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18 juillet 2025
par Babacar Diop Buuba
MULTIPLE PHOTOS
HORREUR ET FÉCONDITÉ (3)
EXCLUSIF SENEPLUS - Il faut reprendre les vertus premières des universités faites de souplesse et d’échanges, en revisitant des expériences comme celle du fameux groupe de l’Imaginaire qui a été actif à l’UCAD dans les années 80-90 (français et italien)
SenePlus publie en exclusivité, la troisième partie du texte "Horreur et fécondité" du PAALAE initialement écrit en wolof par Babacar Buuba Diop, traduit en français par Mme Sy, Khady Fall Coulibaly et en italien par da Melita Cristaldi. Les cartes illustratives sont d'Ousmane Ndongo.
IV / Pré-évaluation
La crise du coronavirus a remis sur scène la primauté de la santé et de l’éducation en matière de politique de développement véritable.
Il est du reste révélateur que des pays comme la Chine et Cuba se soient mieux comportés que beaucoup de pays et aient pu prêter main forte à ceux qui le souhaitent.
Il est intéressant de noter un repositionnement du service national d’hygiène du Sénégal ; en effet 7 milliards de francs CFA sont prévus pour permettre à ce service de redorer le blason de la prévention (cf dossier Sud Quotidien, 30 Mars 2020, p. 5 à 8). Reste à savoir comment articuler les politiques d’environnement, d’hygiène, d’éducation pour plus d’efficacité.
L’éducation et la souveraineté, l’organisation sécuritaire doivent être la corde, la dialectique sociale. Notre collègue Mouhamadou Lamine Bâ de l’UGB a bien montré les défis de l’éducation formelle à l’épreuve du coronavirus et les opportunités que lui sont ouvertes pour la continuité et le renforcement des apprentissages à tous les niveaux du système éducatif. (Le quotidien 31 Mars 2020, p.10).
Nous nous permettons d’élargir la perspective en direction de l’éducation informelle (parentale et médiatique), non formelle (associative). Nous devons mettre en profil les sages conseils du professeur A. M. Mbow ancien Directeur de l’UNESCO.
In A. M. MBow, Le sourcier du futur, sous la direction de Jeanne Lopis Sylla et Charles Becker, Paris Harmattan, 2016, pp. 328 -329
A. Elimane Kane pose bien les articulations à opérer :
« Le principe d'une société humaine douée de faculté de délibérer librement pour opérer les choix devant déterminer son présent et son futur, n'a peut-être pas toujours existé. Mais il s'est manifesté dans l'histoire des hommes avec des fortunes diverses selon les époques et les civilisations. L'accroissement des connaissances et des pouvoirs de l'homme dans tous les domaines, y compris grâce à la machine, est-i1 de nature à garantir la préservation de cette faculté de délibérer et de choisir librement sa destinée ? Nul n'ignore que même dans les sociétés démocratiques les plus avancées, la manipulation de 1'opinion, pourtant réputée régulatrice et déterminante, est monnaie courante ; au point que des sociologues se sont demandé si le pouvoir qu'on lui prête n'est pas surfait. Dès lors, on est en droit de s'interroger sur la capacité de manipulation des technosciences servant les desseins du transhumanisme et contrôlées par les tenants de celui-ci : ne rendent-ils pas encore plus illusoires l'existence et l'exercice de cette faculté de délibérer librement en ayant en vue l’identité et 1es valeurs de l'humain ?
L'on notera toutefois que c'est probablement quand ce pouvoir de manipulation s'appuiera en même temps sur un mythe érigé en doctrine universelle que la manipulation aura une signification et peut-être l’effet réel d'une civilisation post humaine. Pour- conserver sa faculté de délibération et de choix, l'humanité devra se montrer capable d'inventer un mythe à son avantage, y compris en gardant et en s'appuyant sur 1es performances de 1a technique.
Un motif d'espoir toutefois pour l'humanisme et pour la philosophie du sujet : les vertus de l'ignorance et l'incertitude. Elles ont un trait commun paradoxal ; l'inachèvement. Un manque porteur de progrès. L'une des caractéristiques de l'univers et de l‘homme.
L'inachèvement est une perspective offrant des motifs d'espérer qu'entre les raisons de vivre et les moyens de vivre, l'homme, individuellement et collectivement, pourra toujours accorder la primauté aux premières, … (A. E. Kane : « Eloge des identités, de l’universel et du particulier, Harmattan, 2019, p.161)
Rayons de lumière et rythmes saccadés
On peut penser que les premiers moments de combats contre le virus ont été relativement bien gérés, depuis la présidence de la République jusqu’au niveau des mouvements associatifs en passant par les relais des leaders politiques, des guides religieux, coutumiers. Les cas importés comme les cas issus de contacts établis ou les cas considérés comme communautaires ont été suivis et traités et/ou vaincus.
Le président de la République a pris au départ des initiatives intelligentes et a essayé de jouer son rôle de rassembleur. Il faut souhaiter qu’il tire l’essentiel des leçons de l’épreuve et veiller à la mise en œuvre des recommandations non seulement des Assises Nationales Politiques, Sociales et Economiques (2008-2009), de celles des Assises, de la Santé, de l’Education, de la Recherche et de la Formation (2013-2014), sans oublier ce qui pourrait sortir des dialogues en cours. Ce qu’il aurait fallu faire et ce qu’il faut faire après ce genre d’exercice, c’est s’entendre sur des mécanismes et un calendrier de suivi-évaluation, impliquant l’ensemble des parties prenantes. Les rapports doivent être traduits et diffusés de manière multilingue, multimédia, multiscript. C’est ainsi qu’on peut juger de la sincérité et du sérieux des acteurs, le financement principal devrait venir de l’Etat, car l’argent du contribuable doit servir à la consolidation de la démocratie, au développement et à la paix durables. Ainsi, le chef de l’Etat sortirait par la grande porte en terminant son deuxième et dernier mandat.
Il faut féliciter particulièrement l’équipe médicale, scientifique, technique et logistique avec une mention spéciale au Pr Moussa Seydi qui a fait preuve de rigueur scientifique, de communication pertinente et de courage pragmatique, contre les sceptiques mystificateurs dans la lutte des lignes sur les voies et moyens d’en sortir ; lui et le Pr Didier Raoult, avec leurs collègues et équipes, ont montré qu’il fallait servir aussi les plus démunis.
Dans le contexte actuel, les acteurs politiques ont joué et continueront de jouer leur partition ; on a observé les partisans du soutien sans réserve aux initiatives du chef de l’Etat, les tenants du soutien tactique, de la participation au sursaut national face à la pandémie, tout en maintenant leur démarcation stratégique. Chacun, chacune a ses raisons, l’essentiel est de survivre pour mieux vivre dans le présent et le futur. Les revirements spectaculaires suite aux pressions socio-économiques, religieuses peuvent dérouter les plus avertis.
Après la fête de l’Ascension chrétienne et avant la Korité (Aïd El Fitr) de cette année, le pays en est à 2909 cas enregistrés, 1564 cas sous traitement, 1311 guéris et 33 décès (vendredi 22mai 2020).
Le professeur Moussa Seydi de la FMPOS de l’UCAD et chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital de Fann, est resté constant dans sa démarche et a répété que les patients guérissent plus rapidement avec l’hydroxychloroquine. Le Pr Abdoulaye Bousso du Centre des Opérations d’Urgences et Sanitaires (COUS) a continué d’avertir sur le danger de la propagation communautaire. Le docteur Alpha Sall de l’Institut Pasteur de Dakar a rassuré qu’il n’était pas encore nécessaire de procéder à un dépistage massif et son collègue, Mamadou Diarra Bèye du SAMU, de rassurer aussi que les structures de réanimation répondent aux normes internationales. Qu’à cela ne tienne, des collègues universitaires ou des étudiants de l’Ecole Supérieure Polytechnique de Dakar et/ou de Thiès ont montré leur sens de créativité ; des économistes donnent des suggestions sur la gestion du fonds Force Covid-19 (Sud 3-4-5 Avril 2020). Des historiens, archivistes documentalistes informent sur la gestion des cas sanitaires antérieurs dans l’histoire de notre pays (cf Sud du 30 Mars 2020 avec les éclairages des professeurs Ameth Ndiaye de l’EBAD et Mor Ndao chef du département d’histoire de la FLSH de l’UCAD), un panel élargi sous forme de webinair a été organisé sous la modération du Recteur de l’UCAD Ibrahima Thioub avec la participation d’Adama A. Pam responsable de la division documentation et des Archives et Bibliothèques l’UNESCO de Paris. Les animateurs de l’Institut de la Droits Humains et de la Paix (IDHP) de l’UCAD ont commencé sur la gestion des droits en période de coronavirus ; les linguistes s’interrogent sur les mots et les maux. Les économistes se préparent à évaluer les coûts du combat contre le coronavirus et se penchent sur les conditions et les moyens de la relance économique.
