Sidiki Kaba offre 100 mille masques
Le ministre des Forces armées Sidiki Kaba a franchi le samedi le cap des cent mille masques offerts à Tamba, après en avoir distribué 10 000 ce samedi, intensifiant ainsi la lutte contre la covid-19. Le message des sidikiste est clair : la région souhaite maintenant que la situation épidémiologique actuelle soit stable. « La Tabaski ne doit pas être un moyen de contamination après les 85 cas comptabilisés depuis le début de la pandémie. La seconde phase de la sensibilisation se poursuivra dans les différentes gares routières qui desserviront la capitale orientale au départ de Dakar pendant la période de la Tabaski. Sidiki Kaba en est déjà à cent mille masques offerts et distribués. Il en faudra encore plus pour atteindre les objectifs de doter chaque voyageur d’un masque, vu le nombre de personnes qui font le voyage pour fêter en famille », lit-on dans la note parvenue à «L’As». Pour rappel, depuis le 13 juin 2020, le dernier des 85 malades que comptait la région a été déclaré guéri. Et depuis, plus de nouveau cas déclaré à Tambacounda.
Des trafiquants interpellés à Kolda
Après Tambacounda le mois dernier où 4 peaux de léopards fraîches avaient été saisies, c’est au tour de Kolda de subir une surveillance accrue de ce commerce illégal, informe Babacar Diop. Le samedi 18 juillet, sous la supervision du Procureur de Kolda, une équipe mixte composée des agents et éléments des Parcs Nationaux, du Commissariat Central de Kolda, de la Brigade de Gendarmerie Territoriale, appuyée par le projet Eagle-Sénégal, a procédé à l’interpellation de 3 personnes présumées trafiquants de faune en possession, circulation et commercialisation d’une peau de Léopard, une espèce intégralement protégée et menacée de disparition, une peau de serval, 17 peaux de Guibs harnachés, différentes espèces de mammifères africains et 2 cornes de Guibs. Finalement, dit-il, 25 peaux au total ont été saisies sur le principal prévenu ainsi que 32 morceaux de viande de brousse braconnés de guibs torréfiées, destinées à la consommation humaine, et le manche d’une arme de chasse. Toutes les peaux, d’après les enquêtes menées, pourraient provenir du Parc National du Niokolo Koba dans lequel un des présumés trafiquants exercerait illégalement la chasse depuis plus de 30 ans. Les prévenus sont actuellement entendus à la Brigade Territoriale de Gendarmerie de Diaobé. Si les faits de détention, circulation, commercialisation et acte de chasse illégale (L32-L27) sont retenus, ils pourraient écoper de peines de prison et d’amendes très sévères.
Un vieil homme arrêté pour trafic d’armes à Touba
Samedi dernier, un septuagénaire a été arrêté pour trafic d’armes à Touba. L’homme, qui avait dissimulé l’arsenal dans des ordures sur une charrette, a été démasqué grâce à une dénonciation anonyme. Filé depuis plusieurs jours par les hommes du commissariat de Gouye-Mbinde, le vieux trafiquant d’armes présumé a été interpellé alors qu’il s’apprêtait à rallier Mbacké. Les armes mises sous scellé, le vieil homme sera présenté au procureur de la République près le tribunal de grande instance de Diourbel ce lundi.
11 kgs de Yamba saisis par l’Ocrtis à Diourbel
Les hommes du commissaire Fall, chef de la brigade régionale des stupéfiants de Diourbel, ont réussi une belle prise. Ils ont saisi en effet, 11 kilogrammes de yamba. Les opérations combinées se sont déroulées les 16 et 17 juillet derniers dans les villages de Darou Karim et de Loumbi-Lamba, localités situées dans la périphérie de Touba. Selon le commissaire Fall, la valeur de la marchandise prohibée est estimée à 660 000 Fcfa.
Un employé subit la colère du Dg de Satrec
Décidément, la sortie du directeur général de Satrec n’a fait que raviver la colère des travailleurs licenciés de l’entreprise pour avoir refusé la proposition d’un départ à l’amiable. L’un d’entre eux a été même privé de son salaire du mois de mai 2020 après qu’il a refusé de signer ce protocole d’accord que leur impose, selon une source, Chaouki Haidous. En effet, confient nos interlocuteurs, pour rentrer en possession de son dû, le nommé Cheikh Diop a porté plainte contre le DG de Satrec à l’Inspection du Travail et de la Sécurité sociale de la Zone franche industrielle de Dakar. C’est à la suite de cette plainte que le sieur Diop a été payé à hauteur de 70% de son salaire, le 17 juillet passé. Ce que dénoncent nos sources. Pis, ajoutent-elles, Chaouki Haidous cherche à coller des motifs à M. Diop pour le licencier comme il l’a fait avec Lamine Kébé, Como Ndiaye et Ousseynou Faye qui avaient eux aussi opposé un niet catégorique à la proposition de séparation à l’amiable prônée par Satrec qui veut se séparer de ses agents.
