Si l’on a bien compris, Ibou Fall, qui travaille dans la presse depuis 33 ans — MON, alors rédacteur en chef de « Sopi » l’avait recruté en 1988 et depuis lors, il travaille sans discontinuer dans le métier — successivement, donc, à « Sopi », au sulfureux quotidien « Tract » dont il a été le directeur, au « Matin », autre quotidien, avant de lancer son propre journal satirique « Le P’tit railleur », Ibou fall qui a emmené dans la presse le talentueux caricaturiste — le meilleur du Sénégal — O. Dia, Ibou ne serait pas un journaliste ! En tout cas ne mériterait pas de toucher un seul rotin de la fameuse aide à la presse ! Ibou fall qui, on allait l’oublier, fait partie des six membres fondateurs du « Témoin » (qui vient de fêter ses 30 ans). En revanche, le saltimbanque Mame Goor, qui ne compte en tout et pour tout dans son répertoire que le tube « Diazaka » — d’où son sobriquet — serait un journaliste. Mieux, un patron de presse ! C’est la conclusion logique qu’il faut tirer des choix arbitraires du ministre de la Communication conseillé par son directeur de la Communication ! Si l’on comprend bien encore, notre confrère Amadou Diom, qui, en tant qu’envoyé spécial du « Témoin », effectua le fameux reportage qui fit scandale en 2002 — mais où était donc le ministre Abdoulaye Diop cette année-là ? — sur la fameuse escapade des « Lions » au night-club Byblos de Bamako lors de la CaN de cette année-là, Amadou Diom, qui est notre correspondant à Mbour en plus de disposer de deux sites d’information après avoir publié un journal quotidien et rédigé un livre de référence sur la Casamance, ne serait pas non plus un journaliste tandis que Mame Gor Diazaka le serait ? Abdoulaye Diop insulte assurément tous les journalistes de ce pays ! Les vrais s’entend…
KACCOOR BI
CONFIRMATION DU JO AMINATA TALL A ETE BEL ET BIEN NOMMEE PRESIDENTE HONORAIRE DU CESE
La nomination par décret de Aminata Tall comme Présidente Honoraire du Conseil économique, social et environnemental (CESE) a secoué la toile et les chaumières politiques. Surtout quand le décret mentionnait les avantages accordés par Macky Sall à Aminata Tall. Entre autres un salaire de 4 millions 500 mille et de nombreux autres avantages. Le Pôle Communication du Palais était monté rapidement au créneau pour faire cesser la polémique. « La Cellule de Communication de la Présidence de la République informe qu’un faux décret numéroté 2020-964 circule actuellement dans les réseaux sociaux. Ce faux décret en date du 17 avril 2020, est relatif à la création d’un honorariat pour les anciens Présidents du Conseil Economique, Social et Environnemental. Face à la recrudescence de ce type de documents, la Cellule de Communication rappelle que tous les décrets pris par Monsieur le Président de la République sont publiés au Journal Officiel de la République du Sénégal et sur le site du Gouvernement ». Une manière d’éteindre le feu, mais les braises étaient encore fumantes. Et voilà que le Témoin tombe sur un « Numéro Spécial » du Journal Officiel en date du mercredi 29 avril numéro 7307 165 ème année. Le numéro spécial de deux pages n’avait au sommaire qu’un DECRET ET UN ACCORD au titre de la Présidence de la république : 21 avril 2020… Décret n°2020-976 accordant le statut de Président Honoraire à un ancien Président du Conseil économique, social et environnement (CESE). Quant à l’accord, il concerne le MINISTERE DU PETROLE ET DE L’ENERGIE. Pour ce qui nous intéresse, il est mentionné sur rapport du Ministre d’Etat, secrétaire général de la Présidence de la république, le Président de la république décrète : article Premier. – Il est accordé à Madame Aminata TaLL, ancienne Présidente du Conseil économique, social et Environnemental, le statut de Président honoraire du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE). art 2- Le Président du CESE, le Ministre d’Etat Secrétaire général de la Présidence de la république et le Ministre des finances et du Budget sont chargés de l’exécution du décret qui sera publié au Journal Officiel. Fait à Dakar le 21 avril 2020. C’est clair et net.
AFFAIRE FAUX DECRET LE CONGRES DE LA RENAISSANCE DEMOCRATIQUE COMPTE POURSUIVRE L’ETAT
Le décret N°2020-976 du 21 avril 2020 accordant le statut de Président honoraire à un ancien Président du Conseil économique, social et environnement (CESE) suscite plusieurs remous. En effet, si l’Etat, par le biais de sa cellule de communication, le qualifie comme « un faux décret » dans un communiqué, le Congrès de la renaissance Démocratique penche plutôt vers « une annulation pure et simple » de ce décret. En ce sens, le CrD compte bien saisir la justice afin de mieux clarifier la chose. Selon ce parti, ce décret agit à l’encontre de la législation sénégalaise et cela sur plusieurs points. De ce fait, le congrès affirme dans son communiqué du 25 mai 2020 que « c’est la raison pour laquelle, le Congrès de la Renaissance Démocratique a décidé de saisir la Justice pour le faire annuler. Dans ce sens, un pool d’avocats est déjà constitué et il va saisir la Justice dans les tous prochains jours » lit-on dans le document. Les responsables de ce parti estiment qu’il est grave et préoccupant qu’un décret soit pris pour accommoder des personnes en leur évitant de passer par une recommandation des instances du CESE pour obtenir le statut de Président d’honneur de l’institution. La rémunération de l’honorariat au CESE va également profiter, fort opportunément à M. Famara Ibrahima Sagna, un autre Président honoraire du CES auquel le « Dialogue national » est confié. Aminata Tall et Famara Ibrahima Sagna donc, les deux pour si généreuse et gracieuse sinécure à vie, pour quelle raison et pour quelle légitimité ? » Lit-on dans le document du Congrès de la renaissance Démocratique.
