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16 juillet 2025
par Abdourahmane Sarr
FINANCEMENT DE L’UEMOA : PROPOSITION POST-COVID
Là où l’Europe peut créer un mécanisme de stabilité en faisant lever des fonds par une entité garantie aux titres refinançables par la BCE, nous pouvons faire jouer le même rôle à la BCEAO sans la garantie des Etats si elle a la maîtrise de son bilan
Le Sénégal a lancé le débat sur la dette africaine, et par la voix de son ministre des Finances, a soutenu que son annulation permettrait de mobiliser des ressources nouvelles pour financer une reprise intéressante pour l’Afrique et ses partenaires. Il s’agirait donc de la reconstituer et rapidement en levant notre contrainte de critère de convergence sur le déficit budgétaire. Le Bénin, par la voix de son ministre des Finances, a lui exprimé une préférence pour des financements nouveaux plutôt que l’annulation ou le moratoire d’une dette jugée soutenable, invoquant des difficultés futures de mobilisation de ressources du marché qui en découleraient. Tidjane Thiam, figure emblématique d’une Afrique compétente et écoutée de la finance internationale, signataire d’une tribune en faveur du moratoire, voit en ce moratoire une solution immédiate et temporaire de libération de liquidités sans ressources nouvelles. Pour notre part, nous nous sommes exprimés contre l’annulation de notre dette et pour une autonomie monétaire afin de faciliter le refinancement de cette dette en monnaie nationale principalement, avec la souscription de non-résidents (voir Annulation de Dettes Non, Souveraineté Monétaire Oui). En effet, dans la gestion d’une dette souveraine, l’accès aux marchés pour le refinancement d’un niveau de dette soutenable est plus important que la capacité de remboursement avec des recettes effectives. Il est donc important d’être perçu par les marchés comme un souverain solvable qui respecte ses engagements. Nous soutiendrions une annulation de dette pour le Sénégal, si le président Macky Sall s’engageait à ne pas la reconstituer principalement en devises bien que finançable de l’extérieur.
Cela dit, ce débat public est sain comme le soulignait Kako Nubukpo dans une récente contribution, puisque pour notre part, le dénominateur commun de ce débat est que l’Afrique a besoin de ressources extérieures complémentaires pour son développement. Comment mobiliser ces ressources tout en nous affranchissant du joug de nos « partenaires au développement » ? Nous avons noté que Tidjane Thiam en des circonstances différentes de temps et de lieux a exprimé les points de vue suivants : i) « il faut du capital supplémentaire qui entre en Afrique pour la croissance » (ii) « c’est une folie que de financer les infrastructures avec des eurobonds » (iii) « l’Afrique doit utiliser son épargne pour financer ses infrastructures ». Comment réconcilier ces trois positions ? Clairement, l’insuffisance de l’épargne intérieure ou une utilisation optimale de nos revenus pour la consommation intérieure plutôt que l’investissement, nécessite un complément d’épargne extérieure n’ayant pas meilleurs usages (dettes ou fonds propres). Cette épargne extérieure peut être mise à disposition sous forme d’engagements en devises ou en monnaie nationale. Nous supposons donc que le problème que Tidjane Thiam a eu avec les eurobonds est qu’ils sont une dette en devises. Si tel est le cas, nous partageons avec lui une préférence pour l’endettement en monnaie nationale afin de réduire le risque de change du portefeuille de dette extérieure de nos Etats.
Il se trouve néanmoins que la raison principale pour laquelle nos Etats, Côte d’Ivoire et Sénégal, avaient émis des eurobonds dans des montants qui ont alerté Tidjane Thiam en 2018 n’était pas seulement liée au financement d’infrastructures (voir notre contribution « Eurobonds : le Sénégal et la Côte d’Ivoire au Secours de la BCEAO et des Banques»). Il s’agissait beaucoup plus d’une gestion macroéconomique, car notre banque centrale avait besoin de renflouer ses réserves de change après avoir excessivement financé nos états en monnaie nationale par le bais du refinancement de titres détenus par les banques. Cette thèse a été confirmée par le FMI. Une réduction relative de son volume de refinancement en conséquence avait créé une tension de liquidité dans le secteur bancaire et le marché des titres, générant un effet d’éviction du secteur privé. Au vu de cette expérience, comment lever des fonds sur les marchés internationaux pour renflouer nos réserves de change et soutenir la liquidité bancaire sans contraindre nos Etats à s’endetter en devises ?
Nous avons proposé que la BCEAO puisse émettre des titres sur le marché international sans la garantie des Etats sur la base de la solidité de son propre bilan dans la mesure où ses statuts le lui permettent. Elle pourrait ainsi lever jusqu’à 16 milliards de dollars, soit l’équivalent de ses réserves de change. Les fonds levés représenteraient des réserves de change portant leur niveau à 32 milliards de dollars immédiatement disponibles, alors que l’engagement extérieur de 16 milliards pourrait être sur une période relativement longue (5 ans) et renouvelable. Ainsi, une BCEAO à la gouvernance réformée aurait une capacité renforcée d’intervention, et donc de refinancement de crédits en soutien à la croissance mais sous le leadership du secteur privé.
Les non-économistes ne comprennent souvent pas comment il se fait qu’on ne puisse pas utiliser nos réserves de change pour des investissements alors qu’elles sont disponibles. Les économistes leur répondent toujours que la contrepartie circule déjà dans l’économie, et qu’il n’était pas possible de la réinjecter une deuxième fois. C’est vrai. Mais une façon de s’assurer que cette épargne extérieure est utilisée dans notre économie, est de permettre à la banque centrale d’emprunter son équivalent plutôt que d’attendre qu’on nous la prête par le biais d’eurobonds émis par nos états à des banques internationales. Si le financement graduel de l’économie que ces réserves permettraient ne réduit pas significativement le niveau de nos avoirs extérieurs nets, l’opération ne se solderait pas nécessairement en une dette nette ingérable par la BCEAO. Une autonomie d’objectif donnée à la BCEAO sur le taux de change tout en préservant sa mission première de stabilité des prix faciliterait cette gestion. Le refinancement par la banque centrale, à sa guise, de projets en soutient à l’exportation, à la substitution efficiente d’importations, et à la croissance serait ainsi bénéfique pour notre économie. Titrisés, des actifs de certains projets bien structurés pourraient même être vendus à l’international avec la participation de la BOAD.
Nous voyons là que notre destin n’est pas entre les mains de nos partenaires au développement, bilatéraux ou multilatéraux, si nous décidons de prendre la responsabilité de gérer nos finances. Là où l’Europe, par la solidarité, peut créer un mécanisme de stabilité en faisant lever des fonds par une entité garantie aux titres refinançables par la BCE, nous pouvons faire jouer le même rôle à la BCEAO sans la garantie des Etats si elle a la maîtrise de son bilan. Elle est notre meilleure institution et devrait pouvoir jouer un rôle réellement supranational auprès de nos états dans un monde post-Covid submergé de liquidités.
Ce que nous disons a été mis en œuvre par la Tunisie au début des années 2000. La Banque Centrale de Tunisie avait alors un programme d’émission de titres à moyen terme sur les marchés européens, japonais, et américains d’une valeur de 2 milliards de dollars qui équivalait au niveau de ses réserves de change de l’époque. Le prospectus indiquait que les fonds étaient destinés à renflouer ses réserves de change et à financer l’état Tunisien sans sa garantie. Si nous faisions la même chose, n’utiliserions-nous pas l’épargne nationale pour financer le secteur privé et des projets d’infrastructures rentables allant dans le sens de l’interpellation de Tidiane Thiam ? Crédit Suisse faisait partie des banques participantes. Cela nous semble préférable que d’emprunter la même épargne à travers le trésor d’un état tiers comme nous l’avons fait depuis 1960 pour remettre les fonds à nos états défaillants qui ont voulu conduire le développement à la place du secteur privé national. Annuler la dette pour la reconstituer de cette manière n’est pas souhaitable. Nos Etats pourront davantage se concentrer à développer le marché financier régional avec l’apport de non-résidents en monnaie nationale.
Alors, respectons les critères de convergence après le rattrapage contracyclique de la crise, renforçons notre banque centrale indépendante, et donnons-lui le mandat d’accompagner le développement sous le leadership du secteur privé et l’appui des états sur des choix consensuels avec l’exutoire du taux de change. Nos Etats se concentreraient davantage sur les services publics qui nous sont communs (santé, éducation, infrastructure de base, sécurité) dont la qualité dépendra d’une vraie politique de décentralisation. L’inclusion financière de nos populations et de nos collectivités locales leur permettra de participer à l’avènement de collectivités locales fortes soutenues par des petites et moyennes entreprises nationales résilientes.
