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28 septembre 2025
LES LIBANAIS DE DAKAR SOUS LE CHOC
Au Sénégal, les quelque 30 000 membres de la diaspora sont partagés entre tristesse, impuissance et colère après les explosions qui ont meurtri Beyrouth
Le Monde Afrique |
Théa Ollivier |
Publication 06/08/2020
Dans son salon de coiffure du centre-ville de Dakar, le barbier libanais ne parvient pas à décoller les yeux du poste de télévision. Les images des explosions qui ont secoué le port de Beyrouth, mardi 4 août, passent en boucle. Selon le dernier bilan, au moins 137 personnes sont mortes et 5 000 ont été blessées lors de cette catastrophe sans précédent, et c’est comme si le coiffeur connaissait chacune d’elles. « Tous les Libanais sont comme ma famille, ça me fait trop mal », lance-t-il, le visage marqué.
Présente au Sénégal depuis la fin du XIXe siècle, la communauté libanaise y compterait environ 30 000 personnes. Beaucoup de ses membres ont la double nationalité et nombre d’entre eux ont gardé des liens forts avec leur pays d’origine, où une partie de leurs proches résident encore.
Assise au fond de sa boutique de vêtements, Nabilla Husseini discute justement avec une amie libanaise au sujet de sa sœur et de sa nièce, qui ont subi de plein fouet l’explosion à Beyrouth. « C’est irréel ! A distance, on se sent inutile, on a le cœur brisé et meurtri », témoigne, choquée, cette Libanaise née au Sénégal. « Après trente années de guerre civile, les dernières manifestations, le Covid-19, voilà maintenant cette catastrophe qui frappe le pays. » Puis, dans un sourire un peu triste, elle ajoute, pleine d’espoir et comme pour conjurer le sort : « Mais le Liban se relève toujours… »
La solidarité s’organise
Libano-sénégalaise depuis trois générations, la famille de Khaled Hoballah vit en partie au Liban. Le jeune homme, qui a grandi entre les deux pays, revendique avec fierté sa double identité et reconnaît son angoisse. « J’ai eu très peur pour ma mère et mes tantes, car les fenêtres de l’immeuble familial ont explosé à Beyrouth. Mais seuls quelques amis ont été blessés par des projections de verre liées à l’explosion, explique-t-il calmement. Je suis avec impatience le nombre de blessés et de morts sur place, espérant ne pas voir le visage ou le nom d’un proche apparaître. » Depuis les explosions, il n’arrive plus à dormir et passe son temps derrière ses écrans d’ordinateur et de téléphone. Comme d’autres, il vit mal cet éloignement : « C’est difficile d’aider à distance, surtout depuis l’Afrique. Avec le Covid-19 et les aéroports fermés, nous n’avons pas accès au Liban. »
LA NOTION DU TEMPS, UN GOULOT D’ETRANGLEMENT DE L’ADMINISTRATION SENEGALAISE
Quelle que soit la pertinence du leader qui va diriger le Sénégal demain, si la rigueur et la discipline relatives à la gestion du temps ne sont pas appliquées à tous les niveaux de l’Administration, cela nous prendra des décennies pour nous développer.
Le 12 avril 2016, le président de la République avait lancé au niveau du centre Cicad de Diamniadio, les réformes pour la modernisation de l’Administration sénégalaise et disait, je le cite : «L’Administration doit s’adapter aux exigences des citoyens et être au service des usagers par sa proximité, sa simplicité, sa disponibilité, sa célérité, sa lisibilité et l’efficacité de son action.» Une bonne initiative mais malheureusement elle n’a pas du tout impacté le service de qualité dont le citoyen a droit.
A qui imputer la responsabilité quand le citoyen lambda est frustré parce qu’il a perdu 840 jours pour juste obtenir un papier administratif ? Au président de la République pour son manque de leadership ? Au directeur de service pour son ignorance sur le fonctionnement du travail confié aux subalternes ? Au commissaire ou au commandant pour leur absence de contrôle au niveau de leur base ? Comme une tradition, nous entendons souvent des citoyens se plaindre de lenteur administrative à tous les niveaux (police, gendarmerie, mairie, impôts et domaines, préfecture, sous-préfecture, caisse de sécurité sociale, inspection du travail, service des mines, tribunal, ministères, Ipres, hôpitaux, Senelec, Sen’Eau, banques…).
Pourquoi le citoyen devrait forcément perdre des heures voire des jours de travail pour courir après un papier administratif ou un service public quelconque ? Même le président de la République parle «de fast track», pour vous dire combien le problème de la lenteur administrative se fait sentir jusqu’au sommet de l’Etat. Pourtant le régime actuel se vante d’une administration moderne et efficace avec son Pama (Programme d’appui à la modernisation de l’Administration).
Mais comment parler d’administration moderne ?
Quand un citoyen quitte Dakar, son lieu de résidence, pour aller à Ziguinchor chercher un extrait de naissance mais est obligé de rentrer bredouille car l’officier d’Etat civil qui doit signer n’est pas présent. Pourtant, une centralisation numérique des données pouvait permettre au citoyen d’obtenir son extrait de naissance quel que soit son domicile ou sa résidence.
Quand l’émigré qui a juste 4 semaines de vacances doit retourner dans son pays de travail bredouille parce que l’agent administratif ou l’autorité qui s’occupe de son dossier n’est jamais présent ou joue à cachecache pour attendre d’être soudoyé afin d’accélérer la cadence de la procédure. Pourtant, sans même payer un billet d’avion, les démarches devraient pouvoir se faire en ligne et le document authentifié électroniquement puis envoyé via email ou par mail.
Quand le policier qui vous prend votre permis de conduire puis vous demande d’aller payer votre contravention et une fois arrivé au commissariat personne ne peut retrouver votre permis. Quand, lors d’un accident, pour faire un constat, il faut attendre plus de quatre heures de temps (agent non disponible, ou encore pas de carburant).
Quand un même terrain est vendu à plusieurs personnes et tous ayant un papier administratif justifiant la même propriété, signé par le même service. Quand certaines institutions de l’Etat n’ont même pas de téléphone fixe, encore moins d’email. (Impossible de se renseigner sans se déplacer physiquement).
Quand des sites web officiels du gouvernement ne sont jamais à jour et en particulier le portail du Journal officiel (une entrave au droit à l’information), on ne peut parler d’administration moderne. En réalité la plupart des agents qui délivrent les papiers administratifs ou qui exécutent certaines tâches demandées par la hiérarchie, n’ont aucune notion de la gestion du temps. Il arrive même qu’ils vous fassent attendre dans un service puis vous oublient «they just don’t care». Non seulement ils vous font perdre votre précieux temps donc de l’argent mais aussi en font perdre à l’Etat en termes de rendement quand il s’agit de payer une redevance.
Quelle notion avons-nous du temps en Afrique et au Sénégal en particulier ?
Les Américains disent «time is money, le temps c’est de l’argent», ou encore les écritures saintes nous disent «il y a un temps pour tout…». On décrit souvent l’Africain comme peu soucieux du temps ou vivant hors du temps, c’est pourquoi les anthropologues et les ethnologues ont des approches différentes sur le rapport temps et culture. Nous entendons souvent lors des rencontres de toutes sortes, parler de «l’heure sénégalaise» pour justifier le retard d’une autorité lors d’une cérémonie officielle ou le retard de démarrage d’une réunion.
Pour inviter l’Administration et les citoyens à une meilleure prise de conscience de l’importance de la gestion du temps, faisons d’abord un état des lieux sur les horaires du travail. L’un des objectifs de l’instauration de la journée continue était de faire gagner du temps et de l’argent à l’Etat et au travailleur, avec le problème de transport, du climat avec la chaleur, etc.
Ainsi, légalement le travail devait débuter à 7h00 et finir à 16h00 avec une heure de pause. Avec le Covid-19, le 25 mars 2020 le Président avait changé les horaires, donc de 9h00 à 15h00 ensuite lors de son message du 29 juin 2020, il a décidé que cela soit de 8h00 à 17h00 avec une heure de pause à 13h30.