FETE DE KORITE LE «DEWENATI» DE KARIM WADE AUX SENEGALAIS
Nous ne savions pas que Karim Wade était si ancré dans le cœur de nos compatriotes. En tout cas, dès que le fils de l’ancien président de la république tousse, presque tout le peuple sénégalais s’enrhume avec une fièvre nostalgique. La preuve par son message de « dewenati » qui a vite fait le tour de la toile lors de la fête de korité. Justement dans ce message partagé en un temps record, l’ancien ministre d’Etat karim Wade a tenu d’abord à remercier Allah, le Clément et le Miséricordieux. « Assalamou alaykoum Wa rahmatoullahi Wa Barakatou ! a l’occasion de la célébration de l’aid El fitr qui marque la fin du mois sacré de ramadan, je voudrais rendre grâce à Dieu d’avoir, une fois de plus, permis aux musulmans du monde entier d’affermir leur foi à travers le jeûne, la prière, la réflexion et de se consacrer à des moments intenses de dévotion, en dépit d’une situation sanitaire particulièrement préoccupante, causée par la propagation de l’épidémie du coronavirus » dit-il depuis son exil de Doha à l’occasion de la fête de korité. « Je voudrais formuler des prières ferventes pour qu’Allah accepte notre jeûne et nos invocations et qu’il nous délivre, au plus vite, de la pandémie Covid-19 dont les conséquences risquent d’entraver les efforts de chacun pour le développement économique et social. En cette journée sacrée, je tiens à adresser mes vœux chaleureux de prompt rétablissement à tous ceux qui souffrent de la maladie à avoir une pensée pieuse pour toutes les personnes décédées et à présenter mes condoléances les plus attristées à leurs familles. Permettez-moi enfin, comme il est de coutume, de demander pardon à chacune et chacun d’entre vous et de vous adresser mes vœux de bonheur, de réussite et surtout de santé en ces moments de trouble. a toutes et à tous Déwenati, baal leen ma akh » a souhaité Karim Wade tout en demandant pardon au peuple sénégalais. Amine Waay…Baal Na ñu laa, karim !
DES SENEGALAIS RAPATRIES DE FRANCE REFUSAIENT D’ETRE PLACES EN QUARANTAINE UNE REBELLION «SANITAIRE» A L’AEROPORT DE DIASS
Dans un pays de bordel sanitaire comme le Sénégal, tout est permis ! Tenez : Jeudi dernier, 149 de nos compatriotes ont été rapatriés de Paris par le ministère des affaires étrangères appliquant les directives du président de la république relatives au retour de nos compatriotes bloqués à l’étranger. Dans le même vol d’air Sénégal, « Le Témoin » quotidien vous révèle que des dépouilles de Sénégalais morts en France ont été également rapatriées. Une fois débarqués à l’aéroport de Blaise Diagne de Diass, les passagers ont été informés par une équipe médicale Covid19 qu’ils seront mis en quarantaine. Un confinement de 24 heures seulement le temps que les résultats des tests pratiqués sur eux soient disponibles. Se faire confiner à Saly ou à Thiès, certains passagers ne voulaient pas l’entendre de cette oreille. Pis, ils sont entrés en rébellion « sanitaire » contre les agents du ministère de la santé sous la supervision des policiers prêts à intervenir. Car si les uns se sont pliés aux mesures sanitaires c’est-à-dire accepté de rejoindre les centres de confinement, les autres ont refusé catégoriquement arguant qu’ils n’ont jamais informés d’une telle procédure sanitaire au départ de Paris. Des conciliabules et autres tohu-bohu qui ont fini par paralyser l’aéroport obligeant les policiers de menacer les récalcitrants de confisquer leurs passeports et cartes de séjour pour qu’ils ne retournent plus jamais en Europe. Des menaces qui ont poussé la quasi-totalité des passagers à accepter la mise en quarantaine. Comme quoi, ils veulent encore voir l’Europe avant de mourir…
AEROPORT DE DIASS QUAND «LE TEMOIN» RETABLIT L’ORDRE SANITAIRE…
Et comme nous aimons beaucoup les centres de confinement — tout en les fuyant comme la peste ou…le coronavirus —, restons-y ! Si les autoritaires du ministère de la Santé ont décidé cette fois de mettre en quarantaine tous les passagers en provenance de l’étranger, c’est parce que « Le Témoin » quotidien avait dénoncé des manquements concernant les rapatriements précédents. En effet, nos lecteurs se souviennent des 150 Sénégalais rapatriés de France et lâchés dans la nature après leur descente d’avion à l’aéroport Blaise Diagne. Car, à la surprise générale des médecins et agents du dispositif de riposte au Covid-19, ces passagers avaient été autorisés à regagner leurs domiciles. Aucun d’entre eux n’a été mis en quarantaine, alors qu’ils devaient tous subir une mesure de confinement sanitaire pour éviter tout autre cas importé de contamination. Eh bien, dès la parution de notre article, les chefs de service du ministère de la Santé et ceux du ministère des affaires étrangers se sont réunis en comité de crise pour confirmer d’abord les révélations de votre canard et ensuite tirer les leçons de cette négligence sanitaire à hauts risques.