De ce dernier point de vue, nous réitérons que l’Afrique devra capitaliser sur sa démographie en reconstruction et son urbanisation croissante qui ne seront plus des handicaps mais des atouts. Ces deux facteurs conjugués à la digitalisation des échanges permettront aux populations des zones urbaines de mobiliser l’épargne en monnaie nationale correspondant aux dépôts stables de leurs portefeuilles électroniques pour leur transformation en financements à moyen terme. Elles auront ainsi également une option sur le refinancement de la banque centrale, et donc sur les réserves de change, et pourront disposer de fonds propres pour leurs projets sans passer par le crédit bancaire. En effet, nos banques peinent à transformer nos dépôts à vue stables en des financements à moyen et long termes au profit de nos entreprises.
Librement.
par Mamadou Niang
MIEUX COMPRENDRE LE PLAIDOYER FORT DE MACKY SALL POUR L’AFRIQUE !
La dette doit être annulée mais le système qui l’entretient doit aussi disparaître, car même si la dette est annulée, elle pourrait renaître de ses cendres si le système est maintenu
Au début de la crise sanitaire du COVID19, le président Macky Sall a très tôt pris les devants pour demander l’annulation de la dette publique africaine et le réaménagement de sa dette privée selon des mécanismes à convenir. Cet appel du président Macky Sall a eu des échos favorables un peu partout dans le monde. Cependant, il faut comprendre que le plaidoyer du président, va au-delà, de la simple demande d’annulation de la dette africaine.
Il plaide en outre, pour l’abolition de l’ordre mondial en cours et l’instauration d’un nouvel ordre mondial, qui redéfinit l’ordre des priorités, qui investit dans l’économie réelle, bref il plaide pour un monde nouveau. Ainsi, pour mieux comprendre l’aspiration du président à un nouvel ordre mondial, il est important de revenir sur quelques aspects factuels de l’ordre mondial en cours. En effet, nul besoin d’être économiste, statisticien, géographe, historien, philosophe ou sociologue pour appréhender le dérèglement du monde, il faut juste être un humain. Car l’humain débarrassé de tous ses titres, grades et distinctions demeure le seul baromètre de l’humanité pour moi.
Mais malheureusement, nous sommes dans un système qui petit à petit a gangrené le monde dans lequel nous vivons, un monde qui a perdu ses valeurs morales et éthiques, un monde où l'Homme est piétiné, humilié, instrumentalisé, réduit à une simple cellule réactive et fonctionnelle d’un macro-processus planétaire. Ce macro-processus est fondé et entretenu par le mercantilisme, le matérialisme et la cupidité, il est centré sur lui-même et sur ses propres intérêts. Ainsi, l’économie mondiale hyper financiarisée se caractérise aujourd’hui, par un jeu d’acteurs vicieux et véreux, car depuis que certains aventuriers financiers que j’appelle les rapaces de la finance mondiale ont su que l’on pouvait plus facilement et rapidement s’enrichir avec la finance qu’avec l’économie réelle, ils ont transformé la planète en un gigantesque casino où l’argent est complètement déconnecté de toute production, de tout effort physique et/ou intellectuel, et de toute activité socialement utile. Les places boursières sont transformées en des lieux de trading à haute fréquence où le sort de centaines de millions d’humain se décide sur un coup de dés. Le résultat de ces procédés ésotériques financiers font que des montants d’argent peuvent multipliés par mille ou perdus simplement, en quelques secondes sans qu’aucun banquier ou statisticien ne puisse expliquer, ce qui s’est exactement passé, car le robot en charge des opérations spéculatives a décidé en quelques nanosecondes de vous faire gagner ou perdre, l’opération échappe même au trader, c’est-à-dire à l’opérateur des marchés financiers. Personne ne comprend, mais les verdicts gagnés ou perdus sont acceptés par tous : bienvenu dans la sorcellerie financière 2.0 où le virtuel a pris le dessus sur le réel.
La conséquence immédiate de cette virtualisation de la finance mondiale est que l’économie est devenue profondément dysfonctionnelle, et désormais c’est la finance qui actionne l’économie et non l’inverse. Cette situation a eu comme corollaire la concentration de la richesse mondiale entre les mains d’une minorité active qui asservit la majorité passive. Ainsi, le fossé entre les riches et les pauvres ne cesse de se creuser à cause de cette dynamique négative qui habite l’actuel ordre mondial, d’ailleurs cet ordre mondial entretient les fondements d’un monde structurellement inégal. En outre, la dette des pays pauvres sous sa forme actuelle est un obstacle structurel au développement économique et social car le complexe enchevêtrement des causes historiques profondes fait que la dette est similaire à une addition dans un restaurant où les clients précédents laissent l’addition aux clients suivants ainsi de suite, de génération en génération.
Le malheur, c’est qu’à force de voir le système ainsi, on le croit créé et arrangé par Dieu. Alors que Dieu n’y est pour rien, car les mécanismes de prédation avec les prêts prédateurs auxquels les pays pauvres de la planète sont confrontés sont le fruit d’une invention humaine. Donc la dette, telle que nous la connaissons aujourd’hui est greffée sur ce système, qui à travers les institutions financières internationales, organise une prédation légale et systématique des pays pauvres. Ces propos en substance du juge Kéba Mbaye citant un éditorial de Béchir Ben Yahmed, lors de sa leçon inaugurale portant sur l’éthique, aujourd’hui, à l’UCAD, le 14 décembre 2005 sont illustratifs de la situation : « (…) De leur côté, les anciennes puissances coloniales ont mal aidé. Quant à la Banque mondiale et au FMI, agents d’un ordre économique mondial injuste, ils ont erré. Cette conjonction de facteurs défavorables, toujours à l’œuvre en 2005, près de cinquante ans après les indépendances, explique les malheurs actuels du seul continent qui voit augmenter le nombre de ses démunis». Ainsi, ma conviction personnelle est que non seulement la dette doit être annulée mais le système qui l’entretient doit aussi disparaître, car même si la dette est annulée, elle pourrait renaître de ses cendres si le système est maintenu, l’histoire nous l’a déjà démontré. Et je reprécise ici que je parle uniquement des prêts prédateurs qui deviennent des dettes non remboursables dans le temps et qui finalement asservissent les États qui les ont contractées.
Cependant, je ne saurais passer sous silence un fait, car il y quelques jours après les sorties réussies du président Macky Sall plaidant l’annulation de la dette africaine, l’économiste sénégalais, Felwine Sarr a soutenu lors d’une interview avec la TV5 que : « Économiquement, la dette n’est pas un problème si elle est sous contrôle, c’est-à-dire bien investie. Malheureusement, certains Etats africains profitent de cette crise pour jouer sur ce que je nomme la politique de la compassion et demander l’annulation de leur dette. Hors, nous ne devrions pas tendre la main. Il faut changer de discours. Assumons nos dettes, payons-les, gérons-les comme il faut et arrêtons de venir quémander une annulation tous les vingt ans. » Ces propos de Felwine Sarr ne se justifient pas car la demande d’annulation de la dette africaine n’est pas une stratégie de politique compassionnelle, non ! Cette demande est faite dans un contexte particulier où aucun économiste, mieux aucun oracle ne peut prédire ce qui va se passer après cette crise sanitaire. D’ailleurs, au-delà du contexte mondial marqué par cette crise du COVID19, il sait que la dette africaine comme toute la dette des pays pauvres est une stratégie de prédation savamment orchestrée.
En fin de compte, comme le président Macky Sall, je pense que le temps d’un postulat radical, qui place l’humain et l’environnement au cœur de nos préoccupations et de nos actions, est plus que venu, il faut que l’humanité accepte audacieusement d’instaurer un nouvel ordre international légitime. D’autant plus que cette crise sanitaire offre aux tenants de l’ordre mondial inique, la chance de restaurer leur crédibilité morale car elle a produit les conditions de dépassement de cet ordre cannibale. Sinon le monde post-covid2019 risque d’être un monde bipolaire, non pas idéologiquement mais cette fois ci matériellement avec d'un côté les très riches et de l’autre côté les très pauvres qui seront de plus en plus nombreux.
par Yoro Dia
L'AUTRE GRANDE GUERRE
Macky devrait d’ores et déjà dire aux Sénégalais que la bataille économique de l’après-Covid-19 sera plus dure que celle contre la pandémie et qu’il n’aura à offrir que de la sueur si on veut respecter le rendez-vous de l’émergence en 2035
«Je n’ai rien d’autre à offrir que du sang, des larmes et de la sueur.» Ainsi parlait Sir Winston Churchill à la Grande Bretagne à la veille de la seconde Guerre mondiale quand il en devint le Premier ministre dans des circonstances exceptionnelles. Il réussit avec son discours de vérité à fouetter l’orgueil de ce grand Peuple, à le mobiliser pour gagner cette grande guerre. Le président Macky Sall devrait d’ores et déjà dire aux Sénégalais que la bataille économique de l’après-Covid-19 sera aussi dure, sinon plus dure que la bataille contre le Covid-19 et qu’il n’aura à offrir que de la sueur, énormément de sueur si on veut respecter le rendez-vous de l’émergence en 2035, car le «temps et la marais» n’attendent personne, comme on dit au pays de Churchill.
