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27 septembre 2025
par Alioune Badara Seck
MENACES SUR DRAAK (2)
En surface, en pleine banlieue, La jeune femme serre l’enfant sur sa poitrine découverte, court tous les sens, fonce sans discernement su les véhicules, telle une folle. Monsieur … s’il vous plait … c’est pour l’Hôpital monsieur
Alioune Badara Seck est un écrivain Saint-Louisien auteur d’une dizaine de romans. Le magazine du week-end vous propose sa subtile nouvelle « Menaces sur Draak » un récit de science –fiction aux accents prémonitoires.
En surface, en pleine banlieue, La jeune femme serre l’enfant sur sa poitrine découverte, court tous les sens, fonce sans discernement su les véhicules, telle une folle.
Monsieur … s’il vous plait … c’est pour l’Hôpital monsieur …
Au volant, les têtes se détournent, les vitres remontent à grande vitesse, si ce ne sont posent sur elle Monsieur … s’il vous plaît. C’est une voix, sortie de toutes ces ombres passantes qui lui crie : Prenez un taxi madame … avec eux il n’ya aucune chance. Un taxi … !
Ses bras sont soudain baignés de vomissures teintées de rouge. Dieu tout puissant !... Taxi… Taxi… Des freins qui hurlent, des pneus qui crissent. A L’Hôpital ?... C’est trois mille… Trois mille ?... Vous avez dit trois... Mais je n’ai que… Le taxi redémarre, sur les chapeaux de roue. La jeune femme ne peut que se résoudre à prendre à témoin la foule anonyme qui passe…
Par pitié !... il va mourir… elle fonce de nouveau sur le véhicule suivant, qui l’esquive pour continuer à toute vitesse… Dans ses bras, l’enfant est devenu un pantin désarticulé. elle se prend soudain à hurler, les yeux hors de la tête. Depuis plusieurs jours la presse s’en donne à cœur joie.
A la une, les titres défilent avec la même régularité. «Le mal inconnu se répand » ; « les enfants premières victimes » ; « fièvre vomitive : les ordures indexées » ; « Draak en quarantaine ? la situation envisagée » ; … et d’autres titres de la même veine … et toujours, la nourriture journalière des quotidiens : « Viol collectif d’une domestique ; une bande de loubards… » ; « Le car se renverse sur l’autoroute : treize morts ; « Draak, un souk gigantesque ».
Et encore : Vol à main armée en plein jour, rue des… » ; « Trafic de stupéfiants à la prison centrale » ; « un agresseur lynché par des femmes » ; « Corruption de mineure : deux touristes à la barre » ; « Des triplés à la maternité de… »
Dans les souterrains, c’est un véritable conseil de guerre qui se termine. Le Patriarche, tout excité, semble avoir retrouvé sa vigueur. Il est temps d’agir… Sinon, c’en est fait de Draak. et vous le savez bien, sans Draak, nous les muridés, nous ne sommes rien… C’est à vous Chef vigile… est-ce que tout est bien compris ? Allez ! Rappelez-vous. Vous n’avez pas le droit d’échouer… et que nos dieux nous viennent en aide !
La jeune femme se tient debout devant le portail de l’Hôpital. Elle a l’air hagard. L’enfant est mort en ce lieu devenu mouroir. Elle y a laissé des centaines d’autres, des hommes et des femmes agonisant aux bras de leurs proches impuissants. Elle n’y a pas trouvé le moindre médicament.
Les médecins débordés lui ont fait une ordonnance, à la va-vite. elle est restée là pendant des heures, son bout de papier en main, désespérée et aigrie d’avoir quémandé en vain. elle avait fini par sentir qu’elle agaçait autour d’elle. D’ailleurs elle n’a pas trop cru à ce diagnostic. elle avait senti en elle-même que ce mal-là, c’était autre chose de bien plus grave. un mal du diable…
Sa pensée va à l’homme à la motocyclette qui avait eu la générosité de s’arrêter pour les prendre sur son porte-bagages, elle et son enfant mourant. Draak est en émoi. Ce sont partout les mêmes mots. Vous avez vu ?... C’est une véritable hécatombe depuis quelques jours, chez ces sales bêtes. Notre rue en est débordée… j’en ai compté une quinzaine… Ma parole !... et ces queues vertes et boursouflées… vous avez remarqué ?
Je n’ai jamais vu ça de ma vie… Il paraît que le Service d’Hygiène est dessus…
On les ramasse à la pelle… C’est pour les analyses… Qu’est-ce que ça nous réserve tout cela ?... Hein… Avec ce mal inconnu en plus ! Qu’est-ce que Draak a encore fait au bon Dieu ?... Dans une rue du bidonville, en plein jour : Papa, là, regarde… Ce sont des rats ! Des rats ? en plein jour ?... Tu as bien vu ?
Là… entre les briques… Oui… Mais qu’est-ce que tu racontes ?... Le papa se baisse pour regarder entre les briques dispersées. Il a le temps d’apercevoir deux boules grises, qui en l’espace d’une seconde, disparaissent comme par enchantement… Nom de Dieu, je n’ai pas rêvé… C’est une de ces bêtes immondes à queue verte qu’ils ont trainée jusqu’ici… et toute ensanglantée, elle aussi ! recule petit ! Va me chercher la pelle… Vite… Vite…
Le patriarche est tout seul sur son siège. Il médite comme d’habitude, après le conseil de l’aube, les traits un peu plus sereins. « Nos vigiles ont fait du bon travail… Ils ont réussi en a exterminer tant, de nos cousines porteuses de ces germes maléfiques, que leur présence dans Draak ne peut plus passer inaperçue chez les humains…
Ces Draakiens inconscients ont enfin décidé d’ouvrir les yeux… leurs guérisseurs sont tous sur le qui-vive… ils trouveront, c’est sûr. C’est dans leur mémoire collective… ils vont éradiquer ce mal dont ils avaient oublié jusqu’à l’existence… « Nous ne pouvions laisser continuer.
Sinon, c’est toute la race des Drakiens qui allait disparaître… et nous avec… Oui… Car, sans les Drakiens, que serions-nous, nous les muridés… ? »
«POURQUOI JE SUIS CONTRE LE MODE DE REPARTITION DU FONDS COVID-19»
Palabres avec…. Daniel Gomes, musicien et président de l’Ams
Daniel Gomes est le chef d’orchestre du groupe Oriazul, mais également président de l’Association des Métiers de la Musique du Sénégal (AMS). A ce titre, il s’est particulièrement illustré pour la défense des intérêts des musiciens depuis la survenue de la pandémie Covid- 19. Il a très tôt tiré la sonnette d’alarme, alertant et prônant un soutien efficient aux artistes. Entretien…
M. Gomes, comment avez-vous intégré le sous -secteur musique du fonds force Covid- 19 du ministère e la Culture ?
Au lendemain de l’annonce de l’octroi des 3 milliards tirés du fonds force Covid -19 et dédiés à la Culture, la Direction des Arts a contacté les représentants des organisations professionnelles de chaque sous-secteur. Ceci, en vue de mettre sur pied un comité de pilotage, chargé de faire des propositions pour une bonne gestion de ce fonds. C’est ainsi que j’ai été désigné par l’AMS pour la représenter au sein du sous –comité sectoriel musique et choisi également par ce dernier pour le représenter dans le comité de pilotage.
Avec l’état d’urgence et le couvrefeu, vous n’avez cessé d’interpeller sur la situation des artistes à travers de nombreux communiqués…
Le virus a commencé à se propager très vite. L’AMS, qui est membre de la fédération Internationale des musiciens, recevait déjà des nouvelles alarmantes des organisations syndicales de musiciens des pays du Nord sur l’impact négatif de la pandémie. Il devenait évident que le Sénégal n’allait pas être épargné et nous avons tiré très tôt la sonnette d’alarme.
Pouvez-vous expliquer la raison pour laquelle vous avez jugé scandaleux le mode de répartition de ces fonds prônés par certains membres de ce sous- secteur?
