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29 septembre 2025
OUATTARA JOUE SA CRÉDIBILITÉ
Il espérait laisser à la postérité l'image d'un économiste bâtisseur qui avait pacifié la Côte d'Ivoire après une longue crise meurtrière : sa candidature à un troisième mandat contesté par l'opposition risque fort de ternir son image
Alors qu'il avait clairement laissé entendre depuis plusieurs années qu'il ne ferait pas de troisième mandat, et qu'il avait publiquement passé la main à son Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, représentant à 61 ans la "nouvelle génération" selon lui, M. Ouattara, 78 ans, a finalement "reconsidéré sa position" après le décès subit de ce dernier, invoquant un "cas de force majeure".
Pour le politologue ivoirien Jean Alabro, "Ouattara livre le combat de trop.Le passage en force sur la Constitution, sur les conditions du scrutin ne présage rien de bon".
Pour justifier sa décision de se représenter, le chef de l'Etat a avancé un argument souvent répété par le parti au pouvoir, invoquant "le risque que tous nos acquis (depuis 2011) soient compromis", "le risque que notre pays recule dans bien des domaines".
Car il se targue d'avoir redressé la Côte d'Ivoire, meurtrie par une décennie de crise dans les années 2000, et qui a connu sous ses deux mandats une croissance économique record, saluée par la communauté internationale.
"Pendant mes neuf années de gestion, nous avons placé la Côte d'Ivoire sur une trajectoire irréversible de développement, Nous avons pacifié le pays, ramené la paix et la sécurité sur l'ensemble du territoire", a-t-il souligné dans son discours jeudi, vantant l'économie ivoirienne comme "l'une des plus dynamiques au monde".
Selon lui, "quatre millions d'Ivoiriens sont sortis de la pauvreté" entre 2011 et 2018.
Mais ses détracteurs critiquent un "technocrate international sans âme", sans volonté sociale et ayant instrumentalisé la justice contre ses opposants, échouant à réussir la "réconciliation" après la crise des années 2000.
L'opposant Pascal Affi N'Guessan, candidat à la présidentielle d'octobre, a récemment dénoncé une "croissance appauvrissante" de l'économie ivoirienne engendrée par M. Ouattara, pour souligner son manque de portée sociale.
- alliés devenus opposants -
En 2011, le président Laurent Gbagbo ayant refusé de reconnaître sa défaite dans les urnes, Alassane Ouattara était arrivé au pouvoir par les armes, grâce au soutien de l'armée française, ancienne puissance coloniale, et de la rébellion du Nord.
Il avait hérité d'un pays scindé en deux depuis 2002, aux tensions intercommunautaires à fleur de peau, à l'économie minée par les violences et les sanctions internationales.
Né le 1er janvier 1942 à Dimbokro (centre), Alassane Ouattara a accompli la majorité de sa scolarité au Burkina Faso voisin.
Issu du nord du pays majoritairement musulman, il a longtemps été le symbole de la crise identitaire qui a déchiré la Côte d'Ivoire.
Marié à une Française, il entre en 1968 au FMI et devient en 1983 vice-gouverneur de la BCEAO, dont il sera plus tard gouverneur.
En 1990, il est nommé Premier ministre par le président Félix Houphouët-Boigny, fonction qu'il exerce jusqu'à la mort du "Vieux" en 1993.
Redoutant ses ambitions, le camp du nouveau président Henri Konan Bédié tente de prouver l'inéligibilité de Ouattara, accusé d'être d'origine burkinabè.Commence ainsi un débat empoisonné sur l'"ivoirité", un concept nationaliste qui a participé à la montée des tensions communautaires.
Lors de la présidentielle de 2000, la candidature de Ouattara est ainsi rejetée pour "nationalité douteuse".Après un putsch manqué en 2002, la partition de la Côte d'Ivoire s'impose avec un sud tenu par le camp du président Laurent Gbagbo et un nord rebelle pro-Ouattara.
Sous la pression internationale, Laurent Gbagbo valide en 2005 la candidature Ouattara à la présidentielle, scrutin reporté jusqu'en novembre 2010 et suivi d'une crise qui fera plus de 3.000 morts.
Une offensive finale permet à "ADO" d'accéder au pouvoir le 11 avril 2011. Sa réélection triomphale en 2015 - plus de 83% des voix au premier tour - met fin à l'incessant débat sur sa légitimité.
Pour briguer son troisième mandat, M. Ouattara ne pourra compter que sur son parti, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
Ses ex-alliés, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) d'Henri Konan Bédié, et l'Union pour la démocratie et la paix en Côte d'Ivoire (UDPCI) de l'ancien ministre Abdallah Albert Mabri Toikeusse, militent désormais dans l'opposition, et leurs deux leaders vont affronter M. Ouattara à l'élection le 31 octobre prochain.
