SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
14 juillet 2025
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
LE VIRUS DE L'INCOMPÉTENCE (1/2)
EXCLUSIF SENEPLUS - Avec son bataillon de ministres impliqués dans cette guerre, le Général est à bout de souffle au bout de trois mois de combat. Nous sommes en pleine crise dans la gestion de cette pandémie
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 09/06/2020
La guerre sanitaire à coronavirus qui sévit dans notre pays depuis le 2 mars dernier représente un sérieux test pour nos gouvernants. Mais de ce que l’on a vu jusqu’à présent, le Général Sall et ses lieutenants-ministres ont échoué lamentablement dans la gestion de cette guerre. La sérénité et la cohérence dans les discours et actes ont cédé le pas à la cacophonie et la discordance. Si le coronavirus affecte certains de nos compatriotes, celui de l’incompétence virale est en train de faire des ravages dans le cercle gouvernemental. Au milieu d’un brouillard "covidé" généralisé et d’une cacophonie tintinnabulante, le besoin irrépressible de s’épancher stérilement s’est déchaîné chez certains de nos ministres au point que leurs logorrhées incohérentes font florès. Chacun essaie de parler à travers les médias pour ne rien dire mais seulement pour exister. On est en pleine crise dans la gestion de cette pandémie.
Au tout début, le Général autoproclamé qui n’a pas élaboré et implémenté une stratégie a déclaré la guerre à l’ennemi invisible. Avec son bataillon de ministres impliqués au premier chef dans cette guerre, le Général est à bout de souffle au bout de trois mois de combat. Au moment où Sars Cov-2 a fait des dizaines de morts et envoyé plus de 3 000 Sénégalais dans nos hôpitaux, le Général fait machine arrière, assouplit les mesures restrictives et privatives contenues dans son plan d’urgence sanitaire. Aujourd’hui, toute la tactique tâtonnante mise en place pour venir à bout de Sars Cov-2 est revisitée pour ne pas dire remise en cause parce qu’elle s’avère perdante au bout du compte. Mais il faut se dire que ce sont les populations civiles pour lesquelles la guerre a été déclarée aux fins de les protéger qui ont été les premières à se lasser de cette stratégie de combat qui ne laisse entrevoir aucun espoir de victoire. La lutte contre la pandémie "coronavirale" a fini par céder à cette révolte latente de la population menacée par la pandémie de la faim. C’est le chemin de Damas du Général et ses lieutenants. Finalement, ses admonestations itératives et ses bravades combatives du début de la crise ont fondu comme beurre au soleil. Et c’est ce qui explique ces mesures d’assouplissement qui masquent mal ses reculades systématiques. Pourtant, ce n’est ni la fin de la guerre, ni l’armistice ni même un cessez-le-feu dans le combat, parce que Sars Cov-2 continue de tuer et de blesser certains de nos compatriotes.
Il faut souligner que dans cette guerre, le Général et ses troupes ont manqué de stratégie opératoire puisque pendant deux mois (entre l’apparition du coronavirus en Chine et son entrée dans notre pays), ils n’ont pas mis en place un plan contre-offensif au cas où Sars Cov-2 passerait par les frontières pour venir s’installer chez nous. Ce n’est pas au moment où le virus déferle que l’on bâtit des digues pour freiner l’avancée de la maladie parce qu’elles seront vite submergées. Ce n’est pas au moment où la pandémie arrive que l’on se procure des masques, des EPI, des gels hydro-alcooliques ou d’autres produits afférents. Si le Centre des opérations d’urgence sanitaire (COUS) a été mis en place lors de la maladie à virus Ebola dans la sous-région en 2014, c’était pour face à temps à toute infection d’origine virale. Or, il a été constaté que c’est avec le reste des équipements achetés lors de la crise Ebola qu’on a entamé la lutte contre le Sars Cov-2.
Même si, avant l’installation de la pandémie dans notre pays, les agents du ministre Abdoulaye Diouf Sarr squattaient les médias pour communiquer sur la disponibilité de la logistique de guerre, il faut avouer que rien n’avait été mis en place au plan budgétaire. Le Général a attendu que le virus attaquât un étranger qui vit chez nous pour déclencher ses 2 R (l’opération Riposte et le plan de Résilience) en mettant sur la table un maigre budget de guerre. Et lorsque Sars Cov-2 a commencé à prendre des proportions alarmantes, le Général a pris des mesures drastiques qui laissaient penser à une stratégie de confinement. En période de pandémie, c’est une option pour venir à bout de l’ennemi comme le dépistage massif sans confinement ou l’immunité grégaire. Mais jamais ce confinement n’a été effectif parce que la liberté de circulation diurne et de déplacement clandestin interrégional des Sénégalais a été un moyen de propagation exponentielle du virus.
La distribution des vivres aux nécessiteux dans le cadre de la solidarité nationale laissait croire à une compensation du déficit vivrier en cas de confinement pendant quelques semaines. Mais l’on s’est rendu compte que cette distribution de colis alimentaires dirigée par le beauf Mansour n’est qu’une manœuvre politicienne pour adouber un potentiel dauphin qui, in fine, s’est révélé incompétent de conduire une telle opération. Depuis le simulacre d’appel d’offre pour l’achat et le transport jusqu’à la distribution nébuleuse des denrées alimentaires, Mansour Faye, le ministre du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale aura brillé par son manque de transparence et par son incompétence notoire. Jamais, il n’a éclairci les conditions d’attribution du marché du riz au Libanais Rayan Hachem et de son transport à la société Urbaine d’entreprise (UDE) de Demba Diop Sy qui n’existe plus juridiquement. A ce manque de transparence s’ajoute un autre lié aux personnes bénéficiaires de kits alimentaires. Dans l’agenda de répartition, Mansour Faye a prévu de distribuer gracieusement des colis alimentaires à 40 749 ménages appelés nébuleusement groupes spécifiques ne figurant ni parmi les 588.045 ménages contenus dans la base de données du RNU (Registre national unique), ni parmi les groupes vulnérables retenus par les Comités communaux de ciblage.