ZERO CAS DE COVID19 DAHRA-DJOLOFF CHAMPION DE LA …RESISTANCE
En un temps record, la commune de Linguère vient de subir son 6e cas positif au coronavirus. Des cas détectés à l’hôpital Magatte Lô où médecins, infirmiers, agents de surface et caissiers sont positivement touchés. Pendant ce temps, la commune jumelle de Dahra-Djoloff résiste toujours à la Covid19 avec zéro cas. D’où son statut de champion de la résistance au coronavirus. Mais pour combien de temps ? s’interroge « Le Témoin » quotidien. Surtout que quand Linguère tousse, Dahra s’enrhume… En tout cas, si le département de Dahra-Djoloff continue toujours de résister à l’épidémie, c’est parce que le préfet Mbassa Sene, le maire Mao Ndiaye et le médecin-chef Abdou Ndiaye ont très tôt pris des mesures de prévention précoces. Car le début de l’épidémie c’est-à-dire bien avant l’état d’urgence sanitaire, les autorités départementales avaient mis en place des check-point sanitaires sur l’axe Touba-Dahra. Sous la supervision des gendarmes, des agents de la Croix-Rouge et des éléments du service d’Hygiène, les véhicules particuliers et bus de transport en commun circulant sur cet axe routier sont immobilisés. Et les passagers sont invités à descendre pour se laver les mains avec des gels hydroalcooliques mis à leur disposition. Un dispositif qui a déjà porté ses fruits. Mais compte tenu de la propagation rapide du virus à Linguère, il n’est pas exclu que Dahra-Djoloff ou la capitale des « loumas » tombera, un jour, comme une bête égorgée…
AHMED NDIAYE ECOPE 3 MOIS DE PRISON FERME POUR DES ATTOUCHEMENTS SUR UNE FILLETTE DE 5 ANS
Le nommé Ahmed Ndiaye, âgé 18 ans et domicilié à Grand Dakar, a comparu à l’audience des flagrants délits du tribunal de grande instance de Dakar (Tgi). Il répondait des faits d’attentat à la pudeur sur une fillette de 5 ans. « Je suis allée chez elle. On était dans le salon en train de regarder la télé. Elle a pris mon portable pour jouer. Mais je ne lui ai pas fait des attouchements », s’est défendu le prévenu. Malgré ses dénégations à la barre des flagrants délits, le mis en cause avait reconnu à l’enquête préliminaire avoir mis sa main dans le slip de la fille M.F.N âgée de 5 ans. «Tu avais dit que tu voulais juste toucher son sexe avant de t’excuser », lui a rappelé le juge. La partie civile s’est désistée de sa plainte. Pour la répression, le parquet a requis deux ans de prison dont trois mois ferme. Le prévenu, sachant la gravité des faits qui lui sont reprochés, a déclaré pour sa défense qu’une peine d’emprisonnement de trois mois lui suffit. Dans son délibéré, le tribunal a suivi le parquet dans sa demande et a condamné le prévenu à deux ans de prison dont trois mois de prison ferme.
par le chroniqueur de SenePlus, Hamadoun Touré
LE BAL DES COURTISANS
EXCLUSIF SENEPLUS - Ces virtuoses de la transhumance, dépouillés de toute éthique, écument nos pays avec, en bandoulière, le trafic d’influence et, comme mantra, l’opportunisme sans limites
Hamadoun Touré de SenePlus |
Publication 25/05/2020
« Les courtisans ressemblent à ces jetons dont on se sert pour compter, ils changent de valeur au gré de celui qui les emploie ». Solon (Homme d’Etat grec)
Ils sont de toutes les fêtes officielles, hantent les salons huppés de la capitale, font le tour des chancelleries, fréquentent partis et dirigeants politiques, leaders religieux de toute confession. Ils ont leurs cartons pour tous les événements de la République. Ils sont connus pour murmurer aux oreilles du prince du moment. Ce sont les courtisans.
Fidèles à eux-mêmes, ils sont victorieux des batailles qu’ils ne livrent jamais, s’approprient toutes les réussites, toujours loin des défaites et de leurs lendemains de tristesse. Ils roulent carrosse, abonnés à la gloire d’autrui, plastronnent avec les symboles de l’Etat alors qu’ils ne représentent à peine qu’eux-mêmes. Ils parlent fort, se prévalent héritiers d’ancêtres mythiques tombés sur les champs d’honneur.
Nous les apercevons souvent, à défaut de les rencontrer. Ils escomptent du prestige en s’éloignant de la masse anonyme, font de leur proximité avec les décideurs un fonds de commerce. Ils excellent dans l’art de l’adapter aux circonstances et aux événements. Vous rêvez d’un poste de ministre ou d’ambassadeur, souhaitez obtenir une bourse d’études, une subvention gouvernementale, un passeport diplomatique, un visa ? Leur entregent se monnaye à la carte, contre espèces sonnantes et trébuchantes. “Les courtisans sont des pauvres enrichis par la mendicité”, les plaignait De Chamfort.
Fonctions et moralité́ floues
Ils savent évidemment tout, peuvent tout, le bottin des puissants leur sert de livre de chevet, mais ne vous rendent pas compte lorsqu’ils échouent à satisfaire votre demande.
Sans attributions ni qualifications connues, ils se comportent comme des chargés des affaires sensibles, véritables garçons de course en fait, entretenant le mystère autour de leurs agissements bien loin de faire bon ménage avec la morale. Leur rang est inclassable parmi tous les autres mais ils servent tous les pouvoirs avec un zèle égal. L’échine souple, ils ne réalisent pas le ridicule dont ils se couvrent en se défendant d’être des girouettes. Eux, ne sont que du bon côté du vent. Ils ne changent donc pas de camp, ni de veste, encore moins de boubou, en dépit des variations du temps et de la succession des princes. Ils justifient le mot de l’immense homme d’Etat et sage athénien Solon « les courtisans ressemblent à ces jetons dont on se sert pour compter, ils changent de valeur au gré de celui qui les emploie ».
Hâbleurs nés et fieffés menteurs, sans fierté ni orgueil, les courtisans sont esclaves des biens matériels et du gain facile. La possession est leur Dieu, le manque leur ennemi. Ils se gardent de fréquenter les sans-dents et croient la pauvreté contagieuse. Ils redoutent la précarité comme la Covid-19.
Où sont-ils ? Qui sont-ils ? Peu importe, ils sont de la race dont le signe distinctif est l’âpreté au gain, le désir compulsif de paraître et de figurer en bonne place sur la liste civile des puissants et aussi d’inspirer l’envie et la jalousie de ceux qui ne les connaissent que d’apparence.
La marche de la bonne étoile
Les courtisans ont le cuir épais, aspirent à un avenir lisse. Leurs alter ego sont au sein du pouvoir politique, du monde des affaires, de la classe des puissants et des possédants.
Ils se détournent de l’opposition qu’ils se gardent cependant de narguer pour ne pas insulter l’avenir, ne fréquentent que les hommes ou femmes d’affaires ayant pignon sur rue, visitent assidûment les chefs religieux dans les grâces du pouvoir politique dont ils anticipent les désirs avec empressement.
