Malgré la pandémie du coronavirus, les enjeux politiques restent d’actualité à Thiès, liés notamment aux prochaines élections locales. En effet, la coalition de la majorité et celle d’Idrissa Seck vont à cette occasion jouer leur avenir politique et c’est pourquoi il y a une rude bataille en perspective autour des fauteuils des Maires de Thiès.
Malgré la persistance de la crise sanitaire qui frappe le pays depuis le 2 mars 2020, avec un virus qui circule de manière active, notamment à Thiès où la ville totalise 365 cas positifs, les enjeux politiques liés surtout aux prochaines élections locales sont toujours d’actualité. En effet, les différentes chapelles politiques, même si elles ont déserté l’arène politique à cause de la pandémie, continuent de lorgner les fauteuils des Maires de Thiès, ce qui laisse augurer une rude bataille en perspective.
Ladite ville étrenne toujours ses habits de cité politiquement très chargée, comme en atteste la trajectoire suivie depuis très longtemps. L’illustration en est également donnée par le rôle joué dans la survenue de la première alternance politique au Sénégal. Les signes annonciateurs de cette alternance de 2000 sont apparus avec l’élection présidentielle de février 1988, marquée par des violences inouïes dont les prolongements ont bouleversé le quotidien des Sénégalais, même plusieurs mois après la proclamation des résultats. C’est aussi Thiès qui a fourni les premiers signes de la chute du régime libéral, à travers la profonde crise politique entre l’ancien président de la République Me Abdoulaye Wade et son fils putatif et numéro 2 du parti,
Idrissa Seck. Thiès a également marqué de son empreinte la seconde alternance politique, marquée par l’accession du Président Macky Sall à la Magistrature suprême. Mais politiquement, la cité rebelle a toujours tourné le dos au pouvoir central et le régime libéral l’a su à ses dépens, pour avoir régulièrement eu des revers électoraux. Avec les prochaines élections locales, le pouvoir de Macky Sall voudrait certainement mettre un terme à cette série et la couleur a déjà été annoncée lors des locales de 2014, avec une réduction assez substantielle des écarts face à la liste de Rewmi dont l’hégémonie dans la ville dure de façon ininterrompue depuis 2009. Ainsi, les enjeux sont-ils énormes en ce qui concerne les prochaines élections locales et le Rewmi va certainement jouer son va-tout car les résultats vont nécessairement impacter sur la candidature d’Idrissa Seck à la prochaine présidentielle. En effet, il avait tenu la promesse ferme d’abandonner la politique dès le lendemain d’une défaite à Thiès. L’Alliance Pour la République (APR) ne se laissera pas faire et son ambition est de signer une première victoire éclatante à Thiès. Un chantier du reste difficile avec surtout les divergences internes, mais certains pans du parti se retrouvent autour du leadership de Ndèye Tické Ndiaye Diop, ministre de l’Economie Numérique et des Télécommunications. D’ailleurs, là où beaucoup de leaders du parti brillent par leur absence sur le terrain depuis le début de la pandémie, elle a principalement orienté ses activités vers le social pour accompagner les familles vulnérables, ce qui peut constituer une plus-value politique pour la majorité présidentielle, le moment venu.
OÙ SONT PASSES LES MOUVEMENTS DE SOUTIEN ?
Le fonctionnement de l’Alliance Pour la République (APR) a beaucoup de ressemblance avec celui du Parti Démocratique Sénégalais (PDS). A Thiès, son arrivée au pouvoir est marquée par la naissance de plusieurs mouvements de soutien, qui travaillent à la périphérie, pour élargir les rangs de la mouvance présidentielle. Certains mouvements de soutien s’étaient d’ailleurs retrouvés autour d’une dynamique unitaire dénommée Dynamique Unitaire des Organisations et Mouvements de soutien pour la réélection du Président Macky Sall (DOMU/ Thiès), pour mieux organiser et opérationnaliser le travail politique sur le terrain. C’est l’Alliance pour un Sénégal Prospère (ASP) de Mamadou Gning et le mouvement Thiès sur les rails de l’émergence de Babacar Fall, qui étaient les têtes de pont de cette initiative.