Il faut souligner au passage que cette société illégale du député en question a aussi bénéficié d’un marché illégal du ministère d’Abdou Karim Fofana. Le 19 avril 2019, le juge du tribunal de commerce hors-classe de Dakar a ordonné la liquidation des biens de la société UDE. 15 jours après le jugement du tribunal ordonnant la liquidation de la Société de Demba Diop Sy, UDE a remporté, contre toute attente, le 02 mai 2019, deux marchés publics dans le cadre d’un appel d’offre ouvert passé par le ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique. Le montant cumulé des deux marchés s’élève à 1 321 565 957 F CFA et se répartit comme suit :
1. 02/05/2019- S0721/19-DK - Marché de nettoiement : balayage, collecte, transport et mise en décharge (lot 19) pour un montant de 636 971 257 F CFA TTC 2. 02/05/2019- S0719/19- DK - Marché de nettoiement : balayage, collecte, transport et mise en décharge (lot 19) pour un montant de 684 594 700 F CFA TTC.
Aucune entreprise en liquidation judiciaire ne peut soumissionner à un marché public a fortiori en être attributaire. L’article 43 du décret 2014-1212 du décret du 22 septembre 2014 portant code des marchés publics est clair, net et précis : « Ne peuvent pas prendre part, aux marchés quel que soit le mode de passation, les personnes physiques ou morales admises au régime de la liquidation des biens ».
Alors, pourquoi les ministres Mansour Faye et Abdou Karim Fofana ont attribué illégalement ces marchés à l’entreprise de Diop Sy en situation d’illégalité.
L’attribution illégale des deux marchés est intervenue alors que l’UDE est en cessation de paiement et que le tribunal de commerce a ordonné, le 19 avril 2019, sa liquidation et la publication de la décision au Registre du Commerce et du Crédit mobilier (RCCM). Laquelle structure centralise les informations sur les personnes physiques ou morales immatriculées ainsi que toutes les évolutions juridiques les affectant (les tiers peuvent connaitre en temps réel la situation de l’entreprise, notamment si elle est placée en liquidation judiciaire).
Un passage à son domicile familial du cinéaste, situé au quartier Santhiaba, permet de jauger le peu d’intérêt que la nouvelle génération manifeste au parcours de celui qui a consacré sa vie à l’émancipation de la jeunesse africaine
C’est ce mardi 9 juin que le Sénégal va commémorer le 13ème anniversaire de la disparition de l’écrivain-cinéaste Ousmane Sembene. Mais à Ziguinchor sa ville natale, les traces et la dimension de l’homme semblent sombrer aujourd’hui dans l’oubli.
13 ans jour pour jour après sa disparition, le parcours et l’œuvre de Sembene Ousmane voire son enfance semblent aujourd’hui sombrer dans l’oubli. Et ce notamment pour la jeune génération ziguinchoroise. Un bref passage au niveau du domicile familial de Ousmane Sembene, situé en plein cœur du quartier Santhiaba, permet de jauger le peu d’intérêt que la nouvelle génération manifeste par rapport à l’œuvre, au parcours et à l’engagement militant de l’homme qui a consacré toute sa vie à l’émancipation de la jeunesse africaine. D’ailleurs de la maison natale de Ousmane Sembene, il ne reste aujourd’hui qu’une bâtisse totalement en ruine dont une grande partie s’est d’ailleurs affaissée. Une maison devenue aujourd’hui un dépotoir de carcasses de véhicules et de motos. Différents objets métalliques, de la ferraille, des pièces détachées de toutes sortes, des pneus, etc. occupent tout l’espace du domicile. Plus de trace de ces quatre grands baobabs qui surplombaient la maison à l’époque et qui ont complètement disparu du décor, laissant du coup la place à des herbes et des plantes sauvages qui ont envahi les lieux. Comble de désespoir avec cette bâtisse qui devait être considérée comme un patrimoine, certaines indiscrétions et des sources bien informées rencontrées au niveau du voisinage laissent entendre que la maison aurait été vendue ces dernières années à un tiers souvent de passage sur les lieux mais qui tarde encore à la reconstruire.
Et au niveau des voisins difficile également de trouver sur place ceux de sa génération, des contemporains qui puissent apporter un témoignage, ne serait-ce que sur la vie tout court de l’homme afin de raviver son histoire qui doit rester ancré dans la mémoire collective de ses compatriotes particulièrement la jeune génération.
Ecrivain, réalisateur, acteur et scénariste majeur de l’Afrique contemporaine, Ousmane Sembene est né le 1er janvier 1923 à Ziguinchor. Et c’est dans la partie sud du pays qu’il fera ses humanités à l’école française et à l’école coranique. C’est également en Casamance qu’il exerce le métier de mécanicien et de maçon tout en s’intéressant au cinéma. Vers 1944, il intègre les Tirailleurs sénégalais pour aller combattre au front pour le compte de l’Armée française. Une expérience qui va le maquer à vie et qui va également marquer son œuvre cinématographique avec les films Thiaroye 44, Niayes, etc. Mais également ses œuvres littéraires. Malade des mois durant, Ousmane Sembene rendra l’âme à son domicile à Yoff le 9 juin 2007.
PIERRE NKURUNZIZA EST MORT
Le président burundais est décédé lundi à l'âge de 55 ans des suites d'un "arrêt cardiaque", a annoncé mardi la présidence burundaise dans un communiqué
Le président burundais, Pierre Nkurunziza, est décédé lundi à l'âge de 55 ans des suites d'un "arrêt cardiaque", a annoncé mardi la présidence burundaise dans un communiqué.
"Le gouvernement de la République du Burundi annonce avec une très grande tristesse aux Burundais et à la Communauté internationale le décès inopiné de son Excellence Pierre Nkurunziza, Président de la République du Burundi, survenu à l'hôpital du Cinquantenaire de Karuzi, suite à un arrêt cardiaque", indique le communiqué.
URGENT: Le Gouvernement de la République du Burundi annonce avec une très grande tristesse le décès inopiné de Son Excellence Pierre Nkurunziza, Président de la République du Burundi, survenu à l’Hôpital du Cinquantenaire de Karusi suite à un arrêt cardiaque ce 8 juin 2020. pic.twitter.com/PP46kKzAM5
Laissons seulement les gens dont c’est le métier décider de la bonne date pour la reprise, en prenant le temps de mettre en place les protocoles sanitaires appropriés
À l’heure du premier bilan de la crise du Covid-19 au Sénégal, la vérité est simple et visible, la pandémie est restée sous contrôle.
Même si chaque nouveau mort nous endeuille, notre pays peut s’enorgueillir d’avoir su éviter les ravages du coronavirus malgré les prévisions alarmistes de l’OMS et nul n’aurait parié que nous en sortirions de cette belle manière, à commencer par les fonctionnaires du ministère Français des Affaires Etrangères à en croire leur document nommé « l’effet Pangolin ».
