Dakar, 29 juil (APS) - Divers sujets d’actualité sont au menu de la livraison de mercredi des quotidiens qui donnent de la place à la suite des hommages à Babacar Touré, suite à la décision du président de la République de baptiser la Maison de la presse du nom du défunt journaliste, considéré comme un pionnier et une figure éminente de la presse privée au Sénégal.
"La Maison de la presse portera le nom de Babacar Touré", lit-on via la manchette du Témoin quotidien, une annonce du président Sall qui fait la une de presque tous les quotidiens.
"L’un des pionniers de la presse privée récolte ainsi la graine qu’il a semée. Immortalisé tel un monument, le géant BT peut dormir du sommeil du juste", écrit Kritik, après avoir titré : "Macky rend à César...."
Selon Vox Populi, la décision de baptiser du nom de Babacar Touré, la Maison de la Presse, bâtisse située sur la corniche ouest dakaroise, "sera entérinée par décret en Conseil des ministres, ce mercredi".
Babacar Touré sera ainsi "immortalisé dans le béton", indique Walfquotidien, pour ensuite rappeler que "certains avaient émis l’idée de rendre hommage à Sidy Lamine Niass en baptisant la Maison de la presse en son nom. Idem pour Alpha Sall, ancien secrétaire général du SYNPICS", le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal.
Tribune, L’As, Enquête, entre autres quotidiens reviennent également sur l’annonce présidentielle, de même que Le Soleil : "La Maison de la presse portera le nom de Babacar Touré".
Le Soleil note que cette décision est "pour honorer la mémoire de ce pionner de la presse privée", dont l’aura "dépassait les frontières du Sénégal", selon le journal Le Quotidien.
"Le grand baobab du Sahel s’affaisse en ce début d’hivernage. De l’Océan indien aux rivages du Sahara, l’Afrique est unanime pour saluer la mémoire de fidélité et d’intégrité (...)" de Babacar Touré, confirme Sud Quotidien, quotidien du groupe de presse dont il est le fondateur.
Une fois passés l’émotion et les hommages à Babacar Touré, les journaux reviennent à leur quotidien premier en quelque sorte, avec par exemple Tribune évoquant l’approche de la Tabaski et les risques liés aux déplacements de population en cette grande fête musulmane prévue vendredi.
Le journal craint des déplacfements massifs qui pourraient contribuer à propager davantage la COVID-19 à travers le pays. D’où son titre : "Virage de tous les dangers".
Si l’on en croit ce journal, selon lequel "le pire est à craindre avec la célébration de la Tabaski, beaucoup de Sénégalais se sentant dans l’obligation d’aller retrouver leurs familles pour la fête, malgré les risques encourus.
"Avant, pendant et après cette grande fête, le Sénégal peut tomber dans un creux volcanique de contaminations liées à la COVID-19", prévient Tribune, alors même que les cas de coronavirus sont "en hausse de 30% depuis l’allègement des mesures anti-COVID’’, rapporte Vox Populi.
Le Soleil traite à sa Une d’un sujet connexe, relatif à la prise en charge des autres pathologies en période de pandémie. "Reprise des activités des programmes de santé", annonce le journal.
Le Quotidien revient sur les perturbations du système judiciaire avec la grève du Syndicat des travailleurs de la justice (SYTJUST), un mouvement d’humeur qui dure depuis plusieurs semaines et qui a conduit à une année blanche dans ce secteur, selon le journal.
"Plusieurs personnalités judiciaires" interrogées par le journal jugent que l’année judiciaire est perdue, du fait de cette grève et des "restrictions imposées par la COVID-19", d’autant que "les vacances judiciaires débutent dans 72h", signale Le Quotidien.
Concernant la grève du SYTJUST et le "bras de fer" entamé avec le ministère de la Justice pour amener les pouvoirs publics à l’application d’accords déjà signés par les deux parties, Le Témoin quotidien s’interroge sur la responsabilité de l’ancien garde des Sceaux, Ismaïla Madior Fall.
Ce dernier a-t-il "miné le terrain pour son successeur ?", Malick Sall, s’interroge le journal, avant de donner un début de réponse : "Sciemment, il aurait signé des accords dont il savait parfaitement que le gouvernement ne pourrait pas les tenir".
Enquête indexe les "images polémiques (qui) inondent les téléfilms", lesquels sont désormais "sur le grill", depuis que des thèmes jugés sensibles se trouvent abordés "sans discernement, sans recul et en ne tenant pas compte de leur impact sur la société sénégalaise".
"Entre homosexualité, prostitution déguisée, violence, adultère et franc-maçonnerie, les sujets polémiques foisonnent" désormais dans les téléfilms, constate le journal pour s’en désoler.
L’Observateur annonce qu’un ressortissant sénégalais du nom de David Coulibaly a été "battu à mort au Maroc". Ce footballeur en 4e division italienne, "était devenu un passeur de migrants", renseigne le journal.
LE GANG DU POLICIER RADIÉ ARRÊTÉ
Un gang de six personnes mêlées dans un braquage foireux de 96 millions FCFA est tombé, trois jours après leur forfait.
Coup de filet de la Division des investigations criminelles. Un gang de six personnes mêlées dans un braquage foireux de 96 millions FCFA est tombé, trois jours après leur forfait. Un crime n’est jamais parfait, celui-ci l’était encore moins.
Les faits rocambolesques se sont déroulés samedi dernier. Aux allées du Centenaire de Dakar, devenu le haut lieu du commerce chinois, un gang débarque en plein jour dans une boutique tenue par un couple chinois.
Trois individus casqués et masqués, certainement pour ne pas se faire reconnaître davantage que se protéger du coronavirus, franchissent avec fracas, la porte de la boutique de chaussures, vêtements et autres gadgets bon marché en provenance de Chine.
Ils sont dirigés par un quatrième individu, lequel entre dans la boutique sans porter de masque, visiblement pressé, donnant des ordres de la main et n’hésitant pas à donner des coups de pieds à ses victimes du jour.
Pendant que ses acolytes exécutent les directives, l’homme est en contact téléphonique avec celui qui pourrait être un complice du forfait : la rondelette somme de 96 millions FCFA est, en effet, subtilisée du magasin.
On passera sur la légalité de thésauriser de tels montants dans une boutique. Mais les agresseurs imprudents n’auront pas le temps de jouir du fruit de leur forfait. À peine 72 heures et les voilà dans les liens de la détention.
Leur cabale aura duré le temps d’une rose et ce n’est point surprenant quand on voit les images des caméras de surveillance dans lesquelles ils sont facilement reconnaissables, notamment le chef de gang qui, en plus, commit l’imprudence de passer un coup de fil qui facilite le travail aux flics pour le localiser et découvrir... qu’il fut un des leurs !
En effet, selon la livraison du quotidien Libération de ce mercredi, il s’agit d’un ancien policier, radié après une précédente arrestation par la Section de Recherches de la Gendarmerie, pour des faits de vol et extorsion de fonds. Le chef tombe pour récidive.
Actuellement en garde à vue à la Division des investigations criminelles, le gang sera rapidement présenté au procureur avant un long séjour carcéral, où ils auront le temps de se repentir ou de mieux fomenter leurs coups que samedi dernier. Dilemme cornélien.
Bonne fête de Tabaski
La fête du mouton c'est vendredi. Pour une fois, elle sera célébrée à l'unisson au Sénégal. la direction et le personnel de "L'As" profite de l'occasion pour souhaiter une bonne fête de Tabski à toutes et à tous.
Dewenety
Un jeune décède de la Covid-19 à Matam C’était rare d’entendre un décès lié au coronavirus dans les régions. Mais depuis quelques jours, elles ont pris le relais. Après Ziguinchor, Kaolack, Kaffrine, la région de Matam (dernière à enregistrer des cas de Covid-19) rallonge la liste macabre. Parmi les quatre décès liés au coronavirus annoncés hier par le ministère de la Santé et de l’Action Sociale, figure un patient qui a rendu l’âme lundi dernier dans le district de Matam. D’après les autorités sanitaires, l’état de santé de la victime âgée d’une vingtaine d’années s’était dégradé à son arrivée à l’hôpital. Il n’a passé qu’une seule nuit à l’hôpital avant de rendre l’âme.
Le Sénégal enregistre
41 nouveaux cas de Covid-19 Le nombre de cas de contaminations à la covid-19 a baissé depuis deux jours. Le ministère de la Santé et de l’Action Sociale renseigne que sur les 824 tests réalisés, 41 sont revenus positifs, soit un taux de positivité de 4,98%. C’est l’un des taux les plus faibles depuis le début de la pandémie. Sur les 41 nouveaux cas, 8 sont issus de la transmission communautaire et 33 de cas contacts. La région de Ziguinchor a enregistré deux cas communautaires, dont un cas au district éponyme et un autre au district sanitaire de Bignona. Un cas a été enregistré à Amitié, un à Diamniadio, un à Matam, un à Mbao, un à Richard-Toll et un à Saint-Louis. Toutefois, le taux de guérison a connu une augmentation significative. 114 patients sont déclarés guéris par les autorités médicales.
50 cas graves et 04 décès liés à la Covid-19
Restons sur le bilan quotidien du ministère de la Santé et de l’Action sociale pour parler de l’augmentation inquiétante des cas graves. Depuis la semaine dernière, le Sénégal a atteint la barre de 50 cas graves. Malgré les décès, le nombre de cas graves se maintient à la cinquantaine. Ce qui, sans doute, va faire passer à la hausse le nombre de morts. Cela dit, 04 décès liés à la covid-19 ont été enregistrés hier. A ce jour, le Sénégal compte 9 805 cas déclarés positifs dont 6 591 guéris, 198 décès et 3 015 sous traitement.
Ageroute Sénégal sensibilise contre la Covid-19
La Direction des Transports routiers, Ageroute Sénégal, et l'ONG Parteners West Africa ont lancé hier une campagne de sensibilisation sur le respect des gestes barrières afin de limiter la propagation du virus. Le Directeur des Transports Routiers, Cheikh Oumar Gaye, a réceptionné un important lot de masques, de gels et de produits désinfectants de Parteners West Africa. En plus, il a distribué 10 000 masques, des gels et des produits phytosanitaires dans les gares routières interurbaines.
22 marchants ambulants interpellés à Keur Massar
L’enquête sur le saccage de la mairie de Keur Massar menée par les pandores se poursuit. De 11, le jour de la manifestation, le nombre de jeunes marchands ambulants interpellés par les enquêteurs est à présent de 22. Ces derniers avaient tous participé à la manifestation. C’est dire que le nombre d’arrestations peut être revu à la hausse, puisque l’enquête n’est pas encore bouclée. Depuis cet évènement malheureux, Keur Massar est en état de siège. Les gendarmes font la ronde entre la mairie et le rond-point.
