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18 juillet 2025
LE COVID-19 FAIT UN NOUVEAU MORT
Le ministère de la Santé a signalé ce lundi un nouveau cas de décès lié coronavirus, portant à 27 le nombre de personnes ayant succombé à la maladie depuis son apparition au Sénégal, le 2 mars
Le ministère de la Santé a signalé ce lundi un nouveau cas de décès lié au Covid-19, portant à 27 le nombre de personnes ayant succombé à la maladie depuis son apparition au Sénégal, le 2 mars.
‘’Le Sénégal vient d’enregistrer son 27e cas de décès lié au Covid-19. Il s’agit d’une femme de 65 ans. Elle est décédée ce lundi à 10h 30 à l’hôpital Principal de Dakar’’, indique le ministère dans un communiqué.
Le Sénégal a enregistré son premier décès lié au nouveau coronavirus le 31 mars, en la personne de Pape Diouf, ancien président de l’Olympique de Marseille.
A la date du 18 mai 2020, le pays a officiellement dénombré 2544 cas de coronavirus dont 1076 guérisons, 27 décès et une évacuation d’un patient à son pays d’origine, selon les autorités sanitaires.
par Mohamed M. Ould Mohamed Salah
CE QUE LA CRISE NOUS DIT DES PARADOXES DU MONDE GLOBALISÉ
Comment en est-on venu à la situation où il va falloir injecter des milliers de milliards de dollars pour espérer juguler une crise que l’on aurait pu mieux traiter, si l’on avait pas coupé dans les crédits affectés à la santé ?
Apanews |
Mohamed Mahmoud Ould Mohamed Salah |
Publication 18/05/2020
Des prescriptions sur les « gestes barrières » (lavage régulier des mains, distanciation sociale…) au confinement partiel assorti d’un couvre-feu, nous vivons au rythme des contraintes de la « guerre » imposée par un ennemi invisible, sournois, envahissant, qui tue, massivement, tout en s’insinuant dans la vie de ceux que le jeu de la roulette russe dans lequel il excelle, aura épargnés.
Plus de trois mois après sa première apparition dans la ville de Wuhan, en République Populaire de Chine, ce capricieux virus n’a pas encore livré tous ses mystères. Et personne ne peut dire quand et dans quel état le monde sortira de la crise multidimensionnelle qu’il a provoquée.
Pour nous autres Africains, l’incertitude est d’autant plus grande que l’OMS vient d’avertir que le pire est devant nous, ajoutant à l’angoisse délétère que nourrit un climat de fin imminente du monde.
Dans ce contexte propice à la résurgence de prédictions eschatologiques, que peut-on faire de mieux que prier et respecter les consignes commandant de ne pas s’exposer et de ne pas exposer autrui au danger ? Observer les prescriptions des autorités sanitaires devient pour chacun l'unique moyen de compenser son impuissance individuelle et de participer à la lutte contre la propagation du virus dans un pays où la guerre contre le Mal ne peut être gagnée que par la prévention, le système sanitaire étant dans l’incapacité de faire face à une explosion du nombre de cas nécessitant une prise en charge hospitalière. Civisme minimal et réalisme vont ici de pair.
‘’Risque mondialisé’’ avéré
Comme partout, ailleurs, nous sommes en guerre et, comme partout, on ne peut d’abord compter que sur nous-mêmes car l’une des leçons paradoxales de cette crise est qu’en dépit du caractère global du Mal, les réponses apportées ont été et sont restées, en particulier sur le terrain sanitaire, des réponses nationales, dépendantes par conséquent de l’état du système sanitaire de chaque pays, de la qualité et de l’engagement de son personnel soignant, du sens des responsabilités et du civisme de ses concitoyens, de la résilience individuelle et collective de ses populations et de l’organisation et de l’efficacité de son système de gouvernement.
Bref, c’est toujours, en premier lieu, l’Etat-Nation qui est sommé de trouver la riposte appropriée à une crise, quelles qu’en soient l’origine et l’ampleur, dès lors qu’elle frappe les personnes se trouvant sur son territoire.
Mais où sont donc passés la mondialisation et la myriade d’organisations, d’institutions, d’acteurs et de règles qui en ont assuré la promotion et la diffusion ? Pourquoi, face à un « Risque mondialisé », avéré, ne peut-on encore concevoir une réponse globalisée, immédiate ? D’autres interrogations surgissent dans le sillage de ce premier questionnement. Pourquoi les enjeux sanitaires, si essentiels dans la mesure où ils touchent directement à la vie des personnes, n’ont-ils pas été suffisamment pris en compte en temps de paix, y compris dans les pays surdéveloppés ? Comment en est-on venu à la situation où il va falloir injecter des milliers de milliards de dollars – le G20 s’est engagé à injecter 5000 milliards de dollars. Les USA viennent d’adopter un plan de relance économique de 2000 milliards de dollars – pour espérer juguler ou tout simplement atténuer une crise que l’on aurait pu prévenir et que l’on aurait pu mieux traiter, si l’on avait pas coupé dans les crédits affectés à la santé (recherche scientifique, industrie de la santé, personnel hospitalier…) ? Pourquoi dans de grands pays, on peut encore avoir des pénuries de masques, de respirateurs et même de matériels pour effectuer des tests ? Est-ce parce qu’on a suivi de manière rigide et donc bête les préceptes de la doctrine économique dominante proscrivant les déficits budgétaires et imposant à l’Etat de s’en tenir à un rôle de garant des grands équilibres ?
N’a-t-on pas délégué au Marché plus qu’il ne faut, en le laissant envahir des secteurs de l’activité sociale qui ne doivent pas être soumis aux seuls critères de la rationalité marchande, notamment l’éducation, la santé et l’environnement ? Mais surtout, comment repartir sur de nouvelles bases, en tirant de cette pandémie les bonnes leçons ?
Comment en finir avec la schizophrénie qui consiste à proclamer, un peu partout, l’adhésion aux objectifs du développement durable – lequel suppose que la dimension économique soit articulée à la dimension sociale et à la dimension environnementale, et que la satisfaction des besoins des générations actuelles soit compatible avec les droits des générations futures – tout en adoptant, en fait, un modèle de développement dans lequel l’économie marchande et la finance surdéterminent le reste des activités sociales ?
Il n’est pas sûr que ces questions s’imposent en filigrane des débats qui vont dominer la sortie de crise, tant la pression du court terme est forte. Un élément peut cependant jouer favorablement en ce sens, c’est le caractère global de la pandémie.
L’enfant de la mondialisation
Le Covid-19 est à l’origine de la première crise sanitaire globale, dans tous les sens du terme. C’est un enfant de la mondialisation. Il est apparu pour la première fois dans le pays qui a engagé, dans un délai record à l’échelle de l’histoire, la transformation la plus profonde et la plus compréhensive qu’un pays puisse faire pour assurer son décollage économique et devenir, en moins de trois décennies, un pôle majeur de la mondialisation. Au confluent de ce qu’on appelle, aujourd’hui, les chaînes de valeur – expression qui désigne la fragmentation à l’échelle mondiale du processus de fabrication d’un produit, les divers composants de ce produit étant fabriqués par des entités différentes d’un groupe transnational, disséminées dans des pays distincts – la Chine est un acteur central de la globalisation qui, par le jeu des interdépendances entretenues par la nouvelle organisation des firmes transnationales, devient, en même temps, un élément de l’économie de la quasi-totalité des Etats qui comptent.
Frapper l’économie chinoise, c’est frapper l’économie de la plupart des Etats, ce qui explique que les premières inquiétudes des pays non encore touchés par le virus étaient essentiellement d’ordre économique et non sanitaire.
Mais pour assouvir son ambition globale, le Covid-19 se devait d’aller à l’assaut du reste du monde. Il l’a fait en utilisant l’un des vecteurs les plus communs de la mondialisation : voyageant à la vitesse supersonique des avions, il s’est propagé au reste du monde, en commençant par les grands centres de la globalisation.
En début mars, l’OMS annonçait que l’Europe est devenue le nouvel épicentre de la pandémie. Elle l’est toujours en nombre de décès enregistrés. Mais en termes de nombre de personnes infectées, ce sont désormais les Etats-Unis qui ravissent la première place. De fait, aucun continent n’est épargné. L’infection touche aujourd’hui 180 pays. Le Covid-19 remporte ainsi la première manche de son combat pour l'universalité, à savoir, la planétarisation de la crise sanitaire.
Mais cette crise est vite devenue globale, à un autre point de vue. Elle touche désormais à tous les aspects de la vie sociale et, d’abord, au moteur de celle-ci dans les sociétés modernes, à savoir, l’économie. Cela tient moins à l’accroissement des dépenses sanitaires qu’aux conséquences des mesures restrictives qui ralentissent, voire paralysent, l’activité économique, appelant potentiellement des failles en cascade dans la quasi-totalité des secteurs économiques.