Un week-end politique plein pour Mamadou Kassé
Malgré la tension qui prévaut en cette veille de tabaski, le directeur général de la Sicap par ailleurs responsable Apr de Tamba s’est rendu auprès de sa base pour « affronter les militants et leurs requêtes d’avant fête, en cette période de corona ». «J’ai été littéralement envahi mais on a pu imposer un protocole de port de masques et de mesures barrières. J’en ai profité pour faire une visite du chantier de réfection du poste de santé de Afia que j’ai engagé depuis deux semaines, et je réceptionnerai tout cela après la Tabaski », a-til écrit non sans indiquer qu’il était également sur radio Dunya Tamba, pour échanger sur les questions d’actualité d’ordre national et local.
La Douane saisit 84 kg de chanvre indien à Toubacouta …
Les éléments de la Brigade maritime des Douanes de Toubacouta, dans la région de Fatick, n’ont pas chômé le samedi 18 juillet 2020. En effet, dans le cadre de l’opération baptisée «Jonction» menée le week-end dernier, la douane a mis la main, vers 8 heures, sur 84 kg de chanvre indien trouvés dans une pirogue artisanale dans les eaux de Djinack dans la commune de Toubacouta, département de Foundiougne. Les limiers ont également arrêté deux individus au cours de l’opération et saisi de la marchandise prohibée et un moyen de transport dont la valeur totale est estimée à 6 millions Fcfa. Pour rappel, l’opération «Jonction» a rassemblé les unités douanières de la région de Kaolack, Fatick, Kaffrine et Diourbel.
…et une 406 bourrée de faux médicaments à Birkelane
Restons avec la Douane. D’après toujours la note du Bureau des Relations publiques et de la Communication de la Direction générale des Douanes, une autre opération a été conduite par la Brigade mobile des Douanes de Nioro, une Subdivision de Kaolack. C’est à ce moment qu’elle a intercepté un véhicule de marque Peugeot 406 transportant un lot de faux médicaments à Santhie Diamal, dans le département de Birkelane. Ces faux médicaments saisis étaient composés essentiellement de 3 800 boîtes de paracétamol au total, soit 38 000 plaquettes, et de 236 boîtes de Chlorpheniramine Maleate contenant chacune 1 000 comprimés. La valeur de ces faux médicaments, souligne la note, est estimée à 22 220 000 Fcfa. A noter que l’opération «Jonction» entre dans le cadre du démantèlement des réseaux et couloirs de trafic de produits prohibés.
Fédération des associations de l’enseignement privé du Sénégal
La Fédération des Associations de l’Enseignement Privé du Sénégal (Fapeeps) demande aux parents d’élèves de s’acquitter de la scolarité de leurs enfants pour les classes intermédiaires dont les mois d’avril, mai et juin. Ces responsables se sont fendus d’un communiqué pour solliciter également les chefs d’établissement à faciliter le paiement de ces arriérés de scolarité par des moratoires aux parents qui le désirent, avant de mettre en garde leurs pairs hostiles au processus sur les conséquences d’une non-réinscription l’année prochaine.
Guerre pour le contrôle de Mbao
La guerre pour les locales a déjà débuté au niveau de la commune de Mbao, plus précisément entre responsables de la mouvance présidentielle. Hormis certains responsables locaux de l’Apr qui sont en désaccord avec leur coordonnateur communal Abdou Karim Sall, ce dernier est également en bisbilles avec l’actuel maire de Mbao Abdoulaye Pouye. Les deux responsables ne se font plus de cadeau et ne ratent plus aucune occasion de se jeter des piques par l’intermédiaire de leurs proches. C’est dire que la compétition sera rude lors des locales à Mbao. Grogne chez les transporteurs S’il y a un Syndicat du secteur du transport qui est en colère contre la tutelle et l’Etat, c’est bien le Syndicat démocratique des transports routiers du Sénégal (Sdtrs). Pour son secrétaire général Waly Diabong, le ministre Oumar Youm fait du dilatoire et de la discrimination dans les pourparlers qui engagent l’avenir du secteur en ignorant certaines organisations syndicales comme la leur. Pire encore, souligne le syndicaliste, leur secteur est plombé par d’énormes difficultés dont le manque de contrats de travail, la non-applicabilité de la convention collective du transport, les nombreuses tracasseries sur les routes. Il n’a pas manqué de déplorer le manque de considération du chef de l’Etat à l’endroit de leur secteur à travers le slogan «Tolérance zéro».