Nous gagnerons la bataille contre le Covid-19. C’est évident. Est-ce que c’est une question de semaines ou de mois ? C’est tout ce qu’on ne sait pas. C’est pourquoi il faut se préparer à l’après-Covid-19 parce que, soit le virus disparaît soit il va rester un encombrant «hôte étranger qui vit parmi nous». Il n’y a pas de troisième voie. Mais quel que soit le cas, il faut que l’économie redémarre pour la simple raison que nous n’avons pas le choix. Les prochains mois vont être très durs. Macky Sall a été chef de guerre contre le Covid-19, il faut qu’il le reste dans la deuxième phase économique de la guerre. Churchill a été un grand chef de guerre. Avec ténacité, détermination et bravoure, il est parti d’une situation désespérée, a su redonner confiance à un pays à genoux, l’a relevé et l’a mené à une victoire éclatante. C’est une des rares fois où un homme seul a su changer le cours de l’histoire. Churchill savait parler aux généraux et amiraux, mais avait montré toutes ses limites en économie lors d’un précédent passage au gouvernement comme chancelier de l’Echiquier. Son passage à la tête des finances fut tellement catastrophique que Keynes prit sa plume pour attirer l’attention du pays sur les «conséquences économiques de M. Churchill». Dès la fin de la guerre, les Anglais qui savaient tout de Churchill choisirent de le renvoyer dans l’opposition après l’avoir porté au pinacle de la gloire.
Le président Macky Sall, contrairement à Churchill et ses limites économiques, a consacré l’essentiel de son énergie à l’émergence, dont la marche en fast track subit un coup de frein brusque avec l’obstacle Covid-19. C’est après le Covid-19 que le fast track aura tout son sens, parce qu’on saura si le président de la République est en mesure de profiter d’une situation exceptionnelle (comme Churchill à la veille de la guerre) pour mobiliser l’énergie des Anglais en leur vendant l’espérance (la victoire finale, objectif clairement défini), car comme dit Napoléon, «les grands chefs sont des marchands d’espérance». Le pays a besoin d’espérance.
Il urge, alternativement à la communication quotidienne sur le nombre de cas, le nombre de guéris et le nombre de morts, de «vendre» au pays une autre espérance, un futur à côté de ce présent sinistre. L’histoire a toujours montré que dans une situation exceptionnelle, si les chefs sont exemplaires, le Peuple suit. Avec le Covid-19 et surtout l’après, Macky Sall a une situation exceptionnelle. Est-ce qu’il va être le Churchill de 1939 ou de 1945, ou celui dépassé par la crise économique, nous le serons dans les jours qui viennent. La bataille de la reprise économique commence maintenant. Et c’est une guerre structurelle dont dépend notre avenir, alors que la bataille contre le Covid-19, au fond, est conjoncturelle.
par Ibrahima Silla
CE N’EST PAS SORCIER !
Il nous faut déconstruire les imaginaires de la modernité et donc revaloriser nos traditions culinaires et alimentaires. Ne pas tomber dans la facilité de la consommation de produits finis importés
Avec le coronavirus, c’est la ruée vers la plante vedette à partir de laquelle on espère venir à bout de ce virus qu’aucun laboratoire pour l’instant ne semble être en mesure d’éradiquer par l’administration d’un vaccin. Mais, ce n’est plus qu’une question de temps. Le virus sera vaincu. Entre temps, on aura perdu beaucoup de temps et d’êtres humains. L’Afrique – Dieu merci – s’en sort pour l’instant plutôt bien. Pourvu que ça dure. Pour une fois, nous ne battons pas les tristes records dans la tragédie. Ce qui ne nous rend pas insensible et profondément triste devant les centaines de milliers de morts dans le monde. Le temps de l’analyse rationnelle ou mystique de cette « exception africaine » viendra une fois la crise surmontée.
En attendant, s’il y a une leçon provisoire à tirer de tout ce remue-ménage sanitaire c’est que l’Afrique doit apprendre à ne pas toujours attendre, les bras croisés que les gestes barrières comme les remèdes miracles viennent d’ailleurs. Demain d’autres virus viendront malmener nos existences fragiles et nos vulnérabilités solides. Il nous revient, si nous ne voulons pas éternellement dépendre de la pitié et de la charité humanitaire du monde, d’être en mesure de rivaliser d’ingéniosité pour moderniser et rendre accessible nos produits médicinaux et thérapies que nous avons le devoir impérieux et salvateur de trouver. Ce qui nous permettra demain de ne plus faire partie des problèmes. Nous pouvons être une part de la solution pour le monde comme nous le sommes dans bien des domaines déjà où nous sommes malheureusement de simples fournisseurs. Hier comme aujourd’hui. Autrement, nous serons condamnés à l’assistance et à l’exploitation à perpétuité.
Nous le savons parfaitement et nous devons en tenir compte dans nos priorités de politiques publiques. La maladie fait partie inéluctablement de notre destin. Elle se présente comme une fatalité, c’est-à-dire ce qui ne peut pas manquer d’advenir quoi qu’on fasse. Avec une régularité constante, les maladies surviennent comme une loi de la nature. Chasser les virus ils reviennent au galop sous une autre forme toujours plus virulente. Chaque virus combattu et abattu annonce l’arrivée d’un virus pire que celui qui l’a précédé. Face à cette loi de la nature, quelle riposte et quels réflexes de survie envisager en amont ?
Depuis des lustres, l’humanité a trouvé dans les écorces, racines, feuilles et graines des solutions et décoctions pour guérir les maux et maladies. Nos ancêtres se sont parfaitement bien débrouillés avec la quinine, l’artemisia, le cola, le bissap, le moringa, le citron, le bouye, le gingembre, le corossol, la goyave, etc. qui ont depuis longtemps étalé leurs mille et une vertus médicinales. Le remède viendra certainement d’une de ces plantes dont les chercheurs, instituts et laboratoires scrutent et extraient les particules les plus précieuses et essentielles pour produire le « miracle » qui se trouve forcément dans les quelques 350 000 espèces végétales recensées dans la végétation.
Il n’est pas nécessaire de se perdre dans les limbes de la pensée magique, de la mythographie, de la mythomanie ou sur les pistes de la sorcellerie pour trouver des solutions thérapeutiques dans la botanique médicale. Ce n’est pas sorcier. Même si dans la maladie, symptômes physiques et symptômes psychiques sont étroitement corrélés, ouvrant ainsi la voie au charlatanisme médicinal.
Scientifiquement toutes sortes de spécialisations, de domaines de recherche et de savoirs académiques et pratiques, de thérapies médicinales et protocoles d’utilisation montrent que les chercheurs africains comme les tradipraticiens confirmés ne sont pas coupés du monde sensible et des réalités sociétales. Ils excellent, en dépit des maigres moyens qui leur sont alloués, dans la botanique, la cryptogamie, la pharmacognosie, l’anatomie, la morphologie, la biologie végétale, la physiologie végétale, les sciences pharmaceutiques, la mycologie générale, la phytopharmacie.
Tout un travail de recherche scientifique nous donne la possibilité de puiser dans la botanique médicale des moyens de terrasser tout virus. Nombre de travaux scientifiques et expériences réalisées dorment sous la poussière des laboratoires, sans que les pouvoirs publics ne daignent s’intéresser véritablement au travail de codification et d’exploitation.
Les chercheurs africains, faute de moyens, se retrouvent ainsi, sinon engloutis du moins récupérés par des multinationales obsédées davantage par le profit que par la santé des populations. Les solutions et remèdes à tous nos maux existent déjà, mais bizarrement nous attendons toujours les solutions chimiques et vaccins venant d’ailleurs, là où une simple tisane ferait l’affaire. Il aura fallu un soutien hors du continent puis malgache, pour que l’on daigne enfin s’intéresser aux travaux du Docteur Munyangi, à l’origine de ce projet d’utilisation du covid-organics. Aujourd’hui, tous les honneurs sont adressés au président malgache et l’on semble avoir oublié le rôle joué par ce jeune chercheur congolais dont les recommandations ont été déconseillées à l’origine par l’Académie française de Médecine. Quelle injustice à l’égard de ce dernier ! Ni son pays ni le continent africain ne lui manifesté une quelconque considération. Il aura été même, au début, gardé à vue dans son propre pays le Congo.