La force du « choc » est telle que les principaux acteurs de la mondialisation poussent les Etats à intervenir massivement pour aider les secteurs, les entreprises et les salariés fragilisés et éviter le chaos économique et social qui se profile. L’Union Européenne autorise un allègement des contraintes budgétaires et un assouplissement des règles sur les aides d’Etat, déclenchant le recours à la clause de « circonstances exceptionnelles », se disant même prête à activer la « clause de crise générale » qui permet la suspension du Pacte de stabilité. Les Etats se mettent, chacun, en ordre de marche, pour protéger leur économie et leur population et organiser à leur échelon, la gestion de l’urgence sanitaire devenue économique et sociale. En France, le gouvernement obtient une loi d’habilitation qui lui permet d’adopter 25 ordonnances dans un seul Conseil des ministres. C’est moins le retour à Colbert qu’au droit économique de l’après-guerre et notamment aux fameuses ordonnances de 1945 qui ont servi de base juridique au dirigisme économique jusqu'à leur abrogation, en 1986. Les Etats-Unis adoptent à leur tour un gigantesque Plan de relance économique dont certains éléments renouent avec l’esprit du New Deal de Roosevelt. Le Président Trump va même jusqu’à exhumer le « Defense Production Act », promulgué lors de la guerre de Corée, pour obliger General Motors à fabriquer d’ici un mois cent mille respirateurs.
Cela ne suffit pas à cependant à revigorer durablement les marchés financiers qui donnent la température de l’économie, parce qu’ils savent que tant que la réponse n’est pas globale, la crise ne pourra pas être jugulée.
Traitement médiatique quasi uniformisé
Certes, l’intervention du G20 a été bien accueillie par les diverses places boursières. Mais soufflant le chaud et le froid, celles-ci ont de nouveau été échaudées par l’absence d’accord entre les pays de l’Union Européenne lors du mini-sommet du 27 mars. A vrai dire, compte-tenu de l’interdépendance entre la crise sanitaire et la crise économique, l’issue de la récession économique va également dépendre de la capacité du monde à juguler la pandémie.
Enfin, la crise du Covid-19 est aussi une crise globale, du point de vue de la communication qui s'y rapporte. Elle est l’objet d’un traitement médiatique quasi uniformisé qui en fait le sujet exclusif d’une actualité qui pénètre dans l’intimité de chaque foyer. On y suit tous l’irrésistible extension géographique du confinement, la progression géométrique de l’infection, pays par pays, l’accroissement vertigineux du nombre de personnes décédées, mais aussi les controverses sur la chloroquine et l’arrière-plan, pas toujours rassurant, des polémiques entre savants qu’elle dévoile, ou encore le déficit criant de solidarité entre Etats, y compris au sein d'ensembles régionaux bien intégrés, comme l’Union Européenne, l’Italie ne trouvant aide et assistance que du côté de la Chine ou de Cuba !
Nous sommes informés de manière instantanée et simultanée de l’évolution de cette crise. Et cette globalisation de l’information contrastant avec la fermeture des frontières étatiques et le confinement des populations favorise l’émergence d’une prise de conscience planétaire des périls communs et des enjeux globaux.
On peut raisonnablement espérer que cela ne sera pas sans conséquence sur la redéfinition des règles du jeu au sortir de la crise. Pour certains, celles-ci seraient d’ailleurs déjà écrites. L’ordre mondial qui sortirait de la crise actuelle n’aurait rien à voir avec son prédécesseur. Il scellerait la fin de la mondialisation dont la pandémie du Covid-19 aurait révélé toutes les tares. C’est, me semble-t-il, aller vite en besogne.
Pour savoir quelles règles émergeront de l’après-crise, il faut, d’abord, déterminer quels sont les acteurs qui vont écrire ces règles. On a, à cet égard, comparé la pandémie du Covid-19 à une guerre, en raison de la violence de ses conséquences humaines, économiques et sociales. Et lorsqu’une guerre s’achève, ce sont les vainqueurs qui écrivent les règles transcrivant le nouveau rapport de force. Pour nous en tenir à l’exemple de la seconde guerre mondiale, l’ordre économique international qui en est sorti avait été conçu par les Etats-Unis et leurs alliés anglais, quelques années avant la fin du conflit. Ils avaient alors projeté de mettre en place, une fois le conflit terminé, une organisation des relations économiques internationales avec une triple composante, financière, monétaire et commerciale, inspirée de leurs conceptions libérales.
Les deux premières composantes de cette organisation ont vu le jour, un certain 22 juillet 1944, dans une bourgade du New Hampshire, lorsque, après trois semaines de négociations, les délégations d’une quarantaine de pays signèrent les fameux accords instituant le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD). Quant à la troisième, si elle n’a pas été immédiatement au rendez-vous, un ersatz permettant de jeter les bases d’une libéralisation progressive des échanges commerciaux fut trouvé à travers le GATT de 1948 avant que l’OMC, organisation dont l’universalité a été renforcée par l’adhésion de la Chine et de la Russie, ne prenne le relais, en 1995.
Ce sont ces trois organisations, FMI, BIRD, OMC (successeur du GATT), inspirées des idées des vainqueurs de la seconde guerre mondiale et ensuite de la guerre froide (pour l'OMC), qui ont favorisé l’essor et l’extension de la mondialisation économique et la montée des interdépendances. Mais si, au terme d’une guerre interétatique, les vainqueurs comme les vaincus sont facilement identifiables, dans la « guerre contre le coronavirus », les choses sont plus compliquées d’où les limites de la métaphore martiale appliquée à cette pandémie. Tous les Etats risquent d’en sortir affaiblis, ne serait-ce qu’en raison de l’endettement public massif qui en résultera. Certains pensent que la Chine sera mieux lotie car elle serait d’ores et déjà arrivée à stopper la propagation du virus sur son territoire et à reprendre progressivement ses activités et ajoutent que cela favoriserait une remise en cause de la mondialisation. Cette analyse procède cependant d’une erreur d’appréciation sur le positionnement de la Chine par rapport à la mondialisation.
Le ‘’modèle’’ chinois
Lors du Sommet de Davos de 2018, c’est la Chine qui s’est faite le chantre de la mondialisation car c’est elle qui en tire le plus avantage. Elle est pour l’OMC dont elle soutient à fond le Mécanisme de Règlement des différends.
Après s’être illustrée, pendant une certaine période, « dans la contrefaçon », elle a aujourd’hui un intérêt objectif à défendre bec et ongles l’Accord sur la propriété intellectuelle puisqu’elle est devenue le pays dont les entreprises déposent le plus de demandes de brevets. Elle a par ailleurs renforcé sa présence dans les principales instances de gouvernance de la mondialisation (FMI, G20…) et créé, elle-même, ou favorisé la création de nouvelles instances (les « BRICS », regroupant les principaux pays émergents ; la Banque Asiatique pour les infrastructures, créée en 2014, dont la Chine est le premier actionnaire ; la Nouvelle Banque de développement ou Banque des BRICS...) dans le but d’influencer le cours de la mondialisation afin d’y peser plus mais non pour bouleverser le système mondial.
Le chemin emprunté par la République Populaire de Chine depuis la politique d’ouverture initiée par Deng Xiaoping, à partir de 1978, a deux balises : le libéralisme économique et le centralisme démocratique, Adam Smith et Karl Marx, réunis dans un attelage baroque d’une redoutable efficacité que résume bien le slogan : « l’économie socialiste de marché ». Il s’agit d’une voie originale, produit de la rencontre entre l’extraordinaire capacité d’adaptation du système capitaliste et l’instinct de survie d’un Parti Communiste qui, assurément, sait négocier les compromis nécessaires à sa pérennité.
Mais la sagesse de la Chine a été jusqu'ici de ne pas ériger cette expérience inédite qui l’a propulsée dans la cour des pays leaders de la mondialisation en modèle à exporter ou a fortiori à « imposer ».
La Chine s’en tient à la conception classique du droit international qui fonde ce droit uniquement sur le principe de souveraineté de l'Etat et ses corollaires, la liberté pour chaque Etat de choisir son système politique, économique et social et la non-ingérence dans les affaires internes d’un Etat, insistant sur les valeurs de respect mutuel, de coexistence pacifique et repoussant les notions nouvelles promues par le droit international post-guerre froide, comme celle de droit à la démocratie, de devoir d’ingérence ou encore de la responsabilité de protéger.
En somme, oui à la mondialisation économique, non à la mondialisation juridico-politique qu’elle considère, à l’instar de la Fédération de Russie, qui est une alliée mobilisable sur ce terrain-là, un instrument au service de l’hégémonie occidentale. On voit mal en quoi la pandémie du coronavirus pourra affecter cette position stratégique de la Chine.