Ombres et percussions
Dans ce contexte les réflexions des philosophes sur l’identité (l’universel, le particulier), sur la mort (A.E. Kane, Mamoussé Diop, Djibril Samb, etc.) sont pertinentes.
Des écrivains comme Boubacar Boris Diop, des artistes peintres comme Ousmane Faty Ndongo, mon vieux compère de route dans ANAFA et la PAALAE, Goslam l’artiste, comme nos musiciens Cheikh Sow depuis Bordeaux, Go Ba depuis la Suède, Lamine Tounkara dit Saro à Dakar, ont déjà montré comment l’évènement les a inspirés.
C’est par les universitaires que je termine ; en les encourageant à persévérer dans la voie qu’ils ont choisie, en tenant compte de la complexité des phénomènes médicaux, à la charnière des questions biologiques, géographiques, éthiques, juridiques, politiques et économiques. Les avis et propositions du Professeur Moussa Thior, sur l’immunité collective, jugés iconoclastes, doivent être examinés, comme du reste ceux des partisans de l’utilisation de l’arthemisia, présentée au monde grâce à une coopération africaine féconde (Congo-Madagascar). En plus des opportunités qu’offrent les écoles doctorales, il faut reprendre les vertus premières des universités faites de souplesse et d’échanges, en revisitant des expériences comme celle du fameux groupe de l’Imaginaire qui a été actif à l’UCAD dans les années 80-90. Ainsi, experts des sciences humaines, naturelles, physiques, chimiques, juridiques, économiques, techniques, se retrouveront plus souvent pour mieux réfléchir et agir.
Ainsi, biologie et culture, physiognomonie et stigmatisation seront mieux analysées et corrigées pour l’enrichissement et le progrès des sciences et des spiritualités.
On peut se risquer dans une hypothèse : en Afrique, le taux de prévalence, de pénétration du Covid-19 semble être inversement proportionnel à l’âge et à l’intensité de l’intégration dans la mondialisation historique, géographique, économique et politique. Il serait utile d’étudier les cas du Lesotho, du Soudan du Sud, de la RCA, des Comores, du Malawi et de la Zambie.
Tout cela rend pertinent l’appel d’Alioune Sall, Directeur Exécutif de l’Institut des Futurs Africains, pour que deux (2) des quatre (4) cornes de l’Afrique, à savoir le Sénégal et l’Afrique du Sud, accélèrent leurs cadences en matière de recherches médicales, avec bien entendu les experts des deux (2) autres cornes (Egypte et Ethiopie) et avec ceux des Communautés Economiques et Scientifiques Régionales, existantes ou à créer, pour jouer leur rôle d’avant-garde, d’entrainement vers la souveraineté scientifique, médicale, éducative, politique, économique, sécuritaire, culturelle et idéologique de l’Afrique (lire la Pandémie a donné naissance à un précariat mondial (in Soleil du 31 Mars 2020).
D’où la nécessité de s’inspirer des thèses du professeur Samir Amin, sur la déconnexion programmée et solidaire pour une meilleure reconnexion des continents. Nous rêvons d’une Afrique débarrassée de bases militaires étrangères, d’une Afrique qui assure sa propre sécurité, comme l’ont préconisé ou souhaité C. Anta Dioip ; Nkwame Krumah, Gamal Abdel Nasser, Moumar Al Khadaffi, etc.
Elle doit s’enrichir des aspects positifs de ses cultures variées, diverses et fécondes
Elle doit être toujours ouverte aux grands courants de pensée, aux religions universelles et/ou localisées, aux mouvements altermondialistes, tout en développant ses stratégies et tactiques spécifiques.
Elle va se distinguer au sein d’une ONU revigorée où elle aura un droit de véto, son drapeau supranational, son hymne supranational, sa langue d’unification, le swahili sera enseigné dans toutes les universités comme le seront toutes les grandes langues sous régionales, voire transrégionales.
Elle aura enfin sa monnaie unique, l’Ifrikiya (chaud, le feu maîtrisé, dompté) qui coexiste avec les monnaies sous régionales, Agisymba ou Agambie (hippopotame, ancêtre du Ghana, du Mali anciens) avec le Dirham au Nord-Ouest et Nord-Est, le Zanj pour la Corne de l’Afrique, la région des Grands Lacs, à côté du Kongoma pour toute l’Afrique Centrale et le Ranshozu en Afrique Australe.
Les intellectuels organiques, universitaires ou actifs dans les mouvements sociaux, pourraient approfondir la réflexion sur, au moins onze (11) axes :
Identités, missions des établissements d’Enseignement Supérieur
Les franchises universitaires et libertés académiques, les questions d’éthique et de déontologie
Les ressources pour l’Enseignement Supérieur : pour l’éducation et la recherche, ressources humaines (recrutement, capacitation, performances, évaluation, carrière, retraite, éméritat), ressources scientifiques, techniques, institutionnelles, financières
Le calendrier scolaire et universitaire pour la formation diplômante et non diplômante, animation scientifique et culturelle, plus que d’actualité après les ravages du covid 19). Quels réaménagements à court, moyen et long terme ?
La production et l’animation culturelles et scientifiques.
Le ranking des universités ici (Afrique) et ailleurs (reste du monde) : critères et dispositifs internes et externes
Histoire de l’engagement militant dans les secteurs de l’Education et de la Recherche (étudiants, enseignants, chercheurs, PATS
La recherche fondamentale et appliquée dans le public, le privé et le communautaire. Au sortir du Covid-19 il y a urgence d’approfondir et d’articuler (ex lutte contre le corona et le paludisme par exemple, la pharmacopée moderne et traditionnelle.
La 3e mission des universités (universités ouvertes, extensions, services à la communauté).
La gouvernance des établissements scolaires et universitaires, problème d’efficience, d’efficacité,
Gestion des crises et conflits, médiations internes et externes.
A suivre...
VERSION ITALIENNE
2020, Un’epidemia forte, irrispettosa e amplificatrice di accuse e controaccuse all'interno e all'esterno dei paesi e tra le razze
IN CHE MODO GLI AFRICANI DEVONO FAR FRONTE AL COVID ?
Ah, questa pandemia che viene da lontano, che è fuggita dall’Oriente, da Wuhan, in Cina, per invadere l’Africa passando dall’Atlantico e attraccare a Dakar, a Ouakam, Ngor, Yoff, per trovarci!
Prima di invaderci, è rimasta in giro passando per l’Europe, l’America! Adesso ci sommerge, fa vacillare il mondo e tremare il pianeta.
La novità
Eppure chi conosce la storia dell’uomo sa che non è la prima volta che una sventura si abbatte su una località, una regione, un paese o un qualsiasi posto nel mondo. Ciò che è nuovo è la rapidità, l’immediatezza, la velocità e la propagazione del virus a causa del viavai nel mondo e tra i paesi e grazie alle tecnologie dell’informazione e della comunicazione.
La psicosi è in aumento, i morti non ne parlano, siano essi uomini o donne. La pandemia non lascia indenne nessuno, né bambini, né adulti e tanto meno la terza età ; terrorizza, non si sa come comportarsi con la Cina, insegue i bianchi d’Europa e d’America, gli arabi piangono e urlano, finalmente ha raggiunto i neri, qui in Africa; qui in Sénégal, dove gli abitanti pensavano di essere invulnerabili, immuni contro ogni male, di essere gli eletti di Dio.
Cosa fa tremare
Ciò che sorprende il mondo, gli esperti, i medici, i guaritori, i presidenti, è che il COVID è insondabile. Nessuno sa dove sia nato. Sono stati i ricercatori incoscienti a farlo scappare o si tratta di un complotto o di una lotta politica o economica? Lo sapremo un giorno, forse.
Non si deve svegliare il leone che dorme. L’ha svegliato un pipistrello o un altro animale venduto al mercato? É una pulce, un pidocchio o un’erbaccia ? Il virus vive nell’erba o sulla foglia?
Un giorno le ricerche chiariranno. Ciò che è sicuro è che il virus entra nel corpo dell’uomo, che è contagioso, che provoca febbre e tosse secca, una respirazione difficile, in più diarrea e naso che cola.
Si deve combattere la malattia e buttarla fuori dal mondo.
Tutti i paesi si affannano, ma invano.