Depuis des siècles, tout nouveau contexte épidémiologique permet de découvrir :
L’existence de botanistes professionnels, d’explorateurs naturalistes qui contribuent à hisser la botanique au rang de science autonome.
La découverte des progrès de la systématique végétale
La redécouverte de l’existence d’espèces comestibles ou ayant des propriétés thérapeutiques.
Il convient de ne pas penser la botanique et la médecine séparément. De même qu’il ne faut pas séparer totalement médecine moderne et médecine traditionnelle. Des laboratoires universitaires s’y emploient déjà et sont logées dans le même département à l’université. Une sincère collaboration entre médecins et pharmaciens, botanistes et tradipraticiens devraient nous permettre de trouver une multitude de remèdes efficaces contre tous les maux qui nous guettent, à moindre frais et avec des possibilités de conquête d’un marché international pour les commercialiser. Ce qui requiert le respect de certains protocoles scientifiques, techniques, réglementaires, éthiques avant toute utilisation.
Plusieurs groupes de recherche liés ou non à des entreprises pharmaceutiques privées, misent sur la découverte de nouveaux principes actifs contre le cancer, le diabète ou toute autre maladie, à partir des données ethnobotaniques. Des procédés de dosage ingénieux pourraient permettre d’extraire de ces plantes des particules, huiles et thérapies essentielles.
La nature regorge de vertus esthétiques et thérapeutiques. Chaque fois que nous sommes confrontés à de tels problèmes de santé, nous retournons vers la nature pour y puiser les trésors nutritifs et de nombreuses vertus médicinales. Le temps est donc venu de nous réconcilier avec la nature pour réaliser l’indispensable alchimie entre l’homme et le végétal. Nous disposons de tout ce dont nous avons besoin pour vivre bien et en parfaite harmonie avec la nature qui constitue un incommensurable réservoir de phénomènes biologiques et un immense stock de matériel génétique qui peuvent nous permettre d’avoir une nourriture saine et une médication obtenue à partir des produits récoltés dans la végétation qui nous entoure, sur nos terres qu’il faut préserver des pesticides, des colorants et autres produits chimiques dont la nocivité est scientifiquement constatée.
Il nous faut déconstruire les imaginaires de la modernité et donc revaloriser nos traditions culinaires et alimentaires. Ne pas tomber dans la facilité de la consommation de produits finis importés. Ce n’est pas sorcier !
Il nous faut résorber le problème de la disparition des espèces végétales menacées par la protection des milieux naturels, la fin de la déforestation, le frein à l’urbanisation et le reboisement. Ce n’est pas sorcier !
Il nous faut des politiques très volontaristes de sauvegarde de la biodiversité et de restauration des habitats dégradés. Ce n’est pas sorcier !
Il nous faut reconnaître et soutenir le rôle déterminant des jardins botaniques pour la recherche et la conservation des espèces végétales. Ce n’est pas sorcier !
Il nous faut une véritable politique d’éducation à l’environnement, Une approche didactique forte au développement durable, aux pratiques culturales et aux plantes médicinales. Ce n’est pas sorcier !
Tout ce que nous devons faire et qui est à notre portée n’est pas sorcier. Il suffit que la magie de la volonté opère pour transformer nos vulnérabilités en de solides opportunités sécuritaires.
TROIS NOUVEAUX CAS DE CORONAVIRUS À TOUBA
Les trois cas font partie des 104 nouvelles contaminations annoncées mercredi par le ministère de la Santé à la suite de 1.182 tests virologiques effectués.
Diourbel, 6 mai (APS) - Le district sanitaire de Touba (centre) a constaté trois nouvelles infections au Covid-19 chez des personnes contacts suivies par ses agents, a-t-on appris mercredi de source médicale.
Aucun nouveau cas de transmission communautaire n’a été diagnostiqué dans le département de Mbacké, dont relève la ville de Touba, selon le dernier bilan quotidien reçu de ce district sanitaire.
Il a déclaré guéris deux patients qui étaient hospitalisés à Darou Marnane, dans la ville de Touba, l’un des principaux foyers de contamination au Covid-19 au Sénégal.
Les trois cas font partie des 104 nouvelles contaminations annoncées mercredi par le ministère de la Santé à la suite de 1.182 tests virologiques effectués.
PORFESOOR MUSAA SÉYDI : «BÀYYI WIRIS BI LAW, MUSIBA LA NU NAROON A JURAL»
Bàyyi wirisu Covid-19 bi law ngir sabab kiiraayu-mbooloo la Doktoor Paap Musaa Coor digle ngir xeex mbas mi.
Bàyyi wirisu Covid-19 bi law ngir sabab kiiraayu-mbooloo la Doktoor Paap Musaa Coor digle ngir xeex mbas mi. Waaye PorfesoorMusaa Séydi mi jiite Banqaasu feebar yiy wàlle ca loppitaanu Faan, àndul ak xalaat boobule. Lii la Porfesoor Séydi wax :
« Naam, way-tawat yaa ngiy yokku. Kenn werantewu ko. Waaye, bu dul woon dogal yiñ jël, romboon nan fii bu yàgg. Loolooy wone ne, fagaroo gën faju. Mu am, nag, ñu jàpp ne danoo waroon a bàyyi wiris bi mu law, dal ñu bari ci askan wi ndax ñu mën a am kiiraayu-mbooloo. Waaye, wiris boo xam ne mën na laa wàll benn, ñaar, ñett ba fukki yoon sax, sun ko bàyyi woon mu law musiba mu réy la nu naroona jural. Ñi ci ñàkk kon seen bakkan kenn du xam nu mu tollu. Duma tàyyee wax ne fagaru rekk moo nu mën a may ndam ci Covid-19 bii lëmbe àddina si.»
Ci ndaje mu jawriñu wér-gi-yaram ji doon amal ak taskati xibaar yi la PorfesoorSéydi indee leeral yile.
DOKTOOR PAAP MUSAA COOR : “NAÑ BÀYYI MBAS MI MU LAW !’’
Kàddoom yii, jukkees na leen ci waxtaanwu mu amoon ak Alasaan Sàmba Jóob ci Itv.
Doktoor Paap Musaa Coor, gëstukat la, xelam màcc ci wérug mbooloo. Aji-caytuwaan (consultant) bi, jiite woon na fi tamit kurél giy xeex sibbiru. Moom, nag, ci xeexub mbas mi, naataangoomi fajkat yi dañoo jaar nii, mu jaar nee. Ndaxte, dafa biral ay kàddu yu safaanook tegtal ak digle yi doktoor yeek nguur gi joxe. Kàddoom yii, jukkees na leen ci waxtaanwu mu amoon ak Alasaan Sàmba Jóob ci Itv.
Ngir, nag, biral ne farul ak kenn, Lu Defu Waxu toftal na ciy kàdduy Dr Coor gis-gisu naataangoom Pr Musaa Séydi mi ne àndu ci tey àndu ci ëllëg
Lii la Doktoor Coor njëkk a wax :
‘’Damay dëggal kàdduy njiitu réew mi, Maki Sàll, bi mu waxee ne ‘luy jot, jot na ginnaaw dee’. Waaye, waxam jooju, mbasum Covid-19 bi la ci nammoon. Te, man, leneen a ma tax di wax. Leneen loolu mooy seen dogal yiñ jël ñeel xeexub mbas mi. dogal yooyu nga xam ne, boobaak léegi, ay loraange rekk lañu jural réew mi.
…Ku dem ba xamatoo foo jëm, dellul fa nga jóge
‘’Man, yaakaar naa ne, jot na ñépp toog, waxtaan waxtaanuw xel, wëliis waxtaanuw xol. Warees na xool, saytu ngir xam lan moo leen tax a jël dogal yooyii, lan lañ ci jublu woon ak yan ngirte lañ ci doon xaar. Day jaadu ci képp ku lal ab naal, walla nga jël ay dogal ngir xeex menn mbir, bu demee ba ci biir, mu amal ab taxaw-seetlu, xool ndax naal walla dogal yooyii baax nañ, am déet. Man, nag, wóor na ma ne, ñiy jël dogal yi dese nañoo xam li ñuy def.