Alioune Sarr a remis 60,6 millions aux agents d’Air Afrique
La lutte des ex-travailleurs de la défunte compagnie Air Afrique a porté ses fruits. Hier, le ministre du Tourisme et des Transports Aériens a remis un chèque de 60,6 millions Fcfa aux travailleurs de l'ex-compagnie Air Afrique, dans le cadre de la couverture du reliquat de leurs indemnités de départ. Le chef de l’Etat respecte ainsi son engagement à l’endroit de ces travailleurs. Macky Sall avait promis de trouver une solution définitive à la situation sociale de ces travailleurs de l'ex-compagnie continentale. Au nom du personnel, Mody Diop a exprimé toute sa gratitude à l'endroit du chef de l'État et de son gouvernement pour cette assistance.
Mansour Faye interpellé sur les manquements
Les membres de Urgences Panafricanistes interpellent le ministre du Développement communautaire, de l’Equité Sociale et Territoriale sur les manquements notés dans la distribution des kits alimentaires. Dans une note adressée à Mansour Faye, les activistes renseignent que les localités de Kawé Diama et Boubacar Médina Baye n’ont pas reçu l’aide alimentaire. Ils ont fait le constat lors d’une tournée récente à l’intérieur du pays. Selon eux, la distribution des denrées alimentaires n’est pas effective dans la commune de Diama (région de Saint-Louis) et à Boubacar Médina Baye, dans la commune de Gandon. Cette population qui est très affectée par la pandémie n’a pas vu de kits alimentaires. Au nom de l’équité, Urgences Panafricanistes appelle le ministre Mansour Faye à rectifier cet impair. D’autres manquements sont également notés dans d’autres régions. Ces activistes menacent de vilipender tous les préfets des localités où la distribution des kits alimentaires n’a pas été faite dans les règles de l’art.
Renvoi du procès Aby Ndour/Atépa
Le tribunal correctionnel de Dakar a appelé hier à la barre l’affaire opposant la chanteuse Aby Ndour à l’architecte Pierre Goudiaby Atépa. Il urge de souligner que M. Goudiaby s’est senti diffamé par les propos de la chanteuse qui avait révélé, dans une vidéo, faire l’objet d’un chantage sexuel de la part de l’architecte. Mais la confrontation entre les deux parties a été repoussée jusqu’au 11 août. C’est pour permettre le paiement de la consignation fixée à 50.000 Fcfa. La sœur de Youssou Ndour ne sera pas seule à la barre. Dans sa plainte, l’architecte a cité le rédacteur en chef de «Zik Fm » et «Sen Tv», Simon Faye ainsi que Ahmed Aïdara comme civilement responsables dans cette affaire.
Khady Ndour d’écope un mois pour trafic de drogue
La précarité a poussé Khady Ndour à investir le milieu interlope pour s’en sortir. Mais elle se rend compte qu’elle n’a pas emprunté le bon créneau. Mariée et mère de 4 enfants, elle a justifié hier à la barre son acte par l’abandon dont elle a fait l’objet de la part de son époux. La voix tremblotante, Khady Ndour a reconnu les faits qui lui sont reprochés avant d’éclater en sanglots. A l’en croire, c’est la marchandise de son époux qu’elle vendait. Son époux, plus chanceux, a échappé à la police avant de disparaître dans la nature. La dame a été dénoncée auprès de la police de Rufisque. Les limiers ont effectué une descente inopinée chez elle pour procéder à son interpellation. La juge a signifié à la dame que ses propos sont différents de ceux qu’elle avait tenus à l’enquête préliminaire. Dans le procès verbal de l’enquête, il n’a jamais été fait cas de son époux. Elle avait dit aux enquêteurs qu’elle s’activait dans le trafic de drogue pour nourrir ses enfants. Khady Ndour avait précisé également que c’est l’ami de son époux Badou Sagna qui est son fournisseur. Elle lui avait donné 75.000 Fcfa et revendait le cornet entre 500 et 1000 Fcfa. Elle avait intégré le trafic depuis deux mois et gagnait 2000 Fcfa par jour. Le parquet a requis deux ans de prison ferme. Le tribunal qui a tenu compte des enfants qu’elle a en charge, condamne Khady Ndour à un mois de prison ferme.
L’Affaire Pape Alé Niang contre Cheikh Oumar Hanne
C’est la seconde fois que le procès opposant le journaliste Pape Alé Niang et l’ancien Directeur Général du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud), Cheikh Oumar Hanne et actuel ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation est renvoyé. Appelée hier, l’affaire est renvoyée jusqu’au 25 août prochain. La confrontation aura lieu cette fois-ci, puisqu’il s’agit d’un renvoi ferme. Le journaliste Pape Alé Niang est poursuivi par l’ancien Directeur Général du Coud à la suite de la parution de son livre intitulé : «Scandale au cœur de la République : l’exemple du Coud».
Le Synttas reçu par le ministre de l’Agriculture Pr Moussa Baldé
Après plusieurs mois de mouvement d’humeur pour réclamer l’amélioration de leurs conditions de travail et l’augmentation de salaires, le syndicat national des travailleurs et techniciens de l'agriculture (Synttas) a été reçu hier par le ministre de l'Agriculture et de l'Equipement Rural, Pr Moussa Baldé, en présence de ses collaborateurs. Il a été décidé, lors de la rencontre, de la mise en place d’un comité de concertation et de dialogue afin d’entamer les négociations sur la plateforme revendicative. Le comité est présidé par le secrétaire général du ministère qui va mener les négociations avec les syndicalistes, en présence des directeurs nationaux du département ministériel. Les syndicalistes ont salué la mesure prise par le ministre Moussa Baldé afin que la paix revienne dans le secteur agricole.
Repenser la façon de vivre en milieu urbain
Le secrétaire général de l’ONU appelle à réfléchir et à "repenser" la façon de vivre dans les zones urbaines qui sont l’épicentre de la pandémie de la Covid-19. «Nous avons aujourd’hui l’occasion de réfléchir et de repenser la façon de vivre, d’interagir et de reconstruire les villes», a écrit Antonio Guterres dans un message à l’occasion du lancement d’une «note de synthèse sur la Covid-19 en milieu urbain», avec trois grandes recommandations. M. Guterres a d’abord insisté sur la nécessité de veiller, tout au long de la lutte contre la pandémie, à aborder les inégalités et les déficits de développement à long terme et à préserver la cohésion sociale. Il invite à donner la priorité aux personnes les plus à risque, dans les villes, et garantir un centre d’accueil sûr pour tous et un hébergement d’urgence pour les sans-abri. Selon lui, l’accès à l’eau et à l’assainissement est également vital, rapporte Aps. Il a ajouté que la déliquescence des services publics, dans beaucoup de villes, nécessite une attention urgente, en particulier dans les implantations sauvages. Le secrétaire général de l’ONU a préconisé également le renforcement "des capacités des administrations locales", soulignant qu’"il faut pour cela agir résolument et resserrer la coopération entre les autorités locales et nationales"
KEEMTAAN GI - RENTIERS DU SPORT
Tout est business à la fin. Au diable le volontariat qui a donné ses lettres de noblesse aux activités de vacances dites « Navetanes ». Ça, c’était au bon vieux temps avec des joueurs mus par la seule passion du sport, et aussi la volonté de défendre les couleurs de leurs quartiers, et aussi, pour le versant culturel, des cours de vacances gratuits, des tréteaux pour la sensibilisation et l’éducation. Bref des activités saines pour le corps et l’esprit. Tout était placé sous le sceau du volontariat. Point de fric, mais un engagement patriotique et militant plus souvent mené par des militants de gauche. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts jusqu’à vampiriser un milieu qui ne respire maintenant que par le pognon au prix de la vie de ses acteurs. Lesquels sont également chaperonnés par des chapelles politiques et, accessoirement, le pouvoir politique qui leur sert le biberon. Ce mouvement est ainsi envahi par des chômeurs et autres mercenaires prêts à faire gicler le sang si on essaie de leur ôter le pain de la bouche. Ils ne lâchent jamais. Au sein de leur structure, on s’en f…de la démocratie. L’organe devient un bien personnel avec des clans, des amis et des coquins qui sont grassement servis. Alors que partout dans le monde les activités sportives sont en berne, les matchs se livrant à huis clos, ici au Sénégal, il y a des idiots qui veulent organiser leur business où ils sont les seuls à se remplir les poches à la sueur du front des pratiquants. En décidant de tenir contre vents et marées les matchs de « navetanes », ces messieurs de l’Oncav semblent éperdument se foutre de la situation sanitaire qui prévaut dans le pays pour révéler leur vrai visage de businessmen. Vous vous rendez compte du brassage lors de ces matchs ! Organiser des matchs dans ce contexte de pandémie, cela signifie tirer la langue aux médecins et narguer ce virus. Déjà que les jeunes sont les premiers à faire un bras d’honneur à ceux qui leur demandent de porter le masque. Plutôt que de penser à se remplir les poches, ces dirigeants de l’Oncav feraient mieux de descendre sur le terrain de la sensibilisation. Mais c’est difficile de le faire comprendre à des rentiers du sport…
Kaccoor bi
MEMOIRE BT INSULTEE ?
Pour l’immortaliser, ou perpétuer sa mémoire si l’on préfère, le président de la république a décidé de donner le nom de Babacar Touré à la Maison de l’Apr…pardon de la presse ! En principe, cela pourrait être un excellent geste de reconnaissance à l’endroit d’un grand Monsieur qui a contribué à donner ses lettres de noblesse à la presse privée sénégalaise dont il a été un des plus illustres pionniers. En principe seulement car cette Maison de la presse, plutôt que d’être l’affaire des journalistes, fonctionne plutôt comme la propriété privée du président de la république qui en fait ce qu’il veut. Et qui, de façon unilatérale, a nommé à sa tête un responsable de son parti. lequel a permis à son épouse d’y ouvrir, un temps, une gargote. Alors que toutes les maisons de presse du monde sont l’affaire des journalistes, au Sénégal, elle est celle du président de la république. résultat : les ¾ des membres de la presse nationale la boycottent. Et si Babacar Touré faisait partie de ceux-là, parmi lesquels presque tous les patrons de presse, alors donner son nom à une annexe de l’Apr, eh bien ce serait insulter sa mémoire !
CEMGA BIRAME DIOP SURNOMME «SERIGNE FALLOU»
Suite à l’article publié dans notre édition d’hier, le fixe de la rédaction ainsi que le téléphone de l’auteur de l’article, notre collaborateur Thierno Assane Ba, ont failli disjoncter tellement les appels d’hommes de tenue ont été nombreux pour marquer leur satisfaction de l’article sur le CEMGA Birame Diop. Les militaires ont été tellement contents qu’ils nous ont filé une autre info sur lui. En effet, le CEMGA est surnommé par ses subalternes «serigne Fallou» du nom du fils du fondateur du mouridisme cheikh Ahmadou Bamba qui fut incontestablement le plus populaires des khalifes généraux des Mourides. Selon eux, il suffit qu’il (le général Birame Diop) connaisse vos problèmes pour qu’ils soient résolus. Dans ce cas, on aimerait bien porter à sa connaissance nos problèmes à nous, du « Témoin ». Au secours, « serigne Fallou » !