Faites le tour des services de l’Administration sénégalaise, il n’y aura pas plus de 40% des employés qui respectent scrupuleusement ces horaires. Dans la pratique le constat est là :
-Non seulement l’agent arrive en retard mais doit aussi prendre 30 mn à 40 mn tranquillement pour son petit déjeuner avant de s’occuper des citoyens qui l’attendent.
-L’heure de pause pour certains peut durer jusqu’à deux heures de temps sans justification. -Sans oublier certaines pratiques de tricherie quand l’agent se présente, dépose ses affaires puis au bout de deux heures disparaît pour revenir à l’heure de la descente ou même ne revient pas du tout.
- En fin de semaine, quand vous faites le tour dans beaucoup de services, vous allez constater que certains employés anticipent le week-end et rentrent à la maison juste après la prière du vendredi vers 14h00.
Quand les employés du secteur privé se plaignent de l’abus de leurs employeurs sur les heures exagérées de travail, les agents de l’Administration eux se réjouissent de travailler pour peu de temps tout en gagnant beaucoup d’argent. C’est à la fois du laxisme et du vol, quand le contribuable sénégalais doit payer la totalité du salaire des agents de l’Etat qui travaillent la moitié des heures qui leur ont été assignées.
Une administration moderne doit se mesurer non seulement par la qualité du service rendu mais aussi par un recrutement d’agents compétents, qui accomplissent un travail avec courtoisie, imbus de professionnalisme et d’efficacité et qui sont efficients dans la diligence des dossiers qu’ils gèrent.
Aujourd’hui, la vitesse du numérique nous fait gagner énormément de temps, nous sommes dans l’ère de l’agenda électronique, de la planification électronique. Autrement dit, autant la gestion du temps a de l’importance dans une entreprise autant elle devrait compter dans une administration qui se veut moderne.
Quelle que soit la pertinence du leader qui va diriger le Sénégal demain, si la rigueur et la discipline relatives à la gestion du temps ne sont pas appliquées à tous les niveaux de l’Administration, cela nous prendra des décennies pour nous développer.
EXCLUSIF SENEPLUS - La propagation du virus ne se fait pas de la même manière selon l’espace géographique. Diamnadio aurait pu s’inspirer de l’architecture d’une ville africaine au lieu de reproduire un champ de béton armé
«La structure spatio-sociale et architecturale de la ville peut, de plus, être appréhendée comme un « actant » qui, au regard de cette « structure sociale objectivée », agit comme un acteur au sein de la configuration sociale». (Linde, 1972 ; Frey, 2009).
«Changer la ville, changer la vie» : tel était le slogan de Roland Castro, promoteur d’une urbanisation humanisée et éco-environnementale dans les années présidentielles Mitterrand. Aujourd’hui, la question qui se pose dans toutes les villes africaines, c’est comment agir sur la métamorphose urbaine pour mieux asseoir une culture de la prévention des épidémies en s’appuyant sur l’architecture africaine et la dynamique sociale des villes. L’architecture de la ville de Conakry (Guinée), héritée de la colonisation avec un système d’assainissement vétuste, fait de cette capitale une zone endémique de choléra. Il en est de même pour la plupart des villes africaines. Il nous faut changer de narration et éviter de reproduire le même modèle d’urbanisation avec des tours et des villes en béton, et une vision marchande sans souci de la dimension sociale de l’urbanisation basée sur les valeurs africaines. Nous sommes à présent dans des villes avec des facteurs de propagation de virus multiformes, parce que ouvertes au monde.
L’Afrique est-elle en train de confirmer que la ville reste un facteur par essence de propagation de la Covid-19 ? La forte prévalence hospitalière du coronavirus dans les capitales africaines est un indicateur révélateur de cette assertion (Juillet 2020, Yaoundé 8438 cas, Abidjan 13526 cas, Accra 15706 cas, Kinshasa 7321 cas, Nairobi 7744 cas, Conakry 5501 cas, et Dakar 7713 cas).
J’avais fait un article dans SenePlus en Mars 2020 dont le titre assez évocateur «Dakar : un volcan actif». La ville est le lieu de convergence de toutes les transactions humaines, sociales, politiques, économiques, et le lieu de prédilection de la promiscuité, des tensions et des violences multiformes. La violence urbaine prend des formes de toiles sur un espace de vie pour la ré-appropriation, et de contrôle des transactions humaines pour l’accès aux ressources. La ville du fait de son attraction et de sa laideur sémiologique perd pied avec une pression démographique portée par l’exode rural massif post-ajustement structurel et post-dévaluation du franc CFA. Lesquartierset les secteurs urbains sont qualifiés de « scènes intrinsèques » au cœur desquelles s’ébauchent le processus de transformation sociale et les modifications des styles de vie et des milieux (Dangschat, 1996).La pauvreté s’affiche dans l’indifférence totale, peuplée de mendiants, d’enfants dans la rue et de la rue, de mères vulnérables, d’handicapés, de marchands ambulants, survivant sur des chaussées encombrées par des chaussures, des mangues selon les saisons, des gargotes et des cafés Touba itinérants. Tout se bouscule sous les ponts devenus de sauvages ou anarchiques marchés où tout se vend et s’achète sans aucune considération des gestes barrières. Les rues se transforment en espace marchand au détriment de l’espace résidentiel, la circulation routière fait éclore le marchand ambulant, le pauvre en milieu urbain avec des stratégies de connivence avec les embouteillages et les feux rouges. Les quartiers résidentiels se transforment en espace commercial avec des calèches remplies de poissons, des tailleurs, des cordonniers, des vendeurs de tissus, tous ambulants ainsi aussi que des vendeurs de jouets, étant tous possiblement vecteurs de propagation du virus ambiant. L’hivernage aide sa diffusion avec les inondations et les canaux à ciel ouvert pour déverser les eaux usées vers la mer. Partout en Afrique, c’est le même scénario avec le chaos de la démographie galopante, l’absence de plan d’aménagement du territoire et de plan d’urbanisation inclusif avec les acteurs urbains et la désertion des villages par tous les jeunes en quête de bien être et des atours de la ville. La colonisation avait structuré les villes avec les vecteurs de sa pérennisation Pouvoir, Religion, Marchés et Hôpital (Medina et Plateau). De Dakar à Conakry en passant par Abidjan, Brazzaville, Nairobi, Abuja, Kampala, Johannesburg etc., toutes les capitales bouillonnent aujourd’hui de vitalité, de jeunesse, de résilience où l’économie de la survie l’emporte sur l’économie de la vie. Au nom de la lutte contre la Covid-19, le semblant de limitation de la mobilité urbaine pour ne pas dire la mascarade du confinement religieux, économique, social et politique a provoqué des stratégies de résistances multiformes et dimensionnelles pour la survie que le couvre feu n’a pas pu contenir sauf dans des pays comme le Rwanda et l’Ethiopie.
L’avènement du coronavirus est un révélateur de la vulnérabilité et de la fragilité des villes avec le concert de l’immobilisme imposé en milieu urbain avec des mégalopoles vidées. Partout à Paris, Bruxelles, New York, Berlin, Johannesburg, Nairobi Kigali, toutes les villes se sont confinées pour limiter la vitesse de propagation du virus, toutes les machines économiques de la mondialisation ont été mises à l’arrêt avec de nouvelles formes de solidarité virtuelle. Un phénomène qui a renseigné sur les limites du modèle de la mondialisation où la croissance économique est le seul baromètre du développement. Et automatiquement les prévisions se sont enchainées pour prédire la récession économique, l’hécatombe en Afrique et les stratégies de résilience et de relance. La croissance urbaine est observable en Afrique à hauteur de 95 %, ce qui fait de la ville un champ de propagation par excellence de la Covid-19. On parlait de résilience et de relèvement dans les situations qui précédaient les crises humanitaires en ciblant les capacités des populations à survivre aux chocs physiques, économiques et psychologiques. Durant tous ces mois, les mosquées, les églises et les marchés comme espace de convivialité ont été aphones, combinées avec le couvre-feu. Les militaires et les policiers se sont emparés des rues et des quartiers déserts parce que confinés. Tout se jouait à l’intérieur des maisons ou abris ou des toiles de vie…Là se sont tissés, sous formes de violence basées sur le genre, les rixes familiaux, les silences et les évitements dans la promiscuité, les traumatismes multiformes et la privation de la mobilité. Beaucoup de personnes surtout certains jeunes sans emplois habitués de Grand-Place s’enfermaient dans les maisons en passant des nuits blanches sous la contraintes du double flux. D’autres jeunes se délectaient en course poursuite avec les forces de l’ordre comme un jeu avec le pouvoir et une forme de résistance pernicieuse. Les plus nantis pouvaient se permettre de faire des jeux en famille, de faire des commandes de repas avec livraison à domicile, de regarder des films sur Netflix ou de participer à des soirées en direct et les poster sur Instagram. Jamais les prêcheurs en chômage involontaire n’avaient autant utilisé des médias sociaux pour toucher leur auditoire virtuel avec les messes du carême chrétien ou les prédicateurs musulmans par de grandes conférences religieuses durant le ramadan.