Les courtisans n’ont en face que des proies, adeptes de passe-droits et de raccourcis pour réaliser leurs ambitions. Leur clientèle s’étend à toutes les sphères de la société. Ils renvoient à l’image de ces charlatans sollicités par des naïfs désemparés qui les croient capables de miracles pour changer le cours de leur destin contrarié.
Marchands d’illusions, VRP de rêves, ils s'affranchissent aisément de l’obligation de résultats en brandissant l’argument imparable que le souhaitable et le possible ne se marient pas à chaque rencontre.
Le cortège des vainqueurs
Tels des acteurs en représentation sur la scène de la vie nationale, les courtisans se joignent au bal des changements de régime, rejoignent sans transition le cortège des vainqueurs en militants de la 25è heure sans état d’âme, et non sans s’être réjouis du crépuscule du pouvoir éteint.
Ces virtuoses de la transhumance, dépouillés de toute éthique, écument nos pays avec, en bandoulière, le trafic d’influence et, comme mantra, l’opportunisme sans limites.
Les courtisans des temps que nous vivons, dont la fonction fut naguère de noblesse lorsqu’ils servaient nos rois et empereurs, sont aussi bien les produits que les plaies de nos sociétés et de nos pays. Appartenant à presque tous les corps de métier, ils se nourrissent de nos faiblesses et vivent de nos lâchetés inavouées. Ils polluent la sève même de nos valeurs, s’incrustent frauduleusement dans les affaires de la cité, trompent notre religion en tout.
Leur toute puissance, apparente ou réelle, n’est pourtant pas une fatalité devant laquelle il faut s’incliner. De nous dépend la volonté d’y mettre fin en attaquant le mal à la racine. En commençant par le respect des règles et manuels de procédures, l’éducation du citoyen sur la gratuité de l’accès aux autorités du service public, en élevant le dogme du mérite comme unique critère de promotion, en bannissant le sentimentalisme dans l’octroi des responsabilités. Prémunir ainsi l’Etat contre l’affaissement et l’incurie qui le guettent au rythme des courbettes des courtisans. Ces résolutions constituent les véritables remèdes contre la corruption, la gabegie, la concussion, le favoritisme, ces cancers qui ont fini par métastaser tout notre corps social.
Restons lucides en ayant conscience que lutter contre les courtisans et leur funeste commerce est un défi énorme face aux habitudes et aux pesanteurs. Ce combat serait à notre portée si, notre société, dans un sursaut salutaire, décidait d’y mettre un terme. Pour le plus grand bénéfice de tous. Une véritable gageure qui s’apparente à faire le tri entre la bonne graine et l’ivraie.
La polémique continue autour du passage du Franc CFA à l'Eco. En France, le projet de loi a été présenté la semaine dernière en Conseil des ministres. Un agenda qui fait débat
La polémique continue autour du passage du Franc CFA à l'Eco. En France, le projet de loi a été présenté la semaine dernière en Conseil des ministres. Un agenda qui fait débat.
Par Abdarahmane Wone
COVID-19 ET LE CONFINEMENT DES POPULATIONS EN AFRIQUE, ET SI ON CHANGEAIT DE SLOGAN
Que faudrait-il dire et comment le dire ? Sachant qu'entre deux mots il faut un troisième, il serait bien de bouleverser le schéma classique de la communication qui veut qu’il y’ait un émetteur et un récepteur.
"Restez chez vous !". Traduit dans différentes langues et déclinaisons, le slogan arboré partout depuis les premières semaines de manifestation du coronavirus, aurait permis de freiner la propagation de la Covid-19. Mais pas que. Il a suscité de nouveaux réflexes et en plusieurs endroits, créé des tensions familiales dans ses pays de naissance et de rigoureuse application. La monnaie de la pièce. Il n’est pas fait état dans nos micros Etats par exemple, de cas de crises dans les ménages, découlant du confinement.
Maintenir la ¨distanciation sociale¨ est encore plus à problème, transférée sous les tropiques. Par distanciation sociale, on nous inviterait à nous éloigner les uns des autres. D’abord dans sa formulation et ensuite son contenu, ce slogan jumeau de l’autre pose question. Comment donc demander à des populations qui abhorrent l’individu pour valoriser la communauté, de subitement ériger des barrières entre les personnes ? Voudrait-on parler d’espace que c’est déjà difficile pour des populations qui partagent tout, se serrent partout, se serrent la main même sans se connaître.
On peut admettre que l’urgence commandait de ne pas perdre plus de temps, alors que le virus faisait déjà des milliers de victimes dans des pays aux moyens plus conséquents pour faire face. En temps de guerre, l'action est souvent privilégiée sur la réflexion. La lutte contre la pandémie CORONAVIRUS n'a pas fait exception. Pressées par la conscience de la dangerosité et des menaces de la Covid-19, nos autorités ont sauté sur des concepts et slogans conçus ailleurs. Chez les premiers impactés et conséquemment les premiers sur le champ de bataille, cela va de soi. Mais avons-nous vraiment réfléchi à leur adaptabilité sous les tropiques, dans nos contrées ? Nous avons eu pourtant, l’occasion de voir venir depuis les premières vagues de morts en Europe, plus proche de nous.
Concepts inadaptés
Si le « Rester chez soi » a eu l’effet attendu en Occident, en invitant les populations à se confiner, il n'est pas dit qu’il a prospéré en Afrique, où pourtant le virus tarde à s’imposer. Mais ceci ne suffit pas à expliquer cela. Nous sommes simplement dans des réalités et contextes sociaux différents. Transmis tel quel, le slogan pourrait être perçu comme discourtois et même asocial, dans une certaine mesure.
La formule « Restez chez vous » met en relief deux entités communicationnelles distinctes : l’émetteur et le récepteur.