par Amadou Tidiane Wone
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EXCLUSIF SENEPLUS - Des pistes de recherche auraient pu servir à préparer l’après Covid et à anticiper une éventuelle résurgence de la maladie. Au lieu de s’égarer dans des sujets bateau tels que la dette, Macky aurait fait œuvre utile pour le Sénégal
Gouverner ou régner ? Sous nos tropiques, la question ne se pose même pas ! Nos « chefs » d’Etats, même élus pour un mandat limité dans le temps, accèdent au pouvoir pour le garder. Par des tours de passe-passe de moins en moins inspirés, ils tordent le cou à la Constitution, modifient le code électoral, embastillent les opposants les plus en vue et mettent en route le rouleau compresseur de la corruption pour aplanir toutes les aspérités sur leur chemin peu glorieux. Cela tient, mais en partie seulement, d’un héritage culturel de notre passé ante-colonial. Mais il s’y ajoute que, la plupart des dirigeants africains depuis les indépendances ont une fâcheuse tendance à la jouissance du pouvoir plutôt qu’à servir les populations. Ils confondent allègrement le bien commun à leur patrimoine personnel. Ils estiment ne pas devoir rendre des comptes et vivent comme si tout leur était dû. Et c’est, essentiellement pour se garantir une impunité et protéger leurs arrières qu’ils s’accrochent désespérément au pouvoir pour ne pas finir pendus. Cette anomalie…qui se normalise ( !) est l’un des disfonctionnement majeur de nos institutions héritées de la colonisation. Théoriquement « Républiques » et « démocratiques » la plupart des États africains sont des monstres institutionnels, défigurés au gré des caprices des gouvernants du moment. Avec pour seule préoccupation la conservation à tout prix du pouvoir envers et contre tous. Cela explique que la plupart des gouvernants ne nourrissent pas de rêves grandioses pour leurs peuples. Ils se contentent, tout au plus, d’administrer la misère et de surveiller les bons points des agences de notation internationales qui les manipulent au gré des intérêts géopolitiques et économiques de leurs tuteurs occidentaux. Conséquence, même lorsque l’Afrique a des raisons de relever la tête, la paresse intellectuelle des dirigeants ne lui trouve pas les stimuli pour un nouveau départ, les leviers pour un nouvel essor. A cet égard, un seul exemple : la pandémie du Covid-19, contre toute attente, semble donner à l’Afrique, jusqu’ici, le beau rôle : alors même que des superpuissances et des grandes puissances sont à genoux, leurs systèmes de santé chahuté, leurs populations stressées, leurs économies exsangues, les pays africains semblent contenir l’expansion de la maladie. Miracle ? Forces surnaturelles ou prédispositions physiques ? Ou, tout simplement retard au démarrage ! Les dirigeants africains ne se posent pas les bonnes questions et, hélas, développent même une forme d’insouciance qui ne les met pas à l’abri d’un retour de bâton sévère.
Le sujet ici est le suivant : quelle initiative rationnelle et scientifique a été prise pour chercher à comprendre les causes réelles qui pourraient expliquer que l’Afrique ne soit pas devenu un cimetière à ciel ouvert, en dépit du dénuement voire de l’inexistence de son système de santé ? Malgré les conditions de vie désastreuses de ses populations et la porosité de ses frontières ouvertes à tous les vents ?
Voilà bien un momentum qu’aurait pu saisir le président du Sénégal, par exemple, pour réunir à Dakar une centaine de chercheurs et de spécialistes réputés à travers le monde, pour analyser, confronter les expériences, et élaborer une stratégie d’identification et de valorisation des avantages comparatifs qui nous auront protégés de la pandémie. Devons-nous cette résilience à notre environnement, à notre ADN, à nos aliments ? Des pistes passionnantes de recherche auraient pu servir à préparer l’après Covid et à anticiper sur une éventuelle résurgence de la maladie. Au lieu de s’égarer dans des sujets bateau tels que la dette africaine, le président Macky Sall aurait fait œuvre utile pour le Sénégal, l’Afrique et le monde. Il aurait permis à la science d’avancer d’un cran. Gouverner ne se réduit pas à distribuer des sacs de riz ! L’esprit et les intelligences ont aussi besoin de nourriture. En l’occurrence, l’occasion est belle et à saisir pour remotiver nos chercheurs et nos praticiens et redonner la parole à une Afrique du Savoir et de la Science.
Au demeurant, des équipes pluridisciplinaires de psychologues, d’anthropologues, de sociologues et de psychiatres devraient commencer à s’interroger sur les conséquences que ne manqueront pas d’avoir, sur notre manière de vivre ensemble, toutes les « mesures barrières » qui remettent en cause la vie à l’africaine ! Nos nombreuses cérémonies familiales et la promiscuité qui semblait en être le levain. Le Covid aura remis en question tout cela. En plus du port obligatoire du masque qui ajoute à la distanciation, il y a la peur panique de la maladie entretenue par l’OMS et les médias mainstream. Nos populations développent, de plus en plus, une forme de méfiance entre voisins qui mine profondément les fondements séculaires de nos nations. Ces mutations, qui touchent en profondeur nos manières d’être et de vivre ensemble, auront des conséquences sur notre tissu social. Il faut les anticiper, les analyser et se donner les moyens de canaliser les énergies négatives qui pourraient en découler. Gouverner, c’est prévoir...
Malheureusement, et faute de leadership inspiré, nos pays se contentent de subir les événements. Aucune stratégie communautaire de prise en charge de ces problématiques ne semble à l’ordre du jour. Par ailleurs, le « fighting spirit » indispensable pour l’identification et l’atteinte d’objectifs supérieurs n’est pas insufflé dans notre système éducatif. Le sauve qui peut est la règle. A tout prix. Changer de vie, changer sa vie et celle de ses semblables doivent devenir les moteurs de la jeunesse, les baromètres de l’excellence. Valoriser le volontariat et les travaux d’utilité publique doit donner un sens au don de soi et à l’engagement communautaire.
Aux aînés de se demander si, sur ces chantiers, les devoirs ont été rendus. Il n’est jamais trop tard pour bien faire !
Par Moubarack LO et Amaye SY
L’EMERGENCE DU SENEGAL A L’EPREUVE DE LA COVID-19, QUELS SCENARII POUR 2023 ?
La pandémie Covid-19 provoque tout à la fois un choc sanitaire terrible et une crise économique mondiale.
La pandémie Covid-19 provoque tout à la fois un choc sanitaire terrible et une crise économique mondiale. Selon le FMI, l'économie mondiale connaîtrait, en 2020, «sa pire récession depuis la Grande Dépression », dépassant celle de la crise financière mondiale de 2008-2009. Pour sa part, l’Afrique subsaharienne a enregistré au cours des 3 mois se terminant en mai 2020, un niveau de contraction de l’activité économique jamais connu.