L’AMS ne peut pas avoir pour credo l’organisation de l’intérêt général et prôner une scandaleuse discrimination dans le mode de partage de cet appui social. Quel est l’intérêt de procéder dans ces moments pénibles à une catégorisation arbitraire des artistes impactés ? Covid -19 a-t-elle catégorisé à la hausse ou à la baisse ses victimes ? Ceux qui se targuent avoir perdu des centaines de millions en deux mois ne devraient- ils pas se solidariser et même augmenter la cagnotte de leurs pairs qui tirent le diable par la queue ? L’heure est plus que jamais à l’union et chaque artiste a le devoir d’aider son collègue à porter son fardeau. C’est pour cela que nous appelons les partisans de la catégorisation à la raison, car cet appui n’est ni un dédommagement, ni une récompense, mais le fruit d’un immense élan de solidarité nationale.
Est-ce que tout ce bruit ne contribue pas à affaiblir un peu le sous -secteur de la musique ?
tera forcement notre sous-secteur si bruyant, et pourtant si fragile. C’est l’occasion que nous saisissons pour appeler notre ministre de tutelle à se prononcer sur l’origine et la destination de ce fonds afin que soit levée toute équivoque sujette à moult interprétations. Il nous faut nous attaquer ensemble aux véritables défis de notre sous-secteur. Nous ne voulons pas tendre la main, nous voulons vivre à la sueur de notre front. Portons par exemple à bras le corps le défi de la relance économique du secteur en sauvant les entreprises culturelles et le défi de la formalisation pour une reconnaissance de notre statut de travailleurs ayant droit à une protection sociale digne de ce nom. Voilà au moins deux grands chantiers pour un véritable développement de l’industrie musicale. Il est temps de siffler la fin de la recréation et d’inciter au travail décent.
Avec le milliard qui lui est alloué certains continuent encore de dénoncer l’implication de la Sodav. Qu’en pensez-vous ?
C’est faire un mauvais procès à la Sodav que de lui imputer les blocages issus de cette crise du partage de ce fonds. La Sodav n’a aucune obligation de prendre cet argent pour le distribuer. elle a accepté de le faire de bon cœur parce qu’elle a aussi une vocation sociale au-delà de ses missions que sont la collecte et la répartition des revenus de ses ayants droit. Ce fonds n’est pas une collecte de droits, mais une aide globale dont l’etat et les organisations professionnelles ont proposé à la SODAV de bien vouloir en assurer une distribution équitable. L’AMS s’est battue pendant 16 ans et se bat encore pour que les artistes prennent pleine conscience que la société de gestion collective leur appartient. Je suis outré de voir que certains s’acharnent à brûler la maison Sodav.
Vous êtes président de l’AMS, pouvez- vous tirer un bilan du parcours de votre association ?
Je me considère comme un homme très heureux. J’ai eu la chance de travailler avec une équipe dynamique conduite par notre premier président Aziz Dieng. J’ai eu également la chance de participer activement à la rédaction de la loi sur le droit d’auteur et les droits voisins qui ont conduit à la mise sur pied de la Sodav après 16 ans de lutte intense. et enfin, j’ai la chance de présider aux destinées de l’AMS depuis 2016 grâce à une équipe d’hommes et de femmes dévoués à la cause de notre organisation. Nous sommes en passe d’aboutir à une convention avec les employeurs de la musique pour permettre aux travailleurs du spectacle vivant de bénéficier enfin, d’un salaire décent et d’une protection sociale universelle. Nous avons la chance d’être appuyés en cela par la fIM, le ministère du travail, celui de la Culture, le Bit et l’unesco. Ma plus grande fierté serait de terminer mon mandat sur cette note positive. Nous avons des problèmes comme tout le monde, mais nous sommes fiers de pouvoir nous poser comme force de proposition pour nos autorités et l’ensemble des amoureux de l’Art.
Malgré ces notes, il existe une certaine désunion, n’est- il pas temps pour les musiciens de s’unir autour de l’essentiel ?
Je reste persuadé que la pandémie nous a fait découvrir à quel point nous sommes fragiles. Je crois que malgré quelques dissensions, nous sommes conscients aujourd’hui qu’aucun d’entre nous ne peut aller seul. L’AMS ne dérogera pas à ses missions de défense des intérêts matériels et moraux de ses membres. Nous sommes ouverts à toute collaboration constructive au bénéfice de notre secteur, et par ricochet du Sénégal. Unis, nous serons certainement plus forts.
Pour en revenir à votre carrière où est le groupe Oriazul. Cela fait un moment que l’on ne vous entend plus pourquoi ?
Le groupe Oriazul vit beaucoup de ses concerts publics et autres prestations privées. Comme pour tous, la pandémie est passée par là à la veille d’une tournée au Mozambique. Pendant le confinement, nous avons mis en boite un single intitulé « MeTySS » après 4 ans sans enregistrement. Ce titre est disponible sur les plateformes de distribution digitale et il est demandé aux mélomanes de le télécharger moyennant une contribution à leur convenance pour soutenir la création du groupe en cette période difficile.
La musique capverdienne a toujours été présente au Sénégal avec le passage de Nando Da Cruz, ManLima, René Cabral, Jaqueline Fortes etc. Avez-vous subi leurs influences et comment appréciez- vous cette présence ?
Le Sénégal a été le premier pays d’accueil africain pour nos grands-parents qui ont réussi le pari de l’intégration et de l’enracinement à la culture capverdienne. La plupart des grands noms de la musique du Cap-Vert ont passé par Dakar. Cette musique a pris son envol de Dakar. Le Sénégalais est un grand amateur de bonne musique. Nous avons hérité de ce métissage culturel très fort et espérons susciter des vocations comme nos ainés l’ont fait pour nous.
QUATRE NOUVEAUX DÉCÈS, 74 PATIENTS GUÉRIS, 40 CAS GRAVES AU TOTAL
Une soixantaine (63) de nouveaux cas positifs à la Covid-19 viennent également s’ajouter à la très longue liste des infections.
Le Sénégal a annoncé, ce vendredi, 17 juillet 2020, quatre nouveaux cas de décès liés au coronavirus. Ce qui porte à 160, le total de victimes de la pandémie au Sénégal depuis le premier décès, de Pape Diouf, au mois de mars dernier.
Une soixantaine (63) de nouveaux cas positifs à la Covid-19 viennent également s’ajouter à la très longue liste des infections. Selon le bilan du jour présenté par le ministère de la Santé et de l’action sociale, ce vendredi, sur 1074 tests effectués, 63 échantillons sont revenus positifs (25 communautaires, 4 importés et 34 contacts suivis).
Le nombre de cas graves remonte encore pour atteindre la barre des 40 patients.
74 patients ont été testés négatifs et déclarés guéris.Au total, sur les 8544 cas diagnostiqués positifs depuis le début de l’épidémie au Sénégal, 5809 patients ont été déclarés guéris, contre 160 décès déplorés et 2574 patients encore en soins dans les différents centres de traitement.
LE MINISTRE DE L’ÉLEVAGE ET DES ÉLEVEURS S'OPPOSENT
L’affectation de 15.000ha du Ranch de Doly à un important projet américain s’activant dans la restauration des sols, oppose depuis le mois de mars dernier le ministre de l’Elevage, Samba Ndiobène Ka, à une partie des éleveurs du Ranch
Mbargou Diop, correspondant permanent à Louga |
Publication 17/07/2020
L’affectation de 15.000ha du Ranch de Doly à un important projet américain s’activant dans la restauration des sols, oppose depuis le mois de mars dernier le ministre de l’Elevage, Samba Ndiobène Ka, à une partie des éleveurs du Ranch.
A l’origine de ce différend, la décision du ministre de suspendre les travaux de ce projet estimant que 15000ha pour tester un projet, c’était trop et que 20ha suffisent largement pour réaliser des tests. Ensuite, en cas de résultats concluants, le projet pourrait être étendu à son maximum c’est à dire aux 15000ha demandés.