Naam, boo xasee jël ay dogal yi aju ci wérug mboolem-nawle mi, dellu ginnaaw dina jafe lool. Waaye, ba tey lu mën a nekk la. Ndax, kuy dem ba xamatoo foo jëm, dellul fa nga jóge. Ndege, jamono metti na mettiwaay boo xam ne, koom-koom gaa ngiy suux. Nit ñi liggéeyatuñu, génnatuñu te, des na tuuti, dootuñu am luñ suturloo. Te, lii, mënta wéy. Warunu koo seetaan.’’
Nguur gi wekkiwul, day daaj
Nga xool yégle yi jawriñu wér-gi-yaram jiy biral suba su ne, bu 10i waxtu jotee. Saa su nekk mu siiwal wàllenti-ëlëm, naan “am nan ci nàngam… ñooñu béréb sàngam lañ dëkk…” Nga defe ni loolu jaadu na ci njiit loo xam ne, sa wareef bu jëkk, mooy dalal xelu askan wi ? Jàppal wàllenti-ëlëm fii, jàppal wàllenti-ëlëm fee. Nit ñi, ku ci dégg wàllent-ëlëm, saw fit naaw ndax dañ koo ngandal, garaawal ko ba nga ne lii lum doon. Te, nag, bu dee nii lañ ko nar a jàppe, nan leen defaruwaat, toog. Ndaxte, feek desàmbar dinan wéy di am ay wàllenti-ëlëm. Buñ ko xamulee, maa leen koy wax tey. Laaj bi sampu nag mooy bii : ndax nii lees wéy di doxale ba booba ? Te, nag, wax dëgg a neex Yàlla, fi ñu teg wàllenti-ëlëm yi àggu fa.
Nee ñu, wàllent-ëlëm mooy aji-tawatu Covid-19 bees xamul ku ko wàll jàngoro ji ak fan la ko ko wàlle. Nga xool, jamono ji doktoor bi paase-wisit aji-tawat bi ba koy jàppe wàllenti-ëlëm, nekkatu ko. Kon, taxatu koo ñàng noonu. Jamono jiŋ ko xamagulee kay la doon ñàng. Ndax, ci la doon dox di wàlle ak a tasaare feebarbi. Waaye, boo ko xasee am, jeex na. Lu tax nga koy tuddeeti wàllent-ëlëm ? Nguur gi wekkiwul, day daaj.
Gaw gi (le confinement) jaru ko…
Ci beneen boor, bépp fajkat xam na ne ñakk du lenn lu-dul doomu-jàngoro buñ néewal doole ba noppi daldi koy dugal ci yaramu nit ki. Liñ ci jublu mooy tàggat yaram wi, mu xàmmee doomu-jàngoro bi ngir, su duggatee ci yaram wi, doomi-kiiraayu deret ji (globules blancs) song ko, daan ko. Dafa di, nag, am na beneen xeetu ñakk bu ñuy wax ci nasaraan « vaccination naturelle ». Maanaam, bees bàyyee koronaa bi mu law, rawatina ciw askan woo xam ne ndaw yee ci ëpp, yarami nit ñi dañuy jur ay “anticorps”. Mënees na méngale “anticorps” yooyu akub dëq buy tee mbas mi law. Kon, lu fi jar gaw gi ? Nañ bàyyi nit ñi génn, doxi seen i soxla. Ndaxte, noonu mooy anam bu gën a gaaw ngir xeex mbas mi. Mu des, nag, yenn matuwaay yi mënta ñàkk. Maanaam, tëral ay pexe ngir saytu mbas mi, aar ñi jàngoroy Covid-19 bi gën a sonal. Lii rekk lan soxla te, tëlewunu ko. Am nan xam-xam bi ak jumtukaay yi. Kon, nan bàyyi tiitalaate bi. wàllenti-ëlëm du dara. Bu ma neexee sax ma ne, ci sunu wàll, ab xéewal la ! Nan bàyyi wiris bi law, dinan am kiiraayug-mbooloo, maanaam « protection de masse » ci nasaraan.
Warees na dalal xelu askan wi
Man, bu ma doon ñoom, ay baat yu mel ni wàllent-ëlëm, añs., dama koy bàyyee fajkat yi ; seen waxin la, ci ñoom la war a yem. Waaye, aw askan walla mbooloo, booy wax ak moom war nga xam li ngay wax. Dangay xool li mu aajowoo xam, nga xamal ko ko ci kàllaama gu leer, te yem fa. Te, nag, li askan wi soxal mooy xam fi mbir mi tollu cig tënk, xam naka la koy moytoo, fan lay dem su ko amee (walla ñan lay woo). Jeex na !
Lenn am na, bu feebar dikkaale nit koo xam ne, dafa ame tiitaange ak njàqare, loraange yi muy def moo ëpp fuuf bu dee feebar bi da koo fekk cim xel mu dal. Moo tax, doktoor, liy wareefam bu jëkk, mooy saa su nekk jéem a dalal xelu aji-tawat bi laata muy jublu ci paj mi. Boo ko mënul a faj tamit, nga dalal xelam. Ndege, lee-lee nga dalal xelu aji-tawat ba mu jaare fa wér te doo ko sax laal. Aji-tawat dina la fekk sa palaas, nga wax ko wax ju teey te dal, raay boppam, mu ne cocc wér te joxoo ko benn garab. Waaye, bu dee dafa ñëw nga tiital ko, yóbbu fitam, ndare amewul dara sax, feebaram dina yokku, nga daldi koy lor.
Yeneen feebar yaa ngiy rey nit ñi, ñu naan koronaa bi la…
Jamono jii, nag, am na ñu bare ñuy dee, ñu naan koronaa moo leen rey fekk ne, wóor na Yàlla, beneen feebar moo leen rey. Ndege, lépp lañ jël sippi ko koronaa bi. Ana kañseer ? Ana sibbiru ? Ana koleraa ? Ndax feebar yooyu dañ fee jóge ? Ana jigéen ñiy matu ci àll bi, ci kow i saret ? Mu mel ni koronaa rekk mooy feebar. Kenn fajatu fi leneen lu dul koronaa. Pómpiye yi, sax, kenn mënatu leen a jot.
Te, nun, Yàlla daf noo suturaal. Li mbas miy def ci réewi tubaab yu ci mel ni Espaañ, Àngalteer, Etaasini walla Farãs, bu ko defoon ci miim réew, ken waxatu ko. Bu la Yàlla defalee sutura daŋ koy xam te sante ko ko. Léegi, nag, réewi sowu yi ñoo nuy tiital, naan nu « feebar baa ngiy ñëw de ! Fagaruleen ! Bu agsee du baax ! Gaawleen lal palaŋu fàggu ngir nu lebal leen xaalis. » Noonu lañuy def, di fowe sunu xel yi. Te, jamono jii, dan waroon a taxaw temm ; ndax réewi sowu yi laago nañ jamono jii, seen doole wàññeeku na bu baax. Li nu waroon kay, mooy nu defar ay mask, ay gã ak sax ay noyyikaay ngir jaay leen ko. Am nan xam-xam bi ak mën-mën bi. Waaye nuy ñàkkal sunu bopp faayda nii. Fexe nañ ba jaay nu xel, tiital nu, nax nu ba nu nërmeelu ak ñoom. Lan lees ci war a jàngat ?
Mbas mi, nootaange da cee laxasu
Nan taxaw, seetlu. Naalub fàggu bu 1000 miliyaar yi, ñaata la ci Banque Mondiale ak FMI dugal nga foog ? Xaalis bu bare ! Te, du may, du sarax. Bor buy dolleeku ci yeneen bor doŋŋ la. Yaa ngi naan ñu far bor bi walla wàññi ko ba noppi ngay wëlbatiku di lebaat. Ndeysaan, sunuy doom ñoo koy fey. Kon, dañ nuy gal-gal ; te ci lañ dëkk.
Démb, amoon nañ fi mbasum H1N1, Sras-cov, Mers-cov, Ebola, añs. Tey, ñu indil nu mbasum Covid-19. Ëllëg tamit, leneen lañ nuy indilati ba noppi naan nu def leen lii nu lebal leen. Lenn rekk lañ bëgg, mooy gën noo saxal cib nootaange, suuxal sunuy koom-koom. Noonu ba kañ ?