Signe encourageant s’il en est, la situation de l’évolution de la pandémie du nouveau coronavirus au Sénégal a révélé ces derniers jours un nombre record de patients guéris qui s’élève à plus de 500 entre vendredi dernier et ce lundi 8 juin 2020. Pour la première fois, 537 sorties d'hôpital ont été recensées en quatre jours, d'où un rebond du nombre de personnes ayant surmonté la maladie. Le Sénégal compte aujourd’hui 2 699 cas de rémission annoncés sur les 4 427 cas avérés d'infection au nouveau coronavirus, depuis l'apparition de l'épidémie dans notre pays (source dakaractu). Ce qui place notre pays premier en Afrique de l'Ouest en terme de rémissions, selon les statistiques régulièrement mises à jour.
Ne crions pas victoire trop vite cependant, ce n’est qu’un stade intermédiaire, mais le continent africain semble encore préservé de ce fléau dévastateur. Est-ce en raison du climat comme on l’a dit, de la jeunesse de la population, de l’exposition à toutes sortes de virus depuis notre naissance, de la consommation de tonnes de chloroquine jusque là ingurgitées…?
Non, pour le Sénégal en tout cas, il me semble que c’est grâce à une stratégie préventive, via des mesures plus ou moins restrictives pour freiner la propagation du virus et une prise en charge rapide des malades, que le nombre de décès liés au Covid-19 reste peu élevé, même si 51 victimes à ce jour, restent un triste bilan pour le pays et pour les familles.
Dieu merci, nous n’avons connu ici, ni la détresse des soignants, ni la pénurie de masques, pourtant cette situation de crise était unique et personne n’a été formé à ce genre d’exercice pour l’anticiper. Mais nous avons appris très vite des autres pays et des moyens qu’ils ont déployés dans la précipitation pour sauver des vies. La télévision et les médias ont joué un rôle majeur dans la sauvegarde de vies humaines en Afrique. Bien évidemment, lorsque l’on vous annonce qu’un ouragan arrive dans quelques jours, vous tentez de barricader portes et fenêtres pour vous protéger. Ce que les pays africains ont fait et le Sénégal en premier.
Pour notre avenir et notre santé, notre président Macky Sall a choisi très tôt la prudence et la détermination, notamment en fermant les écoles pour protéger enfants et enseignants. Ces jours-ci, j’ai entendu quelques hurluberlus demander une année blanche au Sénégal. On serait bien le seul pays au monde à décréter une année blanche à cause du Covid-19. Tous les pays aménagent et inventent un moyen fast-track de mettre les jeunes à niveau. Hélas chez nous, tout est politique, même lorsqu’à l’évidence il est facilement rattrapable ce temps perdu, il faut que certains viennent polémiquer, la bouche pleine de mots, décider du sort de nos jeunes.
Laissons seulement les gens dont c’est le métier décider de la bonne date pour la reprise, en prenant le temps de mettre en place les protocoles sanitaires appropriés. Année blanche c’est démodé dans ce monde digital, mais bon faudrait un plomb pour leur expliquer à ceux-là ! Le Sénégal ne reviendra pas en arrière, notre pays émerge !
Nous avons été au front contre le coronavirus. L’État a accompagné de manière déterminée les plus démunis, notamment par l’aide alimentaire. Le président Macky Sall a mis en place un plan global dénommé fonds Force Covid-19, qui est doté d'une enveloppe de 1 000 milliards de francs CFA. Les ressources permettent de soutenir les entreprises, les ménages et la diaspora.
Aujourd’hui, pour relancer le tourisme et la vie économique du pays, le gouvernement sénégalais a annoncé un allègement du couvre-feu nocturne et une reprise des transports entre les villes. L’heure est donc bien à la reprise économique au Sénégal. Il le faut.
Bien sur, chacun voudrait aller plus vite et voir bouger les choses, c’est humain. Mais que voulez-vous, on pourra bien prononcer la levée des restrictions de transports sur l'étendue du territoire national, permettre les réunions dans les endroits publics ou privés, ouvrir les frontières, les restaurants, les salles de sport, les casinos… Comme dirait l’autre, celui qui n'est jamais content ne se contentera jamais. Pourtant, nous autres Sénégalais, pouvons être fiers au-delà de nos divergences. Fiers de nous et fiers de notre Etat. Car croyez moi ou pas, mais pour la plupart d’entre nous, Sénégalais de la diaspora, nous avons vu et vécu l’horreur.
Oumou Wane est présidente d’Africa7
OUSMANE SEMBENE PERD SON PATRIMOINE
Plus de 30 ans après sa conception, le film «Samory Touré» du cinéaste peine à voir le jour. Sa famille et l’Etat du Sénégal se rejettent la responsabilité. Mais pour le critique de cinéma, Baba Diop, cette oeuvre sera «très difficile à réaliser»
Plus de 30 ans après sa phase de conception et 13 ans après la disparition de son concepteur, le film Samory Touré de Sembene Ousmane cherche réalisateur. Evaluée à 5 milliards de francs Cfa, la réalisation du dernier fait d’armes de l’auteur de Mandat bi bute sur la mobilisation du financement. Pourtant, les promesses n’ont pas manqué. De régime en régime. En 2007, le Président Abdoulaye Wade avait annoncé une contribution de 3 milliards de francs Cfa. Un engagement qui ne sera finalement pas respecté. Les années passent mais l’héritage du père du cinéma africain sombre dans l’oubli. En ce jour commémorant le 13ème anniversaire du rappel à Dieu du réalisateur de Guelewaar, Le Quotidien pose le débat sur la matérialisation du film en hommage à l’Almamy Samory Touré dont le scénario a été bouclé. «Si les ayants droit du projet, c’est-à-dire ses enfants, donnent à l’Etat le soin de réaliser le projet, on est disposé à lancer un appel à réalisation de ce film», assure Hugues Diaz, directeur de la Cinématographie au ministère de la Culture.
Pour avoir fait face aux Blancs pendant 17 ans, Samory Touré est l’un des symboles de la résistance coloniale dans la sous-région. En son temps, Sembene voulait associer au financement les pays par où l’ex-Almamy était passé jusqu’au Gabon où le résistant guinéen mourut en 1900. «J’assure la coordination des cinématographies des pays de l’Uemoa. Donc, on est disposé. Ce projet, le Sénégal va le porter. Ce n’est pas le projet du Sénégal mais de la sous-région. Si les ayants droit donnent à l’Etat ces prérogatives, nous allons avec l’association Ousmane Sembene faire le lobbying», s’engage M. Diaz.
