivent intensément les émissions. Comme s’ils étaient conviés à un loisir inespéré.
À un moment, les propos de Mawbe ont dérivé sur la méchanceté des gens. Plusieurs fois, m’a-t-il raconté, des personnes mal intentionnées ont voulu lui jeter une malédiction. Il a trouvé, maintes fois, devant son ancien salon, des objets maléfiques. Noix de cola, œufs cassés, papier avec des inscriptions en arabe, aiguilles, corps d’animaux. Il en a tiré une conclusion : « Trop de gens sont mesquins dans notre pays. Ils n’avancent pas et ils empêchent les autres d’aller de l’avant », ronchonnait-il. Heureusement, rouspéta Mawbe, « ils vont encore et toujours échouer ». Il m’a confié qu’il est armé mystiquement. Je l’écoutais, en silence. Ne mimant absolument rien. Ni approbation, ni objection. Des histoires comme ça, je les entends depuis toujours. Chez des jeunes surtout. Dans notre société, il y aurait trop d’envieux, de jaloux, de personnes maléfiques. Qui vont même parfois jusqu’à implorer le diable pour jeter un mauvais sort à un parent, à un concurrent.
Est-ce que j’y crois ? Les humains développent des sentiments de haine, d’aigreur, de jalousie. De méchanceté. Comme ils peuvent être sympathiques, magnanimes, justes. Bons. Il y a du meilleur et du pire, partout. Ce n’est pas spécifique à la société sénégalaise. L’humanité n’a pas encore atteint un état de conscience, lui permettant de rompre avec ses énergies corrompues. Ce qu’il est possible de faire, c’est de civiliser. C'est d'abolir la violence aveugle, volontaire. Et aussi, de diriger les esprits vers un niveau d’humanisme supérieur. Par l’instruction et le savoir. Au Sénégal, c’est là où nous péchons. De toute évidence, dans notre pays, il y a un ordre immoral, violent, qui gouverne nos rapports sociaux. Nous sommes piétinés, parfois, par des sentiments profondément archaïques. Ce qui bloque nos possibilités d’avancement. Pourquoi tuer un chat et le jeter devant le salon de coiffure de quelqu’un, dans l’intention de lui nuire ? Un esprit sain ne peut pas faire ça.
Conjuration. Pendant que Mawbe parlait, une controverse bourdonnait dans ma tête. Qui appelait à des réflexions désordonnées. Chacun étant l’ennemi potentiel de l’autre, comment construire le commun, me demandais-je ? J'avançais cette hypothèse : l’esprit profond de notre société favorise les passions inférieures. La modernité n’a pas déraciné les structures de l’inscience. Les deux évoluent concomitamment. Nous sommes empêtrés dans une contradiction. Un obscurantisme dynamisant, qui cohabite avec la modernité. La société sénégalaise navigue entre deux eaux. Cet antagonisme, entre deux systèmes de valeurs, nous maintient dans l’indécision structurelle. Cela pourrait justifier notre improduction politique et économique. Il serait intéressant de recourir à une approche psychosociologique, et questionner nos tares en tant que communauté, pensais-je. Relevons-nous, en tant que groupe social, du cas psychiatrique ?
Il est vrai que nous devons faire la part des choses, et interroger aussi les sophistications de la modernité. Partout, elle a montré sa part de cruauté, sa destruction de la biosphère. Mais elle suit le sens de l’histoire. Sa logique de prédation peut être discutée et remise en cause, et pourrait-on même, avec de la persuasion et un peu de chance, dans ce que l'on nomme démocratie, diriger la modernité vers plus d’humanisme. Ce qui n’est pas le cas avec l’obscurantisme. Qui ne peut pas tolérer la délibération. Qui enferme. Qui ne connaît pas le sentiment d’universalité. Qui n’est pas esprit d’intelligence. L’obscurantisme est un tyran. En cela, il ne permet pas que les structures spirituelles et sociales fonctionnent dans le sens de la collaboration et de l’accomplissement collectif. Il faudra choisir. Esprit fermé ou esprit ouvert ?