En l’espèce, la première entité assène à la deuxième, l'obligation pour elle de ne pas sortir. Dans le contexte africain, demander à son frère, sa sœur, son cousin, sa tante ou ses voisins de s’abstenir de nous fréquenter pourrait être mal pris ou en tout cas mal compris. Car dans notre imaginaire et dans certains milieux encore, dans l’Afrique des profondeurs, nous ne faisons pas de différence entre chez soi et la maison d'un des nôtres. Basées sur des valeurs de cordialité, de solidarité et d’hospitalité, les relations au sein des communautés ne prévoyaient jusque-là pas, que l’on puisse demander à un proche de rester chez lui, donc de ne pas nous déranger. Ce concept devient plus aberrant s'il est prononcé dans nos villages et campagnes où le sens de la communauté reste encore très fort.
Comment le faire ?
Que faudrait-il dire et comment le dire ? Sachant qu'entre deux mots il faut un troisième, il serait bien de bouleverser le schéma classique de la communication qui veut qu’il y’ait un émetteur et un récepteur. Fusionnons-les en nous adressant à nous-même, en étant à la fois les auteurs et destinataires du même message.
Utilisons le « Nous » collectif qui a l’avantage d’être inclusif au lieu du « Vous » exclusif et qui serait ressenti comme un ordre que l’on assène aux autres de ne pas nous fréquenter. Pourquoi dès lors ne pas choisir d’impliquer le donneur d’ordre par une formule plus inclusive : « Restons à la maison » ou une formule similaire.
Tout en continuant de réfléchir ensemble aux meilleurs moyens de communiquer pour barrer la route à la pandémie en ayant à l’esprit l’importance d’humaniser les liens sociaux, disons à toutes et à tous « Restons à la maison » pour nous protéger de la COVID 19 et de son corolaire de malheur.
Abdarahmane Wone
Spécialiste en Communication
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L'ITALIE VEUT RÉGULARISER LA MAIN D’ŒUVRE AGRICOLE AFRICAINE
Le gouvernement va distribuer des permis temporaires de six mois aux migrants qui travaillent dans les champs du sud du pays. Exploités par la mafia, ces migrants, pour la plupart Africains, vivent dans des conditions déplorables
L'Italie veut régulariser des sans-papiers pour tenter de sauver son secteur agricole. Le gouvernement va distribuer des permis temporaires de six mois aux migrants qui travaillent dans les champs du sud du pays. Exploités par la mafia, ces migrants, pour la plupart Africains, vivent dans des conditions déplorables.
C'est un reportage, dans les Pouilles, de notre envoyée spéciale, Valérie Dupont.
par le chroniqueur de SenePlus, Hamadoun Touré
LE CORTÈGE DE LA RÉSILIENCE
EXCLUSIF SENEPLUS - Si nos partenaires nous ont sommés de ne consacrer que la portion congrue à ce qui garantit la vie tout court, changeons de partenaires. La santé ne doit pas être gérée dans l'improvisation
Hamadoun Touré de SenePlus |
Publication 25/05/2020
« Dieu a donné une sœur au souvenir et l’a appelée espérance ». (Michel-Ange)
Insensiblement, l’humanité sort progressivement de l’œil du cyclone créé par la maladie à coronavirus. Les premiers pays touchés brisent le cercle du confinement avec la timidité des pas d’un enfant qui apprend à marcher. Petit à petit, avec la discrétion qui sied à la psychose ambiante, l’on sort de l’ombre. Non pas par esprit de défiance mais, parce qu’au fil du temps et de l’expérience, la pandémie provoque moins d’inconnues dans l’esprit scientifique et moins de frayeur dans l’opinion populaire.
A force de nous fréquenter, nous infligeant les pertes humaines et les ravages multiformes que l’on sait, le Covid-19, même s’il conserve encore ses secrets, s’est fait davantage connaître. L’inventivité de nos scientifiques et autres créateurs va avoir raison de la peur. Des médicaments commencent à être proposés et des annonces de vaccin sont de plus en plus à l’ordre du jour. Qui plus est, les technologies sont mises à contribution pour appuyer le travail des chercheurs et des médecins. Toutes choses qui nous éloignent de la panique du début.
Ce qu’il est encore difficile de nommer décrue, sans être taxé d’optimiste excessif, reste pourtant source d’espoir et l’on voit en pointillé le début de la fin. Sans tapage inutile, la science cerne les contours du mal avec l’apparition de certains remèdes à valider et à diffuser à l’échelle planétaire à la dimension de la pandémie. Des annonces de vaccins sont faites à un rythme régulier estompant la terreur au sein de populations armées des mesures barrières et du masque pour tenir à distance le Covid-19 et même vivre avec lui.
Dans le mental des malades, des guéris et des épargnés, être testé positif n’est plus synonyme de pestiféré. Le dire n’entraine aucune stigmatisation ni culpabilité. Il ne s’agit donc pas, dans l’acception populaire, d’une maladie honteuse, comme le furent d’autres en d’autres temps pas si lointains. Nous sommes donc témoins d’un progrès au niveau de l’approche psychologique du coronavirus.
Peu d’époques, avant la nôtre, auront accueilli tant de douleurs et de malheurs en un laps de temps aussi court, à une échelle aussi large que la planète terre. La grande peste du 14è siècle et la grippe espagnole d’il y a cent deux ans ont eu avec elles la durée et ont frappé une période qui n’avait pas autant d’atouts techniques ni de telles connaissances scientifiques. Cette hécatombe ignorant la région, la religion, le sexe, la richesse, l’extraction sociale ou le pouvoir sonne le glas des égoïsmes nationaux. Elle met en relief, par le tragique et l’épreuve, la nécessaire solidarité que l’on considérait, jusqu’à récemment, comme un concept manipulé par des pauvres tendant une sébile où l’on déversait aides, subventions compassion ainsi que mépris et condescendance.
Tout voir et faire autrement
En raison de cette décrue, légère il est vrai mais encourageante, il faut se préparer à rejoindre le cortège de la résilience en voie de constitution pour vivre l’après-pandémie et affronter le temps d’après. Pour dure qu’elle soit, la crise actuelle ne saurait nous faire oublier que l’avenir s’écrit aujourd’hui dans cette douleur sans nom qui s’est imposée à nous au cours des six derniers mois.