Le Mouvement Dolil Macky (MDM) de Babacar Pascal Dione, ancien Chef des Services Fiscaux de Thiès, était également à la tête d’un autre cadre unitaire regroupant d’autres mouvements de soutien. Le mouvement MDM avait été porté sur les fonts baptismaux, à la suite d’une rencontre entre Babacar Pascal Dione et le président de la République Macky Sall. Et cette démarche avait été bénie par Serigne Abdoul Aziz Sy « Al Amine », porte-parole de la famille de Sy de Tivaouane, qui avait lui-même acheté la première carte de membre. Il est né à Thiadiaye où se trouve la base politique de son initiateur et où il est crédité d’une expérience politique de plus de 20 ans, mais il s’est beaucoup investi à Thiès pour voler au secours de la mouvance présidentielle. Même si le maillage politique de la ville est véritablement enclenché par ces mouvements, l’impact réel sur la balance électorale reste encore à prouver. Et aujourd’hui, on est tenté de se demander où sont ces mouvements de soutien.
En effet, depuis l’élection présidentielle, ils se font discrets dans l’arène politique, s’ils n’ont pas purement disparu. C’est tout le contraire du mouvement And Suxali Sénégal qui continue d’occuper le terrain, après que son Président Habib Niang s’est publiquement déclaré candidat à la mairie de Thiès, avec ou sans la coalition Benno Bokk Yaakaar, même s’il réaffirme son soutien au président de la République Macky Sall. Il s’agit là, aux yeux des observateurs, d’une position courageuse et depuis le début de la pandémie, il a orienté toutes ses activités vers le social. C’est ainsi qu’il est régulièrement allé au secours des couches vulnérables de Thiès, en leur distribuant 13 tonnes de riz, 1,5 tonne de sucre, 300 cartons de produits d’hygiène, qui ont été mis à la disposition des femmes du mouvement, mais aussi des Imams et autres familles vulnérables, sans compter les kits d’hygiène, les milliers de masques.
COMMENT LE DECRET DE ME WADE A PORTE UN COUP DUR A LA VILLE DE THIES
Au moment où l’élite politique se prépare à ce combat acharné autour des fauteuils des Maires de Thiès, le coup dur porté à la ville par le Décret 2008-1344 du 20 novembre 2008 signé par Me Abdoulaye Wade reste un handicap pour conduire de véritables projets de développement local. Alors que sa coalition Sopi était régulièrement malmenée à travers les urnes, Me Abdoulaye Wade n’avait trouvé rien de mieux à faire que d’user de son pouvoir pour faire éclater le territoire communal de Thiès en trois communes d’arrondissement. Talla Sylla s’était récemment insurgé contre cette réforme qui, disait-il, allait à l’encontre des intérêts des populations, pour n’avoir créé que des blocages. Et dans ce sillage, il a demandé un retour à la case de départ, c’està-dire à une seule et unique commune de Thiès. Ledit décret de Me Wade a consacré trois communes d’arrondissement dans la ville de Thiès. Il s’agit de la commune d’arrondissement de Thiès-Nord qui regroupe les quartiers suivants : Université de Thiès (cité polytechnique), la zone militaire, les quartiers Diakhao, Diakhao Thialy, Thialy, Nguinth, Escale Nord, Keur Mame El Hadji, Keur Cheikh Ibra, Takhikao, Kawsara, Médina Fall, Médina Fall Extension, Keur Issa, Diassap, Keur Modou Ndiaye, Keur Saïb Ndoye, Poniène, Thionakh, Thiapong et la Zone d’Aménagement Concerté (ZAC).
Quant à la commune d’arrondissement de Thiès-Est, elle comprend Ballabey, Derrière la Voie ferrée (DVF), Malamine Senghor, Aiglon, Mbambara, Keur Cheikh Abdoulaye Yakhine, Cité Senghor 1, Cité Senghor 2, Diamaguène, Sampathé, Hersent 1, Hersent 2, Cité Lamy, Parcelles Assainies 1, 2, 3 et 4, Silmang, Darou Salam, Fahu 1 et 2. Et enfin, les quartiers suivants ont été collés à la commune d’arrondissement de Thiès Ouest : Escale Sud, 10ème ex RIAOM, Carrières, HLM Route de Dakar, Cité Malick Sy, Thiès Nones, Zone industrielle, Randoulène Nord, Randoulène Sud, Som, Mbour 1, 2, 3 et 4, Sud Stade, Grand Standing, Route de Dakar 1 et 2.. Et aujourd’hui, avec l’acte 3 de la décentralisation, ces communes d’arrondissement sont devenues des communes de plein exercice, à l’intérieur de la ville de Thiès qui a également son Maire. Le rapport de présentation du Décret 2008-1344 du 20 novembre 2008 parle d’une « commune de Thiès caractérisée par, d’une part un territoire relativement vaste et, d’autre part, par une forte concentration démographique. Il en résulte que les usagers sont loin des centres de décision et les autorités administratives et locales sont éloignées des préoccupations quotidiennes des populations. Ainsi, pour éviter la sous-administration de la commune de Thiès, il s’avère indispensable de remodeler le territoire communal ».