Dans l’UEMOA, selon les estimations, la croissance économique de l’Union devrait chuter de près de la moitié pour l’année 2020. Le Sénégal subit lourdement les conséquences économiques et sanitaires de la pandémie Covid-19. Avec 10.715 cas confirmés enregistrés au 6 août 2020, les infections continuent d’augmenter jour après jour, à un rythme qui ne faiblit pas (triplement en deux mois), de même que le taux de décès qui a quasiment doublé entre le 1er juin et le 6 août 2020, passant de 1,1% à 2,08%. Et, aujourd’hui, l’incertitude est le mot qui convient le mieux pour décrire l’évolution future de la Covid-19 dans le monde en général, et au Sénégal en particulier.
Sur le plan économique, les premiers indicateurs disponibles pointent vers un fort ralentissement de l’économie sénégalaise. Pour l’année 2020, le taux de croissance du PIB projeté par le Gouvernement est fortement revu à la baisse (à 1,1%, contre 6,8% précédemment), tout en le maintenant positif, grâce aux effets attendus du Plan de résilience économique et sociale (PRES) et du Plan de relance économique qui doit être publié dans les prochains jours. Il n’empêche qu’à moyen terme, de grosses inquiétudes pèsent sur la mise en œuvre réussie de la seconde phase du PSE (2019- 2023). A cet effet, le Bureau de Prospective Economique (BPE) a effectué un travail exploratoire permettant de dessiner des scenarii d’évolutions possibles de la trajectoire d’émergence du Sénégal à horizon 2023, en identifiant les facteurs de succès associés à la dynamique la plus favorable.
De fait, cette trajectoire est tout aussi incertaine que l’est l’évolution de la situation sanitaire. Au demeurant, le diagnostic du Sénégal sur la base de la théorie et des indices d’émergence établis par Moubarack LO (Harmattan 2017) révèle qu’en 2018, le pays réalise une performance relativement satisfaisante dans l’indice synthétique d’émergence économique (ISEME) et se hisse pour la première fois dans la catégorie des pays dits « pré émergeants ».
Toutefois, la dynamique future sera tributaire du scénario sanitaire et des choix de comportement des acteurs nationaux : Etat, Secteur privé et ménages. L’analyse des comportements possibles de ces trois acteurs selon le scénario sanitaire a permis de définir des hypothèses économiques prospectives desquelles découlent trois scénarii d’émergence.
Dans Scénario 1 (« Le PSE est remis sur les rails »), le contexte sanitaire est celui du scénario vert de fin rapide de la Covid-19 au Sénégal. Il y est anticipé une croissance moyenne de 6% par an entre 2019 et 2023 (soit un taux moyen d’environ 8% entre 2021 et 2023, sachant l’acquis de 2019 et 2020) et le taux de pauvreté passerait de 37,8% en 2018 à 31,88% en 2023. Le contexte international et africain est favorable à la fois sur les plans sanitaire, économique, politique et sécuritaire. Les capacités de mobilisation des ressources et de dépenses de l’Etat sont conformes aux prévisions du PSE 2. L’investissement du secteur privé, soutenu par la mise en œuvre des réformes par l’Etat, le maintien de la motivation et de la productivité des travailleurs, renforce la dynamique enclenchée durant la phase 1 du PSE. Le score ISEME du Sénégal enregistre un bon de 6 points par rapport au celui de 2018, pour atteindre 0,57 sur un total possible de 1, permettant au Sénégal d’envisager de devenir un pays émergeant dès 2025, profitant du démarrage de l’exploitation du pétrole et du gaz. Toutes les dimensions de l’ISEME réalisent de fortes avancées.
Dans le Scénario 2 (« Le PSE est partiellement mis en œuvre »), le contexte sanitaire est celui du scénario jaune de poursuite modérée des infections et des décès liés à la Covid-19. La croissance économique moyenne ressort à 4% par an entre 2019 et 2023 et le taux de pauvreté passe de 37,8% en 2018 à 35,6% en 2023. Les capacités de mobilisation des ressources et de dépenses de l’Etat sont moyennement conformes aux prévisions du PSE 2. L’investissement du secteur privé ralentit par rapport à sa dynamique d’avant crise. Les réformes de l’Etat sont partiellement mises en œuvre et le contexte sanitaire affecte la motivation et la productivité des travailleurs. Le score ISEME du Sénégal affiche un léger progrès en 2023 (0,53 contre 0,51 en 2018) à la faveur de la hausse de performances dans les dimensions « richesse inclusive » et « transformation structurelle ».