Dame humiliée pour vol à Sacré Coeur
La vidéo est devenue virale et a suscité une indignation des internautes. Une dame présumée voleuse a été arrêtée par deux jeunes qui l’ont attachée avant de tripoter ses seins, à Sacré Cœur. D’après les informations obtenues de ses proches par Seydi Gassama, elle ne jouirait pas de toutes ses facultés mentales. Cadre de la fonction publique sénégalaise, elle traverse une période difficile sur le plan de la santé mentale.
QUAND L'AFRIQUE S'ÉVEILLERA...
Sur le plan politique, l’autoritarisme se porte bien. Au Cameroun, les gens dans la rue rient quand on leur parle du plan Émergence 2035. Le slogan Africa rising sert à attirer les investissements étrangers - ENTRETIEN AVEC THIERY VIRCOULON
Le slogan Africa rising sert à attirer les investissements étrangers. Mais les relations de dépendance ont changé, notamment avec la stratégie impériale de la Chine, contre laquelle des États faibles ne peuvent lutter, et l’influence des Églises évangéliques, avec lesquelles ils tentent de s’allier.
Coordinateur de l’Observatoire de l’Afrique centrale à l’Institut français des relations internationales (Ifri), Thierry Vircoulon travaille depuis vingt ans sur l’Afrique et y a vécu onze ans, notamment en Afrique du Sud, au Kenya et en République démocratique du Congo. Familier de l’Afrique centrale et de l’Afrique australe comme de la région des Grands Lacs, il a collaboré à de nombreuses publications sur la réforme du secteur de la sécurité, la gouvernance des ressources naturelles ou encore les relations entre la Chine et l’Afrique. Pour cet entretien conduit en décembre 2019 (et révisé en juin 2020), nous avons souhaité l’interroger sur les relations contemporaines de l’Afrique avec le reste du monde, et l’inscription de celle-ci dans la mondialisation.
Dans le cadre de vos activités de consultant et de chercheur, vous avez constaté ces dernières années le succès du discours sur « l’Afrique émergente », puis le reflux de cette vague d’enthousiasme et le repli sur des analyses nettement plus réalistes sur la situation et l’avenir de l’Afrique. Quel lien existe entre ces discours et l’évolution des politiques d’aide internationale ? L’heure est-elle toujours au soutien à des réformes censées favoriser une meilleure « gouvernance » en Afrique ?
L’idée d’une « Afrique émergente » a d’abord été développée au début des années 2000, dans une perspective macro-économique. Elle a ensuite captivé la finance internationale, toujours intéressée à trouver de nouvelles opportunités d’investissement. Dans un troisième temps, ce discours a été repris par les pouvoirs publics des pays développés, et enfin par les pays africains eux-mêmes. Mais il ne faut pas oublier que la généalogie de ce discours relève de la doxa de l’économie néolibérale : «Africa rising» est un slogan quasi promotionnel, qui suggère que les investissements privés, et non plus les investissements publics, permettront le développement de l’Afrique. La question de la gouvernance reste à l’ordre du jour, mais elle est adaptée à ce nouveau contexte, c’est-à-dire réduite à ce que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international appellent le « climat des affaires ». La gouvernance du secteur public est moins importante que le comportement du gouvernement à l’égard du secteur privé, et en particulier des investisseurs étrangers.
Pour attirer les investissements privés, il faut donner une image favorable aux marchés. Le discours d’Africa rising vise ce but en expliquant que l’Afrique est open for business et qu’elle a un fort potentiel de croissance. Mais ce récit à destination des marchés financiers est en grande partie fallacieux. Le comportement prédateur de nombreux gouvernements africains et les problèmes sociaux et économiques structurels continuent à faire de l’Afrique une zone de risque élevé où existent des niches de croissance mais pas de croissance garantie. À titre d’exemple, une entreprise comme Nestlé, précisément parce qu’elle a fait sur ce point des analyses poussées, a revu à la baisse ses estimations de ventes en Afrique. De même, Samsung a fermé ses bureaux en République démocratique du Congo (Rdc) en raison de la concurrence des contrefaçons chinoises. La trajectoire du Mozambique illustre le mirage de l’émergence. Ce pays a été célébré pour un taux de croissance de 8 % pendant une décennie et sa libéralisation de l’économie ; en 2014, le Fonds monétaire international y a organisé une conférence sur le thème Africa rising ; en 2016, le scandale d’une dette cachée de deux milliards de dollars contractée par les dirigeants du régime a éclaté et, en 2017, le Mozambique était incapable de rembourser ses créditeurs et de nombreux donateurs suspendaient leur aide. L’émergence de l’Afrique est la nouvelle formulation, pour le xxie siècle, de l’ancienne question du développement qui est toujours d’actualité. Il est révélateur de voir qu’avant même la pandémie due au coronavirus le thème de la résilience avait supplanté celui de l’émergence dans le discours sur l’Afrique.