Le temps d’après, c’est celui où la résilience se substitue à la résignation. C’est le résultat de notre manière de supporter les contraintes d’hier en nous préparant à les dominer pour mieux les adapter à la vie de demain. Nous devons nous armer du passé pour affronter l’avenir. Il s’impose à nous de tout voir et de tout faire autrement, comme nous l’avons prouvé dans l’épreuve. Il y aura désormais, dans notre façon d’être et de nous conduire, un avant et un après Covid-19.
L’avantage d’une crise est d’offrir la possibilité de réorienter ses conceptions et ses acceptions de la vie après le choc. La vie sociale, politique, culturelle et économique doit être abordée différemment aussi bien au niveau individuel qu’au plan collectif. Cela dit, il faudra une période de transition vers une nouvelle façon de vivre. Il s’agit du moment de la rupture psychologique et sanitaire avec le virus que nous soupçonnons encore d’être niché derrière le mal de tête le plus anodin ou la plus petite quinte de toux.
Le bouleversement des habitudes a développé des réflexes de résilience et nous a prémunis de l’effondrement humain tant redouté. Cette flexibilité nous a aidés à vivre avec le virus tout en essayant d’en percer les mystères et les faiblesses. Il faut se persuader que le passage au temps d’après obéit à des étapes plus longues et même plus contraignantes que l’adoption des mesures barrières et l’instauration des restrictions administratives. C’est un combat au long cours. Il faut s’y résoudre.
La fin d’une sédentarisation longue et forcée approche, même si c’est à pas feutrés. Elle annonce aussi le début des comptes du confinement et plus généralement de la pandémie. Le premier solde positif est la préservation des vies humaines. Notre savoir a plié mais n’a pas rompu. On mesure à cette prouesse l’hommage dû à ceux que le Covid-19 a emportés comme agneaux sacrificiels pour que l’espèce humaine ne sombrât pas entièrement et pût demeurer éternelle. En plus de l’énorme coût humain, il y aura aussi les frais économiques, financiers, sociaux, culturels, cultuels, psychologiques et autres entrainés par la maladie. Les principales activités de production qui huilent notre quotidien, nos pratiques plusieurs fois centenaires ainsi que les structures génératrices de revenus ont été mises à l’arrêt.
Nous, citoyens modernes du 21è siècle, avions tendance à prendre les fusées et les satellites comme des instruments domestiques. Au même titre, la santé, les congés payés, la liberté d’aller et de venir, les voitures, les trains et les avions étaient considérés comme des acquis indéboulonnables de notre vie au jour le jour. Le Covid-19 nous a administré la preuve du contraire.
Face à la nouvelle réalité, il faut de nouveaux comportements avec l’adaptation de nos réactions et des mesures futures à la familiarisation que nous avons de la pandémie. C’est sur cette base que la résilience sera collée au réel au lieu de ne représenter qu’un catalogue de vœux pieux et de résolutions utopiques. Il ne faut pas se faire d’illusion, monter dans le cortège de la résilience n’est pas renouer immédiatement avec la vie d’avant. Faut-il d’ailleurs renouer avec la vie d’avant ? Nous avons découvert, à défaut de les avoir inventées, de nouvelles façons de vivre et de faire qu’il faut considérer avec intérêt pour vivre autrement et surtout mieux.
Urgences sanitaires et préoccupations économiques
Dans le temps d’après, il nous faudra aussi apprendre un nouvel environnement professionnel, un nouvel espace de loisirs, donc une nouvelle manière de nous regrouper et d’être ensemble et surtout de ne pas être ensemble avec le masque qui fera encore longtemps partie des éléments de notre uniforme ou devenir un supplément vestimentaire comme le manteau en hiver ou l’imperméable pour protéger de la pluie.
La résilience est l’ambition de faire coïncider les nobles urgences sanitaires avec les légitimes préoccupations économiques. Elles sont intimement liées et ne doivent pas nous imposer le dilemme cornélien consistant à devoir choisir entre l’être et l’avoir. La santé sans soutien financier est précarité. La richesse sans santé est stérilité. C’est cette conviction qui guide les défenseurs du déconfinement actuellement en cours avec le tact et la prudence qu’impose un monde en devenir.
La résilience suppose le renversement de la place secondaire accordée à la santé qui, pourtant, passe avant la vie économique, la vie sociale et même la vie politique comme on l’a vu dans certaines grandes démocraties qui ont bousculé leur calendrier républicain et même accepté des compromis idéologiques pour s’ajuster à la crise.
Longtemps négligé, le secteur sanitaire nous rattrape en imposant son importance. Il nous contraint à distraire tous les fonds qui lui avaient été refusés dans les arbitrages budgétaires au profit de l’acquisition de masques et de respirateurs ainsi que de matériels destinés à stopper la propagation de la pandémie. Une vision politique lucide eût évité ce qui ressemble fort à un colmatage de brèches trahissant une improvisation et un sauve-qui peut dans la gouvernance.
Si nos partenaires nous ont sommés de ne consacrer que la portion congrue à ce qui garantit la vie tout court, changeons de partenaires. Leurs fourches caudines sont à rebours de notre besoin de survie et de vie. La course contre la montre engagée au niveau mondial pour l’obtention de masques et l’achat de respirateurs a situé le niveau d’indigence d’un secteur aussi vital que tout nous impose de réhabiliter. Quelle ironie que de voir l’importance unique de la vie au moment d’être au bord de la mort !
Priorité à la vie tout court
La grande leçon face au Covid-19, c’est l’instinct grégaire qui a donné la priorité à la vie tout court. Elle s’est imposée et a, en même temps, mis à nu notre insouciance d’hier dans la protection de cette même vie. Des centres de santé à l’abandon, des hôpitaux-mouroirs mal pourvus en ressources techniques, humaines et financières. Des structures insalubres d’où les patients venus espérer la guérison ressortent avec de nouvelles maladies.