Ce que les Américains n’ont pas accepté et ont plié bagages malgré les premiers investissements d’aménagement déjà réalisés sur le terrain et les financements octroyés aux femmes. C’est ainsi qu’une partie des éleveurs du ranch s’est élevée contre cette décision du ministre et lui demande de revenir sur sa décision car le projet leur apporte beaucoup d’avantages dans plusieurs domaines. Il génère des emplois pour les jeunes et pour les femmes, selon leur porte-parole Aliou Sow qui intervenait au cours d’une seconde conférence de presse du collectif constitué pour l’occasion.
Le projet dénommé Heifer International doit s’étendre sur 15000 ha et dispose d’un financement de 4,6 milliards. Il devait s’étaler sur 5 ans en partenariat avec l’institut Savory spécialisé dans la lutte contre la désertification.
Pour le démarrage des travaux d’aménagement, l’Ong Heifer International avait recruté des bergers et une centaine de jeunes pour les besoins des travaux d’expérimentation du projet. L’Ong avait aussi financé des groupements de promotion féminine de la localité pour les impliquer dans la réalisation des travaux d’expérimentation du projet. Le projet avait été lancé en 2018 par le ministre Aminata Mbengue Ndiaye, qui avait accordé l’autorisation d’installation de ce projet dans une partie du ranch et dont la décision vient donc d’être remise en cause par son remplaçant à la tête du ministère, Samba Ndiobène Ka.
Les éleveurs du ranch et les riverains de celui-ci contestent cette décision du ministre et ont organisé une manifestation de protestation en exigeant le retour dans le ranch de cette ONG américaine. Ils ont également tenu deux conférences de presse pour dénoncer cette décision du ministre Samba Ndiobène Ka et se disent prêts à saisir les plus hautes autorités afin qu’elles contraignent le ministre à revenir sur sa décision.
Pour sa part, le ministre campe sur sa position et exige des tests d’expérimentation dans un premier temps sur une superficie de 20ha qu’il a jugée plus raisonnable avant de l’étendre si les tests sont concluants. Quoi qu’il en soit, le bras de fer est engagé entre les deux parties chacune campant sur sa position. Selon des indiscrétions, des problèmes politiques entre des tendances d’un même parti se seraient invités dans ce différend. Cela est d’autant plus vrai que des éleveurs souteneurs du ministre ont eux aussi manifesté pour soutenir Samba Ndiobène Ka et l’encourager à maintenir sa décision. De son côté, l’Ong américaine maintient sa position en demandant le respect des engagements pris part l’etat à travers la signature de Mme Aminata Mbengue Ndiaye.
L’Ong entend exploiter les 15000ha qui lui étaient affectés ou suspendre les travaux car elle n’entend pas réduire la superficie de 15000ha à 20ha. A l’en croire, ces 20 ha ne représentent rien par rapport à ses ambitions. Telle est en tout cas la situation qui prévaut au niveau du ranch de Dolly et qui a été créée par la décision du ministre. Qui agit comme s’il n’y avait pas la continuité de l’etat ! En tout état de cause, les plus hautes autorités du pays doivent trouver une solution à ce problème qui met aux prises le ministre Samba Ndiobène Ka, les éleveurs et une ONG américaine avant qu’il ne dégénère… Il y va de la paix sociale dans cette partie de notre pays…
OUMAR YOUM PROMET DES LENDEMAINS QUI CHANTENT POUR LE SECTEUR DES TRANSPORTS
Le tableau de bord du secteur des transports terrestres (un parc automobile hors du temps, des acteurs surexploités et mal rémunérés, un désordre total sur les conditions d’accès et d’exercice du métier) fait craindre une sortie de piste
Etienne NDIAYE (correspondant permanent à Mbour) |
Publication 17/07/2020
Un parc automobile hors du temps, des acteurs (chauffeurs et apprentis) surexploités et mal rémunérés par leurs employeurs, sans aucune couverture sociale en prime, un désordre total sur les conditions d’accès et d’exercice du métier de transporteur et de chauffeur…
Sans compter l’indiscipline révoltante de certains chauffeurs. Le tableau de bord du secteur des transports terrestres fait craindre une sortie de piste si l’on n’y prend garde. Ministre des Infrastructures, des Transports Terrestres et du Désenclavement, Me El Hadj Oumar Youm a revêtu sa toge de l’avocat qu’il est pour prendre la défense des auxiliaires du transport terrestre et plaider l’importance de la réforme du secteur. Le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement était venu remettre aux acteurs de la gare routière de Mbour leur lot de 582 kits alimentaires, dans le cadre du programme d’extension de la sécurité alimentaire du Force Covid 19.
Le secteur des transports terrestres a connu un bond en arrière au Sénégal. C’est le ministre de tutelle qui l’affirme. Selon Me el Hadj Oumar Youm, l’etat, ayant bien reçu entendu le coup de klaxon, s’apprêterait à mettre en œuvre une nouvelle loi d’orientation et d’organisation qui va régir le secteur. Le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement a exposé, hier à Mbour, aux acteurs locaux les grandes lignes de cette profonde réforme en vue dans le secteur. Lors de la cérémonie de remise de kits alimentaire aux acteurs des transports routiers de la commune de Mbour, Omar Youm a déploré le fait que le transport terrestre n’a connu aucune modernisation dans notre pays depuis 1968. Pour y remédier, il a promis que des réformes seront entamées d’ici peu pour une durée de 5 ans.
« Nous allons renouveler le parc automobile en permettant aux transporteurs de contracter des financements avec un taux d’intérêt moins élevé contrairement aux taux actuels qui peuvent même dépasser les 13 %. un véhicule de transport en commun ne doit pas être âgé de plus de 10 ans et un transport de marchandise ne doit pas excéder les 20 ans. Pour cela, on va faciliter l’accès aux véhicules en annulant la TVA et diminuant la fiscalité.
En faisant ça, d’ici cinq ans nous aurons un parc automobile neuf ». C’est la promesse faite hier à Mbour par le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement aux acteurs des transports routiers. Me El Hadj Oumar Youm a exposé les grandes lignes de la future politique devant règlementer le secteur. Cette nouvelle loi aura pour but de rénover le parc automobile mais aussi de permettre aux chauffeurs d’obtenir des contrats en bonne et due forme auprès de leurs employeurs. Afin que cette volonté soit effective, l’etat a mis en place un fonds qui permettra aux transporteurs de contracter des crédits avec des taux de remboursement moins élevés. « Nous avons créé un fond de développement des transports terrestres. Si nous nous y attelons, chaque année nous pourrons avoir 30 milliards dans ce fonds. L’objectif est de renouveler le parc automobile. Aujourd’hui, nos voitures qui assurent le transport sont vétustes. Ce sont des véhicules qui datent de 1968 voire plus loin. Ils sont plus âgés que l’actuel président de la république. Nous allons renouveler le parc automobile en permettant aux transporteurs de contracter des financements avec un taux d’intérêt moins élevé contrairement aux taux actuels qui peuvent même dépasser les 13 % », a dit le ministre.
« un véhicule de transport en commun ne doit pas être âgé de plus de 10 ans sil convoie des passagers et 20 ans s’il s’agit de marchandises. Pour cela, on va faciliter l’accès aux véhicules en annulant la TVA et minorant la fiscalité. en faisant ça, d’ici cinq ans, nous aurons un parc automobile neuf » a encore expliqué Me el Hadj Oumar Youm.
Le maire de Thiadiaye a indiqué que, lors de la réunion du Conseil des ministres de mercredi dernier, le président de la république a montré sa ferme volonté de moderniser ce secteur dont la vétusté des véhicules reste un tendon d’Achille de son bilan. A ce titre, une loi de réforme a été déjà votée par l’Assemblée nationale, a rappelé Me Oumar Youm.