Un point de vue pas du tout partagé par Talla Sylla Maire de la Ville pour qui, ce redécoupage relevait de la pure politique et de ce point de vue, la décision n’avait rien à voir avec le développement. Selon lui, il y avait à l’époque trois responsables du parti au pouvoir d’alors et l’objectif était de faire en sorte que chaque partie de la ville revienne à l’un d’eux. Mais force est de constater que cette stratégie n’a pas été payante pour les libéraux qui ont été laminés dans toutes les communes d’arrondissement. Et c’est fort de ces arguments que le Maire de la Ville milite fortement pour la reconstitution de la commune de Thiès, ce qui permettrait d’avoir un seul Maire, une seule institution et d’éviter de verser des indemnités à 4 Maires, 4 dotations de carburant, 4 véhicules de fonction, etc.
«JE RISQUE DE DEMISSIONNER SI…»
Cheikh Mahi Niasse, nouveau khalife de Medina Baye, avertit les disciples
Le nouveau khalife général de Médina Baye, Mouhamad Mahi Niasse, annonce la couleur. Il exhorte les jeunes disciples à signer un «contrat social» avec lui, concernant la discipline. Dans le cas contraire, il menace de démissionner.
Les funérailles du défunt khalife de Médina Baye, Cheikh Ahmad Tidiane Niasse, risquent de refuser du monde aujourd’hui. Du Nigeria au Burkina Faso en passant par la Mauritanie et le Niger, les disciples de Baye Niasse commencent à rejoindre la cité religieuse. Mais dans un contexte marqué par la pandémie de la Covid-19, le risque plane dans cette localité si aucune mesure n’est prise.
Fraîchement intronisé khalife, Cheikh Mahi Niasse n’a fait pas dans la politique de l’Autruche en s’adressant pour la première fois aux disciples. «La discipline sera une sorte de contrat social entre le khalife que je suis et les jeunes disciples que vous êtes. Si vous vous illustrez de belle manière dans ce domaine, ce sera bénéfique pour tous », soutient Cheikh Mouhamad Mahi Niasse avant d’ajouter sur un ton empreint d’humour : «Au cas contraire, je risque de démissionner.» Invitant les disciples à respecter rigoureusement les gestes barrières contre la Covid-19, le nouveau guide de la ville religieuse de Médina Baye ajoute : «De façon générale, il y a un manque de discipline notoire. Cet état de fait regrettable est entretenu par les jeunes. Il faut dire les choses comme elles sont.»
Revenant sur le déplacement que le président de la République Macky Sall devra effectuer samedi à Médina Baye, le tout nouveau khalife déclare : «Les disciples sont souvent prompts à rouspéter quand le président de la République ne vient pas dans la cité religieuse dans des circonstances pareilles. Mais il faut vous soucier d’abord de votre propre discipline. Il y va de l’image de Médina Baye.» Sans langue de bois, il a indiqué qu’il n’hésiterait pas à se démettre de ses fonctions si la discipline n’est pas respectée à Médina Baye.
Soulignons que c’est un discours qui sied au contexte. En effet, au-delà des disciples de Baye Niasse au Sénégal qui seront à Médina Baye, le Président du Nigeria Buhari a affrété trois avions pour les disciples de Baye Niasse qui désirent se rendre aux funérailles. En Mauritanie également, plus de 200 cars sont sur le chemin pour rejoindre Médina Baye.