Dans Scénario 3 (« Le PSE est déréglé »), le contexte sanitaire est celui du scénario rouge d’aggravation de la Covid-19. La croissance économique moyenne se situe à 1% par an entre 2019 et 2023 et le taux de pauvreté augmente, passant de 37,8% en 2018 à 39,2% en 2023. Les capacités de mobilisation des ressources et de dépenses de l’Etat sont faibles relativement aux prévisions du PSE 2. L’investissement du secteur privé interrompt brutalement sa dynamique d’avant crise. Les réformes de l’Etat sont faiblement mises en œuvre et le contexte sanitaire affecte fortement la motivation et la productivité des travailleurs. Le score ISEME du Sénégal affiche un recul en 2023 (0,44 contre 0,51 en 2018). Pour garantir le succès du scénario favorable (PSE remis sur les rails), les actions suivantes sont attendues :
•L’Etat devra mener un important effort d’investissement et de réformes pour permettre la matérialisation de ce scénario ;
•Dans le domaine des infrastructures, les investissements de la phase 1 du PSE devront être poursuivis pour soutenir activement et efficacement le secteur productif ;
•Dans le domaine de l’agriculture, les efforts devront être renforcés pour augmenter la productivité. Les investissements dans le domaine de l’agriculture pourraient concerner entre autres la mise en œuvre des agropoles, le renforcement des actions de modernisation du matériel agricole et des semences dans le programme agricole, la promotion de nouveaux entrepreneurs jeunes avec l’appui d’instruments de financement comme la DER ;
•Dans le secteur de l’industrie, l’Etat devra accélérer la mise en œuvre des plateformes industrielles, des agropoles et des paris industriels prévus dans la phase 2 du PSE. L’Etat pourrait envisager d’aligner les exigences d’exportations assignées aux entreprises dans les différentes Zones Economiques Spéciales et promouvoir l’import-substitution dans ces zones ;
•Dans les secteurs sociaux, l’Etat devra accentuer ses actions pour garantir une croissance économique inclusive et soutenable, en veillant à relever fortement les indicateurs dans le secteur de l’éducation et de la santé, y compris au niveau désagrégé par zone géographique et selon le genre ;
•Dans le numérique, l’Etat devra soutenir l'élargissement de l'accès et de l'utilisation des services numériques, en particulier de l'Internet haut débit, pour promouvoir l'esprit d'entreprise, l'inclusion financière et le développement d'une économie numérique inclusive ;
•En matière de réformes, le scénario favorable anticipe la mise en œuvre des réformes ambitieuses prévues dans la seconde phase du PSE. Elles porteront principalement sur l’environnement des affaires, la fiscalité, l’énergie, l’Administration publique, le système éducatif et l’économie numérique ;
•Du côté du secteur privé, l’investissement privé devra se poursuivre et renforcer sa dynamique haussière, appuyé par les reformes et les investissements de l’Etat, la croissance du financement bancaire, le dynamisme des marchés intérieurs et extérieurs, la santé et la productivité préservées des travailleurs. Cette expansion de l’investissement devra aller de pair avec une préservation de l’emploi voire sa hausse.
En définitive, le succès du PSE 2 suppose de réussir trois étapes.
La première étape consiste à sauver le tissu économique de la faillite, en lui accordant un appui rapide ciblé. Ce fut l’objet du PRES dont l’exécution a démarré en avril 2020 et qui a permis de mobiliser d’importantes ressources au niveau international ainsi qu’un moratoire pour le remboursement de la dette publique. Ces ressources ont été affectées à la santé, aux ménages et aux secteurs économiques les plus durement touchés par la pandémie.
La deuxième étape, et le deuxième temps de la stratégie économique d’adaptation à la Covid-19, va être enclenchée avec la mise en œuvre imminente du Plan de Relance qui a pour objectif de favoriser, entre 2020 et 2021, le redémarrage de l’activité économique ralentie par le choc Covid-19, en convainquant le secteur bancaire local à jouer sa part dans le financement des investissements et du fonds de roulement du secteur privé. Elle se manifestera par un taux de croissance légèrement positif en 2020 (au moins 1,1%) et au moins égal à 5% en 2021.
La troisième étape, celle du grand rebond, aura pour ambition de remettre pleinement sur pied le Sénégal sur la trajectoire de l’émergence, en portant, dès 2022, les taux de croissance économiques à des niveaux supérieurs à 8% par an sur la durée. Elle exigera de repenser le plan d’actions du PSE et de définir un « nouveau modèle de développement national » qui consolide les grands choix stratégiques à long terme du PSE, tout en identifiant de nouveaux moteurs de croissance et de nouveaux débouchés, au niveau intérieur et africain, pour les produits locaux. Ce faisant, le Sénégal aura réussi à transformer la crise Covid-19 en opportunité pour se réinventer.
Par Moubarack LO
Directeur général du Bureau de Prospective Economique (BPE)
et
Amaye SY, expert sénior au BPE
«IL FAUT DES TESTS MASSIFS, EN PLUS DE CIBLER CERTAINS CLUSTERS POUR UNE PRISE EN CHARGE PRECOCE»
Répondant à nos questions, l’épidémiologiste, Massamba Diouf, a plaidé pour une massification des tests de Covid19 en plus de cibler certains clusters pour une prise en charge précoce.
Répondant à nos questions, l’épidémiologiste, Massamba Diouf, a plaidé pour une massification des tests de Covid19 en plus de cibler certains clusters pour une prise en charge précoce. Mieux, il estime que les autorités devraient songer à ajouter à l’exigence du port de masque une certaine restriction dans les rassemblements.
«L’AS» : Le gouvernement a pris la décision de durcir le ton en imposant désormais, sous peine d’amende, le port de masque dans les lieux publics. Pensez-vous que c’est cela qui va régler le problème ?
Pr Massamba DIOUF : «Je considère que ces mesures ont tardé à venir. On avait déclaré depuis belle lurette que cette mesure de port obligatoire de masque devait intervenir et qu’il fallait y adosser des sanctions au cas où elle ne serait pas respectée. Et c’est heureux aujourd’hui de constater que le gouvernement s’est rebiffé en voulant justement assujettir des sanctions à cette mesure-là. Le port de masque n’étant pas compliqué, on pourrait conscientiser les populations à se parer systématiquement de masques pour enfin contribuer à réduire la propagation de la maladie. En réalité, la distanciation physique peut d’une certaine manière poser problème, vu le contexte culturel. Mais pour ce qui est du port de masque, on a vu d’éminentes personnalités culturelles ou religieuses mettre leur masque pour montrer aux populations le bon exemple à l’instar de Serigne Mountakha Mbacké et récemment aussi du Khalife des Tidianes Serigne Babacar Sy Mansour. Il faut que les Sénégalais suivent ces exemples. Encore une fois, je suis plus que jamais convaincu que ce port de masque peut contribuer à réduire la propagation de l’épidémie à l’échelle nationale.
Est-ce que vous pensez qu’il est conséquent de lever l’état d’urgence et le couvre-feu et revenir aujourd’hui contrôler l’accès aux plages et les rassemblements publics ?