Quatre à cinq mois après, la folie humaine est en phase d’emballement en milieu urbain avec des populations en extase après la sortie du confinement pour ne pas dire celle de prison.
La problématique de la mauvaise urbanisation des villes africaines.
La problématique des villes africaines et leur structuration en termes d’espace dynamique de vie, de socialisation, d’économie urbaine et de culture de survie par opposition au village revêtent une importance particulière dans un contexte de gonflement démographique. Le marché, la mobilité urbaine, les espaces de cultes, l’éducation, le logement, le travail, la santé, lien social à travers les Dahiras, les groupes de prière, les grains à Bamako et l’hyper connectivité sociale et marchande sont des vecteurs puissants de la propagation du Coronavirus. La ville africaine a perdu son âme avec une concentration des infrastructures de mobilité et des interactions plus intenses et plus rapprochées qu’ailleurs en milieu rural. La promiscuité sociale, la cohabitation des comportements urbains et ruraux, la «villagisation» des villes, les problèmes environnementaux (pollution, inondations, salification des eaux du fleuve, érosion côtière) et sociaux (accès à l’eau, électricité, emplois, 60% de la population urbaine d’Afrique vit dans des bidonvilles). Le mode d’habitation ou les lotissements post-colonisation avec les SICAP, HLM, Medina, bidonvilles et les lotissements du domaine national avec les quartiers lebous sans plan d’aménagement du territoire fait de Dakar un cocktail détonnant de la propagation de la pandémie. Dakar comptabilise a elle seule 7713 sur 10391 cas positifs ce qui représente 74,26%. La carte sanitaire de Dakar face à la pandémie nous renseigne que Dakar compte 10 districts sanitaires, 13 établissements publics de santé, 22 centres de santé, 152 postes de santé, 37 cases de santé, 27 cliniques, 692 cabinets médicaux et 172 médecins selon les rapports du ministère de la Santé et de l’action sociale. Ces données rapportées à la population totale de Dakar (3 429 371 h) posent problème quant à notre capacité de prise en charge et de prévention de la pandémie du Covid-19.
Les capitales africaines ont reproduit le même schéma spatial binaire entre la ville et les banlieues-dortoirs avec une ségrégation dans l’accès aux services sociaux de base. La propagation du virus ne se fait pas de la même manière selon l’espace géographique et les facteurs d’exposition aux risques (inondations, difficultés d’accès à l’eau, à l’hygiène, cadre de vie, plateau techniques limités au niveau des services de santé). La distribution spatiale fait l’objet de discrimination en fonction de ces accès et accentue la dichotomie coloniale entre le plateau et la Médina notamment entre le centre et la périphérie, le centre-ville et la banlieue. La ville africaine est conçue comme une ville marchande et grouillante où le mode de vie rural et urbain est transfiguré et redéfini sans âme. Elle reproduit la banlieue qui est composée aussi d’un centre-ville commerçant qui se confond avec la périphérie dortoir. La ville se transforme à notre insu en ville-souk, avec les cantines autour des mosquées, des églises, sur les boulevards, les trottoirs, les carrefours, autour des écoles (une grande marque de la place a construit son magazin dans l’espace d’une école), où même l’auto-pont se couvre d’étals de chaussures et un mini marché. La ville nous parle et nous sur-expose à la pandémie de la Covid-19. L’acte 3 de la décentralisation a ouvert des vannes pour la collecte effrénée des taxes municipales et la transformation des communes en marché permanent, qui pour le commerce, qui pour les spéculations foncières.
Répartition de la population dans une ville/mouvements de populations et transformation des quartiers.
Au Sénégal près de 74 % de la population urbaine se retrouve dans les villes de Saint-Louis, Thiès, Ziguinchor et de Dakar, selon le rapport de l’enquête sur la situation économique et sociale de l’ANSD 2016.
La région de Dakar qui représente la plus faible superficie du Sénégal (547 km², soit 0,3%), concentre à elle seule le quart de la population du Sénégal (3 330 694, soit 23%) avec une densité de 6089 h au km², et plus d’un Sénégalais sur cinq résidait à Dakar en 2015. Ainsi ‘le Sénégal enregistre un taux d’urbanisation supérieur à la moyenne observée en Afrique subsaharienne (40 %), relève la Banque mondiale dans un de ses rapports. La proportion de citadins a quasiment doublé ces dernières décennies - de 23 % dans les années 1960, elle est passée à 43 % en 2013 - et devrait s’établir à 60 % à l’horizon 2030. Plus de neuf Sénégalais sur dix résident en milieu urbain dans la région de Dakar (taux d’urbanisation de 96%). Ce taux est aussi non négligeable dans les régions de Thiès (50%), Ziguinchor (47%) et Saint-Louis (47%). Les villes sont à la fois des villes de brassage, de maturation de la résilience et de transit pour beaucoup de jeunes qui peuplent les quartiers par défaut d’emplois et de compétences de vie. Ainsi Dakar, Pikine, Guediawaye, Keur Massar, Mbao et Rufisque comptent 6828 cas positifs, ce qui représente 69,63% des cas enregistrés au Sénégal.
Cohabitation entre différentes populations /Phénomènes de ségrégation.
Depuis la sécheresse de 1968 à 1973, souvent appelée «grande sécheresse» qui avait concerné 16 pays du Sahel et avait provoqué une vague excessive d’exode rural et des inégalités sociales et géographiques. La redistribution spatiale s’est opérée avec une forte pression démographique sur les villes plus particulièrement en la région de Dakar. Les ethnies les plus représentées sont les lébous considérées comme les premières populations autochtones de la presqu’île du Cap Vert, il s’ensuit les wolofs, les mandingues, les diola, les sérères, les halpulars. Avec les crises multiformes dans la sous-région, Dakar est devenu un hub pour plusieurs populations de la CEDEAO. Ce brassage fait de Dakar une ville métisse en termes de culture et de cohabitation entre les terroirs.
La ségrégation se trouve ainsi au niveau des types d’habitat et l’accès aux services urbains (eau, assainissement, électricité, éclairage public, commodités urbaines, transport, etc. ) Les quartiers résidentiels, les quartiers spontanés, les quartiers traditionnels et les banlieues proches et lointaines constituent l’espace urbain avec une modularité des transports urbains vecteur de circulation des virus.
Transports et mobilité
La pandémie du coronavirus a révélé la fragilité de la mobilité urbaine et du mode de transport comme vecteur de transmission du virus. La vétusté du mode de transport public est une donnée fondamentale dans les villes africaines où de vieux véhicules polluant, des cars rapides et des clandos arpentent les rues de Dakar, tout comme des pousse-pousse, des boda boda et des matatus à Nairobi, des zemidian au Bénin, des kekenapep à Maiduguri, des Rakchas à Abeché. Toute chose étant égale par ailleurs, le temps de l’Afrique est devenu le temps du «développement inégal et combiné», le temps du mimétisme urbain sans disposer des moyens appropriés pour prévenir et préparer des pandémies qui seront très courantes dans le monde entier avec la destruction des écosystèmes. Le parc automobile se concentre essentiellement à Dakar avec 73,6% des véhicules du parc automobile national, viennent ensuite successivement, les régions de Thiès (7,8%), de Diourbel (4,5%), de Louga (2,9%) et de Kaolack (2,8%) selon le rapport sur la réforme des transports urbains à Dakar : bilan et perspectives, après quinze ans d’activités – Alioune Thiam, Directeur général, CETUD. Les voitures âgées de 16 ans et plus comptent pour 56,5% du parc automobile. La mobilité urbaine et les dynamiques de populations dans les villes constituent une menace pour la prévention de la propagation de la pandémie de la Covid-19. Le secteur du transport emploie plus de 200 000 personnes sans compter toute la dynamique des transactions autour du secteur du transport. Les gares routières comme Petersen reçoivent en moyenne plus de 60 000 personnes par jour sans aucun dispositif de gestes barrières, ni même dans les cars rapides / Ndiaga Ndiaye ni dans les taxis clandos. Il en est de même pour les gares routières du camp Lat Dior, Colobane, Guediawaye, Pikine, Rufisque, Keur Massar et les garages clandos, bien des espaces publics favorisant la propagation de la covid-19 dans la région de Dakar.