Répétons-le. Le Covid-19 ne nous aura pas entièrement vaincus si, à l’heure d’embarquer dans le cortège de la résilience, il permet de revoir à leur juste valeur les budgets squelettiques de santé que nous tentons de renflouer par des appels pathétiques aux contributions volontaires et à l’aide internationale. Cet élan désespéré montre que nous avions oublié d’assurer notre bien-être physique, moral et mental. La santé ne doit pas être vue comme une urgence permanente ni comme un secteur à gérer dans l’improvisation et la précipitation, comme l’a fait notre monde. Même avec le prétexte fallacieux de l’irruption de l’imprévu que des dirigeants visionnaires auraient dû prévoir.
Ne nous trompons pas de bataille. Les rituels de la vie quotidienne ne vont pas revenir immédiatement et il faut se garder de considérer le temps d’après juste comme la fin d’une douloureuse parenthèse favorisant le retour au laxisme à cause duquel notre vigilance a été prise en défaut avec l’explosion mondiale de la pandémie.
Au-delà de la victoire contre une pandémie, le combat contre le Covid doit aller plus loin et avoir comme finalité de nous aider à inventer une autre manière de voir notre monde et notre mode de fonctionnement. Ce n’est pas de l’angélisme.
La remise en cause qu’a subie notre planète autorise l’amorce d’un nouveau départ. L’humilité retrouvée peut devenir salutaire si elle nous ouvre les yeux sur la hiérarchie à établir entre nos priorités. La crise actuelle ne doit pas obstruer les chemins de l’avenir. Hier doit donner naissance à des lendemains meilleurs. Comme l’a dit le génie florentin Michel-Ange : « Dieu a donné une sœur au souvenir et l’a appelée espérance ».
LA RÉÉLECTION ATTENDUE DU PRÉSIDENT DE LA BAD FRAGILISÉE PAR WASHINGTON
"si les Etats-Unis désavouent Adesina, la crédibilité et la réputation de la BAD auprès des investisseurs internationaux sont remises en cause. On ne peut pas gagner un bras de fer contre les Etats-Unis", estime un économiste ivoirien
Coup de tonnerre dans "l'affaire Adesina": les Etats-Unis ont demandé une enquête indépendante au sujet d'accusations de prévarication contre le président de la Banque africaine de développement (BAD), une initiative qui remet en cause sa réélection en août pour un nouveau mandat.
Dans une lettre cinglante à l'institution panafricaine de développement, obtenue par l'AFP lundi, le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin fait part de ses "sérieuses réserves" au sujet de la décision de la BAD de blanchir son président nigérian, Akinwumi Adesina, des graves accusations portées contre lui par des "lanceurs d'alerte" : "comportement contraire à l'éthique, enrichissement personnel et favoritisme", entre autres.
Alors que le comité d'éthique de la BAD avait très rapidement disculpé M. Adesina - en fonction depuis 2015 -, Steven Mnuchin demande "une enquête approfondie sur ces allégations par un enquêteur extérieur indépendant", dans son courrier daté du 22 mai, adressé à la présidente du bureau du conseil des gouverneurs de la BAD, la ministre ivoirienne du Plan et du développement Kaba Nialé.
"Considérant l'étendue, la gravité et la précision des allégations contre le seul candidat au leadership de la Banque pour les cinq prochaines années, nous pensons qu'une enquête plus approfondie est nécessaire pour que le président de la BAD bénéficie du soutien et de la confiance complets des actionnaires", insiste le secrétaire américain au Trésor.
La BAD n'a pas réagi dans l'immédiat.
"Avec cette lettre, les Etats-Unis actent leur volonté de faire partir Adesina", seul candidat pour un nouveau mandat de cinq ans, analyse un économiste ivoirien.
Ancien ministre de l'Agriculture du Nigeria, Adesina, spécialiste du développement, avait pourtant reçu le soutien de l'Union africaine et de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest pour sa réélection à la tête de la BAD, une des cinq principales banques multilatérales de développement au monde.
La BAD compte 80 pays actionnaires (54 pays africains et 26 non africains, d'Europe, d'Amérique et d'Asie), le premier étant le Nigeria. Elle est la seule institution africaine cotée triple A par les agences de notation financière.
Mais "si les Etats-Unis désavouent Adesina, la crédibilité et la réputation de la BAD auprès des investisseurs internationaux sont remises en cause. On ne peut pas gagner un bras de fer contre les Etats-Unis", estime cet économiste.
- "trop de pouvoir" -
L'affaire aux allures de feuilleton a commencé en janvier, mais n'a été dévoilée publiquement qu'en avril.
Un groupe de "lanceurs d'alerte" anonymes se présentant comme des "employés préoccupés de la BAD" dressent alors un véritable réquisitoire contre leur président dans un document d'une quinzaine de pages détaillant de multiples accusations contre M. Adesina, premier Nigérian à diriger l'institution.
Ils lui reprochent son favoritisme dans de nombreuses nominations de hauts responsables, en particulier de compatriotes nigérians, et d'avoir nommé ou promu des personnes soupçonnées ou reconnues coupables de fraudes ou de corruption, ou encore de leur avoir accordé de confortables indemnités de départ sans les sanctionner.
M. Adesina réfute en bloc ces accusations. Un mois plus tard, la BAD lui donne raison. Affirmant "avoir procédé à un examen point par point de toutes les allégations contenues dans la plainte" des lanceurs d'alerte, le Comité d'éthique de la Banque conclut qu'elle "ne reposent sur aucun fait objectif et solide".
Les lanceurs d'alerte réclament alors une enquête indépendante. Jusqu'à ce que Washington leur emboîte le pas.
Personnage charismatique, doué d'un excellent sens de la communication, Akinwumi Adesina, 60 ans, a fait connaître la BAD sur les marchés internationaux, permettant d'attirer des capitaux pour le développement de l'Afrique.
La BAD a ainsi réalisé en octobre 2019 une augmentation de capital géante de 115 milliards de dollars, considérée comme un succès personnel pour son président.