GREVE SYTJUST JURISTES ET ETUDIANTS EN DOCTORAT RECLAMENT UN CONCOURS D’URGENCE
Depuis des mois, le fonctionnement de la justice est paralysée par le syndicat des travailleurs de la Justice (Sytjust) en grève. Face à cette situation, un groupe de jeunes juristes en chômage et étudiants en doctorat à l’Ucad a débarqué, hier, dans les locaux de votre quotidien « le Témoin ». A l’endroit du président de la république Macky sall et au ministre de la Justice Me Malick sall, nos diplômes en chômage sollicitent l’organisation d’un concours ou un recrutement en procédure d’urgence — ou mode Fast-Track —afin de leur permettre de se substituer aux greffiers grévistes. « Chaque année à la faculté des sciences juridiques de l’Ucad, plus 50 étudiants soutiennent des thèses de doctorat avant de se retrouver sans emploi. Sans compter les milliers de licenciés et maitrisards en droit qui désespèrent de pouvoir entrer dans la fonction publique. Donc l’Etat n’a qu’à nous donner nos chances, quitte à organiser un concours ou un recrutement en procédure d’urgence. Ce jour-là, le président de la République verra des milliers de candidats diplômés en droit prêts à être greffiers » confie El. M. Diop, l’un de nos hôtes en année de doctorat à l’Ucad. Comme preuves, il cite le dernier concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration (Ena) où les inscriptions avaient dépassé la barre des 6.000 candidats dont la majorité écrasante sont des licenciés et maitrisards dans différences filières. Souvenez-vous également du récent concours d’entrée à l’Ecole des douanes où près de 50.000 postulants avaient fait exploser le portail d’inscriptions. Pour tous ces concours, il n’y avait que quelques dizaines de personnes à recruter. Juste pour vous montrer comment ils sont nombreux à vouloir être greffiers. il suffit juste d’organiser un concours en procédure d’urgence et le pouvoir sera édifié !
REFUS DE PAIEMENT DANS LE PRIVE CHANTAGE SUR LES CONVOCATIONS AUX EXAMENS
Dès le mois prochain, c’est-à-dire entre le 20 août et le 15 octobre, auront lieu les examens d’entrée en 6ème, Brevet de fin d’études moyennes et Baccalauréat. Un calendrier qui a poussé certains responsables d’écoles privées à sommer les parents à s’acquitter de l’intégralité des frais de scolarité de leurs enfants candidats à ces examens. Or, nombreux sont des parents d’élèves qui peinent à payer les quatre mois de scolarité alors que les écoles étaient fermées à cause de l’état d’urgence lié au covid19. Il est vrai que malgré le « petit » milliard de subvention à partager, les écoles privées n’arrivent pas à payer les salaires de leur personnel. Face à cette terrible situation financière, certains responsables d’établissements privés menacent les élèves en classe d’examen en faisant un chantage sur les convocations. comme quoi, il est demandé aux élèves de régler leurs frais de scolarité d’avril, mai, juin, juillet et…août sous peine de ne pas recevoir leurs convocations aux examen. Non, vous ne vous trompez pas : même pour le mois d’août, avec la reprise des cours pour les classes d’examen, les écoles privées exigent le paiement. Au secours : mais que fait donc Me Massokhna Kane ?
BONS COVID19 LE SENEGAL OBTIENT 103 MILLIARDS DU MARCHE FINANCIER
Le Sénégal a obtenu hier 103 milliards du marché financier à la clôture de son adjudication de bons assimilables du Trésor de maturité initiale 91jours sur le marché sous-régional de l’Uemoa. Notre pays a eu un succès sur cette opération puisqu’à la clôture, on pouvait un montant global de plus de 400 milliards de soumissions. il a rejeté environ 297 milliards de soumissions provenant essentiellement des huit pays membres de l’Uemoa.
AFFAIRE ATEPA ET ABY NDOUR LE PROCES RENVOYE JUSQU’AU 11 AOUT
prévu hier, le procès en diffamation opposant l’architecte pierre Goudiaby Atepa à Aby Ndour et des journalistes du groupe D-média a été renvoyé au 11 août prochain. le juge de la troisième chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Dakar a ordonné, hier, le renvoi pour le paiement de la consignation fixée à 50.000 F. Un montant que devra payer l’architecte pour que l’affaire puisse être jugée. pour rappel, pierre Goudiaby Atepa reproche à Aby Ndour de l’avoir diffamé suite à la diffusion d’une vidéo dans laquelle la chanteuse l’accuse de harcèlement sexuel. Dans la citation, Atepa a visé également des journalistes de D-média, notamment simon Faye et Ameth Aïdara. le groupe de presse est cité comme civilement responsable.
RELIQUAT INDEMNITES DE DEPART 66 MILLIONS 600 000 REMIS AUX ANCIENS TRAVAILLEURS DE AIR AFRIQUE
Liquidée en 2002, Air Afrique fait encore parler d’elle. ce n’est qu’en Afrique que de telles choses peuvent se passer. Les anciens travailleurs sénégalais de la défunte compagnie africaine peuvent afficher le sourire en cette veille de fête de tabaski. Comme reliquat d’indemnités de départ, ils ont reçu hier des mains du ministre du Tourisme et des Transport aériens, Alioune Sarr, un chèque de 66 millions 600.000 frs. Inutile de vous dire que ces ex-travailleurs d’Air Afrique ou leurs ayant-droits, notamment épouses et enfants, ont jubilé en remerciant le président de la république. « Ce geste de haute portée sociale traduit la volonté de Son Excellence M. Macky Sall, Président de la République, de trouver une solution définitive à la situation sociale de ces braves travailleurs de l’ex compagnie continentale » dira le ministre du Transport aérien. les représentants du personnel, par la voix de M. Mody Diop — ancien journaliste au « soleil » — ont exprimé toute leur gratitude à l’endroit du chef de l’état et de son gouvernement, pour toutes les dispositions prises pour leur apporter soutien et assistance.
AFFAIRE DE MŒURS MAMADOU DIOP «DIOP ISEG» EST LIBRE
Mamadou Diop, plus connu sous le sobriquet de «Diop iseg» est libre. Selon EMedia, le propriétaire de l’institut supérieur d’entrepreneurship et de gestion (isEG), empêtré dans une affaire de mœurs qui avait entraîné son emprisonnement depuis le 12 mars dernier, vient de bénéficier d’une liberté provisoire après 4 mois de détention. inculpé pour pédophilie, détournement de mineure et corruption de mineure, le directeur du célèbre institut d’enseignement supérieur était en prison depuis le 12 mars dernier. il avait été arrêté suite à une plainte de la famille de la chanteuse en herbe Dieynaba Baldé, prétendument âgée de 17 ans. Dès les premières heures de l’éclatement de cette affaire, le Directeur de l’isEG avait battu en brèche toutes les accusations portées contre lui. Au mois de juin dernier, le parquet s’était déjà opposé à une demande de liberté provisoire de Mamadou Diop.
ENTREE COLOBANE DES TROUS BEANTS SUR LA ROUTE
Qui de l’Ageroute ou de la mairie de Colobane se fiche de la gueule des usagers quittant la route nationale pour entrer vers Colobane. Depuis des années, le spectacle est le même dès que les premières gouttes d’eau de pluie tombent. Des véritables mares s’installent dans les lieux. Et le plus dramatique, c’est que le phénomène se répète chaque année sans que l’Ageroute ou la mairie de Colobane dirigée par Ousmane Ndoye élu sous la bannière de Taxawu Sénégal avant de transhumer vers BBY ne daigne apporter des solutions à ce problème surtout que les automobilistes qui empruntent cet axe risquent très souvent de casser leurs véhicules. Du fait de la stagnation de l’eau, des trous énormes se forment sur la chaussée. Les conducteurs qui ne connaissent pas les lieux sont victimes de dégâts matériels sur leurs véhicules qui se cassent sur les lieux. Pourtant, avec juste du ciment rapide et du béton, l’affaire est pliée. L’Ageroute ou la mairie de Colobane pouvait profiter du couvre-feu pour réparer la chaussée. Mais autant l’Ageroute que la mairie de Colobane, chacun s’en fiche éperdument.
L'ex-président ivoirien, en liberté conditionnelle à Bruxelles après son acquittement par la CPI, demande aux autorités de son pays de lui établir un passeport pour rentrer en Côte d'Ivoire
L'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, en liberté conditionnelle à Bruxelles après son acquittement par la CPI, demande aux autorités ivoiriennes de lui établir un passeport pour rentrer en Côte d'Ivoire, a annoncé son avocate dans un communiqué mardi.
"Après plusieurs demandes infructueuses d'établissement d'un passeport diplomatique auprès du ministère des Affaires étrangères à Abidjan, le président Laurent Gbagbo s'est déplacé ce jour auprès de l'ambassade de Côte d'Ivoire à Bruxelles pour introduire une demande de passeport ordinaire et d'un laisser-passer", indique Me Habiba Touré.
"Le Président Laurent Gbagbo compte sur la bonne volonté des autorités ivoiriennes afin qu'il lui soit remis son passeport ou un laisser-passer pour lui permettre de retourner dans son pays, la Côte d'Ivoire", poursuit l'avocate.
"En effet, à l'issue de son acquittement le 15 janvier 2019, et de la levée des conditions restrictives le 28 mai 2020, il est plus que temps pour le président Laurent Gbagbo de rentrer chez lui", conclut-elle. Le retour de Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire revêt un enjeu politique majeur, à trois mois de l'élection présidentielle. Son parti le Front populaire ivoirien (FPI) le presse en effet de se présenter au scrutin.
L'ex-chef d'Etat (2000-2010) a été acquitté par la Cour pénale internationale (CPI) de crimes contre l'humanité et libéré après sept ans de détention à La Haye. La Cour examine actuellement la demande d'appel de la procureure de la CPI Fatou Bensouda.
La CPI a refusé une demande de liberté sans condition présentée par M. Gbagbo, 75 ans, mais a cependant assoupli les conditions de sa liberté conditionnelle, l'autorisant à quitter la Belgique, où il était assigné à résidence depuis son acquittement, à condition que tout pays dans lequel il souhaite se rendre accepte au préalable de le recevoir.Le gouvernement ivoirien, sollicité par l'AFP, n'était pas joignable dans l'immédiat pour commenter le communiqué de l'avocate de M. Gbagbo.M. Gbagbo a par ailleurs été condamné à 20 ans de prison par la justice ivoirienne pour le "braquage" de la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest.