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
MOUSSA SÈNE ABSA, ÉCRIN DE CINÉMA
EXCLUSIF SENEPLUS - L'écouter c’est côtoyer un artiste total. C’est une voix forte du paysage artistique, qui n’hésite pas à faire des incursions sur la scène médiatique lorsqu’une question de société l’interpelle - INVENTAIRE DES IDOLES
Figure majeure du cinéma sénégalais, Moussa Sène Absa a réalisé une dizaine de longs métrages, comme les mythiques Tableau Ferraille et Madame brouette, mais aussi des séries, comme Goorgoorlu. C’est aussi une voix forte du paysage artistique, qui n’hésite pas à faire des incursions sur la scène médiatique lorsqu’une question de société l’interpelle. Il se livre sur un parcours atypique, qui laisse deviner en creux le flair dont il a toujours fait preuve. Portrait.
Yarakh, à 7 kilomètres de Dakar, fin des années 60. Un paisible village de pêcheurs. Peu de maisons en dur, des baraquements en tôle, en bois, coiffés de zinc. Les ruelles sont sablonneuses. L’air sent les matins favorables, les embruns et les cristaux de sel. Un matin, sur la route de l’école, un garçonnet est absorbé par ce qui se passe devant lui. La scène, il faut dire, est frappante : le bienfaiteur du quartier, sur qui la fortune et la réussite sont tombées, sur qui les louanges des populations ne se tarissent pas, est le malheureux élu d’une triste péripétie. Huissiers et gendarmes le cernent, saisissent ses biens, le malmènent et le laissent déboussolé. L’homme est accablé. Le sont peut-être plus encore, les témoins médusés de la scène, pour l’idole leur quartier. Ce jour-là, le petit garçon est saisi d’émois, que sa candeur ne sait sans doute pas encore lire, ou analyser. Mais il fige l’image, comme un cliché archivé dans sa mémoire. Et c’est plus 30 années plus tard que ce jeune garçon, devenu Moussa Sène Absa, en fera un film : Tableau Ferraille (1997), peinture de la déchéance d’un homme que la providence chahute. Dans le rôle de l’idole déchue, Daam Diagne, magistralement campé par Ismaël Lo, tour à tour député, ministre, avant de gouter l’amère chute, à cause de la trahison de ses compagnons d’ascension, échaudés par ses velléités de probité. Tableau Ferraille, réplique cinématographique de Yarakh, avec son poisson, ses rues sans lotissement, grouillant de vie, révèle aussi la somptueuse Ndèye Fatou Ndaw, femme dévouée de Daam Diagne. Le film met en scène, déjà, les sujets chers au cinéaste : l’argent, l’ascension, le féminisme, la polygamie ; cette dernière, un souvenir têtu chez Moussa Sène Absa, qui le dit désinvolte : « à Yarakh, presque tous les hommes étaient polygames pendant mon enfance. » Le film est le premier grand succès du cinéaste, tant il révèle un pays en éveil, miniaturisé en un village, où les ambitions sont en conflits, au mépris des valeurs. Un classique universel.
Un âge d’or du cinéma
L’anecdote, voilà semble-t-il, le petit caprice de la mémoire du cinéaste Moussa Sène Absa, chez qui le hasard semble avoir une provenance, et les anecdotes, une suite dans les idées. Son œuvre garde cette dimension affective pour les souvenirs. Voilà donc la matière, mais aussi à travers elle, la fidélité à la terre, qui feront de Yarakh le décor de fond, la source, l’origine, du cinéma de Moussa Sène Absa. Le cinéaste y voit le jour en 1958, à la vieille des indépendances. Il perd très vite son père et grandit sous les auspices de sa mère. La famille est pauvre, sans le sou. Moussa Sène Absa sera talibé, pendant trois ans. Yarakh est alors peuplé de prolétaires, tirant de la mer leur seule source de revenus. Mais Yarakh est déjà plus qu’un village, c’est une terre mixte, un quartier populaire aux loyers modérés, qui commence gentiment à se densifier sous l’aspiration de Dakar. La ville naissante offre toutes les commodités pour les travailleurs de la capitale et une retraite populaire. Mais, surtout, l’ambiance, dans ces années 60, y est belle et dynamisée par le contexte : l’euphorie de quête de souveraineté du pays. L’énergie est là. A l’école primaire Bara Gueye d’abord, où excellent élève, le petit Moussa trace un chemin qui le conduira au lycée Van Vollenhoven. Les périples vers la capitale sont joyeux, la distance se parcourt en marchant entre le fief et le lycée. Pour le garçon curieux, c’est le Dakar qui s’illumine, s’ouvre au débat, développe son cinéma, qui l’intéresse et l’exalte. Le cinéma itinérant par exemple, comme ce jour où en plein air on projette le Lion de Saint-Marc, réalisé par Luigi Capuano, en 1963. Premier contact avec le grand écran, premiers frissons face à cette histoire de la ville de Venise sous le joug de pirates qui tente de s’en libérer. L’ambition commence timidement. Le bon élève sait aussi écrire, de la poésie et se pique de lectures. Passions qu’il développe en cours de théâtre après son bachot. Son loisir premier, ce sont les films, il le sent définitivement. Il se souvient des économies mobilisées, des privations endurées, pour gagner le droit d’accès à quelques séances. Les salles combles, la fumée des cigarettes, les trafiquants de billets autour, l’effervescence avant le début du film, le silence qui s’abat comme le manteau d’obscurité dans la salle, où plus un bruit ne s’esquisse… Tout y passe, plus qu’une relation avec un film, le cinéma de l’époque est presque une liturgie, qui a des effets stimulants pour le jeune Moussa Sène Absa. Les libanais gèrent alors la majorité des salles et deux sociétés, la SEGMA et COMACICO, sont les grands distributeurs qui irriguent la capitale.
Les mentors
C’est riche de ce bagage, de ses souvenirs, que le jeune homme pose ses bagages à Paris, « pour l’amour d’une femme », en 1984. Il s’inscrit, comme une évidence, en licence de Cinéma à Jussieu. Assiste aux cours en dilettante et seulement pendant trois mois. Le temps d’avoir une première fulgurance : un cours métrage de 18 minutes, Le Prix du mensonge, qui séduit et obtient un cachet de 30000 Francs du GREC (Groupe de Recherches et d'Essais Cinématographiques), créé par Jean Rouch. Pour le jeune homme rincé au cinéma, ce sont les prémices du rêve qui se réalisent. Le film, qui sort en 1988, raconte les destins opposés de deux frères, vivant à Paris, et met en scène leur relation avec leur mère. Enfin au plus près de son milieu naturel, la vocation à portée de main, le cinéaste est lancé. En 94, ayant acquis un terrain à Popenguine, la cité sainte, il rentre au bercail. C’est chez lui qu’il veut ancrer son art. Dans le pays, le cinéma a encore une flamme vive, maintenue par les deux monstres sacrés du 7eme art, légèrement rivaux, Ousmane Sembene et Djibril Diop Mambéty. Il entretient des relations amicales et respectueuses avec les deux icones, même s’il se souvient de deux tempéraments différents, deux visions du monde, deux types de cinéma. Ousmane Sembene, qui l’appelle papa, parce que le père du réalisateur de Guelwaar se nomme aussi Moussa, est « un ours » se souvient-il. Quelques épithètes ? « Eruptif, bougonneux, rugueux et cassant ». Il fallait prier pour tomber sur un bon jour. Son cinéma était, selon lui, un cinéma « de confrontation, de combats ». Une drôle de peinture qui rejoint certains témoignages plus confidentiels sur les aspérités de l’enfant de Casamance qui tranchent avec l’image d’Epinal. Moussa Sène Absa pousse même la réflexion sur l’origine probable de ce tempérament chez Sembene : « une connaissance de la guerre, une vie d’épreuves », où il a dû tout arracher. Le vrai mentor, pour lui, c’est Djibril Diop Mambéty, « un gentleman, poète, raffiné, subtil, un écorché vif mais doux, qui a un cinéma de réconciliation ». A ses côtés, il apprendra aussi quelques secrets du métier. Mais pour s’affirmer, s’émanciper de l’ombre tutélaire de ces pères au talent qui peut être encombrant, il faut s’affirmer, tracer sa propre voix, et élargir le cercle des mentors, au-delà de l’Afrique.