« Hier (mercredi, Ndlr) en Conseil des ministres, tout le monde a entendu ce que le président de la république a dit. Nous avons carte blanche pour la loi d’orientation et d’organisation du transport terrestre. Nous avons convoqué des réunions et remis la loi à toutes les personnes qui travaillent dans le secteur des transports terrestres. Nous préparons les décrets d’application qui vont accompagner la loi. Aujourd’hui, tout le monde dit ‘nous avons pitié des chauffeurs et nous devons les aider’, mais la meilleure manière d’aider les chauffeurs est de les accompagner dans leur travail. Ceci va leur permettre demain, quand ils ne pourront plus travailler, de ne pas être contraints de venir à la gare routière pour quémander mais de rester chez eux et vivre de leurs pensions de retraite », a laissé entrevoir le ministre.
Me El Hadj Oumar Youm brocarde l’attitude mercantiliste des transporteurs ...
Me el Hadj Oumar youm, dans la perspective de cette réforme en vue dans le secteur des transports terrestres, a promis d’être l’avocat des chauffeurs pour permettre à chacun d’eux de bénéficier d’ un contrat en bonne et due forme, d’être soumis à des horaires de travail décents et de pouvoir, une fois partis à la retraite, vivre de leurs droits. « Nous serons les avocats des chauffeurs pour que chaque travailleur puisse vivre de sa sueur. Jusqu’ici, la pratique la plus courante dans le secteur c’est le paiement au noir. Le chauffeur n’a pas une rémunération fixe, il peut être payé parfois à 40 mille ou même 25 mille francs, des fois il peut rester trois mois sans salaire. Ceci n’est pas normal car il ne doit pas y avoir quelqu’un qui travaille pour les autres et, en retour, ne bénéficie pas du fruit de son travail. C’est pourquoi, la réforme des transports est une nécessité. Il faut faire de sorte que tout transporteur qui emploie des gens puisse leur donner des contrats de travail avec un salaire bien défini. Nous allons combattre la situation actuelle même si cela va déranger certains, mais nous n’allons pas reculer », a martelé le ministre des Transports Terrestres.
Dans ce projet de réforme du secteur des transports terrestres, la question du renouvellement des licences connaîtra une nouveauté à travers l’obligation qui sera faite désormais aux transporteurs de présenter les contrats des employés s’ils veulent qu’on leur renouvelle leurs licences. « Dans cette perspective, nous allons fixer le temps de travail et de repos des chauffeurs. Parce que nous ne pouvons pas accepter qu’il y ait des gens qui travaillent du matin au soir sans pour autant se reposer. Dans ces conditions pitoyables, s’il y a un accident le responsable c’est le transporteur mais aussi l’autorité qui regarde faire », a pesté Me el Hadj Oumar Youm.
…et regrette l’indiscipline des chauffeurs
Si Me el Hadj Oumar youm, a fait le pari d’être l’avocat des chauffeurs. Il n’a pas pour autant manqué de relever des griefs tenaces à l’endroit des chauffeurs. Des griefs se rapportant notamment à leurs comportements. «Les chauffeurs, à leur tour, doivent être des personnes exemplaires. Mais quelqu’un qui vient avec des haillons, qui est mal habillé, avec un accoutrement bizarre, c’est normal qu’il ne puisse pas obtenir en retour le respect qu’il devrait mériter. La loi prend en charge la formation continue pour chaque 6 mois et le port vestimentaire. Aujourd’hui, les enquêtes ont démontré que 90 % des accidents sont causés par le comportement des chauffeurs » a déploré le Ministre.
Lors de la cérémonie d’hier, le ministre des Infrastructures, qui a relevé la résilience des acteurs des transports terrestres, après avoir salué la mémoire des pionniers locaux, a demandé aux chauffeurs de ne pas baisser les bras face à une maladie qui est toujours là.
L’aide alimentaire en question se compose de 14 mille kits alimentaires, globalement. Aux acteurs de la gare de Mbour, el Hadj Oumar Youm a remis 582 kits, pour chauffeurs et rabatteurs de passagers communément désignés sous le vocable de « coxeurs », soit une valeur de 23 millions de francs.
Le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, soucieux de la santé de la communauté face à la propagation du nouveau coronavirus, a invité les différents acteurs à faire preuve de responsabilité par l’observation stricte des mesures barrières aussi bien chez les professionnels du transport que chez les usagers.
Il faut noter que cette exigence a constitué l’un des trois objectifs de la visite du ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement hier à la gare routière de Mbour où la nouvelle loi d’orientation et d’organisation des transports terrestres a été exposée de fond en comble aux professionnels du secteur qui ont bien pris note.
Ces derniers, par la voix de leur porte-parole, M. Pierre Gomis dit Mbakhane, ont exprimé toute leur gratitude à leur hôte pour cet appui de l’etat en denrées alimentaires de première nécessité offertes à 582 parmi eux…
Par Mamadou Oumar NDIAYE
IL FAUT LAISSER EXPLOITER CES IMMENSES ÉTENDUES DE TERRES QUI DORMENT
Le Sénégal bien qu’ayant des terres des cours d’eau, du soleil, est incapable de produire de quoi se nourrir. Richard-Toll, qui n’était qu’un hameau perdu avant l’arrivée des Mimran, aurait-elle connu l’essor qui est le sien aujourd’hui ?
L’actuelle pandémie du coronavirus a révélé de manière dramatique l’extrême dépendance du monde entier à l’égard de la Chine devenue non seulement l’usine mais aussi la cantine du monde. Si l’Occident, de manière générale, a délocalisé l’essentiel de son industrie dans ce pays-continent en passe de devenir la première puissance du monde, notamment en raison de ses bas salaires et de la qualification de sa main d’œuvre - qui ne connaît pas le droit de grève qui plus est ! -, au moins il ne dépend pas de la Chine, de l’Asie d’une manière générale, pour sa nourriture.
Certes, à la lumière de la pandémie, les pays européens, et pas eux seulement, ont découvert, ébahis, que l’essentiel des médicaments qu’ils consomment est fabriqué au pays du président XI Jinping. Pour un pays comme le Sénégal, hélas, tout — y compris les cure-dents ! — vient de la Chine.
De ce point de vue, le fameux rapport du Boston Consulting club qui, au milieu des années 80, avait prédit que l’application de la Nouvelle politique industrielle (NPI, élaborée sous les injonctions des institutions de Bretton Woods) aurait pour effet de transformer le Sénégal en un gigantesque souk, ce rapport avait terriblement raison. Le Sénégal importe de tout et chaque mois, ce sont des centaines de containers qui y entrent à la grande satisfaction de la Douane qui peut se vanter année après année d’avoir battu des records de recettes…
Hélas, au détriment de ce qui reste du tissu industriel local. A preuve s’il en était besoin par l’appel au secours sous forme de coup de gueule poussé il y a deux semaines par les industriels ou fabricants du fer à béton.
Plus grave, soixante ans après son indépendance, le Sénégal importe toujours d’Asie, notamment du Viêt-Nam, de Thaïlande, de Cambodge et du Laos, mais aussi de plus en plus de l’Inde, le riz qui constitue l’aliment de base de ses populations.
Certes, depuis 1960, diverses initiatives (dans la vallée du fleuve Sénégal et le bassin de l’Anambé, notamment) ont été prises pour produire du riz et, si possible, atteindre l’autosuffisance en cette céréale. Ce qui serait synonyme de coupure du cordon ombilical qui nous lie à ces pays asiatiques et aussi mettrait fin à une ruineuse saignée de devises. La dernière initiative en date, c’était l’objectif volontariste du président Macky Sall d’atteindre justement l’autosuffisance rizicole en 2017.