Le climat politique est tendu en Côte d'Ivoire avant la présidentielle d'octobre. Elle se tiendra dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait 3.000 morts, après le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite face à l'actuel président Alassane Ouattara.
par Jean Pascal Corréa
LA RESILIENCE, C’EST D’ABORD PARTIR DE SES RESSOURCES ET ATOUTS
Une approche bien sénégalisée de la lutte contre la propagation de la Covid-19 appelle un cadre conceptuel dynamique, mobilisateur et socio-culturellement significatif, en ce qu’elle procède de nos valeurs culturelles et sociétales
Depuis que des mesures d’assouplissement ont été édictées par les autorités publiques sénégalaises, les cas d’infections ne cessent d’augmenter, et le risque de crise économique et sociale est encore loin d’être résorbé. Est-il trop tard pour envisager la lutte contre la propagation de la Covid-19 sous une ou d’autres perspectives ?
Une approche bien sénégalisée de la lutte contre la propagation de la Covid-19 appelle un cadre conceptuel dynamique (la vie continue !), mobilisateur (chacun est concerné !) et socio-culturellement significatif, en ce qu’elle procède de nos valeurs et, en outre, les bénéfices et les risques sont partagés.
A travers des Forums, des messages-vidéo (qui ne cherchent pas à moraliser mais plutôt à susciter un questionnement/réponse personnel), entre autres, la sensibilisation et l'activation des consciences individuelles peut donner un sens à l'intériorisation (en soi) du contrôle social. C’est ici que nous invitons à convoquer nos propres cadres conceptuels afin de s’accorder autour de paradigmes qui nous sont propres et communs, au plan culturel et sociétal.
Le Nawle a la particularité de mettre en exergue "li ñu lay xoole, li ñu lay xeebe… am deet". C’est un puissant instrument de référence sociétale et, en tant que tel, cet instrument oblige à ne pas banaliser la (bonne) pratique qui est prônée, le comportement attendu par la société, dans ses différents segments.
Par rapport à la lutte contre la Covid-19, tout l'effort qui suit la sensibilisation peut alors consister dans la détermination des choses à faire ou ne pas faire (bonne/mauvaise pratique ; bon/mauvais comportement individuel ou collectif), dans un périmètre donné (ménage, quartier/village, Commune), ainsi que le dispositif de veille et d'alerte à l'intérieur de chacun de ces périmètres, en toute cohérence entre les échelles.
Le défi – dont l'anticipation favoriserait l'adhésion des populations – consisterait à intégrer l'hypothèse selon laquelle les enfants, les jeunes, les femmes, les hommes, les OCB, les acteurs économiques (y compris le boutiquier du coin, le charretier et le taximan), le nettoyeur de rue et autre travailleur communal, chacun devrait pouvoir mener ses activités mais en les réorganisant de façon à intégrer son Nawle et l'obligeance de ne pas l'exposer à la Covid-19 en s'exposant soi-même.
Nous aurions pu nous passer d’une tentative de « définition » du Nawle, considérant, à priori, que, intuitivement, ce concept parle à toutes les Sénégalaises et tous les Sénégalais qui comprennent la langue Wolof, en plus de pouvoir, pour certains d’entre nous, déterminer l’équivalent dans nos autres langues nationales voire africaines. Cet évitement envisagé procédait simplement du fait que le mot Nawle revêt une charge conceptuelle et théorique beaucoup plus forte que sa simple traduction en langue française, laquelle renvoie à mon prochain, mon vis-à-vis, l’autre pour qui j’ai de l’égard, de la considération… En Français, pour représenter le Nawle, il faut un groupe de mots, il faut toute une construction. Sauf à se référer à une acception biblique du prochain ou la notion philosophique d’autrui.
La véritable force du concept de Nawle, c’est qu’il crée une obligation, une attitude de déférence envers autrui, sans considération de son statut, c’est-à-dire sans sujétion. Lorsque l’enfant est Nawle aux yeux de son parent, c’est que le parent reconnait ses droits et devoirs vis-à-vis de l’enfant. Le statut n’a pas de place lorsqu’il est question de Nawle. Le Nawle dit simplement « Comme moi, tu es ; je te dois considération ». Et chacun est Nawle de l’autre, réciproquement.
Cela nous amène à présent à convoquer le concept de Nawle dans ses périmètres d’observance en contexte Covid-19 et par rapport à sa prise en charge au niveau communautaire.
Responsabilisation du microsocial (ménage, quartier, commune)
Tout d’abord, accordons-nous sur une dimension importante : le Nawle offre un miroir de dignité. Grâce à lui et ce qu’il représente, je m’interdis « li ñu may xeebe ».
Ainsi, une approche stratifiée – au niveau communautaire – consiste à mettre en place et informer les populations des mesures pouvant découler des attitudes individuelles ou collectives, avec la particularité que ces attitudes individuelles ou collectives produiront dorénavant des effets sur les entités auxquelles appartient l’individu. Que ce soit le ménage, le quartier ou la Commune ; que ce soit le chef d’atelier, le chef de garage, le patron d’entreprise ; l’entité à laquelle appartient l’individu infecté sera de facto concernée (impactée) par les mesures de lutte contre la propagation de la Covid-19.
Cette perspective se fonde sur le contrôle social en tant que cadre coercitif qui met l’accent sur la responsabilité individuelle devant les paires ou, plus contextuellement, devant le Nawle. Pourquoi notre famille devrait se singulariser négativement dans le quartier ? Pourquoi le nom de notre quartier devrait être indexé en public ? Pourquoi notre commune devrait être celle par qui la propagation du virus devrait passer pour handicaper la mobilité et l’activité économique des populations ?
Lesdites mesures sont stratifiées tel que les présente la matrice en illustration de ce ce texte (ndlr).
La mise en place de cette approche stratifiée – et possible à transposer dans les autres entités ou sphères d’interaction d’un individu (entreprise, milieu sportif, vie associative, etc.) – pourrait également constituer une opportunité de rationaliser la mobilisation des forces de sécurité. Typiquement, il s’agirait de focaliser les unités de Police et de Gendarmerie dans les limites géographiques du quartier ou de la Commune mise sous confinement, avec l’apport des Agents de sécurité de proximité (ASP).
Cependant, la notion de confinement doit être entendue dans son sens dynamique et constructif pour la collectivité. Ainsi, les travailleurs qui s’activent hors de leur périmètre communal devraient pouvoir se mouvoir ; mais à la seule condition de renseigner, individuellement et par sms, les paramètres symptomatiques principalement ciblés, de même que la destination strictement professionnelle admise. La bonne foi constitue la part d’engagement et de responsabilité individuelle. Elle confère un crédit à la parole donnée, quand bien même il est possible d’être porteur sain ou asymptomatique. Les voies d’entrée et de sortie sont organisées et contrôlées par les forces de l’ordre. Ce filtrage viserait aussi à marquer les esprits, y compris pour les communes non concernées. L’évitement du transport du virus par un individu sorti du périmètre communal implique une gestion complète du parcours journalier de cet individu qui, lui-même, est tenu de participer à ce traçage. Cette gestion devrait intégrer le référent au niveau du milieu professionnel. La procédure de sortie du périmètre communal resterait également la même au retour, en fin de journée de travail. La technologie permet aujourd’hui de borner le téléphone du concerné, celui-ci ayant interdiction d’éteindre son appareil. En cas de suspicion d’un déplacement non professionnel, le contrôle a posteriori permet aux forces de sécurité de vérifier tout écart présumé, avec un régime de sanctions stipulées par arrêté et susceptibles de générer une interdiction temporaire de l’activité professionnelle voire des poursuites judiciaires.
D’où la nécessité pour poursuivre les campagnes d’information et de sensibilisation des populations, qui est à distinguer de la communication y compris de type social.
Sensibilisation des populations autour des enjeux, si les tendances se confirment
En mettant en exergue des illustrations scénarisées, il est possible de capter l’attention des populations sur les taux de propagation et les risques (en vert, jaune et rouge) de paralysie de la société dans divers domaines. Avec des graphiques et des pictogrammes, il est possible de présenter les tendances avec des hypothèses constantes (situation en cours), de moyenne portée (faible accroissement des taux) ou de haute portée (débordement incontrôlé) ; le tout projeté dans le temps (dans 1 mois, dans 3 mois, dans 6 mois). Certaines populations ont besoin de ces illustrations pour se représenter ce que serait la mobilité, l’économie, la mortalité, le débordement des structures de santé, l’épuisement des personnels de santé, le remplissage de cimetières, les infections et les affections au sein des familles, l’indisponibilité des enseignants et formateurs pour les enfants, l’indisponibilité des personnels pour produire l’eau et/ou l’électricité, si chaque hypothèse se vérifiait. Ainsi, les populations pourraient davantage envisager leurs responsabilités premières dans la manifestation de chacune des conséquences mises en scène.
Il peut également s’avérer pertinent d’attirer l’attention des parents sur les conséquences du manque d’emprise sur leurs ménages. Toutefois, dans le contexte actuel de la dé-responsabilité des parents (qui auraient d’autres urgences !), il ne serait pas vain de fonder le propos sur les conséquences en termes financier et social. A quels risques de précarité les parents exposent-ils leurs ménages s’ils tombaient eux-mêmes malades ? Sachant aussi qu’ils pourraient fortement infecter les membres du ménage.
Du risque de stigmatisation à la culpabilisation du Nawlé
Le contrôle social peut engendrer, comme effet pervers, une autre forme de stigmatisation et de mise en culpabilité de l’autre. La prise de conscience de cette réalité que connaissent les sociologues invite à déterminer des formes d’anticipation, ainsi qu’une permanence des alertes-sensibilisations à l’échelon le plus local (jusqu’à la boutique du coin) pour que l’individu s’approprie l’attitude non répréhensible. Cette intériorisation de la bonne attitude est la seule condition pour instiller un réflexe immédiat de rejet de l’attitude risqué, téméraire ou nonchalante.
Par ailleurs, l’empathie collective prônée par les chefs de ménages, chefs de quartiers et autorités locales, doivent pousser vers l’organisation « conformée » de séances publiques d’information et de sensibilisation. Les responsables concernés pourraient ainsi organiser ces séances foraines dans un délai défini par l’Autorité déconcentré. La participation des femmes, des jeunes, des chefs de ménages, des chefs de quartiers, etc., devrait constituer un impératif pour asseoir le caractère impérieux et urgent de la situation. La participation des partenaires au développement de la commune (ou des structures associatives intervenant dans un quartier ou un village) devrait également être envisagée, le cas échéant. Ces derniers sont porteurs d’une capacité d’influence qui impacte clairement sur les acteurs locaux, sachant qu’en cas d’observance de cas d’infection constitutifs de mesures de quarantaine ou de confinement, lesdits partenaires seront tenus de surseoir à leurs interventions jusqu’à nouvel ordre.
Information sur le déploiement d’une nouvelle stratégie
D’un point de vue pédagogique, il est important que toute nouvelle stratégie de lutte soit préalablement portée à l’attention des populations, bien avant son entrée en vigueur, et avec l’annonce de la période d’entrée en vigueur ainsi que les objectifs visés (les motivations étant liées aux tendances observées, et qui ont été évoquées plus haut). Cela est différent des mesures de prévention ou encore de l’information sur le changement de stratégie lui-même (ce qui va changer).