Je ne savais pas quoi dire à Mawbe. J’accueillais son long monologue avec bienveillance. À mon avis, il gaspille son énergie. À se battre contre des ennemis imaginaires. À intoxiquer son esprit, avec toutes ces pensées négatives. À se laisser étouffer par des préjugés sociaux. Au lieu d’avoir sa propre volonté souveraine, et de se soucier uniquement de ce qui relève de sa responsabilité. En sortant du salon, j’ai encore vérifié la sentence populaire : sans le changement des mentalités, il n’y aura pas de salut collectif ! Notre société restera enchaînée dans ses instincts inférieurs. Le système de valeurs, qui nous façonne, dégonfle l’intelligence collective et nuit aux capacités créatrices de l’individu. Il désoriente la force mobilisatrice de la jeunesse. C’est un mauvais sort, qu’il faut conjurer.
Retrouvez sur SenePlus, "Notes de terrain", la chronique de notre éditorialiste Paap Seen tous les dimanches.
RIPOSTE À LA COVID-19, AU-DELÀ DES GESTES BARRIÈRES
Les mesures correctrices passent par la mise sur pied d’un large front auquel le pouvoir devra associer de larges segments de la Nation, en vue de délibérer, de manière démocratique du plan de résilience économique et sociale
En dehors des aspects purement sanitaires, la pandémie à la Covid-19 a cette vertu de dévoiler, sur un mode fast-track, les mécanismes les plus occultes et les plus obscurs de la façon cavalière, dont nos autorités exercent le pouvoir.
En effet, le ministre de la santé nous certifiait, avant-hier, le 04 juin, que l’épidémie, était sur une tendance baissière en lieu et place d’oscillations du taux de positivité sur un plateau évoquée lors d’une émission radiophonique du dimanche 31 mai dernier. Aujourd’hui, son équipe d’experts vient de confirmer, à l’occasion de sa troisième conférence -bilan mensuelle, que le coronavirus était dans une phase de circulation active et qu’il fallait redouter une démultiplication des cas et des décès.
Le seul remède brandi par toute cette élite bien-pensante contre cette situation délétère semble être d’accabler les citoyens, coupables de légèreté et de négligence dans l’application des mesures préventives. On semble leur assigner le rôle de boucs émissaires pour toutes les défaillances de nos décideurs.
Quels que puissent être la pertinence et l’efficacité des gestes barrières, ils ne sauraient, à eux seuls, tenir lieu de stratégie anti-Covid.
Les contradictions, évoquées plus haut, entre un homme politique de la majorité, ministre de la République et des technocrates compétents mais tenus par le devoir de réserve, semblent tout simplement relever d’un conflit entre deux logiques.
La première technique, à laquelle on a reproché son hospitalo-centrisme, sa médicalisation excessive et sa verticalité, a permis d’engranger quelques acquis malgré toutes les contraintes extra-sanitaires provenant du pouvoir.
Elle semble avoir atteint ses limites et tend de plus en plus à vouloir changer de paradigme, en mettant davantage en exergue la responsabilisation communautaire.
L’autre politicienne dont les motivations ont trait à la consolidation de positions de pouvoir que la crise sanitaire pourrait remettre en cause. Elle n’a pas su fédérer les forces vives de la Nation, qui pourtant, avaient fait preuve de bienveillance à l’égard d’un plan concerté de lutte contre la pandémie.
Les autorités de notre pays, au lieu de saisir cette main tendue, ont préféré persister dans leurs errements habituels, en privilégiant une gestion solitaire, caractérisée par la précipitation et le manque de transparence. Pire, ils n’ont cessé de poser des actes clivants, mal perçus par l’opinion publique (marchés octroyés de manière discrétionnaire, absence de concertation avec l’Opposition et la société civile, atteintes aux libertés, arrêtés controversés sur l’honorariat, promotion de transhumants...).
Last but not least, ils n’ont pas su mener à bien le programme de résilience économique et sociale, ce qui a plongé de larges secteurs des masses populaires dans une subite précarité aggravée par un couvre-feu illogique et oppressant, surtout pour ceux qui résident dans des quartiers populaires.