Un deadline finalement repoussé aux calendes sénégalaises, si ce n’est à la Saint Glinglin. Or, de sombres prédictions indiquent que l’actuelle pandémie mondiale pourrait pousser les pays asiatiques à garder leur production pour nourrir leurs populations. Ce qui, évidemment, aurait un effet dramatique pour des pays comme le Sénégal qui importent presque tout ce qu’ils mangent. A l’exception, en effet, de quantités somme toute modestes d’autres céréales comme le maïs, le mil et le sorgho, notre pays dépend de l’extérieur pour son alimentation. Une dépendance périlleuse et suicidaire en ces temps d’incertitudes. Une dépendance, surtout, d’autant plus inexplicable et intolérable que nous disposons de vastes étendues de terres, d’un relief plat et d’eau en abondance qu’il suffirait de drainer vers les parties arides de notre pays.
Bienvenue chez les fainéants !
Hélas, ce potentiel n’est pas mis en valeur et nos braves paysans, partisans du moindre effort, se contentent de cultiver trois fois l’année et passent le reste du temps à l’ombre des arbres tandis que les braves femmes s’échinent à nourrir le foyer.
En réalité, la plus grande partie de nos terres n’est jamais exploitée, nos parents ruraux les considérant comme une « richesse de contemplation » à la manière des éleveurs avec leurs bœufs qu’ils n’abattraient pour rien au monde pour consommer de la viande et donc des calories. Le Sénégal, donc, bien qu’ayant des terres à ne pas savoir quoi en faire, des cours d’eau, du soleil…est incapable de produire de quoi se nourrir. Une des raisons à ce paradoxe est, certes, que l’agriculture est largement pluviale et dépend donc des caprices du ciel. La culture irriguée serait donc la panacée. Oui mais voilà, pour cela, il faudrait disposer de moyens financiers pour réaliser les investissements nécessaires. Des moyens dont ne disposent pas nos paysans. Ils ont des terres dont ils revendiquent la propriété et n’exploitent qu’une partie infinitésimale. Des terres dont ils ne veulent pas que les gens qui ont des moyens puisse les mettre en valeur.
Exemple par l’affaire qui défraye actuellement la chronique à Ndingler où on assiste à une véritable révolte paysanne contre un homme d’affaires sénégalais, M. Babacar Ngom en l’occurrence, qui a des moyens financiers et veut investir dans la terre ! Il en est empêché au prétexte que ces terres appartiendraient depuis des temps immémoriaux — façon de parler, bien sûr — aux braves paysans de Ndingler qui ne les ont jamais exploitées ! Et pour cause, puisqu’ils n’en ont jamais eu les moyens. Ni la volonté, sans doute… Des terres (au niveau du Sénégal tout entier) que le président Senghor, visionnaire, avait reversées dans le patrimoine de l’Etat par le biais de la loi sur le domaine national votée en 1964. Une loi en vertu de laquelle toutes les terres non immatriculées — cas de celles de Ndingler — appartiennent à l’état, ceux qui les cultivent ne bénéficiant que d’un droit d’usage. Lorsque la société Sédima — qui a réussi le tour de force de mettre fin à la dépendance du Sénégal aux poulets importés — a voulu lancer un ambitieux programme de culture de céréales et autres spéculations, son propriétaire s’est adressé à la communauté rurale gestionnaire des terres sur lesquelles il avait jeté son dévolu, qui lui a fait une délibération pour lui octroyer 300 ha. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin et pour sécuriser ces terres sur lesquelles il allait quand même engager des investissements de plusieurs milliards de nos francs, le patron de la Sedima s’est adressé à l’Etat, véritable propriétaire, pour demander un bail.
Après enquête des autorités administratives qui a fait apparaître que le foncier en question relevait bien de la gestion des ruraux qui l’ont cédée à l’exclusion de tout autre, le bail demandé a été accordé. Auparavant, l’Etat avait procédé à la désaffection de ces terres pour les reverser dans son patrimoine. La Sédima a-t-elle voulu sécuriser davantage sur le plan juridique son bien ? Toujours est-il que, dans la foulée, elle a sollicité la transformation du bail en titre foncier. Autrement dit, que l’Etat lui vende les 300 ha en question. Ce qui a été fait là aussi. C’est au moment où les travaux ont commencé que des paysans surgis du diable Vauvert, c’est-à-dire d’un village situé à six kilomètres du terrain de la Sédima, sont venus dire que leurs terres ont été spoliées ! Depuis lors, l’investisseur Babacar Ngom, bien que jouissant d’un titre de propriété incontestable, est empêché de travailler !
Opposants radicaux du parti Pastef menés par l’inspecteur des impôts et domaines Bassirou Dioma faye, un ressortissant du cru, organisations de la société civile avocates du diable et en mal de causes à défendre, activistes et maîtres chanteurs de tout poil ont formé une coalition hétéroclite pour aboyer et mener un combat improbable sur l’air du « touche pas aux terres des pauvres paysans » ! Des « pauvres paysans » qui, d’abord, n’ont jamais été propriétaires des terres qu’ils revendiquent. Lesquelles appartiennent à l’Etat qui les cède à qui il veut. Et qui ensuite — ces « pauvres paysans » — ont toujours été incapables de mettre en valeur ces terres qu’ils se contentent de regarder depuis des lustres. Et qui, aussi, ne manquent pas de lopins de terres à mettre en valeur si tant est qu’ils veulent cultiver. Car enfin, au Sénégal il n’y a pas de latifundiaires que l’on sache qui exploiteraient d’immenses domaines et disposeraient de milices pour massacrer de pauvres paysans afin de s’emparer de leurs terres. Ce qui a emmené le phénomène des guérillas rurales en Amérique latine. Ceci n’étant, bien sûr que la variante contemporaine, les latifundia ayant surtout existé dans la Rome antique… Dans notre pays, il y a des terres pour tout le monde, l’Etat garantissant aux paysans l’accès à cette terre. Pour peu qu’on ne soit pas un fainéant, on peut y cultiver la terre.
Non, messieurs, il n’y a pas de latifundia au Sénégal !
Cela dit, depuis la crise agricole de 2006, on sait que l’un des enjeux du monde contemporain, c’est l’agriculture et, par extension, l’alimentation. Le Sénégal peut-il se permettre de laisser en jachère on non exploitées d’immenses espaces que des paysans qui s’en disent propriétaires ne peuvent pas mettre en valeur tout en interdisant à quiconque de s’en approcher ?
Des terres qui demandent, pour donner tout leur potentiel et nourrir nos compatriotes, mais aussi contribuer à rééquilibrer notre balance des paiements par le biais des exportations, des capitaux et des technologies. Nos paysans ne disposent ni des uns, ni des autres. L’idéal serait, bien sûr, un partenariat gagnant-gagnant dans lequel ils mettraient à disposition leurs terres (du moins, celles sur lesquelles ils ont un droit d’usage) et où des investisseurs apporteraient le savoirfaire ainsi que la technologie et les moyens financiers. A condition que ces paysans ne s’arc-boutent pas sur des terres qui, de toutes façons, ne leur appartiennent pas et ne chassent pas tous les investisseurs qui se présenteraient ! Notre pays a besoin d’investisseurs directs étrangers (IDe) dans tous les domaines — industrie, mines, tourisme, pêche, TIC — et particulièrement dans l’agriculture. A condition, pour ce dernier domaine, que les détenteurs de capitaux aient accès à la terre ce qui est bien le moins. Il y a déjà des espagnols, des français, des Marocains, des Indiens et des ressortissants d’autres pays qui exploitent de vastes domaines dans notre pays, qui ont boosté la production et c’est très bien ainsi. Mais alors, pourquoi des Sénégalais n’auraient-ils pas le droit d’en faire autant ? Lorsqu’ils viennent dans notre pays, l’une des choses qui frappent le plus les visiteurs asiatiques, ce sont les terres à perte de vue qu’ils voient…et qui ne sont pas exploitées.
Souvent, ils ne manquent pas de demander pourquoi est-ce que donc on importe nos aliments alors qu’on a tout ça ? On aurait envie de leur répondre : la paresse des Nègres ! Si le président Senghor, pour en revenir encore à lui, n’avait pas été assez visionnaire pour accepter que son ami Jacques Mimran — auquel il a accordé beaucoup de facilités soit dit en passant — plante de la canne à sucre dans la Vallée, aurions-nous eu aujourd’hui la Compagnie sucrière sénégalaise (Css), l’une des plus grandes industries du Sénégal et, surtout, le premier employeur privé ?