Le but d’une telle préparation des populations, c’est d’offrir à chaque ménage et entité, le temps de prendre des dispositions internes, y compris en termes d’autosensibilisation, d’aménagement, d’ajustement de ressources et moyens pour s’adapter à la dynamique à venir.
Considérant aussi que des cas d’infection et des cas-contacts sont déjà identifiés et suivis, le délai édicté permettrait à chaque ménage et entité d’éviter une propagation résiduelle entre l’annonce et l’effectivité de toute nouvelle stratégie de lutte contre la propagation de la pandémie. Ce temps de latence ou d’épurement des risques latents permettrait, ne serait-ce que symboliquement, d’entamer la nouvelle stratégie sur des bases communes. Les infectés sont déjà identifiés et pris en charge ; les asymptomatiques ou les malades cachés auraient aussi le temps et l’opportunité de ne pas transférer leur responsabilité à leurs ménages et entités d’appartenance.
Par contre, la cohérence veut que les éventuels cas importés ne soient pas « imputés » aux ménages et autres entités. A cet effet, il appartient aux autorités compétentes de prendre toutes dispositions idoines pour sécuriser les ménages et les entités concernées. Cette responsabilité relève des mesures sécuritaires à prendre par rapport à la gestion des frontières et des mobilités internationales.
Et, d’un point de vue technique, il appartiendrait aux autorités de se rapprocher des experts universitaires et des professionnels du digital pour développer des Applications susceptibles d’offrir une plateforme d’information et de collecte des retours d’informations fournies par les individus et les chefs de ménages, selon le cas. Le relevé familial quotidien (RFQ) constitue un outil à étendre aux responsables de toutes autres entités à laquelle appartient un individu infecté.
Une telle démarche aurait aussi l’avantage de ne pas laisser le Sénégal hors des recherches visant à développer un outil maitrisé de traçage et de suivi de sa population par rapport à la Covid-19. Dans divers autres pays, les universitaires-polytechniciens et les experts du Digital sont déjà à l’œuvre dans ce domaine, en rapport avec les organes étatiques de gestion des données personnelles. L’un des enjeux consiste dans la maitrise des paramètres et la gestion sécurisée des données personnelles. Ce type d’outil peut rassurer l’individu en ce que, tacitement, il atteste à autrui la non-observance d’une exposition à la Covid-19. Ne pas anticiper cette perspective, c’est aussi laisser planer le doute. Et tous Sénégalais prochainement appelés à entrer dans l’espace Schengen s’expose à l’obligation d’attester de sa non infection. Cette permanence du doute peut engendrer un stress dommageable et générateur de fausses alertes.
Le suivi de l’état de santé des déclarés guéris constitue un autre défi majeur. Ailleurs, de premiers résultats tendent à montrer qu’il y a des raisons de ne pas laisser ces personnes s’éloigner trop fortement des structures hospitalières ; ne serait-ce que les mettre en rapport avec des médecins généralistes de leurs proximités. Au-delà des aspects psychologiques et des séquelles visibles, les séquelles « intérieures » pourraient générer de nouvelles pathologies et devenir irréversibles.
Il y va aussi de la responsabilité des autorités sanitaires et politiques de « libérer » les individus seulement lorsque les conditions objectives s’y prêtent, et lorsque le mieux-être collectif n’est pas menacé.
LA MAISON DE LA PRESSE PORTERA DÉSORMAIS LE NOM DE BABACAR TOURÉ
La décision de baptiser l'enseigne du nom du journaliste et ancien directeur du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) a été annoncée par Macky Sall au moment de présenter ses condoléances à la famille du défunt à Ngaparu
La Maison de la presse, édifice érigé sur la Corniche Ouest à Dakar, portera le nom de Babacar Touré, fondateur et président du groupe Sud Communication rappelé à Dieu dimanche à l’âge de 69 ans, a annoncé mardi le chef de l’Etat.
La décision de baptiser la Maison de la presse du nom du journaliste et ancien directeur du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) a été annoncée par Macky Sall au moment de présenter ses condoléances à la famille du défunt à Ngaparu, localité du département de Mbour, ont rapporté plusieurs médias.
Babacar Touré a été inhumé lundi dans la cité religieuse de Touba, dans le centre du pays, après une cérémonie de levée du corps organisée le même jour à l’hôpital Principal de Dakar en présence de nombreux acteurs des médias et d’acteurs politiques du pays.
Surnommé BT par certains confrères, en référence à ses initiales, le journaliste avait été à la tête du CNRA entre 2012 et 2018 en remplacement de la magistrate Nancy Ngom Ndiaye.
A l’actif entre autres du magistère de Touré plusieurs propositions de réformes du secteur des médias, préconisant par exemple en 2015, le renforcement des moyens de l’Agence de presse sénégalaise (APS) afin de permettre à ce médias public de jouer pleinement son rôle de pourvoyeur d’informations.
‘’L’APS, doyenne des agences africaines, doit être dotée de façon à s’imposer sur le plan national mais surtout régional africain, voir international. Cela est possible, cela est faisable. Si nous ne voulons pas rester sur les bords des autoroutes de l’information et de la communication, il nous faut produire et diffuser par nos propres outils, des contenus adaptés à nos objectifs et à notre quête d’identité, imposer notre capacité contributive’’, avait-il à l’époque déclaré au moment de remettre au chef de l’Etat un rapport.
Il avait ainsi préconisé ‘’le réarmement de notre principal moyen de production et d’échange de contenus, l’agence de presse sénégalaise, qui possède déjà les bases d’une véritable plateforme digitale primordiale pour produire et fournir des news, des images, du son, des données et des documents aux diffuseurs’’.
Mardi, le chef de l’Etat lui a de nouveau rendu hommage, saluant la mémoire d’un journaliste "chevronné et pionnier dans l’entreprise de presse", un "homme de consensus et de dialogue".
"Journaliste chevronné et pionnier dans l’entreprise de presse et la formation des journalistes, homme de consensus et de dialogue, Babacar Touré aura été de tous les combats pour la liberté et la démocratie. A sa famille, au groupe Sud et à la presse, je présente mes condoléances", avait-il déjà twitté à l’annonce du décès..
La Maison de la Presse dirigée par Bara Ndiaye a été construite entre 2007 et 2012 sous le régime d’Abdoulaye Wade, concrétisant ainsi une doléance du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (SYNPICS).
Elle a la forme d’un grand livre ouvert pour symboliser une grande bibliothèque de l’information et comporte huit niveaux (08 étages), avec un auditorium de 400 places, un restaurant, un cyber center, 45 chambres d’hébergement, une salle de conférence, lit-on sur son site Internet.
L’infrastructure est présentée comme ‘’un espace de dialogue et de concertation offrant aux journalistes et aux techniciens de la communication sociale un cadre d’épanouissement et de travail’’.
A ce titre, ajoute la même source, ‘’elle est chargée de contribuer à la promotion de la liberté de la presse, du pluralisme et de l’indépendance des médias ; de participer à faire de la presse sénégalaise une presse libre, crédible et responsable, d’offrir un espace de réflexion et de service pour les professionnels des médias, d’offrir un espace de liberté pour les professionnels de la communication sociale’’.
Toutefois, les organisations de journalistes ont à plusieurs reprises exprimé leur opposition à son mode de gestion.
En juin, la Coordination des associations de presse (CAP) a demandé au chef de l’Etat de rendre aux acteurs des médias la Maison de la Presse, rappelant que cette infrastructure est "un acquis de haute lutte" des professionnels du secteur.
"Monsieur le président de la République, rendez-nous notre maison ! L’État du Sénégal, dont vous êtes le chef, a toujours entretenu un consensus pour l’érection de cette maison", écrivait la CAP (APPEL – CDEPS – CORED – CTPAS – SYNPICS – CJRS - URAC – UNPJS) dans une lettre ouverte au chef de l’Etat.
par l'éditorialiste de seneplus, boubacar boris diop
FAIDHERBE OU LA FASCINATION DU BOURREAU
EXCLUSIF SENEPLUS - Tout se passe depuis un siècle et demi comme si Sidiya Ndaté Yalla Diop n’a jamais été de ce monde. Quoi de plus absurde qu’une mémoire historique tournant à vide ?
Boubacar Boris Diop de SenePlus |
Publication 28/07/2020
‘’L’art suprême de la guerre est de réussir à assujettir l’ennemi sans avoir à combattre’’ (Sun Tzu)
Nous sommes des milliers à passer, chaque jour que Dieu fait, devant le Théâtre National Daniel Sorano. Que savons-nous de son parrain qui fut, semble-t-il, un grand acteur francais ? La réponse à cette question est aussi simple que troublante : nous ne savons rien de ce monsieur Sorano. À part un insignifiant hasard biographique – son père a été greffier à Dakar au début du siècle dernier - rien ne le rattache à notre pays. De son riche répertoire, pas une pièce ne concerne, même de loin, l’Afrique ou encore moins le Sénégal où il n’a du reste jamais mis les pieds.
On pourrait en dire presque autant du philosophe Gaston Berger dont une de nos meilleures universités porte le nom. ‘’L’inventeur de la prospective’’ – comme Senghor aimait, curieusement, s’en vanter à tout bout de champ – né à Saint-Louis, petit-fils de Fatou Diagne, a toutefois quitté le Sénégal dès sa plus tendre enfance et, que l’on sache, n’y est jamais revenu.
Que l’histoire humaine soit avant tout ce qui en subsiste au fil des âges dans l’esprit des vivants, chacun en est bien conscient. Mais quoi de plus absurde qu’une mémoire historique tournant à vide ? On ne peut sommer un peuple de cultiver le souvenir de personnalités auxquelles rien ne le relie et qui n’ont eu aucun impact sur sa destinée. C’est pourtant, à en juger par ces deux exemples, ce à quoi nous conviait Senghor. Il aurait pu tout aussi bien, sous le même prétexte chic et tellement irritant –‘’métissage culturel’’, ‘’civilisation de l’universel’’ – appeler ce théâtre ‘’Alexandre Pouchkine’’ ou ‘’Alexandre Dumas’’.
Le plus remarquable toutefois, à mon humble avis, c’est qu’une situation aussi cocasse ne nous ait jamais fait ni chaud ni froid. En son temps, personne n’a cru devoir souffler avec déférence à l’oreille du président-poète : ‘’Pourquoi pas Cheik Aliou Ndao, Aimé Césaire, Douta Seck ou Doura Mané ?’’ entre autres figures théâtrales majeures. Il se pourrait bien qu’au fond, nous nous en moquions complètement de ces noms au fronton des édifices publics. Peut-être aussi préférons-nous éviter toute confrontation avec notre véritable passé, si compliqué voire embarrassant à bien des égards, comme nous l’a délicatement rappelé Fadel Dia dans Sud Quotidien.