Quelli che hanno adottato misure preventive e di protezione, come la Cina, hanno cacciato la pandemia dal loro territorio, gli altri che hanno tardato a prendere precauzioni come l’Italia, la Spagna, la Francia e l’America sono tutti interdetti, il colpo è molto duro per quelli che sono nati là, ma anche per gli stranieri che vi risiedono per lavoro.
Soluzioni e modi
Alcuni paesi, come la Cina, hanno fatto ricorso all’expertise, all’intelligenza e alla ricerca. Di conseguenza hanno messo in quarantena i malati, deciso un confinamento e cominciato a cercare un rimedio. In molti altri paesi hanno pensato ai rimedi delle nonne e alla religione arrivando a dire che gli errori degli uomini hanno risvegliato la collera divina e pregano per un ritorno ai precetti insegnati dai profeti.
E’ tempo di apprendere, di riapprendere e di impegnarsi alla luce degli insegnamenti di Serigne Moussa Ka contenuti nel suo poema «Xarnu bi» (xx secolo). Non ha omesso nulla, che sia l’economia, la cultura, la religione, gli usi e i costumi, la tradizione, le confraternite, la salvezza o la beatitudine. D’altronde, si deve ricordare o fare sapere che i nostri avi di Kemit e dell’Egitto sono stati i primi a dissertare sulla vita e la morte, la gioia e la pena.
Qui in Senegal
Nel nostro paese, il presidente Macky Sall, ha chiamato i leader dell’opposizione e le organizzazioni della società civile, i sindacati, i deputati, i giovani affinchè arricchiscano il pensiero per combattere la pandemia. Ciascuno ha dato ciò che ha potuto: conoscenza, empatia, forza, sapere, potere, soluzioni, soldi.
I ricercatori e i medici hanno fatto del loro meglio affinchè questo virus possa essere sconfitto e non raggiunga proporzioni preoccupanti.
Dopo un mese di presenza del virus in Senegal, è stato constatato che 195 persone sono state raggiunte, 40% sono casi importati, 56% casi da contatto, 4% da trasmissione in comunità; tuttavia, il luogo e l’origine della contaminazione restano sconosciuti.
E’ per questo che è tempo di prendere delle misure, perchè se non si sa da dove viene il contagio, si deve intensificare la prevenzione, con una ricerca medica approfondita. D’altronde è questo ciò che raccomanda il professore Seydi che coordina la lotta contro il COVID.
Coloro che lo collaborano nel campo della ricerca e della logistica, i dottori Abdoulaye Bousso, Alpha Sall e Moussa Diarra Beye, hanno rassicurato la popolazione e dato consigli utili. Questo è vero, però ci sono dei senegalesi che sono morti di COVID, come Pape Mababa Diouf, uomo di grande valore, molti uomini sportivi di fama nazionale e internazionale, grandi allenatori e dirigenti sportivi che facevano parte del club olimpico di Marsiglia in Francia.
Domani andrà meglio, resistenza e ricostruzione
In ultima analisi la negligenza è fatale, la salute, l’educazione, la conoscenza e l’expertise sono delle priorità che devono essere prese in seria considerazione.
Dobbiamo ritornare agli insegnamenti degli antichi saggi, riunirci più spesso e registrare gli atti dei nostri incontri. Così si potranno affrontare gli imprevisti prontamente. La dimenticanza continua, la stupidità e il dispiacere vanno di pari passo.
I ricercatori hanno davanti una grande sfida, devono scambiarsi opinioni e discutere con le autorità in tutti i campi.
Amici miei, quest’anno avrà molti colpi di scena! La pandemia sembra un vampiro, uno gnomo a cavallo di un diavolo, che salta sulla sua unica zampa e non offre alcuna possibilità ai nottambuli testardi.
Ecco il mostro! Ha spaventato la gente, come alcuni bianchi che affermano che è urgente trovare un nuovo rimedio, un vaccino e provarlo prima sui neri. In effetti, il nuovo mostro fa risvegliare il vecchio pregiudizio coloniale ancora presente in Europa.
I senegalesi, come tutto il resto del mondo, sono preoccupati! Se non si è accorti si tratteranno i vicini come streghe e i loro parenti come cannibali.
Come affrontare questa preoccupazione?
Mantenendo la calma, essendo più perspicaci, aumentando la ricerca, la coesione, la prevenzione e le cure mediche.
Finiamo con questa osservazione: quei pochi paesi africani che non si sono ancora impattati con il COVID, come Lesotho, Comore, Malawi, Sudan e San Tomé, sono relativamente lontani dalla globalizzazione. Questo per dire che tutti i paesi africani devono correre, imporsi di cambiare direzione e allearsi per battezzare un’Africa unita nella fratellanza. Che si sia determinati, che si abbia abnegazione, che ci si metta al servizio del popolo, che ci si unisca per lottare insieme e vincere !
Testo scritto in wolof da Babacar diop Bouba, presidente della PAALAE (Associazione Panafricana di Alfabetizzazione e di Educazione degli Adulti), ex presidente dell’ANAFA (Associazione Nazionale per la Formazione degli Adulti)
Tradotto in francese da Mme Sy, Khady Fall Coulibaly
Tradotto in italiano da Melita Cristaldi
Immagini di Ousmane Ndongo, Direttore Esecutivo dell’An@fa
AUDIO
OBJECTION AVEC CHEIKH GUEYE
Le géographe chargé de prospective à Enda Tiers-Monde, secrétaire général du cadre unitaire de l'islam au Sénégal, est l'invité de Baye Oumar Guèye
Cheikh Gueye, chargé de prospective à Enda Tiers-Monde, secrétaire général du cadre unitaire de l'islam au Sénégal, est au micro de Baye Omar Gueye de (Sud Fm) dans l'émission Objection.
par Karim Wade
MES VŒUX DE KORITÉ AUX SÉNÉGALAIS
Je voudrais formuler des prières ferventes pour qu’Allah accepte notre jeûne et nos invocations et qu’il nous délivre, au plus vite, de la pandémie Covid-19 dont les conséquences risquent d’entraver les efforts de chacun pour le développement
A l’occasion de la célébration de l’Aid El Fitr qui marque la fin du mois sacré de Ramadan, je voudrais rendre grâce à Dieu d’avoir, une fois de plus, permis aux musulmans du monde entier d’affermir leur foi à travers le jeûne, la prière, la réflexion et de se consacrer à des moments intenses de dévotion, en dépit d’une situation sanitaire particulièrement préoccupante causée par la propagation de l’épidémie du coronavirus.
Je voudrais formuler des prières ferventes pour qu’Allah accepte notre jeûne et nos invocations et qu’il nous délivre, au plus vite, de la pandémie Covid-19 dont les conséquences risquent d’entraver les efforts de chacun pour le développement économique et social.
En cette journée sacrée, je tiens à adresser mes vœux chaleureux de prompt rétablissement à tous ceux qui souffrent de la maladie, à avoir une pensée pieuse pour toutes les personnes décédées et à présenter mes condoléances les plus attristées à leurs familles.
Permettez-moi enfin, comme il est de coutume, de demander pardon à chacune et chacun d’entre vous et de vous adresser mes vœux de bonheur, de réussite et surtout de santé en ces moments de trouble.
A toutes et à tous Déwenati, baal leen ma akh!
LA CHRONIQUE HEBDO DE PAAP SEEN
LE RIVAGE DES GAMINS
EXCLUSIF SENEPLUS - Toute la question de l’essor économique et social, au Sénégal, tient sur une problématique simple : comment déverrouiller l’inconscient politique des sans-grades ? NOTES DE TERRAIN
L’endroit est magnifique. C’est l’un des lieux les plus charmants de Dakar. Un panorama étiré qui ressemble au cliché parfait et témoigne de la beauté de la presqu’île. En haut, quand le regard toise les deux crêtes de la mosquée de la Divinité, que tournoient dans la voûte ouverte aigles et corbeaux, que le cliquetis des vagues résonne tout près, que d’invisibles voix d’humains et de voitures mugissent, que le crachotement de l’eau cogne les escarpements rocheux, que le soleil vogue très haut et déchire l’azur et que le vent flotte dans le vide, que l’on voit s’élever le ciel et s’approcher la mer, que les odeurs mêlées du poisson et du sel marin fouettent les narines, le cœur peut alors savourer une tempête d’enchantement. Lorsque l’on descend, en prenant les escaliers où la route en courbe bitumée, le frémissement s’atténue. On pense aussitôt à remonter pour replonger dans le bonheur des éléments.