En avril, réagissant promptement à l'épidémie de coronavirus, la BAD a annoncé la création d'un fonds de 10 milliards de dollars pour aider les pays africains.
"Mais dans sa façon de gérer la Banque, Adesina s'est fait aussi beaucoup d'ennemis", relève l'économiste ivoirien.
"Le président a trop de pouvoir. Il nomme qui il veut. Trop de cadres sont partis depuis cinq ans", confie un cadre de la BAD sous couvert d'anonymat, en ajoutant: "Il faut une réforme profonde pour diminuer son pouvoir".
"PERSONNE NE VIENDRA CHANGER CE CONTINENT À NOTRE PLACE"
L'artiste ivoirien Tiken Jah Fakoly évoque sa vision de l'Afrique post-crise Covid-19
Le Point Afrique |
Malick Diawara et Viviane Forson |
Publication 25/05/2020
#JeSuisWAN. Figure artistique majeure africaine, Tiken Jah Fakoly n'a pas hésité un seul moment à être partie prenante du projet WAN (Worldwide Afro Network).
Journée mondiale de l'Afrique, le 25 mai a été choisi pour commémorer la fondation de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA) en 1963 devenue en 2002 à Syrte, en Libye, l'Union africaine. À cette occasion, les artistes et la société civile du continent africain et de sa diaspora se sont mobilisés autour du projet WAN (Worldwide Afro Network)* avec comme objectif de sensibiliser les populations aux risques d'infection, d'engager une réflexion collective sur l'Afrique et de donner une visibilité aux acteurs de la construction post-crise Covid-19 du continent. À cette occasion, plusieurs artistes africains de renom ont accepté, sous l'impulsion de l'animateur, journaliste et producteur camerounais Amobé Mévégué bien connu des auditeurs de Radio France Internationale (Plein Sud) et des téléspectateurs de Canal France Internationale (Africa Musica), de MCM Africa, de TV5 Monde (Acoustic, Africanités), de France 24 (Journal de la culture musique) et de la chaîne panafricaine Ubiznews, une centaine d'artistes africains et le parrainage de Youssou Ndour, de participer à ce show panafricain. Ils ont pour nom Angélique Kidjo, Fally Ipupa et bien d'autres auxquels s'est jointe la chanteuse du groupe Kassav Jocelyne Béroard. Tête d'affiche de cette grande scène virtuelle, Tiken Jah Fakoly a accepté de répondre au Point Afrique à propos de cette manifestation et de sa vision de l'Afrique post-crise Covid-19.
Le Point Afrique : quelles réflexions vous suggère la survenue de cette pandémie du Covid-19 ?
Tiken Jah Fakoly : Tout le monde pensait que cette maladie allait ravager l'Afrique. Bien sûr, tous les Africains n'ont pas pris conscience du danger de la maladie, mais on a vu que les gouvernements ont commencé à s'organiser très tôt et que les gens ont suivi le mouvement pour faire passer les messages. Ces dispositions ont été respectées en partie. Je dis en partie parce qu'il faut savoir que beaucoup d'Africains ne croient pas en l'existence de cette maladie, encore aujourd'hui. Mais ce qui est sûr, c'est qu'on a tous observé la réactivité des dirigeants dès les premiers cas. Ils ont pris des dispositions au niveau de la prévention.
Maintenant la grande question, c'est de savoir pourquoi cette maladie ne s'est pas propagée en Afrique comme ailleurs ? Tout le monde cherche la réponse à cette énigme. Pour ma part, je dirai qu'il y a peut-être une résistance des Africains du fait de médicaments pris contre le paludisme ou bien d'autres maladies. Par ailleurs, on ne peut pas dire que c'est parce que nous sommes des Noirs. Nos frères africains-américains paient le prix fort aux États-Unis et même en Amérique latine. Il y a peut-être aussi la grande chaleur qui a empêché le virus de se propager. Il ne faut pas aussi oublier que nous avons une population qui est très très jeune. Dans les mois à venir, les scientifiques auront certainement des réponses à nous apporter.
Qu'est-ce qui vous a motivé à participer à cet événement autour du #IamWAN ?
J'ai accepté de participer à cette initiative parce qu'il s'agit d'un projet fait par des Africains pour les Africains. Vous savez à chaque fois que l'Afrique a un problème, ce sont les autres qui viennent proposer des solutions. Cette fois, c'est différent. J'ai adhéré tout de suite à ce projet parce que, dans les coulisses, Amobé Mévégué et Mory Touré, ainsi que leurs équipes, font un travail très encourageant. Je me suis engagé pour en faire ma partie. J'ai préparé un morceau en acoustique. C'est aux Africains de sensibiliser les Africains. En tant que panafricaniste, j'en suis convaincu. Je ne pouvais pas manquer ce rendez-vous-là.
Sinon, il y a aussi que nous les artistes avons la chance que nos voix soient écoutées, parfois bien plus que celles des politiques. Modestement, je pense être l'une des voix les plus écoutées sur le continent. C'était donc super important que je me mette au service de cette cause parce que sensibiliser les autres, c'était et c'est toujours me protéger moi-même. Parce que si les autres sont contaminés, je risque de me contaminer. En plus des gestes barrières, il me fallait mettre ma voix au service de cette cause. Dès l'annonce des premiers cas sur le continent africain, j'ai commencé à penser à faire une chanson. Le refrain est venu, puis les couplets aussi. Alors, je suis allé en studio pour enregistrer.
L'organisation mondiale a-t-elle étudié ce remède avant de le critiquer ? Michel Yao, responsable des opérations d'urgence pour le bureau Afrique de l'OMS, donne des éléments de réponse
Le président malgache a présenté le Covid-Organics pour traiter les personnes touchées par la Covid-19. Ce remède est à base d'artémisia. L’OMS a mis en doute son efficacité. Que reproche l’OMS à ce remède ? L’OMS a-t-elle étudié ce remède avant de le critiquer ?
Michel Yao, responsable des opérations d'urgence pour le bureau Afrique de l'OMS, répondait aux questions des auditeurs de l’émission « Appels sur l’actualité » présentée par Juan Gomez.