Je pense que quelque part, la levée de cette mesure d’état d’urgence, notamment le couvre-feu, s’imposait avec acuité. Parce qu’il y avait aussi un état d’urgence économique qui s’imposait et qui devrait nécessairement permettre aux autorités de lever le pied un tout petit peu. Cependant, je reste également plus ou moins convaincu que les rassemblements des populations devraient aussi être réduits du fait des gens qui refusent d’observer scrupuleusement les gestes barrières et le port de masque. On a vu les cérémonies sociales telles que les baptêmes, mariages, cérémonies funéraires qui entraînent des rassemblements au point qu’on peut estimer que s’il n’y a pas de mesures qui accompagnent ce port de masque, il peut y avoir des difficultés à mieux contrôler la propagation du virus. Donc nécessairement, les autorités devraient songer à ajouter à l’exigence du port de masque une certaine restriction dans les rassemblements. On pourrait par exemple dire que les rassemblements non nécessaires qui relèvent des activités de loisirs peuvent quand-même être suspendus.
Que faudrait-il pour stopper l’évolution de la pandémie Covid-19 dans le pays ?
Au départ, on avait une certaine capacité de tests. Et par la suite, on a appris que les tests ont été réduits de façon drastique. Personne ne comprend la pertinence de ce choix-là. Par rapport à la prise en charge, aujourd’hui tous les patients de Covid ne sont pas pris en charge dans les structures hospitalières. C’est vrai, à un moment donné, il y a eu un petit débordement et il fallait réfléchir sur une alternative. C’est normal. Mais pour autant, il ne faudrait pas aller jusqu’à mettre un petit obstacle par rapport à la stratégie de prise en charge précoce qui nous permettrait de limiter le nombre de décès. Prenons l’exemple de la Côte d’Ivoire : elle teste plus que le Sénégal ; elle a plus de cas de Covid et pourtant le Sénégal a plus de morts. Cela pourrait amener à réfléchir sur des questions fondamentales pour aider notre pays. Donc, nous proposons de ne pas fermer les yeux sur les capacités de test. Aujourd’hui, on devrait assister à une vulgarisation des centres de dépistage qui pourraient prendre en charge en amont les cas qui existent au niveau de chaque région. A côté des tests massifs, il faut bien cibler certains clusters pour une prise en charge précoce. Mais aussi,dans la communication, il faut continuer à faire une communication attractive, imagée, dynamique et même tropicalisée.
ENQUÊTE SUR LE TRAFIC DES NUMEROS DE CHÂSSIS
Mécaniciens, businessmen, gros bonnets…ils sont nombreux à s’activer dans le business des véhicules illégaux. Leur trouvaille, c’est le changement de numéro de châssis
Mécaniciens, businessmen, gros bonnets…ils sont nombreux à s’activer dans le business des véhicules illégaux. Leur trouvaille, c’est le changement de numéro de châssis. Mais aussi illégale qu’elle soit, cette activité est très rentable et attire de plus en plus d’acteurs. Cependant, si elle prospère, c’est parce que les acteurs bénéficient de la protection de personnes assez influentes. Elles sont, soit issues de familles maraboutiques, soit très introduites en haut lieu.
Communément appelé châssis, le numéro d’identification du véhicule est un numéro unique qui permet d’identifier chaque véhicule et que l’on retrouve parfois sur le bloc-moteur, parfois à l’intérieur des portes. Il est à la voiture, ce que la pièce d’identification nationale est à l’homme. Si à la base, chaque voiture a sa propre numérotation, il existe un business aussi minutieux que rentable qui attire de plus en plus d’acteurs.
En effet, selon la réglementation en vigueur, une voiture de plus de 8 ans ne peut être dédouanée au Sénégal. Mais l’on remarque que les voitures dites âgées continuent d’arriver par divers circuits. Le constat est frappant. Des voitures qui devaient être envoyées à la fourrière circulent encore. Tantôt, on en voit certaines en très bon état. Même si la plupart d’entre elles ne le sont que de nom. Alors comment des véhicules dont la date de fabrication fait plus de deux décennies peuvent encore être dans un état quasi neuf ? Kara Ndiaye, mécanicien établi à Guédiawaye, croit en savoir les raisons. « Une Renault R21 en très bon état et en règle, c’est déjà suspect», tranche-t-il d’emblée.
A l’en croire, la méthode est très simple. « Les gens vont en Mauritanie, achètent les véhicules, tout en étant sûrs qu’ils n’ont pas la possibilité de les dédouaner. Avec un passeavant, ils réussissent à entrer au Sénégal. A leur arrivée, ils garent les voitures dans des entrepôts ou garages et se mettent à la recherche de véhicules de la même marque, fussent-ils une carcasse. Ils font enlever le numéro de châssis et le mettent dans la voiture importée», révèle-t-il. Un travail fait avec beaucoup d’ingéniosité et de professionnalisme. Balla lui s’est fait beaucoup d’argent dans le business. Mais depuis que beaucoup de monde a investi le créneau, il a préféré se retirer. «C’était devenu risqué. Certains trafics sautent aux yeux. Il y a de ces voitures qu’on ne peut pas modifier. Mais les nonconnaisseurs ont envahi le secteur et ont semé le bordel», se désole-t-il.
DES TARIFS ENTRE 500 000 ET 700 000 FRANCS
«Un business à la chaîne». Tel pourrait être l’intitulé de la trajectoire de cette activité qui aboutit à la mise en circulation du véhicule. Les voitures âgées sont achetées autour d’un million de francs Cfa, transport compris. Une fois à Dakar, il y a un réseau parallèle dont le travail consiste à repérer de vieilles voitures, hors circulation, mais dont les papiers sont en règle. «Ils achètent la voiture, enlèvent le numéro de châssis. Le reste est vendu sous forme d’épaves. Mais la carte grise elle, peut être vendue jusqu’à 700 000 francs Cfa selon la marque», explique un homme très au fait du business qu’il dit avoir abandonné. Une fois le numéro de châssis trouvé, reste la dernière étape. La plus compliquée, selon beaucoup d’acteurs. En effet, souvent sur la porte ou le bas de la voiture, le numéro est presque confondu à la tôle du véhicule.