Baba Diop : «Il sera très difficile de réaliser ce film»
Des promesses, la famille de l’auteur du film Xala en a entendu. Neveu de Sembene, Mohamed Diop attend des actes de l’Etat. «Nous ne sommes pas informés de cette prétention de l’Etat à vouloir s’accorder avec la famille pour réaliser le film. Si l’Etat est prêt à s’engager à allouer les fonds nécessaires pour la réalisation de ce projet, la famille ne va pas rechigner à l’accompagner», déclare Mohamed Diop, également journaliste. Selon lui, l’Etat «parle depuis des années mais il n’y a aucun acte concret dans la préservation du patrimoine de Sembene Ousmane. Ce sont des déclarations de circonstance. L’Etat attend toujours l’anniversaire de la commémoration du décès de Sembene pour faire dans la récupération politique. Chaque année, on entend les mêmes promesses, mais rien de concret.»
Journaliste et critique de cinéma, Baba Diop estime qu’il «sera très difficile de réaliser ce film». Il s’explique : «Sembene voulait trouver un réalisateur local dans chaque pays où l’Almamy est passé. En Guinée, Mali, Côte d’Ivoire, etc. Est-ce que les gens peuvent le faire ? Je ne le pense pas. Sékou Touré avait donné sa caution qu’il pouvait appuyer. Mais malheureusement il est décédé. On peut faire des films sur Samory mais le faire dans l’esprit de Sembene, je n’y crois pas trop. Les gens de sa génération ne font plus de cinéma. Il faut voir si tous ces pays sont engagés dans le financement du projet. Je ne vois pas le Sénégal mettre 6 milliards pour réaliser ce projet.» En tous les cas, Hugues Diaz estime que ce travail pour la réalisation de ce film doit être «holistique et inclusif» regroupant la famille de Sembene, les intellectuels et l’Etat.
MACKY SALL S'IMMISCE DANS LE CONTENTIEUX SENELEC-AKILEE
Le président a reçu les ministres des Finances et de l’Energie, le Secrétaire général de la présidence, ainsi que l’AJE, le PCA et le patron de la société nationale d'énergie électrique pour leur demander de casser le contrat querellé
Recevant plusieurs autorités impliquées dans le dossier opposant la Senelec à son partenaire fournisseur, le Président Macky Sall a fait comprendre à tous qu’il n’était pas question que la Senelec en vienne à appliquer le contrat avec Akilee. Makhtar Cissé, qui en tant que Dg de Senelec avait signé le contrat, veillera en tant que ministre à le dénoncer. Une ironie Makyavellique !
Les promoteurs d’Akilee doivent sans doute, depuis hier, songer à comment rebondir dans un environnement économique et social devenu fortement hostile à leur entreprise. Ils auront certainement appris, comme Le Quotidien, que le Président Macky Sall a affiché son opposition nette à voir le contrat Senelec-Akilee entrer en vigueur dans ses formes actuelles.
En effet, le président de la République a reçu hier le secrétaire général de la Présidence, M. Dionne, en compagnie des ministres des Finances et du budget, de l’Energie et du pétrole, du Pca et du directeur général de la Senelec, ainsi que de l’Agent judiciaire de l’Etat. Tout ce monde était réuni pour discuter du fameux contrat entre Senelec et son partenaire Akilee. Dès l’entame, il a été clair pour tous que la position du chef de l’Exécutif était nette : pas question que Senelec se charge d’appliquer ce contrat. A tous les protagonistes, il ajoutera même : «Arrêtez de vous épancher dans la presse, ce contrat ne sera pas appliqué !»
Cela a dû être une douche froide pour le ministre Makhtar Cissé qui, on se rappelle, en sa qualité de directeur général de la Senelec, avait négocié ce fameux contrat, signé et entamé de le mettre en œuvre, notamment en faisant débloquer pour le compte d’Akilee, et ce, deux jours avant de quitter les bureaux de la rue Vincens, le montant de 2,7 milliards de francs Cfa, en avance sur prestations, pour la livraison des compteurs. Le ministre a voulu justifier sa signature en faisant croire que c’était, en son temps, «un contrat novateur et le meilleur moyen de préserver les intérêts du Sénégal». Mais le Pca Khalifa Dia a douché son enthousiasme en affirmant que le contrat qu’il avait vu ne lui semblait pas conforme aux intérêts de la Senelec. Ce à quoi le Sg Boun Abdallah Dionne a voulu couper la poire en deux, en proposant qu’au lieu de casser le contrat, on réduise la part de marché d’Akilee à 20%, et que Senelec garde les 80% du marché. Ce à quoi l’Aje Antoine Diome répliquera que le contrat en question était «aux antipodes du droit et des intérêts du Sénégal».
Le président abondera dans le même sens pour dire qu’il avait le même sentiment. Et dans ces conditions, Macky Sall n’a pas laissé d’alternatives aux personnes présentes. Le Président a indiqué qu’il pourrait être proposé aux dirigeants d’Akilee de leur racheter leurs parts, afin de fusionner leur entreprise dans Senelec, afin qu’elle devienne enfin et véritablement une filiale de la compagnie nationale d’électricité. Et si d’aventure cette proposition n’agréait pas Akilee, le Président n’a pas écarté l’idée d’aller en contentieux, en résiliant purement et simplement le contrat. Pour Macky, dans cette affaire, le gouvernement devrait apporter à Senelec «un soutien total, clair et sans équivoque».
Cette ligne tracée, les différents acteurs de l’affaire ont quitté le chef de l’Etat pour, en ce qui concerne les deux ministres, Abdoulaye Daouda Diallo et Makhtar Cissé, retrouver rapidement avec le directeur Papa Mademba Bitèye, afin d’étudier ensemble les modalités de mise en œuvre de manière concrètes les directives présidentielles.
A moins de développement inattendu, on peut imaginer que cette sortie de Macky Sall est le point d’orgue de cette affaire qui, à côté du coronavirus, a fortement rendu irrespirable l’air de Dakar ces derniers mois. Elle vient aussi conclure de manière nette les actes – ou non-actes – que le Président a posés depuis l’éclatement de l’affaire Akilee. Un journal s’était même permis d’avancer que le silence du chef de l’Etat, quand un Dg de société publique se permettait de détricoter l’œuvre de son prédécesseur et ministre de tutelle de surcroît, était «électrique».