Si le discours sur l’émergence était sous-tendu par une logique de l’investissement privé, liez-vous son repli à la crise financière mondiale de 2008 ? Quelles ont été les répercussions de la crise sur le continent africain ?
La crise de 2008 a certainement marqué un coup de frein aux investissements vers l’Afrique. Mais le risque systémique de cette crise pour l’économie mondiale a été surmonté et le ralentissement des investissements n’a été qu’un dommage collatéral, l’Afrique étant peu intégrée dans les marchés financiers internationaux. En revanche, la crise des matières premières, qui a eu lieu entre mi-2014 et début 2016, a marqué un tournant. Pour les métaux de base (cuivre, aluminium, nickel, etc.) comme pour le pétrole, le ralentissement de la demande du premier acheteur mondial, la Chine, a pesé sur les cours. La chute des cours n’a jamais été véritablement surmontée et ceux-ci étaient déjà bas avant la pandémie due au coronavirus et la récession mondiale actuelle. La crise actuelle ne fait qu’accentuer le marasme financier dans lequel se trouvaient déjà les pays africains producteurs d’hydrocarbures et de métaux de base.
Ce marasme financier démontre que la dépendance économique n’a pas réellement changé par rapport au xxe siècle. La structure de l’économie de l’Afrique ne diffère pas de ce qu’elle a été auparavant : un continent exportateur de matières premières brutes non transformées et importateur de produits manufacturés. Comme dans les années 1970-1980, les gouvernements africains se sont révélés incapables de diversifier leur économie, c’est-à-dire de transformer la rente des matières premières en une dynamique d’industrialisation. L’Angola, le Gabon, l’Algérie, etc., ont tous eu des velléités de faire de la manne pétrolière un outil de diversification. Or leur économie est encore tragiquement dépendante des hydrocarbures. De ce fait, le rapport économique de l’Afrique avec le reste du monde n’a pas changé, même si les partenaires se sont diversifiés avec la Chine, l’Inde et des pays du Moyen-Orient. Structurellement, l’Afrique reste dans une économie de dépendance avec une clientèle internationale plus diverse aujourd’hui qu’hier. Cette évolution n’est pas tant due aux pays africains qu’aux nouveaux vrais émergents qui « découvrent » l’Afrique et organisent leur propre safari économique (Chine, Inde, Turquie, etc.). Ce qui se joue en Afrique aujourd’hui, ce n’est pas son émergence, mais l’émergence des nouveaux acteurs de l’économie mondiale qui semblent tout à fait disposés à répéter les erreurs du passé.
Comment cette réalité économique se traduit-elle, selon vous, en termes politiques ? La diversification des partenaires commerciaux ne facilite-t-elle pas des relations plus équilibrées parce que moins marquées par le passé colonial ?
La Chine n’a pas de passé colonial, et cela sert sa diplomatie en Afrique, mais elle rêve d’un futur impérial, et cela commence à la desservir aussi. La nouvelle relation de dépendance entre l’Afrique et la Chine commence à montrer ses propres contradictions. Plusieurs pays africains n’ont plus de ressources budgétaires et en sont réduits à quémander l’aide internationale, en particulier chinoise. La question qui se pose alors est de savoir comment ces pays pourraient conserver une souveraineté politique lorsque leur principal débiteur est le gouvernement chinois. Plusieurs exemples (comme le chemin de fer construit par des entreprises chinoises au Kenya) montrent que le principe de non-ingérence mis en avant par la diplomatie chinoise n’est qu’un leurre. Pékin joue un rôle clé dans la problématique du surendettement de certains pays africains, récemment mis en lumière par la proposition d’un moratoire sur la dette. Commençant à sentir l’emprise chinoise et l’hostilité populaire antichinoise qui monte à la fois en raison du racisme et de la concurrence chinoise sur le marché intérieur, certains gouvernements africains réagissent et essaient de limiter cette influence. Flairant un parfum de corruption, le Parlement nigérian vient de demander une enquête sur les prêts octroyés par la Chine depuis vingt ans, des lois interdisant aux commerçants chinois de faire concurrence aux commerçants locaux sont votées et la médiatisation du traitement des Africains en Chine pendant l’épidémie due au coronavirus a déclenché une vague de protestation sur le continent.