LES MECANICIENS SE FROTTENT LES MAINS
«C’est un travail minutieux qui demande beaucoup de finesse. Parce que les gens ont systématiquement un doute sur la validité de certains véhicules. Leur premier réflexe, c’est de vérifier le numéro de châssis. Mais il y a de vrais professionnels», explique un acteur du business qui a requis l’anonymat. Il ajoute toutefois que ces professionnels ne courent pas les rues. Conscient que le business est illégal, notre source révèle qu’elle ne travaille qu’avec des gens avec qui elle a l’habitude de traiter. « Il y en a qui demandent jusqu’à 500 000 francs Cfa, juste pour changer le numéro de châssis. Cela se comprend, parce que les risques sont réels. Mais cela vaut le coût, parce que si ce n’est pas bien fait, à tout moment, la fraude peut être décelée», indique-t-il.
DES INTOUCHABLES AU CŒUR DU CIRCUIT ?
Transitaire à la retraite, M. M rappelle que la réglementation est très claire car, dit-il, pour un véhicule qui prend la route, «un passe-avant est délivré à la frontière des pays de passage à partir du point de départ. Avec ce document, la voiture peut circuler à Dakar pendant 15 jours maximum avant d’être déclarée. Ainsi, un Certificat de Mise en Circulation (Cmc) du véhicule lui est remis au paiement des frais de dédouanement. Le Cmc devra faire l’objet d’une vérification du numéro de châssis de la voiture sur le réseau Interpol. Donc les textes sont clairs, le problème est ailleurs», signale-t-il. A ses yeux, il ne faut pas chercher midi à quatorze heures, il y a de gros bonnets derrière ce business. «A Touba, il y a des voitures immatriculées en Mauritanie qui circulent librement. Il y a partout dans ce pays des voitures qui, normalement, ne devraient même plus circuler. Et puis, tout le monde est au courant de cette histoire de numéro de châssis. Mais si ceux qui sont censés traquer les trafiquants sont eux-mêmes dans le circuit, qui va rétablir l’ordre ?», s’interroge-t-il. Selon notre interlocuteur qui a requis l’anonymat, la plupart des mécaniciens qui font le changement de châssis le font à Touba. «Certains achètent la voiture. Mais en attendant de trouver le numéro de châssis adéquat, ils mettent la voiture en circulation, mais se limitent à la zone de Touba. Certains vont jusqu’à payer l’assurance, les taxes et autres, alors qu’ils sont illégaux», révèlet-il. Pour plus de prudence, l’opération de remplacement se déroule la plupart du temps dans des maisons ou des espaces aménagés pour autre chose. «Tous ceux qui gravitent autour ont intérêt à ce que tout reste discret, même si on se connaît entre nous. Il y a même des douaniers qui sont dans le circuit. Soit ils aident à acheminer la voiture au lieu de changement, soit ce sont eux-mêmes qui conduisent jusqu’au mécanicien. Ils sont sûrs de ne pas être inquiétés», renseigne une autre source.
UNE NICHE POUR LES VOLEURS DE VOITURES
A chaque voiture, son numéro de châssis. En cas de vol, le propriétaire peut très rapidement saisir la Police et porter plainte. Les investigations peuvent alors démarrer. S’il est vrai que beaucoup de voitures volées sont très souvent retrouvées, il n’en demeure pas moins qu’une très bonne partie passe entre les mailles des filets. «Souvent quand on déclare que sa voiture a été volée, il y a toutes les indications. Du numéro de châssis à la couleur. Mais aujourd’hui, le système est tellement performant que certains peuvent très rapidement changer le visage d’une voiture. En plus de la repeindre, ils ont des experts capables de changer le numéro de châssis très rapidement avec tellement de finesse qu’il est presque impossible de trouver la faille. Généralement, ils sont couverts par de gros bonnets qui brouillent toutes les pistes. Le business est très florissant entre la Gambie et le Sénégal», souffle un policier à la retraite.
ORANGE INTERPELLÉ PAR L'ARTP
Le régulateur, tenant compte du contexte de crise et de pandémie mondiale de Covid-19, demande au réseau de téléphonie mobile de surseoir aux nouvelles offres mises sur le marché, le 22 juillet 2020 - COMMUNIQUÉ DE PRESSE
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de l'ARTP à propos des nouvelles offres commerciales d'Orange-SONATEL.
"Les nouvelles offres de l’opérateur Orange- SONATEL ont suscité une forte opposition des consommateurs qui ont saisi l’ARTP à travers des plaintes portant, entre autres, sur les aspects tarifaires.
Dans le cadre du traitement desdites plaintes et, par respect pour le principe du contradictoire, l’opérateur Orange-SONATEL et les associations de consommateurs ont été successivement reçus.
L’ARTP, en sa qualité de régulateur, investi d’une mission de service public avec ses déclinaisons naturelles en termes de protection de l’intérêt général et, tenant compte du contexte de crise et de pandémie mondiale de Covid-19, a demandé à Orange-SONATEL, de surseoir aux nouvelles offres mises sur le marché, le 22 juillet 2020.
En conséquence, l’ARTP demande à toutes les parties prenantes, de prendre acte de cette décision."
LE COLONEL ABDOURAHIM KEBE TOURNE LE DOS A IDY
Le parti de M. Idrissa Seck vient d’enregistrer une énorme défection. Il s’agit du départ du colonel Abdourahim Kébé qui a décidé de tourner le dos à la formation orange pour «convenance personnelle».