L’autre acteur, toujours puissant et – pour une décennie au moins, encore- dominant ce sont les Etats-Unis. Contrairement à ce que certaines déclarations du Président Trump ont pu laisser entendre, ce pays ne conteste pas la mondialisation dont il a été la principale locomotive au triple plan économique, juridique et politique. Il entend seulement renégocier les accords conclus avec certains partenaires commerciaux - Chine, Union Européenne, Mexique et Canada ainsi que l’Accord sur l’OMC, en particulier ses dispositions relatives au fonctionnement du Mécanisme de Règlement des différends accusé d'outrepasser ses attributions. On ne sait pas encore quels seront les effets à terme de la pandémie sur l’opinion publique américaine. Il est possible que si la crise se prolonge et que le nombre de décès grimpe de manière significative, la demande politique en faveur d’une protection sociale plus grande finisse par entraîner des modifications durables dans le système juridique et économique.
Le troisième acteur important, c’est l’Union Européenne. Jusqu’à présent, elle a été l’un des soutiens majeurs de la mondialisation.
Elle défend l’OMC même si elle considère que la Chine n’en respecte pas toutes les règles. Elle s’inquiète des fusions et acquisitions réalisées par les entreprises chinoises en Europe mais ne ferme pas son territoire à l’investissement étranger chinois. Elle vient de conclure un Accord commercial global avec le Canada qui permet l’ouverture des frontières économiques et l’intensification des échanges entre les Parties.
Une mondialisation plus humaine
Sa position sur la mondialisation pourrait cependant s’infléchir au sortir de la crise sanitaire inédite qui la frappe, aujourd’hui et dont l’une des conséquences prévisibles est l’accentuation du rejet des politiques libérales par les populations européennes. Cela devrait notamment se traduire par une importance plus grande accordée aux considérations sanitaires et environnementales, non seulement au plan national mais également au plan international où le libre-échange pliera chaque fois que cela s’impose, devant la protection de la santé ou celle de la biosphère.
Pour que cette évolution puisse se concrétiser de manière durable, il faudra probablement renégocier de nombreux accords internationaux, y compris ceux de l’OMC. On pourra alors donner aux mots leur véritable signification et parler de biens publics mondiaux et de mondialisation plus humaine, c’est-à-dire, aussi, plus… équitable. On rappellera à ce propos que le cycle des négociations de l’OMC, lancé, à Doha, deux mois après les attentats qui ont fait basculer les tours jumelles de Manhattan, portait précisément sur un programme de travail désignant « un agenda ambitieux pour une mondialisation équitable ». Parler d’équité, c’est évoquer les déséquilibres criants qui fracturent la société internationale, dont celui lié à la disparité des niveaux de développement.
Sur ce terrain, aussi, la pandémie du coronavirus risque d'entraîner des effets catastrophiques. Dans un continent, comme le nôtre qui, en dépit de la persistance de facteurs inquiétants, a pu renouer avec l’espoir, avec un taux de croissance régulier de l’ordre de 5% et des progrès relatifs mais réels en matière de démocratie, le Covid-19 s’apparente à une malédiction.
Pour conjurer le mauvais sort et éviter que l’Afrique ne sombre dans la régression économique, sociale et politique, il faudra des gestes forts de la Communauté internationale, à son endroit, dont le moindre devra être, comme le propose l’ancien Directeur Général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, une initiative comparable au programme « Pays pauvres très endettés de 2005 », conduisant à une annulation massive de la dette des pays les plus pauvres.
S’il y a une bonne leçon à tirer de cette crise qui n’aura épargné personne, c’est que, pour paraphraser Edgar Morin, l’interdépendance sans la solidarité n’a pas de sens.
Contrairement aux nombreuses réflexions qui circulent sur le net, rédigées sous le coup de la colère, par ailleurs parfaitement légitime, suscitée par les dysfonctionnements de la mondialisation, nous ne pensons pas cependant que celle-ci prendra fin avec l'actuelle pandémie. Le Covid-19 n'est pas un militant antimondialiste et la mondialisation ne se réduit pas à la trajectoire libérale qu'elle a empruntée jusqu'ici.
Le monde globalisé dans lequel nous vivons est né de la conjonction de facteurs économiques (la libre circulation des capitaux, des biens, des services et l’interdépendance qui en résulte entre firmes et Etats ou groupes d’Etats), technologiques (aux moyens de transport réduisant les distances se sont ajoutées les nouvelles technologies de l’information qui contractent à la fois l’espace et le temps) et géopolitiques (effondrement du bloc soviétique) qui interagissent, créant un système d’interdépendance généralisée qui survivra au Tsunami provoqué par le coronavirus.
Mais ce monde globalisé n’est pas, tant s’en faut, un monde homogène. Il a peu de boussoles communes et il est travaillé par des contradictions multiples et évolutives. Une victoire générale des partis populistes - de droite ou de gauche- dans l'un des grands centres de la globalisation, comme l'Inion Européenne, aurait des conséquences certaines sur la trajectoire de la mondialisation mais ne la supprimerait pas pour autant.
On terminera cette brève réflexion par une interrogation sur l’impact possible du Covid-19 sur l’une de ces contradictions du monde globalisé, popularisée, ces dernières décennies, par la formule du « conflit des civilisations ». Quoiqu’il soit difficile de faire, à ce propos, la part entre ce qui relève de l’idéologie pure voire de la manipulation politicienne et ce qui relève de la réalité et, quoique l’observation élémentaire montre que beaucoup de conflits récents, présentés comme une illustration du « clash of civilization » sont plus banalement des conflits territoriaux classiques ou des conflits économiques, on ne peut nier que la fin de l’affrontement Est-Ouest a favorisé l’essor et la multiplication des conflits identitaires dans lesquels les facteurs religieux, culturels et civilisationnels au sens large jouent un rôle important. En dépit de la trêve à laquelle elle incite (mais cette incitation vaut pour tous les types de conflits), la pandémie du coronavirus ne devrait pas changer grand-chose à cette situation sauf dans deux cas extrêmes. Le premier est celui d'une victoire des populismes de droite qui exacerberait alors le conflit. Le second - il n'est pas interdit de rêver - concerne le scénario optimiste d'une conversion des esprits au terme de cette redoutable épreuve aux idées d'égalité, de justice et de respect mutuel entre les peuples ouvrant la voie à un nouvel ordre international surmontant au moins provisoirement la contradiction. Le Covid-19 aurait ainsi et malgré lui une vertu pacificatrice. Mais ne serait-il pas irrationnel de placer les espoirs de changement dans les conséquences induites par l'irruption d'un virus serial killer ?
Mohamed Mahmoud Ould Mohamed Salah est Agrégé en droit privé et sciences criminelles (concours d’agrégation français, Paris, février 1989), Professeur à l’Université de Nouakchott (depuis 1989).
BAISSE DE LA FRÉQUENTATION DES CENTRES DE VACCINATION
C’est une conséquence du Covid-19 : au Sénégal certains parents ne veulent plus faire vacciner leurs enfants contre la rougeole, la tuberculose, etc. Elles expliquent vouloir refuser le test sur leurs enfants d’un supposé vaccin par des médecins européens
C’est une conséquence de la pandémie de Covid-19 : certains parents ne veulent plus faire vacciner leurs enfants contre la rougeole, la poliomyélite ou encore la tuberculose. Elles expliquent vouloir refuser le test sur leurs enfants d’un supposé vaccin contre le Covid-19 par des médecins européens. Un refus qui part d’une fausse information largement relayée sur les réseaux sociaux.
Chaque semaine, dans les environs de San Samba en Casamance dans le sud du pays, l’infirmier d’État Rémi Diedhiou part en tournée de vaccination. Ce jour-là, dans le village de Sonkocounda, deux familles refusent de faire vacciner leurs jeunes enfants : « Il y a eu des rumeurs au niveau des réseaux sociaux, où les gens ont dit : non, non, il ne faut pas vacciner les enfants. Parce que si on vaccine les enfants, le vaccin-là, n’est pas un bon vaccin. »
Le soignant doit à présent s’armer d’arguments pour convaincre les familles : « Je leur dis : vous me connaissez, chaque mois, je viens vacciner les enfants. Aujourd’hui, avec la pandémie, vous avez eu ces informations, mais vous devez me croire, parce que si ce n’était pas un bon vaccin, je ne peux pas être là. Dans les familles qui étaient réticentes, il y en a qui ont accepté, mais il y en a d’autres qui n’ont pas accepté, jusqu’à présent, de vacciner les enfants. »
Risque de nouvelles épidémies
Ne pas vacciner les plus jeunes, c’est créer de potentielles nouvelles épidémies, explique le docteur Mamadou Ndiaye, directeur de la prévention au ministère de la Santé : « Je parle de la rougeole, je parle de la fièvre jaune, de la coqueluche et ainsi de suite… Il y a eu des épidémies de ce genre et qui malheureusement ont entraîné des taux de mortalités plus élevés par rapport au Covid-19, en tout cas dans notre contexte actuel. »
Au Sénégal, la vaccination n’est pas obligatoire, mais elle est gratuite et reste très vivement recommandée.