Au vue de l’évolution de la pandémie de la covid-19 dans les centres urbains notamment Dakar, Touba et Thiès, n’est-il pas temps de rompre avec le pilotage à vue de la gestion des épidémies en mettant en place des centres de dépistage volontaire et gratuit dans les villes les plus touchées à l’instar de ce qui s’est fait dans le cadre de la lutte contre le sida ?
La surpopulation des capitales africaines, la promiscuité dans l’habitat, les mouvements intenses des populations, la floraison de marchés y compris des marchés ruraux avec les loumas et les marchés du vendredi, l’encombrement des quartiers et des rues, le pauvre assainissement font obligation de respecter la distanciation sociale et physique par les gestes barrières. La vague de déplacement des populations de l’épicentre de la Covid-19 du fait de la Tabaski va élargir la base de propagation de la pandémie dans les centres urbains et dans les villages et affaiblir d’avantage la prévention et la prise en charge des cas positifs. Aujourd’hui la ville africaine doit être repensée à partir d’un mode d’habitat structuré autour de l’imaginaire social et les acquis du patrimoine architectural et non pas poursuivre le rêve de notre défunt président Senghor qui voulait que Dakar soit comme Paris à l’an 2000. Diamnadio aurait pu s’inspirer de l’architecture d’une ville africaine au lieu de reproduire un champ de béton armé.
LA DIRECTRICE, MME COUSSON TRAORE, CANDIDATE A SA PROPRE SUCCESSION
Candidate à sa propre succession, la directrice sortante ambitionne de poursuivre ses ambitions pour faire de la prestigieuse école de journalisme de Dakar une référence en Afrique et au-delà.
La directrice du CESTI, Mme Cousson Traoré, a dévoilé son programme. Candidate à sa propre succession, la directrice sortante ambitionne de poursuivre ses ambitions pour faire de la prestigieuse école de journalisme de Dakar une référence en Afrique et au-delà.
La directrice du Centre d’études des sciences et techniques de l’information, Mme Cousson Traoré, se présentera à nouveau pour continuer d’occuper le poste de directeur de l’établissement. Dans un document qui nous est parvenu, elle expose son plan pour poursuivre le travail déjà entamé. Elle livre aussi les raisons de son engagement. « Enseignante au CESTI depuis décembre 2000, représentante des enseignants au Conseil d’Etablissement de 2001 à 2005, directrice des études depuis 2011, j’ai acquis plus d’une dizaine d’années d’expérience dans la gestion administrative et pédagogique. Aussi, ai-je appris à connaître les femmes et les hommes qui animent et participent, sans réserve aucune, à la vie de notre école.
Au-delà du CESTI, en ma qualité de membre de l’Assemblée de l’Université, j’ai une bonne connaissance de notre institution, de ses différents acteurs, et surtout une meilleure compréhension de ses procédures administratives et financières », a-t-elle écrit dans son document programme.
Avant de poursuivre : « Pour avoir servi le CESTI avec dévouement et abnégation depuis ma nomination à la direction des études, cheville ouvrière de l’établissement au plan pédagogique, et dans une collaboration dynamique et franche avec la direction du CESTI de même qu’avec les différents départements, j’ai parfaitement compris les enjeux liés à la formation des journalistes et des techniciens de l’information et de la communication. Par ailleurs, j’ai côtoyé les différents partenaires stratégiques du CESTI pour avoir été entièrement impliquée dans l’élaboration et dans la mise en œuvre de tous les projets.
Pour toutes ces raisons, je pense avoir les qualités personnelles et professionnelles requises pour assumer pleinement la charge de directrice du CESTI » assure Mme Cousson Traoré. Qui a défini dans le document son projet pour l’école de journalisme de Dakar. « Depuis 2011, le CESTI a introduit de nouveaux modules d’enseignement général et professionnel afin d’améliorer la qualité de la formation des journalistes et des techniciens de l’information et de la communication. Des innovations sont notées dans la création d’un Master en communication des organisations, en communication pour le développement ou dans la création d’une licence en production audiovisuelle. Un Master en journalisme économique, en partenariat avec la FASEG, est en bonne instance », indique la directrice sortante.
À l’en croire, tout sera fait dans l’optique de poursuivre la politique de création de nouvelles filières professionnelles et de modernisation des équipements pédagogiques. Dans la même dynamique, la directrice souligne qu’elle mettra en place des licences professionnelles en journalisme scientifique, en journalisme culturel, ou en journalisme de sport ; mais aussi en multimédia qui prendra en charge le web journalisme enseigné au Cesti depuis 2007, en journalisme mobile ou en journalisme de bases de données (database journalism).
La candidate à sa propre succession promet aussi l’introduction des langues nationales dans la formation, en partenariat avec la Direction de l’alphabétisation et des langues nationales. Pour la recherche, elle indique que l’école offre un cadre favorable à la recherche et au développement personnel. Dans son document, elle n’a pas oublié d’évoquer la difficile question de l’insertion professionnelle des diplômés du Cesti et beaucoup d’autres innovations dans le domaine du web.
Pour rappel, la directrice du Cesti, Mme Cousson Traoré a connu un mandat mouvementé. elle a été, par exemple, en désaccord avec les enseignants du Syndicat autonome des enseignants du Supérieur (Saes). Elle aura comme challenger m. Mamadou Ndiaye, qui n’est autre que le directeur des études de l’établissement.
UN EXEMPLE REUSSI DE DEVELOPPEMENT DURABLE
La réserve communautaire de Popenguine a été créée en 1986 pour permettre la réhabilitation d’un milieu très dégradé en raison du déboisement (bois de chauffe), du surpâturage et de plusieurs vagues de sécheresse.
Etienne Ndiaye (Correspondant permanent à Mbour) |
Publication 06/08/2020
La réserve communautaire de Popenguine a été créée en 1986 pour permettre la réhabilitation d’un milieu très dégradé en raison du déboisement (bois de chauffe), du surpâturage et de plusieurs vagues de sécheresse. Première du genre au Sénégal, cette réserve qui s’étend sur 1 009 hectares constitue une expérience de développement durable basée sur la conservation de la biodiversité. Le projet apparaît comme un exemple réussi du développement durable basé sur la conservation de la biodiversité. Dans ce cadre, une campagne de reboisement est menée chaque année. 10000 noix de rôniers ont été plantées lors de la présente édition.
En 1936, une forêt classée était déjà érigée à Popenguine. en 1986, le gouvernement du Sénégal crée la première réserve naturelle du pays. La réserve naturelle communautaire de Poponguine couvre une superficie de 1.009 hectares, dont une frange maritime qui se trouve à 800 mètres de profondeur et plus de deux kilomètres de long. La côte rocheuse qui comprend une zone de frayère pour les poissons et une savane soudano-sahélienne sont les principaux biotopes observés. Les oiseaux y sont nombreux et on voit réapparaître des espèces telles que la pintade, le chacal, le porc-épic, etc. en 1988, une association réunissant 149 femmes (et un homme) sous la direction de feu Oulimata Thiaw, ancienne présidente du défunt Conseil rural de Diass (1996-2001) s’est spontanément créée afin de promouvoir la protection de la nature. Cette initiative a été très médiatisée et a reçu le soutien de la Fondation Nicolas Hulot.