Cela a provoqué des manifestations sur toute l’étendue du territoire national mais plus particulièrement dans les deux plus grandes villes de notre pays, d’où la nécessité de mesures d’assouplissement pour baisser la tension sociale.
Au total, malgré l’auto-glorification qui est la marque de fabrique de ce régime, nous constatons une poursuite inexorable de la propagation du virus, dans un contexte où la visibilité sur la prévalence réelle de la Covid-19 fait défaut, à cause de l’insuffisance des tests effectués.
Les mesures correctrices passent par la mise sur pied d’un large front auquel le pouvoir en place devra associer de larges segments de la Nation, en vue de rétablir la confiance et surtout de délibérer, de manière démocratique du plan de résilience économique et sociale.
Il s’agira d’évaluer le niveau de mise en œuvre de ce plan, qui prévoyait, outre 64,4 milliards au secteur de la santé, 100 milliards pour les secteurs les plus touchés, en plus des 69 milliards destinés à la distribution de denrées alimentaires.
Il faudra également discuter des modalités de son exécution pour renforcer les rubriques dévolues au dépistage des cas, à la prise en charge des cas graves, mais aussi à l’accompagnement des couches les plus socialement vulnérables.
L’implication réelle des forces vives de notre pays, préalable incontournable à un engagement communautaire bien compris, doit dépasser le cadre symbolique d’un comité de pilotage confiné dans le rôle peu valorisant de supervision de la distribution laborieuse et controversée de denrées alimentaires.
Cette évaluation pourrait, en plus de procéder à une révision consensuelle des stratégies de maîtrise de la pandémie, jeter les bases de réformes profondes des différentes politiques publiques.
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UN LEXIQUE IMPERTINENT QUI VEUT DÉCOLONISER LA LANGUE FRANÇAISE
En quarante mots et expressions, les auteurs du Collectif Piment débusquent ce que la langue française cache encore d’histoire coloniale non digérée. Des mots qui restent en travers de la gorge
Le Monde Afrique |
Sandrine Berthaud-Clair |
Publication 07/06/2020
Le Collectif Piment publie un glossaire protéiforme et poétique qui se propose d’aller voir au-delà des définitions classiques. Drôle, instructif et irrévérencieux.
« Ami noir, loc. Généralement utilisé comme gilet pare-balles dans une conversation stérile. Exemple : “Je ne peux pas être raciste, j’ai un ami noir”. » Si vous voulez comprendre les ressorts de cette expression tout sauf banale, Le Dérangeur, petit lexique en voie de décolonisation, est fait pour vous. En quarante mots et expressions, les auteurs du Collectif Piment débusquent ce que la langue française cache encore d’histoire coloniale non digérée. Des mots qui restent en travers de la gorge.
Dédié « aux personnes noires, à celles qui aiment l’être, qui le sont par défaut ou par choix politique. A celles qui ne le sont pas encore et le deviendront, peut-être », le livre donne le ton d’emblée : impertinent, poétique et piquant. Ecrit « à huit mains », Le Dérangeur va fouiller sous la croûte des mots les plaies qui continuent de démanger. Abolitions, colère, diversité, émeute, exotique, racisé, réparations, victimisation, world music, sont quelques-unes de ces entrées conçues tantôt comme des définitions de dictionnaire, tantôt comme des articles, des poèmes, des fables, des dialogues, des clins d’œil typographiques, des jeux ou des devinettes destinées avant tout à faire réfléchir.
« Notre volonté n’est pas de donner de leçons de morale oud’expliquer ce qu’est le racisme, explique Binetou Sylla, l’une des quatre auteurs. Nous voulons partager nos expériences, mises en perspective par la matière scientifique, la littérature, la pensée philosophique et l’histoire de ceux qui nous ont précédés. Nos aînés et nos contemporains ont donné corps et rationalité à ce que nous vivons aujourd’hui. C’est aussi le fruit d’un dialogue entre nous. »
« Laisser une trace »
Le « nous », ce sont quatre jeunes Français âgés de 25 à 33 ans, nés et grandis pêle-mêle « en Hexagone », aux Antilles, en Afrique et aux Etats-Unis. Célia Potiron, Christiano Soglo, Binetou Sylla et Rhoda Tchokokam se sont rencontrés il y a plusieurs années à Paris, à la faveur d’amitiés, de recherches sur la musique ou d’échanges de hasard en club de lecture « afro ». Cotonou, Douala, Bamako, Dakar, Saint-Pierre, Chicago, New York, Paris, Bordeaux… la liste non exhaustive des villes par lesquelles les auteurs sont passés racontent bien cette nouvelle génération d’afrodescendants cosmopolites qui n’entendent plus que l’on parle à leur place de leur(s) histoire(s) de France.