Les bases de Rewmi se sont effritées à Saint-Louis. En effet, le parti de M. Idrissa Seck vient d’enregistrer une énorme défection. Il s’agit du départ du colonel Abdourahim Kébé qui a décidé de tourner le dos à la formation orange pour «convenance personnelle». Ce départ va constituer un coup dur pour la fédération de Saint-Louis. Il était l’un des animateurs et des plus farouches défenseurs de la cause nationale.
Le divorce est désormais acté entre le colonel Abdourahim Kébé et son ancien parti. Le secrétaire national en charge de la Défense et de la Sécurité de Rewmi a annoncé hier sa démission de ce poste. «Je quitte le parti de Idrissa Seck pour des raisons de convenance personnelle. C’est clair et net pour tout le monde. J’ai décidé de démissionner de ma fonction de secrétaire national en charge de la défense et de la sécurité au sein de Rewmi et de mettre fin à mon affiliation à ce parti et ce, à compter de ce jour. Je quitte le parti pour des raisons de convenance personnelle», a précisé le colonel Kébé qui a été un des défenseurs de cette formation.
Nonobstant ce départ, M. Kébé a tenu à remercier Idrissa Seck. «Mon estime et ma considération restent intactes pour le président Idrissa Seck», a-t-il rassuré. Cette démission va laisser une tache indélébile pour le parti Rewmi qui a toujours soutenu M. Kébé qui en est conscient. «Mes pensées affectueuses vont aussi à tous les responsables et militants de Rewmi qui m’ont toujours soutenu. Mon engagement politique continue pour une opposition forte, cohérente et audible au service exclusif des Sénégalais et du Sénégal», a-t-il rappelé.
Certains observateurs trouvent cette démission normale. Selon eux, «tout serait parti du patron de Rewmi, Idrissa Seck qui s’est emmuré dans un silence assourdissant, une situation qui a été décriée par le colonel Kébé». La nouvelle s’est vite propagée comme une traînée de poudre à travers les différentes artères de la vieille ville.
La coordination départementale pas informée prend acte Le Colonel Kébé, membre de la fédération départementale de Saint-Louis, a préféré passer par le directoire national qui a informé Dr Abdoulaye Ndoye et compagnie. «La coordination départementale n’a pas été saisie directement par le principal concerné qui a préféré s’adresser au directoire national qui nous a informé. Nous prenons acte. Maintenant, en tout état de cause, le parti continue de fonctionner. Les gens vont continuer le travail. L’animation du parti est de mise. Je dois dire que personne ne souhaite des départs », a indiqué le secrétaire général de la fédération départementale, Dr Abdoulaye Ndoye.
DEPUIS QUAND LE MILITANTISME D’UN FONCTIONNAIRE SERAIT- IL UNE INFRACTION ?
Rejetant toute idée d’implication du Pastef dans la grève qui paralyse actuellement la justice, Aldiouma Sow, juriste et membre de Pastef, rétorque qu’il serait extrêmement dangereux pour le gouvernement d’opposer au sytjust des arguments politiques
Rejetant toute idée d’implication du Pastef dans la grève qui paralyse actuellement la justice, Aldiouma Sow, juriste et membre de Pastef, rétorque qu’il serait extrêmement dangereux pour le gouvernement d’opposer au sytjust des arguments politiques. A l’en croire, c’est un mauvais procès que les gens du pouvoir veulent faire face aux revendications plus que légitimes des travailleurs de la justice. « Et il est inapproprié et irresponsable de la part du gouvernement d’évoquer les casquettes politiques des uns et des autres pour ne pas exécuter ses engagements à travers le protocole d’accord qu’il a signé depuis des années avec ce syndicat. Et puis, dans cette logique qu’ils veulent emprunter, la véritable question est de savoir depuis quand le militantisme d’un fonctionnaire serait-il une infraction ? », questionne ce juriste et membre du bureau politique de Pastef.
Répondant aux insinuations selon lesquelles la haute administration actuelle pullulerait de taupes au service de Sonko, M. sow estime qu’ « aussi bien dans la justice que dans les régies financières, les membres de l’administration ont le droit de militer dans les partis de leur convenance. Et cela n’est pas apparu avec le Pastef car on se rappelle que, dans l’histoire politique de ce pays, il fut un moment où les principaux syndicats du pays étaient dirigés par des membres des partis de gauche. Ce qui n’a pas empêché le Sénégal de connaitre des avancées démocratiques. D’ailleurs, ce positionnement n’a pas permis à ces partis d’accéder au pouvoir ». Le Sg du Sytjust, Aya Boun Malick diop, interpellé par votre serviteur, n’a pas voulu se prononcer sur le sujet.
LE SYTJUST SOUPÇONNÉ D'OBÉIR AUX MOTS D’ORDRE POLITIQUES DE PASTEF
Les proches d’Ousmane Sonko et cadres dans la justice sont perçus dans les couloirs des cours et tribunaux où ils sont soupçonnés de tirer les ficelles en se drapant du manteau de syndicalistes au sein du syndicat
C’est avec un regard empreint de méfiance que les proches d’Ousmane Sonko et cadres dans la justice sont perçus dans les couloirs des cours et tribunaux où ils sont soupçonnés de tirer les ficelles en se drapant du manteau de syndicalistes au sein du SYTJUST. Selon des informations du « Témoin », la grève du Sytjust, qui a fini de paralyser la justice, est aujourd’hui dans le viseur du pouvoir qui envisage d’apporter une riposte politique à une grève perçue comme ayant des motivations politiques… Conséquence : des sanctions pouvant aller jusqu’à la radiation des leaders du mouvement son envisagées.
Toujours loin d’un dénouement, le mouvement d’humeur du syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust) risque de déboucher sur un bras de fer politico-syndical. Le «Témoin » est en mesure de révéler qu’au sommet de l’Etat, des voies et moyens sont en train d’être réunis dans le but de court-circuiter le mouvement d’humeur en cours dans le secteur de la justice. Une riposte énergique qui, nous confie-t-on, s’expliquerait par le fait que la plupart des leaders de cette grève qui paralyse la justice, sont soupçonnés d’obéir à des mots d’ordre politiques. En ligne de mire de cette contre-attaque étatique en vue, des proches du leader du parti Pastef, Ousmane Sonko.