En réalité, la dépendance économique n’est pas la seule continuité par rapport au xxe siècle. L’Afrique reste le théâtre de compétitions internationales comme le démontrent les sommets africains organisés par plusieurs pays qui veulent créer une clientèle dans l’Afrique subsaharienne. Dans ces conférences, on retrouve souvent un continent entier face à un seul pays, et cette dissymétrie montre bien la position minoritaire de l’Afrique sur le plan politique international.
On serait donc passé de la vision d’un « continent à sauver » à celle d’un « continent des possibilités », puis de nouveau à une vision plus sobre, sans que la relation de l’Afrique avec le reste du monde en soit réellement modifiée ?
Malgré tous les effets d’annonce, il n’y a eu d’inversion des tendances de fond ni sur le plan économique ni sur le plan politique. Sur le plan économique, la diversification, l’amélioration de l’agriculture et le développement de l’industrie restent toujours hypothétiques et fragiles : rappelons à titre d’exemple que l’ensemble de l’Afrique subsaharienne produit autant d’électricité que la Corée du Sud. Au Cameroun, les gens dans la rue rient quand on leur parle du plan Émergence 2035 ! Et sur le plan politique, l’autoritarisme se porte bien. Dans les années 1990, de nombreux États avaient inscrit dans leur Constitution une clause limitant à deux le nombre de mandats pour un même président. Mais depuis le début du xxie siècle, nous assistons à un mouvement de révision ou de suppression de cette clause dans plusieurs pays (Djibouti, Congo-Brazzaville, Rwanda, Cameroun, Tchad, etc.) pour permettre aux dirigeants de se maintenir ad vitam aeternam au pouvoir. On assiste aussi au retour de l’autoritarisme dans certains pays que l’on pensait définitivement acquis à la démocratie, comme la Tanzanie et la Zambie. L’autoritarisme est même célébré sur la scène internationale à travers ses rares succès économiques sur le continent : le Rwanda de Paul Kagame et l’Éthiopie de Meles Zenawi. Ces deux pays sont régulièrement invités dans des forums internationaux (comme Davos) en raison de leurs performances économiques, en oubliant qu’il s’agit de dictatures durables. Ce n’est que depuis 2018 que le nouveau Premier ministre éthiopien essaie de tourner la page de la dictature et a entrepris un processus de libéralisation à la fois politique et économique. La question de la démocratisation des régimes africains est un dommage collatéral de l’accentuation des tensions géopolitiques mondiales entre la Russie, la Chine et les États-Unis. Dans ce contexte, elle n’est plus à l’agenda international comme cela avait été le cas dans les années 1990.
EXCLUSIF SENEPLUS - Pourquoi l’intelligence collective est déviée vers autre chose que la rationalité et le bien commun ? Pourquoi les accidents et les blessures de l’histoire ne sont pas des expériences utiles ? - NOTES DE TERRAIN
Samedi 18 juillet 2020. 10h15. J’aurais pu attendre encore, avant de descendre du bus. Mais j’ai voulu me dégourdir les jambes, et marcher quelques minutes. Je ne suis pas pressé, ce matin. J'ai demandé l’arrêt, juste après la pharmacie Guigon. Ça me fera un petit trot. Et puis, dehors, il y a l’odeur de la pluie. Quel merveilleux parfum. La matinée est calme, à Sandaga. Mes lunettes tombent depuis hier. Comme je suis en ville, je vais en profiter pour les faire ajuster. Des gouttes de pluie fines s’écrasent sur le bitume. Je pense qu'il va bientôt pleuvoir très fortement. Je sens la menace imminente, dès que je sors du magasin d’optique. Je hâte le pas. Le ciel est sombre.
On dirait que le cœur de Dakar se détend. Il y a bien quelques marchands ambulants, qui déambulent. Les boutiques sont ouvertes. Par contre, la circulation est calme. Très peu de piétons sont dans les rues. À partir de l’avenue Léopold Sédar Senghor, le relâchement est plus saisissant. Dakar, si tendue les jours de semaine, travaille au repos. Tel un athlète qui décrasse ses muscles après un effort intense. Les gros arbres qui jalonnent l’artère se prélassent dans une grande sérénité. Un petit vent fait sautiller les feuilles mortes, au sol. Un gars, qui travaille pour la compagnie de gestion des déchets, balaie les environs du palais de la République. Des hommes armés sont en faction.