La naissance, en 1989, de la Coalition des femmes de Popenguine pour la protection de la nature (Cfpn) a été suivie d’un bilan positif, conduisant à la création du Collectif des groupements de femmes pour la protection de la nature (Copronat) qui met l’accent sur la dynamisation de l’économie locale, à côté de la réhabilitation des écosystèmes. Les femmes entourent de toute leur attention la lagune de La Somone, site de migration pour les oiseaux de l’éco zone paléarctique occidental. Ce travail bien fait est le prétexte à la signature d’un protocole d’entente, en juin 1996, entre le ministère de l’environnement et Copronat pour une cogestion de la réserve. Le partenariat noué entre le gouvernement du Sénégal et les femmes de huit collectivités locales pour protéger le site depuis 1996, contribue à réduire la pauvreté.
Et c’est la nature qui s’en porte mieux, la mangrove renaît, la diversité animale est désormais une réalité dans la zone avec le retour d’espèces comme le chacal, la mangouste, la civette, le gris céphalophe, le singe pats, et le lièvre de brousse. C’est un véritable laboratoire de la coopération entre la Direction des parcs nationaux et les populations à travers le « Plan d’action quinquennal de conservation pour le développement intégré d’un réseau d’aires protégées ».
La réserve combine protection de l’environnement et gestion durable des ressources naturelles, dans un cadre d’autonomisation des communautés vivant aux alentours. Ces dernières trouvent des opportunités économiques dans ce partenariat pour la vie. Les femmes ont réussi à restaurer près de dix hectares de mangroves, faisant revenir les oiseaux paléarctiques et africains tropicaux. Fort de ses 1. 500 femmes originaires de huit villages, Copronat gère désormais la conservation locale. au fil du temps, les jeunes ont commencé à jouer leur partition avec l’implication de bénévoles garçons et filles pour soutenir les projets de développement communautaire, servir d’ «écogardes ». L’association de femmes gère un campement, s’occupe de la réserve et dispose de guides ornithologique.
Un exemple de gestion communautaire des ressources naturelles par des femmes.
Chaque an, il y a un reboisement avec des milliers d’arbres adaptés tels que l’acacia nilotica (gommier rouge) « néb néb » en langue wolof. Les fruitiers sont promis à la vente, d’autres essences servent pour le décor, les prosopis pour les bois de village et les arbres forestiers pour la réserve. Cette année, le comité a choisi le rônier, arbre « intelligent » puisque capable de s’adapter à toutes les contraintes d’ordre hydrique pour ne pas dire climatique. « On constate que la forêt a tendance à se dégrader de plus en plus. Comment ne pas être nostalgiques alors des années d’antan où on était charmé par la verdure qui surplombe la montagne dans cette zone ?
Nous procédons aujourd’hui à un reboisement massif de 10.000 plants de rôniers. C’est un reboisement intelligent car le rônier est une espèce capable de pousser dans toutes les conditions hydriques et climatiques », indique Cheikh Diagne, coordinateur du projet de reboisement 2020. « Avec les réalisations qui sortent de terre à l’image de l’Aéroport International Blaise Diagne(AIBD), le futur port autonome de Ndayane, il ne nous reste que cette réserve comme poumon vert. Donc, il est d’une impérieuse nécessité pour nous de travailler à sa pérennisation. Cette réserve est comme une mine d’or à nos yeux. En tant que jeunes, nous sommes conscients de l’engagement dont nous devons faire montre pour accompagner nos braves mères qui se donnent nuit et jour pour la préservation de cette réserve », a laissé entendre Papa Souleymane Diouf, porte –parole du réseau des jeunes volontaires de la réserve. « Cette réserve est l’œuvre des femmes. Sans la femme, point de développement. Aujourd’hui, nous sommes là pour perpétuer la mémoire de toutes ces femmes pionnières qui dès fois ont payé de leurs vies pour la défense de l’environnement. Aujourd’hui, nous lançons un défi aux jeunes de préserver ce legs pour lequel nous, mères, nous nous sommes battues des décennies durant », a pour sa part relevé Florence marie Sarr ndiaye, membre du Copronat. Ces efforts pour un environnement préservé ne sont pas restés vains.
D’abord classé 7ème mondial en matière de gestion de l’environnement, il a reçu en 2008, le Prix de l’équateur qui lui a été attribué en tant que meilleure association de protection de la nature. Une victoire somme toute pour ces femmes aux avants – postes du combat pour la préservation de l’environnement et la protection de la nature. Le succès du Collectif des groupements de femmes pour la protection de la nature (Copronat) est un exemple à imiter. Ces femmes, au nom de la protection de l’écosystème, ont amélioré le quotidien de villageois situés aux alentours de la réserve naturelle de Popenguine.
par Mohamed Lamine Ly
COVID-19, COMMENT SORTIR DE L’IMPASSE
À entendre nos autorités, le port obligatoire du masque constitue l’alpha et l’oméga de la lutte anti-covid. Mais le but ultime de la manœuvre devrait être l’isolement des individus infectés et de leurs contacts
Cinq mois après la notification du 1er cas de COVID-19 au Sénégal, le gouvernement sénégalais semble plongé, depuis plusieurs semaines, dans une profonde torpeur, donnant l’impression d’avoir perdu le leadership de la gestion de la pandémie.
Alibi par anticipation
On se rappelle la levée totale du couvre-feu et la fin des limitations de la circulation interurbaine, au lendemain des émeutes du 3 juin, que le ministre de la Santé avait mis sur le compte d’une tendance baissière, aussi fictive que saugrenue. Bien au contraire, on avait plutôt constaté une circulation active du virus se manifestant par une explosion des cas positifs et un accroissement de la létalité, si évidents qu’ils ont suscité un tollé général.
Le communiqué du Conseil des ministres du mercredi 05 août 2020, traitant de la COVID-19, semble surtout destiné à se fabriquer, par anticipation, un alibi sur les conséquences redoutées, suite au laxisme observé durant la période de Tabaski et ce, depuis l’assouplissement des mesures barrières.
Cela dit, il est permis de douter qu’on puisse résumer, en deux phrases, la complexité de la riposte à la pandémie et la nécessité de mesures correctrices. C’est précisément à cause de ces schémas simplificateurs, que notre pays n’arrive pas à s’extirper des sables mouvants de la COVID-19.
Ainsi, il est trop facile pour les tenants de l’idéologie dominante, de réfuter des critiques objectives sur la gestion de la pandémie, en rejetant toute la responsabilité sur une jeunesse inconsciente ou égoïste, ne se préoccupant pas du sort des séniors. De même, une politique exclusivement répressive ne saurait prospérer, comme on l’a déjà constaté.
Les forces vives, dans leur quasi-totalité, ont montré leurs bonnes dispositions pour faire bloc contre ce fléau redoutable que constitue la pandémie de COVID-19.
Cela ne peut, en aucun cas, signifier un alignement inconditionnel sur la démarche gouvernementale, qui doit faire l’objet de discussions franches, libres et loyales telles qu’on ne peut plus rêver d’en avoir à l’Assemblée Nationale où règne un unanimisme stérile, à l’instar des autres institutions. La lutte contre ce nouveau virus est en soi assez complexe pour qu’on n’ait pas besoin d’y greffer des considérations politiciennes.
Il devrait plutôt s’agir d’approfondir la réflexion sur certaines problématiques comme le dépistage, la maîtrise des causes de décès et l’engagement communautaire.
Pour une stratégie nationale de dépistage
À entendre nos autorités, le port obligatoire du masque constitue l’alpha et l’oméga de la lutte anti-COVID-19. Mais le but ultime de la manœuvre devrait être l’isolement des individus infectés et de leurs contacts.
Or, le gouvernement, a décidé, avec les nouveaux algorithmes, de restreindre le dépistage aux seuls cas-contacts symptomatiques et/ou porteurs de comorbidités, laissant en rade les porteurs asymptomatiques. Cela revient à faire des économies de bouts de chandelles au détriment d’une lutte efficace contre la pandémie. On en revient toujours à cette approche médicalisée qui privilégie la prise en charge curative individuelle sur l’interruption des chaînes de transmission.
Au total, il est difficile, pour la communauté nationale, d’avoir une claire perception de l’ampleur de l’épidémie et d’être consciente des menaces, en raison des énormes gaps dans le dépistage, insuffisant depuis le début et devenu encore plus restrictif, depuis quelques semaines.