Le Quotidien a toujours estimé que le fait que Papa Mademba Bitèye ait continué de poser ces actes de gestion sans être rappelé à l’ordre était le signe qu’il avait une onction supérieure à celle de son ministre de tutelle. Cela a été parfaitement illustré hier. La tâche la plus pénible incombera certainement au ministre Cissé, chargé aujourd’hui de démonter l’œuvre qu’il avait construite en tant que dirigeant de Senelec. Une vraie ironie machiavélique !
LES ETUDIANTS DISENT NIET À L'ENSEIGNEMENT EN LIGNE
Ils rejettent totalement les propositions de leur ministre de tutelle, Cheikh Omar Hann, consistant à mettre en place une plate-forme numérique pour leur permettre de suivre les cours à distance
Le collectif des amicales des étudiants regroupant les différentes facultés (Fsjp, Flsh, Fst, Faseg et Fmpo) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) désapprouve totalement l’institution des cours en ligne annoncée par leur ministre tutelle, Cheikh Omar Hann. face à la presse hier, le collectif a émis ses griefs par rapport à ce système. en outre, il propose au ministre Cheikh Omar Hann des pistes de solutions permettant d’éviter une année blanche dans l’enseignement supérieur.
Les étudiants persistent et signent. Ils rejettent totalement les propositions de leur ministre de tutelle, Cheikh Omar Hann, consistant à mettre en place une plate-forme numérique pour leur permettre de suivre les cours à distance. Face à la presse hier, le collectif des amicales des différentes facultés de l’Université Cheikh Anta Diop dit niet à l’enseignement à distance sans les prérequis.
Abdoulaye Cissé, porte-parole du jour du Collectif, estime que la mise en œuvre de ce système n’est pas à l’ordre du jour. D’autant que, dit-il, ce système comporte plusieurs failles relatives entre autres à l’aboutissement de certains projets de l’utilisation du numérique dans l’enseignement supérieur tels qu’«un étudiant un ordinateur». De plus, souligne-t-il, «le projet smart Sénégal E-learning entre la Chine et le Sénégal n’a pas abouti».
A l’en croire, aucune mesure concrète n’a été prise pour faciliter l’accès universel de tous les étudiants aux contenus pédagogiques. C’est pourquoi, Abdoulaye Cissé et ses amis jugent la proposition du ministre impossible et même discriminatoire. «Les victimes de la fracture numérique sont à égal droit avec les autres et l’Université en tant que service public doit garantir un accès universel et sans discrimination aux contenus pédagogiques à tous les étudiants», indique le sieur Cissé qui déplore le manque de respect et de considération manifeste de l’autorité à l’égard des représentants d’étudiants qui, selon lui, depuis le début du processus, n’ont été associés qu’a titre informatif. «Et que le ministre de l’Enseignement supérieur n’est obnubilé et aveuglé que par sa volonté d’assouvir son ambition politique de sauver l’année».
Face à cette situation le collectif des amicales de l’Ucad propose aux autorités de mettre à la disposition des étudiants des contenus pédagogiques avec la mise en œuvre de tous les moyens matériels et financiers. «Il faut également leur garantir un accès facile à l’internet, sans discrimination», plaide M. Cissé. Et pour cela, il propose une collaboration avec les communes afin que ces dernières puissent leur faciliter l’accès à l’internet, sans aucun frais.
Par ailleurs, Abdoulaye Cissé et ses camarades exigent, avant toute évaluation, la reprise des cours et des Travaux Dirigés (TD) en présentiel et l’organisation des examens en deux sessions même s’il faut réduire le quantum horaire. «Toutefois, en cas de forcing, nous n’écartons pas de faire usage de tous les voies et moyens pour barrer la route au ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et à toutes les autorités universitaires », avertit le porte-parole du jour, Abdoulaye Cissé.
UN VIOLEUR EN SERIE ARRÊTÉ À LA MÉDINA
Prédateur sexuel hors pair, Mangué Grassi qui a soufflé ses 36 bougies a jeté son dévolu sur les femmes vendeuses de petit-déjeuner pour assouvir sa libido dérangée.
Prédateur sexuel hors pair, Mangué Grassi qui a soufflé ses 36 bougies a jeté son dévolu sur les femmes vendeuses de petit-déjeuner pour assouvir sa libido dérangée. Pour ferrer ses victimes, il leur promettait du travail au port autonome de Dakar (pad), les conduisait dans sa chambre où il faisait usage d’une bombe asphyxiante pour les endormir avant de les violer.
Grâce à cette méthode, il est parvenu à abuser sexuellement de trois dames qui, cependant, n’ont pas jugé utile de le traduire devant la justice. Cette baraka, il ne l’aura pas avec la quatrième victime mariama Camara. Cette dernière a pris son courage à deux mains et a porté plainte contre Mangué Grassi. Arrêté par le commissariat de la médina, le mis en cause a nié les accusations qui pèsent sur lui. Malgré tout, il a été déféré au parquet pour viol avec usage de bombe asphyxiante.
Malgré la criminalisation du viol, certains hommes n’ont pas dit leur dernier mot. C’est le cas de Mangué Grassi, un technicien de surface obsédé par les vendeuses de petit-déjeuner. Son mode operandi est simple. Avec la conjoncture et le chômage qui sévissent dans le pays, il épate ses proies en leur promettant du travail rémunéré. Pour parvenir à ses fins, il programme une rencontre entre ces dames et son patron. Mais en cours de chemin, il fait un crochet chez lui avec les vendeuses où il fait usage d’une bombe asphyxiante afin de les endormir et d’abuser d’elles. Avec Mariama Camara, ce subterfuge a été mis à nu.