En 2017, le quatuor monte une émission baptisée « Piment, la gifle d’épices pour gâter la sauce », diffusée en direct deux fois par mois sur les ondes de la radio alternative Rinse FM, puis depuis fin 2019 sur Radio Nova.
D’après certaines indiscrétions, tout est fait pour écarter le chef du Service des maladies infectieuses de la riposte contre le coronavirus. D’où la nomination du professeur Ndour à la tête d’une structure ‘‘concurrente’’
Depuis un certain temps, les relations entre le ministère de la Santé et le chef du Service des maladies infectieuses, le Pr. Moussa Seydi, ne sont pas au beau fixe. D’après certaines indiscrétions faites à ‘’EnQuête’’, tout est fait pour savonner la planche à M. Seydi et l’écarter de la riposte contre le coronavirus, d’où la nomination du Pr. Ndour à la tête d’une structure ‘‘concurrente’’. Des assertions que le directeur de cabinet du ministère, Dr Aloyse Diouf, a rejetées.
Que se passe-t-il au ministère de la Santé et de l’Action sociale ? C’est la question que tout le monde se pose. Au moment où la maladie progresse, on apprend que l’union sacrée qui a prévalue en début de crise se fissure, depuis que les coups bas, le clanisme et la guerre des ego ont fait leur entrée, dans ce match compliqué contre la Covid-19. Des praticiens soutiennent que, depuis un certain moment, la machine de guerre est grippée. Les divergences, soulignent-ils, ont commencé depuis la sortie médiatique du chef du Service des maladies infectieuses et tropicales de Fann et figure de proue de la lutte contre la pandémie, le professeur Moussa Seydi, à Ziguinchor. Coordonnateur de la prise en charge médicale des malades de la Covid-19, le Pr. Seydi s’est rendu dans le sud du pays pour observer l’opérationnalité des services sanitaires en place dans ce contexte de pandémie.
Après avoir salué la bravoure du personnel soignant, il a déploré l’état dans lequel se trouve le service de réanimation de l’hôpital de Ziguinchor. "Le service de réanimation, disait-il, n’est ni fonctionnel ni construit selon les normes, pour prévoir le pire". Un discours qui, dit-on, a fait grincer des dents en haut lieu au ministère dirigé par Abdoulaye Diouf Sarr. Ce fut le début de la ‘’guerre’’, informent des sources. Depuis ce jour, nous souffle-t-on, tentations et tentatives d’écarter le Pr. Seydi de la riposte contre la Covid sont allées crescendo. Mais ce n’est pas une mince affaire, puisque son plus grand atout est d’avoir comme interlocuteur direct le boss de Diouf Sarr : le président Macky Sall.
Des informations recueillies, il nous revient que si la tutelle veut ‘’exclure’’ Prof Seydi, c’est parce que ce dernier est intransigeant. Depuis le début de la pandémie, ‘’il n’est pas dans les compromissions. C’est pour cette raison, d’ailleurs, qu’on n’a jamais voulu de lui à la tête du service des maladies infectieuses. Tout ce qui l’intéresse, c’est la science. Le chef du service des maladies infectieuses n’est plus consulté. Ils sont en train de le pousser vers la porte de sortie’’, dit-on.
Pourtant, bien avant ceci, le professeur aurait diligenté la mise en place de l’aérogare de Yoff pour la prise en charge des malades. En effet, d’après nos interlocuteurs, après consultation du président Macky Sall, le professeur avait proposé l’érection de l’hôpital de Diamniadio en centre de traitement. Pareil pour l’hôpital Principal et le centre de Darou Marnane à Touba. Il avait même, poursuivent nos interlocuteurs, nommé les responsables de ces centres de traitement. Mais aujourd’hui, il n’est plus au cœur de la prise en charge. ‘’La preuve par toutes les extensions comme l’aérogare de Yoff, le site de Ngor. Il n’est pas informé. Pareil pour les hôtels transformés en centres de traitement’’.