GROGNE DANS LA MAGISTRATURE
Des magistrats râlent dans les chaumières pour exiger la tenue du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour faire remplacer le premier président de la Cour suprême à qui l’on prête l’intention de vouloir obtenir un nouveau bail
Ça grogne au temple de Thémis. Des magistrats râlent dans les chaumières pour exiger la tenue du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour faire remplacer le premier président de la Cour suprême à qui l’on prête l’intention de vouloir obtenir un nouveau bail, mais aussi pour donner un coup de pouce à des carrières mises entre parenthèses depuis quelques années. En attendant cette réunion que préside le Chef de l’Etat, «L’As» a appris que 16 magistrats sont en lice, mais les noms de Cheikh Tidiane Coulibaly et Demba Kandji sont ceux qui résonnent le plus dans les dédales de la justice pour succéder à l’indéboulonnable Mamadou Badio Camara.
Officiellement Mamadou Badio Camara n’est plus président de la Cour suprême depuis le 8 février, jour de ses 68 ans. Mais en l’absence d’un Conseil supérieur de la magistrature (CSM) qui décide de la carrière des juges, il tient encore son poste. Il est enthousiaste comme au premier jour au point que certains de ses collègues le soupçonnent de manœuvrer pour obtenir un prolongement en vertu des pouvoirs de monarque dévolu au chef de l’Etat par la loi d’habilitation récemment votée pour permettre à Macky Sall de faire face au coronavirus.
En tout état de cause, une telle éventualité risque de faire trembler le temple de Thémis où le moral est désormais très bas pour ceux qui doivent quitter leur poste au bout de 65 ans, et qui rêvent d’être propulsés à la tête d’une juridiction afin d’obtenir 3 ans supplémentaires. Il y a aussi ceux qui veulent changer de cap ou qui sont en poste depuis plus de cinq ans et qui rêvent d’une promotion.
En vertu de l’article 65 de la loi organique numéro 2017- 10 du 17 janvier 2017, seuls le Procureur Général près la Cour Suprême (Cheikh T Coulibaly), les 5 Premiers Présidents des Cours d’appel (Demba KandjDakar, Henry Grégoire DiopThiès, Cheikh Ndiaye-Saint-Louis, Ousmane Kane-Kaolack, Bassirou Sèye-Ziguinchor) et leurs Procureurs Généraux (Lansané DiabyDakar, Cheikh Tidiane DialloThiès, Assane Ndiaye-Ziguinchor, Aly Ciré BaSaint-Louis, Alfouseynou DialloKaolack), les 4 Présidents de chambres de la Cour suprême et enfin du Premier Avocat Général près la Cour Suprême, Youssoupha Mbodj, peuvent trôner à la Cour suprême.
SUCCESSION DE BADIO CAMARA : CHEIKH TIDIANE COULIBALY EN POLE POSITION
D’après nos sources, le frère du porte-parole de la présidence de la République, Cheikh Tidiane Coulibaly, pourrait quitter le parquet général pour devenir le premier président à l’image de Badio Camara qui fut Procureur général pendant que Pape O Sakho était premier Président de la Cour suprême. Il devrait être remplacé par Demba Kandji à son poste.
Juge du siège, il devra flirter avec le parquet pour la première fois de sa carrière. D’aucuns soutiennent cependant que Badio Camara aimerait que son poulain Abdoulaye Ndiaye lui succède. Ce dernier cumule actuellement le poste de Président de chambre et de Secrétaire général de la Cour suprême. Originaire de la région de Fatick comme le chef de l’Etat, Abdoulaye Ndiaye est le frère de Cheikh Ndiaye, président de la Cour d’appel de Saint-Louis qui peut lui-même valablement devenir premier président de la cour suprême et d’Alioune Ndiaye, le président du Tribunal de commerce.
Toujours parmi les potentiels successeurs de Badio Camara, on peut citer l’actuel procureur général de la Cour d’appel de Thiès. Né en 1953, Cheikh Tidiane Diallo est également sur la short list. Son président Henry Grégoire Diop, quoique remplissant les critères, est malade mais aussi boucle ses 68 ans en juin.
Tout compte fait, le choix du premier président devrait entraîner un chamboulement au niveau des cours d’appel avec la possibilité pour certains magistrats à la veille de la retraite de bénéficier d’une rallonge s’ils sont promus procureur général ou premier président de Cour d’appel. A cela s’ajoutent ceux-là qui sont bloqués à la tête de juridictions depuis plus de 5 ans maintenant. Il en est ainsi du procureur de la République de Dakar en poste depuis plus de cinq ans. Serigne Bassirou Guèye devrait être sanctionné positivement pour le travail de titan qu’il abat à la tête du parquet de Dakar.
De même que Demba Traoré qui dirige le parquet de Tamba de main de maître depuis près d’une décennie. Ce ne serait que justice pour eux de devenir procureur général de Cour d’appel et bénéficier de fait de la rallonge de trois ans de l’âge de la retraite controversée de 68 ans. Surtout que d’après nos sources, une fois à la retraite, le magistrat qui démarre avec plus d’un million de salaire se retrouve avec des miettes d’autant que même la fameuse indemnité de judicature de 800 000 détaxés lui sera retirée. C’est d’ailleurs pourquoi de plus en plus, certains juges préfèrent rejoindre le barreau après quelques années de métiers ou l’administration centrale moins rigide et plus avantageuse.
LE SUTELEC VENT DE BOUT
Le Syndicat unique des Travailleurs de l’Electricité (Sutelec) se veut formel. Il trouve le contrat liant la Société nationale d’électricité (Selenec) et la Start-up Akilee à la fois inquiétant et répugnant.
Le Syndicat unique des Travailleurs de l’Electricité (Sutelec) se veut formel. Il trouve le contrat liant la Société nationale d’électricité (Selenec) et la Start-up Akilee à la fois inquiétant et répugnant. Considérant par ailleurs ce contrat comme une menace grave sur la souveraineté énergétique du pays, les syndicalistes demandent tout simplement sa résiliation.
La bataille engagée par les syndicalistes du secteur de l’énergie contre le scandale présumé portant sur le contrat entre Akilee et la Senelec ne connaît pas de répit. D’autant qu’hier, le Sutelec est venu jeter un pavé dans la mare en appelant les populations en général et les usagers de l’électricité à se dresser contre ce qu’il considère comme un holdup.
En effet, selon le Sutelec, «ce qu’il est convenu d’appeler «Akileegate» peut être qualifié de «criminalité à col blanc» ou, pour faire poli, de «criminalité astucieuse». Selon les travailleurs affiliés au Sutelec, ce contrat constitue un hold-up ourdi au nom d’un soi-disant patriotisme économique. Raison pour laquelle, ils exigent des autorités étatiques la rupture purement et simplement de ce contrat.
Dans la même veine, ils mettent l’Etat en garde sur les risques de tensions sociales qui pèsent sur la Senelec s’il laisse cette forfaiture prospérer. «Le succès du contrat présente d’énormes risques sur notre souveraineté énergétique et va entraîner des répercussions désastreuses sur les ménages avec une inévitable hausse du prix de l’électricité qui est déjà plus que cher», soutient le Sutelec qui, par ailleurs, demande à tous les travailleurs, sans distinction, de rester vigilants et de se tenir prêts pour défendre leur outil de travail.
En outre, le Sutelec souligne qu’Akilee, pour tromper l’opinion nationale, se targue d’avoir fait gagner à Senelec des milliards sur les pertes techniques et non techniques. «C’est archi faux. Les pertes techniques étaient dues essentiellement à la vétusté du réseau de transport et de distribution. D’importants investissements ont été réalisés ces dernières années et ont permis la réduction considérable de ces pertes.
Concernant les pertes non techniques, Senelec regorge de ressources humaines compétentes capables de lutter contre la fraude si les moyens adéquats sont mis à leur disposition. Le cadre légal existe avec l’adoption du projet de loi criminalisant la fraude», clament les syndicalistes. En dehors du contrat de 187 milliards Fcfa dans la gestion commerciale de Senelec, soulignent-ils, Akilee bénéficie aussi de deux autres contrats : un à la production et un autre à la distribution. Mieux, sur les quatre directions d’exploitation de Senelec, la start-up Akilee est présente dans les trois.