LES FAILLES DE LA LOI RELATIVE À LA BAISSE DES LOYERS
Abdou Karim Sakho a estimé que le gouvernement du Sénégal, en procédant à l’application des taux sur les loyers, reconnaissait implicitement les coûts existants sur le marché
Manifestement, la loi 2013 baissant le coût du loyer a été mal pensée et mal appliquée par les autorités du pays. Urbaniste de renom présentement, conseiller technique au ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, Abdou Karim Sakho a relevé dans une tribune sur Facebook, les failles de cette loi qui a plutôt favorisé de nouvelles spéculations. Mieux, il donne des propositions pertinentes pour réguler le secteur.
La loi de 2013 sur le coût du loyer a été accueillie favorablement par les Sénégalais, surtout les Dakarois. Mais ces derniers qui pensaient souffler un peu avec cette baisse du loyer butent souvent sur la résistance des bailleurs qui surenchérissent davantage. Dans ce sillage, un conseiller technique du ministre de l’Urbanisme et du Logement met un bémol à cette loi fortement approuvée à l’époque.
Abdou Karim Sakho a estimé que le gouvernement du Sénégal, en procédant à l’application des taux sur les loyers, reconnaissait implicitement les coûts existants sur le marché. «En réalité, ces coûts n’ont jamais fait l’objet d’une étude scientifique ou bien d’une enquête de l’Agence nationale de la statistique basée sur des chiffres», a déclaré ce brillant urbaniste ancien camarade de classe du chef de l’Etat. «Les bailleurs avaient fini par imposer leur loi. Ce qui est toujours le cas parce qu’ils sont tous parvenus à contourner la loi», dit-il avant de donner des propositions concrètes pour sortir de l’anarchie qui entoure les tarifs des loyers. «Le coût du loyer doit être apprécié en fonction de plusieurs facteurs d’ordre social, économique, démographique et aussi à des facteurs liés à l’âge et à la valeur vénale de l’immeuble en question», serine-t-il
A l’en croire ; la fixation du coût du loyer doit faire l’objet d’une concertation où prendront part les différents acteurs intervenant dans l’immobilier et le foncier. En plus, renseignet-il, compte tenu de l’âge et de la valeur vénale, on doit arriver à trouver une formule mathématique pour mettre à tout le monde d’être à l’aise.
Ancien conseiller de l’actuelle présidente du CESE Aminata Touré quand elle était Premier ministre, M. Sakho déclare : «Une fois qu’on aura fini de stabiliser les coûts au niveau national, il revient à l ‘Etat de mettre en place un organe de régulation du loyer prétexte de la création de l’Observatoire du loyer et de l’immobilier (OLI)». De son avis, cet organe aura, entre autres missions, de réguler, de contrôler, de sanctionner et de dresser des procès-verbaux de police pour la saisine du procureur en cas de malversations et de récidive. «Les acteurs qui tournent autour du loyer sont tellement nombreux qu’à travers l’Oli, l’Etat pourrait en profiter pour organiser tous ces Sénégalais qui cherchent à s’en sortir», pense-t-il.
Pour l’Apr de la première heure à Sokone, «les rabatteurs, les agents immobiliers et autres du secteur doivent faire l’objet d’une meilleure prise en compte par l’Etat du Sénégal. Selon lui, l’Etat peut créer des filières au niveau des instituts sanctionnées par des diplômes ou des certificats. Il signale dans le même sillage que la grande agglomération de Dakar doit être subdivisée en cinq zones (les communes de Plateau et des Almadies, les communes de Médina, Fass, les communes des Parcelles assainies, les communes de Pikine et Guédiawaye et les communes de Keur Massar et Rufisque). «Au niveau de chaque zone, il sera appliqué un coût plancher et un coût plafond et la différence s’appréciera par l’âge et par la valeur vénale», préconise l’actuel Conseiller au ministère drivé par Abdou Karim Fofana.
L’intérêt de cette réforme est qu’elle permet à l’Etat de mieux gérer la taxe sur le foncier et aussi l’impôt sur le revenu des bailleurs. Une telle organisation, insiste-t-il, permettra aussi aux bailleurs d’être en règle dans tout le processus, de la construction à la mise en location, conclut Abdou Karim Sakho.
THIERNO BOCOUM ASSENE SES VERITES A L’ÉTAT
La situation s’empire, les populations optent pour l’incivisme et le gouvernement dans son mutisme se perd dans ses tactiques.