Richard-Toll, qui n’était qu’un hameau perdu avant l’arrivée des Mimran, aurait-elle connu l’essor qui est le sien aujourd’hui au point d’être le plus grand pôle de développement de notre pays ? Gageons pourtant que si c’est aujourd’hui que les vastes étendues de terres sur lesquelles les Mimran ont réalisé leurs plantations de canne devaient leur être octroyées, eh bien on aurait vu une camarilla se lever pour crier haro sur les spoliateurs de terres paysannes ! et pourtant, si on avait dix familles Mimran seulement dans ce pays…
LA COVID-19 TOISÉE AU NOM DE LA TABASKI
Dans une atmosphère populeuse et presqu’anxiogène, les marchés de la capitale flirtent avec un virus de Covid-19. Masque ou sans masque, vendeurs, acheteurs, démarcheurs et même malfaiteurs se côtoient dans ces grands lieux d'interaction économique
Dans une atmosphère populeuse et presqu’anxiogène, les marchés de la capitale flirtent avec un virus de Covid-19. Masque ou sans masque, vendeurs, acheteurs, démarcheurs et même malfaiteurs se côtoient dans ces grands lieux d'interaction économique. De visu, l’on note que les gestes barrières telles que la distanciation physique ou le port du masque ne sont plus d’actualité. Pis, certains éprouvent un malsain plaisir à se serrer les mains et comme cela ne suffisait pas, ils s’échangent les tasses de « café touba » et de « thé ». Le tout dans un environnement pollué par l’hivernage qui ne facilite pas l’entretien des marchés. Entre coronavirus et Tabaski, les Sénégalais font fi du virus qui s’active pour la fête… Reportage
A quelques encablures du rond-point liberté 6, le marché Castors draine un monde impressionnant. Jeunes et vieux, hommes comme dames, se bousculent sans merci pour accéder au passage. Les commerçants emploient usent sans ménagement de leurs cordes vocales pour attirer les clients et ces derniers éludent la distanciation physique exigée par la présence de Covid-19 dans le pays pour se ruer vers les produits du marché.
Interpellé, Moussa Dione, un vendeur de poisson, déclare : « les Sénégalais se disent que cette maladie est virtuelle et fictive. J’avoue que depuis que cette pandémie de la Covid 19 a commencé dans ce pays, personnellement je ne connais personne qui a été contaminé ». Pour le jeune commerçant, « les Sénégalais seront toujours aptes et déterminés à braver tous les dangers au nom de la fête. La Tabaski est une fête très importante dans notre pays et cela explique l’engouement que vous constatez ».
Dans le même registre, la vendeuse de légumes Rockaya Faye vient en appui à l’opinion de ce dernier et brandit les charges financières pour expliquer ce décor. « Le président a dit de vivre avec le virus, donc c’est ce qu’on est en train de faire. Le coronavirus ne peut rien contre le Sénégal parce que nos marabouts prient pour nous. Si on reste à la maison sous la peur d’être contaminé par le virus, comment allons nous arriver à nourrir nos enfants ? Les fêtes sont à quelques jours, où voulez-vous qu’on trouve de l’argent pour toutes ces dépenses incompressibles ? ».
Avant qu’elle ne place son dernier mot, sa voisine d’à côté, Ngoné, sans masque ni gant réagit d’un ton ferme : « Nous, on est des Sénégalais et non des Français ou Américains. Alors, qu’on nous laisse en paix avec cette histoire de coronavirus ! Cette maladie ne peut pas se développer dans ce marché ». D’ailleurs, poursuit-elle, « il y a certaines personnes qui veulent juste qu’on ferme ce marché à cause du coronavirus mais nous n’accepterons pas. Un marché, c’est un marché. On ne peut pas respecter 1 mètre de distance et encore moins porter le masque sous la pluie ou le chaud soleil ».
Même photographie au marché Hlm ou sinon pire. En plus du non-respect des gestes barrières, le café-touba et le thé sont partagés entre vendeurs et acheteurs. « On ne doit pas avoir peur de cette maladie. Il est démontré par les scientifiques que le café touba et le thé sont assez chauds pour détruire le coronavirus » soutient Souleymane Sène, vendeur de tissus dans ledit marché.
Poursuivant, il admet qu’il « est bon de porter le masque mais avec la pluie ou le soleil, c’est très difficile. Aussi, les gens reprennent peu à peu l’habitude de se serrer les mains, et c’est jugé un peu égoïste ou dérangeant de refuser de serrer la main d’un frère ou un ami très proche. Nous sommes au Sénégal, il y a certaines réalités qui vont demeurer quel que soit le danger ».
N’épousant pas cet avis, Khadidja Ndour dénonce le caractère « irresponsable » de ces concitoyens. « Dans ce marché, il y a certaines personnes qui, non pas pour des raisons d’espace, veulent délibérément s’accoler à vous. Ce sont des voyous qui s’adonnent aux frotteurisme », dénonce la jeune étudiante. Et d’ajouter : « la majorité ne porte pas les masques et parmi le peu de personnes qui le portent, certains sentent très mauvais. Il s’agit surtout des commerçants, des apprentis qui sont dans les « cars rapides ».
Le marché est si sale qu’on ne peut le décrire ». Toutefois, en dépit du risque de contamination très élevé dans un tel milieu, « nous sommes obligés de venir acheter les marchandises dont nous avons besoin. Bientôt, c’est la fête de Tabaski donc on ne peut s’empêcher de faire certaines courses », avoue-telle. Au marché Patte d’Oie, c’est une situation insoutenable. L’air est presqu’irrespirable.
L’odeur des caniveaux mélangé à celle des poissons, viandes, légumes étouffe et vous oblige à retirer votre masque ou succomber d’asphyxie. Aussi dans un rang serré, clients, vendeurs et même taximen se livrent à une sérieuse lutte de marche en avant. Aucun signe d’entretien dudit marché ne peut être relevé au constat. « Ici la situation est déplorable » témoigne Janira Manga, élève en classe de terminale. « Aucun geste barrière n’est respecté dans ce marché. Les acheteurs de même que les vendeurs ne portent ni masque ni gants.
Le comble, avec la pluie et les moutons qui trainent un peu partout dans le marché laissant au passage leurs excréments, on est jusqu'à preuve du contraire dans le plus sale marché de Dakar » déclare-t-elle. Et de déplorer : « les autorités ne font rien pour corriger cette situation. Je me demande s’ils attendent que des centaines de cas de coronavirus soient déclarés avant de venir jouer les pompiers».
LE OUI... MAIS DE LA SOCIETE CIVILE
Interpellés sur la relance de la déclaration de patrimoines des ministres, des membres de la société civile magnifient, mais invitent le chef de l’Etat à montrer l’exemple, en souscrivant à l’exercice conformément à la Constitution
Le président Macky Sall a donné, lors du Conseil des ministres du mercredi 15 juillet 2020, un ultimatum à ses ministres de faire leur déclaration de patrimoine, avant la fin du mois d’août. Interpellés sur la question hier, jeudi 16 juillet, des membres de la société civile magnifient la relance de la déclaration de patrimoine, mais invitent le chef de l’Etat à montrer l’exemple, en souscrivant à l’exercice conformément à la Constitution.