De fait, plusieurs faucons du pouvoir sont favorables à des sanctions extrêmement sévères à l’encontre des grévistes. Parmi ces sanctions visant à décapiter le mouvement syndical, des coupures de salaires ne sont pas exclues. Mieux, dans le but de freiner le mouvement d’humeur, des sources bien renseignées évoquent la thèse de la radiation de la fonction publique du secrétaire général du Sytjust, Me Aya Boun Malick diop. «En ce moment, le SYTJUST prétend mener une lutte syndicale. Or, en réalité, son mouvement d’humeur est purement partisan. Nous sommes au courant du fait que 8 5% de ses membres militent au sein du parti Pastef. C’est pourquoi, il est actuellement question pour ces gens de bloquer le fonctionnement de la justice pour des intérêts politiques », soupire un membre du pouvoir et proche du milieu de la justice.
Par ailleurs, nous révèle-on, si le gouvernement prend très au sérieux cette question, c’est pour éviter de vivre la même situation qui prévaut à la direction générale des Impôts et domaines où des cadres proches de Sonko en font voir de toutes les couleurs au pouvoir en place. «Dans ce grenier de l’Etat, service si stratégique toute la chaine de revendication est contrôlée par des agents qui s’affichent fièrement du côté de l’opposant radical Ousmane Sonko.
Et aujourd’hui avec le SYTJUST, ils veulent reproduire le même schéma pour affaiblir le gouvernement en s’attaquant au ministre de la Justice», renseigne la même source qui fait état d’un maillage des tribunaux comme ceux de Dakar, st Louis, Kédougou et Tambacounda où les trois quarts des greffiers sont soupçonnés par le pouvoir d’avoir des accointances avec le Pastef.
LA GREVE DU SYTJUST, UNE MENACE POUR LA DEFENSE NATIONALE
Les candidats au recrutement peinent à obtenir des certificats de nationalité et casiers judiciaires
Chaque année, l’Armée procède à des recrutements pour renforcer ou renouveler ses effectifs. Malheureusement cette année, les volontaires aux drapeaux 2020/2021 peinent à obtenir deux pièces essentielles — à savoir le certificat de nationalité et le casier judiciaire — à leur enrôlement dans l’Armée. Ce, à cause de la grève interminable du Syndicat des travailleurs de la Justice (Syjust). D’où, donc, un dommage collatéral inattendu et gravissime de cette grève : une atteinte à la défense nationale.
depuis la levée de l’état d’urgence dans le cadre de la crise sanitaire du coronavirus, le syndicat des travailleurs de la Justice (syjust) prolonge les souffrances des situations en continuant de paralyser les audiences des cours et tribunaux.
Conséquence collatérale de cette situation, les volontaires aux drapeaux 2020/2021 peinent à rassembler les deux pièces maîtresses à leur enrôlement dans l’Armée c’est-à-dire le certificat de nationalité et le casier judiciaire.
Ainsi, depuis presque quatre mois, des milliers de jeunes volontaires désirant s’engager sous les drapeaux sont dans l’impossibilité d’obtenir ces pièces essentielles à leur enrôlement du fait de la paralysie des greffes au niveau des cours et tribunaux. Or, tout le monde sait que si l’Armée ne parvient pas à recruter les effectifs souhaités, cela constituerait une menace pour la défense nationale. Ce dont, apparemment, les grévistes du sytjust n’en ont cure.
Pour contourner cette situation et éviter un blocage aux conséquence incalculables, le bureau de recrutement des forces armées est obligé d’accepter des dossiers de candidature incomplets sous réserve de la production ultérieure de certificats de nationalité et de casiers judiciaires datant de moins de trois mois.
Contactée par « Le Témoin » quotidien, la direction de l’Information et des Relations publiques des Armées (dirpa) explique que le dépôt des dossiers se poursuit dans tous les centres de recrutement de notre pays. « Certes, le commandement a décidé de faire accepter certains dossiers incomplets, mais les intéressés doivent obligatoirement revenir pour la régularisation c’est-à-dire compléter les documents manquants dans les plus délais » indique-t-on au niveau de la dirpa. Chaque année, l’Armée sénégalaise, comme celles de tous les pays du monde, procède à des recrutements pour renouveler ou renforcer ses effectifs.
A cette fin, les objectifs en matière d’effectifs doivent impérativement être atteints. Et sans la compréhension, la responsabilité et le patriotisme du syndicat des travailleurs de la Justice (syjust), on voit mal comment l’Armée pourra atteindre son quota annuel de recrues. Toujours est-il que les appelés pour dakarbango ne sont pas les seuls dans le désarroi. Car, les candidats aux concours de la police et de la gendarmerie sont aussi confrontés à des problèmes d’obtention de certificats de nationalité et de casiers judiciaires pour pouvoir déposer leurs dossiers.
Ces recrutements de masse par concours directs constituent une occasion annuelle pour les forces de sécurité de renouveler et de renforcer de façon permanente leurs effectifs. Malheureusement, la grève des greffiers est en passe de tout remettre en cause au point de menacer aussi la sécurité intérieure du pays en plus de sa défense. Il est vrai que le droit de grève est reconnu à chaque salarié et protégé par la Constitution. Cela dit, dans certains secteurs sensibles et stratégiques comme la Justice, ce droit de grève ne devrait-il pas être encadré ?
Dans tous les cas, l’Etat doit prendre ses responsabilités, quitte à autoriser ou plafonner le nombre d’heures de grèves dans la Justice. Pourquoi pas 72 heures par mois ? Le débat est ouvert…