Selon la dame, le 26 mai 2020, vers midi, Mangué Grassi est allé acheter le petit-déjeuner dans sa gargote. «Après une discussion, il lui a fait croire qu’il travaillait au Port de Dakar et pouvait trouver du travail à sa fille qui était sur les lieux. « Je lui ai fait savoir qu’elle était trop petite pour travailler dans ce milieu. Il m’a dit que je pouvais prendre le poste si cela m’intéressait. Il a promis de me présenter à son patron qui habite à la Rue 31x16», dit-elle. Naïve, elle l’a suivi. A leur arrivée sur les lieux, raconte-t-elle, «il m’a fait entrer dans une chambre où il m’a demandé de patienter. C’est ainsi que Grassi a fermé la porte avant de se servir d’une bombe asphyxiante contre moi. J’étais inconsciente. Et je me suis réveillée 4 heures plus tard, toute nue. Mes parties intimes étaient mouillées de sperme. J’avais aussi des vertiges». Lorsqu’elle a interrogé Mangué Grassi sur ce qui s’est passé, ce dernier, de nationalité gabonaise, a menacé de la tuer et de rentrer au bercail. «Ainsi, je suis allée voir mon mari pour lui raconter ma mésaventure. Ce dernier m’a conseillé de déposer une plainte», a-t-elle déclaré dans le procès-verbal.
LE MIS EN CAUSE NIE LE VIOL ET SOUTIENT QUE LA DAME EST SA COPINE
Ces accusations ont été battues en brèche par Mangué Grassi. A l’en croire, Mariama Camara est sa petite amie depuis plus d’un mois. Le jour des faits, dit-il, la dame l’avait appelé au téléphone pour lui demander 20 000 Fcfa en échange de relations intimes. « J’ai accepté. Après une partie de jambes en l’air, je l’ai amenée au resto et je lui ai payé 2 kilos de viande pour sa famille. A 20 heures, elle m’a rappelé pour me demander 70 000 francs pour payer son loyer. Quand j’ai refusé, elle m’a menacé. Pis, elle n’a m’a jamais informé qu’elle était mariée», s’est-il dédouané devant les enquêteurs.
MAÏMOUNA KOUMBASSA : «IL A VIOLE TROIS FEMMES GUINEENNES EN USANT DE LA MEME STRATEGIE»
Entendue à titre de témoin, Tata Camara déclare que les deux parties sont venues déjeuner dans son restaurant le jour des faits. Mais la victime a nié ces propos. Le témoin Maïmouna Koumbassa révèle que Grassi a l’habitude de violer les femmes et qu’il n’est pas à son coup d’essai. «Un jour, il s’est rapproché de moi pour me faire la cour, mais je lui ai fait savoir que j’avais un enfant de son âge. Ces dernières années, j’ai été informée de trois cas de viol dont il serait l’auteur. C’est le cas d’Amy Diallo, d’une vieille dame dont j’ignore le nom et d’une jeune fille de nationalité guinéenne. La dernière a contracté une grossesse par la suite et ses parents qui se trouvent au pays l’ont ramenée aussitôt.»
AMY DIALLO : «GRASSI A TENTE DE ME VIOLER, MAIS LES VOISINS M’ONT TIREE DE SES GRIFFES»
Entendue aussi à titre de témoin, Amy Diallo a raconté son calvaire. A l’en croire, le prévenu a tenté de la violer il y a 4 ans. « Grassi m’avait promis un travail rentable avant de me convoquer chez lui. Sur les lieux, il a voulu me violer, mais je m’y suis opposée. Suite à mon refus, il a commencé à me battre. J’ai été sauvée par les voisins grâce à mes cris de détresse. De peur d’être stigmatisée, je ne l‘ai pas dénoncé à la police», a narré cette victime. De ce fait, Mangué Grassi a été déféré au parquet.
MBAYE SYLLA KHOUMA PRECONISE UNE ECONOMIE PLUS ENDOGENE ET RESILIENTE
La reprise normale de l’activité économique, surtout dans le secteur des hydrocarbures et des mines, ne sera pas pour demain.
La reprise normale de l’activité économique, surtout dans le secteur des hydrocarbures et des mines, ne sera pas pour demain. C’est pour cela, à en croire le consultant international senior, Mbaye Sylla Khouma, qui s’exprimait dans le cadre d’un webinaire organisé par l’ONG Oxfam, que le Sénégal est obligé de repenser son modèle économique afin de mieux s’adapter dans l’ère post Covid-19. D’autant que, dit-il, notre pays qui nourrissait beaucoup d’espoir sur les revenus de l’activité pétrolière en 2021 va devoir patienter à cause de la pandémie au minimum jusqu’en 2024.
La Covid-19 a fini d’imposer son calendrier aux populations. Ainsi, pour se préparer à atténuer les conséquences qu’elle a engendrées, Mbaye Sylla Khouma recommande à l’Etat de bâtir une économie pour la vie. A l’en croire, il faut repenser notre modèle économique. Car il estime qu’à cause de la crise sanitaire qui a bouleversé l’activité pétrolière, le Sénégal ne va profiter des ressources pétrolières et gazières que d’ici deux ou quatre ans. «Prenez un pays comme le Sénégal qui, en 2018, faisait tout son plan sur l’exploitation du pétrole et du gaz entre 2020 et 2021, la Covid-19 est venue chambouler l’économie mondiale. Les majors du pétrole ont perdu beaucoup d’argent en termes d’investissement, donc beaucoup de dettes dans les banques.
Ainsi, pour le Sénégal qui avait tablé sur environ 700 et 800 milliards de Fcfa par an à partir de 2021, les majors qui étaient censés faire des investissements dans la zone de Sangomar pour le pétrole et dans la zone de grande tortue et Cayar pour le gaz sont en train de nous amener au plus tôt à 2023. Moi, je pense que rien ne se passera avant 2024 et 2025», analyse-til. Et à l’en croire, cela doit donner le temps aux autorités de revoir l’ensemble du système. C’est-à-dire de faire un plan de développement pour les populations et pour ses ressources. Parce qu’en fait, relève le consultant, l’Afrique n’a pas cette priorité en matière d’investissement par rapport aux autres continents.
Par ailleurs, prédit il, l’ère post Covid-19 va être extrêmement difficile pour nous. Et, renseigne-t-il, cela veut dire que la gestion des revenus pétroliers ne va pas se poser car il ne va pas y avoir d’exploitation en 2021. C’est pour cela, dit-il, qu’il urge de repenser la planification du développement économique. Il s’agit pour lui de considérer le pétrole comme une cerise sur le gâteau. Ce qui importe le plus, soutient le panéliste, c’est de faire d’abord le gâteau.