Il est bientôt midi lorsque je décide d’aller faire un tour au quai de pêche de Ouakam. Aujourd’hui, j’ai terminé plus tôt mes activités de la matinée et l’océan me manque. Nous avons quand même beaucoup de chance, d’habiter une ville ceinturée par la mer. Si je le pouvais, je profiterai tous les matins et tous les soirs du grand bleu. Là, ça faisait une semaine que je n’avais pas goûté à la brise marine. D’habitude, je suis face à la mer les dimanches matin, très tôt, quand je vais à Rufisque. Ce qui est impossible avec la situation actuelle. Du coup, c’est quand je peux, ces jours-ci. Je vais alors à Ouakam, aux Mamelles ou à Ngor.
En bas, en face de la mosquée, une jument blanche et un cheval gris sont attachés. Ils broutent du foin. Devant eux, des pêcheurs réparent leurs filets. Trois voitures sont garées à côté. Une note est collée sur un mur. « Recommandation du quai : respect de la distance, port du masque obligatoire, se laver les mains. » Deux gamins dirigent des moutons lavés vers la montée. Sur les étables du quai, l’animation est plus faible que d’habitude. Mais il y a du monde. De nombreuses pirogues sont stationnées. Au milieu de celles-ci, quelques barques se démarquent. Elles sont en fibre de verre, brandées « Sénégal Émergent », commercialisées par la Compagnie française en Afrique de l'Ouest. Elles s’incrustent dans le décor, tels des spectateurs isolés, qui rient d’une mauvaise farce. Sur le rivage, une jeune femme, métisse ou arabe me semble-t-il, s’est accroupie en tailleur. Au milieu de la plage. Comme si elle voulait posséder tout l’horizon et ne rien manquer du paysage. Elle porte une abaya rose. Son foulard dissimule la partie inférieure de son visage. On voit juste le contour de ses yeux ainsi que son front.
Une pirogue vient de débarquer. C’est un peu la cohue. Je m’approche. Un vieux discute avec une femme. Il a un petit sourire qui semble figé dans son visage. Des yeux malins et vifs. Le masque attaché à son cou ne protège ni son nez, ni sa bouche. Une espèce de raie très noire, avec une longue queue pointue est jetée par dessus bord. Personne ne semble s’y intéresser. Un chien pouilleux vient fureter près de l’animal de mer. Il a des yeux attendrissants. Il suit la foule agglutinée autour de la pirogue. Le vieux me renseigne sur la pêche du jour : brèche et tël-tël. La femme, à ses côtés, accroche un sac noir sur son épaule. Elle est habillée en ensemble wax rouge. Ses épaules baissées soutiennent un corps massif. Elle empoigne un sachet en plastique dans sa main droite. Ses doigts courts retiennent un smartphone, Samsung, dans l’autre main.
Je m’éloigne. Une pensée rapide s’échappe. Saer Seck, Alioune Ndoye, pavillons chinois et européens. Tout ça est loin de ce quai de marins. Ce beau monde est-il préoccupé par le tumulte sur les licences de pêche, et la surexploitation de nos écosystèmes marins et littoraux ? Ces pêcheurs sur le rivage ne sont pas organisés en conglomérat. Ils n’ont pas les soucis existentiels des puissants : se doter de biens exclusifs et influencer l’opinion. Ils ont très peu d’accès à l’information pour défendre des causes sophistiquées. Ils vont à la mer, toujours plus loin, portés par la nécessité. Risquant leurs vies et leurs libertés, pour nourrir leurs familles. Ils sont au milieu d’une grande mêlée, dont ils sont les acteurs exclus. Pêcheurs minuscules, éparpillés. Entre grands prédateurs, bourgeoisie compradore, État en échec. Qui organisera ces braves gars, en bloc compact ? Leur enseignera l’économie de la mer ? Et leur rendra leur pouvoir latéral ? Et leur dira leur force ? Et les engagera à la conquête de ce qui leur revient de droit ? Ce n'est pas la mission des rentiers. Toute la question de l’essor économique et social, au Sénégal, tient sur une problématique simple : comment déverrouiller l’inconscient politique des sans-grades ?
Plus loin, des enfants jouent. Ils courent dans tous les sens. Torse nu. Un petit groupe a rejoint un matelas de rochers, à environ 50 mètres de la plage. Deux d’entre eux s’empoignent. Ils se cherchent des histoires. Tout d’un coup, un cri de garçon sonne l’alerte. « Le policier arrive ! » Il s’agit en fait d’un gendarme, de l’escadron monté. Il avance nonchalamment vers les gamins. Leur demande de sortir de l’eau. Les premiers qui s’exécutent sont priés de s’asseoir presque à ses pieds. Les autres arrivent sans s’affoler. Je me dis qu’il va juste les gronder. De toute façon, il ne peut rien faire d’autre. Ce spectacle m’amuse et me ramène loin dans mes souvenirs. Me rappelle Ndeppe, Xooti-ba, Cap des biches. Les excursions. Quand j’avais l’âge de ces garçons, et que j’étais insouciant.
Nous étions alors quatre garnements. Ousseynou, Gana, Cheikh et moi. Inséparables. Nos parents ne pouvaient pas imaginer tout ce que nous faisions. Dès que l’occasion se présentait, nous courrions à bride abattue vers tous les sentiers de la ville. Nous trouvions le moyen de nous échapper. Pour partir explorer de grands dangers. Comme lorsque nous nous en allions trouver notre bonheur à la mer. Nous longions alors la côte, en escaladant souvent les rochers. Place Gabard, Këri Suuf, Ndeppe, Dënku, Jokkul. Puis nous allions nous jeter sur le canal qui déverse, dans l’océan, les effluents de la centrale électrique du Cap des biches. Pour un bain chaud, très dangereux. Nous ne savions même pas nager. Au retour, il fallait masquer les traces de sel dans les interstices du visage et des mains. Nous passions devant une boutique, pour trouver le liquide visqueux qui s’échappait des fûts d’huile et nous en enduire le corps. Si ce n’était pas la mer, c’était les champs. Nous partions parfois traînasser à Jacaranda. Armés de lance-pierres. Piètres chasseurs, nous revenions tout le temps bredouilles.
Éraflures. Il y avait un pacte. Un accord sous les auspices du diable… Nous devions nous soutenir, immanquablement. Pour matérialiser ce contrat, nous avions tatoué nos bras. Nous avions choisi un symbole sans vraiment le comprendre : une croix gammée… Hitler nous fascinait alors. Je me demande, aujourd’hui, pourquoi. Mon tatouage, je me rappelle, avait mis plusieurs semaines à se cicatriser. La plaie s’était infectée et je l’avais cachée. Ce compagnonnage, fidèle et téméraire, m’a valu l’un des souvenirs de branlée les plus mémorables. C’était un jour de Noël. Je ne me souviens plus de l’année. Nous avions alors un match de foot, contre d’autres gamins du quartier de Këri Suuf. Nous jouions alors dans l’équipe de Place Gabard, nos alliés. Pendant la partie, un de mes amis s’est bagarré avec un petit de Këri Suuf. Je l’ai défendu en agressant son adversaire avec mon bracelet. Que j’avais dégainé comme un coup de poing américain. Le sang a jailli. Le pauvre a été blessé.
À la fin du match, j’avais presque oublié. Désinvolte, je gambadais par les rues de Rufisque, avec Gana. Ah, il y avait alors guet-apens ! Les chenapans nous suivaient. Ils m’ont roué de coups. Je pouvais à peine marcher. Pour cacher mes misères et le grand délabrement physique, qui suivirent ce quart d’heure, je déclarai le paludisme à mes parents. Et restai alité. Plusieurs jours de convalescence. De cette histoire, il me reste un goût immodéré pour le doute. Pour rester sur mes gardes. Toujours prêt. L’enfance est un beau continent. L’espace de la liberté. Du courage. Des vices. De la sincérité. Ces enfants sur le rivage me le rappellent. Ils se construisent dans l’adversité et les imprudences. Il faut leur souhaiter que leurs petits jeux les mènent vers une conscience de soi éclairée. Et que, de toutes leurs aventures juvéniles, il ne subsiste plus tard ni haine, ni obscurités. Mais une joie bien méritée. Le bonheur, un jour très lointain, de rire des souvenirs du passé.
Retrouvez sur SenePlus, "Notes de terrain", la chronique de notre éditorialiste Paap Seen tous les dimanches.