En effet, explique-t-on, ‘’lors de la première rencontre, le ministre Abdoulaye Diouf Sarr avait pris la décision de mettre sur pied une commission scientifique avec comme coordonnateur le professeur Moussa Seydi. Ce qui renvoie à la coordination suivi-maladie, l’évaluation, le fonctionnement et l’environnement sanitaire. Seulement, depuis lors, il n’a pas sorti la note. En lieu et place, il a créé le Comité recherche et éthique haut niveau. C’est là que les chamboulements ont commencé. Car une commission du genre existait déjà au sein de la tutelle. Elle est en principe chargée du protocole’’. D’ailleurs, de nombreux praticiens se demandent comment peut-on réussir cette riposte sans cette commission. C’est ce qui explique, selon eux, tout ce qui se passe comme la valse-hésitation au ministère de l’Intérieur qui a pris une décision pour revenir dessus deux jours après. ‘’Tout ce désordre est dû au fait qu’il n’y a pas une instance où les gens peuvent se réunir pour prendre une décision’’, explique un spécialiste.
‘’J’apprends beaucoup de choses dans les journaux’’
Pour en finir avec lui, soulignent nos sources, le ministre aurait nommé le directeur de la Division de la lutte contre le sida et les IST, le professeur Cheikh Tidjane Ndour, responsable de la prise en charge extrahospitalier. Une occasion, selon elles, de réduire les pouvoirs et de barrer la route au Pr. Seydi. ‘’Le Prof Seydi est responsable de 60 % des centres de prise en charge. Pour contourner cela, ils ont mis à la place une autre personne qui va être autant responsable que lui à la prise en charge extrahospitalière. Il aura sous sa responsabilité plusieurs structures. C’est-à-dire, ils ont trouvé un autre répondant qui pourra faire la même chose que lui. Ils le font en renforçant un peu les responsabilités du Pr. Ndour. C’est un remplacement qui ne dit pas son nom’’, développe un praticien. A côté, ajoute-t-il, les travaux entrepris à l’hôpital Fann sur proposition du Pr. Seydi ont été brusquement stoppés. ‘’De guerre lasse, le professeur a avisé le président de la République pour lui dire qu’on ne doit plus marcher sur ses platebandes. Le président Macky Sall a ordonné à Abdoulaye Diouf Sarr de mettre fin à ce torpillage. Malgré tout, il maintient la démarche’’, fait savoir un expert qui reste convaincu que ‘’ces promotions faites au colonel Ndour sont une façon d’écarter Moussa Seydi à qui on n’a pas pardonné ces prises de position et décisions depuis le début de la crise’’.
Joint par ‘’EnQuête’’, le Pr. Cheikh Tidiane Ndour nous recommande de contacter le ministère. ‘’J’ai vu ce qui est écrit dans les journaux. Mais vous savez aussi très bien là où il faut prendre l’information. Apparemment, c’est le ministère qui nomme. J’apprends beaucoup de choses dans les journaux. C’est pourquoi il faut aller là où vous pouvez avoir la bonne information, au ministère’’, conseille le Pr. Ndour.
Quant à nos tentatives de joindre le professeur Moussa Seydi, elles sont restées vaines.
Climatisation centrale des réceptifs hôteliers : le vecteur improbable
Par ailleurs, une source précise que les ‘’guerres’’ fratricides pour la gestion de la riposte génère des flux financiers importants. A ce rythme, soutient-elle, les milliards de la lutte contre le coronavirus risquent d’assouvir plus des appétits politiques que de stopper l’accroissement de la pandémie. Pire, le choix de certains réceptifs hôteliers sans l’approbation des personnes habilitées serait même à l’origine de plusieurs contaminations, avec la climatisation centrale dont ces hôtels sont dotés. Des décisions prises à l’emporte-pièce qui vont peser lourd sur la balance, au moment du décompte.