Et pour les pays comme le Sénégal, dit-il, ce n’est pas le pétrole, c’est plutôt l’agriculture dont dépendent 65% de la population. « Et avec l’agriculture, je ne parle pas de 700 cents milliards de Fcfa par an. On peut assurer 2 à 3 mille milliards par an dans ce secteur parce que nous avons ce qu’il faut. Si ce pays continue d’acheter pour 800 milliards par an en riz, en blé, en maïs, en viande et en produits laitiers, c’est qu’il y a un problème. Si vous y ajoutez les produits pharmaceutiques, nous sommes à 1200 milliards qu’on achète dehors pour manger et pour se soigner. C’est cette extraversion qu’il faut corriger», préconise Mbaye Sylla Khouma. Mais pour le pétrole, dit-il, il ne faut même pas en parler parce que tous les calculs ont été complétement faussés.
En cette période, dit-il, nous n’avons pas le choix. « Nous sommes obligés d’aller vers une économie plus endogène, moins dépendante de l’extérieur et plus résiliente aux chocs exogènes. Parce que pour le moment, nous avons une économie qui va beaucoup souffrir et on a un an pour repenser, recadrer et refaire les investissements de la vie, c’est-à-dire investir dans la santé, l’éducation et dans la consommation », recommande le consultant très actif sur les réseaux sociaux. Dans cette veine, déclare Mbaye Sylla Khouma, les autorités sont dans l’obligation de faire en sorte que le secteur privé national soit le moteur de la croissance.
En définitive, soutient-il, la question des hydrocarbures va sans doute se poser, parce qu’en dehors du pétrole qui ne sera pas exploité, le Sénégal dispose d’autres ressources qui sont exploités comme l’or, le zircon. Mais dans ce secteur, il faut que la question sur la transparence se pose afin d’éviter les soubresauts. «Car sans être partisan de la malédiction des ressources naturelles, dans tous les pays où la question de transparence n’a pas été réglée, elle génère la guerre civile», conclut-il.
Par Mamadou Diop ‘Decroix’
POUR UN REGARD AFRICAIN SUR LE VIRUS ET UNE STRATEGIE DE RIPOSTE ADAPTEE
Nous avons choisi de bâtir notre réflexion sur les données mondiales à la date du 4 juin 2020. Voici les statistiques officielles liées à la pandémie.
En Italie, 500 personnes sont mortes du coronavirus pour 1 million d’italiens. En Espagne 500 personnes sont mortes du coronavirus pour 1 million d’espagnols. Au Royaume Uni, 600, en France 400 et aux USA 324 tandis qu’ici au Sénégal, ce sont 3 décès du virus pour 1 million de sénégalais soit 100 fois moins que les USA et 200 fois moins que l’Italie ou l’Espagne.
Concernant les cas positifs : Sur 100 personnes malades du virus, l’Italie a eu 14 décès, le Royaume Uni 14, la France 19, les Etats-Unis 12. Quant au Sénégal, pour 100 personnes touchées par le virus, nous avons eu moins de 2 décès au 4 juin dernier. Voilà des faits actés par les statistiques publiées par les milieux médicaux du monde entier et qui sont à la portée de tous les habitants de la planète.
Parmi les Sénégalais de la diaspora, on a signalé une centaine (à vérifier) de décès pour 3 millions d’émigrés soit 33 décès pour 1 million de sénégalais expatriés soit 10 à 20 fois moins de pertes que les ratios globaux des pays européens où résident généralement nos émigrés.
Toute controverse au sujet des stratégies et des mesures qui ne s’appuient pas sur ces faits pourrait être lestée de subjectivisme et de manque de rigueur. Les doctes pronostiqueurs qui entrevoyaient des millions de morts du coronavirus en Afrique en ont véritablement pris pour leur grade. Toutefois, en ce qui nous concerne, avons-nous pris en compte ces données pour réapprécier nos stratégies, nos plans et nos mesures ?
La question est d’autant plus pertinente que là où nous avons eu 45 décès dus au virus, nous avons compté 2000 morts du cancer soit 40 fois plus dans la même période. Le paludisme constitue un autre sujet de préoccupation en dépit d’importants progrès réalisés au Sénégal ; cette maladie qui a fait perdre 12 milliards de dollars (plus de 7 mille milliards de cfa) à l’Afrique pendant la seule année 2018.
Combien de malades du cœur, du diabète, de malnutrition ou d’insuffisance rénale sont décédés dans la même période ? Combien de malades souffrant de ces pathologies ont vu leur cas aggravé parce qu’ils angoissaient à l’idée d’aller à l’hôpital ou parce que les routes sont fermées ? Ce sont, là aussi, des faits indéniables que nous avons tendance à ignorer ou à minorer. Pourquoi ? Parce que nous sommes encore très largement dépendants de systèmes et de modes de pensée qui ne sont pas nôtres. Nous n’avons pas toujours un regard africain sur les phénomènes, un discours africain et une stratégie véritablement africaine.
L’expérience de ces trois derniers mois de coexistence avec le virus le confirme amplement. Et, selon moi, c’est sur cette question de notre mode de pensée que nous devrions prioritairement axer la réflexion. Autrement, les discours volontaristes et optimistes quant à une aube nouvelle pour les peuples africains grâce à des ruptures post-covid-19 en Afrique resteront vains. Le mode de pensée qui prédomine dans l’essentiel des compartiments de notre société est le fait de la domination idéologique des médias occidentaux qui forgent les opinions et les consciences. L’apparition du virus en Chine a très rapidement montré le tréfonds des uns et des autres.
La précipitation avec laquelle les Européens se sont dépêchés de rapatrier leurs ressortissants montrait très nettement l’absence totale de confiance en la médecine chinoise et même une certaine condescendance. On ne mesurera peut-être jamais l’impact de ces décisions hâtives sur la propagation de la maladie à travers la planète entière. Au Sénégal, l’on se rappelle la levée de boucliers qui a résulté de la décision du gouvernement de ne pas rapatrier nos ressortissants qui étaient à Wuhan.
Plus tard, d’après ce que j’ai appris, l’association des parents des étudiants sénégalais confinés à Wuhan a félicité le Président de la République de ne les avoir pas suivis dans leurs vœux de faire rapatrier les jeunes. Mais nous n’avons pas creusé le cap de l’autonomie pour des solutions endogènes à chaque problème. Ces solutions ne peuvent en aucun cas être celles de l’Europe ou des Etats-Unis.