Que l’on me permette de donner un autre exemple de ce désir d’amnésie qui doit avoir des racines très profondes. À la fin du mois d’octobre 1986, le président Abdou Diouf et son ministre de la Culture, Makhily Gassama, ont fait construire le mausolée de Lat-Dior sur l’ultime champ de bataille de notre héros national. Avant cette louable initiative, Dékheulé et son fameux puits étaient complètement à l’abandon, comme j’avais eu l’occasion de m’en rendre compte moi-même avec stupéfaction. Eh bien, en fin 2017 un article du journal Le quotidien nous apprenait que trente ans après, le lieu était redevenu encore plus misérable qu’avant. Venant d’un peuple si prompt à exalter ses valeureux ancêtres, de telles attitudes incitent à parler, au moins, de schizophrénie. On n’a d’ailleurs pas assez relevé que de Lat-Dior lui-même à Aline Sitoé Diatta en passant par Alboury Ndiaye, Cheikh Omar Foutiyou Tall, Sidiya Ndaté Yalla Diop et d’autres encore, l’épopée de nos figures héroïques se conclut presque toujours par la disparition pure et simple de leur corps et souvent loin de leur patrie. Tombouctou. Dosso au Niger. Les falaises de Bandiagara. La forêt gabonaise de Nengue-Nengue. Ce sont là quelques-unes des terres lointaines où se sont perdues leurs traces. Pour toujours ? On espère bien que non.
Au final, seule une certaine désinvolture mémorielle peut expliquer qu’il n’y ait pas depuis 1960 une imposante statue – qui aurait pu être, quoi qu’on pense de lui par ailleurs, celle de Senghor – symbolisant notre accession à la souveraineté internationale. Le monument de la Renaissance ? Ses géants mal dégrossis ne daignent même pas nous regarder dans les yeux. On les dit occupés à scruter le soleil. Grand bien leur fasse. Eussent-ils été des éléphants ou des cachalots qu’ils ne nous parleraient pas davantage.
Ces réflexions m’ont été inspirées par la polémique en cours à propos d’un certain Louis-Léon César Faidherbe. À ce général français quasi caricatural – moustache fournie, binocles, menton volontaire, uniforme flamboyant – le Sénégal a déclaré sa flamme de mille et une manières. En plus de la statue et de la place qui sont aujourd’hui au centre de toutes les controverses, une avenue, un hôtel, des rues et, last but not least, le pont de Saint-Louis, lui ont été dédiés. Ce n’est pas tout, puisqu’à Dakar une autre de ses statues a trôné jusqu’en août 1983 en face du Palais de la République, dans la cour de l’actuelle Maison militaire.
L’homme ainsi glorifié a massacré, pillé, violé, incendié des bourgades et écrasé en toutes circonstances notre peuple de son mépris raciste. Le Professeur Iba Der Thiam a résumé avec sobriété ses sanglants exploits : ‘’En huit mois, dit-il, Faidherbe a tué 20 000 Sénégalais.’’ Et c’est là une évaluation à minima. Tous ces crimes sont bien documentés et personne à ce jour n’a osé les mettre en doute. Soit dit sans passion, c’est se rouler dans la fange que de chercher la moindre excuse à un conquérant aussi brutal. Lors du siège de Fatick, le guerrier, comme enivré par sa propre cruauté, lâcha dans un petit moment d’abandon philosophique : “Ces gens-là, on les tue, on ne les déshonore pas !’’ Très sympa, ce compliment, à l’instant même où il taillait en pièces les nôtres. Mais voilà : Senghor a tellement adoré ce propos condescendant qu’il l’a repris dans un somptueux poème de Chants d’ombre avant d’en faire la devise de l’armée nationale, pourtant une des institutions les plus respectées de ce pays. Il est temps de s’interroger sur cette humiliante anomalie.
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Ma génération et celles qui l’ont précédée ne sont pas exemptes de reproches. Nous les aînés, avons fauté et c’est pourquoi la campagne Faidherbe doit tomber, initiée par des jeunes, ne peut que nous interpeller. On est bien obligé d’admettre que les symboles de la colonisation nous encerclent depuis soixante ans et que, pour être franc, ils n’ont jamais dérangé grand monde. J’avouerai moi-même sans façons n’avoir pas été épargné par une aussi étrange indifférence. Au plus fort de cette querelle sur la statue de Faidherbe, j’ai trouvé fascinant ce vide émotionnel, ce flottement mental qui empêche la victime de sentir les fers à ses pieds s’il ne l’amène à en aimer la musique… Pointer du doigt cette sorte de folie douce, ce n’est pas jeter la première pierre à qui que ce soit. Je sais bien que je suis mal placé pour sonner, avec des hurlements patriotiques, la charge contre une malheureuse statue. Après tout, malgré plusieurs années passées à Saint-Louis, je n’en avais jamais relevé l’incongruité ni peut-être même l’existence. À ma connaissance, à part Sembène, auteur en 1978 d’une lettre incendiaire à Senghor, personne n’avait protesté contre la statue de Faidherbe avant la présente campagne. Et Dieu sait si des milliers de rebelles en ont eu l’opportunité à Saint-Louis la turbulente ! Ndar-Géej en a vu défiler, des femmes et des hommes de refus qui avaient toutes les raisons de tenter un petit coup d’éclat contre cet oppresseur étranger continuant à crier victoire d’outre-tombe. Si tant d’ennemis de l’ordre colonial ou néo-colonial sont quotidiennement passés à côté de ce cri de révolte-là, c’était sans doute moins par mollesse idéologique que du fait d’une distraction bien compréhensible.
Le fait est qu’à force de se fondre dans le paysage, le monument érigé en 1886 par des négociants français, avait fini par devenir invisible. Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, il ne paie pas vraiment de mine. Nous ne sommes pas en train de parler ici d’une sculpture géante plantée au cœur de la ville et la narguant du haut d’on ne sait quelle glorieuse épopée coloniale. Sans être évidemment un petit machin de rien du tout, la statue de Faidherbe n’est même pas, pour le dire ainsi, à la hauteur de sa mauvaise réputation. La place qui l’abrite est excentrée et exiguë et l’œuvre elle-même, quoi qu’à l’air libre, donne l’impression d’y être à l’étroit ou même au rebut. Il est dès lors normal qu’en un siècle et demi l’image, délestée de toute charge politique, ait fini par tirer sa seule légitimité d’une forme de droit du premier occupant du sol. Le monument est juste là, prisonnier du passé, si peu en résonance avec la vie des gens qu’il en devient irréel. Comment pourrait-il déranger ? Mais aussi comment se résigner à ce qu’il ne soit plus là ? Tel est sans doute le dilemme des habitants de la ville. Pas de tous ses habitants, j’imagine, puisqu’on peut être, me semble-t-il, Saint-Louisien, natif de Saint-Louis, sans être Doomu-Ndar. C’est de ces derniers qu’il est question ici. Il se pourrait qu’ils soient moins hantés par l’effacement de la figure de Faidherbe – à laquelle ils ont rarement prêté attention – que par le trou qu’une telle opération risque de creuser dans leur mémoire. Mais il y a tout lieu de craindre qu’il ne leur restera plus sous peu que leurs yeux pour pleurer : si jamais une statue a été à l’article de la mort, c’est bien celle-là. Son sort semble en effet définitivement scellé depuis le matin de 2017 où le vent est entré dans la danse, prenant sur lui de l’arracher et de la jeter par terre. Simple caprice de la météo ? Cela est possible mais on aura bien du mal à expliquer aux sceptiques pourquoi le vent a choisi de frapper à l’aube du 5 septembre, jour anniversaire de la condamnation, dans le palais situé juste en face, de Cheikh Ahmadou Bamba à sept longues années d’exil au Gabon…
Quoi qu’il en soit, cet orage nocturme a donné des idées à de jeunes activistes qui ont créé il y a trois ans le collectif Faidherbe doit tomber.. Surfant fort à propos sur la vague du Black Lives Matter, ses initiateurs, parmi lesquels Khadim Ndiaye, Pape Alioune Dieng, Thierno Dicko et Daouda Guèye, ont réussi à changer la donne du tout au tout. Ils sont jeunes et cela est bien normal, car en dépit des apparences ce qui se joue a plus à voir avec le futur qu’avec le passé comme en témoigne l’appel que leur a lancé Pierre Sané. En fait, leur action a consisté à retenir par la manche des passants au bord des routes – et sur les autoroutes de l’information ! – pour leur dire : ‘’Regardez bien le Toubab sur cette statue avec l’infâme mention ‘‘Le Sénégal reconnaissant !’’ et à leur demander, après le récit des atrocités commises par le soudard : ‘’Est-il normal que nous fassions de notre bourreau un héros ?’’ Bien sûr que c’est un scandale, une honte, la preuve d’un inquiétant mépris de soi-même. Voilà ce que presque tout le monde a toujours pensé sans juste trouver le temps de s’y arrêter. À présent, les mots n’en finissent pas de donner corps à cette colère longtemps endormie, inconsciente d’elle-même. Et ces mots cristallisant désormais toutes les passions sur Faidherbe sont la pire chose qui pouvait lui arriver. Ses victimes vont le réveiller d’entre les morts pour bien s’assurer que son deuxième trépas sera, si on ose dire, le bon. Au bout du compte, il est tout simplement devenu impossible de passer devant le monument dédié à Faidherbe sans s’interroger sur sa présence à cet endroit précis. Et rien que cela est une victoire des militants du collectif. Je ne sais si les partisans du maintien de la statue constituent ou non la majorité à Saint-Louis mais cela n’a plus grande importance. Faidherbe est en train de mourir de sa belle mort et chaque mot proféré dans cette dispute – peu importe si c’est pour ou contre lui – est un clou de plus à son cercueil. Mon ami Louis Camara a déclaré l’autre soir sur une télévision : ‘’Si la statue de Faidherbe disparaît, j’éprouverai peut-être un peu de nostalgie mais en aucun cas du regret’’. C’est à la fois courageux et d’un raffinement tout saint-louisien mais j’ai cru aussi entendre des paroles d’adieu…
Il est du reste essentiel de savoir qu’au moment où la polémique bat son plein, Faidherbe repose en paix dans une petite pièce du Centre de Recherche et de Documentation de Saint-Louis. Le débat porte donc sur un monument ‘’décapité’’ pour cause de travaux sur la place. D’après les officiels, la statue devrait être remise sur son piédestal entre janvier et mars 2021. La situation ainsi créée est pour le moins insolite et on a bien du mal à savoir quoi en penser. Il n’est même pas exclu que ce soit pour le gouvernement une façon de se débarrasser en douce du problème, à la sénégalaise en quelque sorte. Mais quelles qu’aient été ses intentions, il aura seulement réussi à faire marquer de nouveaux points aux adversaires de l’ancien Gouverneur. Ce n’était en effet pas pour eux une mince affaire que de se battre pour faire déboulonner Faidherbe. À present, il leur suffira de rester mobilisés pour qu’il ne soit pas reboulonné. C’est là une tâche infiniment plus aisée depuis que le meurtre de George Floyd fait braquer les projecteurs du monde entier sur tous les symboles de ‘’la férocité blanche’’ – pour parler comme Amelia Plumelle-Uribe – à l’égard des autres races humaines. Même pendant la lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis et celle contre l’apartheid, l’anti-kémitisme n’avait pas fait l’objet d’une réprobation aussi universelle. On ne voit pas comment le pouvoir de Macky Sall pourrait ne pas en tenir compte. Reboulonner Faidherbe par peur de fâcher Paris serait, dans le contexte actuel, un aveu si spectaculaire de larbinisme que personne n’en croirait ses yeux. Cela ferait assurément rire toute la planète à nos dépens, surtout au moment où les Français eux-mêmes commencent à en avoir assez du personnage. Et les autorités de notre pays ne pourront pas non plus se tirer d’embarras en escamotant la statue pour ensuite faire comme si elle n’a jamais existé. Malheureusement pour elles, tant que la place ne sera pas débaptisée, le problème – leur problème - restera entier.