Pour commencer la France ! Moussa Sène Absa aime Truffaut, la nouvelle vague des années 60. Un film en particulier, le mythique A bout de Souffle (1960), de Jean-luc Godard. Comment trouve-t-il le cinéma français actuel ? « Il s’américanise, n’a pas la force narrative qui pénètre les méandres de l’être », conclut-il un brin nostalgique. Cap l’Italie ! Il aime Fellini. Aux US, Spike Lee est un autre compagnon de route. De tous les pays, l’inde sera une étonnante une source d’inspiration. Le cinéaste s’entiche de la Tragédie d’Apu (1959), œuvre du réalisateur bengali Satyajit Ray. Fresque d’initiation qui parcourt toutes les dimensions de la vie, de la mort, avec l’amour comme sujet essentiel, la famille aussi. De l’Inde, il tombe aussi sous le charme d’autres films. Il visionne, par exemple, « 33 » fois Abhinetri (1970) un drame romantique réalisé en 1970 par Subodh Mukerji. Un film dans lequel brille la sublime Hema Malini, le fantasme de son adolescence. Un fantasme, plus vrai que nature, quand en 2003, convié comme juré au festival de Goa, il rencontre sa bien-aimée imaginaire, à table. Le beau clin d’œil du destin, qui valide, les paliers gravis et son appartenance au club des réalisateurs. De ces mentors, de ses inspirations, il tirera son cinéma, qui sent ces influences, notamment la dimension de l’amour, contrarié, complexe, tragique, qui s’épanouira tout de même dans ses films.
Un cinéma de sens et d’essence
Pour le dire rapidement, le cinéma de Moussa Sène Absa est un cinéma sensible qui s’ancre dans le réel, en explore les galeries, les couleurs, les odeurs, les rythmes, les sons. Les chœurs s’enchainent, les séquences bariolées, et, on sent un souffle, une énergie urbaine, qui de Yarakh et la mégapole dakaroise, donne des décors mixtes. Un cinéma qui retrace des destins, flaire les sujets du moment, garde un attachement au réel, et peint les émotions. C’est un cinéma en mouvement qui veille à ce que l’art ne se sacrifie pas sur l’autel du discours politique. Tous les thèmes ou presque sont là : dans Yoole, le sacrifice (2010), le drame de l’immigration, avec en toile de fond, le clin d’œil toujours à Yarakh et au destin des pêcheurs. Dans Teranga Blues (2006), le retour d’immigration et ses tourments, où l’ode urbaine perpétue le cinéma d’ancrage. Dans Ainsi meurent les anges (1999), l’immigration est aussi en scène, tout comme le destin de ces femmes qui rappellent le roman Celles qui attendent de Fatou Diome. Dans Ca twist à Popenguine (1994), le rêve par la danse, le goût de l’évasion, et les tensions post-coloniales déjà. Blues pour une diva (1998), qui célèbre la chanteuse et comédienne Aminata Fall Garmi… Et bien d’autres. Une décennie faste et prolifique ! Au total, une quinzaine de films, au spectre varié, qui racontent le Sénégal et le monde. On revoit aussi les même acteurs, Thierno Ndiaye Doss, la fétiche Ndèye Fatou Ndaw, et des invariants : un travail soigné sur les bandes originales, les images, qui suggère l’artisanat qui a donné naissance à ce cinéma du flair.
Mais, de toute l’œuvre, c’est surtout à la télévision, tous les jours, que les sénégalais avaient rendez-vous avec le cinéaste. Avec le mythique personnage de Goorgoorlu, débrouillard qui trime pour nourrir sa famille, le tour de force est géant, d’arriver à capter, en si peu de temps - les épisodes étaient brefs -, un cliché qui rend si bien compte d’un pays en proie à la survie, mais qui garde une énergie vive, une bonne humeur et une bonne dose d’humour. Avec la tragédie du quotidien bien amortie par le registre comique et les comiques de situation, l’équipe qui produit la série du personnage culte du dessinateur Alphonse Mendy alias TT Fons, permet l’identification, l’évasion, l’hilarité, tous les jours. En filigrane, toutes les obsessions du cinéaste apparaissent encore dans les décors dépouillés, les vies simples racontées, et même le même acteur, le mythique Baye Eli. En revenir presque toujours à cette terre de Yarakh, où est aussi né le film le plus célèbre de Moussa Sène Absa, les pérégrinations de Madame Brouette (2002). Cet avatar d’une amie d’enfance, à la beauté foudroyante, mariée plusieurs fois, avant de décider de s’affranchir des hommes. La force de l’anecdote ici encore, comme dans Tableau Ferraille. Cette amie, bien réelle, rudoyée par ses relations avec les Hommes, confie un jour à au cinéaste à propos de son ancien amant qui l’a abandonnée : « s’il revient, je le tue ». C’est par cette scène de meurtre que le film commence… Film culte au féminisme précurseur, Madame bouette raconte l’univers plus que réel, des vies de femmes africaines qui animent les marchés, les gargotes, les foyers, véritables piliers qui doivent affronter toutes les pesanteurs sociales. Dans les galeries, la prostitution, la drogue, les magouilles, l’auteur ne laisse rien du plateau social.
L’importance de l’Art
Aujourd’hui, le cinéma peine à rebondir. Seules les gloires rapatriées depuis la France – Mati Diop, la nièce qui prolonge la filiation de Mambéty ou encore Alain Gomis - semblent reprendre les flambeaux des aînés comme Moussa Sène Absa. Le nerf de la guerre reste le financement. Se pose toujours en effet, la question de l’argent, qui rend encore le cinéma si peu souverain. C’est toujours « la croix et la bannière faire un film », concède-t-il, même si le FOPICA (le Fonds de promotion de l'industrie cinématographique et audiovisuel), essaie de jouer sa partition. Mais bien plus encore, les cinémas comme lieux physiques, comme enthousiasme collectif, ne suscitent plus vraiment l’engouement d’antan. Les séries sont venues combler un vide, en gagnant en technicité ce qu’elles perdent en authenticité. Comment ne pas évoquer Maîtresse d’un homme marié, la coqueluche du moment ? Moussa Sène Absa est loin d’être emballé : « il manque de l’art », juge-t-il. Aujourd’hui dans sa maison à Popenguine, le cinéaste, qui est aussi un grand peintre, regarde avec une certaine amertume le devenir de son pays. Dans une récente et décapante interview, pour SenePlus, il a fustigé les politiques et les religieux qui « tiennent en otage le pays ». Il se désole du manque d’empathie. On sent tantôt chez lui, une nostalgie d’une époque faste révolue, tantôt, une énergie prête à rebondir. Sur la précarité des artistes, il suggère des pistes de réflexions : « pourquoi ne pas créer une collection d’art nationale, un véritable musée, nourrie de la création locale ? La création d’une mémoire collective qui satisfait le double but de laisser un trésor mais aussi de financer les artistes. Un fond de solidarité, bien administrée, pour éviter les drames récurrents d’artistes, morts sans rien et souvent morts de dénuement ? » Mais bien plus encore, encourager une « diplomatie culturelle » comme sut le faire Senghor, et faire de l’art un centre important, une identité, un legs, pour les générations. Des idées généreuses pour rebâtir qu’il propose aux décideurs !
Dans sa maison à Popenguine, au bord de la mer, sans doute pense-t-il à Yarakh, par le courant complice des alizés. Le village de son enfance est devenu un pôle qui englobe la baie de Hann mais qui n’a pas – encore – connu la transformation des Almadies ou de Ngor, autres historiques villages de pêcheurs, devenus abris de résidences cossues. Le grand lecteur de Gabriel García Márquez et de Jorge Amado, semble avoir dans ses lectures un tropisme sud-américain. Lui qui est sensible « à la beauté, à la tendresse », doit épouser cette vie romantique, presque bohémienne. Savourer les jeux de ses enfants sur la grève, lui qui est resté un gamin, comme ceux qu’on voit dans ses films, incarner une candeur pleine de rêve. Savourer aussi, avec de la fierté, ce chemin parcouru, avec sa canne à la main, ses tenues, qui donnent à son allure, des accents de seigneur fantasque. C’est peut-être, une des choses à retenir : écouter Moussa Sène Absa, c’est vivre un moment exaltant, côtoyer un artiste total, un gueulard, génial homme de théâtre, possiblement excentrique, qui est le personnage - annexe, voire central - de tous ses films. Et cette verve et cette droiture, héritées de sa mère qui lui a appris à « ne jamais baisser la tête, à ne jamais mentir », sont restées comme des boussoles, qui se fichent des ragots et des injonctions à la bienséance. Le cinéma ne peut pas juste « survoler » les problèmes, et cette dimension de « l’engagement » dans l’Art n’est plus un débat, il l’a tranchée. Reste à trouver la mesure et l’équilibre pour préserver l’harmonie. Une quête perpétuelle. Il fournit l’écrin, il appartient aux amateurs de l’ouvrir, de le découvrir. Et, l’homme n’a pas abattu ses dernières cartes. Si récemment, il n’a pas fait beaucoup de films, il n’est pas question de prendre sa retraite. Il est d’ailleurs actif sur le front des séries, dont une pour France télévisions, Black & White, quatre épisodes prévus pour l’automne. Impatient et curieux d’y voir sous quels traits, apparaîtra Yarakh…
Le village de Thor, dans la commune de Diender, constitue une exception dans la gestion de l’épidémie du coronavirus, dans la région de Thiès. Dans ce village en effet, les autorités régionales ont recensé 44 cas positifs au Covid19 et mis en confinement 516 personnes dans des hôtels.