Plus loin, mon regard s’abandonne sur le fronton de l’ancienne primature. Les inscriptions ont été changées. On peut y lire, maintenant, « Maison militaire ». Je ne peux m’empêcher de penser à l’arbitraire, dans nos pays africains. Un individu, qui a trouvé une République, avec son organisation, ses lois, ses organes, s’est levé un jour, et a décidé, sans crier gare, qu’il n’y aurait plus de primature, ni de chef du gouvernement. Au mépris des règles élémentaires. Comme ça, sans embarras. Sans aviser personne. Comment nos pays peuvent-ils avancer, avec cet esprit ? Le premier venu peut modifier la marche de la nation. Selon son bon vouloir, il fait ce qu’il veut. De nos institutions, de nos vies. Je ne crois pas trop à la fatalité, pas plus qu’au destin tracé d’avance. Mais il nous faut, très vite, des hasards heureux. Car les déterminismes sociaux jouent contre le bon sens, la raison et la justice.
Ce qui est aussi frappant, sur cette avenue, c’est la propreté. Il n’y a pas de bordel, ni de saleté. Tout est propre, bien ordonné. C’est un univers à part. Qui contraste avec les autres cartes de la ville. Plus loin, l’éclat du building administratif rénové, ne manque pas d’attirer mon attention. Le grand bâtiment rayonne, et étrenne ses habits neufs. Sa façade en verre scintille. Le réaménagement est plutôt réussi. Je présume, malheureusement, que nous y avons perdu beaucoup de nos maigres ressources. Comme c’est le cas avec d’autres infrastructures, à l’utilité douteuse. Je ne me sens pas intimidé par cette lourde barre immobile. Malgré sa posture impressionnante. J’ai l’impression d’être en face d’un corps robuste, mais timide. La forme est vague. Le bloc, symétrique, est rigide. Il n’y a pas d’ombres. On ne sent ni souffle, ni mouvement.
Je dépasse l’édifice et traverse le passage clouté, menant à l’hôpital Principal. À l’entrée, une dizaine de jeunes discutent. Leur accent est étranger. Le sas de désinfection est bloqué par une barrière de la gendarmerie. Ces derniers jours, une infirmière, il me semble, était en permanence postée devant la porte principale. Elle prenait la température des visiteurs et leur coulait du gel désinfectant à la main. Elle n’y est pas, ce matin. Un gendarme tient la manœuvre. Distribution de gel mais pas de prise de température. Je passe le cordon d’entrée et accède à la cour de l’hôpital. Le jardin est bien entretenu. Les plantes taillées à la perfection. Les arbres, en rang, ordonnés. Le visage extérieur de l’hôpital Principal de Dakar est bienveillant.
Je n’en dirais pas autant de l’intérieur. Dans le service, où je me rends, les portes sont déglinguées. L’atmosphère foireuse. On dirait que l’endroit n’accueille pas des malades. Ici, on pourrait presque sentir des zombies errants. Dans la chambre que je visite, les chaises et le lit sont des débris qu’il faut jeter. La moitié du volet de la fenêtre est absente. La lunette de toilette a été démontée. Le malade, en cas d’urgence, ne peut pas sonner l’alerte. Le système d’appel d’urgence n’est pas fonctionnel. Imaginons un patient, seul, en détresse, ne pouvant pas bouger, et qui tente de joindre les soignants. Il peut bien crever, dans la plus grande souffrance, personne ne viendra à son secours. Ce serait juste la volonté de Dieu. On passera à autre chose. Les défaillances humaines seront tues.
C’est ce qui est arrivé, un jour, il y a quelques années, dans cet hôpital, à mon père. Son voisin de chambre nous a révélé qu’il était sorti, pour voir un infirmier. Moins d’une heure avant sa mort. Il n’a vu personne. Il avait refusé que l’un de nous veille dans la chambre, avec lui. Nous avons insisté. Il était catégorique. Il était bien remis et il n’y avait pas de danger selon les médecins. Il devait même sortir de l’hôpital, le lendemain. Il faut voir comment les choses marchent au Sénégal. On peut très bien trimer toute sa vie, nourrir l’espoir que ce pays soit un jour vivable. Que les femmes et les hommes qui l’habitent gagnent en dignité. Qu'il soit une terre de justice et de prospérité. On peut lutter pour tout cela. Et payer ses impôts, s’acquitter de ses droits et devoirs pour qu’il y ait des institutions qui tiennent, des écoles qui fonctionnent et des hôpitaux qui marchent. Ça sert, presque, à rien. Peu de choses changent véritablement.