L’histoire est d’ailleurs en train de s’accélérer et certains signes ne trompent pas : il est surtout question désormais de savoir par qui remplacer Faidherbe. Deux personnalités politiques de premier plan, Mary Teuw Niane, ancien ministre de l’Enseignement supérieur et Aminata Touré, ex-Premier ministre et actuelle présidente du Conseil Économique, Social et Environnemental, ont clairement pris position contre cet insultant vestige de l’époque coloniale. Un autre ancien ministre, de l’Education nationale cette fois-ci, le Professeur Iba Der Thiam, avait ouvert la voie en 1984, en donnant au lycée Faidherbe le nom de Cheikh Omar Foutiyou Tall. Soit dit au passage, c’est aussi grâce à Iba Der Thiam qu’à Kaolack, la même année, le lycée Gaston Berger – comme on se retrouve ! – est devenu Valdiodio Ndiaye. Le célèbre pont de Saint-Louis et une grande avenue dakaroise attendent leur tour d’être renommés. Tout cela peut donner l’impression d’un acharnement contre cet administrateur colonial. Il n’en est rien. Des toubabs comme lui, le Sénégal en a vu passer beaucoup mais aucun d’eux ne reste aussi envahissant tant d’années après sa mort. Ceux qui le défendent, d’ailleurs non sans gêne, on l’a bien remarqué, devraient s’interroger sur l’hyper-célébration d’un tel individu. Sembène avait bien raison d’apostropher en termes assez rudes le président de l’époque : ‘’ Notre pays n’a-t-il pas donné des femmes et des hommes qui méritent l’honneur d’occuper les frontons de nos lycées, collèges, théâtres, universités, rues et avenues ?’’ C’est une excellente question. Même si la réponse semble couler de source, il faut aussi se demander, en toute honnêteté, pourquoi presque un demi-siècle plus tard, elle reste d’actualité.
S’il est une leçon à retenir de l’histoire des relations entre les nations, c’est qu’un peuple conquis ne guérit jamais tout à fait des blessures de la défaite. En somme, il n’y a rien de nouveau sous le soleil et les Africains ne sont pas les seuls à qui la petite Europe a imposé au cours des siècles sa volonté de puissance. Partout l’Europe a d’abord détruit des royaumes par le fer et par le feu avant de s’ingénier à pétrir longuement, lentement, presque avec tendresse, tel un potier sa glaise, la cervelle des élites. D’avoir ainsi fragilisés les humains et leurs Dieux lui a permis de bouleverser à son avantage la production économique et les rapports sociaux.
Dans l’histoire du Sénégal, il existe un véritable cas d’école de ce processus de fabrication du fantoche par le maître venu de l’autre bout du monde. Je fais allusion ici à la tentative - heureusement avortée - de Faidherbe de faire de Sidiya Diop, prince héritier du Walo, un Brack blanc à la peau noire. L’histoire, pourtant avérée mis à part certains points de détail, est difficile à croire. Il est encore plus incroyable que si peu de Sénégalais la connaissent.
Destiné à régner sur le Walo, Sidiya Diop était le fils de la Reine Ndaté Yalla Mbodj, dont notre peuple chérit tant la mémoire. Aminata Touré a d’ailleurs récemment proposé que la place Faidherbe porte désormais son nom. Sidiya avait à peine dix ans quand il fut envoyé de force à l’Ecole des Otages de Saint-Louis. Frappé par sa vivacité d’esprit et sa précocité, Faidherbe entreprit, avec sa détermination habituelle, de faire du futur souverain un étranger parmi ses sujets, un être humain totalement différent de celui qu’il était à sa naissance. Si on l’appelle encore aujourd’hui Sidiya Léon Diop, c’est parce que Faidherbe avait ajouté son propre prénom à celui de l’adolescent lors de son baptême chrétien. C’était, littéralement, une entreprise de dévoration de l’âme du jeune homme. À l’école française, Sidiya Léon Diop se montre si brillant que Faidherbe n’hésite pas à l’inscrire au ‘’Lycée Impérial’’ d’Alger. Mais la ville ne plaît pas à Sidiya et au bout de deux ans son puissant protecteur le fait revenir à Saint-Louis où il complète sa formation dans un établissement tenu par des religieux. Bien né, bon catholique, d’une intelligence supérieure, chouchouté par les colons et, dit-on, féru de stratégie militaire, Sidiya Léon Diop avait tout lieu d’être content de son sort. Croquant la vie à belles dents, il était tout à fait à l’aise dans les costumes, les manières, la nourriture et la langue des toubabs. Inutile de préciser que, formaté pour mépriser les siens, il ne s’en priva pas.
Il en fut ainsi jusqu’au jour où, lors d’un rassemblement public à Mbilor, le griot Madiartel Ngoné Mbaye refusa de chanter, comme il se devait, les louanges de Sidiya Léon Diop. Lorsque ce dernier voulut savoir pourquoi il se comportait ainsi, le griot lui répondit ceci : “Sidiya, je ne peux plus te chanter car je ne te reconnais plus, tu n’es pas habillé comme nous, tu n’agis pas comme nous et personne au Walo ne comprend les mots qui sortent de ta bouche !’’ Sans doute le Prince héritier du Walo se sentait-il déjà mal dans sa peau, car il reconnut sur-le-champ s’être fourvoyé et entama sa seconde métamorphose allant, dit-on, jusqu’à ne plus proférer un seul mot de français. Il renoua aussi avec la religion de ses ancêtres, se débarrassa du ‘’’Léon’’ dont son mentor l’avait affublé et redevint Sidiya Ndaté Yalla Diop.
Pour Faidherbe qui s’était senti poignardé dans le dos, le revirement de son ‘’fils’’ valait déclaration de guerre. Et celle-ci eut lieu mais plus tard. Sidiya Ndaté Yalla finit par prendre les armes contre les successeurs de Faidherbe et leur imposa par ses succès militaires d’importantes concessions. Fait prisonnier à Bangoye, exilé dans la forêt de Nengue-Nengue au Gabon, Sidiya y devint si populaire parmi les colons de l’époque que ceux-ci décidèrent de le faire rentrer au Sénégal à l’insu de l’administration française. Lorsque le Colonel Brière de Lisle apprit que le bateau le transportant avait accosté au port de Dakar, il monta à bord et lui fit savoir qu’il serait abattu à la seconde même où il en sortirait. Le même bateau le ramena au Gabon. Sidiya Ndaté Yalla Diop, qui n’avait pas encore trente ans, réalisa alors qu’il ne reverrait plus jamais sa terre natale. Une nuit de juin 1878, il se tira une balle en plein cœur.
Il est facile de comprendre à partir de ces faits historiques pourquoi Sidiya Ndaté Yalla Diop aurait dû être au centre de l’actuelle controverse. En raison même de sa relation personnelle avec Faidherbe, tout ce qui se dit et s’écrit en ce moment évoque, en creux, le destin tragique et singulier de Sidiya. Or, tout se passe depuis un siècle et demi comme s’il n’a jamais été de ce monde. Il se pourrait que sa mémoire se perpétue d’une façon ou d’une autre au Walo mais ce serait bien l’exception. Sa volte-face de Mbilor n’était pourtant pas anodine car on peut penser, avec le recul, qu’elle a modifié en profondeur le cours de notre histoire politique. Tout porte en effet à croire que Faidherbe le préparait à la magistrature suprême, comme on dit aujourd’hui. Sous-lieutenant de l’armée française à seulement vingt ans et doué pour l’art de la guerre, il aurait pu devenir le premier Général ou même le premier Gouverneur noir de l’Empire colonial français. S’il en avait été ainsi, il serait aujourd’hui la référence absolue de notre pays toujours si prompt à se pâmer devant tout compatriote ayant réussi à être ‘’le-premier-quelque-chose-noir.” Qu’il s’agisse de Blaise Diagne, de Léopold Sédar Senghor ou de Lamine Guèye, les exemples ne manquent pas chez nous de grosses carrières politiques bâties sur ce genre de malentendu. En tout état de cause, il est quasi certain que si Faidherbe était arrivé à ses fins avec Sidiya, le Sénégal aurait à l’heure actuelle un visage bien différent. Et probablement pas pour le meilleur…
Débarrasser nos artères des noms de Jules Ferry, Pompidou, Charles de Gaulle et autres Béranger-Ferraud est certes une œuvre de salubrité publique. Pourtant la présente querelle – une affaire sérieuse, s’il en est – va bien au-delà de quelques boulevards et monuments. Elle nous installe au cœur de formidables enjeux historiques car il y est surtout question de la finalité de notre présence sur terre. Il n’est dès lors pas étonnant que la connexion se soit faite si aisément entre le mot d’ordre Faidherbe doit tomber et le slogan Black Lives Matter. C’est le prisme au travers duquel il faut analyser le choix existentiel de Sidiya Ndaté. En plus de nous avoir donné à lire, concrètement, dans sa trop brève vie tout notre rapport à l’occupation étrangère, il fut ce qu’on pourrait appeler un résistant stratégique. Son combat anti-colonialiste ne fut jamais inscrit dans le court terme ni rythmé par des alliances et revirements eux-mêmes dictés par le rapport de forces sur le terrain. Sa propre mésaventure lui avait fait prendre conscience qu’au-delà de la trivialité des jeux de pouvoir, l’occupant vise à détruire chez les peuples conquis ce qui en fait des humains, leur imaginaire et leur sens moral. Jusqu’à sa capture, il essaya de persuader ses homologues de l’impératif d’une grande coalition contre l’occupation étrangère. Sans succès, on l’a vu.