La sous-estimation du nombre de cas positifs semble relever d’un manque notoire de volonté politique d’instituer une stratégie nationale de dépistage appropriée. Elle devra associer plusieurs variétés de tests (PCR, sérologiques, TDR) et diverses modalités de dépistage, comme des investigations ponctuelles au niveau de certains groupes (professionnels et/ou à risques) et utilisant des techniques judicieuses d’échantillonnage. C’est ainsi que le dépistage permettra une bonne surveillance épidémiologique, une détection précoce et un isolement des cas positifs, un traçage des cas-contacts, et l’évaluation de l’immunité collective...
Pour y arriver, notre pays devra se libérer de la "tutelle" encombrante de laboratoires comme celui de l’Institut Pasteur, préconisant des recettes pas forcément adaptées à nos réalités africaines. Ainsi, par exemple, les pays occidentaux utilisent des tests, certes un peu plus sensibles (10-20%) que les tests antigéniques, mais onéreux et hors de portée de nos pays pauvres, à mesure que la pandémie progressera.
Pour une maîtrise des causes de décès
Malgré les insuffisances du dépistage, la progression inexorable de la mortalité renseigne sur le sérieux de la situation. Certes, les statistiques sur les causes de mortalité, sont faussées par le fait que la détermination du genre de mort ou l’autopsie ne sont pas systématiquement faites pour les décès survenant à domicile ou au sein de la communauté.
Néanmoins, il demeure indéniable que l’aggravation de la pandémie s’affirme de plus en plus, avec le pressentiment diffus d’une surmortalité caractérisée par la disparition brutale et spectaculaire d’éminentes figures nationales contrastant avec les morts plus discrètes de dizaines de braves citoyens anonymes.
C’est le lieu d’en appeler à la mise sur pied d’un observatoire des causes de décès ouvert aux organisations de professionnels de santé et aux organisations de la société civile et communautaires, pour mesurer l’impact réel de la pandémie, en termes de mortalité.
Cet état de fait devrait amener la communauté nationale à faire preuve de plus de responsabilité, en garantissant la confidentialité des données sanitaires, tout en protégeant l’entourage des patients et la société contre tout risque infectieux.
En effet, le déni de la maladie – du fait de la stigmatisation ou de l’ignorance - par les proches de patients décédés de la COVID-19 peut revêtir des formes insupportables, pouvant donner lieu à des actes de violences. Il aboutit assez souvent à la non-application des protocoles de gestion de dépouilles mortelles, exposant ainsi des centaines de personnes, lors des levées du corps et enterrements à la maladie.
Pour une véritable rupture dans la lutte contre la pandémie
Notre conviction est que nous devons tous faire preuve de courage pour dépasser les vieilles approches de gestion des politiques publiques, particulièrement celles relatives à la santé, car c’est la survie de nos nations, qui est en jeu.
Le changement de paradigme, dont il est question, ici, a trait à une implication accrue des usagers, des patients, des ONG et de la société civile, y compris les organisations féminines.
Il y a aussi la transparence et la redevabilité qui doivent présider à toutes les actions entreprises pour juguler la pandémie et ce, d’autant plus, que les populations ont de bonnes raisons d’être méfiantes envers leurs dirigeants.
Une fois, le processus de rétablissement de la confiance amorcé, on peut envisager l’implémentation de stratégies d’engagement communautaire. Mais là encore, il s’agit de partir des ressorts internes à la communauté dans une optique d’appropriation de la lutte anti-COVID-19 et non d’utilisation d’auxiliaires communautaires, censés prêcher la bonne parole apprise auprès des techniciens.
Il ne faut pas se faire d’illusions sur une fin prochaine de la crise sanitaire actuelle, car la disponibilité de vaccins semble encore hypothétique, incertaine et probablement lointaine, surtout pour nos pays. Ce qui semble plutôt se dessiner, c’est une cohabitation durable avec le nouveau coronavirus, en privilégiant le contrôle social (éducation civique et citoyenne), par le biais d’un engagement communautaire bien compris sur le contrôle d’autorité (peur du gendarme).
Dr Mohamed Lamine Ly est Spécialiste en santé publique
The COVID-19 Pandemic in Francophone West Africa: From the first cases to Responses in Seven Countries
Gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg, Ministère de la Santé, COVID-19 : Une stratégie de test ambitieuse et au service de la santé publique
OMS, Gestion des dépouilles mortelles en situation d’urgence
The Conversation, African countries need cheaper COVID-19 tests: here’s how to get them
COMMERCE DE DAKAR RECLAME LA GARE DES GROS PORTEURS ET LE MARCHE D’INTERET NATIONAL DE DIAMNADIO
La gare des gros porteurs et le marché d’intérêt national de Diamnadio, inaugurés en grande pompe par le chef de l’etat le 29 janvier 2019, auraient été conçus par la Chambre de Commerce de Dakar.
La Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar réclame la gestion de la Gare des gros porteurs et du marché d’intérêt national de Diamnadio. Les membres de l’Institution consulaire entendent développer un plaidoyer auprès des autorités pour mettre dans leur escarcelle ces deux grandes infrastructures qui ont été conçus par la Chambre de Commerce de Dakar qui a été par la suite dessaisie.
La gare des gros porteurs et le marché d’intérêt national de Diamnadio, inaugurés en grande pompe par le chef de l’etat le 29 janvier 2019, auraient été conçus par la Chambre de Commerce de Dakar. « La Gare des gros porteurs et le Marché d’intérêt national de Diamnadio sont deux vieux projets de la Chambre de commerce de Dakar qui a élaboré l’étude de projets, et surtout la faisabilité avec de nombreux partenaires comme la Banque mondiale et aussi le soutien de chambres consulaires comme celle de Bordeaux.
En outre, les défunts dirigeants de la chambre, notamment les présidents Lamine Niang et Mansour Kama, ont beaucoup voyagé surtout en Turquie pour dénicher des partenaires pour la construction de ces deux infrastructures » révèle le secrétaire général de la chambre de Commerce, Mbaye Chimère ndiaye. Ce dernier va jusqu’à dire que le foncier sur lequel sont bâties ces deux infrastructures appartiendrait à la chambre.
Au niveau de l’institution consulaire, les dirigeants, notamment le vice-président Ibrahima Lo et le trésorier, m. auguste Bruno d’Erneville, indiquent qu’ « un accent particulier sera mis sur le plaidoyer pour obtenir la gestion du Marché d’Intérêt national Mamadou Lamine Niang de Diamnadio et celle de la Gare des gros porteurs ». Surtout que, à travers le monde, la gestion de telles infrastructures revient aux chambres consulaires. « On est mieux placés que quiconque pour gérer de telles infrastructures. Au niveau international, ce sont des chambres de commerce qui gèrent de telles infrastructures. Notre vocation, c’est de gérer des établissements d’intérêt public comme, en France, Aéroport de Paris, Orly, le Palais des Congrès sont gérés par le Chambre de Commerce de Paris » souligne Mbaye Chimère ndiaye. Il tentera aussi de rassurer sur la stabilité institutionnelle de la chambre de consulaire qui a pu procéder au remplacement dans la démocratie de son défunt président, Mamadou Lamine niang, par l’élection en novembre, sans contestation, ni incident, du président Abdoulaye Sow.
En outre, la chambre de commerce de Dakar a été à la base de la réforme de l’Uemoa pour la création de chambres nationales de commerce avec aussi des chambres régionales. La loi sur l’instauration de la chambre nationale de commerce a été votée en 2017. il ne reste que les décrets d’application. « Des négociations sont en cours pour harmoniser les vues au niveau des chambres régionales et de la Chambre nationale qui sera basée à Dakar de manière à permettre au chef de l’Etat de prendre les décrets d’application. Donc, la chambre de commerce de Dakar ne saurait constituer le blocage à ce niveau » a assuré Mbaye Chimère ndiaye. Avant de conclure, le secrétaire général a présenté les différents projets et actions prioritaires de la chambre pour les trois prochaines années.