La situation s’empire, les populations optent pour l’incivisme et le gouvernement dans son mutisme se perd dans ses tactiques. Comme une trompette d’alerte à la bouche, plusieurs épidémiologistes et spécialistes en santé publique ont attiré l’attention sur la gestion «houleuse et incohérente» de l’État face à cette pandémie du nouveau coronavirus dans le pays.
Plus de 10000 sénégalais ont déjà contracté cette maladie et 218 sont décédés, à la date d’hier, mercredi. La maladie commence à prendre ses aises en Afrique comme l’illustre les cas de l’Afrique du Sud, la Gambie et même la Mauritanie, qui sont dans une situation inquiétante. Voilà autant de raisons qui ont poussées l’ancien parlementaire, Thierno Boccoum a trempé sa plume dans le vitriol pour laisser entendre «il n’y a pas eu d’État dans la gestion de cette pandémie».
«Que l’État arrête de se défausser sur les Sénégalais» a déclaré le président du mouvement «AGIR» pour dénoncer une gestion «sans boussole» de cette pandémie par l’État du Sénégal. Si la situation s’aggrave au quotidien, le gouvernement à travers plusieurs communications essaie de faire porter le fardeau du fiasco de ses tactiques de riposte contre cette pandémie dans le pays aux populations. Et pour l’ancien parlementaire, « cette propension de certains membres du pouvoir à tout mettre sur le dos des populations dans l’échec de la gestion chaotique de la COVID-19 est inacceptable ».
Pour rappel, le ministre de la santé, Abdoulaye Diouf Saar avait pointé du doigt le comportement des populations relativement au non-respect des gestes barrières tout en indiquant « le réveil d’une prise de conscience populaire » comme une solution sans jamais vouloir mettre en place des mesures contraignantes à cet effet.
C’est dans ce spectre d’analyse que M. Boccoum a indiqué que «les populations ont bon dos. Qui peut répondre au nom des populations ? Personne. Ils préfèrent s’adresser à une entité qui ne parlera pas et qui ne désignera pas son porte-parole de sitôt». Aussi, malgré les multiples avis contradictoires d’agrégé en épidémiologie et spécialistes en santé publique, le mutisme de l’État est «inconcevable» pour plusieurs spécialistes en santé. «Quand on demande à ses compatriotes de vivre avec le virus sans les prémunir du risque de mourir du virus en prenant des dispositions exigeant le respect des mesures barrières et le port systématique du masque, on ne doit pas s’étonner du nombre de morts important que nous recensons, presque quotidiennement», lâche M. Boccoum.
Et de poursuivre : «quel est ce pays sérieux qui a décidé de vivre avec le virus sans mettre en place un mécanisme de sanction contre les citoyens récalcitrants aux mesures barrières ? Il n’existe pas. Quelle est cette population au monde qui respecte scrupuleusement toutes les mesures d’un gouvernement sur simple recommandation ? Elle n’existe pas. Quel est aussi cet État sérieux qui exige le port du masque sans en distribuer en quantité industrielle, qui veut sanctionner les récalcitrants sans donner des moyens de déploiement à ses forces de sécurité et de défense ? ».
C’est donc selon ce dernier, du théâtre, un vrai folklore cette politique de l’État qui exige le respect des gestes barrières sans aucune mesure contraignante. « Vivre avec le virus doit être accompagné de la présence régalienne de l’État avec des mesures qui s’appliquent » soutient-il. Par ailleurs, la situation économique du pays se dégrade et cela a constitué l’une des raisons phare qui ont conduit à une opération de sauvetage laissant libre cours à la circulation du virus dans le pays par la levée de l’État d’urgence assorti du couvre-feu.
Et à ce propos, Thierno Boccoum fait savoir que «quand l’État est en pleine noyade dans le lac du mimétisme en ignorant ses réalités socio-économiques, il ne peut se prévaloir de sa propre turpitude» car poursuit-il «quand l’État ne met en œuvre aucune mesure d’accompagnement pour un secteur privé occupant 90% de l’activité économique, il ne doit pas s’étonner que des Sénégalais crient famine».
Le pire révèle le président du mouvement «AGIR», «quand l’État crée des marchés nébuleux autour de la pandémie et enrichit des privilégiés, il ne doit s’étonner que les frustrations s’agrandissent au moment où le plus petit franc du Sénégalais est réclamé pour constituer une manne financière de lutte contre la pandémie».