L’ancien maire de Dakar a profité de la fête de la Korité pour présenter ses vœux aux Sénégalais. D’emblée, Khalifa Sall a rappelé que la cette année, la fête se déroule dans un contexte particulièrement difficile marqué par une situation pandémique d’une grande ampleur. Dans ces moments, il témoigne sa solidarité à tous les Sénégalais. « Je mesure à sa juste valeur les sacrifices consentis et les souffrances vécues pour l’épanouissement de vos familles et le développement de notre pays. Dans ces dures périodes, je vous assure de mon soutien indéfectible », a déclaré Khalifa Sall qui n’a pas manqué de saluer tous ceux qui travaillent sans relâche et souvent dans des conditions très difficiles pour nous préserver de la maladie et sauver des vies. A présent que les prévisions des spécialistes se focalisent sur la présence encore pour quelques temps du virus, il nous importe de continuer à lutter farouchement et de ne point céder ni au découragement ni au relâchement », a fait savoir l’ancien maire de la capitale sénégalaise.
Avant d’ajouter : « Lutter contre le virus, c’est, au-delà des mesures de prévention individuelle et collective, prendre conscience des changements et des ruptures qui s’opèrent inexorablement dans le monde pendant et après la pandémie. En effet, l’économie nationale connait des dysfonctionnements qui impactent négativement sur les conditions de vie des populations déjà si précaires ».
D’après Khalifa Sall, les pouvoirs publics sont interpellés. Parce que, rappelle-t-il, la capacité de résilience ne peut être efficace que si elle s’accompagne de véritables politiques publiques réorientées dans leur essence, à savoir la satisfaction des besoins des populations. Ainsi, il estime qu’il est donc plus que jamais nécessaire de replacer l’Humain au cœur de l’Etat et de l’action publique. Sur ce, Khalifa Sall invite le gouvernement à plus de célérité, d’organisation et de méthode dans la gestion de la pandémie. « Nous rappelons surtout l’impérieuse nécessité de transparence et de reddition des comptes. C’est ensemble, dans l’union et la solidarité que nous vaincrons la pandémie. Nous y arriverons par la Grâce de Dieu et par notre volonté et notre force conjuguées », dit-il
LA BARRE DES 3 000 CAS FRANCHIE CE DIMANCHE
Soixante-onze nouvelles contaminations ont été dénombrées dimanche au Sénégal, portant à 3 047 le nombre de personnes infectées par le Covid-19 depuis le 2 mars, date de son apparition dans le pays.
Dakar, 24 mai (APS) – Soixante-onze nouvelles contaminations ont été dénombrées dimanche au Sénégal, portant à 3 047 le nombre de personnes infectées par le Covid-19 depuis le 2 mars, date de son apparition dans le pays.
Ces nouvelles infections proviennent de tests virologiques effectués sur 889 sujets, faisant ressortir un taux de positivité de 7, 89 %, a indiqué le ministre de la Santé et de l’Action sociale.
Faisant le point quotidien de la situation de l’épidémie, Abdoulaye Diouf Sarr a souligné que 66 parmi ces nouveaux cas étaient des personnes suivies par les services sanitaires.
Quatre cas communautaires, des contaminations dont la source est inconnue, ont été recensés ce dimanche. Ils ont été localisés à HLM Grand-Yoof (2), Guédiawaye (1) et Mbao (1), des quartiers de la région de Dakar, a détaillé Diouf Sarr.
Il a par ailleurs fait état de l’enregistrement d’un nouveau cas importé à Ziguinchor, au sud du pays.
Dans le même temps, 40 patients ont été contrôlés négatifs et déclarés guéris, portant à 1450 le nombre de guérisons depuis le déclenchement de l’épidémie.
Le ministre de la Santé et de l’Action sociale a rappelé que 12 patients étaient encore en réanimation, tandis que l’état de santé du reste des patients était stable.
Quelque 35 décès ont par ailleurs été officiellement recensés depuis le 31 mars, date à laquelle un premier patient en la personne de l’ancien président de l’OM, Pape Diouf, a succombé des suites de la maladie à Dakar.
A ce jour, 1555 personnes infectées par le Covid-19 sont en observation dans les différents centres de traitement répartis à travers le pays, a fait savoir le ministre de la Santé.
par Abdourahmane Sarr
LEADERSHIP SÉNÉGALAIS, CAFOUILLAGE AU SOMMET
Les mécanismes permanents que sont le Fongip et le Fonsis n’ont pas donné les résultats escomptés car ce sur quoi il faut davantage travailler c’est l’inclusion financière des sénégalais dans une monnaie compétitive
L’appel du président Macky Sall pour une annulation de la dette publique du Sénégal et le réaménagement de la dette privée était une erreur pour un pays comme le Sénégal qui a une dette soutenable. Cet appel a soulevé et continue de soulever l’étonnement de tous ceux qui suivent ces questions sérieusement. L’erreur est humaine, mais ce n’est pas parce que le président a fait une erreur dans une tribune qui appelait à la solidarité, réaffirmée dans des interviews avec la presse étrangère écrite et télévisuelle, qu’il faut que ses laudateurs continuent d’enfoncer le clou en essayant de l’en sortir avec des arguments économiques qui ne tiennent pas la route. Il faut plutôt tourner la page.
Le meilleur argument de rattrapage nous est venu du ministre des Finances et du Budget dans sa tribune de Jeune Afrique. Après avoir expliqué toutes les raisons pour lesquelles le Sénégal était un bon débiteur, il a argumenté qu’une annulation de notre dette publique permettrait au Sénégal de reconstituer cette même dette jugée soutenable pour les besoins d’une relance contracyclique de transition. L’argument était clair, nous nous y sommes opposé pour une seule raison : La reconstitution de la dette en devises, puisqu’à son niveau actuel, ce qu’il faut faire est la réduire du fait de la vulnérabilité extérieure qu’elle représente au vu de la nécessité de flexibiliser notre monnaie. Le Sénégal a signé un programme avec le FMI qu’il a crié sous tous les toits être le sien sans y croire et qui appelle à réduire notre endettement en devises à moyen terme « Sénégal-FMI : Décryptage Paradigme à Revoir ». Si la communauté internationale veut contribuer à notre relance par le budget, qu’elle nous fasse des dons car à défaut nous ferons appel à notre résilience et c’est possible.
En effet, la nécessité d’une riposte contracyclique n’est pas remise en cause, nous l’avons défendue dans notre tribune intitulée « Organiser la Résilience Systémique au Covid-19 » et l’avons réaffirmée à la suite de la publication du plan de l’Etat dans notre tribune « Macky Sall : Réalisons Notre Destin Libres ». Cette réponse contracyclique est possible sans demander l’aumône à nos bailleurs si nous responsabilisons notre banque centrale et lui donnons une autonomie d’objectif sur le taux de change de l’Eco à mettre en œuvre en 2020 en ne ratifiant pas la garantie française qui nous est proposée. Nous l’avons argumentée dans la tribune intitulée «Financement UEMOA : Proposition Post-Covid ».
Dans tous les cas de figure, ceux qui nous dirigent doivent clarifier leurs positions politiques pour plus de cohérence dans leurs choix économiques. Qu’est-ce qu’ils sont quant au fond et qu’est ce qui les guide ? Ils veulent être libres ou dépendants ? Nous avons argumenté dans plusieurs tribunes d’avant la présidentielle de 2019 que le président Macky Sall était à la croisée des chemins. Soit il ne sait pas ce qu’il est véritablement ou il n’arrive pas à faire la synthèse des tendances idéologiques et doctrinales contradictoires qui l’entourent « Macky Sall: Socialiste, Libéral ou Souverainiste». Nous nous y perdons à chaque fois qu’il s’adresse à la nation, l’avant dernière en date nous appelait effectivement à réaliser notre destin, libre et la dernière devant l’impuissance de l’Etat face au Covid appelait aussi les Sénégalais à prendre leurs responsabilités redécouvrant son libéralisme. Le jour suivant, il participe à une visioconférence, le tout dans un argumentaire de dépendance et de main tendue. Les messages que nous recevons du palais dépendent peut-être de celui qui dans l’entourage était à la plume du jour.
C’est tout à fait vrai car nous nous sommes demandé cette dernière semaine à quel Boun Abdallah Dionne se fier. Sous sa propre plume, il nous a dit en défense de la cause perdue « qu’une annulation de dette ou de la reconversion de celle-ci en une rente perpétuelle, l’essentiel pour l’emprunteur est qu’il n’ait plus rien à payer afin de reconquérir sa capacité d’endettement", ceci parce que des impôts nouveaux ou un endettement nouveau sans annulation préalable s’avèreront insoutenables. Il avait à l’esprit le véhicule en discussion dans certains cercles qui permettrait, à l’image du mécanisme européen de stabilité, de racheter la dette africaine pour la restructurer en une dette à très long terme à taux nul. Ceci pour permettre aux bénéficiaires de créer des espaces nouveaux d’endettement car dit-il « l’Afrique a besoin d’emprunter massivement pour financer l’investissement productif et son industrialisation ».