Ce grand homme mérite que l’Etat sénégalais mette tout en œuvre pour que ses restes soient rapatriés du Gabon. Des élus de Dagana ont paru s’y activer il y a quelques années mais cela ne semble plus être à l’ordre du jour. Sékou Touré avait bien réussi en son temps à se faire restituer par Libreville la dépouille mortelle de l’Amamy Samory Touré. Pour notre pays, c’est le moment ou jamais de marcher sur ses traces. Ce serait un sacré clin d’œil à l’histoire si la chute de Louis-Léon César Faidherbe devait se traduire par le triomphal retour d’exil de Sidiya Ndaté Yalla Diop.
Il y a 22 ans disparaissait l’un des plus brillants artistes de l’Afrique contemporaine, l’éclectique Djibril Diop Mambéty. Sa lumière, toujours écarlate nimbe l’horizon artistique de ses effluves. Hommage au kid de Colobane.
Il y a 22 ans disparaissait l’un des plus brillants artistes de l’Afrique contemporaine, l’éclectique Djibril Diop Mambéty. Sa lumière, toujours écarlate nimbe l’horizon artistique de ses effluves. Hommage au kid de Colobane.
«La mort anéantit la chair, mais pas les bonnes œuvres», chantent les griots, ces conteurs, «historiens» et troubadours bien de chez nous. Sans conteste, Djibril Diop Mambéty est de la race des plus illustres, ceux sur qui les vertus corrosives du temps n’ont point d’effets, si ce n’est qu’en vieillissant il bonifie le génie créatif, amplifie l’aura, encense la geste et adoucit les contours sans en alterner la substance. Mambéty, c’était l’artiste alpha ! Dans un article aux allures d’éloge funèbre, son ami, le réalisateur congolais Balufu Bakupa Kanyinka, concluait : «Djibril Diop Mambéty est une œuvre. Une œuvre universelle et immortelle.»
A sa suite, je me permettrai bien d’ajouter ceci : la figure de Mambéty est celle d’un démiurge «atemporel». Et de ce point de vue, il ne peut mourir et ne mourra jamais. Il est, à tout jamais, au panthéon, «dans l’ombre qui s’éclaire», pour reprendre aux mots un autre célèbre Ndiobène (le clan des Diop), le poète-vétérinaire Birago Diop. Autodidacte précoce, rien ou presque de son environnement familial ne prédestinait le jeune Djibril à une carrière aussi fulgurante, d’abord comme comédien, ensuite metteur en scène et enfin réalisateur. Le 23 février 1945 à Colobane, dans une famille pieuse, au père imam, avec l’islam comme référence primaire et ultime, naît un jeune garçon. Il portera le prénom de Djibril en hommage à l’archange qui transmit le message divin au prophète de l’islam Mohamed. Sa détermination, son goût du risque, sa volonté de sortir de l’ornière cinématographique auront eu raison de tout, même du cadre puritain et aseptisé de sa naissance. C’est derrière la caméra qu’il écrira les plus belles pages de l’histoire du septième art africain, en héraut débonnaire des plus démunis d’une société qu’il peignit souvent au vitriol, mais toujours avec style.
Le visuel par le biais du son
C’est dans le Colobane des années 50 que l’appétit de Mambéty pour le cinéma va s’aiguiser par le biais du son. Pour Mambéty, au commencement fut le son, la musique. Quoi de plus normal ! Verlaine ne voyait-il pas dans la musique l’âme de l’art poétique ? Qui mieux que lui pour raconter l’instant fondateur qui scellera pour toujours son attachement au cinéma. «J’ai grandi dans un lieu nommé Colobane, où il y avait un cinéma en plein air, appelé l’Abc. Nous étions très jeunes - 8 ans - et n’avions pas la permission de sortir le soir, parce que le quartier était dangereux. Malgré cela, nous nous sauvions de chez nous et allions au cinéma. Comme nous n’avions pas l’argent d’un billet, nous écoutions les films de l’extérieur. C’était la plupart du temps des westerns et des films hindous. Mes films préférés étaient les westerns. Peut-être est-ce pour cela que j’attache tant d’importance au son dans mes films, puisque j’ai écouté les films pendant de nombreuses années, avant de les voir», confiait-il, en 1995, à la programmatrice guyanaise June Givanni. Il n’est, dès lors, pas étonnant de retrouver dans ses différentes productions ce goût prononcé pour la musique, explorant rythmes traditionnels et modernes. Fine oreille, il fera intervenir dans la conception de ses bandes originales des compositeurs de talent, souvent méconnus d’un large public : le maître de la kora, Djimo Kouyaté (1946-2004) dans Contras’city, dans Badou boy, on retrouve le réputé koriste sénégambien, Lalo Kéba Dramé, à qui il offrit une magnifique opportunité de se sublimer, le saxophoniste Issa Cissoko, disparu en mars 2019, intervient dans Le franc alors que l’expertise de son frère Aziz «Wasis» Diop est mobilisée sur la b.o de La petite vendeuse de Soleil.
Engagé et iconoclaste
Diop Mambéty n’eut de cesse de mettre son art au service de son Peuple pour qui il fut un cinéaste engagé voire par moments écorché et enragé. Souvent loué pour ses qualités hors pairs de technicien et un maître absolu de l’esthétique, Djibi, c’était beaucoup plus que ça. Pour lui en effet, le devoir de l’artiste «est d’agression». Et il agressa, au sens le plus poétique que l’on puisse trouver au terme ! Son passage en prison pendant quelque 5 semaines, à Rome, arrêté pour avoir pris part à une manifestation de la gauche italienne contre le racisme, prouve à quel point l’homme était prêt, au péril de son intégrité physique, psychologique et peut-être de sa carrière, à aller au bout de ses idées, de sa logique humaniste. Son engagement était cependant singulier. Singulier en ce qu’il se dressait tant contre les iniquités sociales de l’Afrique postcoloniale - la satire sociale dans Les hyènes en est une illustration - que vis-à-vis des sacro-saints codes admis au sein de la communauté des cinéastes africains de l’époque. Djibril Diop Mambéty passait pour un incompris au style détonnant certes, mais parfois déroutant et trop expérimental pour un cinéma africain où le réalisme social voire le naturalisme au sens de Emile Zola avait fini d’imposer ses marques. La déconvenue de son premier long métrage, Touki bouki, dans les salles dakaroises, malgré un retentissant succès international (Prix de la critique à Cannes et Prix spécial du jury à Moscou en 1973), montre la fracture pouvant exister entre le cinéaste usant à souhait de sa licence et le public local. Lui avait, en tout cas, compris tout le sens du «castigat ridendo mores» et l’indispensable complémentarité de l’esthétique et de l’engagement. Il a distillé à merveille humour, esthétique et révolte sociale dans ses réalisations, sans que l’un des aspects ne prenne le dessus sur l’autre, tout en équilibre ...comme un funambule. Sa fascination de Yaadikone, personnage controversé, héros pour les uns et vil brigand pour les autres, est l’expression aboutie de son engagement, son attachement indéfectible à la justice sociale. Celle-ci transparaît dans toute son œuvre. Dans Le franc, il fait ainsi dire à son personnage principal Marigo, interprété par Madièye Massamba Dièye : «Lui, c’est Yaadikoone Ndiaye. Notre Robin des Bois à nous. Le protecteur des enfants et des plus faibles.»
Que reste-t-il de l’œuvre de Mambéty ?
L’œuvre de Mambéty reste entière, intacte et d’une actualité déconcertante. Dans son sillage, des cinéastes de talent sont venus s’incruster. Alain Gomis, Etalon d’or 2013 au Fespaco avec Aujourd’hui, qui lui vouait une grande admiration, est l’un d’eux. Pablo Picasso aurait un jour dit : «Les bons artistes copient, alors que les artistes géniaux volent.» Dans cet exercice, c’est Mati Diop, fille de Wasis Diop et nièce de Mambéty qui semble posséder toutes les qualités de la cinéaste géniale.
La jeune réalisatrice d’Atlantique, Grand prix du jury de Cannes 2019 succédant à BlacKkKlansman d’un certain Spike Lee, rendra ce qui s’apparente bien à un hommage à Mambéty en réalisant en 2013 le film documentaire Mille soleils qui peut se lire comme une continuité de Touki bouki dont il reprend la trame, en mêlant l’histoire personnelle des acteurs du film à l’itinéraire de ses personnages fictifs. Ces dernières années, les restaurations de ses deux seuls longs métrages Touki bouki et Hyènes, sur des initiatives exogènes, témoignent de l’attrait croissant pour son travail. La World cinema foundation de Martin Scorsese se chargea de réhabiliter Touki bouki en 2008.
Le réalisateur multirécompensé, auteur des Affranchis et de Taxi driver, pour ne citer qu’eux, qualifiera le film de «poésie cinématographique conçue avec une énergie brute et sauvage», excusez du peu ! Touki bouki sera d’ailleurs désigné meilleur film africain de tous les temps au Festival de Cinéma africain de Tarifa/Tanger en Espagne. Hyènes fut quant à lui remis au goût du jour et des standards en vigueur, à l’initiative du producteur du film, le français Pierre-Alain Meier, dans les laboratoires Eclair, à Vanves, en France.
Mais l’influence de Mambéty s’étend au-delà du cadre cinématographique. Et c’est peu de le dire ! Le clin d’œil du couple royal du hip-hop/RnB Jay-Z et Beyoncé à une séquence culte de Touki bouki comme support visuel de leur seconde tournée mondiale commune en 2018 : On the run II, reste la preuve la plus tangible que la source Mambéty est loin, très loin de tarir. Djibril Diop Mambéty ne fut pas l’homme d’une génération. Il a su, dans un extraordinaire effort artistique, développer des chefs d’œuvres holistiques. En luttant contre le prosaïsme de ses prédécesseurs, comme l’attestent les travaux de Anny Wynchank, Mambéty a démontré que tous les arts provenaient d’une commune matrice. A défaut d’être honoré par les autorités de son pays, Djibril Diop Mambéty suscite toujours, plus de deux décennies après son départ, respect à ses compatriotes ; ce qui en dit long aussi bien sur son apport intrinsèque au renouveau de la cinématographie que sur son engagement au service du changement social. Parlons des autorités administratives et politiques !
L’occasion ne leur est-elle pas offerte, en ces moments de revendications nationalistes en faveur de la réhabilitation des figures locales ou de déboulonnage des vestiges du passé colonial, de faire œuvre de salut public en baptisant une place du nom de Djibril Diop Mambéty ? Pourquoi pas dans son Colobane natal ou à Ngor où il vécut ? Ce ne serait que justice. Il mériterait bien plus : la cinémathèque nationale, par exemple. Mais devant des aînés de la stature surplombante de Paulin Soumanou Vieyra et de Ousmane Sembene, cela paraît pour le moins improbable. Pour ma part et pour l’ensemble de son œuvre, je m’incline : Gacce ngalama Joob !
Bandiougou KONATE
Laboratoire institutions, gouvernance démocratique et politiques publiques
Université Cheikh Anta Diop de Dakar
Email :viyekonate@gmail.com
Bravo Diop