Le gouvernement visiblement dépassé par la situation, le président du mouvement « AGIR » sans note d’euphémisme laisse entendre que « quand un État finit par faire comprendre qu’il est incapable de gérer une crise et qu’il n’est passable que dans la gestion courante d’un pouvoir, cela dénote un mal profond ». Non sans souligner que « c’est ce mal qu’il faut soigner, corriger» car poursuit-il «respectons tous ces sénégalais qui n’attendaient que des mesures cohérentes pour s’en accommoder. De grâce qu’ils ne les décroisent pas juste pour pointer d’un doigt accusateur les populations. Ça suffit !».
La situation plus qu’alarmante de la covid-19 a poussé Dr Jean François Diène à rompre avec le silence pour déclarer : «nous vivons ces derniers jours une vraie tragédie».
D’un ton pathétique au reflet des séries de décès dans ce mois de juillet, la blouse blanche dépassée, confie dans une grande désolation que «des gens que nous aimons nous quittent un à un. Certains sont célèbres et font la une d’une actualité macabre; d’autres, plus anonymes, partent sans bruit. Tous laissent tristesse et désolation dans des cœurs qui saignent ».
Non sans citer Pr Ibrahima Pierre Ndiaye, arraché à notre affection, «et qui toute sa vie, témoigne-t-il, a été au service exclusif de ses semblables. Une vie trempée dans l’altérité». Il rend ainsi hommage «à tous nos collègues malades de Covid, qui se battent pour la survie, sans savoir de quoi demain sera fait. Il me plait de leur souhaiter prompt rétablissement». Ces derniers ont choisi «de panser les infirmités et les souffrances de nos prochains, et nous assumons ce choix, quel que soit les risques encourus», mais en retour, l’État préfère agrandir le risque de contamination en réduisant les tests au nom d’une politique de dépistage «infondée» selon plusieurs épidémiologistes.
«Oui ! Il est tellement difficile de rester constamment vigilant et concentré toute une journée, alors que la moindre inattention peut être fatale. Aujourd’hui, que la stratégie nationale milite pour une limitation des tests, considérons que chaque patient que nous aurons en face de nous, sera susceptible de nous contaminer ».
A L’EPREUVE DES AGENCES
La Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar (Cciad) est asphyxiée par des structures d’appui au secteur privé comme Apix, Asepex, Adepme, Apda, qui jouent le même rôle qu’elle.
La Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar (Cciad) est asphyxiée par des structures d’appui au secteur privé comme Apix, Asepex, Adepme, Apda, qui jouent le même rôle qu’elle. C’est ce qu’a dit hier, Amath Benoît Gaye, conseiller du président de ladite structure, lors d’une journée d’informations sur les missions et projets prioritaires de la Cciad.
La place et le rôle que doit jouer la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar (Cciad) sont loin d’être effectifs, eu égard à ses missions et prérogatives. Une contreperformance comparativement aux chambres de commerce d’Abidjan (Côte d’Ivoire), de Ouagadougou (Burkina Faso), de Yaoudé (Cameroun) ou même de Paris (France)…
Une réalité qui a commencé depuis 2000, admet le vice-président de ladite institution, Ibrahima Lo qui présidait la journée d’informations sur les missions et projets prioritaires de son institution. Et le conseiller du président de la Cciad Amath Benoit Gaye d’expliquer: «A partir de 2000, nous avons vu la naissance de structures comme l'Agence pour la Promotion des Investissements et Grands travaux (Apix), l’Agence sénégalaise de Promotion des Exportations (Asepex), et l’Agence de Développement et d’Encadrement des petites et moyennes entreprises (Adepme), l’Agence pour la Promotion et le Développement de l’Artisanat (Apda), toutes des structures d’appui au secteur privé qui cannibalisaient la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar».
Or, poursuit-il: «La chambre de commerce elle-même est une structure d’appui au secteur privé». Mais, devant une telle situation «les missions deviennent quasi difficiles pour la Cciad. Voilà, les conditions dans lesquelles se trouve aujourd’hui la Cciad». Il relève toutefois que «de la création de la Chambre de commerce en 2000, elle a joué pleinement son rôle. Elle fut le navire amiral de l’Afrique occidentale française (Aof)». Et d’en déduire: «Nous sommes arrivés à la conclusion que ces structures ne participent pas au rayonnement de nos activités.