Nous avons argumenté que ce mécanisme ne devrait pas être applicable au Sénégal pour les raisons que le ministre des Finances a évoqué dans sa propre tribune. En effet, le Sénégal ayant une dette soutenable, aucun créancier privé ne vendrait la dette sénégalaise pour réinvestir dans cette même dette puisque le Sénégal est solvable, à moins que certains parmi nos autorités veuillent nous convaincre du contraire. Ce mécanisme serait utile pour certains pays africains à la porte du défaut de paiement mais pas le Sénégal qui ne devrait même pas se porter volontaire pour un moratoire puisqu’un moratoire veut également dire ne plus pouvoir emprunter aux mêmes créanciers. Les créanciers nouveaux pourraient cependant être ceux adeptes d’un capitalisme d’Etat qui se rapprochent davantage des convictions socialistes et socialisantes véritables du président Macky Sall. Nous l’avons argumenté dans notre tribune intitulée « Macky Sall a choisi : Socialisme et Capital Etranger » à la veille de la présidentielle de 2019. Il cherche ainsi peut être à ne plus dépendre des marchés plus regardants.
Cependant, dans le magazine inaugural Tam Tam de l’Emergence sous le leadership du ministre en Charge du PSE, il est attribué les propos suivant à Boun Adballah Dionne qui cette fois mentionne le sujet tabou, la monnaie (la quatrième voie, après celles de l’impôt, de la dette, et de son annulation). Il nous dit : « Notre aptitude de riposte face à des chocs étant prioritairement budgétaire, fortement contrainte par des règles très restrictives en matière d’endettement et de déficit, doivent changer. Le politique devant dorénavant déterminer l’économique et non l’inverse. Il en sera de même au plan de l’autre versant du budget. Notre politique monétaire et financière devra être plus audacieuse et plus accommodante, même si elle est mise en œuvre par une banque centrale commune et indépendante, pour s’articuler davantage aux politiques budgétaires expansionnistes entreprises par les pays ouest-africains pour faire face à la crise.. Certes, nos stratégies d’émergence continueront à tirer profit de l’aide publique au développement et du marché financier international, bien qu’émettre aujourd’hui des eurobonds sur le marché international va devenir ne plus en plus un exercice à haut risque pour nos trésors publics. Il est ainsi attendu une endogénéisation accrue de nos politiques de financement à travers un recours plus systématique aux ressources du système bancaire et financier domestique. Il est aussi attendu davantage d’espace pour le secteur de l’industrie, donc notre secteur privé national dans nos stratégies d’émergence. C’est à ce double prix que le PSE d’après va porter de manière durable le champion ouest-africain de la reprise post-Covid que le président de la République ambitionne ».
Nous lui disons que cette dernière position n’est possible qu’avec un ECO flexible et pour ce faire il ne faut pas ratifier l’accord de garantie proposée par la France. A défaut, nous répéterons l’histoire. Les politiques proposées dans les deux positions ne produiront pas de résultats car nous les avons toutes expérimentées. Senghor a emprunté, Diouf a essayé de payer, on lui a pardonné une partie et une autre partie à Wade. Wade a emprunté, Macky a encore plus emprunté sans les résultats annoncés que sont la transformation structurelle, une croissance durable, et la révolution agricole. La gestion 2012-2019 a fini avec des arriérés payés par le FMI grâce au Covid-19, un endettement extérieur excessif, et une croissance en décélération avant Covid-19, et qui n’espérait se relever que grâce au pétrole et au gaz dont l’exploitation est reportée grâce aussi au Covid-19 qui révélera la vérité. Comme nous l’avons argumenté dans nos tribunes intitulées « Annulation de Dettes Non, Souveraineté Monétaire Oui » et «Afrique : Acteur Marginal Réveil Forcé », il faut rester fidèle à vos convictions libérales proclamées ou nous clarifier votre changement de cap car les critères de convergence après la riposte contracyclique devront demeurer pour laisser de la place au leadership du secteur privé.
Le ministre de l’Economie quant à lui nous dit « qu’il est évident que s’il y a une leçon à retenir de cette crise, c’est qu’il faut d’abord compter sur soi-même. Il faut qu’on accélère la correction de certaines tendances de notre économie, notamment notre dépendance vis-à-vis de l’extérieur en produisant davantage et en consommant nos produits et construire des bases solides pour exporter…En plus de ses investissements propres, l’Etat nouera des partenariats avec le privé et mettra en place des mécanismes pour un meilleur accès des entreprises au financement ». Nous lui disons que les mécanismes mis en place pour riposter contre les effets sur le financement de l’économie sont, comme ce qui s’est fait aux Etats-Unis et ailleurs, des mécanismes quasi-budgétaires et temporaires pour apporter la garantie conjoncturelle de l’Etat.
Les mécanismes permanents que sont le FONGIP et le FONSIS n’ont pas donné les résultats escomptés car ce sur quoi il faut davantage travailler c’est l’inclusion financière des sénégalais dans une monnaie compétitive qui nous donnera l’exutoire du taux de change au cas où les interventions de l’état accommodées par la banque centrale devaient échouer. Il faudra également des mesures qui ne sont pas d’ordre financier mais d’amélioration de la liberté économique car il est tout simplement difficile pour nos PMEs du secteur informel de réussir. L’aide attendue n’est pas pour les lobbys affairistes dépendant de l’Etat pour des marchés. Nous l’avons argumenté dans notre tribune intitulée « SENEXIT : Libéralisme Patriotique ou Socialisme? ». Il nous faut changer de paradigme et créer notre propre libéralisme car il n’y a pas d’autre voie vers le progrès. Tous les pays qui ont réussi ont adapté ce libéralisme à leur contexte, y compris la Chine et nous ne sommes pas obligés de perdre le temps qu’elle a perdu.
Nous appelons nos autorités et les sénégalais à s’approprier le slogan « Moom Sa Bopp Mënël Sa Bopp » et de construire un Sénégal de Liberté, de Démocratie, et de Responsabilité. Ce Sénégal n’est pas compatible avec le discours actuel de notre leadership qui est en réalité multiple selon l’interlocuteur. Il faut une unicité de commandement. Nous avons toutes les cartes en main, alors construisons notre avenir en comptant principalement sur nous-mêmes pour nous départir d’une mentalité d’assisté que notre situation d’aujourd’hui ne justifie pas. Pour ce faire, il nous faut arrêter de soutenir nos leaders même dans l’erreur et de leur attribuer des qualités de visionnaires ou de leadership qu’ils n’ont pas nécessairement. Ils ne sont pas des Dieux.
Les propos exprimés dans cette tribune référencée ne sont pas nuancés comme le voudraient certains de mes amis. Ils sont des convictions fortes réfutables d’un « homme ouvert » et patriote. Il serait bien que le président Macky Sall nous définisse lui-même son Libéralisme Social et nous explique comment le réaliser économiquement pour le Sénégal.
Librement.
LE PÉRIPLE DU CAS IMPORTÉ
C'est un jeune Sénégalais âgé de 23 ans, qui a quitté son pays d’accueil, le Burkina Faso, transitant par le Mali à la marche, avant de rejoindre Kédougou à bord d’une moto, avec l’objectif de pour rallier Kolda, sa localité d’origine.
Kédougou est la 12e région du Sénégal touchée par la Covid-19. La région qui n’était jusque-là pas impactée vient d’enregistrer son premier cas. Il s’agit d’un des cas importés répertoriés dans les 67 nouveaux cas recensés dans le bulletin de ce samedi, 23 mai, du ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Saër Ndao, le gouverneur de région explique que c’est un jeune Sénégalais âgé de 23 ans, qui a quitté son pays d’accueil, le Burkina Faso, transitant par le Mali à la marche, avant de rejoindre Kédougou à bord d’une moto, avec l’objectif de pour rallier Kolda, sa localité d’origine. Il a marché pendant un mois, révèle le gouverneur. C’est ainsi qu’entré par « les points non normalisés », il a été intercepté à hauteur de la sortie de la ville par les forces de défense et de sécurité, qui veillaient au grain.