C’est pourquoi, le Sutelec interpelle les autorités sur une externalisation des métiers de Senelec et son impact sur les emplois. Car, affirme-t-il, la Senelec ne doit pas confier son chiffre d’affaires à un prestataire, fût-il un ancien de EDF ou de la NASA. «Avec ce contrat qui confie à Akilee l’exclusivité de la vente des coffrets, coupe-circuits et autres accessoires de branchements sur le territoire national, a-t-on évalué le manque à gagner des commerçants dont l’activité principale était la commercialisation de ces articles ?» s’alarment-ils.
Revenant sur Akilee, le Sutelec indique que l’actuel DG d’Akilee était membre du cabinet PMC en charge d’un audit à la Senelec. D’ailleurs, révèlent-ils, c’est après avoir eu accès aux données confidentielles de la société dont il avait la charge de diagnostiquer les dysfonctionnements qu’il a démissionné de son poste pour créer Akilee SA. Un procédé que les syndicalistes jugent mafieux pour s’emparer illicitement d’un contrat d’une bagatelle de 187 milliards Fcfa sur le dos du contribuable sénégalais.
En plus, souligne le syndicat, Akilee est sponsorisée par des intermédiaires n’hésitant pas un seul instant à faire entrave à la réglementation pour une prise de contrôle d’un des secteurs vitaux de notre économie.
Ndèye Seck « Signature », de son nom d’état civil Mamadou Mamour Seck, n’est plus. La grande diva de la musique sénégalaise a tiré sa révérence à Thiès, dans la nuit du samedi au dimanche. Avec cette disparition, le monde culturel perd une véritable icône.
La cantatrice Adja Ndèye Seck «Signature» s’en est allée. La nouvelle est tombée à Thiès comme un couperet et tôt le matin hier, son domicile sis au quartier Fahu, non loin du stade Lat-Dior, a été pris d’assaut par les parents, voisins et sympathisants. La célèbre cantatrice a rendu l’âme dans la nuit du samedi au dimanche à l’hôpital Saint-Jean de Dieu de Thiès, aux environs d’une heure du matin. Souffrant d’un méchant diabète qui l’a clouée au lit pendant longtemps, elle était prise en charge à Saint-Jean de Dieu.
Dans la maison mortuaire, les témoignages sont unanimes sur sa générosité et sa courtoisie à l’égard de tous les artistes, notamment ceux de Thiès et du Théâtre Daniel Sorano. Avec sa voix magique, elle a écrit de belles pages dans la musique sénégalaise. Mais c’est son morceau fétiche «Signature» qui a établi sa notoriété dans le milieu en 1995. Produit par Talla Diagne, l’album «Signature» reste encore et restera toujours vivace dans la mémoire collective de ses inconditionnels.
L’exco-présentatrice de l’émission «Kepaar gi» sur «Sud Fm Thiès» était visiblement rongée par la maladie, mais elle n’a pas accepté d’abdiquer. Ainsi, elle est toujours restée debout, jusqu’à la fameuse nuit du samedi au dimanche. Elle venait ainsi de perdre sa dernière bataille contre la maladie.
Et selon ses proches, elle est partie la tête haute. Plus connue sous le nom de Ndèye Seck Signature, elle s’appelait en réalité Mamadou Mamour Seck à l’état civil, car elle porte le nom de son grand-père. Profondément attachée à la tarikha Tidiane et à la famille d’El Hadji Malick Sy, Ndèye Seck Signature a été inhumée hier à Tivaouane.
CHEIKH FALL, JOURNALISTE «UNE VERITABLE AMBASSADRICE DE LA BONNE PAROLE A TIRE SA REVERENCE»
Le journaliste Cheikh Fall, qui a longtemps côtoyé la grande diva, a porté un témoignage poignant sur la défunte. «Elle a lutté avec la mort et mené son baroud d’honneur», dit-il d’emblée avant de poursuivre : «mais l’implacable destin en a décidé autrement. Il nous l’a arrachée. Ndèye Seck Signature est partie à jamais avec le devoir de son art bien rempli. Un art qu’elle maîtrisait à souhait et savait utiliser, pour le plaisir de ses fans et admirateurs. «Signature», son morceau fétiche ne finira jamais de nous marquer et de marquer le monde artistique. Il constitue un héritage inaliénable. Cette chanson, pour tout dire, sera un clairon pour la postérité. C’est la marque déposée de Ndèye Seck qui fut une artiste émérite, affable, pieuse et serviable. Elle avait le culte du partage. Je l’ai connue dans l’exercice de ma profession. Elle répondait à toutes nos sollicitations sans poser de conditions. Son crédo a toujours été de servir. Ses talents d’artiste-compositrice étaient utilisés pour véhiculer des messages de paix et de concorde nationale. Bref. Une véritable ambassadrice de la bonne parole a tiré sa révérence. Dommage ! Ndèye Seck «Signature» a presque évolué dans l’anonymat. Aujourd’hui qu’elle est partie à la suite d’une longue maladie, que reste-t-il à faire ? Prier pour le repos de son âme oui. Car, c’est ce qu’elle adorait le plus. Son chapelet toujours enroulé autour de son bras, Ndèye Seck fut une bonne croyante, qui avait presque tourné le dos aux délices de ce bas-monde.»
«LA REPRISE DES COURS POUR LA PETITE ENFANCE EST A L’ETUDE»
Mme Thérèse Faye Diouf, Directrice Générale de l’Agence nationale de la petite enfance et de la Case des Tout-petits, tout en assurant que la décision reste suspendue aux recommandations du comité interministériel, s’explique sur la reprise des cours
Malgré la progression du Coronavirus dans le pays, la reprise des cours est fixée au 2 juin prochain, du moins pour les élèves en classe d’examen. Et au niveau des « Tout-petits », une telle possibilité serait à l’étude. Dans cet entretien qu’elle a accordé à «L’AS», Mme Thérèse Faye Diouf, Directrice Générale de l’Agence nationale de la petite enfance et de la Case des Tout-petits (Anpectp) s’explique sur cette éventualité, tout en assurant que la décision reste suspendue aux recommandations du comité interministériel pour la reprise des cours. L’édile de Diarrère en a profité pour évoquer les nombreuses actions menées dans sa commune, notamment dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. Thérèse Faye Diouf invite ainsi les Sénégalais à soutenir le président de la république dans la riposte contre la maladie qui a déjà fait 26 morts dans le pays.
On parle de reprise des cours. Vous êtes en charge de la petite enfance. Quand envisagez-vous l’ouverture des Cases des Tout-petits ? N’est-ce pas risqué d’autant que le Covid-19 est encore là ?
Comme vous le savez, lors du Conseil des ministres du 29 avril 2020, la reprise prochaine des cours a été fixée au 2 juin 2020 pour les classes d’examen. Concernant les classes intermédiaires, ainsi que le préscolaire, un schéma est à l’étude pour une reprise des cours à partir de la deuxième quinzaine du mois de juin. Néanmoins, je tiens à préciser que ce n’est pas encore confirmé et la réflexion est en train d’être menée avec tous les acteurs et partenaires. D’ailleurs, c’est à ce titre qu’il a été mis sur pied un comité interministériel pour la reprise des cours, chargé de formuler des propositions pratiques pour assurer les préalables à une bonne exécution de cette décision, dans un contexte de Covid-19. J’ai participé, le mercredi 6 mai 2020, en qualité de représentante du Ministère de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des Enfants, à la première réunion de ce comité présidé par le ministre de l’Education nationale.
A l’issue des rencontres prévues, une note d’orientation sera rédigée par ce groupe de travail. Concernant notre cible, à savoir les Tout-petits, qui est la plus vulnérable du reste, il sera tenu compte de sa spécificité dans les propositions formulées par le comité. A cet effet, je précise que l’Agence Nationale de la Petite Enfance et de la Case des Tout-petits (ANPECTP) gère 1 678 Structures de développement intégré de la Petite Enfance (SDIPE) composées de 798 cases des Tout-petits, 399 écoles maternelles publiques et 481 garderies communautaires (Rapport ANPECTP 2019). Près de 130 888 enfants, âgés de 3 à 5 ans, fréquentent ces structures, sans oublier les 16 698 enfants de moins de 3 ans, régulièrement pris en charge dans 951 SDIPE, et qui, comme leurs aînés, doivent bénéficier d’un paquet de services de qualité et de la même attention. Le préscolaire privé est aussi concerné par la réflexion, parce qu’il a une part importante des effectifs : 246 677 enfants répartis dans 3 744 structures.
Y a-t-il des dispositions particulières pour les Tout-petits ?
Nous comptons approfondir la réflexion avec tous les acteurs institutionnels, la société civile, les partenaires techniques, etc. pour définir une stratégie adaptée à notre cible et les modalités pratiques pour la continuité des apprentissages. Des recommandations seront transmises au comité interministériel pour la reprise des cours et ce comité se chargera d’informer les parents en particulier, et les populations d’une manière générale des décisions qui seront prises à ce sujet. D’ici là, il est envisagé la distribution de kits d’hygiène alimentaire et ludique aux enfants pour leur garantir des conditions de sécurité et un environnement propice aux apprentissages au sein des familles. Je voudrais préciser aussi que dans le cadre du dispositif «Apprendre à la maison», des programmes dédiés à la petite enfance seront bientôt disponibles à travers le Canal Education.