Nous sommes fragiles, en habitant ce pays. Nos destins sont instables et précaires. Des individus grotesques continuent de nous rendre la vie dure. Quelles existences doivent subir ceux qui n’ont pas grand chose, où qui vivent loin de tous les services sociaux ? J’ai pensé ces derniers jours à nos concitoyens, qui habitent loin des infrastructures sanitaires. Si nous, qui sommes à Dakar, sommes ainsi lotis, quel doit être leur sort ? Ils peuvent recevoir toutes les claques de la vie, ils ne pourront que prier et accepter leur mauvaise fortune. Il faut leur souhaiter de ne pas tomber malades. Nous en sommes arrivés à ce point. Comme si nous étions mutilés, incapables de changer nos destins. La vérité, elle est là, indécente : au Sénégal nos possibilités de bien vivre sont limitées.
C’est pourquoi il faut régler les comptes, ici, sur terre. C’est impossible de continuer à vivre dans ces conditions dégradantes. Ce qui frappe, c’est que tout cela semble normal. Pourquoi cette démission de l’humanité, chez nos dirigeants ? Pourquoi tant d’arbitraire dans leur esprit ? Pourquoi cette faiblesse du corps social, toujours stoïque, face à ces situations de précarité ? Pourquoi l’intelligence collective est déviée, vers autre chose que la rationalité et le bien commun ? Pourquoi les accidents et les blessures de l’histoire ne sont pas des expériences utiles ? Pourquoi nous ne répudions pas les fatalités qui nient notre droit à la vie ? Pourquoi toutes ces négligences ? Il faut certainement que s’ouvre dans notre pays, et partout ailleurs en Afrique, une nouvelle ère. Qui sera le début d’une civilisation en croissance.
Retrouvez sur SenePlus, "Notes de terrain", la chronique de notre éditorialiste Paap Seen tous les dimanches.
Les stars des arènes cèdent de plus en plus aux sirènes des ligues des arts martiaux mixtes (MMA) étrangères.
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CINQ CHOSES À SAVOIR SUR LES INDÉPENDANCES EN AFRIQUE
Durant l’entre-deux guerres, des résistances à la colonisation se multiplient, appuyées notamment par les élites africaines éduquées et leurs réseaux internationaux. Mais c’est la seconde guerre mondiale qui joue un rôle de catalyseur
Il y a soixante ans, dix-sept pays africains retrouvaient leur indépendance après des décennies de colonisation.
Après des décennies de domination européenne, et même plus d’un siècle pour l’Algérie, les colonies d’Afrique retrouvent leur indépendance, pour l’essentiel entre 1957 et 1975. L’empire colonial allemand est le premier à être démantelé à l’issue de la défaite de la première guerre mondiale sans pour autant que ses colonies se libèrent. Elles deviennent des territoires sous mandat confiés aux puissances coloniales victorieuses : la France, la Grande-Bretagne et la Belgique. Durant l’entre-deux guerres, des résistances à la colonisation se multiplient, appuyées notamment par les élites africaines éduquées et leurs réseaux internationaux.
Mais c’est la seconde guerre mondiale qui joue un rôle de catalyseur. Les troupes coloniales venant d’Afrique et d’Asie ont payé de leur sang la libération du monde du fascisme et la contrepartie à ce sacrifice est bien maigre au sortir du conflit. La pression se fait plus forte sur les puissances coloniales pour qu’elles acceptent de se défaire de leurs possessions. Si les situations diffèrent d’un bout à l’autre du continent, entre 1950 et 1975, 44 des 54 Etats que compte l’Afrique d’aujourd’hui deviennent indépendants. Ils sont 17 pour la seule année 1960, dont 14 anciennes colonies françaises.
Pour éclairer cette tranche d’histoire, nous avons fait appel à la philosophe algéro-française Seloua Luste Boulbina. Elle travaille sur les questions coloniales et postcoloniales dans leurs dimensions politiques, intellectuelles et artistiques. Elle a notamment publié L’Afrique et ses fantômes. Ecrire l’après (Présence africaine, 2015) et Les Miroirs vagabonds ou La Décolonisation des savoirs (Les Presses du réel, 2018).
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OBJECTION AVEC AMADOU MOCTAR DIEYE
Quelle stratégie de dépistage du covid-19 après la reprise des vols ? Pourquoi 40 mille francs, le test ? Quid des tests rapides ? Le directeur des laboratoires au ministère de la Santé, est au micro de Baye Omar Gueye
Amadou Moctar Dieye, directeur des laboratoires au ministère de la Santé, est au micro de Baye Omar Gueye de (Sud Fm) dans l'émission Objection.
par Alioune Dioh
ILS ONT ESSAYÉ D'ENTRAVER LA MISSION DE SERIGNE TOUBA
Le livre de Mbaye Gueye Syll révèle comment des responsables autochtones ont servi de relais à la haine, pour libérer la force coloniale contre les disciples de Cheikh Ahmadou Bamba
«Ce Cheikh Ahmadou Bamba détient certes, une puissance innée dont la raison ne parvient pas à saisir la source et expliquer la capacité de forcer la sympathie. La soumission des hommes envers lui est extraordinaire, leur amour pour lui les rend inconditionnels.»