LES ASSURANCES DU GOUVERNEUR
Le représentant régional de l’Exécutif loue « la vigilance » des forces de défense et de sécurité et « la promptitude » des agents de santé. « Ce qui a permis d’amoindrir les risques et circonscrire le cas », assure Ndao. Qui tient à « rassurer les populations de Kédougou, leur (disant) que c’est un cas qui n’a pas fréquenté de famille, ici, parce qu’il n’habite pas Kédougou. Il devait continuer son chemin. Mais grâce à la vigilance des forces de défense et de sécurité, il a été contrôlé, interpellé et mis en isolement par les services du médecin-chef de district ».
Malgré tout, dit-t-il, la recherche des potentiels cas contacts se poursuit.
LA STIGMATISATION EST UN FREIN DANS LA LUTTE CONTRE LE CORONAVIRUS
Des malades expulsés par leurs propriétaires, des infirmières quittées par leur époux, les noms de cas contacts jetés en pâture sur les réseaux sociaux: en Afrique subsaharienne, la bataille anti-Covid-19 passe aussi par la lutte contre la stigmatisation
«Le coronavirus n'est pas une maladie honteuse», martèlent les autorités à travers le continent, où des personnes suspectées de l'avoir contracté sont pointées du doigt au travail, dans leur quartier et jusque dans leur foyer.
Il y a un mois, Fatou, une Sénégalaise d'une vingtaine d'années qui préfère ne pas donner son vrai prénom, en a fait l’amère expérience: après avoir été en contact avec un malade, la jeune femme - qui s'est immédiatement confinée dans sa chambre - a été mise au ban de son quartier.
«Des messages ont circulé sur les réseaux sociaux, avec mon prénom, mon nom et mon adresse», explique la jeune fille qui ne veut même pas qu'on écrive dans quelle ville du Sénégal elle habite. Puis des jeunes du quartier ont commencé à propager des mensonges, affirmant qu'elle «avait contracté le virus en couchant avec des blancs», confie-t-elle.
Fatou, qui n'a jamais quitté sa chambre avant d'être testée négative, a ensuite quand même dû passer deux semaines en isolement dans un hôtel alors qu'elle ne présentait aucun symptôme: les médecins qui la suivaient avaient reçu «des appels anonymes», selon elle. Cela lui a au moins permis de souffler, «loin des cancans».
A 5.000 km de là, au Gabon, Jocelyn - là aussi un prénom d'emprunt -, un biologiste qui teste les cas suspects à Libreville, subit «cette discrimination chaque jour».
- Rester caché -
Avec son équipe, il essaye de rester discret lorsqu'ils se rendent dans les domiciles, quitte à se mettre eux-mêmes en danger. «On s'équipe avec nos combinaisons à l’intérieur plutôt que sur le perron», affirme-t-il.
«Les Gabonais sont paniqués à l'idée qu'on vienne chez eux», alors on essaye d'organiser des tests «ailleurs, dans des endroits neutres», raconte-t-il.
Car la situation peut vite dégénérer. Dans le pays voisin, au Cameroun, la deuxième personne testée positive a été expulsée par son propriétaire, témoigne le professeur Yap Boum, épidémiologiste à Yaoundé.
La stigmatisation n'est pas l'apanage de l'Afrique et a été observée partout ailleurs, nuance-t-il, ajoutant: «Mais il est vrai qu'ici, nous vivons en communauté, nous connaissons nos voisins».
Certains préfèrent même rester cachés. «Plusieurs personnes sont décédées car elles avaient retardé leur prise en charge par peur de la stigmatisation», assure le professeur, également directeur du centre de recherche de Médecins sans frontières en Afrique. «Il faut prendre en compte le volet psychologique si nous voulons gagner cette bataille», soutient le chercheur.
- Soignants mis à l'écart -
Et notamment pour les soignants. «Ils sont doublement stigmatisés», explique Yap Boum. Au travail, où le personnel des autres services refusent quelquefois de leur «adresser la parole ou d'utiliser les mêmes toilettes qu'eux» et, à la maison, où ils sont parfois «vus comme des pestiférés».
Des infirmières camerounaises ont été quittées par leurs époux, chassées de leur foyer car elles travaillaient dans des unités coronavirus, assure la psychiatre Laure Menguene Mviena, chargée de la réponse psychologique au Covid-19 à Yaoundé.
«Il est urgent de les accompagner psychologiquement car, s'ils s'épuisent mentalement et physiquement, comment allons-nous faire pour soigner les autres ?», s'inquiète-t-elle.
Mais pour cela, il faut sensibiliser la population.
Une difficile équation pour les autorités qui doivent, d'un côté, adopter un ton ferme pour faire appliquer les gestes barrières et, de l'autre, éviter la psychose qui engendre la stigmatisation.
Il faut «communiquer davantage» et rappeler «que le taux de mortalité reste faible chez nous, moins important qu'en Europe», avance la psychiatre. L'Afrique subsaharienne ne déplore, pour l'heure, que quelque 1.400 morts du coronavirus.
Pourtant, l'anathème qui frappe certains malades peut les poursuivre après la guérison.
- Surnommée Corona -
C'est le cas de Roselyn Nyambura, une Kenyane qui, après sa sortie de l'hôpital, a continué «d'être moquée et dévisagée» par ses voisins, confie-t-elle. Certains allant même jusqu'à la surnommer «Corona».
Il faut faire «témoigner les personnes rétablies à la télévision», propose le professeur Boum, ou «distribuer aux guéris des documents certifiant qu'ils ne constituent» pas «plus un danger» que les autres citoyens, «un peu comme après Ebola».
Aucune étude n'a encore démontré scientifiquement qu'un patient guéri était immunisé, même temporairement, contre le coronavirus.
L'épidémie d'Ebola, qui avait très durement frappé l'Afrique de l'Ouest en 2014, a montré aux autorités que la réponse ne pouvait pas être que sanitaire.
Au Nigeria, les autorités ont diffusé des spots de prévention martelant que le coronavirus n'était pas synonyme de «peine de mort», que «la stigmatisation était une mauvaise chose».
Mais, le message a encore parfois du mal à passer. En Somalie, porter un masque de protection n'est pas facile: Mohamed Sharif, chauffeur à Mogadiscio, est obligé de s'équiper d'un cache-nez pour travailler. Mais il a remarqué que les gens l'évitaient ou même s'enfuyaient en sa présence.
Certains pensent que «si vous portez le masque, vous avez forcément le virus», témoigne-t-il, avouant qu'il lui arrive «de l'enlever pour éviter cette humiliation».
LES SCANDALES EN SÉRIE DU SECTEUR DE LA PÊCHE
Pendant combien de temps le Sénégal gardera-t-il encore la souveraineté de ses ressources halieutiques ? L’octroi de licences de pêche à tout-va sous le magistère de différents ministres, menace la sécurité alimentaire de milliers de Sénégalais
A chaque nomination à la tête du ministère de la Pêche et de l’Economie maritime, de nouveaux espoirs s’emparent des acteurs locaux de la pêche. En novembre 2019, Alioune Ndoye, nouvellement nommé pour diriger ce département ministériel, en avait suscité. Seulement, lui aussi ne fait guère exception et semble promis à décevoir les quelques ambitieux de son secteur. Six mois après sa mise en place, il s’inscrit déjà dans la voie tracée par certains de ses prédécesseurs empêtrés dans des polémiques d’attribution de licences de pêche à des bateaux étrangers. De sorte qu’au département de la Pêche, les ministres passent et les scandales sur les licences de pêche s’enchainent, au grand dam de la disponibilité de la ressource pour la consommation locale.
Ce n’est pourtant qu’une dizaine de jours après son installation comme ministre de la Pêche et de l’Economie maritime que l’ONG Greenpeace Afrique, dans une lettre ouverte, alertait Alioune Ndoye sur des ‘’choix inappropriés des politiques menées et la non-application des textes réglementaires et documents stratégiques" qui impactent ‘’négativement’’ les communautés de pêcheurs. Ces ‘’choix inappropriés’’ constituent une menace supplémentaire pour les stocks de poisson déjà surexploités, selon les conclusions de la dernière campagne menée par le Centre de recherche océanographique Dakar-Thiaroye (CRODT).
Ces choix concernent, entre autres, l’attribution d’autorisations aux unités de production de farine de poisson qui constituent une réelle menace et surtout celle des licences de pêche à des bateaux étrangers pour pêcher dans les eaux sous juridiction sénégalaise.
Aujourd’hui, l’ONG s’associe au Groupement des armateurs et industriels de la pêche au Sénégal (GAIPES) pour dénoncer une probable attribution de 52 licences de pêche à des bateaux d’origine chinoise et turque. En effet, dans une lettre adressée au ministre, les armateurs s’offusquent de voir ‘’13 demandes de promesses de licences’’ sur des ressources démersales côtières dont l’octroi de nouvelles licences dans le secteur a été gelé depuis 2006, et sur des ressources en petits pélagiques côtiers, déjà surexploitées et réservées aux pêcheurs artisanaux. Plus grave, alerte le GAIPES, les 39 demandes de navires ont été introduites sur l’espèce merlu, avec une ressource à la limite de la surexploitation.