‘’Abdoulaye Diouf Sarr doit dire la vérité sur ce qui se passe au district Ouest. Certains comportements risquent d’affaiblir la stratégie mise en place. Nous ne pouvons pas continuer à nous exposer. Certains réceptifs hôteliers sont hors norme, avec une climatisation centrale vecteur de contamination’’, dénonce un praticien. Avant d’informer que le ministère est en train de transformer certaines structures de prise en charge médicale qui fonctionnaient correctement en centres de traitement. C’est l’exemple du district sanitaire de Ngor qui fonctionne correctement. ‘’Ils veulent arrêter la prise en charge qui se fait. C’est-à-dire les accouchements, les interventions chirurgicales, la vaccination, la prise en charge des personnes tuberculeuses, des patients VIH, des diabétiques. Du jour au lendemain, ils veulent en faire une structure de prise en charge de la Covid. Plus de 45 % des fonds destinés à la lutte risquent d’enrichir des hôteliers et intermédiaires médicaux’’, fustige-t-il.
‘’Ni le Pr. Ndour ni le Pr. Seydi ne sont nommés responsables de quoi que ce soit’’
Des allégations qui sont tempérées par le directeur de cabinet du ministère de la Santé et de l’Action sociale, Docteur Aloyse Waly Diouf. Ce dernier précise qu’il n’y a aucun problème et que le département compte sur toutes les compétences. ‘’Moussa Seydi est un professeur émérite qui, dans le domaine des maladies infectieuses et tropicales, est la personne référence. Nous travaillons avec lui. Le comité scientifique est dirigé par le conseil technique n°1. A notre niveau, il n’y a pas de difficulté. Ni le Pr. Ndour ni le Pr. Seydi ne sont nommés responsables de quoi que ce soit. Nous travaillons avec toutes les compétences, que ce soit le Pr. Seydi, le Pr. Ndour, les autres professeurs agrégés en maladies infectieuses’’, précise le Dr Diouf.
Avant d’ajouter que le chef du Service des maladies infectieuses et tropicales est consulté à chaque fois que de besoin.
S’agissant de ‘’la nomination’’ du professeur Cheikh Tidiane Ndour à la coordination de la prise en charge extrahospitalière, le Dr Diouf reste formel : ‘’Aucune note nommant un coordonnateur de la prise en charge extrahospitalière et la prise en charge des CTE n’a été faite par le ministère. Il n’y a pas de coordonnateur de prise en charge. Le directeur de la Lutte contre la maladie (NDLR : Dr Amadou Doucouré) est le coordonnateur de la prise en charge au sein du Comité national de gestion des épidémies. Maintenant, le ministre a le loisir de consulter toutes les compétences et il le fait toujours’’, clarifie-t-il.
Poursuivant, il insiste sur le fait que le ministère travaille avec l’ensemble des professionnels. Que ça soit avec les professeurs Moussa Seydi, Cheikh Tidiane Ndour ou Sylvie Diop. Ils participent même, dit-il, à toutes les rencontres. ‘’Le Pr. Seydi étant quelqu’un de renommé, de la même façon peut-être que les autres, nous lui accordons toute la place qui est la sienne dans le dispositif, en termes de consultation et autre. Il n’y a pas de nomination pour le Pr. Ndour. Ce qui nous importe aujourd’hui, c’est le combat que nous menons. Que nous tous puissions faire focus contre le coronavirus. L’ensemble des forces qui pourront concourir à aider le pays à régler cette question de la pandémie seront sollicitées’’.
QUAND LES ENFANTS NOIRS DÉCOUVRENT LE RACISME QUI LES ATTEND
"Les enfants ne devraient pas avoir à apprendre ça", dit un parent noir. Et pourtant, la plupart, comme lui, expliquent tôt à leurs enfants les risques auxquels sont confrontés les Afro-Américains aux Etats-Unis: c'est "la discussion", un rituel immuable
"Les enfants ne devraient pas avoir à apprendre ça", dit un parent noir. Et pourtant, la plupart, comme lui, expliquent tôt à leurs enfants les risques auxquels sont confrontés les Afro-Américains aux Etats-Unis: c'est "la discussion", un rituel immuable.