Par Mamadou Omar NDIAYE
MÊME LES CROCODILES ONT PLEURÉ MANSOUR KAMA
Le désormais ex-patron de la CNES aura symbolisé personnellement la misère faite à nos hommes d’affaires marginalisés au profit de chefs d’entreprises occidentaux. Le coup qui l'a fait vaciller a été porté par le gouvernement de son pays
Devrait-on dire que le coronavirus a abattu Mansour Kama ou qu’il n’a fait qu’achever l’emblématique dirigeant d’une frange importante du patronat national ? Un dirigeant qui, jusqu’à la tombe, aura symbolisé jusqu’à la caricature et jusqu’à la désespérance, la misérable condition des hommes d’affaires sénégalais, parias et indésirables dans leur propre pays. Car le coup qui a fait vaciller et chanceler Mansour a été porté par le gouvernement de son pays à travers la résiliation scandaleuse du contrat de distribution de l’eau potable dans les villes du Sénégal dont était détentrice la SDE (Sénégalaise des eaux), la société dont il était le président du conseil d’administration.
L’opinion a encore en mémoire la manière dont la SDE, bien que mieux disante et classée première à l’issue du dépouillement de l’appel d’offres international lancé en ce sens, s’était vu écarter au profit du soumissionnaire classé… deuxième. Ainsi que nous l’écrivions à l’époque, c’est un peu comme si on disait « diable, qu’il court vite le cheval arrivé deuxième ! » Toujours est-il qu’au terme d’un tripatouillage digne d’une république arachidière, la SDE, société française certes mais sénégalaise par ses compétences et références dans le domaine de l’hydraulique en Afrique au point que de partout on venait pour s’inspirer de son succès, la SDE, donc, a été chassée comme une malpropre.
Après 23 ans de présence au Sénégal et l’atteinte de tous les objectifs qui lui avaient été fixés. Tout au long du combat qu’il savait perdu d’avance mais qu’il tenait à mener pour l’honneur, j’ai côtoyé presque chaque semaine Mansour Kama et son principal collaborateur et ami, Mamadou Dia, qui fut le premier dirigeant sénégalais de la SDE, ainsi que son successeur, Abdoul Baal. Je peux témoigner qu’il a fait preuve d’un grand courage durant toute cette période-là où il savait que le président de la République avait décidé de donner la concession de l’eau potable à la multinationale française Suez quel que fût le résultat de l’appel d’offres qui, de toutes façons, n’avait été lancé que pour la forme. A la manœuvre, il y avait Mansour Faye, le propre beau-frère du président de la République, qui ne s’est pas encombré de subtilités pour faire gagner son propre cheval…
Inutile de dire que le coup avait été extrêmement rude pour Mansour Kama qui avait titubé sous le poids de la charge. Il est permis de croire, le pauvre, que le coronavirus n’a fait que l’achever. Hypocrisie de la nature humaine : les mêmes personnes et les mêmes puissantes forces qui s’étaient liguées pour bouter la SDE hors du secteur hydraulique sénégalais sont celles qui ont versé les plus chaudes larmes à l’occasion de la mort de Mansour Kama. Des larmes de crocodiles, évidemment…
Un médiateur de l’ombre
Le patron de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes) aura donc symbolisé personnellement la misère faite à nos hommes d’affaires marginalisés au profit de chefs d’entreprises français évidemment, mais aussi chinois, turcs, marocains, indiens et, de plus en plus, israéliens ! Jugés indignes d’être ne serait-ce que des sous-traitants, ils portent leur lourde croix et sont condamnés à vivre d’expédients si ce n’est de miettes. Bien évidemment, un secteur aussi stratégique que l’eau ne pouvait pas être laissé entre leurs mains fragiles. Avec quelques autres idéalistes, Mansour Kama s’est battu la plus grande partie de sa vie pour que les hommes d’affaires sénégalais aient voix au chapitre, accès à la commande publique et puissent gagner quelques parts de marché. Tout le monde sait ce que ce combat a donné : rien. Je me rappelle, au début des années 90, Mansour Kama m’avait invité à déjeuner au « Terrou Bi », qui n’était pas encore le grand complexe qu’il est actuellement mais juste un petit restaurant en bord de mer. Là, il m’avait annoncé en exclusivité une importante nouvelle : il allait créer un syndicat patronal qui allait défendre les hommes d’affaire nationaux contrairement à celui qui existait, alors largement soumis aux intérêts français. Inutile de dire que c’est donc « Le Témoin » qui avait eu le scoop de la création de la Cnes.
Depuis lors et jusqu’à sa mort, Mansour n’a cessé de lutter courageusement pour le pavillon national et le patriotisme économique, n’hésitant pas à interpeler en ce sens les différents présidents de la république, d’Abdou Diouf à Macky Sall en passant par Abdoulaye Wade. C’est d’ailleurs dans le cadre d’une sorte de discrimination positive en faveur des nationaux qu’en 1996, au moment de la réforme du secteur de l’eau, il avait fait son entrée dans le capital de la Sénégalaise des eaux (SDE) nouvellement créée. Puis il avait repris la société Bata et investi plus tard dans la Banque régionale des marchés (BRM), etc. Mansour Kama n’était pas seulement un défenseur sans peur et sans reproche de l’entreprise sénégalaise puisque, on le sait, il avait combattu la gouvernance du président Wade en étant un des initiateurs des assises nationales qui ont si grandement contribué à la chute de l’ancien président et l’accession de l’actuel au pouvoir. Il était aussi, comme je le rappelais au lendemain du rappel à Dieu du général Amadou Abdoulaye Dieng, ancien gouverneur militaire de Casamance, l’un des premiers hommes, avec feu le Professeur marcel Bassène, un homme remarquable que j’ai connu au PDS et qui était son ami, mais aussi le marabout Amath Sy, à avoir été dans le maquis du MFDC (Mouvement des forces démocratiques de Casamance). C’était dans les années de braise de la rébellion casamançaise. D’ailleurs, après la parution de mon article, notre ancien collaborateur Mbagnick Diop, grand spécialiste de cette dernière, avait appelé Mansour Kama pour lui demander de parler du rôle qu’il a joué alors. Avec une grande diplomatie, il avait esquivé. L’ancien ministre de l’Intérieur Ousmane Ngom a aussi rappelé comment, à la fin des années 80, Mansour Kama avait transporté nuitamment, et à bord d’une petite voiture banalisée, l’opposant radical Abdoulaye Wade à Popenguine pour y rencontrer son farouche adversaire Abdou Diouf.
Quelques semaines plus tard, le fameux gouvernement de majorité présidentielle élargie dirigé par le défunt Premier ministre Habib Thiam voyait le jour. Last but not least, c’est encore Mansour qui, en compagnie du défunt Patrice Vauthier, journaliste au « Canard enchaîné », avait négocié l’établissement de relations diplomatiques entre le Sénégal et Taïwan. Naturellement, tous ces hauts faits d’armes, Mansour ne s’en est jamais glorifié. Il est mort en emportant ses lourds secrets au moment où la pauvre entreprise nationale, déjà si mal en point en temps normal, subit de plein fouet les coups du coronavirus. Ce même coronavirus contre lequel Mansour Kama a perdu, les armes à la main, son dernier combat… Puisse Dieu accueillir ce grand homme en son Paradis !
Par Baba Gallé DIALLO
LES KHALIFES GENERAUX PEUVENT-ILS FAIRE UNE DECLARATION EN FAVEUR DU PORT DE MASQUE AUX TALIBES ?
L’engagement et la mobilisation des communautés répétés sur tous les toits sont apparus comme une révélation qui n’en est pas une pour rompre la chaine de transmission du coronavirus au sein de la population.
Après tant d’efforts déployés dans la communication, on remarque, au finish, que les fruits escomptés ne sont pas au rendez-vous en défaveur de la Santé. On dirait que le Sénégal vient juste, il y a quelque temps, dans un passé récent, de sortir de son long sommeil cauchemardesque influencé par la COVID 19.
L’engagement et la mobilisation des communautés répétés sur tous les toits sont apparus comme une révélation qui n’en est pas une pour rompre la chaine de transmission du coronavirus au sein de la population. Le rôle prépondérant de la communauté pour arrêter la propagation d’une maladie épidémique est soulignée avec insistance dans toute la littérature relative à la lutte contre les épidémies et pandémies.