Vous êtes aussi Maire. Quel rôle est dévolu aux collectivités territoriales dans cet exercice périlleux de reprise des cours dans un contexte de Covid-19 ?
Les collectivités territoriales accompagnent les efforts de l’Etat dans le cadre de la lutte contre le Covid-19 et à ce titre, au niveau de la commune de Diarrère dont je suis le Maire, dès le début de l’apparition de la pandémie dans notre pays, nous avons doté les 40 écoles et les 07 postes de santé, dans le privé comme dans le public, de kits d’hygiène. Nous avons organisé une caravane avec les Infirmiers Chef de Poste (ICP) et la Croix Rouge pour sensibiliser la population sur la maladie. La commune a également dégagé un budget pour soutenir le programme alimentaire de l’Etat. A ce titre, 2 410 ménages vont recevoir des kits alimentaires de l’Etat et les 710 ménages restants seront pris en charge par la commune et recevront chacun un sac de riz, de l’huile, des pâtes et du sucre. Cet effort du conseil municipal va nous permettre d’assurer une couverture de 100% des ménages au niveau de l’ensemble de la commune. Avec la réouverture des écoles dont les trois lycées qui vont accueillir les élèves en classes d’examen le 02 juin prochain, nous comptons soutenir les actions du Ministère de l’Education nationale pour assurer une bonne reprise des cours à Diarrère.
Il y avait un élan unitaire autour du président de la république, cela semble s’effriter avec le retrait du Frn et la sortie de Sonko. N’est-ce pas là le résultat de la gestion approximative du fléau ?
Le Président avait convié personnellement les leaders d’opposition et avait profité de l’occasion pour établir un canal de communication direct avec eux. Jusqu’à présent, beaucoup parmi ces leaders, notamment Idrissa Seck ou Khalifa Sall, s’inscrivent dans une dynamique unitaire et respectent le pacte pour un consensus national afin d’accompagner et de soutenir le Chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur Macky Sall. Pour surmonter la crise causée par la pandémie, le moment est à la cohésion sociale et à la paix. Si certains leaders de l’opposition ont des soucis de survie politique, ils pourraient véritablement épargner le Sénégal de la politique politicienne. Pour notre part, nous lançons un appel à l’ensemble de la classe politique, pouvoir comme opposition, ainsi qu’à toutes les composantes de la Nation, à soutenir le président de la République dans la lutte contre le Covid-19.
L’opposition parle de fiasco parce que le président assouplit les mesures pendant que les cas flambent. Qu’en pensez-vous ?
D’abord il faut dire que depuis le début, toutes les décisions prises par le Chef de l’Etat sont de nature à protéger les populations et à lutter contre la pandémie. De concert avec les autorités médicales, une série de mesures ont été mises en place et une stratégie de riposte a été déroulée. Près de trois mois après l’apparition du premier cas, à l’instar de la tendance notée dans les autres pays du monde, également touchés par la pandémie, le retour progressif à la normale est préconisé dans le strict respect des mesures barrières. Avec l’instauration du port de masque obligatoire et en concertation encore une fois avec les autorités sanitaires que nous tenons d’ailleurs à féliciter, le Sénégal va devoir progressivement apprendre à vivre avec cette crise du coronavirus. Etant donné qu’à l’heure actuelle, personne ne peut dire avec certitude quand est-ce que cette pandémie prendra fin, il est alors normal d’étudier la meilleure voie à suivre pour une reprise progressive des activités, en respectant encore une fois les mesures édictées par les experts en santé. En l’absence de vaccin, à l’heure actuelle, le seul moyen de lutter contre cette maladie est de respecter les gestes barrières, notamment le port du masque et la distanciation physique combinés aux mesures d’hygiène.
par Madiambal Diagne
AKILEE-SENELEC, QUI DOIT CRIER AU VOLEUR ?
On se demande si les parties qui négociaient pour la société nationale d’électricité avaient vraiment mis en avant les intérêts de l’entreprise. L’Agent judiciaire de l’Etat devrait pouvoir faire annuler un contrat aussi léonin
Le 16 décembre 2019, nous avions publié une chronique intitulée «La nécessité d’auditer Senelec». C’était au lendemain des dernières mesures d’augmentation du prix de l’électricité, justifiées par un besoin de combler un déficit d’exploitation de la compagnie nationale d’électricité. Il semblait curieux que Senelec, qui était présentée comme un modèle de bonne gestion d’une entreprise publique, distribuait des dividendes et qui avait réalisé des investissements vantés comme lui permettant de couvrir ses besoins en approvisionnement en électricité, que cette même Senelec connût subitement des problèmes de production au point de recourir à la location d’une barge flottante venant de la Turquie pour acheter l’électricité à un prix plus onéreux. Il était aussi curieux que cette même société, qui avait équilibré son exploitation en 2015, jusqu’à renoncer à la subvention de l’Etat du Sénégal, arrive à augmenter ses prix au consommateur pour «résorber ses déficits d’exploitation». Pour le seul exercice de l’année 2019, Senelec a encaissé auprès de l’Etat du Sénégal plus de 200 milliards de francs Cfa de compensation et autres subventions. Du temps de la gestion de gabegie du Plan Takkal de Karim Wade, Senelec n’avait pas reçu plus de 100 milliards de l’Etat du Sénégal. Pourtant, Senelec a vu le prix de ses intrants de production, notamment les hydrocarbures, baisser de plus de la moitié avec la chute des cours mondiaux du pétrole. Mieux, à la faveur du Programme «Scaling solar» de la Banque mondiale, Senelec était arrivée à acheter le kw/h auprès des nouvelles centrales solaires à un prix le plus bas que partout ailleurs dans la région. Il y avait donc anguille sous roche. Il y avait quelque chose qui clochait et qui méritait d’être examiné. La demande de réaliser un audit de Senelec était aussi un écho aux protestations des consommateurs et des citoyens qui criaient dans des cortèges de marcheurs qu’il n’était pas question pour le consommateur de payer des pots qu’il n’a pas cassés. Ainsi, le consommateur ne devait pas avoir à supporter les présumés errements et turpitudes dans la gestion de Senelec.
Nous avions essuyé une volée de bois vert, des insultes même, car d’aucuns ne voulaient pas envisager la nécessité de contrôler une gestion, fusse-t-elle conforme aux bonnes règles. On voyait toujours un complot, une volonté d’affaiblir un potentiel candidat politique en la personne de Mouhamadou Makhtar Cissé, directeur général de Senelec, devenu ministre de l’Energie et du pétrole. Je me demande bien si l’intéressé ne devait pas rire de ces grossièretés qu’on nous prêtait. Mais qu’à cela ne tienne !
L’affaire du contrat controversé passé entre Senelec et Akilee donne du grain à moudre et encore plus de sens à toute demande d’examiner la gestion de Senelec de ces dernières années. Le contrat avec Akilee semble être la goutte d’eau de trop. Les syndicats et les cadres de Senelec ont unanimement demandé des missions d’inspection et de contrôle, par les grands corps de contrôle de l’Etat, pour situer les responsabilités quant à la gestion aux relents prévaricateurs de la compagnie nationale d’électricité.
Akilee, le scandale de trop
Senelec avait confié au cabinet Performance management consulting (Pmc) une mission en vue d’élaborer un plan stratégique pour la période 2016-2020. Cette mission a produit un plan stratégique intitulé «Yeesal». On lit à la page 18 de ce plan, établi en novembre 2016, la préconisation pour la Senelec d’engager la perspective du «développement de compteurs communicants/intelligents, rendant les réseaux plus intelligents avec le développement des outils de e-learning pour faciliter le développement et le renforcement des capacités (commerciales, mais aussi techniques)». Pour mettre en œuvre leurs recommandations, les consultants, notamment Victor Ndiaye et Amadou Ly du cabinet Performance, vont sortir de leurs manches la société I-Nes, créée avec leur partenaire Samba Laobé Ndiaye, résidant en France. La société I-Nes va créer avec la Senelec la société Akilee, avec un tour de table de 66% de parts pour I-nes et 34% pour la Senelec. Le directeur général de la Senelec, Mouhamadou Makhtar Cissé, dévoila ce partenariat en août 2017, en présentant Akilee comme une filiale de Senelec. Les actes uniformes de l’Organisation pour l’harmonisation du droit des affaires en Afrique (Ohada) stipulent qu’une filiale doit être détenue au moins à hauteur de 51% par la société mère. C’était donc une supercherie de présenter Akilee comme une filiale de Senelec, un moyen commode pour contourner le Code des marchés publics et, donc, recourir à une prétendue filiale pour éviter la procédure d’appels d’offres concurrentes dans laquelle Akilee n’aurait eu aucune chance. L’opération avait aussi de forts effluves de délit d’initié, en ce sens que les consultants ont eu le temps d’étudier en interne les faiblesses et les besoins de Senelec, avant de mettre en place une start-up censée corriger lesdites faiblesses. Des cadres de l’entreprise avaient, faut-il le rappeler, dénoncé ce contrat dans la presse. Ils lui reprochaient, outre l’exclusivité du contrat de fourniture des compteurs intelligents, un domaine dans lequel Senelec avait déjà une certaine expertise, le fait qu’Akilee ne pouvait présenter aucun état de services assez solide et un carnet d’adresses important lui permettant de disposer d’une exclusivité qui lui assurait un contrat de 187 milliards de francs Cfa sur dix ans.