Tout ceci vient s’ajouter au fait qu’entre 2018 et 2019, plusieurs dizaines de licences avaient été accordées dans le plus grand secret et sur un type de pêche (‘’chalutier de pêche démersale profonde option poisson et céphalopode’’) qui n’existe ni dans le Code sénégalais des pêches ni dans son décret d’application. La commission mise en place pour tirer cette histoire au clair n’a toujours pas encore rendu ses conclusions, que de nouvelles licences sont agitées.
La conservation de la ressource jamais priorisée
Ces licences, signées entre 2018 et 2019, l’auraient été sous l’ex-ministre Oumar Guèye. Une démarche d’autant plus incompréhensible que, face à la rareté de plus en plus observée de la ressource, le Sénégal se démerde auprès de ses voisins disposant de côtes maritimes, pour trouver des licences de pêche pour ses ressortissants. Les dernières complications sur de pareils accords avaient débouché sur les scènes de violence survenues le 4 février 2020 à Saint-Louis, au cours d’une manifestation de pêcheurs à Guet-Ndar, réclamant des licences de pêche pour accéder aux eaux maritimes mauritaniennes.
Dans ce contexte, comment comprendre que le Sénégal puisse accorder des licences sur les maigres ressources qu’il lui reste pour nourrir des milliers de citoyens ?
Peut-être avec son prédécesseur. Entre septembre 2013 et juillet 2014, Haïdar El Ali occupe la tête du ministère de la Pêche et de l’Economie maritime. Durant son bref passage, l’écologiste signe avec l’Union européenne (UE) un accord qui autorise désormais 38 navires de l'UE à pêcher le thon dans les eaux territoriales sénégalaises, pour un peu plus de 9 milliards de F CFA sur 5 ans. Acculé par les acteurs du secteur et les ONG, le principal intéressé s’en était expliqué : ‘’Je n’ai fait que régulariser une situation anormale. L’Union européenne, depuis 2006, pêche gratuitement dans nos eaux. Voilà que je prends une compense financière pour régulariser cet accord pour lequel l’Institut international de conservation de la ressource thonière (ICAT) m’autorise à pêcher 50 mille tonnes de thon. Je signe un accord pour 14 000 t de thon et ils ruent dans les brancards.’’
Le directeur de l'Oceanium de Dakar en avait même profité pour révéler un protocole thonier signé en 2006, permettant à des bateaux de l’UE de pêcher 15 000 t de poisson par an dans la ressource sénégalaise et cela dans le plus grand secret, alors que l'accord de pêche entre l'UE et le Sénégal était officiellement suspendu.
15 dollars la tonne de poisson
Considérées parmi les plus poissonneuses au monde, les côtes sénégalaises souffrent beaucoup de cette pêche illicite non déclarée et non réglementée (INN) des navires industriels qui jettent leurs filets sans autorisation dans les eaux sous juridiction nationale. Selon une étude de l’Institut d’études de sécurité (ISS) publiée en 2015, le Sénégal perd chaque année 150 milliards de F CFA, conséquence de l’INN. Rien qu’une surveillance efficace des eaux nationales pourrait faire gagner au gouvernement plus d’argent que ce que l’ensemble des licences de pêche octroyées fournit.
De plus, l’obtention d’une licence ne garantit point la pratique d’une pêche licite. Greenpeace dénonce, depuis plus de 15 ans, les pratiques de navires chinois sur de fausses déclarations de leurs prises au Sénégal, en Guinée-Bissau et en Guinée, pour minimiser les redevances à payer à l’Etat. L’ONG évalue cette perte au Sénégal à 372 millions de F CFA entre 2000 et 2014. Et cette somme pourrait ‘’être revue à la hausse, dans la mesure où certaines fraudes pourraient avoir échappé aux enquêteurs’’ de l’ONG.
Le changement de régime en 2012 avait cependant permis aux pêcheurs de se rassurer sur la concurrence des chalutiers étrangers et sur le renouvellement de la ressource halieutique.
Fraichement installé à la tête du ministère, Pape Diouf annonçait l’annulation des autorisations de pêche accordées jusqu'alors à 29 chalutiers étrangers, lors des deux années précédentes par le gouvernement sortant. Ces accords conclus permettaient à des bateaux européens de pêcher moyennant 15 dollars la tonne de poisson.
La période 2010-2012 correspond au passage de Khouraïchi Thiam au département de la Pêche et de l’Economie maritime. L’homme fut certainement l’un des ministres les plus contestés par les acteurs de la pêche locale. Sa gestion du secteur a été marquée par plusieurs accusations d’octrois illégaux de licences de pêche à des bateaux étrangers. L’on se souvient du rapport ‘’Main basse sur la sardinelle’’ de Greenpeace, publié en 2012, accusant l’ex-ministre d’avoir, par l’octroi de licences de pêche à des bateaux russes, fait perdre au Sénégal plus de 7,5 milliards de F CFA et participé à un bradage des ressources halieutiques.
Plus de 7,5 milliards de F CFA perdus, en plus du pillage de la ressource
Le rapport soulignait que Khouraïchi Thiam a ‘’ignoré le droit sénégalais et signé des accords bradant les droits de pêche dans la Zone économique exclusive (ZEE) à des prix trois fois inférieurs à la norme pratiquée dans les pays voisins et très inférieurs à ceux formulés par les armateurs russes en mars 2011’’. Avec la bénédiction de la présidence, le ministre signe au moins 11 protocoles d’autorisation au bénéfice de 4 ‘’consignataires’’ qui servent d’intermédiaires pour le compte des armateurs de 21 chalutiers.
Les scandales liés à l’attribution des licences de pêche à des bateaux étrangers remontent aussi à la gestion du régime socialiste. Après son accession au pouvoir en 2000, le président de la République Abdoulaye Wade exprimait ses préoccupations par rapport à la gestion de l'argent généré par la vente des licences de pêche qui, selon des enquêtes à l’époque de la Division des investigations criminelles (Dic) était directement versé dans des comptes ouverts par la présidence. Une affaire que des responsables libéraux prenaient un malin plaisir à jeter à la figure des socialistes, notamment Ousmane Tanor Dieng, avant la Présidentielle 2012.
Aujourd’hui, la problématique des licences de pêche revient au-devant de scène. Elle permet de remarquer que malgré les régimes politiques changeants, les pratiques restent les mêmes, dès qu’un besoin pressant d’argent se fait ressentir. Préparation d’élections, entretien d’une clientèle politique ou enrichissement personnel, le large sait entretenir son monde loin des regards. Et pas que des marins.
GUINEE, GUINEE-BISSAU, MAURITANIE, SENEGAL, GAMBIE ET SIERRA LEONE
114 navires chinois ont été mis en cause dans 183 cas de pêche INN
Dans les ‘’Résultats généraux des pêches maritimes 2018’’, rapport publié par le Bureau des statistiques de la Direction des pêches maritimes, les chiffres officiels montrent que ‘’la production de la pêche maritime artisanale et industrielle (nationale et étrangère) s’élève, pour l’année 2018, à 524 851 t pour une valeur commerciale estimée à 272,466 milliards de F CFA, contre 510 596 t pour une valeur commerciale estimée à 222,719 milliards de F CFA en 2017. (…) La part de la pêche artisanale dans la production nationale représente 76 %, soit 398 643 t, et celle de la pêche industrielle 126 209 t, soit 24 % en valeur relative. Les captures de la pêche industrielle sont réalisées, pour l’essentiel, par la flotte nationale à hauteur de 94 % et, dans une moindre mesure, par la flotte étrangère pour 6 %. La production maritime est destinée à la consommation, à la transformation et à l’exportation’’.
Pour avoir une idée de l’importance de ces activités, Greenpeace évalue la contribution de la pêche à environ 70 % des apports nutritionnels en protéines d’origine animale. Ce qui constitue un rôle majeur dans la sécurité alimentaire des Sénégalais. Et c’est bien cette ressource stratégique que les licences de pêche aux grands navires étrangers menacent. L’organisme rapporte également que 114 navires chinois ont été mis en cause dans 183 cas de pêche INN en Gambie, en Guinée, en Guinée-Bissau, en Mauritanie, au Sénégal et en Sierra Leone, pour défaut de licence, utilisation de mailles non-réglementaires et pêche en zones interdites.