Le cas de Thor dans la commune de Diender, département de Thiès, a donné beaucoup de soucis au comité régional de gestion des épidémies de Thiès. En effet, ce seul village a comptabilisé à ce jour 44 cas positifs dont le cas zéro, qui n’est autre que la marchande de légumes, qui faisait la navette entre la localité et le marché Castor de Dakar.
Au-delà des cas positifs, le village compte 516 habitants actuellement confinés dans des hôtels de la place. Ce qui a poussé le médecin-chef régional de Thiès, Dr El Hadji Malick Ndiaye, a déclaré hier, que dans la région, c’est le district de Pout qui pose problème, notamment le village de Thor qui compte actuellement 44 cas patients sous traitement. Le toubib a fait cette sortie en marge de la rencontre du comité régional de gestion des épidémies présidée par le Gouverneur Mouhamadou Moustapha Ndao.
A la date d’hier (mardi 5 mai), la région de Thiès compte 100 cas confirmés dont 28 guéris, un décès, un évacué et 70 encore sous traitement dans les différents centres dédiés dont celui du centre hospitalier régional El Hadji Amadou Sakhir Ndiéguène. Et depuis l’apparition de la maladie dans la région, 1 230 ont été mis en quarantaine dans les hôtels où séjournent actuellement 999 cas contacts. En ce qui concerne la ville de Thiès, le talibé n’a plus de cas contacts et pour ce qui est du vieux décédé, ses contacts sont prélevés, mais depuis quelque jour, il n’y a pas de cas positifs parmi eux. De l’avis du Médecin Chef régional, l’évolution de la maladie est loin d’être maîtrisée, mais au cas où il y aurait des débordements, il n’est pas exclu de mettre des cas positifs dans des hôtels de la place et les surveiller comme s’ils étaient dans les centres de traitement.
Pour Talla Sylla Maire de Thiès, il faut que les populations sachent que le coronavirus n’est pas une maladie honteuse et de ce point de vue, tout doit être fait pour que la stigmatisation soit évitée car elle peut laisser des traces durables dans la société et aller au-delà même de la présence du virus. Le meilleur, dit-il, est que chacun soit dans la posture d’être le porteur asymptomatique. De ce point de vue, il sera obligé d’être dans une logique de se dire à tout moment : comment faire pour ne pas transmettre la maladie ? Globalement il s’agit, à ses yeux, de respecter les mesures barrières et d’éviter de faire courir des risques aux autres au lieu d’arriver à un stade où chacun cherche l’enfer chez les autres.
LE CONSEIL DEPARTEMENTAL ARME 6 COMMUNES DE THIES
Dans le cadre de la croisade contre la maladie, le Conseil Départemental de Thiès a mis à la disposition de 6 communes du département de Thiès, du matériel d’hygiène pour accentuer la prévention, dans un contexte de recrudescence des cas communautaires.
Pour Yankhoba Diattara Premier Vice-président de l’institution, la pandémie de coronavirus est une préoccupation majeure et la gestion des cas communautaires devient de plus en plus problématique. Mais dans ce cadre, la sensibilisation et la prévention demeurent un axe majeur. C’est pourquoi le Conseil Départemental de Thiès a souhaité la mobilisation de tous les acteurs à l’échelle départementale, même s’il est vrai que les différentes communes étaient déjà dans cet investissement. Mais il était bon de les accompagner, les renforcer avec des kits d’hygiène, pour mieux opérationnaliser et rendre davantage efficace la lutte. C’est dans ce sillage que l’institution départementale a sollicité ses partenaires allemands du Groupe Consulting GFA, qui travaille avec la coopération allemande dans le cadre du programme « Réussir au Sénégal ».
C’est ainsi que ses partenaires ont mis à disposition un important don de matériels d’hygiène d’une valeur de plus de 10 millions de Fcfa, qui peut toucher 5 000 personnes à travers les différentes communes du département. Les dons sont précisément destinés à 6 communes qui n’étaient pas encore atteintes par les activités du conseil dans ce domaine. Il s’agit de Fandène, Thiénaba, Tassette, Ngoundiane, Ndiéyène Sirakh et Touba Toul.
GFA a également accepté de prendre en charge la mobilisation de 10 jeunes par commune, qui seront formés, avant de s’investir dans la sensibilisation pendant 5 jours autour des gestes barrières, mais également distribuer des kits d’hygiène. Le don est constitué de 2 160 bouteilles de gel hydro-alcoolique, 180 caisses de 12 bouteilles de savon liquide Madar de 900 ml, soit 2 160 bouteilles. Il s’y ajoute 180 caisses de 12 bouteilles d’un litre d’eau de javel, soit 2 160 bouteilles d’un litre, 300 caisses de 18 morceaux de savon ordinaire, soit 5 400 morceaux de savon ordinaire, 2500 masques, 300 lavoirs.
LE CDEPS ET LA CJRS DENONCENT UNE PROCEDURE OPAQUE
Le Conseil des Diffuseurs et Editeurs de Presse du Sénégal (CDEPS) et la Convention des Jeunes Reporters du Sénégal (CRJS) ont parlé d’une seule voix
Le Conseil des Diffuseurs et Editeurs de Presse du Sénégal (CDEPS) et la Convention des Jeunes Reporters du Sénégal (CRJS) ont parlé d’une seule voix. A les en croire, les conditions de distribution de l’aide à la presse telles qu’effectuées par le Ministère de la Culture et de la Communication sont nébuleuses et bafouent les règles les plus élémentaires de la bonne gouvernance. C’est pourquoi ils invitent Abdoulaye Diop à rendre public l’arrêt portant répartition de l’aide à la presse.
Le CDEPS et la CJRS sont formels. C’est la nébuleuse totale dans les conditions de distribution de l’aide à la presse. Selon eux, la gestion de l’aide à la presse par le Ministère de la Culture et de la Communication est opaque et aux antipodes des directives données par le président de la République. «Le ministre de la Culture et de la Communication est allé totalement à contre-courant des recommandations du chef de l’État, en distribuant l’aide à la presse selon des critères inavouables et bafouant les règles les plus élémentaires de la bonne gouvernance, refusant de prendre un arrêté de répartition de l’argent public», dénoncent les membres du Cdpes dans un communiqué parvenu à «L’As».
Mamadou Ibra Kane et ses camarades semblent surpris par la démarche du ministre de la Culture et de la Communication car les acteurs des médias avaient exprimé au Président Macky Sall leurs requêtes sur les conditions de distribution de l’aide à la presse lors de leur audience en mars dernier.
Dans un souci de transparence et de bonne gouvernance, informent-ils, accord a été trouvé avec le Chef de l’Etat pour que le ministère de la Culture et la Communication associe les acteurs des médias pour la définition des critères de répartition de l’aide à la presse. Ainsi, ce fonds d’aide destiné à la presse devait faire l’objet d’un arrêté de répartition où seraient dévoilés tous les bénéficiaires de cet argent du contribuable sénégalais et les montants qui leur sont alloués.
Cette façon de faire, renchérit la Convention des Jeunes Reporters du Sénégal (Cjrs), risque d’annihiler les efforts considérables de l’Etat dans le but d’améliorer l’environnement économique des entreprises de presse. Pour les jeunes reporters, l’attitude d’Abdoulaye Diop est une menace pour la cohésion nationale autour du président de la République dans la lutte contre le coronavirus. «Cette action dilatoire prive également le secteur de la presse de ressources financières indispensables à sa survie économique. Pour cela, face aux réactions des différentes parties, la Cjrs exige du ministre de la Culture et de la Communication la publication de la liste des bénéficiaires et des montants alloués aux différents organes de presse.
A cet effet, elle invite également Abdoulaye Diop à rendre public l’arrêté portant répartition de l’aide à la presse. « La force de la République réside dans le respect de ses lois, pour bâtir un État de droit. Nous en appelons au chef de l’État et à toutes les institutions de contrôle de la gestion publique, pour rétablir les entreprises de presse dans leurs droits, à savoir la rémunération de leur mission de service public», ont martelé Mamadou Ibra Kane et ses collègues.
Sur un autre registre, la Cjrs demande aux patrons de presse de penser aux journalistes, particulièrement les jeunes reporters qui accomplissent parfois leur travail dans des conditions plus que difficiles.