Mais ce n’est pas le plus grotesque. Pour accompagner le plan stratégique de Senelec, le gouvernement avait pu décrocher un financement conjoint de la Banque mondiale et de l’Agence française de développement (Afd). Coup de théâtre ! A la veille de la signature du contrat d’Akilee, la Senelec avait décliné ce financement destiné à l’acquisition, par appels d’offres, de compteurs intelligents. Senelec avait préféré renoncer à ce financement et à l’appel d’offres, pour confier le marché de gré à gré à Akilee, qu’elle va payer sur sa propre trésorerie. On a vu qu’en fin de compte, ce sont les consommateurs (avec le renchérissement des factures) et l’Etat du Sénégal (avec les subventions budgétaires tirées des impôts des citoyens et/ou de l’endettement public), qui passent à la casserole.
Le plus drôle reste à venir. Le contrat entre Akilee et Senelec a pour base la fourniture de compteurs électriques dits intelligents. Akilee n’étant pas fabricant de ces compteurs, son rôle principal dans le contrat est de faire le travail d’intermédiaire, c’est-à-dire d’acheter les compteurs pour la Senelec auprès de son fournisseur traditionnel de compteurs, la société chinoise Hexing. L’intermédiaire Akilee y mettra naturellement ses marges commerciales et lesdits compteurs reviendront plus chers à Senelec. Cela va également avoir un impact sur le coût d’acquisition et le prix du kilowatt/heure livré au client final (consommateur). Akilee vend également, au prix de 9 milliards de francs Cfa, à Senelec une plateforme technique que lui a fournie gracieusement Hexing. C’est toute une histoire, car dans une offre commerciale, Hexing promettait de céder gratuitement la plateforme technique si la société d’électricité lui achetait un minimum de 350 mille compteurs intelligents, dans la perspective de remplacer les anciens compteurs. Le parc de compteurs de Senelec est de l’ordre de 1 million 400 mille unités. Mais Senelec commande du coup à Akilee un lot de 2 millions 700 mille compteurs et lui délivre un bon de commande sur toute la quantité. Akilee passera commande à Hexing et obtient gratuitement la plateforme technique qui va avec l’exploitation des compteurs. Akilee prétend avoir ajouté deux nouveaux modules informatiques à cette plateforme et justifie ainsi le prix. L’actuel directeur général de la Senelec, Papa Demba Bitèye, a proposé de n’acheter que les deux nouveaux modules qu’Akilee prétend avoir introduit sur la plateforme qui lui est donnée, encore une fois, gratuitement. Mais le plus renversant est que des cadres de la Senelec trouvent des similitudes étonnantes entre les éléments de ces modules sur une proposition technique que Huawei, une autre société chinoise spécialisée en télécommunications, avait proposée à Senelec, durant la période où le cabinet Performance effectuait sa mission auprès de Senelec. Dans une offre globale, Huawei proposait une plateforme technique dédiée et des modules similaires, pour ne pas dire identiques, en cas d’une commande de 400 mille compteurs par Senelec. Ces spécifications sont contenues dans l’offre intitulée «Solution de WAN et LAN proposée par Huawei pour Senelec». Les mêmes cadres de Senelec pointent du doigt de grosses lacunes techniques dans le contrat, ce qui dénoterait d’une précipitation dans sa conclusion ou que la direction générale n’avait pas souhaité associer les services techniques dans les négociations. Le contrat Akilee ne prévoit qu’une commande d’un seul modèle ou type de compteurs alors que les clients de Senelec utilisent des compteurs différents, en fonction de leurs activités ou du volume de leurs consommations.
Le contrat liant la Senelec et Akilee dévoile bien de situations incongrues qui laissent à tout le moins perplexe. On se demande, à la lecture, si les parties qui négociaient pour la société nationale d’électricité avaient vraiment mis en avant les intérêts de l’entreprise. De manière générale, le contrat semble plus déséquilibré en faveur de la start-up Akilee. Même en cas de résiliation, le contrat permettra à Akilee de ne pas y laisser sa chemise, tout au contraire. Quel que soit le cas de figure envisagé, «Résiliation sans faute, résiliation pour faute d’Akilee, résiliation pour faute de Senelec, cas de force majeure prolongé», la Senelec devra verser à Akilee les montants des factures émises et non payées, les encours après livraison, des indemnités majorées, ainsi qu’un montant correspondant au manque à gagner sur la durée restant du contrat. On s’interrogera encore sur les conditions de signature de ce contrat à la date du 11 février 2019, en pleine campagne électorale et la diligence particulière pour le faire enregistrer et la signature, le 20 mars 2019, d’un bon de commande pour dix ans, portant sur la valeur totale du contrat. Il est difficile de ne pas croire qu’il fallait tout plier en mode «fast track» avant de passer à autre chose. Le contrat est truffé de fautes d’orthographe et de syntaxe. Cela donne l’impression d’une course contre la montre. L’Agent judiciaire de l’Etat du Sénégal ou les conseils de Senelec devraient pouvoir faire annuler sans grandes difficultés un pareil contrat aussi léonin et comportant des «irrégularités d’une particulière gravité et portant une atteinte excessive à l’intérêt général».
Le Club des investisseurs sénégalais ne saurait cautionner cette forfaiture
De nombreuses personnes ont été étonnées de voir une déclaration, signée du Club des investisseurs sénégalais (Cis), apportant un soutien à Akilee dans son différend avec Senelec. Mais ce sont les membres du Cis qui ont été les premiers à s’étrangler de rage en découvrant, dans les journaux de vendredi dernier, la publication de la motion de soutien à Akilee. Ils s’interrogent sur les motivations d’une telle prise de position, d’autant qu’aucune instance régulière du Cis n’avait été préalablement consultée. En effet, ce n’était que dans la nuit du jeudi 14 au vendredi 15 mai 2020, à 00h 40, qu’un message avait été envoyé aux membres du Cis «pour information», sur une déclaration qui devra être dans les journaux à leur réveil. A cette heure, les publications étaient déjà à l’imprimerie et aucune protestation n’aurait pu permettre de rattraper la déclaration. L’heure était donc bien choisie pour «informer» les membres du Cis, sans doute déjà dans les bras de Morphée et qui, à leur réveil, se trouveraient ainsi mis devant le fait accompli. On saura plus tard que l’insertion payante avait pourtant été calée avec la plupart des journaux, le jeudi, sur les coups de 19 heures. Les réactions indignées ne se sont pas fait attendre. La manœuvre apparaît déloyale à l’endroit des membres du Cis qui se voient ainsi embarqués dans un combat dont ils ignorent les tenants et les aboutissants. Ainsi, de nombreux membres du Cis ont tenu à se démarquer d’une telle prise de position, estimant que l’organisation était en train de faire fausse route, car la défense des intérêts des privés nationaux sénégalais ne saurait participer de la caution apportée à des actions de prévarication ou de dépeçage d’un outil public. Pour sa part, Senelec a regretté, dans un communiqué, que le Cis ait eu à se prononcer sur un différend sans prendre la précaution d’entendre sa version des faits. Il faudrait sans doute retenir que promouvoir le capital sénégalais est une chose, mais le faire au détriment des intérêts du pays et du bien commun semble problématique. Le Cis devrait se montrer une structure dynamique et proactive, incitant à une implication effective des capitaux sénégalais dans la marche du pays. Son rôle est d’interpeller l’Etat sur bien des questions économiques et pousser à une prise en compte des intérêts du capital sénégalais. Il doit se faire force de proposition dans un contexte où l’idée que l’économie nationale ne serait pas entre les mains des fils du pays est brandie à tort ou à raison. Un tel outil a un rôle majeur à jouer.