Le Sénégal ne l’ignore pas. Car il a géré avec succès plusieurs épidémies et maladies endémiques qui lui ont donné respect et considération sur la scène internationale. L’échec constaté par tous de faire appliquer les « gestes barrière » notamment le port du masque pourtant obligatoire a amené beaucoup de personnes à solliciter l’intervention des khalifes généraux, espérant que cela résoudra le problème.
A mon humble avis, cet appel tant souhaité par certains, est un terrain glissant pour les khalifes généraux qui, j’en suis sûr ne vont jamais s’y aventurer à la simple demande. Supposément que l’on arrive à faire parler un khalife général. Et qu’il demande à ses talibés de porter le masque. S’il arrive par extraordinaire, que les talibés qui se réclament d’une autre confrérie que celui du khalife qui aura fait l’appel ne suivent pas. Qu’est ce qui se passera ? Et que dire des chrétiens ?
Relativement à la prévention du coronavirus, les pouvoirs publics ont mis la population et les individus devant leurs responsabilités. Tout le monde connait les « gestes barrière » mais on ne les respecte pas. Ce que je crois : celles et ceux qui continuent de demander aux Khalifes généraux de faire un appel aux talibés pour le respect du port du masque doivent de revoir leur copie en pensant aux risques de division et aux conséquences que cela pourrait entrainer pour notre pays.
On a plusieurs confréries (Mouride, Tidiane, Khadre et Layenne) donc plusieurs khalifes généraux sans compter le clergé. L’idéale serait de les amener tous à parler en même temps et dans un temps bien précis. Ce qui ne sera pas une œuvre facile à réaliser. Si par une intervention divine, cela arrivait à se produire, dans ce cas, le message à délivrer, devra contenir le début et la fin de la période du port du masque demandé aux talibés et aux fidèles chrétiens. Il est possible d’inverser la tendance. Sur l’immensité de la tâche à accomplir, je suggère que l’on laisse les khalifes généraux en paix en arrêtant de demander urbi et orbi leurs interventions. Ils ont déjà beaucoup fait.
PLUS DE 286 MILLIARDS DE MARCHÉS PASSÉS PAR ENTENTE DIRECTE
Plusieurs ministères, des structures hospitalières, l’Apix… ont usé de ce mode de passation des marchés peu recommandé
La passation des marchés publics par entente directe a été le mode préféré par les autorités contractantes durant le second trimestre de l’année 2020. C’est un record. Puisque des marchés d’une valeur de 286 313 339 396 F Cfa sont passés par entente directe sur un total de 462 milliards 233 043 113 F Cfa, soit 62%. Plusieurs ministères, des structures hospitalières, l’Apix… ont usé de ce mode de passation peu recommandé.
La passation de marchés publics par entente directe qui devait être une exception est en passe de devenir la règle. On est encore loin de l’orthodoxie dans cette passation des marchés. Le record a été battu durant le second trimestre de l’année 2020 (Ndlr, avril, mai et juin). La majorité des autorités contractantes ont emprunté le raccourci de l’entente directe pour passer les marchés. Ce qui fait que plus de la moitié des marchés publics lancés pendant ce trimestre sont passés par entente directe. En effet, le rapport trimestriel de la Direction centrale des marchés publics (Dcmp) indique que 286 313 339 396 F Cfa sont passés par entente directe sur un total de 462 233 043 113 F Cfa, soit 62%. Le nombre de marchés passés par entente directe est de 28. C’est dire que ce sont les gros marchés qui ont fait l’objet de passation par entente directe. La grande partie de ce mode de passation est l’œuvre de l’administration centrale à Dakar. Son coût s’élève à 286 283 339 548 FCfa contre 29 999 848 F Cfa pour le reste des régions. Plusieurs structures de l’Etat ont préféré ce mode de passation que l’appel d’offres qui est plus transparent en matière de marchés publics. L’Apix fait partie de ces structures étatiques.
L’APIX FILE UN MARCHE D’UN 828 646 614 F CFA A L’ENTREPRISE GETRAN PAR ENTENTE DIRECTE
La structure dirigée par Mountaga Sy a passé un marché complémentaire de travaux de construction et d’aménagement de huit haltes et de deux gares (Thiaroye et Keur Mbaye Fall) en deux lots par entente directe. L’Agence de promotion des investissements et des grands travaux (APIX) a filé ce marché d’un 828 646 614 F CFA TTC à l’entreprise Getran. Le ministère de l’Élevage et des Productions Animales est également dans le coup. Les services de Samba Ndiobène Ka ont attribué deux marchés d’acquisition d’aliments de bétail dans le cadre du Fonds la Mutuelle Panafricaine de Gestion des Risques, d’un coût de 889 991 000 FCfa par entente directe. Le premier marché d’un coût de 499 995 500 F CFA est attribué à la Nouvelle minoterie Africaine (NMA) Sanders et le second d’une même valeur à la Sedima Sa.
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a également octroyé un marché par entente directe de 1 433 000 000 F CFA à Carrefour Médical. Il s’agit de la maintenance «All Inclusive» des générateurs d’oxygène des hôpitaux de Fann, Idrissa Pouye de Grand Yoff, Pikine, HEAR, Touba, Abass Ndao et Dantec (02), de SaintLouis, Thiès, Fatick, Kaolack, Kolda, Tambacounda, Ziguinchor, Louga, Diourbel, Ndioum, Matam et Ourossogui. Pour l’assurance de sa flotte automobile, la SONES file un marché par entente directe de 4 959 288 F CFA à Salama Assurances et la Direction Générale des Impôts Domaines donne au Groupe IDYAL le marché de développement de modules supplémentaires pour le système de gestion et de pilotage du contrôle fiscal, d’intégration et d’amélioration de l’algorithme de sélection, d’un coût de 95 919 250 F CFA.
Le ministère de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des enfants ne fait pas exception. Le marché d’achats de véhicules au profit du PIPADHS, de 1 018 659 Dollars est passé par entente directe. L’Agence de Développement Municipal (ADM) passe également les travaux complémentaire pour l’aménagement du site de relogement provisoire de Djougob de 364 276 242 F CFA à la Compagnie Sénégalaise des Travaux Publics (CSTP) SA par entente directe.
Le service de Seynabou Ndiaye Diakhaté est aussi dans le lot. L’Office National de Lutte contre la Fraude et la Corruption OFNAC a attribué par entente directe le marché d’entretien et de maintenance de l’ascenseur de marque KONE pour 1 203 600 F CFA à TECHNOSUD SA. Idem pour la Direction de l’Administration Pénitentiaire qui passe le marché de fourniture de denrées alimentaires aux établissements pénitentiaires de la région de Dakar par entente directe pour 182 141 050 F CFA.
L’ENTENTE DIRECTE EST LE MODE PREFERE DE L’HOPITAL PRINCIPAL DE DAKAR
L’entente directe est pratiquement le mode de passation préféré pour l’Hôpital Principal de Dakar. La structure hospitalière a attribué trois marchés d’acquisition et d’installation d’un équipement de cuisine complète, all inclusive (main d’œuvre et pièces de rechange) d’un appareil radio os-poumon AGFA Health Care et de maintenance all inclusive du scanner 64 barrettes 128 coupes de marques HITACHI à trois sociétés par entente directe. Le coût des différents marchés est respectivement 350 655 724 F CFA, 25 000 000 F CFA et 90 000 000 F CFA. Le Centre Hospitalier National Universitaire de Fann a également donné un marché de 75 000 000 F CFA à Carrefour Médical et un autre de fourniture de films numériques Colenta pour 20 000 000 F CFA à monitoring Radiology Systems (MRS) SARL.
L‘Unité de Coordination de la Gestion des déchets solides (UCG) octroie le marché de l’élaboration du plan de restauration des moyens de subsistance des récupérateurs de Mbeubeus d’un coût de 321 230 Euros à HYDEA Spa par entente directe. Par ailleurs, le coût des avenants passés durant ce trimestre est de 18 558 565 929 F Cfa, celui des appels d’offres ouvert est 108 267 187 645 F Cfa, les appels d’offres restreints à 42 401 224 351 F Cfa, les demandes de proposition à 4 728 508 726 F Cfa et les DRP ouverts à 4 964 217 066 F Cfa.