"Je ne connais pas de parents noirs qui n'aient pas cette conversation avec leurs enfants": comme beaucoup d'Afro-Américains, Tiffany Russell se souvient de sa "discussion" avec sa mère.
Elle avait trois ans et son oncle venait de mourir sous les balles de la police parce qu'une jeune femme l'avait accusé, à tort, de l'avoir violée.
"Tu dois faire attention à ta manière d'être, à tes réactions", lui a dit sa mère. "Tu ne peux pas être trop agressive ou trop en colère".
Chaque parent doit trouver sa propre version, celle qui correspond à l'âge de ses enfants, à leur sensibilité.
Glen Henry a expliqué à ses deux fils aînés, âgés de 5 et 7 ans, les comportements racistes qu'ils risquaient de rencontrer.
Il explique sur sa chaîne Youtube avoir convaincu sa femme Yvette que les événements liés à la mort de George Floyd justifiaient de mettre le racisme sur la table avec "des enfants qui ne devraient pas avoir à apprendre ça".
"Certaines personnes vont voir la couleur de ta peau et penser que tu es quelqu'un de mauvais", dit Yvette à Uriah, son fils de cinq ans, dans la conversation qu'il a filmée fin mai pour sa chaîne.
"Pourquoi?" interroge l'enfant.
"Parce qu'ils sont stupides", répond Glen Henry.
Brittany Everette, 27 ans, mère métisse en Virginie, a lancé un appel à l'aide sur Twitter pour savoir si elle devait parler à son fils de 5 ans, "qui admire encore les policiers" et se déguise parfois en agent.
"Je ne crois pas au fait de préserver les enfants parce que (...) cela ne leur rend pas service", estime Tiffany Russell. "Je suis reconnaissante envers ma mère de nous avoir parlé de ça quand nous étions plus petits, parce que nous savions à quoi nous attendre. Et je ne pense pas que ça nous ait privés d'une partie de notre enfance".
- "C'est resté en moi" -
Finalement, Brittany a convenu avec son mari, qui est noir, d'avoir deux discussions: la première maintenant, sur le racisme en général, et une autre plus tard sur les violences policières dont sont victimes les Noirs.
Car la discussion se fait presque toujours en plusieurs fois, sur plusieurs années, pour rappeler des fondamentaux et y ajouter de la complexité à mesure que l'enfant grandit, entre à l'école, au lycée, à l'université ou décroche son permis de conduire.
Joseph West, avocat dans un grand cabinet américain, se souvient de l'insistance de son propre père avant de prendre la route: conduite prudente, aucun geste brusque en cas de contrôle policier et ton systématiquement respectueux même en cas d'interception injustifiée.
Le message? "Même si la plupart des agents de police sont des gens biens, ils ont le pouvoir de t'ôter la vie et il y a beaucoup plus de chances que cela t'arrive à toi, parce que tu es noir. (...) C'est resté en moi," dit-il.
Garçons ou filles, le message diffère souvent. "Les garçons noirs passent d'un seul coup de petits enfants mignons à menaces", souligne Brittany Everette. "Les filles, elles, sont sexualisées et vues comme mûres beaucoup plus tôt" que les jeunes blanches.
Joseph West avait déjà eu la discussion avec ses fils auparavant. Mais il a remis ça avec les images qui ont scandalisé de l'interpellation de George Floyd.
Il faut trouver l'équilibre, dit-il, entre "informer suffisamment pour qu'ils puissent prendre des décisions en connaissance de cause, (...) sans pour autant saper la confiance qu'ils doivent avoir en eux."
"La frontière est mince", explique-t-il, "entre l'assurance qui va vous permettre de réussir dans la vie et un excès de confiance qui peut vous faire tuer".
Il a publié cette semaine un texte sur le site Law.com, qui lui a valu près de 500 courriels et appels téléphoniques, la plupart de collègues avocats blancs.
Beaucoup "n'avaient jamais imaginé" que des parents noirs devaient en passer par là, dit-il. Et lui ont dit qu'ils comptaient maintenant eux aussi avoir une discussion sur le racisme avec leurs enfants.