«CE FRILEUX DE MACKY NE PEUT PAS GERER LE PAYS»
Kany Bèye fustige la gestion de la crise sanitaire
Le maire de Ndoulo, Kany Bèye, n’a pas été tendre avec le président Macky Sall dont il a cloué au pilori la gestion des affaires du pays et notamment de la crise sanitaire. Pour le responsable socialiste, Macky Sall n’a pas les épaules larges pour diriger le pays. « Pauvre de Macky Sall ! Son seul problème, c’est qu’il veut bien, mais malheureusement il ne peut pas. Et comme dit l’adage, vouloir n’est pas pouvoir », a-t-il indiqué.
La décision du Président Macky Sall d’assouplir les restrictions liées à l’état d’urgence et au couvre-feu est en porte-à-faux avec les réalités que vivent les Sénégalais. C’est conviction du responsable du Parti socialiste dans la région de Diourbel, Kany Bèye, par ailleurs maire de la commune de Ndoulo.
En clair, Kany Bèye est persuadé que le Président Macky Sall est incapable de gérer le pays. «Aujourd’hui, c’est la mal gouvernance du régime de Macky Sall qui est à la base de tous nos malheurs. Il oublie souvent qu’il n’a pas été élu pour diriger un parti politique ou ses amis et parents, ni une famille ou un clan encore. Il est à la tête de ce pays pour diriger tout un peuple. Pauvre de Macky Sall ! Peut-être qu’il a la volonté de bien faire, mais malheureusement il n’en a pas la capacité», a-t-il soutenu depuis son fief, ce weekend.
Poursuivant son procès contre le chef de l’Etat, Kany Bèye : «Nous avons un Président frileux qui n’a pas les épaules pour diriger ce Sénégal. Sinon comment comprendre qu’à cause d’une petite pression exercée sur lui par une minorité, Macky Sall décide de mettre en danger les quinze millions de Sénégalais en procédant à ce qu’il considère comme des mesures d’assouplissement. Après que ces mesures d’assouplissement ont été prises, il y a eu plus de morts et plus de personnes contaminées. Don en cédant à la pression, Macky Sall nous a tous condamnés», tranche-t-il.
Concernant la réouverture des écoles prévue le 02 juin prochain, il parle d’une décision suicidaire. «Je trouve que c’est suicidaire de vouloir coûte que coûte faire redémarrer les cours alors que la pandémie n’est pas encore maîtrisée. Je suis certain que 10% des élèves n’iront pas en classe le 02 juin. On dirait que Macky Sall n’a pas de conseillers, ou bien il ne les écoute pas». Et pour ce qui est de l’aide alimentaire, Kany Bèye pense que les 60 milliards FCFA du contribuable sénégalais, débloqués pour cette rubrique pouvaient bien être utilisés autrement. «Le pire, cette aide tarde aujourd’hui encore à parvenir aux populations qui en ont besoin en urgence. Et c’est vraiment dommage», fulmine-t-il.
PAPE MOUSSA THIOR DÉCONSTRUIT LES PERCEPTIONS SUR LE COVID-19
A en croire l’ancien directeur du programme national de Lutte contre le paludisme, les deux seuls moyens d’en finir avec une telle maladie, dans le long terme, c’est soit la vaccination, soit l’immunité collective
L’ancien directeur du programme national de Lutte contre le paludisme (pnlp) continue de déconstruire les perceptions des Sénégalais sur le Covid-19. Dr Pape Moussa Thior estime que la maladie n’est pas aussi dangereuse et que l’Etat doit aller au-delà d’un simple assouplissement et lever, avant le 2 juin prochain, toutes les mesures de restriction imposées jusque-là.
Il n’est plus uniquement dans la dédramatisation. Il est en train de déconstruire toutes les perceptions établies jusque-là autour du nouveau coronavirus. L’expert en santé publique, Dr Pape Moussa Thior soutient que dans le cadre de la gestion d’une épidémie comme le Covid-19, il faut penser global et agir local. L’ancien directeur du Programme National de Lutte contre le Paludisme (Pnlp), invité hier de l’émission «Grand Jury» sur la «Rfm», indique que la maladie en tant que tel n’a pas causé beaucoup de dégâts. Une manière de pointer du doigt la stratégie adoptée par les autorités sanitaires.
A en croire Dr Thior, les deux seuls moyens d’en finir avec une telle maladie, dans le long terme, c’est soit la vaccination, soit l’immunité collective. Ce qui n’exclut pas, ajoute-t-il, le renforcement des gestes barrières ainsi que la surveillance épidémiologique. D’ailleurs, il a proposé un renforcement du dépistage accompagné d’une bonne organisation. «Il faut un dépistage de masse, mais ciblé dans la mesure où il n’est pas possible de tester toute la population. Cela n’a pas de sens. Et cela coûterait extrêmement cher. J’ai vu des estimations qui montrent que cela coûterait 300 milliards Fcfa, si on testait 90% de la population», affirme t-il.
L’expert en Santé publique estime qu’on a tellement fait peur aux populations qu’à la fin les médecins travaillent dans un environnement de stress et de peur. C’est pourquoi, Monsieur Thior s’est félicité des mesures d’assouplissement prises par le chef de l’Etat qui, selon lui, auront l’avantage d’occuper les populations au lieu de rester là à suivre chaque jour le bulletin à 10 heures qui va encore les maintenir en stress. «Les gens vont ainsi aller travailler et laisser les médecins faire leur travail naturel qui est de suivre les malades quelles que soient leurs pathologies», précise Dr Thior.
«LE COVID-19 N’EST PAS UNE MALADIE TRES CONTAGIEUSE»
Poursuivant, Dr Pape Moussa Thior souligne que le covid-19 n’est pas une maladie très contagieuse. «Ce sont les chiffres qui le disent. Pourquoi on continue à dire qu’elle est très contagieuse ? Lorsqu’une personne est testée positive, on identifie toutes les personnes qui ont eu à être en contact avec elle. Sur un test de 100 contacts, 7 à 12 deviennent positifs, alors ce n’est pas une maladie très contagieuse », affirme-t-il avant d’ajouter que le taux de létalité est de 1% et cela dénote un excellent indicateur qui renseigne sur la qualité de la prise en charge des malades. Ainsi, il demande que l’état d’urgence et le couvre-feu soient levés avant la date du 2 juin, estimant que ces mesures de restrictions ne se justifient pas.
A défaut, se désole-t-il, les résultats attendus par le chef de l’Etat dans le cadre de cet assouplissement seront compromis. Parce que, dit-il, l’économie ne pourra jamais reprendre normalement si les gens ne circulent pas. «J’estime qu’on ne peut pas empêcher les gens de circuler entre les régions. Dakar a la particularité de concentrer l’essentiel des structures de santé du pays. Les malades qui sont pris en charge dans les centres anticancéreux et les centres chirurgicaux ne viennent pas de Dakar. Ils viennent de Matam, de Podor, de Ziguinchor etc. Et pour venir à un rendez-vous médical, ils rencontrent des difficultés parce que les transports publics ne marchent pas. On est train de vivre un drame souterrain causé par ces mesures. Pourquoi continuer à faire l’état d’urgence ?», s’est-il interrogé. Il considère que tout le monde sait que le confinement ne sert à rien. Et d’ajouter : «Le confinement ne sert à rien, car la transmission n’a pas été rompue au bout de deux mois. Le virus continue toujours à circuler. Le confinement n’est qu’un élément qui vient s’ajouter à l’armada de lutte contre la maladie». Toujours selon Dr Thior, le virus n’a pas la même virulence en Afrique qu’en Chine ou Europe. Ce qui pourrait être dû à la jeunesse de la population africaine. Tout compte fait, il affirme que le virus a un comportement dans un environnement X et un autre dans un environnement Y.
«LA STIGMATISATION VIENT DE LA FAÇON DE COMMUNIQUER DU MINISTERE DE LA SANTE»
Parlant par ailleurs de la stigmatisation, il souligne que cela fait paniquer de voir des gens en équipement de protection individuelle venir en plein jour dans la lointaine banlieue cueillir des gens contaminés ou suspects. «C’est de là que part la stigmatisation. La stigmatisation vient aussi de la façon de communiquer du ministère de la S, notamment sur la définition des cas communautaires, laquelle a fait peur aux gens. Si on veut régler ce problème de stigmatisation, le ministère doit revoir sa manière de communiquer», explique-t-il.
S’agissant de la réouverture des lieux de culte, il affirme qu’il n’est pas démontré que les mosquées sont des lieux de propagation du virus. «Donc, je suis pour leur ouverture. Ce sont les rassemblements anarchiques qui sont dangereux. Il faut juste surveiller les rassemblements et les superviser. On n’a pas besoin d’un dispositif de contrôle. Il faut sensibiliser la personne de sorte qu’elle devienne son propre gendarme. Il est nécessaire de communiquer de façon à amener les populations à identifier les risques, à évaluer et comprendre leurs vulnérabilités. C’est ce qui peut les inciter à adopter les bons comportements et à s’approprier les mesures de lutte», a-t-il conclu à ce propos.