Et donc, je dois souligner pour la magnifier, la décision du président de la République, Macky Sall, de mettre en œuvre les orientations du Fonds monétaire international (Fmi) ,à savoir la dissolution ou le fusionnement des agences aux fins de rationalisation les dépenses et d’éviter des lourdeurs administratives». C’est dire que «les autorités ont pris conscience de la nécessité de rationnaliser toutes ces structures pour gagner en efficience et en efficacité». Le vice-président a décrié par ailleurs le manque de marge de manœuvre pour rehausser le budget de la Cciad.
A ce propos, dira-t-il: «Comparativement aux pays comme la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Cameroun… nous n’avions comme source principale de revenus que le pesage au niveau du port autonome de Dakar (Pad). Pas même d’autres infrastructures comme par exemple des immeubles à gérer pour trouver des fonds additionnels à même de jouer pleinement notre mission».
LA DESTRUCTION DE SANDAGA N’EST PAS UNE OPTION
Selon le Collectif pour la Défense du Patrimoine de Sandaga, les arguments brandis par les autorités politiques pour justifier l’opportunité de détruire le marché ne tiennent pas la route.
Selon le Collectif pour la Défense du Patrimoine de Sandaga, les arguments brandis par les autorités politiques pour justifier l’opportunité de détruire le marché Sandaga ne tient pas la route. En conférence de presse, hier mercredi 5 août, il a tout simplement battu en brèche les raisons évoquées pour légitimer une telle décision de reconstruction dudit marché.
Le Collectif pour la Défense du Patrimoine de Sandaga s’est interrogé hier, mercredi 5 août, face à la presse sur l’opportunité qu’il y avait à détruire le marché éponyme. Pour comprendre au mieux la pertinence et l’opportunité d’une telle décision, le Collectif s’est posé un certain nombre de questions : la Commission supérieure des monuments historiques a-t-elle été saisie ? L’option de démolition a-t-elle été autorisée ? La reconstruction est-elle proposée sur la base d’un permis de construire?
Au-delà de savoir s’il y avait un architecte à la manœuvre ou un autre projet venu s’y greffer, s’est posée la question de savoir les raisons pour lesquelles le marché Sandaga devrait être détruit. Est-il vétuste au point de constituer un risque pour la sécurité des personnes? Pourquoi les rapports en faveur de cette thèse ne sont-ils pas rendus publics? Un ensemble de questions qui en appellent d’autres : Les populations riveraines et les populations de Dakar ont-elles été consultées spécifiquement sur ce projet? Que faire de la valeur patrimoniale de cet édifice, de son impact urbanistique ?
Voilà entre autres questions auxquelles le Collectif attend des réponses précises pour donner le ‘’quitus’’ aux promoteurs d’un nouveau centre commercial. Mamadou Berthe architecte et membre dudit Collectif de dire: «Nous voulons que quand une décision impactant notre vie est prise que les décisionnaires viennent discuter avec les gens ». Il s’est par ailleurs demandé si « toutes les procédures légales ont été respectées d’autant plus que c’est un monument historique et pour y intervenir il faut l’autorisation de la commission supérieure des monuments historiques».
Annie jouga, architecte et conseillère culturelle à la ville de Dakar a pour sa part invité à un minimum de prérequis. «Je crois qu’il faut qu’on revienne à l’orthodoxie», a-t-elle indiqué. Autrement dit, «Un projet de cette envergure, implique un partage d’idées». Car, pour elle «l’avis du citoyen est très important lorsqu’il est question d’identité». Et de souligner pour convaincre: «Dans les années 60 ,quand un architecte a voulu transformer Gorée, le président Senghor avait eu la clairvoyance de consulter d’abord la population de Gorée ensuite celle de Dakar. Et c’est comme ça que cela doit se faire pour tout projet de cette envergure».
Dans le même sillage, l’architecte Jean Charles Tall souligne qu’ « un projet d’architecture n’est pas fait pour se faire plaisir. En réalité des projets de cette dimension obéissent à une logique et un certain nombre de besoins. Aujourd’hui, admet-il, «il est évident qu’on doit travailler sur Sandaga parce qu’on a un monument classé patrimoine historique mais qui en même temps n’était plus vu… »
L’option ne saurait dans ce cas être la destruction.