SADIKH NIASS, SECRETAIRE GENERAL DE LA RADDHO : «Que le Président fasse sa déclaration de patrimoine pour édifier les Sénégalais sur l’évolution de ses biens»
«Cela nous laisse un sentiment mitigé. Parce que d’une part, c’est une bonne chose que de demander aux ministres, aux fonctionnaires ainsi que toutes les personnes qui gèrent un budget supérieur ou égal à 1 milliard, comme le dit bien la loi de 2014, à toutes ces personnes assujetties donc, de faire leur déclaration de patrimoine. Nous disons que voilà un coup qui peut faire repartir cette exigence démocratique, qui est également une exigence pour la transparence. Je pense que c’est dans ce cadre-là qu’on avait adopté cette loi de 2014. Pour lutter contre la corruption, essayer de voir l’évolution des biens des personnes qui sont nommées à des postes de responsabilité, des hauts fonctionnaires, ou bien à des postes de gestionnaire d’un budget supérieur ou égal à 1 milliard, de voir l’évolution de leurs biens et de pouvoir justifier ces biens-là. Une déclaration de patrimoine après la nomination mais également trois mois après la sortie donc de leurs fonctions. Ça, c’est une bonne chose. C’est pour cela que nous disons que cela va booster effectivement cette exigence de transparence. Mais d’autre part, nous nous étonnons du fait que le président lui-même qui devait faire une déclaration de patrimoine à sa réélection ne l’a pas encore fait. On s’attendait à ce que lui-même puisse faire une déclaration de patrimoine pour édifier les Sénégalais sur l’évolution de ses biens. Voir en sept ans comment ses biens ont évolué, justifié l’évolution de ses biens-là. C’est pour cela que nous demandons pour les questions de transparence de se plier à cette exigence de la loi, afin d’éviter qu’il y ait des suspicions qui ont leurs raisons d’être»
ALIOUNE TINE, FONDATEUR D’AFRIKAJOM CENTER : «Que Macky Sall le fasse en même temps»
« Je pense qu’il y a un nouvel agenda qui s’était en train de s’ouvrir et qui s’ouvre avec quand même de bonnes résolutions, résolutions positives de mon point de vue. D’abord, il y a eu la publication des rapports de l’IGE de 2016 à 2019, donc qui montre effectivement que maintenant il y a un souci de transparence et de reddition des comptes. Il y a un souci, mais ce souci ne veut pas dire tout simplement une volonté politique de mettre en œuvre, mais que ce souci est déjà louable. Deuxième remarque effectivement, toujours dans le cadre de la transparence, c’est de dire vous les ministres-là, je veux avant le mois d’août avoir également votre patrimoine. De mon point de vue, c’est un autre geste positif allant dans le sens de la transparence. Disons, la troisième chose sur laquelle je vais intervenir, c’est par rapport au souci de l’opinion. Cela veut dire que le président lui-même serve d’exemple. Ce serait bien effectivement que lui-même, puisque c’est une contrainte constitutionnelle, le fasse en même temps. Je pense que ça serait une très bonne chose dans le cadre d’un souci de légitimité, de légitimer la transparence, d’avoir une gouvernance qui soit en phase avec ce qu’il disait en 2012. Effectivement, que ce Macky de 2012 revienne, nous on applaudit. Macky de 2012, avec les bonnes résolutions qui avaient été prises. Si ce Macky revient, ça veut dire que ce Macky sera en phase avec un nouveau monde, auquel aujourd’hui pratiquement tout le monde aspire. Ce serait une très bonne chose. Donc, effectivement 2012, il avait fait sa déclaration en bonne et due forme, c’était très bien en phase avec la Constitution. Cette fois-ci aussi, si effectivement il demande aux ministres, qu’il dépose même avant les ministres. Je pense que ce serait une bonne chose. Je viens de voir dans un tweet où il demande aux gens de lui poser des questions. Donc, mon souci, c’est qu’au moment même où il a mis ce délai, peut-être avant ce délai, qu’il nous soumette sa déclaration, ce qui sera une excellente chose. Ça, c’est un peu l’attitude que je vais désormais adopter, que chaque geste, chaque acte, chaque discours allant dans le sens de renforcer la gouvernance, la démocratie et les droits de l’homme, que ça vienne de l’Etat du Sénégal, des pouvoirs publics ».
LE JE TROUBLE DE MACKY SALL
Au-delà de la violation manifeste de la loi sur la déclaration de patrimoine, il y a également les retards injustifiés sinon pour des raisons liées à des calculs purement politiques dans la publication des rapports de tous les corps de contrôle
La sortie du président de la République rappelant lors de la réunion du Conseil des ministres du mercredi 15 juillet aux membres du gouvernement l’impératif de procéder, avant fin août 2020, à leurs déclarations de patrimoine auprès de l’OFNAC, quinze mois après leur nomination, remet au goût du jour le débat sur la volonté réelle du régime en place à inscrire la bonne gouvernance au cœur de son action. Face à des responsables du pouvoir qui éprouvent toutes les peines du monde à respecter la loi n°2014-17 du 2 avril 2014, on retrouve en effet un maître du jeu qui relance la déclaration de patrimoine sans s’y astreindre lui-même. Et pour cause, depuis sa prestation de serment d’avril 2019, le chef de l’Etat n’a pas souscrit à l’exercice conformément à la Constitution, en son article 37.
S’adressant à ses ministres, lors de la réunion du Conseil des ministres, tenue le mercredi 15 juillet dernier, le président de la République Macky Sall « a rappelé aux ministres l’impératif de procéder, avant fin août 2020, à leurs déclarations de patrimoine auprès de l’OFNAC». À travers cette sortie qui intervient trois jours après la réception des rapports de l’Inspection générale d’Etat (Ige) pour les années 2016, 2017 et 2018-2019 sur l’état de la gouvernance et de la reddition des comptes, lesquels ont encore épinglé la gestion de plusieurs autorités, le chef de l’Etat fixe un ultimatum de 45 jours pour se conformer à la Loi.
En effet, instaurée par la loi n°2014-17 du 2 avril 2014 adoptée en grande pompe sous l’impulsion de l’actuel chef de l’Etat dans le cadre de la mise en œuvre des mesures de rupture dans la gestion des affaires publiques qu’il avait promise pendant la campagne présidentielle de 2012, cette loi sur la déclaration de patrimoine a toujours été foulée au pied par les plus hauts responsables du régime en place.
Depuis sa promulgation le 12 novembre 2014, la loi en question qui oblige entre autres le Président de l’Assemblée nationale, le Premier questeur de ladite institution, le Premier Ministre, le Président du Conseil économique, social et environnemental et tous les administrateurs de crédits, les ordonnateurs de recettes et de dépenses et les comptables publics effectuant des opérations portant sur un total annuel supérieur ou égal à un milliard (1.000.000.000) de francs CFA) à se soumettre à cet exercice a été peu respectée. Et cette sommation du chef de l’état à l’endroit des membres de son gouvernement est la parfaite illustration du non-respect de cette exigence par les responsables du régime en place.
Et pour cause, nommés le 07 Avril 2019, les membres du gouvernement ont largement dépassé le délai de trois (3) mois suivant leur nomination pour déposer auprès de l’Ofnac leur déclaration que l’article 4 du décret n°2014- 1463 du 12 novembre 2014, portant application de la loi n°2014-17 du 2 avril 2014 relative à la déclaration de patrimoine donne à toutes les personnes assujetties à cette exigence. Toutefois, les membres du gouvernement ne sont pas les seuls à transgresser la loi dans cette affaire de déclaration de patrimoine.
Le président Macky Sall lui-aussi occupe une bonne place dans cette liste des autorités qui trainent toujours les pieds pour rendre publique la liste de leur biens tel que la loi l’exige. En effet, alors que le troisième alinéa de l’article 37 dispose : «Le Président de la République nouvellement élu fait une déclaration écrite de patrimoine déposée au Conseil constitutionnel qui la rend publique», il n’y a toujours pas une trace d’un document relatif à ses biens dans le site du Conseil constitutionnel, quinze mois après sa prestation de serment effectuée le 2 avril 2019. Cependant, il faut souligner que ce régime n’est pas à sa première entorse au principe de la bonne gouvernance.