Si nous voulons aller au fond des choses plutôt que de rester à la surface, il faudra bien s’interroger sur cet épisode des étudiants sénégalais à Wuhan confinés. Sans avoir la logistique et les moyens financiers et diplomatiques des européens, certains d’entre nous ont réagi exactement comme les européens, exigeant le retour sans délais de nos enfants, quelles qu’en soient les conditions. Le 04 février 2020, alors qu’on était à un mois de notre premier cas positif, j’ai posté sur ma page Facebook ce texte de rappel : « Solidarité et compassion au peuple chinois confronté à l’épidémie de coronavirus. Quand l’épidémie d’Ebola a frappé de plein fouet notre sous-région, les médecins de certains pays ont préféré rentrer chez eux. Les médecins chinois eux sont restés.
La Présidente Ellen Johnson Sirleaf a alors dit: «Un ami en action est un ami dans les faits. Avec les Cubains, les Chinois ont fourni les plus gros efforts pour contenir la maladie entre le Libéria, la Sierra Léone et la Guinée.(Cette coopération) y a permis la formation de centaines de travailleurs médicaux », avait déclaré la Présidente du Libéria, ce que je me plus à rappeler dans mon post. https://www.facebook.com/416 971238655805/posts/1057740 621245527/
L’on peut parfaitement comprendre qu’au cours des premières semaines de coexistence avec le virus, nous nous inspirions de ce qui se faisait déjà ailleurs y compris en Europe. Mais au bout de 4 à 6 semaines, il était indiqué d’évaluer la stratégie surtout lorsqu’on s’est aperçu que le bilan des personnes positives tirait dramatiquement vers le haut en Europe puis au Etats-Unis alors qu’il restait obstinément bas chez nous.
Des scientifiques canadiens se sont d’ailleurs intéressés dès le mois d’avril aux résultats du Sénégal, avec respect. C’est le lieu, encore une fois, de rendre hommage et de féliciter très chaleureusement les personnels des services de santé de notre pays. Ils travaillent dans des conditions extrêmement difficiles mais avec un professionnalisme remarquable, dans la dignité. Et ils font des résultats. Nous aurions donc dû réajuster la stratégie et les mesures dès lors qu’il était nettement apparu qu’en Afrique, pour des facteurs nombreux et variés, les systèmes immunitaires réagissaient mieux au virus. Un tel réajustement de la stratégie prendrait en compte les spécificités sénégalaises comparées aux sociétés européennes.
Par exemple la mesure de confinement peut fonctionner dans une large mesure en Europe mais très peu au Sénégal. Les rigueurs climatiques et d’autres facteurs ont développé chez eux une culture qui incorpore la notion d’hibernation (hiver) c’est à dire rester très longtemps dans un endroit sans en sortir. Cette tradition n’existe pas, pour l’essentiel, en Afrique. Ensuite, ils ont globalement les moyens de s’approvisionner pour une longue période. Ici ce n’est pas le cas du fait d’une épargne très faible et même inexistante dans l’écrasante majorité des ménages. Cela a pesé dans la crise de la fermeture des marchés. D’une façon générale, certaines mesures qui ont bien fonctionné en Europe ne peuvent pas être efficaces ici au vu du décalage dans les niveaux d’organisation sociale.
Par exemple une bonne partie des productions de contre saison hivernale notamment l’oignon, a été perdue au Nord du pays faute d’une chaîne de distribution de temps de crise. En Europe, ils ont développé des systèmes qu’ils ont testés grandeur nature ou par simulations pour faire face à de nombreuses situations ce qui n’est pas le cas ici. L’on pourrait allonger les exemples. C’est la perception de cette différence qui nous permet de comprendre et de gérer au mieux les mouvements de contestation contre certaines mesures de l’Etat comme le couvre-feu ou encore la fermeture des marchés ou des mosquées. Il est clair que si nous avions, proportionnellement, des bilans aussi élevés que l’Europe ou l’Amérique en pertes de vies humaines du fait du virus (Dieu nous en garde !), il ne serait venu à l’idée de personne de braver le couvre-feu ou l’interdiction de voyager ou encore d’aller prier dans une mosquée.
Le moment est donc venu, nous semble-t-il, de nous départir de la lecture initiale qu’on avait du phénomène du coronavirus pour une nouvelle stratégie qui commencerait par soulager le trésor public avec cette façon trop lourde de gérer la pandémie. Il n’est que temps de relancer la machine économique et la vie nationale en général, sur la base de ce que nous savons déjà de la pandémie et des réactions du corps social. C’est à ce sujet qu’à notre avis, toutes les forces devraient être aujourd’hui jetées dans la bataille de la communication. Cette bataille doit être gagnée à tout prix de façon que les populations puissent très massivement respecter, dans leur vie de tous les jours, les mesures que leur édictent les personnels de santé. Les images que l’on voit le long des plages à Dakar avec des milliers de jeunes agglutinés montrent que dans l’esprit de cette tranche d’âge, le virus est démystifié.
Le vrai défi est là. C’est à ce titre que j'avais, pour ma part, suggéré, dès le 14 mars 2020, la mise en mouvement des organisations naturelles des populations à la base qui devaient être largement impliquées et responsabilisées. «l'auto-organisation des populations à la base s'appuyant sur les structures de jeunes (asc), de femmes (groupements), confessionnelles (imams et curés, dahiras ...), de gouvernance locale (mairies, chefs de quartiers, conseils de quartiers ...).
Une articulation intelligente entre les services de santé publique et ces auto-organisations populaires devraient être très efficaces contre la propagation. Les partis politiques devraient aussi assumer leur mission dans ce contexte auprès des populations ». Un travail de sensibilisation très bien conçu ettrès bien organisé permettrait alors, par-delà la pandémie, de ressourcer la jeunesse dont les comportements violents dans les nawetaans sont un signe qu’une initiative majeure doit être prise en sa direction et sans plus tarder. Ces organisations devraient aussi être des espaces d’incubation des nouvelles postures postcovid19.
Une véritable redisposition de la société par l’organisation, la discipline et la méthode nous attend. Et c’est la tête qui doit donner l’exemple. Ce chantier de la redisposition de la société est, me semble-t-il, la condition sine qua non de tout véritable succès économique futur pour le pays. Naturellement, c’est fort de ces réformes de fond que nous irons au banquet de la nouvelle Afrique que nous tous ici, et ailleurs sur le continent, appelons de nos vœux.
Mamadou Diop ‘Decroix’
Député à l’assemblée nationale
Secrétaire général d’And-Jëf/Pads)