LE REPORT DES LOCALES SE PRÉCISE
Un énième report du scrutin est plus que probable, le processus électoral n’étant pas encore lancé à moins de 8 mois de la date butoir. Ce qui ne manquerait pas de dévoyer le suffrage et la volonté des citoyens
La survenue du coronavirus a eu un impact politique très fort au Sénégal, portant un sacré coup au dialogue politique, suspendu depuis le mois de mars dernier. Sa reprise non encore effective, avec son lot de conséquences, notamment le retard noté dans le démarrage de l’audit du fichier électoral tout comme l’évaluation du processus électoral, sans oublier les autres points phares et de divergences profondes, présage à coup sûr d’un dérèglement de l’horloge électoral. Un report de trop des élections qui dessine de plus en plus les contours d’un couplage des locales et des législatives quasi impossible, selon des experts électoraux.
Un énième report des élections locales reste plus que probable, le processus électoral n’étant pas encore lancé, en moins de 8 mois de la date butoir (28 mars 2021). L’alerte avait déjà été lancée par des experts électoraux. A l’unanimité, ils avaient soutenu qu’il ne fallait pas moins de 90 à 120 jours pour l’audit du fichier et l’évaluation du processus électoral. Sur les 4 mois restants, il en fallait 2 pour la révision des listes électorales. C’est-à-dire, 1 mois pour que les gens aillent s’inscrire ou se réinscrire, 15 jours pour afficher les listes, à savoir la période contentieuse et les autres 15 jours, c’est pour la consolidation des listes électorales sur la base des nouvelles inscriptions. Il ne restera alors que juste 2 mois pour organiser les élections, notamment la déclaration des candidatures, le parrainage s’il est toujours maintenu, éditer les listes, acheminer le matériel électoral. Ce qui leur avait fait dire que si d’ici la fin du mois de juin, le processus électoral n’avait pas été lancé, pour un cycle de 8 mois, il fallait considérer que les carottes étaient cuites et qu’on aurait du mal à respecter le cycle électoral. Par conséquent, ils étaient pour le redémarrage imminent du dialogue politique, ce qui aurait permis, selon eux, de sauver la date antérieurement arrêtée par le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, pour la tenue des élections locales au plus tard le 28 mars 2021.
Hélas, le redémarrage des travaux tant souhaité par les acteurs au dialogue politique, car déterminants pour l’établissement des règles consensuelles du jeu politique, n’est toujours pas effectif à cause de la pandémie de la Covid-19 qui a fini d’imposer au monde entier une vie au ralenti. Le Sénégal s’achemine par conséquent surement vers une énième prorogation des mandats des conseillers locaux, élus depuis le 29 juin 2014, pour un mandat de 5 ans. Ce qui ne manquerait pas de dévoyer le suffrage et la volonté des citoyens d’autant plus que le mandat des équipes départementales et municipales est épuisé, depuis belle lurette.
De toute évidence, l’excuse sera inéluctablement la survenue de la pandémie dans le pays et partout à travers le monde, avec son lot de dégâts sur l’économie du pays. Ce dernier élément serait d’ailleurs l’argument avancé par des responsables au plus haut sommet de l’Etat pour agiter l’idée du couplage des élections locales et celles législatives. D’autres avancent l’idée du report de toutes les échéances électorales, jusqu’en 2024, année de la présidentielle.
En tout état de cause, concernant le couplage des locales et les législatives, ce sera très certainement sans l’approbation d’un certain nombre d’ experts électoraux qui estiment qu’un tel assemblage ne serait pas de tout repos pour l’administration qui se verrait obligée d’installer 3 urnes dans les bureaux de vote. Qui plus est, à leur avis, cela pourrait créer un flou pour les populations et même pour les acteurs politiques eux-mêmes. Les alliances politiques seraient ainsi compliquées au vu de la nature des élections. De même, le risque de cacophonie réel dans le discours des uns et des autres, en période de campagne électorale, serait inévitable.
Toutefois, le chef de l’Etat, Macky Sall qui a l’art de brouiller les cartes et de donner le tournis à son opposition, envisagerait tous les scénarii. Pour l’heure, les élus vont jouir d’un bonus supplémentaire. Leur légitimité faut-il le rappeler, a légalement pris fin depuis juin 2019.