En effet, au-delà de cette violation manifeste de la loi sur la déclaration de patrimoine, il y a également les retards injustifiés sinon pour des raisons liées à des calculs purement politiques dans la publication des rapports de tous les corps de contrôle. Que ce soit l’Ofnac, la Cour des comptes ou encore l’Ige, alors que la loi leur fait obligation de rendre public annuellement leur rapport d’activités, tous ces organes de contrôle ont été obligés d’attendre un an après la présidentielle de 2019 pour livrer les secrets de scandales de gestion découverts, lors de leur mission de contrôle.
Par Calame
CIRCULEZ, RIEN À DÉCLARER
A quoi sert une déclaration de patrimoine dont on ne connaît ni l’origine ni la consistance en valeurs mobilières ou immobilières ? Le président a le devoir de relever ses ministres qui refusent de se soumettre à cette exigence. Le veut-il ?
Selon la loi 2014.17 du 02 avril 2014, le Chef de l’Etat est tenu, une fois élu, de faire sa déclaration de patrimoine devant le Conseil constitutionnel. «Le Premier ministre, les ministres, le Président du Conseil économique, social et environnemental, les administrateurs de crédits, les ordonnateurs des recettes et de dépenses, les comptables publics effectuant des opérations portant sur un total annuel égal ou supérieur à 1 milliard de francs CFA», sont eux tenus, de faire leurs déclarations de patrimoine auprès de l’Ofnac.
Tout comme le président et le Premier questeur de l’Assemblée nationale. Bien qu’étant soumis « au régime de l’effet immédiat », le chef de l’Etat s’est senti dans l’obligation de rappeler, lors du dernier conseil des ministres, que cet impératif s’applique aux membres de son gouvernent pourtant mis en place depuis avril 2019. Au demeurant, tout en confortant l’idée d’une «opacité générale» dans le mode de gestion gouvernementale, il y a que cela interroge en même temps. Quel intérêt en effet, «à part alimenter des palabres à longueur d’ondes, de colonnes, dans les réseaux… ?». Que n’a-t-on besoin d’une telle injonction plus d’un an après le début de cette seconde mandature alors qu’il s’agit d’appliquer la loi tout simplement. Pour tout dire, à quoi sert une déclaration de patrimoine dont on ne connaît ni l’origine ni la consistance en numéraires, actifs, valeurs mobilières ou immobilières ?
Quand on ne peut certifier la sincérité avec le recours systématique et généralisé de sociétés écrans, de prête-noms locaux et surtout étrangers, sociétés offshore et argent planqué dans des pays du Golfe, parrainage d’émirs et leurs familles, champions de telles pratiques de camouflage et de blanchiment?
De qui se moque-t-on quand le chef lui-même a dû rattraper et rectifier sa première déclaration de patrimoine à son arrivée en 2012 ? A leur départ du gouvernement et de l’Etat, ils sortent les mains dans les poches, lestés des énormes ressources auxquelles leur fonction leur a permis d’accéder dans les conditions que tout le monde sait, sans déclaration de sortie. Circulez, y a rien à déclarer, c’est le mot d’ordre appliqué par ceux qui refusent de se prêter à cette mascarade et que l’on cherche à mettre à l’index, alors que les chefs et les institutionnels s’exonèrent allègrement de cette formalité trompeuse.
La preuve que tout cela est du toc, du chiqué, le chef de l’Etat a le devoir de relever ceux de ses ministres et directeurs qui refusent de se soumettre à cette exigence de transparence. Le peut-il ? Le veut-il ? Pourquoi, pourquoi pas ? Question à mille balles. Assurément, au vu d’une telle stratégie, tout laisse croire qu’ «on ne saurait mieux faire dans le saupoudrage, la poudre aux yeux, la diversion … »
Ce pays aime faire dans le dilatoire, dans l’esbroufe, histoire de donner de temps en temps du grain à moudre. Et c’est bien dommage car l’heure n’est point à la diversion encore moins à se jouer des attentes et des espérances des populations. Il urge bien au contraire de corriger nombre de dysfonctionnements qui confortent la mal gouvernance et les manifestations d’incivilités.
A l’instar de cette pluie d’insanités provenant de responsables de l’APR qui s’est déversée ces derniers jours sur le pays. Le plus concasse dans l’affaire, c’est d’apprendre que « la mère du parti » est en train de jouer aux bons offices, menant une médiation, appelant les égarés à revenir à de meilleurs sentiments, à enterrer leurs violentes diatribes. Car après tout en politique dit-on, vaut mieux additionner que soustraire. Qu’importe le prix à payer. Dans cette même logique, on pourrait convoquer la mise en liberté provisoire pour cause de maladie d’un responsable du parti au pouvoir, ancien député, alpagué pour être suspecté d’avoir baigné dans un trafic de fabrication de faux billets de banque. Alors que des voleurs de poule se retrouvent pendant ce temps entassés dans des conditions autrement plus difficiles, dans des cellules surpeuplées en ces temps de canicule, lui se la coule douce auprès de ses épouses, recevant des responsables politiques, de son parti et parfois de l’opposition, venus lui témoigner on ne sait quelle solidarité. Au centre de toutes ces tractations se trouve la question de l’accès, du contrôle et de la distribution des ressources, manifestant une fois de plus la conception du pouvoir en vogue.
AVEUGLEMENT
Alors qu’on nous parle de bonne gouvernance, nous abreuvant de slogans du genre « servir plutôt que se servir », les pratiques servies sont par contre bien loin du compte. Oublié qu’on doit mettre toute son énergie au service du pays au lieu de développer moult stratégies de contrôle et de prévarication des deniers publiques. Car pendant ce temps, sans eau courante ni centres de santé, les populations les moins nanties se débattent, en ces temps de pandémie de Covid 19, ne sachant à quel saint se vouer.
Accéder à ces services leur semble en effet relever de la prouesse tant cela découvre les béances de la fracture sociale qui travaille la société sénégalaise. Pauvreté déconcertante faisant face à une richesse insolente, créée de toute pièce, à l’image de cet ancien président de la République qui se glorifiait d’avoir fabriqué à foison des milliardaires. Ce qui en dit long sur le mode de production et d’accumulation kleptocratique et parasitaire de la richesse dans nos pays. Ici, le plus souvent, on ne devient pas riche à la sueur de son front, mais par la proximité entretenu avec le pouvoir. Aussi, ce qui est renversant avec ce mode de gouvernance c’est que précisément, les sapeurs-pompiers de circonstance raisonnent en termes de prébendes à fructifier et sauvegarder. On croirait alors rêver, à force de voir des responsables politiques ne pas prendre toute la mesure des difficultés qui s’amoncellent au-dessus de nos têtes, si elles ne tapent pas déjà à nos portes.
Avec les grands chamboulements qui s’annoncent un peu partout dans le monde au niveau la gestion des Etats, cette année 2020 sera en effet celle de bouleversements majeurs censés appeler à une nouvelle prise de conscience.
Ainsi, selon les prévisions contenues dans la dernière édition semestrielle de la Banque mondiale, le PIB mondial diminuera de 5,2 % cette année. Les chaînes d’approvisionnement ayant été perturbées, l’on s’attend à ce qu’une forte proportion de la population retombe dans l’extrême pauvreté. Il est aussi redouté une récession avec des effets dévastateurs sur la santé et le bien-être des habitants.
La montée du chômage, la baisse de revenus et d’éventuelles pénuries de produits essentiels pourraient par conséquent être une source d’instabilité et peser sur l’activité. Loin de s’en émouvoir, tout à leur aveuglement et leurs calculs d’épiciers, certains responsables politiques semblent plutôt préoccupés par leurs privilèges.
Face à des perspectives annonciatrices de lendemains difficiles, les autorités qui sont censées donner le la s’abîment dans une gouvernance aveuglée par une course habitée par des calculs mus par des intérêts personnels et égoïstes, bien loin des enjeux et défis à relever. Faudrait-il que le pays soit tombé bien bas pour se risquer à ce jeu là! En tout état de cause, il y a urgence à redresser la pente sur laquelle le Sénégal s’engage et dont les insanités évoquées plus haut sont révélatrices d’une décadence annoncée.