C’est le livre de Mbaye Gueye Syll qui nous rappelle ces lignes d’Arthur Antoine Lasselves. Contemporain de Marty, Lasselves a été commandant du cercle de Diourbel de 1913 à 1915.
Ce récit historique princeps, était devenu impérieux. Il nous apporte beaucoup de précisions sur les noms, mais surtout les dates et les lieux. Il corrige des confusions qui parasitent une partie du geste de Serigne Touba relayé par la tradition orale. La vérité est rétablie sur les motifs de destitution et déportation de Samba Laobé Ndiaye, roi du Djolof. Il a rejoint Serigne Touba au Gabon en Janvier 1896.
Dans «Que sont devenus ceux qui ont essayé d’entraver la mission de Cheikh Ahmadou Bamba», le lecteur peut suivre à la trace «la trajectoire d'administrateurs coloniaux qui ont en commun un destin tragique, après avoir partagé leur haine contre Cheikh Ahmadou Bamba.»
Les détails sur le Lieutenant-colonel Marty, natif de l'Algérie française et fin lettré en arabe, rappellent le contexte hostile. Lorsque Paul Marty débarque à Dakar en octobre 1912, Cheikh‘ul Khadim réside en surveillance à Diourbel depuis neuf mois. Marty inaugure «un poste taillé à sa mesure : la Direction des Affaires musulmanes au Gouvernement général de l’AOF». Dès lors, il va s’échiner avec une obsession morbide à opposer des Sénégalais entre eux, en faisant subir aux mourides l’acrimonie de leurs compatriotes.
Le livre de Mbaye Gueye Syll révèle comment des responsables autochtones ont servi de relais à la haine, pour libérer la force coloniale dans sa propension à multiplier les abus de tout genre contre les disciples de Cheikh Ahmadou Bamba et conduire aux deux déportations de leur guide.
Quant aux administrateurs coloniaux, ils sont impliqués à des degrés divers dans les persécutions. Dépoussiérés de l’anonymat par le livre, ils ont pour nom Clément Thomas, Allys, Chaudié, Merlin, Mouttet, Leclerc. Ces deux derniers, revêtus de leur manteau d'administrateur se sont pris pour des commis de l’empyrée. Ils n’étaient juste que des apprentis flibustiers de la colonie. Ils se sont engouffrés et embourbés dans la geste non-violente d’un Cheikh Ahmadou Bamba, dont la mission dans les forêts périlleuses du Gabon était inéluctable. Louis Mouttet et Marius Leclerc appuyés par un certain Martial Merlin, ont essayé d'habiller des motivations privées pour élaborer un procès-verbal apparemment postdaté, de ce conseil bien privé, du samedi 05 septembre 1895.
Dès lors, leur carrière voguera de charybde en scylla «comme celle du bateau ville de Pernambouc qui a transporté Cheikh’ul Khadim vers Libreville. Le navire finira à la démolition navale en novembre1907.»
Le Paquebot du retour, identifié sous le nom de «ville de Macéo, semble avoir eu une destinée plus heureuse, qui accostera en fin de cycle dans un musée navale. En effet, c’est un passager extraordinaire qui a débarqué de son flanc, le 11 novembre 1902, sur le quai du tout nouveau port de Dakar. La foule compacte, était en extase devant Serigne Touba auréolé de gloire, comme s’il venait de survoler la canopée de la forêt équatoriale où des ennemies avaient voulu enfouir son aura.
Merci encore à Mbaye Gueye Syll, pour sa rigueur d’archiviste que tous lui reconnaissent. Avec générosité, il vient d’offrir aux disciples mourides, aux sympathisants et aux lecteurs de la Diaspora sénégalaise, une nouvelle contribution scientifique, sur ce pan de l’histoire de l'Afrique.
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CENTRAL PARK DE DAKAR
Le Président Macky Sall a décidé d'octroyer 10 hectares sur 600 soit 1,5% de l'espace de l'ancien aéroport pour faire un parc naturel.
Félicitations aux 23 000 signataires de la pétition. Le Président Macky Sall a décidé d'octroyer 10h sur 600 soit 1,5% de l'espace de l'ancien aéroport pour faire un parc naturel. Cela montre que la mobilisation citoyenne peut avoir un impact positif sur des enjeux cruciaux et c'est une bouffée d'air pour la démocratie.